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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 20:53

07-10-11 à 19:06 par Marco Mosca 

Une étude menée par des parlementaires sur les conséquences fiscales des ventes illicites de tabac fait un état des lieux instructif sur le business du tabac en France.

 (c)SIPA (c)SIPA

2,7 milliards d'euros. C'est ce que coûtent les ventes de cigarettes hors réseau légal au fisc français, selon un projet de rapport d'information parlementaire que Challenges.fr a pu consulter. La vente illégale de tabac prend des proportions inquiétantes en France. Ses conséquences sont fiscales, économiques, mais surtout sanitaires. Dans ce projet, les députés Jean-Marie Binetruy (Doubs, UMP), Jean-Louis Dumont (Meuse ,PS) et Thierry Lazaro (Nord, UMP), apporte un éclairage sur le business du tabac en France, entre contraintes sanitaires et fiscales d'un côté, et le poids du lobby des buralistes de l'autre.

Le montant des pertes est "considérable dans le contexte budgétaire actuel", souligne d'entrée de jeu ce rapport sur "les conséquences fiscales des ventes illicites de tabac". A titre de comparaison, la fiscalité sur le tabac devrait rapporter 13,6 milliards de recettes à l'Etat cette année, les dépenses de soutien aux buralistes s'élèvent à près de 300 millions d'euros et le coût pour l'assurance maladie des dépenses de soins remboursées attribuables au tabac est estimé à 6,8 milliards d'euros…

La pression fiscale favorise-t-elle le développement du marché parallèle?

"Aujourd'hui, avec un taux de taxation de 80,64%, la France exerce une des plus fortes pressions fiscales sur les produits du tabac en Europe", précise-t-il, ce qui a permis aux ventes de cigarettes de décliner en vingt ans, de 97,1 milliards d'unités en 1991, à 54,8 milliards d'unités en 2010. "Cette baisse est principalement imputable aux fortes augmentations de prix de janvier et d'octobre 2003 et de janvier 2004" qui ont fait passer le prix du paquet de cigarettes à 5 euros. Mais depuis, les hausses des prix n'ont plus d'incidences réelles sur les ventes qui stagnent. Les consommateurs se sont notamment reportés sur les tabacs à rouler et les tabacs à pipe, qui ont eux, augmenté entre 2004 et 2010 (9% pour le tabac à rouler), parce que meilleur marché. Et selon les rapporteurs, cette pression fiscale favorise le développement du marché parallèle.

Le volume des achats de tabac réalisés en dehors du monopole de distribution de l'Etat ne cesse de croître ces dernières années pour atteindre désormais 20% des ventes total de produits du tabac. "15% proviennent d'achat hors réseau, légaux ou non selon les quantités transportées (duty free, franchises légales, achats transfrontaliers, achats auprès de revendeurs); 5% d'achats illégaux hors réseau (contrebande, contrefaçon, achats sur internet)".

11 recommandations pour s'en sortir

La mission d'information avance un certain nombre de recommandations pour lutter contre ce phénomène. Elle préconise notamment de "soutenir les efforts du gouvernement" pour une convergence des prix pratiqués en France et dans les pays voisins. Cela permettra notamment de réduire les achats transfrontaliers qui représentent 50% du marché "parallèle". La mission souhaite également que les prochaines hausses, dont celles annoncées le 24 août dernier par le Premier ministre, de 6% à compter d'octobre 2011 puis de 6% à nouveau en 2012, s'inscrivent dans le cadre du Plan Cancer 2009-2013.

Elle invite aussi à "engager une réflexion sur la fiscalité des tabacs à rouler, en vue de contrecarrer l'effet de substitution à chaque hausse des prix de cigarettes". La mission prend ici des pincettes pour ne pas froisser une industrie qui a vu son chiffre d'affaires passer de 13 milliards d'euros en 2000 à 16,65 milliards d'euros en 2010 en grande partie grâce aux ventes de tabac à rouler. Il n'est aucunement question ici d'aligner les prix de ces paquets vendus au poids sur ceux des cigarettes…

A ces mesures s'ajoutent également une campagne nationale sur les dangers de la contrefaçon, un affinage du marquage des paquets pour faciliter l'identification de leur origine, le refus du paquet générique proposé par Bruxelles qui standardise l'aspect des paquets et favorise la contrebande, la lutte contre la vente illicite sur Internet, le durcissement de l'arsenal répressif.

Autant de mesures pour remettre les consommateurs dans les rails d'une consommation légale. Est-ce pour autant suffisant pour réduire les dépenses de santé liées aux conséquences du tabac, qui représente près de 3% des 234 milliards d'euros de dépenses de santé? Le tabac est responsable de 60.000 décès environ par an en France.

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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 15:35
Régis Soubrouillard - Marianne | Jeudi 6 Octobre 2011 à 18:01 


Désignée comme un exemple de rigueur, le modèle allemand commence à susciter de sérieux doutes jusque dans la presse économique allemande de référence. Dans un dossier, complètement ignoré par la presse internationale, le quotidien économique Handelsblatt révèle Le grand mensonge économique allemand: la dette publique du pays annoncée à 2.000 milliards d'euros serait, en projection, beaucoup plus proche des 7.000 milliards d'euros.



Angela Merkel et Georges Papandréou
Angela Merkel et Georges Papandréou
« Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais ! ». Le proverbe s’applique parfaitement aux relations paradoxales que l’Allemagne de Merkel entretient avec la Grèce de Papandréou. Pendant que la chancelière allemande donne des leçons de rigueur permanente au gouvernement grec, qu'elle se fait tirer les oreilles pour augmenter la contribution allemande au Fonds européen de solidarité financière, sur fond de vives tensions politiques internes, le quotidien économique allemand Handelsblatt, lâchait la semaine dernière une bombe.

