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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 10:42

Marianne - Aliocha - Blogueuse associée | Dimanche 23 Octobre 2011 à 12:01 


 

Voilà un deversement de bons sentiments à peu de frais : aujourd'hui, de grands groupes purement « capitalistes » soutiennent la contestation des « indignés », simplement pour faire reluire leur image et augmenter leurs ventes. D'autres entreprises en ont des tonnes pour vanter leur éthique, avec de beaux discours de responsabilité sociale, environnementale, de développement durable, commerce équitable et autres fadaises du même genre. Notre blogueuse Aliocha s'interroge : que cache cette communication ?



De grandes marques commerciales américaines type Starbuck’s qui soutiennent les indignés de Wall Street, vous y croyez, vous ? Allons, j’aperçois bien vos regards dubitatifs. Vous n’êtes pas les seuls. Même les communicants n’en reviennent pas.

Ainsi Olivier Cimelière, sur son blog (via Arrêt sur Images ), fait part de ses doutes quant à la sincérité de ce type d’engagement. Ce faisant, il avance des arguments dont l’objectif semble avant tout de se convaincre lui-même que non, ce n’est pas possible, sa magnifique discipline n’a pas pu donner naissance à cette démarche monstrueuse de cynisme consistant pour des groupes purement capitalistes, comme dirait un Mélenchoniste, à faire semblant de se ranger du côté de la contestation, simplement pour faire reluire leur image et augmenter leurs ventes.

Un affaire de poisson-volant
Laissons chacune de ces marques seule face à sa conscience. Après tout, il y a des entreprises qui cultivent l’engagement citoyen, tout comme il existe des poissons volants, s’esclafferait Audiard… Et puis au fond, je ne connais pas assez la psychologie américaine pour affirmer qu’un tel paradoxe ne relève pas du possible. Ils sont tellement bizarres nos amis d’Outre-Atlantique, parfois.

Ce qui est plus intéressant, dans les doutes émis par ce communicant, c’est ce qu’ils amènent à réfléchir sur tous les beaux discours de responsabilité sociale, environnementale, de développement durable, commerce équitable et autres fadaises du même genre. Les journalistes qui suivent ces sujets (et Dieu sait que la matière est prolifique en ce moment !) ressentent instinctivement une profonde méfiance vis à vis du discours qu’on leur sert.

Il y a, dans ce déversement de bons sentiments à peu de frais, une telle apparente incompatibilité avec l’objectif de profit (sans jugement de valeur, c’est normal qu’une entreprise fasse du profit, c’est même sa raison d’être), qu’on ne peut raisonnablement que douter de la sincérité du propos et plus encore de la démarche.

Remonter à la source
En réalité pour y voir clair, il faut remonter à la source. Dans tous les pays du monde, les entreprises opposent la même résistance à toute forme de réglementation sur ces sujets. Et comme elles ont compris qu’elles se trouvaient sous la pression de leurs consommateurs, des politiques, eux-mêmes bousculés par leurs électeurs, et des médias, elles ont trouvé la parade : s’organiser pour développer spontanément une démarche éthique, de sorte qu’on leur épargne des réglementations supplémentaires.

D’où l’importance particulière de la communication sur le sujet. Il faut parler, montrer qu’on agit pour la parité, la planète, les pauvres à l’autre bout du monde, l’amélioration de la gouvernance, la transparence, le respect des salariés et tout le cirque. Plus on fait de bruit et plus on rassure les citoyens, les médias et les politiques. Les choses avancent, songeons-nous.

De leur côté, les gouvernements savent bien qu’ils réglementent déjà trop pour imposer le minimum décent et qu’il leur est donc difficile d’en rajouter pour que tout aille mieux. Tout comme il est difficile, voire impossible de mettre au pilori les mauvais élèves, au risque de les froisser et de se prendre en retour les traditionnelles menaces de délocalisation vers des Etats plus accueillants et le chômage qui ne manquera pas d’en découler. On connait le discours par coeur.

Récompenser la normalité…
Indignés: la fumisterie du soutien des entreprises éthiques
Alors on félicite les bons élèves, on remet trophées et médailles, et l’on ferme les yeux sur les mauvais en espérant que l’incitation fera son oeuvre là où l’obligation légale n’a pas sa place. Ainsi se construit une communication totalement étrangère à la réalité, et même contraire à celle-ci.

