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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 13:25

Colis alimentaire du Secours populaire (Camille Vega/Secours populaire).

C'est un coup de massue sur l'aide alimentaire. Les associations, alarmées, font les comptes : si le Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD) est bien amputé de 400 millions d'euros en 2012, impossible de continuer à distribuer les produits de base aux plus pauvres. Ils sont pourtant de plus en plus nombreux en France.

La justice européenne compte imposer une réduction de ce programme de 75% l'année prochaine pour le faire disparaître en 2013. Ces dernières années, les surplus agricoles, amoindris, ont dû être compensés par l'achat de nourriture financé par la PAC (politique agricole commune).

L'Allemagne a porté plainte : en avril, la Cour européenne de justice de Luxembourg a
estimé que ces transactions n'étaient pas compatibles avec la politique
agricole de l'UE. Une telle démarche relevant du domaine du social, pas
de l'agriculture.

« Certains comptent voler pour se nourrir »

Camille Vega, en service civique au sein du Secours populaire de l'Orne, avait alerté Rue89 le 5 septembre :

« Beaucoup des bénéficiaires nous expliquent qu'ils seraient dans l'incapacité de pouvoir acheter des produits laitiers ou de la viande.

En cas de suppression, certains disent qu'ils devront voler pour se nourrir. Ils sont persuadés d'assister à des émeutes de la faim. »

Un rayon du libre-service alimentaire du Secours populaire (Camille Vega).

La distribution alimentaire : des colis d'urgence

Au Secours populaire, plus de la moitié des colis garnis de pâtes, riz, boîtes de conserve ou steaks hachés surgelés proviennent du PEAD. Un programme qui fonctionne depuis 1987, dans le cadre de la PAC. Il s'agit en fait d'écouler le surplus alimentaire. Avec un principe : il est plus cher de stocker que de donner.

En France, la Croix-Rouge, les Restos du Cœur, les Banques alimentaires et le Secours populaire reçoivent ces denrées comme d'autres associations européennes. Elles remplissent chaque mois le colis de produits de base et le carton de produits frais distribués toute l'année aux bénéficiaires.

Camille Véga se désole :

« Si le PEAD est supprimé, nous ne pourrions compter que sur les partenariats privés (supermarchés, centrale d'achats…) qui représentent un apport très aléatoire : ne sont donnés que les invendus.

La distribution alimentaire du Secours populaire se résumerait alors qu'à des colis d'urgence ponctuels. »

Dernière chance avant le « tsunami alimentaire »

« Crise », « tsunami alimentaire » : les associations françaises ont donné l'alerte avant la réunion de la « dernière chance », lors du conseil des ministres de l'Agriculture ce 20 septembre. Dans une lettre commune, ils préviennent :

« Sans une réforme rapide, le PEAD est condamné. »

Les eurodéputés ont adopté en juillet une résolution pour que la Commission modifie le régime de distribution des denrées. L'enjeu est crucial : il s'agit de sauver l'assistance alimentaire de près de 13 millions d'Européens.

Pourtant, les ministres européens n'ont finalement pas réussi à se mettre d'accord mardi : la décision est reportée au mois d'octobre.

Photos : colis alimentaire du Secours populaire ; un rayon du libre-service alimentaire du Secours populaire (Camille Vega).

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20 septembre 2011 2 20 /09 /septembre /2011 14:42

Agoravox -19 Septembre

 

Le monde marche sur la tête. Après les "riches" qui veulent payer plus d'impôts voilà que des personnalités de droite ou des institutions réputées comme libérales réclament des nationalisations. Et pourquoi pas Pierre Woodman chez les moines trappistes ?

Dégradation du Crédit agricole et de la Société générale par Moody's, division par deux des capitalisations boursières des banques françaises, inquiétude des Français concernant leur épargne, opacité des réels engagements des banques vis à vis des pays à risque, sentiment répandu dans la population que la finance n'est plus au service de l'économie réelle...n'en jeter plus pour que le thème d'une nationalisation des banques revienne sur la table. 

Calme ta joie, toi le gaucho nostalgique de Mitterrand ! Il ne s'agit pas de nationalisations massives et définitives comme la France l'a connue en 1981. L'intervention de l'Etat ne concernerait que le secteur financier (les banques et à la limite les compagnies d'assurances) et pour une durée de 3 ou 4 ans maximum (au delà on rejoindrait Cuba et la Corée du Nord ! Faut pas déconner). 

Pourquoi nationaliser les banques et pas les constructeurs automobiles ?

Sauver le job d'un ingénieur de chez Peugeot ou d'un ouvrier de chez Renault est-il moins important que de préserver les bonus d'un trader de la Société générale installé à Londres ou de garantir le capital placé à la BNP d'une veuve milliardaire ? Moralement non mais économiquement oui. En fait la spécificité des banques sur n'importe quel autre secteur économique est la capité de nuisance systémique qu'on leur prête (même si cette idée est battue en brèche par l'exemple Islandais où l'Etat a laissé tombé ses banques et qui actuellement connait une forte croissance mais cette histoire n'est pas finie comme je l'explique ici). Pour faire simple, si Peugeot fait faillite Montbéliard tombe, si une banque française, même de taille modeste, fait défaut les répercutions peuvent se faire sentir jusqu'en Nouvelle-Zélande. C'est pourquoi les Etats sont plus sensibles au sort des banques que des constructeurs auto, c'est injuste mais le monde est injuste.
 
Les banques françaises sont-elles en danger ?
 

Les banques Françaises ont trois épées de Damoclès au dessus de la tête : Les PIIGS, la rumeur et une OPA.

- Les banques françaises sont bien plus engagées dans les pays victimes de la crise de la dette que leurs consœurs allemandes ou britanniques (c'est d'ailleurs pour cette raison que Merkel et Sarkozy ne sont pas d'accord sur les modalités de sauvetage de la Grèce comme je l'explique dans ce papier). 27%, 23% et 20% de la dette publique (ou 10, 5,8 et 2,8 milliards d'euros) respectivement grecque, portugaise et irlandaise sont détenus par les établissements bancaires français. A cela s'ajoute de grosses filiales bancaires installées en particulier en Grèce et en Italie. Pas besoin d'être commissaire au compte pour comprendre qu'en cas de défaillance d'un de ces pays le système bancaire français boira la tasse, mais survivra, et qu'en cas d'effet domino, entrainant l’Espagne ou l'Italie, c'est le calice jusqu’à la lie.