La rigueur allemande, vantée par tous les éditorialistes de la place, citée imparablement en exemple par tous les politiques en manque d’inspiration, autant de moutons-postulants au poste suprême, ne serait que pur fantasme. Au point que même son quotidien économique de référence commence à en douter…
Dans un dossier intitulé « La vérité », le journal déconstruit ainsi la mythologie du modèle de vertu germanique, recensant  les subterfuges utilisés par les gouvernements qui se sont succédés depuis quatre décennies et notamment celui de Merkel pour cacher la dette abyssale du pays.

Officiellement, la dette allemande en 2011 est de 2 000 milliards d’euros. Mais ce n'est que pur mensonge affirme le Handelsblatt car la majeure partie des dépenses prévues pour les retraités, la sécurité sociale, l’évolution démographique défavorable du pays, les malades et les personnes dépendantes ne sont pas inclues dans le calcul. D'après de nouveaux calculs, l’addition est autrement plus salée : un mensonge à 5 000 milliards d’euros supplémentaires. Soit un total de  7 000 milliards d’euros de dette publique !
L'Allemagne serait donc endettée à hauteur de 270 % de son produit intérieur brut et non pas 83 % comme officiellement annoncé. Par comparaison, la dette grecque devrait être de 186% du PIB en 2012 ! Le hic, c'est que la comparaison devient branlante. Avec ces critères, la Grèce affiche, de son côté une dette publique qui dépasse les...700% de son PIB !

Le grand mensonge allemand
La dette publique allemande "officielle"
La dette publique allemande "officielle"
Néanmoins, depuis l’arrivée au pouvoir de Merkel en 2005, le montant de la dette a augmenté de 500 milliards : « Merkel a créé autant de nouvelles dettes que tous les chanceliers des quatre dernières décennies réunis », remarque l'auteur de l’article « Le grand mensonge allemand ».

Déjà avec une dette publique « officielle » de 2 079 milliards d'euros, soit 83,2% de son PIB, en valeur, l'économie la plus performante de la zone euro était montée sur le troisième place du podium des pays les plus endettés au monde. De quoi relativiser les sempiternelles comparaisons avec le meilleur élève de l’Europe dont les « zexperts » nous rebattent  les oreilles, multipliant les démonstrations infondées qui voudraient que ce dernier aurait su maîtriser sa dette publique alors que la France ne cessait de sombrer.

Contrairement aux indicateurs classiques, l'économiste Bernd Raffelhüschen utilise le concept de « dette implicite générationnelle » soit tous les déficits budgétaires en termes de santé, sécurité sociale, retraites etc. qu'une génération devra supporter. En l'occurrence, c'est essentiellement le déficit démographique de l'Allemagne qui explique le poids de sa dette implicite. Pour exemple dans son étude intitulée Poids de la dette et démographie, le chercheur se base sur un taux de fécondité projeté à 1,5 en 2060 pour l'Allemagne et 1,9 pour la France. En 2060, l'Allemagne compterait ainsi 67 habitants de plus de 65 ans pour 100 habitants âgés de 20 à 65 ans. La France parviendrait à limiter la casse, avec un peu plus de 50 personnes âgées de plus de 65 ans.  « Avec une population croissante, la puissance économique des états va augmenter, leur PIB également, et par lâ même leur base d'imposition. Un élément impossible à prendre en compte pour l'Allemagne » écrivent les auteurs de l'étude.   

« Ces 7 000 milliards d'euros sont un chèque sans provision que nous avons signé et que nos enfants et petits enfant devront payer » selon les auteurs de l’article. Et le journal d’accompagner ce terrifiant constat d’un article sur les moyens « d’échapper au piège de la dette ». Flexibilité, augmentation des impôts, taxes à la consommation, économies dans les dépenses sociales, coupes claires dans certains budgets de l’Etat. Rien que de très classique.

Encore un effort et avant d’aller à Athènes, la fameuse troïka des inspecteurs de l’UE, du FMI et de la BCE dont la seule annonce de leur arrivée sur le tarmac suffit à déclencher des manifestations fera un détour par Berlin…
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6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 14:06
Libération - Aujourd'hui à 0h00

Par VINCENT GIRET

«Il y a crise quand l’ancien monde ne veut pas mourir et que le nouveau monde ne peut pas naître.» Cette définition du théoricien italien Antonio Gramsci s’applique à la lettre au moment de tension extrême que subissent la planète financière en général et le monde de la banque en particulier. De l’ancien monde, tout semble encore en place, ou presque. Près de deux décennies après le scandale du Crédit lyonnais, le drame de Dexia en témoigne jusqu’à la caricature : prise de risques inconsidérés, spéculation à coups de «produits» toxiques, tergiversation irresponsable des Etats, «stress tests» bidons et sauvetage public sans contreparties… Comme si chacun se refusait à tirer la moindre leçon de la catastrophe. Aucune mesure sérieuse d’encadrement et de contrôle des instruments financiers n’a été prise, ni en Europe ni aux Etats-Unis, depuis le sévère avertissement de 2008. Au moment où s’esquisse un nouveau plan de sauvetage des banques, cette fois à l’échelle européenne, il faut rappeler à tous qu’une banque est d’abord et avant tout un bien public. Les Etats ne sauraient mobiliser à nouveau des milliards d’euros sans exiger des règles nouvelles et, notamment, une place au conseil d’administration des établissements aidés. Nicolas Sarkozy s’y était refusé en 2008. Les peuples européens ne comprendraient pas aujourd’hui que nul ne soit en charge du rappel permanent et exigeant de l’intérêt général. La politique y joue son crédit. Le monde nouveau ne naîtra pas sans un électrochoc.

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6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 13:03

Rue89 - Par Robin Carcan | Journaliste | 05/10/2011 | 17H37

 

Miroir social

 

Fichiers confidentiels en accès libre, serveurs plantés plusieurs jours… A deux semaines des élections professionnelles dans l'Education nationale, qui vont amener plus d'un million de personnes à choisir par Internet leurs représentants, de nombreux bugs perturbent leur organisation. Le ministère minimise les problèmes, et le prestataire informatique, Atos, se mure dans le silence.