Une entreprise qui pollue, qui maltraite et sous-paie ses employés, qui cultive le machisme et le racisme, c’est une mauvaise entreprise, tout simplement. Celle qui s’abstient de sombrer dans ces errements condamnables ne mérite pas la béatification, contrairement à ce qu’on tente de nous faire croire, elle s’inscrit juste dans la normalité. Cela parait évident n’est-ce pas ?

Mais si vous écoutez attentivement le discours ambiant, vous découvrirez que la communication vous présente une version très différente des choses. L’entreprise odieuse est normale, la vertueuse est en avance sur son temps, particulièrement méritante, exceptionnelle, même. L’absurdité est encore plus criante avec le concept de commerce équitable. Je ne critique pas la démarche, mais le discours qui l’accompagne. A quel niveau de déchéance en sommes-nous arrivés pour devoir préciser sur un paquet de café que les gens qui l’ont produit n’ont pas été exploités par ceux qui en assurent la distribution ?

Si l’on décrypte ce discours, on est obligé de conclure que l’éthique, loin de progresser comme veulent nous le faire croire les communicants et leurs aimables clients, est en réalité devenue une exception sans que l’on s’en rende compte. Tout l’enjeu est de dissimuler cette effroyable réalité, le temps d’y mettre bon ordre… ou pas. Et de faire croire que l’on progresse vers un avenir meilleur tout en nous mettant dans la tête que le pire n’est rien d’autre que normal.

Joli tour de passe-passe, vous ne trouvez pas ?

Retrouvez Aliocha sur son blog.
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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 10:38

Le Monde -23 octobre 2011

Petite commune rurale se bat pour garder son commerce

Dans le bar de Saint-Julien-du-Pinet, ça sent encore le neuf. Presque trop neuf par rapport aux autres bistrots de la région. Le Jorance a ouvert il y a à peine deux semaines et ce n'est pas un bar tout à fait identique aux autres rades du coin. Il s'agit en réalité d'un "multiple rural", autrement dit d'un bar-tabac-épicerie-restaurant, propriété de la commune et confié à un gérant.

Pierre Piegay derrière son comptoir flambant neuf. © Antonin Sabot / LeMonde.fr

Souvent dans les toutes petites communes de Haute-Loire, le bar-tabac est le seul commerce du village. L'âge de leur propriétaire et la possible fermeture du lieu devient alors une obsession pour les édiles locaux. C'est le cas à Mézères (150 habitants) où le maire s'inquiète du sort du café "Chez Louis" et c'était le cas à Saint-Julien (450 habitants) où le café de madame Morin était promis à la fermeture. Alors Etienne Charbonnier, le maire, et son conseil municipal ont eu l'idée de reprendre les murs laissés à l'abandon et d'y ouvrir un commerce en gérance. Après sept mois de travaux, ils se félicitent de leur choix en voyant le bar-tabac flambant neuf, trôner le long de la petite route qui coupe le village, juste derrière l'église et en face de la mairie.

A l'intérieur, Pierre Piegay, le volontaire gérant est un peu au four et au moulin. Il n'a ouvert qu'il y a quinze jours et même si son frère, déjà dans le métier depuis longtemps, assure la partie restaurant, lui est nouveau dans la profession. "Sans lui on était cuit, personne ne voulait faire tout ça à la fois. Le côté restaurant ça en bloquait beaucoup", appuie Etienne Charbonnier le maire de Saint-Julien-du-Pinet qui a investit près de 400 000 euros dans l'affaire. De "grosses" subventions devraient tomber mais leur montant exact n'est pas encore officiel. Elle peuvent aller jusqu'à 80 % de la somme des travaux (et proviennent de la communauté de commune, du département, de l'Europe et des  réserves parlementaires d'élus locaux) et devraient permettre de ne faire payer qu'un loyer très modéré au gérant, "sans quoi il boirait le bouillon", assure le maire.

Quinze jours après l'ouverture de l'établissement, le restaurant n'est pas encore officiellement ouvert et l'épicerie est réduite à la portion congrue. Le « multiple rural » tout neuf est surtout un bar-tabac où l'on retrouve les clients déjà habitués des bars alentours. Ici, on n'est pas forcément adepte du "bar fixe" comme blague le chanteur Renaud, mais plutôt des bars asymétriques, qu'on parcourt d'un village à l'autre. La seule différence c'est qu'il n'y a pas encore d'écharpes de l'AS Saint-Etienne pendue au dessus des bouteilles de Pastis 51 et de sirops Bigallet. Le comptoir n'a pas encore une belle couleur usée, les rideaux n'ont pas le petit côté désuet qu'ils peuvent avoir ailleurs et les murs sont encore vert pomme.