- La rumeur est au système financier ce que le placebo est à la médecine...enfin en sens inverse. Si le marché pense qu'une banque est sur le point de faire faillite ou suit une rumeur qui l'accrédite, la banque fera faillite car ceux qui ont des billes en jeux les retireront et les autres ne voudront pas ou plus lui prêter -c'est ce qu'on appelle une prophétie auto-réalisatrice-. Malheureusement les banques françaises sont victimes de rumeurs qui se nourrissent, soit de maladresses politiques, soit de l'opacité des comptes des banques. Quand les conseillers du président Sarkozy affirment, en pleine crise bancaire cet été, que celui-ci n'a aucune raison d'écourter ses vacances et que quelques jour plus tard il organise un conseil des ministres d'urgence, il nourrie la rumeur. Quand Christine Lagarde, directrice générale du FMI, déclare que les banques européennes devaient être recapitalisées, elle nourrie aussi la rumeur puisque qu'en tant qu'ancienne ministre de l'économie donc ministre de tutelle des banques, elle était une des mieux placée pour connaitre l'état réel de ces établissements (voir mon papier à ce sujet "L'AMF doit-elle ouvrir une enquête contre Lagarde ?").

Les banques aussi ont leur propres responsabilités dans le foisonnement de rumeurs. Personne ne prend au sérieux le stress test organisé par le CESB (Comité des superviseurs bancaires européens). Ce test destiné à rassurer les marchés face à la crise grecque a même eu l'effet opposé. Si quasiment tout le monde le passe, c'est qu'on nous cache quelque chose se lamentent les analystes financiers rattrapés par le syndrome conspirationniste.

- Plus une société cotée en bourse est sous-évaluée par rapport à sa valeur réelle plus le risque d'une OPA hostile augmente, c'est un classique. La capitalisation de la Société générale est descendu le 12 septembre dernier sous les 12 milliards d'euros soit 8 mois de résultat net du Chinois ICBC en 2010 !
La France, contrairement à l'Allemagne, n'est pas leader mondial dans beaucoup de secteurs économiques ; les produits de luxe, la construction d'automobiles, l’aéronautique, le vin, le camembert et la finance. C'est peut être pas le moment de perdre la main sur un secteur stratégique qui pèsent plus de 400.000 emplois qualifiés.

Les banques nationalisées vont-elles changer leurs "mauvaises habitudes" ?

Ceux qui pensent que les "mauvaises habitudes" sont le monopole du secteur privé, avide d'argent et amoral, ont la mémoire courte ou feignent de ne plus se souvenir du Crédit lyonnais et du GAN. Est-ce que les banques françaises doivent se cantonner à distribuer du crédit à des particuliers pour l'achat d'un logement et à des PME qui veulent s'équiper de machines-outils et ainsi laisser le champs libre aux banques anglo-saxonnes pour les produits financiers plus complexes mais globalement et sur le long terme plus rentables et générateurs de nombreux employés hautement qualifiés et bien rémunérés ? C'est détruire l'expertise française, connue et reconnue, dans le domaine de l'ingénierie financière et les débouchés qu'elle offre. Je sais, c'est pompeux mais c'est la réalité.

Quels coûts et y a-t-il des alternatives au nationalisations ?

Avec des capitalisations riquiqui, la nationalisation des banques françaises ne serait pas d'un coût exorbitant (surtout comparé au prix d'un sauvetage d'une banque en faillite) et pourrait même s’avérer être un investissement extrêmement juteux pour l'Etat, mais à deux conditions. D'abord le gouvernement ne doit pas accorder une prime d'indemnisation extravagante aux actionnaires. Il doit se comporter comme n'importe quel requin de la finance, si la Générale vaut 13 milliards en bourse aujourd'hui contre 30 il y a plus d'un an, l'Etat doit la racheter sur la base des derniers cours sans tenir compte des cours historiques, c'est à dire 14 milliards voir 15 à tout casser mais surement pas 20 ou plus. Le rôle de l'Etat n'est pas de soulager les pertes des actionnaires. La nationalisation ne doit ni être obligatoire sinon on entre dans un processus d'expropriation toujours risqué juridiquement (c'est pas Nanard ou Lagarde qui me contrediront) ni spoliative (on est pas des sauvages !). Seconde condition à une nationalisation partielle réussie, les banques ne doivent pas planquer des cadavres dans les armoires sinon la facture peut devenir vertigineuse. Vu que les postes les plus importants des banques sont trustés par d'anciens haut fonctionnaires c'est pas trop difficile de le savoir, à moins de jouer l'aveugle.

Ne pas nationaliser les pertes et privatisés les gains


Pourtant je pense que les nationalisations doivent être la dernière mesure à prendre et l'exemple irlandais devrait nous mettre en garde, à vouloir sauver toutes ses banques, le tigre celtique a frôlé la faillite. Heureusement pour nos amis rouquins (je plaisante) l'EU est venu à leur rescousse même si Dublin trouve encore les moyens de pinaller sur les conditions de l'aide (voir mon papier "L'Union européenne doit-elle renégocier le plan de sauvetage de l'Irlande ?). Cependant la France n'est pas l'Irlande, c'est un trop gros morceau pour être secouru même pas l'Allemagne.
C'est un peu facile de nationaliser les pertes et de privatiser les gains comme le rappellent à juste titre beaucoup de dirigeants de gauche (pour certains en oubliant au passage que c'est le gouvernement Jospin qui a conduit le plus de privatisation). C'est non seulement immoral mais contre-productif car cela incite les banquiers à l'imprudence, ce qui devrait être le contraire des valeurs de leur profession.

Aide toi et le ciel t'aidera

Les banques peuvent sa sauver elles-mêmes en prenant des mesures pour améliorer leurs bilans et éviter d'en arriver à une nationalisation même si leurs marges de manœuvre sont limitées.

1- Céder des actifs ? Les trois grandes (BNP-Paribas, Générale et Crédit agricole) ont déjà annoncé des programmes de cession d'actifs. Malheureusement le contexte économique étant ce qu'il est, il sera difficile de ne pas brader et donc de se priver de revenu future ce qui au final revient à affaiblir encore plus la banque vendeuse.

2- Augmenter le capital ? Trop tard, il fallait le faire avant que les cours de bourse ne plongent à moins d'accepter de diluer complétement le poids des actionnaires historiques parmi lesquels on trouve de nombreux salariés et les dirigeants. En plus avec des capitalisations représentant à peine des actifs des banques en moyenne c'est aussi futé que la vente de l'Alaska aux Etats-Unis par la Russie.