Entre le 3 et le 12 septembre, une organisation syndicale qui préfère garder l'anonymat a pu consulter en toute tranquillité listes électorales et professions de foi de tous ses homologues en lice pour les élections professionnelles du 20 octobre dans l'Education nationale. Officiellement, chaque organisation n'avait accès qu'à son espace sur une application baptisée « Candelec », au moyen d'un identifiant et d'un mot de passe. A moins… de remplacer le nom d'un syndicat par un autre dans les adresses internet et de faire ainsi apparaître la liste concurrente. Une manipulation de niveau geek débutant.

Un accès protégé… en théorie

Le syndicat à l'origine de cette découverte se dit « effaré d'un si faible niveau de protection des données pour une élection au sein de la fonction publique d'Etat ». Près de 3,2 millions d'agents sont concernés par ce scrutin de liste à un seul tour du 20 octobre, qui va leur permettre de choisir leurs représentants dans les instances de dialogue social (comités techniques et commissions administratives paritaires). Seule l'Education nationale, sur décision du ministre Luc Chatel en 2010, a hérité d'une procédure unique de vote électronique.

Contactée par Miroir social, la directrice générale des ressources humaines du ministère, Josette Théophile, ne veut pas croire à un tel bug. Et elle nous a mis au défi :

« Si une quelconque organisation a pu pénétrer dans l'application, qu'elle nous en apporte la preuve ! »

Et bien, nous le relevons : elle tient dans un procès-verbal de constatation, que nous avons consulté, effectué par un huissier à la demande du syndicat. Vingt-neuf pages qui décrivent par le menu une liste d'adresses auxquelles ont eu accès sans difficulté le syndicat à l'origine de cette information. (Cliquer pour agrandir le PV de constation)

Cliquer pour agrandir le PV de constation.

Est-ce grave ? Bien que ne pouvant pas être qualifiées de « sensibles », les données auraient dû rester confidentielles au moment où le syndicat en a pris connaissance. Il pouvait – en théorie – faire encore pression par exemple sur tel ou tel candidat.

Des serveurs bloqués pendant trois jours

Ce bug à lui seul n'aurait sans doute pas généré autant de ramdam. Mais les 24 et 25 septembre, le service en charge des élections à la DGRH a dû battre le rappel de ses troupes pour une petite astreinte de crise en plein week-end. Direction le « bunker », surnom donné par les délégués syndicaux aux locaux hébergeant l'infrastructure technique à Vendôme (Loir-et-Cher). Et selon nos informations, 26 salariés du prestataire ont aussi été appelés en renfort. Les serveurs qui devaient permettre à chaque électeur (professeur, agent du ministère, personnel académique…) de vérifier en ligne avant le 28 septembre son inscription sur les listes électorales, récupérer un mot de passe, etc. étaient restés bloqués trois jours de suite pour cause d'affluence.

L'intégrateur du système de vote électronique et de ses applications n'est pourtant pas un acteur de second rang : il s'agit de la SSII Atos (appelé Atos Origin jusqu'en juillet). Ce spécialiste de l'intégration technologique et de l'infogérance, présidé depuis 2008 par Thierry Breton, qui peut se targuer d'être leader en Europe sur son secteur, aurait-il vu un peu juste ?

Malgré nos demandes répétées, Atos a refusé de nous mettre en contact avec un interlocuteur pour évoquer la faille de sécurité constatée début septembre. Porte fermée aussi pour obtenir des informations sur son expertise en matière de vote électronique.

La seule référence véritable est une prestation, effectuée en 2009 pour le vote à distance pour l'élection de l'Assemblée des français de l'étranger. Questionnés sur le CV d'Atos en la matière, plusieurs syndicats internes nous ont livré peu ou prou la même version :

« Nous avons entendu parler de cette solution technique, mais sans savoir exactement quelle est la filiale concernée ! » […]

Un marché cher payé

Nos interrogations se sont prolongées avec l'examen du marché public décroché par Atos, d'un montant de 4,5 millions d'euros […]. Cela reste cher payé pour une élection professionnelle, fut-elle au service d'un million d'électeurs, comme nous l'ont expliqué plusieurs prestataires spécialisés. « Ce n'est pas le nombre de votants qui fait le montant de la facture mais bien la qualité et la fiabilité de l'infrastructure de vote », précise Erwan Léauté, directeur commercial de RDI-Univote. Or, à un coût moyen de 5 euros par électeur, nous sommes ici bien au dessus des tarifs pratiqués en matière d'élection professionnelle par voie électronique. La sécurité a sûrement un prix… à condition qu'elle fasse ses preuves.

La sécurité dans ce dossier a décidément le dos large. A ce jour, les électeurs sont en possession d'une notice de vote, avec identifiant à gratter pour récupérer le mot de passe. Mais tous ceux qui auront perdu leur identifiant après le 12 octobre ne pourront pas, hélas, le récupérer. Josette Théophile, la DGRH du ministère, nous a expliqué que cette option a été décidée justement pour accentuer la sécurité.

Sauf que les prestataires de e-vote savent par expérience que quantité d'électeurs perdent leur identifiant dans la dernière semaine. D'où en général la mise en place d'une procédure de récupération des identifiants jusqu'au tout dernier jour du vote. Sur un million , les « écartés » du scrutin pourraient être nombreux, sachant que beaucoup de non-titulaires – environ 85 000 personnes – ont composé ces dernières semaines avec un calendrier très serré d'inscription sur les listes électorales, leurs contrats étant en effet signés (ou renouvelés) courant septembre.

En partenariat avec Miroir social

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6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 10:53

Didier Billion, chercheur à l'IRIS et spécialiste du Proche-Orient | LEMONDE.FR | 05.10.11 | 20h57   •  Mis à jour le 06.10.11 | 09h12

 

Didier Billion est directeur des publications à l'Institut des relations internationales et stratégiques, spécialiste du Proche-Orient.