"Ce qui va le faire marcher, c'est le restaurant", assure pourtant le maire de Saint-Julien qui espère avoir là un bon moyen de faire revivre son village. Depuis la fenêtre de son bureau, il s'est pris à compter les voitures arrêtées devant l'édifice. Il est au courant de toutes les réservations à venir : "Le mois prochain il y a les anciens de la classe 1950 et l'amicale des gendarmes." Sûrement un gage de réussite future.

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 10:35

LEMONDE.FR avec AFP | 22.10.11 | 15h13   •  Mis à jour le 22.10.11 | 15h13

 
 

 

Claude Guéant, le 27 septembre 2011.

Claude Guéant, le 27 septembre 2011.AFP/THOMAS SAMSON

La France expulsera plus de 30 000 étrangers en situation irrégulière cette année, a annoncé  Claude Guéant  samedi 22 octobre. "Le gouvernement s'est fixé l'objectif de 30 000 reconduites d'étrangers en situation irrégulière à la frontière en 2011, contre 28 000 en 2010, nous le dépasserons", affirme le ministre de l'intérieur dans entretien au Figaro.

"Nous voulons que la France reste la France", déclare Claude Guéant, "quand les socialistes s'accommodent d'une addition de communautarismes."

"PERMETTRE AUX ÉTRANGERS DE MIEUX S'INTÉGRER"

"Nous ne sommes pas favorables à l'immigration zéro", nuance toutefois le ministre de l'intérieur. "Mais nous voulons maîtriser les flux migratoires pour permettre aux étrangers que nous accueillons de mieux s'intégrer, de s'approprier nos valeurs, notre mode de vie."

L'UMP a présenté début juillet plusieurs propositions visant à renforcer la politique de contrôle de l'immigration illégale en France en vue de l'élection présidentielle de 2012, comme le conditionnement "systématique" de "l'obtention de titres à une entrée régulière sur le territoire", le renforcement des "capacités des centres de rétention administrative" ou encore la création d'une "conférence nationale sur l'immigration tous les deux ans, avec une évaluation des besoins réels de l'économie, secteur par secteur".

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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 22:12
Rédigé par J-C Slovar - Blogueur associé le Vendredi 21 Octobre 2011
A quelques jours du G20 social, l’OIT, publie une étude sur l'avenir de la jeunesse mondiale. Elle y met en garde contre le : « traumatisme de toute une génération de jeunes travailleurs, confrontés à un dangereux mélange de chômage constamment élevé, d’inactivité et de travail précaire croissants »

 

Avenir de la jeunesse mondiale : Traumatisme, précarité et pauvreté ?
A quelques jours du G20 social, l’OIT, publie une étude sur l'avenir de la jeunesse mondiale. Elle y met en garde contre le : « traumatisme de toute une génération de jeunes travailleurs, confrontés à un dangereux mélange de chômage constamment élevé, d’inactivité et de travail précaire croissants »



Avenir de la jeunesse mondiale : Traumatisme, précarité et pauvreté ?

 

Dans un précédent rapport co rédigé avec l'OCDE, l’Organisation internationale du Travail (OIT) écrivait : « Si la croissance de l'emploi devait rester faible dans de nombreux pays de l'OCDE, il sera impossible à court terme de combler le déficit d'emplois accumulés pendant la crise, qui s'élève à plus de 20 millions »

Néanmoins, nombre d'économiste, théoriciens, politiciens et autres beaux esprits, continuent de nous expliquer que, pour surmonter la crise actuelle, il suffirait de s'adapter, et que les emplois de demain compenseraient, ceux perdus aujourd'hui. En clair, en investissant dans l'innovation et dans les emplois de services le tout saupoudré de quelques dispositifs d'emplois aidés, on caserait sans peine, les millions de jeunes qui arrivent et arriveront sur le marché du travail.