3- Ne plus distribuer les résultats et provisionner plus ? Encore trop tard, les dividendes viennent d'être versés en juin ou juillet, il faudra attendre le prochain exercice si les marchés ont de la patience bien sûre.

4- Virer les traders trop bien payés ? Sauf que généralement ceux qui sont très bien payés sont aussi ceux qui rapportent le plus. Un bon exemple, Kerviel, qui n'était pas un trader vedette surpayé, c'est même peut-être cette raisoncal qui l'a poussé à prendre des risques insensés.

Un cocktail de plusieurs solutions à doser avec la dextérité d'un Jerry Thomas

Les banques doivent se séparer des activités non rentables au meilleur prix et se renforcer dans les métiers profitables et d'avenir, virer les plus mauvais traders et garder les bons, provisionner plus largement et accepter de mettre une croix sur la distribution de dividendes pour 1 ou 2 ans. C'est facile à dire ?...oui mais c'est pour cela qu'un PDG d'une banque est mieux payé qu'un cantonnier.
L'Etat ne gérera pas mieux ni moins bien les banques puisque le plus souvent les grands patrons de banques sont d'anciens grands commis de l'Etat. La seule différence c'est qu'en nationalisant une banque celle-ci devient un boulet pour la nation toute entière même si elle l'est ,de facto, à cause de la garantie sur les dépôts bancaires.

Globalement les Français paieront, soit en tant que clients, soit en tant que contribuables. Mais plutôt que de vouloir jouer le rôle de pompier de service et de préteur en dernier ressort l'Etat devrait se cantonner à faire ce qu'il fait de mieux ; Légiférer pour séparer les activités de banque de dépôt -qui serait garantie- et de banque d'affaire où nos joyeux spéculateurs pourraient se plumer entre eux en toute liberté.

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19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 13:16

La conversion des socialistes français à la nécessité de réduire le déficit public, manifeste lors du premier débat télévisé qui a opposé le 15 septembre les six candidats à la primaire, a quelque chose de paradoxal. Elle survient en effet à un moment où des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent chez les économistes, et au-delà, pour mettre en garde les pouvoirs publics contre un excès de rigueur et/ou une rigueur généralisée.

L'Allemagne, on le sait, a inscrit dans sa Constitution le passage à un déficit structurel quasi nul (0,35% de son produit intérieur brut) à partir de 2016 et elle a d'ores et déjà obtenu que  certains de ses 16 partenaires de la zone euro suivent son exemple.

Or, dans une note diffusée le 7 septembre 2011, Henri Sterdyniak et Catherine Mathieu, chercheurs à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), observent que la règle d'or allemande  n'en est pas une. Et surtout, ils indiquent que la "vraie" règle d'or des finances publiques, énoncée par Paul Leroy-Beaulieu à la fin du XIXème siècle, reconnaît à l'Etat le droit d'avoir un déficit tant qu'il finance l'investissement public.

Il ne va donc pas de soi ni du point de vue de l'économie classique, ni, bien entendu, du point de vue de la théorie keynésienne, qu'il faille se fixer pour objectif d'avoir un solde nul des finances publiques. Le "bon" niveau de déficit structurel dépend de la situation économique.

"Un déficit de 2,3% du PIB correspondait à la vraie règle d’or en 2006 pour la France ; un déficit de 7,5% du PIB  était nécessaire en 2009, compte tenu de la situation économique", précisent les deux auteurs. Et d'ajouter en bons keynésiens : "dans une situation de faible croissance, de fort chômage, où les taux d’intérêt sont déjà très faibles (le 1er septembre, la France s’endettait à 10 ans à 2,9%), la priorité n’est pas de réduire le déficit public mais de soutenir la demande privée".

Ces interrogations ne sont pas limitées aux seuls keynésiens. Ainsi Christian de Boissieu, professeur associé à Paris-I, confesse-t-il ne pas savoir "d'où les Allemands sortent leur chiffre de 0,35% ni à quoi il correspond". "La règle d'or allemande pose des problèmes, en particulier parce qu'elle ne reconnaît pas à l'Etat le droit d'emprunter pour investir  et parce qu'elle implique, à terme, un taux d'endettement public tendant vers zéro, ce qui est absurde",  analyse Patrick Artus, directeur de la recherche économique de Natixis. Et de pointer d'autres règles moins "simplistes", comme l'interdiction de financer par la dette les dépenses publiques courantes.

Autrement dit, il n'y a aucune raison de faire "le concours de celui qui réduira sa dette le plus vite", selon l'expression d'Arnaud Montebourg, et Martine Aubry trouvera dans la littérature économique de solides arguments à opposer à François Hollande sur la nécessité ou pas de se fixer un objectif de zéro déficit des finances publiques en 2017.

Le cas de la Grèce retombée en récession deux ans après un premier plan d'austérité montre que le rétablissement de la soutenabilité des finances publiques exige du temps et un certain doigté. "Lorsque l'on va trop vite et trop loin, on casse la croissance et on aggrave le ralentissement économique ou on accentue la récession", observe Christian de Boissieu.

Si, comme le confirme Philippe Aghion, professeur d'économie à Harvard et à l'école Polytechnique, "il n'existe pas à proprement parler de définition de la rigueur", les pays sinon les plus rigoureux, du moins " les plus vertueux" sont, à ses yeux, "ceux qui ont des faibles niveaux moyens de dette publique ou de déficits publics sur PIB et qui de surcroît mènent des politiques contracycliques (augmentation des déficits en récession, réduction des déficits en période d'expansion), ce qui leur permet de minimiser les conséquences du cycle économique sur l'emploi et les investissements de croissance".

Christian de Boissieu  met pour sa part en avant au moins trois indicateurs utiles pour donner un contenu à la rigueur, ce terme emprunté aux politiques (de Raymond Barre à François Fillon en passant, bien sûr, par le socialiste Pierre Mauroy et son fameux tournant de 1983 ) : la baisse des salaires nominaux et des salaires réels (donc du pouvoir d'achat) , la caractère restrictif des politiques budgétaire et monétaire et leurs coûts d'ajustement économiques et sociaux, qui peuvent être extrêmement élevés (les Irlandais, les Grecs et les Portugais en savent quelque chose).

Si la rigueur peut se retourner contre la croissance et, dans les cas extrêmes, contre le redressement des comptes publics, sa généralisation, au même moment, à l'ensemble des pays de la zone euro, déjà affectés par le ralentissement économique mondial, ne peut qu'engendrer une spirale dépressive, alerte un nombre croissant d'économistes.