Didier Billion est directeur des publications à l'Institut des relations internationales et stratégiques, spécialiste du Proche-Orient.Iris

Le Conseil de sécurité de l'ONU a rejeté, mardi 4 octobre, une résolution condamnant la répression en Syrie. Proposée par le front occidental, la Chine et la Russie s'y sont opposé. Pour Didier Billion, chercheur au sein de l'Institut de recherches internationales et stratégiques et spécialiste du Proche-Orient, ce veto sino-russe renforce le régime syrien et affaiblit l'ONU.

Pourquoi la Chine et la Russie ont-elles opposé leur veto au vote de la résolution visant le régime syrien ?

Il y a d'abord une raison de principe puisque Pékin et Moscou ont traditionnellement une position de non ingérence dans les pays étrangers. C'est un principe intangible pour ces deux Etats. Et puis, la Russie et la Chine, qui sont loin d'être de réelles démocraties, conçoivent toutes deux quelques inquiétudes à propos du  printemps arabe en général, qui pourrait donner des idées à leur propre population.

Les Russes et les Chinois ont-ils des intérêts à défendre en Syrie ?

Surtout les Russes. Ils ont par exemple la possibilité de mouiller leurs navires militaires dans les ports syriens, possibilité qu'ils n'ont pas ailleurs. C'est un avantage logistique, certes, mais c'est surtout un moyen de conserver leur position en mer Méditerranée. Et il est évident qu'un changement de régime nuirait à ses accords militaires. C'est pour ces raisons d'ordre géostratégiques que la Russie est un soutien ferme et résolu de la Syrie.

A défaut de sanction collective, le régime de Bachar Al-Assad doit-il s'attendre à des sanctions unilatérales ?

C'est déjà le cas puisque l'Union européenne et les États-Unis les appliquent déjà, en bloquant les avoirs syriens ou en interdisant leurs entreprises de passer des contrats en Syrie. Mais leurs effets sont limités. Elles sont loin d'être rédhibitoires pour le régime syrien puisqu'elle ne mettent pas l'économie du pays à genoux. Bachar Al-Assad le sait et c'est pour cela qu'il continue de réprimer la contestation en toute impunité. Surtout, sanctions ou non, d'autres pays, comme l'Iran, continuent de commercer avec la Syrie. Si certains refusent de discuter, d'autres, comme la Chine, sont prêts à saisir les opportunités. Il faut donc mesurer les limites de l'exercice et se rappeler que dans l'histoire, les sanctions ont rarement été efficaces, à l'exception de l'Afrique du Sud pendant l'apartheid ou de l'Irak après la première guerre du Golfe.

N'est-ce pas un mauvais signal envoyé à l'opposition syrienne qui se structure à peine au sein du Conseil national syrien ?

Bien entendu, ce n'est pas un signal positif. Mais l'opposition syrienne ne se faisait pas beaucoup d'illusions. Elle sait qu'élargir le camp des partisans des sanctions est un travail de longue haleine. Elle a bien compris qu'il n'y aurait aucune intervention militaire en Syrie. Elle va devoir convaincre de nouveaux alliés, comme la Turquie, qui jusqu'à présent était plutôt pro-Assad.

De toute façon, le Conseil national syrien va devoir se concentrer sur la situation interne. Depuis quelques temps, on note un fléchissement de la mobilisation en Syrie. Les manifestations continuent mais perdent de leur puissance. Le grand danger, c'est que le conflit devienne armé. Car si la révolte se militarise, le rapport de force entre le régime et ses opposants deviendrait encore plus inégal.

Le Brésil et l'Inde se sont abstenus lors du vote. Assiste-t-on à la naissance
d'un nouveau front diplomatique mené par les BRICS [Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud] ?

Ce n'est pas la première fois que ces pays s'opposent aux front occidental. Cela montre bien que le centre de gravité de la diplomatie mondiale s'est déplacé et que les grandes puissances ne sont plus en mesure d'imposer leur point de vue. Mais pour l'heure, les BRICS restent trop hétérogènes pour adopter une position commune et proposer des alternatives. Les alliances risquent donc d'être à géométrie variable, en fonction des intérêts de chacun, pendant quelques années encore.

Ce rejet de résolution ne consacre-t-il pas l'impuissance, voire l'inutilité, de l'ONU, peu en verve depuis le déclenchement du printemps arabe ?

L'ONU reste la seule instance qui peut se prévaloir d'une autorité internationale. En cela, elle est loin d'être inutile. Ce n'est pas parfait mais elle a le mérite d'exister. Mais le vote d'hier soir montre tout de même sa relative impuissance à faire pression sur certains états. Le grand problème, c'est que l'ONU est structurée comme en 1945, une réforme de son fonctionnement est donc nécessaire. Mais ça sera long et il faut aussi que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (France, Chine, Etats-Unis, Royaume-Uni et Russie) en acceptent l'idée et arrêtent de s'arcbouter sur leurs prérogatives.

Propos recueillis par Thomas Monnerais

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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 11:07

Par Emilie Brouze | Journaliste | 05/10/2011 | 13H28

A Vénissieux, des cadres ont établi une liste « humiliante » de leurs employés. Une « dérive managériale » pour la CGT.

Téléchargez la liste de la Macif de Vénissieux.

Démunie face à « l'autisme » de la direction après la découverte de cette liste [PDF] d'évaluation et d'annotations, Sylvie Herreros, délégué CGT à la Macif Rhône-Alpes, a contacté Rue89.

Elle ne témoigne pas pour se mettre en avant, précise t-elle, mais au nom des autres délégués du personnel. Dans son premier e-mail, elle écrit :

« Pour nous, il y a danger et nous ne pensons pouvoir contrer cette escalade qu'en diffusant l'information à l'extérieur de l'entreprise. »

« Sournoise », « proche des syndicats »

Le 17 juin, un salarié de la Macif à Vénissieux (Rhône) découvre sur un bureau trois pages manuscrites. A côté des prénoms des 29 employés du service, quelques lignes d'annotations. Extraits :

  • « Haute opinion d'elle-même, pas de remise en question. N'écoute pas, gère mal l'échec. »

Extrait de la liste de la Macif de Vénissieux.