C'est d'ailleurs le propos quotidien du Medef, de ses think tank et des libéraux sauce Madelin ou Novelli qui nous répètent que la mondialisation économique actuelle est une chance et que l'ultra flexibilité des salariés est LA réponse à un chômage endémique. Selon eux, pour lutter à armes égales avec les pays à basses rémunérations, il suffirait de réviser régulièrement à la baisse, outre les salaires, les conditions de travail et revoir à la hausse le nombre d'heures travaillées. Et bien entendu se débarraser des plus âgés au profit de jeunes plus maléables.

Les actionnaires heureux de cet état de fait, accepteraient en contrepartie de partager avec les salariés leurs bénéfices, comme en pu s'en rendre compte les employés d'IPSOS et de Sécuritas à qui on a proposé respectivement 45 € et 7,50 € de prime dividende.

Au-delà du discours de ces « fins analystes», il est indispensable de lire la dernière étude réalisée par l'OIT qui prédit, en fait, un avenir fait de précarité et de pauvreté, pour la jeunesse mondiale.

Dans celui-ci, préparatoire au G20, l’Organisation internationale du Travail (OIT) : « met en garde contre le « traumatisme » de toute une génération de jeunes travailleurs, confrontés à un dangereux mélange de chômage constamment élevé, d’inactivité et de travail précaire croissants dans les pays développés, ainsi qu’à une multiplication du nombre de travailleurs pauvres dans les pays en développement »

Quelques chiffres et donnés

« Le nombre absolu de jeunes chômeurs a légèrement diminué après le pic atteint en 2009 (de 75,8 à 75,1 millions à la fin 2010, soit un taux de 12,7 pour cent); il devrait descendre à 74,6 millions en 2011 soit 12,6 pour cent. Cependant, le rapport attribue cette amélioration au fait que de plus en plus de jeunes se retirent du marché du travail plutôt que de chercher un emploi. Cela est particulièrement vrai pour les économies développées et la région de l’Union européenne (...) »

Face à cette situation qui pourrait selon les auteurs du rapport dégénérer en « printemps arabe » à tout moment, Xavier Bertrand qui présidera au nom de la France le G20 social a déclaré, lors de la réunion préparatoire de septembre 2011 : « Nous avons fait progresser d'une manière décisive notre vision d'une régulation sociale de la mondialisation (...) Une mondialisation (...) qui ne donne pas tout à l'économie et rien au social »

Et d'ajouter sans rire : « Qui aurait imaginé il y a deux ans, en pleine tourmente financière, que les enjeux sociaux seraient inscrits dans l'agenda mondial, au même titre que les priorités économiques et financières ? Grâce à la présidence française, c'est chose faite »

Mais, au cas où un de ses collègues du G20 lui ferait part des brillants résultats français publiés dans le N°92 de La Lettre Trésor-Eco , datée de Septembre 2011 et consacré à l'emploi des jeunes en France, dans laquelle on peut lire en toutes lettres : multiplication des contrats courts et précaires, précarisation et déclassement, ...

Ou de la proposition de son collègue de l'UMP et Rapporteur général du Budget à l’Assemblée Nationale, Gilles Carrez, d'amputer le budget emploi de 780 Millions d’Euros !

Il est assez probable qu'il se contentera d'évoquer la suggestion quasi magique, de l'association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH), préconisée par le FMI et grand fantasme du Medef, d'instaurer un contrat de travail unique, qui aurait l'avantage de partager équitablement ... le chômage entre tous. Et, surtout de ne plus réserver la précarité de l'emploi aux seuls jeunes !

Pour en savoir plus, il faudra attendre le résultat du G20 social qui se déroulera les 3 et 4 novembre 2011 au Palais des festivals et des congrès de Cannes.

Sources
Synthèse du rapport de l'OIT 
Rapport de l'OIT (Eng) 

Crédit photo
FlickR CC - Pepe Pont

 

Jeudi 20 Octobre 2011
J-C Slovar
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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 21:52
Libération - Hier à 11h07 (Mis à jour à 12:26)

InterviewLe collectif de l'Appel des appels, constitué pour lutter contre la marchandisation des services publices, de la santé à l'éducation, tient ce samedi une journée de réflexion. Roland Gori, l'un de ses fondateurs, en explique les enjeux.