Dans son édition du 15 septembre, l'International Herald Tribune rapporte qu'un des membres du comité de politique monétaire de la Banque  d'Angleterre est un économiste américain, Adam Posen. Et que ce spécialiste du Japon et de ce qu'on appelle souvent sa "décennie perdue" met en garde depuis des semaines cette instance et les pouvoirs publics en Europe et aux Etats-Unis contre les risques de répétition des erreurs des années 1930, à savoir amplifier le ralentissement économique par des politiques monétaires encore trop conventionnelles et par des coupes budgétaires.

Que la Banque d'Angleterre tolère semblable énergumène en son sein alors que le premier ministre britannique, le conservateur David Cameron, plaide pour un Etat minimal et fait des coupes claires dans les dépenses publiques, montre bien, s'il en était besoin, à quel point les réponses aux problèmes de l'heure sont peu évidentes

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17 septembre 2011 6 17 /09 /septembre /2011 15:00

LEMONDE.FR | 16.09.11 | 15h27   •  Mis à jour le 16.09.11 | 17h41

 
 

 

Des dizaines de communes interdisent l'accès à la cantine aux enfants dont les deux parents ne travaillent pas, provoquant des situations compliquées pour les familles.

Des dizaines de communes interdisent l'accès à la cantine aux enfants dont les deux parents ne travaillent pas, provoquant des situations compliquées pour les familles.AFP/MYCHELE DANIAU

Le 13 septembre, Le Monde.fr vous proposait une carte des cantines qui réservent l'accès à la restauration scolaire aux enfants dont les deux parents travaillent, excluant de fait les enfants de chômeurs. Depuis, nous avons reçu de nombreuses contributions qui nous ont permis de mettre à jour la carte avec une quinzaine de villes supplémentaires et de prendre connaissance de témoignages de parents qui n'arrivent pas à inscrire leurs enfants. Sur la carte mise à jour, nous avons identifié 37 communes qui restreignent l'accès de leur cantine.

AUCUN MOMENT DE LIBRE POUR TROUVER UN EMPLOI

Karine a quitté son emploi en Loire-Atlantique pour s'installer avec son mari à Fontainebleau (Seine-et-Marne). Et elle s'est retrouvée confrontée à la mairie et au règlement de la cantine. Comme elle ne travaille pas, ses enfants n'ont droit qu'à un jour de cantine par semaine. "Trois enfants, dans deux écoles différentes." Il fallait pour elle "gérer les quatre allers-retours dans la journée", "organiser le déménagement", "trouver ses marques", ce qui ne lui laisse aucun moment de libre pour trouver un emploi.

Karine a eu l'occasion de trouver un emploi cet été, et depuis cette date, tous ses enfants sont accueillis à la cantine. 25 élèves sur 27 dans la classe de sa fille bénéficient de la restauration scolaire. "Donc la capacité d'accueillir ces enfants est-elle vraiment un problème", se demande-t-elle ?

Jeanne, qui habite dans l'Isère, n'a quant à elle pas hésité. "J'ai dû mentir et tricher afin d'obtenir que mes enfants soient gardés à midi et en fin d'après-midi. (...) J'ai dû tricher pour conserver ce droit d'avoir du temps pour moi et ma recherche d'emploi et je ne le regrette absolument pas. Aujourd'hui, si je retravaille, c'est parçe que j'ai pu me rendre par deux fois aux entretiens de mon employeur actuel en me rendant disponible dans la journée même."

"C'EST PARCE QUE TA MAMAN EST AU CHÔMAGE"

Le cas de Nicolas est aussi problématique. Sa femme effectue des missions d'intérim. Pour que les enfants soient acceptés à la cantine, elle doit, à chaque contrat "donner à l'école un justificatif d'embauche". Il explique qu'en plus, si elle doit se présenter à un rendez-vous, elle ne dispose que de quinze jours par an "et pas un de plus". Il conclut avec une interrogation : "Ce que nous ne comprenons pas, c'est que, quand notre enfant va à la cantine quand nous pouvons le justifier, l'école s'arrange à l'accueillir. Alors pourquoi ne pas pouvoir l'accueillir à temps plein ?"

Il termine son témoignage par ces mots : "Il est difficile de répondre à notre enfant : 'Papa, pourquoi je ne vais pas tous les jours à la cantine ?' C'est sûr que nous ne pouvons pas lui dire : 'Mon enfant, c'est parce que ta maman est au chômage'."

LE CRITÈRE DE SÉLECTION LIÉ À L'ACTIVITÉ DES PARENTS EST DISCRIMINATOIRE

Patrick Mondon, conseiller municipal de Levet (Cher), a lui décidé de saisir le tribunal administratif d'Orléans. Dans sa commune, la majorité au conseil a décidé de voter un réglement en connaissance de cause, privilégiant l'accès à la cantine aux enfants dont les deux parents travaillent. Le tribunal administratif d'Orléans a rendu un jugement qui précise que la délibération du conseil municipal est suspendue. "Le tribunal a retenu comme motif que le critère de sélection lié à l'activité des parents est discriminatoire et sans rapport à l'objet du service de restauration scolaire, justifiant ainsi la suspension du règlement de la cantine scolaire."

IL N'EXISTE PAS DE SOLUTION IDÉALE

Nous avons aussi reçu le témoignage de Pierre, qui a été directeur général des services dans plusieurs communes de la région Rhône-Alpes. Il essaie d'expliquer pourquoi les mairies en viennent à sélectionner ceux qui peuvent ou pas manger à la cantine. Pierre commence par préciser qu'une commune n'a pas l'obligation de proposer une service de restauration scolaire, et que souvent les cantines ont été prévues au siècle dernier, alors qu'il y avait moins d'enfants.

Selon lui, "l'augmentation des effectifs dans les cantines, c'est donc une augmentation des locaux, du personnel de restauration et de surveillance, et au final une augmentation des impôts". Il explique ensuite qu'il existe plusieurs solutions si l'agrandissement des locaux n'est pas possible :

  • Augmenter le nombre de services en respectant pour chaque enfant une "pause méridienne" d'une heure trente.
  • Organiser un self-service, ce qui n'est pas possible en maternelle, mais permet d'augmenter de 10 % les effectifs.
  • Limiter l'accès et donc rompre l'égalité devant le service public. Dans ce cas, plusieurs critères peuvent être pris en considération :
    - les familles dont les deux parents travaillent, en considérant qu'ils n'ont pas le temps de s'occuper de leurs enfants.
    - les familles dont les parents sont en recherche d'emploi ou ayant de faibles revenus, en considérant qu'ils ont moins les moyens de s'occuper de leurs enfants.
    - enfin, ne pas choisir de critères, mais limiter l'accès à deux ou trois jours par semaine.