  • « Intelligent, ambitieux, décrédibilise les autres pour expliquer ses échecs. »

Extrait de la liste de la Macif de Vénissieux.

  • « Individualiste, sournoise. Des résultats, s'éparpille beaucoup. Proche [des] syndicats. »

Extrait de la liste de la Macif de Vénissieux.

On peut y lire encore parmi les critiques, « susceptible » ou « déficient visuel ».

« Un cas isolé », « pas le genre de la maison »

Pour la CGT, la liste « porte atteinte aux droits des personnes ». Elle alerte la direction. La responsable de la communication de la Macif, à Lyon, explique :

« Un cadre dans le service a porté des annotations manuscrites concernant sa nouvelle équipe sur son cahier personnel. Il a été subtilisé, apparemment. Tout de suite, des mesures ont été prises : le cadre a été muté vers d'autres fonctions n'induisant plus le management. C'est un cas isolé, ce n'est pas une pratique dans l'entreprise. »

Sylvie Herreros raconte que quelques jours après, le supérieur du cadre auteur de la liste a poussé une « crise d'hystérie ». Il cherchait à trouver « le coupable », celui qui a osé photocopier la liste. Elle assène :

« Les responsabilités ne sont pas individuelles mais bien collectives. C'est toute la chaîne managériale qui, de négligence en suffisance, de mépris et autosatisfaction, finit par se faire destructrice. Les jeunes du service étaient terrorisés. En interne les gens sont indignés mais apeurés. »

Certains d'entre eux sont ensuite venus réclamer la liste auprès des militants de la CGT. La responsable communication de la Macif nie les menaces :

« Il n'y a pas de climat de peur, heureusement. Rien n'est remonté dans ce sens auprès de la direction sinon on aurait pris des mesures. Ce sont des supputations totales. »

La CGT va faire jouer son droit d'alerte

Par une lettre recommandée [PDF] datée du 12 septembre et adressée à la direction régionale de la Macif et à l'inspection du travail (que Rue89 a pu consulter), les élus du personnel CGT écrivent :

« Nous vous informons qu'en vertu de l'article du code du travail L 2313-2, nous entendons faire jouer notre droit d'alerte. »

Pour la direction de la Macif, le droit d'alerte n'est pas valide [PDF] car il ne concerne pas une pratique récurrente dans l'entreprise. « C'est un cas isolé », répète-t-on.

Pas pour les délégués CGT, martèle Sylvie Herreros, qui doit rencontrer l'inspecteur du travail le 17 octobre :

« On ne veut pas pointer du doigt des personnes. C'est toute la chaîne managériale qui est entrée dans un dangereux cercle vicieux dont elle ne parvient plus à sortir. Les directives font que les dirigeants croient avoir une toute puissance, une impunité. Alors ils se lâchent. »

Pression, notation, suicide

Le « tournant » de ces « dérives managériales », explique Sylvie Herreros, remonte aux années 2000 et à l'arrivée de nouveaux dirigeants « politiques » au sein de la Macif :

« Ils ont installé la mesure des résultats individuels, fixé des normes commerciales à atteindre, inventé des produits financiers qui ont moins de rapport avec le service des sociétaires qu'avec la profitabilité. »

Pression, notation, concurrence : elle décrit le paradoxe « insupportable » de la Macif. Tout en entonnant un discours humaniste, le management ordinaire se fait de plus en plus « brutal ».

La délégué CGT cite des menaces d'avertissement reçues par les salariés qui se plaignaient du système de notation individuelle. Ou le cas du collègue, en dépression depuis plus d'un an, mis sous surveillance informatique après avoir été soupçonné de tricher sur ses résultats. Le cadre qui a établi la liste en juin était impliqué dans cette affaire. Pour Sylvie Herreros, le problème ne se limite pas à son service :

« Les gens tombent plus souvent malade. Il n'y a plus de joie de vivre, l'ambiance est plombée, même ailleurs. »

Une responsable CGT nationale corrobore ses dires :

« Le cas de Vénissieux est isolé mais symptomatique du climat général. En Ile-de-France, il y a eu un suicide dernièrement. Partout, il y a une espèce de malaise et de ras-le-bol. Il faut absolument que quelque chose émerge de tout ça. »

« On voit nos valeurs bafouées »

Au service communication de la Macif à Lyon, étonnement :

« Non, ici, les gens sont plutôt satisfaits. Après, concernant la pression au travail, toutes les entreprises connaissent un peu plus de pression dans un contexte de crise. Et vous ne le savez peut-être pas mais les assurances sont un secteur très concurrentiel. »

Sylvie Herreros travaille à la Macif depuis 28 ans, dont 20 ans « de bonheur ». Elle pèse ses mots, pour conclure :

« On est nombreux a avoir été embauchés sur la base du militantisme et on voit aujourd'hui nos valeurs bafouées. J'ai connu la période faste et je vois la dégradation avec douleur et beaucoup de souffrance. On serait sauvés si la direction acceptait de réfléchir à ses pratiques. »

Illustrations : extraits de la liste de la Macif de Vénissieux.

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3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 13:13

Jacques Sapir - économiste | Lundi 3 Octobre 2011 à 12:01 


Beaucoup de commentateurs ont poussé de ouf de soulagement après l'adoption par la majorité des pays de l'Union du plan de soutien à la Grèce. L'économiste Jacques Sapir explique pourquoi il s'agit d'un répit précaire : la faillite de la Grèce est inéluctable, la contagion va s'étendre à l'Espagne et l'Italie, et la situation va devenir encore plus périlleuse pour les banques françaises et allemandes. A bon entendeur....



 

Trop peu, trop tard !
  Dans les batailles mal préparées et tardivement engagées, ce constat sonne comme un glas quand il a cessé d’être un regret. 

 

Trop peu :le Fond Européen de Stabilisation Financière a vu son montant fixé à 447 milliards d’Euros le 21 juillet. À l’époque, c’était déjà insuffisant. Aujourd’hui, alors que l’Espagne et l’Italie vont d’ici quelques semaines ne pas avoir d’autre choix que de demander de l’aide, ce sera encore plus évident. Ce sont des sommes de plus de 1000 milliards qu’il faudra alors engager.