Recueilli par Eric Favereau

Lors d'un mouvement de grève à Lille. (REUTERS)

C’était en 2009. Après l’appel des psychiatres contre la nuit sécuritaire, Roland Gori, psychanalyste et professeur de psychopathologie clinique à l'université d'Aix-Marseille, lançait l’Appel des appels. Où il entendait unir tous ces métiers, tous ces signataires qui se sentaient attaquer au plus profond de leur mission par la logique néolibérale. Demain, à la bourse de travail de St Denis, il lance une journée de travail, sur le thème: «L’Amour du Métier: comment redonner ensemble de la valeur aux luttes sociales et culturelles?»

Où en est l’Appel des appels?

La pétition de l’Appel des appels lancée en janvier 2009 a reçu le soutien de près de 90.000 personnes, témoignant de l’inquiétude profonde des professionnels participant à la construction de l’espace public dont les métiers sont peu à peu colonisés au travers des réformes gouvernementales par les logiques et la culture du capitalisme financier. Le mouvement s’est depuis doté d’une Association nationale loi 1901 avec un bureau et un conseil moral et scientifique définissant le cap des travaux et des actions conformes à notre charte. Une vingtaine de comités locaux qui adhèrent à cette charte, et qui se sont déclarés auprès de l’Association nationale, se sont constitués en province et ont un espace réservé sur le site de l’Appel des appels.

Face à la vision néolibérale du monde, à l’extension croissante d’une religion du marché, à l’injonction politique de devoir transformer les conditions sociales et culturelles qui permettent ou interdisent leurs pratiques, les professionnels essaient ensemble de penser ce qui leur arrive. Et c’est le but de cette journée à Saint-Denis: il s’agit d’approfondir les questions sociales et ses métamorphoses, mais aussi de mobiliser des représentants de très nombreuses associations et collectifs (une trentaine) pour penser les initiatives et les dispositifs qui permettraient de «redonner de la valeur aux luttes sociales et culturelles» et de permettre cet «amour du métier» mis à mal aujourd’hui.

Mais à votre sens, la société souffre-t-elle toujours autant?

Il me paraît évident que plus que jamais «le corps social perd tout doucement son avenir». La crise de confiance dans l’avenir figure dans de nombreux rapports dont celui du médiateur de la République Jean-Paul Delevoye. Un Français sur deux craint de se retrouver SDF, 78% de Français interrogés pensent que l’avenir de leurs enfants sera pire que le leur. C’est donc véritablement une crise de civilisation dont on a l’impression qu’elle s’accroît tous les jours.

Pour qu’une société tienne il faut un mythe collectif, un rêve partagé et celui d’un ascenseur social comme du progrès infini se sont effondrés. Partout dans les lieux de soin, d’information et de culture on constate les effets et les souffrances que produisent ce nouveau mode de gouvernementalité des humains: les précariser dans leur existence matériellement et symboliquement au nom de la mondialisation et de ses logiques de marché.

Mais ce qui me frappe, c’est l’aspiration des gens à partager ce qu’ils vivent, leur plaisirs leurs chagrins et leurs espoirs. Il y a véritablement une appétence à parler et à échanger et simultanément une privation des moyens pour le faire. La France qui se lève tôt n’a pas le temps de raconter ses rêves. Les parents qui rentrent épuisés et angoissés abandonnent, parfois et trop souvent, leurs enfants à ces industries d’opinion que sont les chaînes de télévision.

Est-ce que vous avez le sentiment que certains métiers résistent mieux que d’autres?

C’est difficile à dire, mais il est évident que les métiers qui par tradition, et grâce aux droits sociaux qu’ils ont pu obtenir au cours de l’histoire, résistent je dirais plus facilement que d’autres. Mais tous sont atteints par cette nouvelle maladie de la civilisation qui tend à faire de chacun d’entre nous un professionnel en surnombre, un surnuméraire de l’existence sociale.

Ce qui me paraît nouveau, c’est l’émergence de nouvelles catégories professionnelles comme celles des médecins et des magistrats en lutte contre un pouvoir politique qui compromet leur indépendance autant que le sens de leurs actions. C’est ce qui permet aujourd’hui de nouvelles alliances de ces «frondeurs» avec des métiers traditionnellement plus à gauche comme les enseignants ou les chercheurs.