"Nous aurons compris qu'il n'existe pas de solution idéale", conclut-il.

Alexandre Léchenet

 

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17 septembre 2011 6 17 /09 /septembre /2011 14:52

Le nouvel observateur-

LE PLUS. Les dettes publiques des pays fragiles ne diminueront pas au cours des dix prochaines années, et l'Allemagne ne pourra pas les payer, comme certains le souhaitent. 

Gaël Giraud

> Par Gaël Giraud chercheur en économie

Edité par Aude Baron   Auteur parrainé par Guillaume Malaurie

Le symbole euro à Francfort en Allemagne, en 2005 (Wikimedia Commons - Lars Aronsson - cc)

Le symbole euro à Francfort en Allemagne, en 2005 (Wikimedia Commons - Lars Aronsson - cc) 

 

Certains espèrent que l'Allemagne pourra in fine financer l'excédent de dette publique des pays fragiles de la zone euro. Cet espoir est insensé. L'Allemagne ne peut pas payer ces dettes. La raison en est simple : elles continueront d'augmenter dans les années à venir, et plus rapidement que ne le permet la croissance allemande (pourtant vigoureuse). Soyons précis : pour pouvoir ne fût-ce que stabiliser sa dette publique aux conditions actuelles du marché ou des prêts du FMI et du Fonds Européen de Stabilité Financière, la Belgique, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, l'Irlande, la France et la Grèce auraient besoin de réaliser des excédents budgétaires totalement hors de portée. Athènes, par exemple, devrait passer en un an de 9% de PIB de déficit à 11% d'excédent budgétaire ! Les plans d'austérité ne serviront à rien : non seulement ils ne permettront pas de réaliser la saignée budgétaire nécessaire, mais encore ils précipitent nos pays dans la récession et, en diminuant davantage encore les trop maigres recettes fiscales, ne font qu'aggraver le mal.

 

Consentons donc à l'évidence : les dettes publiques des pays fragiles (France incluse) ne diminueront pas au cours des dix prochaines années. Si l'on veut ramener ces dettes au niveau de 75% du PIB des pays concernés, cela représente la bagatelle de 1.322,134 milliards d'euros, soit 53% du PIB allemand en 2010. En admettant - hypothèse héroïque ! - que l'Allemagne connaisse pendant dix ans une croissance annuelle de 3% et une inflation de 2%, cela lui coûterait entre 3 et 4 points de PIB chaque année. Soit, davantage que ses gains de croissance. Pendant dix ans ! Serait-ce suffisant pour “calmer les marchés” ? Même pas : l'Espagne est aujourd'hui à 75%, et n'est pas épargnée par les attaques spéculatives. Et nous serions encore très loin des 60% exigés par Maastricht.

 

Il n'y a donc pas d'autre issue au mur des dettes publiques européennes que celle de la restructuration ou de la monétisation des dettes par la planche à billets. Quant aux banques qui seront en faillite en cas de restructuration, il faudra se résoudre à les nationaliser, en sécurisant les avoirs des petits épargnants.

 

 

Cet article a été publié dans "Le + des lecteurs" dans le Nouvel Observateur du 15 septembre 2011.

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16 septembre 2011 5 16 /09 /septembre /2011 11:45

LEMONDE.FR avec AFP | 16.09.11 | 08h55

 
 

 

Le dernier bilan social, rendu public en mai, faisait apparaître une dégradation des indicateurs de santé au travail pour le personnel, avec notamment une hausse des arrêts maladie.

Le dernier bilan social, rendu public en mai, faisait apparaître une dégradation des indicateurs de santé au travail pour le personnel, avec notamment une hausse des arrêts maladie.AFP/ERIC PIERMONT

Une salariée du centre financier de La Poste s'est suicidée, jeudi 15 septembre, sur son lieu de travail à Paris (15e) en se défenestrant du 4e étage, ont annoncé des syndicats du groupe. La direction a précisé que "les circonstances de ce décès font actuellement l'objet d'une enquête de police".
 



La CGT, tout en disant ne pas connaître les raisons de cet acte, a souligné que "le fait de choisir de se suicider sur son lieu de travail, pendant ses heures de service, en présence de ses collègues ne peut être considéré comme anodin".

La CGT a rappelé qu'elle "ne cesse de dénoncer les pressions engendrées par les restructurations permanentes décidées à La Poste au nom de la rentabilité". Le syndicat affirme que "les services financiers sont particulièrement touchés" et estime qu'il y a "urgence à revoir en profondeur la finalité, l'organisation et le contenu du travail" au sein du groupe.

 JOURNÉE  DE DEUIL

"C'est avec une grande tristesse que La Poste a appris ce jour, en fin de matinée, le décès d'une collaboratrice", a indiqué la direction du groupe, qui a déclaré qu'"une cellule psychologique a été mise en place pour soutenir l'entourage professionnel".

Le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) a été réuni. Celui-ci a décidé d'ouvrir une enquête, a indiqué dans la soirée Alain Amblard (CGT). Il a précisé que la salariée avait été en congé longue maladie et avait repris ses fonctions il y a trois semaines, avant d'être de nouveau arrêtée au bout d'une semaine suite à un accident de travail. Elle était revenue travailler normalement jeudi matin.

La CFDT a fait part de son côté de sa "stupeur" et dit attendre les résultats de l'enquête. Le secrétaire national du PS chargé des services publics, Razzy Hammadi, a évoqué pour sa part "une journée de deuil pour La Poste toute entière et pour le service public". "Quelles que soient les conditions de ce drame, le Parti socialiste rappelle son exigence (...) de voir être mis en place au plus vite un diagnostic social indépendant analysant les conditions des restructurations violentes de l'entreprise et leurs effets sur les agents", a-t-il ajouté.

La Poste, devenue le 1er mars 2010 une société anonyme à capitaux publics, emploie environ 240 000 personnes. Le dernier bilan social, rendu public en mai, faisait apparaître une dégradation des indicateurs de santé au travail pour le personnel, avec notamment une hausse des arrêts maladie.

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15 septembre 2011 4 15 /09 /septembre /2011 16:39

LEMONDE.FR | 15.09.11 | 10h31   •  Mis à jour le 15.09.11 | 13h45

 
 

 

Manifestation, le 12 septembre, des salariés de la Fonderie du Poitou Aluminium, à Ingrandes-sur-Vienne, pour protester contre le "plan de compétitivité" de la direction.