Trop tard : les Eurobonds (Euro-obligations) et surtout ma monétisation de la dette (le fait que les États puissent directement emprunter à la Banque Centrale Européenne) auraient pu être mis en œuvre si l’on s’y était pris à l’hiver 2009-2010. Les lecteurs de Marianne2 se souviennent sans doute de ma polémique avec Benoît Hamon en ces colonnes au début du mois d’octobre 2009. Aujourd’hui, nous allons nous heurter à l’obstacle de la Constitution allemande et à de longues négociations qui repousseront la monétisation au mieux à la fin du printemps 2012, c’est-à-dire trop tard.

 

Car la situation est incontestablement grave. La déroute menace désormais sur trois fronts. 

 

La Grèce tout d’abord, ou un défaut est inéluctable, et pourrait survenir dans les semaines qui viennent. L’économie Grecque est en fait à l’arrêt depuis la fin du mois d’août. Les impôts ne rentrent plus, une situation quasi-insurrectionnelle se développe et la fuite des capitaux y est intense. La chute du PIB y sera nettement plus importante que les -5,5% admis au début septembre par le gouvernement. Avec cette chute, nous aurons évidemment une chute plus que proportionnel des recettes fiscales et un déficit qui explosera.

La contagion au Portugal, à l’Espagne et à l’Italie ensuite qui s’accélère. Le gouvernement Portugais vient d’admettre le 1er octobre que le déficit sera bien plus important que prévu. En Espagne, la montée inéluctable du taux de défaut dans les banques laisse présager une nouvelle crise bancaire et la nécessité d’une nouvelle consolidation du système financier, qui demandera beaucoup d’argent. En Italie, qui jusqu’à maintenant était capable de financer sa dette mais qui, depuis le mois d’août ne le peut plus. La raison ici en est simple. Les grandes entreprises italiennes mais aussi les déposants riches ou aisés retirent leurs fonds des banques de la péninsule pour les placer qui en dollars qui en francs suisses (au grand dam de la Banque Centrale de Suisse qui tente désespérément d’éviter une réévaluation de sa monnaie par rapport à l’Euro). Le résultat de cette défiance des riches Italiens a été de faire monter rapidement les taux d’intérêts sur la dette Italienne ; ils sont désormais supérieurs à ceux de l’Espagne et s’approchent des 6% (taux à dix ans), limite qu’ils auraient franchi si la BCE ne rachetait pas en sous-main les titres de dette tant Italiens qu’Espagnols.

La crise des banques en France et en Allemagne enfin, dont nous voyons se développer les effets à la Bourse, où elles ont perdu plus de 50% de leur capitalisation, depuis près de deux mois. Un mensonge énorme plane sur la situation des banques. Leurs dirigeants affirment que l’exposition au risque y est limitée. C’est certes vrai pour le risque direct, encore qu’il faille y inclure les pays qui sont susceptibles d’être touchés par l’effet de contagion (ou qui sont d’ores et déjà touchés). 


L’entêtement dans l’erreur
Euro : pourquoi il est très loin d'être sauvé


On voit ainsi que le risque sur les trois pays les plus exposés n’est que de 16,93 milliards, et celui sur les pays de la zone de contagion se monte à plus de 100 milliards. 

Mais, on oublie alors de parler des assurances de crédit (les Credit Default Swaps) qui ont été achetées massivement par les banques et les compagnies d’assurances. Il est vrai que ceci ne figure pas aux bilans des banques, et peut donc être passé sous silence.

Mais, rien que pour la Grèce, on estime de 70 à 90 milliards d’Euros le montant de ces CDS qui deviendraient exigibles en cas de défaut du pays.

 

 

La bataille qui est menée par le gouvernement pour tenter de sauver l’Euro est une bataille perdue, il faut avoir l’honnêteté de le reconnaître. Il n’était pas inévitable qu’il en soit ainsi. Cependant, à force de nier la réalité, de vivre dans le déni, on ne s’est résolu que sur des montants trop faibles, engagées trop tardivement. Les sorties de capitaux s’accélèrent, l’Euro est tombé en quelques semaines de 1,44 Dollars à 1,34 Dollars, et elles ne sont pas – de loin – toutes le fait des fonds spéculatifs américains. La panique commence à gagner les acteurs, qu’ils soient publics ou privés, de ce drame.

 

Il faut replacer cette bataille dans son contexte. Ce qui est en jeu, c’est le dynamisme économique de l’Europe (où la zone Euro a connu la croissance la plus faible depuis 2001) et le principe d’une coordination monétaire entre États européens. À s’acharner sur la défense de l’Euro, nous risquons de tout abandonner.

S’il faut ici en appeler aux mânes des grands hommes, rappelons ce que De Gaulle disait le 18 juin 1940 : la perte d’une bataille n’est pas la perte de la guerre. Il n’y a rien d’inéluctable dans le chemin qui mène au désastre, au chacun pour soi, à la dépression ravageant nos économies et nos sociétés. Mais pour que ceci ne soit pas inéluctable, il faudra du courage.

 

Faire acte de courage, c’est accepter de regarder la réalité en face. Il importe de penser un « plan B », en l’occurrence une dissolution ordonnée et coordonnée de la zone Euro qui laisse intacte certaine des institutions dont nous aurons besoin pour des accords collectifs une fois que nous aurons retrouvé nos monnaies nationales. Cette dissolution décidée de concert devrait s’accompagner de mesures communes, ou du moins réalisées par un certain nombre de pays, pour limiter la spéculation en réduisant drastiquement les mouvements de capitaux et en interdisant certaines opérations. Elle doit enfin permettre ce qui est interdit aujourd’hui, soit la possibilité pour les États de refinancer une partie de leur dette auprès de la Banque Centrale. 