Manifestation, le 12 septembre, des salariés de la Fonderie du Poitou Aluminium, à Ingrandes-sur-Vienne, pour protester contre le "plan de compétitivité" de la direction. AFP/ALAIN JOCARD

Ils sont en grève illimitée depuis le 2 septembre pour défendre leurs salaires. Et sont bien décidés à se faire entendre. Les salariés de la Fonderie du Poitou Aluminium (FDPA), située à Ingrandes-sur-Vienne (Vienne), sont venus manifester à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), jeudi 15 septembre au matin, devant le siège du propriétaire de leur usine, le groupe français Montupet, avant de se rendre devant les grilles de Renault, leur principal client.


Ces salariés entendent protester contre "le plan de compétitivité" présenté fin juillet par la direction de leur entreprise. Celui-ci prévoit une baisse de salaire de 13 % pour les ouvriers, à laquelle s'ajoute un passage aux 35 heures, contre 38,5 aujourd'hui.

Au total, pour les syndicats, cela équivaut à une baisse des salaires de 23 %. Quant aux cadres, qui bénéficiaient d'un accord sur les 35 heures, ils voient celui-ci remis en cause avec la perte de quatorze jours de RTT, le gel des salaires pendant trois ans et, pour 50 d'entre eux, un "plan de mobilité" dans les autres sites du groupe (France, Bulgarie, Irlande, Espagne, Mexique). Soit, selon les syndicats, une baisse de 15 % des salaires.

ACTIONNAIRES "VOYOUS"

Près de 400 salariés, sur les 480 que compte l'usine qui fabrique des culasses en aluminum pour les moteurs de voiture, ont décidé de dire "non" à ce plan. Mardi 13 septembre, ils ont écrit une lettre à Nicolas Sarkozy pour dénoncer "la casse des emplois". "Actuellement, on travaille à 60 % de notre capacité, reconnaît Eric Bailly, secrétaire CGT du comité d'entreprise et porte-parole de l'intersyndicale (CGT, CFE-CGC, FO et UDT). C'est un process intéressant sous réserve qu'il y ait du volume. Or ,Montupet n'a pas investi un centime dans la fonderie."

Du côté de la hiérarchie de l'entreprise, c'est silence-radio. Le directeur n'a pas souhaité s'exprimer. Idem du côté de la direction de Montupet. Interrogé en juillet par Le Monde, Pascal Dupont, directeur de l'usine, avançait alors l'"urgence à rétablir la compétitivité du site pour garantir sa pérennité". Le but de ce plan, ajoutait-il, est "d'obtenir des volumes de production supplémentaires grâce à une politique de prix satisfaisante pour nos clients. Ce qui implique de réduire l'ensemble de nos coûts de 15 à 20 %. Les deux autres sites français de Montupet sont beaucoup plus compétitifs que nous".

A quelques mois de l'élection présidentielle, le combat de ces salariés ne passe pas inaperçu. Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes et candidate à la primaire socialiste, a dénoncé des actionnaires "voyous", accusant également le patron de l'entreprise d'avoir dans le même temps "une rémunération d'un million d'euros, des dividendes d'1,5 million, tandis que les frais de fonctionnement du siège s'élèvent à 2 millions d'euros".

Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, est également venu soutenir les manifestants lundi. "Non, nous ne sommes pas dans leurs mains, abandonnés, à devoir subir ce qu'ils ont décidé dans leurs obscurs bureaux lointains (...) Ce que nous défendons ici, c'est notre dignité", a-t-il lancé devant les portes de l'usine.

 "UNE VOLONTÉ DÉLIBÉRÉE DE NOUS COULER"  

Car ce que craignent salariés, syndicats et élus locaux, c'est, à terme, une fermeture pure et simple de l'usine. Créée en 1980 par Renault, qui est aujourd'hui son principal client (à 85 %), FDPA a été achetée en 2002 par un fonds d'investissement américain, qui l'a revendue en 2007 à un fonds allemand, avant d'être rachetée par son concurrent Montupet en 2010. "On craint qu'il y ait une délocalisation, avance Emile Brégeon, vice-président du conseil régional de Poitou-Charentes. Que la direction de l'usine laisse pourrir la situation et qu'au final, l'usine soit fermée."

Eric Bailly ne dit pas autre chose : "En nous rachetant, ils ont mis la main sur notre process, sur les brevets, sur le carnet de commandes de Renault, le tout à un très bas prix. Ce plan de compétitivité n'est pas lié à la situation financière de l'entreprise ni à celle du groupe. Il y a une volonté délibérée de nous couler."

Lundi, l'ensemble des élus du conseil général de Poitou-Charentes a voté, à la demande de Mme Royal, une résolution appelant l'Etat à intervenir auprès de Renault afin que ce dernier fasse pression sur son sous-traitant.

Même son de cloche du côté de Jean-Pierre Abelin, maire de Châtellerault et député Nouveau Centre (NC) de la Vienne. "On savait que le carnet de commandes posait problème mais la proposition de Montupet est totalement inacceptable, aussi bien sur la forme que sur le fond, s'insurge-t-il. La stratégie adoptée par Montupet fait craindre le pire."

Mardi, avec Jean-Pierre Raffarin, sénateur UMP de la Vienne et ancien premier ministre, ils ont interpellé l'actuel locataire de Matignon, François Fillon, sur la situation de cette usine. Pour l'instant, ils n'ont pas eu de réponse. "Si la situation restait en l'état, on prendrait des intiatives plus fortes. M. Raffarin sait se faire entendre", ajoute-t-il, dans une allusion à la récente polémique sur la taxe sur les parcs d'attraction dans laquelle M. Raffarin avait réussi à obtenir gain de cause auprès de Nicolas Sarkozy.

Raphaëlle Besse Desmoulières

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15 septembre 2011 4 15 /09 /septembre /2011 12:09

Publié le 14-09-11 à 11:11    Modifié le 15-09-11 à 09:41     par Le Nouvel Observateur avec AFP     

L'ancien ministre des Solidarités actives propose de créer des contrats aidés rémunérés de sept heures par semaine obligatoires.

Marc-Philippe Daubresse (BERTRAND GUAY / AFP) Marc-Philippe Daubresse (BERTRAND GUAY / AFP)

Forcer au travail les bénéficiaires du RSA (Revenu de solidarité active) est devenue une marotte de la majorité. La proposition avait provoqué un tollé dans l'opposition et chez une partie de la majorité en mai dernier. Laurent Wauquiez proposait alors d'imposer aux bénéficiaires du RSA cinq heures de service social hebdomadaire gratuitement.

Mercredi 14 septembre, l'ancien ministre des Solidarités actives Marc-Philippe Daubresse revient à la charge et suggère de créer des contrats aidés, cette fois rémunérés, de sept heures par semaine, sous peine de sanctions.

Si le RSA, lancé mi-2009, "a servi d'amortisseur social, il n'a pas joué son rôle d'outil d'insertion, notamment à cause de la crise", a estimé Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint de l'UMP, qui doit rendre publiques mercredi ses propositions pour améliorer la prestation. L'ancien ministre avait été chargé en mars par le président Sarkozy de proposer des mesures sur le RSA.

"On a atteint les limites du système puisque le nombre d'allocataires du RSA 'activité' stagne depuis deux ans", a-t-il insisté.

La prestation se décline en deux volets: le RSA 'socle', qui a remplacé le RMI (400 à 450 euros par mois environ) et le RSA 'activité', qui vient compléter un petit salaire (en moyenne, 170 euros).

A fin mai, 1,87 million de foyers touchaient le RSA, soit 673.000 en plus d'un salaire.

241 euros par mois

L'ancien ministre propose donc de créer "un nouveau contrat unique d'insertion (CUI) de sept heures par semaine - une journée de travail - payés au smic horaire", soit 214 euros net par mois, à effectuer dans une association par exemple.

Actuellement, les CUI sont de 20 heures. Les contrats de sept heures seraient d'abord expérimentés dans des départements volontaires.

En tenant compte de la baisse de leur RSA induite par la reprise d'activité, les allocataires gagneraient 130 euros de plus grâce à ce contrat.

Mécaniquement, ces personnes feraient donc progresser le nombre d'allocataires du RSA "activité" et baisser le nombre de demandeurs d'emploi sans activité.

Sanctions prévues

Le CUI viserait des allocataires "en situation de travailler" mais éloignés de l'emploi. A charge pour les départements de désigner ces personnes.

Marc-Philippe Daubresse estime qu'à terme 150.000 contrats pourraient être signés, pour un coût de 420 millions d'euros, à puiser dans le Fonds national de solidarité active (FNSA), créé pour financer le RSA, actuellement excédentaire.

"Le refus de ce CUI serait constitutif d'un manquement aux devoirs (de l'allocataire) et entraînerait automatiquement une sanction conformément à la loi", précise le rapport.

Le rapport propose d'ailleurs de durcir les sanctions : aller au-delà de 100 euros de réduction du RSA en cas d'un premier manquement aux devoirs et que "l'on puisse suspendre la totalité du RSA" plus rapidement en cas de "manquements importants".

Maintien des APL

Le rapport suggère aussi de fusionner "à terme" avec le RSA la Prime pour l'emploi (PPE) et l'Allocation spécifique de solidarité (ASS, pour les chômeurs en fin de droits).

Il propose aussi de maintenir les allocations logement pendant six mois après la reprise d'un emploi, une mesure évaluée à 7 millions d'euros.

Le Nouvel Observateur avec AFP

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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 14:20

Nicolas Sarkozy en visite à la prison de Reau le 13 septembre (Bertrand Guay/Pool/Reuters)

« Quand Sarkozy dit qu'il veut 30 000 places de prison en plus, il veut en augmenter le nombre de 50%, rien que ça », tweete l'avocat Maître Eolas. En visite au nouveau centre pénitentiaire de Réau, en Seine-et-Marne, le Président a aussi évoqué l'idée d'un encadrement militaire pour les jeunes délinquants (alors qu'il avait raillé cette proposition de la candidate Ségolène Royal). Nous publions la réaction de l'Observatoire international des prisons (OIP). 

Annonçant un objectif de 80 000 places à l'horizon 2017, le président de la République entraîne le pays dans une politique pénale coûteuse et contreproductive en matière de prévention de la récidive. Invoquant le nombre de peines « inexécutées », il estime que la France a besoin de 30 000 places d'emprisonnement supplémentaires pour mettre en œuvre les décisions des magistrats.

Or, la plupart de ces peines sont en réalité en attente d'exécution pour être aménagées en surveillance électronique, placement extérieur ou semi-liberté, des mesures moins coûteuses et plus favorables à prévenir la récidive. Ce sont bien le manque de moyens des services de l'application des peines et des services pénitentiaires d'insertion et de probation qui empêchent l'aménagement rapide de ces courtes peines de prison.

« Ouvrir des prisons pour les courtes peines non dangereuses »

Nicolas Sarkozy souhaite revenir sur cette politique d'aménagement de peine, renforcée par sa propre majorité parlementaire lors de l'adoption de la loi pénitentiaire en novembre 2009. Il préfère aujourd'hui « ouvrir rapidement des prisons dédiées aux condamnés pour courtes peines ne présentant pas de dangerosité particulière », dont il reconnaît lui-même qu'ils représentent « la majorité des personnes incarcérées » et que « la plupart des peines en attente d'exécution sont précisément de courtes peines ».

Si ces détenus ne présentent pas de « dangerosité particulière », il est permis de se demander pour quelles raisons ils doivent nécessairement purger leur peine en prison. [….]

Le président de la République se réfère également à une prison qui n'existe pas : il évoque une prison où l'encellulement individuel serait respecté, en prétendant que sa majorité « a renforcé le respect de la dignité des détenus en inscrivant dans la loi le principe de l'encellulement individuel ». En réalité, la loi pénitentiaire s'est contentée d'en reporter une fois encore l'application à une échéance de cinq ans, soit novembre 2014.

60% des détenus n'ont pas de cellule individuelle

En pratique, ce sont aujourd'hui 60% des détenus (pour un total de 64 700 personnes incarcérées) qui ne disposent pas d'une cellule individuelle. Avec le développement des centres nationaux d'évaluation, Nicolas Sarkozy fait également croire que les professionnels sont en mesure d'effectuer des évaluations de la « dangerosité », ce qui n'est pas le cas en France.