 

Cette dissolution s’accompagnera aussi d’une prise de contrôle des banques, qui permettra de les restructurer et d’en garantir la partie qui gère les dépôts de la population et qui fait les crédits, quitte à laisser mourir la partie engagée dans des opérations spéculatives qui ne font pas sens du point de vue d’un intérêt collectif.

Nos partenaires doivent alors être avertis que nous mettrions en œuvre unilatéralement ces mesures si un accord ne pouvait être rapidement obtenu.

 

Il est encore temps de se réveiller, de regarder la réalité et de se reprendre. Mais nos élites doivent savoir que faute de cela elles s’exposent à être balayées par une révolution citoyenne.

Après tout, « dégage » est un mot français…

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2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 15:08

Rue89 - Par Arthur Nazaret | Journaliste | 02/10/2011 | 16H51

Mi-septembre, l'enseigne de grande distribution a abandonné l'extension du travail de nuit dans des hypermachés.

Un chariot devant un magasin Carrefour, Drogenbos, Belgique, avril 2010 (François Lenoir/Reuters).

Evidemment, ils rayonnent. Travailler de 2 heures à 9h30 pour remplir les allées des hypermarchés sera bientôt de l'histoire ancienne pour les salariés de Carrefour.

Ce coup d'arrêt à l'extension du travail de nuit, déjà très présent dans la grande distribution, est une « excellente nouvelle », se félicite Michel Enguelz délégué central FO, syndicat maison le plus important. Un retournement assez rare puisque la tendance est à l'explosion de ce mode de travail. De 2,5 millions de salariés concernés en 1991, on est passé à 3,6 en 2008.

Dix-sept hypermarchés concernés en France

Testée sur deux magasins en 2010, la nouvelle organisation des hypermarchés s'accompagnait d'un surplus d'heures de nuit. Ce « modèle opérationnel » a ensuite gagné quinze autres hypers début 2011. Les syndicats craignaient donc une généralisation aux deux cents et quelques autres enseignes du même type. D'où leur soulagement lorsque mi-septembre la direction a décidé d'abandonner l'extension du travail de nuit.

« Au terme de cette période de test, la direction des hypermarchés a constaté que cette organisation ne répondait pas totalement aux objectifs fixés », explique-t-on avec un art consommé de la litote chez Carrefour. Difficile d'obtenir plus de détails de la part de cette entreprise à la communication très maîtrisée.

« Entre 2 heures et 5 heures, c'est le créneau le plus difficile »

En somme, plus personne ne commencera sa journée de travail dans les rayons à 23 heures, comme ce fut le cas à Bègles, ou à 2 heures, comme à Villiers-en-Bière. Peut-être à 5 heures (voire 4 heures), comme avant. Quelques heures qui « changent tout. Entre 2 heures et 5 heures du matin, c'est le créneau le plus difficile », explique Michel Enguelz de FO.

Pour les syndicats, si l'expérimentation s'arrête, c'est que la rentabilité n'était pas au rendez-vous. Un constat qu'appuie Serge Corsa délégué national CFDT :

« En termes de chiffre d'affaires, cela n'a rien rapporté. C'est un ratage complet. Cette réorganisation foutait un bordel monstre. Quand vous étalez les plages horaires sans recruter un bras de plus, vous diluez vos forces. Au moment des coups de bourre, il y avait moins de monde disponible. »

Et le syndicaliste de pointer les rayons vides aux heures de rush.

Plus 10% de casse

Un rapport confidentiel réalisé par le cabinet Arec (et dont les conclusions servent de base à un autre rapport de la commission économique du CCE, que nous avons pu consulter) égrène de bien mauvais résultats. Sur dix magasins analysés :

  • la marge brute baisse de 1,2%,
  • la casse progresse de 10,4%,
  • la démarque bondit de 56,9%,
  • les frais de personnel grimpent de 12%.

Revoyant sa copie, Carrefour reconnaît un manque d'« adhésion des équipes ». Difficile de lui donner tort. « Conditions de travail dégradées » (CFDT), « un massacre dans les magasins » (CGT), « pas bon pour la santé » (FO). Ces heures de nuit, payées 30% de plus, « c'étaient quelques euros de plus pour mourir plus vite », résume Claudette Montoya, déléguée nationale CGT chez Carrefour.

A la CGT : « Notre petite santé, ils s'en tamponnent royalement »

Résultat, plus d'absentéisme. Travailler la nuit, « c'est épuisant. Et puis pour la famille, les premiers jours ça va mais après il y a une désociabilisation et un sentiment d'isolement », poursuit Claudette Montoya. « Notre petite vie et notre santé, ils s'en tamponnent royalement », renchérit son collègue de la CGT, Frank Gaulin.

Télécharger le rapport sur le travail de nuit, CESE, 2010.Effectivement, pour avoir des troupes en forme et productives, les faire bosser à l'heure où l'on dort n'est sans doute pas le meilleur calcul. « Troubles du sommeil » et « risques cardiovasculaires voire un accroissement des risques de cancer », met en garde le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans un rapport datant de 2010. (Télécharger le rapport)

Sans oublier, les « troubles digestifs », le « risque accru de pathologie dépressive », et autres problèmes type fausse couche également mentionnés par le CESE qui préconise « d'autres organisations de travail » et qui érige le travail de nuit en « véritable question de santé publique ».

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2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 15:06

Marteau de justice (bloomsberries/Flickr/CC).

C'est la réintroduction masquée des anciens frais de justice. D'après le décret publié jeudi 28 septembre, il faudra désormais s'acquitter d'un « droit » de 35 euros pour accéder à la justice civile. Cette nouvelle taxe, qui devrait rapporter 86 millions d'euros par an, sera affectée « au fonds d'indemnisation de la profession d'avoué près les cours d'appel », et non plus au financement de la réforme de la garde à vue comme prévu initialement.

(De nos archives) Au nom de la « solidarité financière entre l'ensemble des justiciables », disait le projet de loi, chacun devra s'acquitter de cette contribution pour « toute instance introduite en matière civile, commerciale, prud'homale, sociale
ou rurale ou devant une juridiction administrative ».