La Haute autorité de santé l'a rappelé en mai 2007, indiquant que « tout le monde s'accorde pour relever la forte subjectivité et le flou des contours » de la notion de dangerosité, « souvent ponctuelle » et qui « doit être redéfinie selon la fluctuation de l'état mental, des facteurs environnementaux, des stresseurs, des traitements utilisés »…

Nicolas Sarkozy se garde enfin de préciser que la construction de 30 000 places de prison représente un coût de plus 3 milliards d'euros pour le contribuable. Outre la construction, le coût d'une journée de détention est évalué en moyenne à 82 euros, ce qui reviendrait avec l'incarcération visée de 80 000 personnes, à un budget de 6,5 millions d'euros par jour.

A titre de comparaison, une mesure de placement extérieur représente un coût moyen de 15 euros par jour, tandis que l'exécution d'un travail d'intérêt général pendant 18 mois coûte au total 550 euros par condamné.

Photo : Nicolas Sarkozy en visite à la prison de Reau le 13 septembre (Bertrand Guay/Pool/Reuters).

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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 13:52
Florine Bristaud - Marianne | Mardi 13 Septembre 2011 à 15:01

 

Luc Chatel est un ministre sémillant, excellent avocat de son projet éducatif. La rentrée est pour nous l’occasion de confronter ses belles paroles aux réalités du terrain, qui découlent directement des réformes qu’il a mises en place ces deux dernières années.



(capture écran: Europe 1 - Dailymotion)
(capture écran: Europe 1 - Dailymotion)
Lorsque M. Chatel dépeint l’école à laquelle il aspire, il s’attèle à décrire un enseignement de plus en plus individualisé, auquel il aurait contribué, en instaurant des « heures de soutien personnalisé » au lycée et « deux heures consacrées à l’aide personnalisée aux élèves en difficulté » en primaire. Il rajoute d’ailleurs, non fier de l’innovation, que « C’est une grande nouveauté ! C’est un grand progrès! ». Pourtant, à l’heure où l’on dénombre 4800 suppressions de postes d’enseignants du secondaire, pour 80 000 élèves de plus par rapport à l’an dernier, ces propos triomphalistes sonnent faux. Avec des classes de maternelle comptant jusqu’à 32 élèves, et des secondes de 35 lycéens en moyenne, on est loin, très loin de l’enseignement personnalisé… Alors Chatel a beau clamer que « l’enseignant est un symbole », il le raréfie sans état d’âme. D’autant plus que les enseignants ne voient pas clairement en quoi consistent ces innovations. Une jeune agrégée professeur en Seine-Saint-Denis confie d’ailleurs à Jean-Pierre Chevènement : « Moi je n’y comprends pas grand-chose. Avant on appelait ça le contrat individualisé, c’était la loi Fillon. Maintenant, c’est le soutien personnalisé, et le plus curieux c’est que ça se fait dans des groupes. Donc ce n’est pas tellement personnalisé ! ». En somme, des profs dans le brouillard, qui tentent tant bien que mal de coller aux nouveaux textes.

 

A la question « faut-il accroître les obligations de service des enseignants ?», Monsieur Chatel se garde bien de répondre, laissant volontiers la parole à Monsieur Chevènement. En revanche, lorsqu’ il s’agit des modalités de formation des enseignants, notre ministre a des idées bien arrêtées. Il affirme qu’ « on ne peut pas dire que les IUFM (Instituts Universitaires de Formation des Maîtres) étaient des terreaux favorables (…) pour la préparation des enseignants à leur métier », ajoutant que « ça a fait beaucoup de dégâts ». Dans le souci, oh combien louable, de minimiser ces « dégâts », notre ministre a réformé la formation des enseignants lors de la « masterisation », entrée en vigueur à la rentrée 2010. Avant cela, les professeurs tout juste certifiés ou agrégés enseignaient durant 6 à 8 heures par semaine et bénéficiaient de dix heures de formation théorique hebdomadaire durant leur première année. Depuis la réforme, les nouveaux arrivants effectuent d’emblée des temps complets, à savoir 15 heures d’enseignement pour les agrégés et 18 pour les certifiés. Un emploi du temps qui laisse peu de place aux formations, qui ont été tout bonnement réduites à trois petits jours avant la rentrée, et une quinzaine de jours durant l’année scolaire. Sans oublier qu’on demande dorénavant aux jeunes profs d’y assister… sans être rémunérés ! Des stagiaires tout fraîchement sortis de la fac, qui doivent concilier formations éclairs, temps complet et préparations de cours, ce qui induit qu’ils ont un emploi du temps plus chargé que leurs collègues avec 20 ou 30 années d’ancienneté. Pas sûr que ces enseignants se sentent en « terreaux favorables » comme dirait Chatel. Pour minimiser les « dégâts », Monsieur Chatel a donc simplement décidé de minimiser les formations. Outre leur fréquence trop faible, c’est surtout leur désorganisation qui a été dénoncée par les stagiaires. Les rectorats, pris dans l’urgence à la rentrée 2010, n’ont eu d’autre choix que de faire un « savant bricolage », et c’est ainsi que les stagiaires de l’académie de Créteil ont appris en octobre comment accueillir au mieux les élèves à la rentrée de septembre. Les techniques de réalisation d’une interrogation ont été abordées en février, et les problèmes d’autorité en mars, pas moins de six mois après leur entrée en fonction.
Selon Monsieur Tisserand, Directeur adjoint de l’IUFM de Strasbourg, ce n’est pas tant la masterisation en elle-même qui a été hautement critiquée, mais plutôt ses modalités de mise en place. Les directives du ministère étaient plus que vagues, et trop tardives, aboutissant à une mise en pratique différente dans chaque académie. Les stagiaires ont effectué des temps complets dans certaines académies, tandis qu’ils ont bénéficié d’une décharge de 2 ou 4 heures dans d’autres. Les textes prévoyaient également que chaque nouvel enseignant bénéficie d’un tuteur pour l’aider dans la réalisation de ses cours. Dans un rapport du ministère datant de janvier 2011, 139 stagiaires étaient toujours sans tuteur cinq mois après la rentrée. Des tuteurs choisis à la hâte, et qui, pour certains d’entre eux, ne disposaient que d’une seule année d’ancienneté. Monsieur Chatel avait annoncé en mai dernier que depuis l’application de la masterisation « il n’y a pas eu plus de démissions d’enseignants qu’auparavant », et il affirmait même avoir reçu des lettres de remerciements de « stagiaires heureux » ! Des jeunes enseignants si satisfaits qu’ils ont crée un collectif « stagiaires en colère ». Ils ont compilé pas moins de 166 témoignages de stagiaires excédés en à peine trois mois de novembre 2010 à février 2011, pour constituer ce qu’ils ont appelé « Le livre noir d’une rentrée à plein temps ».
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