Sous forme de droit de timbre fixé à 35 euros, deviendra une condition de recevabilité du dossier. Les bénéficiaires de l'aide juridictionnelle seront toutefois exonérées.

Cette mesure va creuser l'écart entre la justice des plus riches et celle des plus pauvres. Contacté par Rue89, Pascale Taelman, présidente du Syndicat des Avocats de France, s'insurge :

« C'est tout à fait scandaleux. Il faudra payer une taxe pour pouvoir saisir la justice ! Il s'agit de réintroduire les frais de justice pourtant supprimés il y a des dizaines d'années. »

Après la suppression de la prise en charge du droit de plaidoirie par l'Etat au début de l'année, c'est un deuxième coup de maillet sur les justiciables modestes. Me Volland, avocate à Ivry-sur-Seine, explique :

« Ce sont les personnes à la limite de l'attribution de l'aide juridictionnelle (AJ) qui vont payer le prix de cette mesure. Ceux dont le salaire dépasse de quelques euros le plafond exigé pour l'AJ. »

Elle continue :

« Le deuxième problème, c'est que dans certains cas, même les bénéficiaires de l'AJ devront payer. Il m'arrive très souvent, dans les affaires urgentes, de commencer la procédure avant même d'être désignée, pour aller plus vite.

Je vais donc devoir demander à mes clients de payer ces 35 euros, et pour l'instant aucune disposition ne permet leur remboursement dans ce cas là. »

« Une taxe pour renflouer les caisses »

Le gouvernement, au vu du rapport de Philippe Marini, fait au nom de la commission des Finances, justifie aussi cette réforme par le coût de aide juridictionnelle et par les « abus de justiciables procéduriers ».

Contacté par Rue89, François Bouchart, vice-président du conseil des Prud'hommes de Nice conteste :

« Il s'agit d'une disposition antisociale et injuste, qui n'aura aucun effet dissuasif. Elle n'est pas prise pour éviter les abus, puisqu'elle n'empêchera pas les gens de faire des saisines. 35 euros, ce n'est pas une somme assez rédhibitoire. »

Décision contraire à la Convention européenne des droits de l'homme

D'accord sur ce point, Me Volland affirme que la mesure n'a été prise que pour dégager des ressources et pour financer une « réforme mal gérée, dont le budget n'a pas été anticipé ». « Coincé », le gouvernement se retrouve obligé « d'aller ponctionner les justiciables pour trouver l'argent qu'ils auraient du prévoir ».

Convaincue que les recettes dégagées par cette mesure ne permettront pas de résoudre la crise de l'AJ, sa collègue, Me Seniak, ajoute :

« La question de l'AJ est trop centrale, trop fondamentale, trop nécessaire pour que l'on se contente d'une solution peu réfléchie. Tout le système de l'AJ doit être remis en place. Bien sûr, il s'agit d'une réforme casse gueule, et dont les nombreux enjeux entravent la motivation des politiques. »

Enfin, il s'agit d'une mesure qui pourrait contrevenir à l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme, qui défend le principe d'égal accès à la justice. C'est ce même article qui a d'ailleurs justifié la réforme de la garde à vue.

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1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 21:53
Clotilde Cadu - Marianne | Samedi 1 Octobre 2011 à 05:01 

En 2011, le renoncement aux soins pour raison financière est une réalité pour 29% des Français, comme le révèle le Baromètre Cercle Santé-Europ Assistance. Il y a encore 2 ans, ils n’étaient que 11% à repousser ou renoncer à des soins.



Au début du mois de septembre, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, était fier d’annoncer qu’en 2010, les Français avaient moins mis la main au portefeuille pour leur santé. Le reste à charge des ménages, d’après le ministre, a légèrement diminué, passant de 9,6% en 2009 à 9,4% en 2010. « Contrairement à ce qu’affirment certains, la prise en charge par la solidarité nationale est toujours aussi élevée, et la somme qui reste à la charge des ménages est la plus faible d’Europe, après les Pays-Bas », s’est-il félicité. Il n’y a pourtant pas de quoi. Car, en y regardant de plus près, l’accès aux soins devient de plus en plus difficile pour un nombre croissant de Français. 

 

D’après le dernier Baromètre Cercle Santé – Europ Assistance, 29% d’entre eux ont renoncé à un soin au cours des derniers mois. En 2010, ils étaient 23% à avouer renoncer à se faire soigner faute d’argent. Et en 2009, ils n’étaient pas plus de 11%... Et ce ne sont plus seulement les soins dentaires et optiques, faiblement remboursés, sur lesquels ils font l’impasse : en 2011, 22% des renoncements aux soins se font sur le dentaire et l’optique et 12% sur les soins courants. « On voit de plus en plus la tutelle se désengager du remboursement des soins légers pour se focaliser sur les affections de longue durée et les soins lourds », constate Guy Vallancien, chirurgien et président du Cercle Santé, co-auteur de ce sondage. 

 

Entre les franchises médicales, les dépassements d’honoraires et le coût des mutuelles, les Français qui tirent la langue dès le 5 du mois finissent par rogner sur leur budget santé, devenu un poste de dépense annexe. Et pour cause. Sur les cinq dernières années, le coût de la santé a flambé de 16,6%, passant de 571 à 665 euros par an et par Français. En 2006, les Français consacraient 3,12% de leur budget à la santé. En 2010, ils y consacrent 3,34%, comme le révèle l’excellente étude de l’UFC-Que Choisir sur le coût de la santé. Avec la future taxe imposée par le gouvernement aux mutuelles dans le cadre du plan de désendettement, ce sont 75 euros de plus par an et par personne qui vont plomber un peu plus les dépenses de santé des ménages. Une  cotisation revient déjà en moyenne à plus de 400 euros par an, sans pour autant que cela vous dispense de payer de votre poche les dépassements d’honoraires et autres médicaments non remboursés. Pas sûr que Xavier Bertrand ait intégré tout cela à ses calculs…

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