Mais je crois que c’est un problème politique plus global. L’accroissement des inégalités sociales, l’écrêtement des classes moyennes, conduisent à leur prolétarisation insidieuse et à partir de là à de nouvelles alliances sociales. Quand je dis prolétarisation, ce n’est pas seulement au niveau des conditions matérielles, mais aussi à ces dispositifs d’humiliation et de soumission symboliques au nom desquels on dépossède les professionnels de leurs savoirs en les rendant dépendants des machines numériques. Ce qui est la «vraie» définition du «prolétaire»: celui qui est aliéné parce que dans son travail il a été dépossédé de son savoir au profit du mode d’emploi de la machine. C’est un des points que je développe dans La Dignité de penser.

Vous avez dénoncé la folie de l’évaluation qui envahit tout. Avez-vous le sentiment qu’elle recule?

Non, elle ne fait que s’accroître. Il s’agit dans tous les cas d’inciter par tous les moyens matériels et symboliques à ce que les professionnels du soin, de l’éducation, de la recherche, du travail social, de la justice, de la police, de l’information, de la culture, ne puissent pas penser leurs actes autrement que sur le modèle de la marchandise, du produit financier et des services tarifés. Cette injonction à devoir concevoir les actes professionnels sur le seul modèle de la pensée néolibérale, de ses catégories symboliques et matérielles, participe à une véritable civilisation des mœurs au sein de laquelle l’humain se réduit à un «capital», un stock de ressources qui à l’instar de la nature doit être exploitée à l’infini.

Cette normalisation des pratiques propres aux sociétés de contrôle et de défiance d’allure démocratique, tend à transformer les professionnels en outils d’un pouvoir politique qui traite l’humain en instrument, en «segment technique» comme disait Jaurès. Cette civilisation des mœurs n’est pas propre à la France. Pour moi loin de reculer le champ de l’évaluation ne peut que s’étendre tant que les professionnels ne se donneront pas davantage les moyens de s’en émanciper.

Qu’allez-vous faire pour l’élection présidentielle?

Chacun est libre de voter comme il l’entend et il n’y aura pas de consigne de vote de l’Appel des appels. La seule chose que l’on puisse demander aux amis qui travaillent avec nous c’est d’être cohérent en actant dans les urnes les paroles et les analyses de l’Appel des appels.

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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 21:37

Libéeation - 22 octobre 2011

 

Pas de vrais postes pour aider les élèves handicapés

Marie Lacroix AVS-EVS(2)
Pendant sept ans et demi, Marie Lacroix a été assistante pour des élèves handicapés scolarisés. Elle aurait bien voulu continuer. Mais elle a été remerciée et renvoyée à Pôle emploi. Motif: ce n'est pas un vrai métier mais un petit boulot précaire, et elle était en fin de contrat.

Depuis la loi du 11 février 2005, les enfants en situation de handicap ont droit à être scolarisés en milieu ordinaire, c'est-à-dire en classe avec les autres. Mais pour que cela se passe bien, ils doivent être accompagnés.

Les personnes en charge de cet accompagnement sont appelés des AVS (auxiliaires de vie scolaire ), des EVS (emplois vie scolaire) et aujourd'hui des assistants de scolarisation. Au delà, il y a une constante: ce sont des emplois provisoires - des CDD ou des emplois aidés de type CUI (les contrats uniques d'insertion). Pour l'Etat qui supprime à tout-va des postes dans l'Education, il n'est en effet pas question de créer de vrais emplois pérennes.

Marie Lacroix, 39 ans, originaire de Beaumont de Lomagne, dans le Tarn et Garonne, a voulu témoigner de son itinéraire, pour montrer l'absurdité de la situation. Forte de son expérience, adorant ce qu'elle faisait, elle a dû partir et a été remplacée par des personnes sans aucune formation et souvent arrivées là par défaut.

Marie Lacroix a débuté en septembre 2003. Diplômée d'un BTS Force de vente, elle vendait des spots publicitaires à des radios. Elle veut alors se réorienter.

Elle signe avec le Rectorat un premier CDD d'un an pour être AVS - 35 heures par semaine pour environ le Smic. Le contrat peut durer 6 ans maximum. Elle est ensuite renouvelée deux fois un an, puis elle décroche un contrat de trois ans.

"Ca été la révélation, explique-t-elle, je me suis découvert une vocation. J'apprécie énormément le travail en équipe avec les enseignants et le lien avec les familles. J'ai en plus naturellement de l'empathie et de la bienveillance à l'égard des enfants".

Au fil des ans, elle accompagne un élève autiste en maternelle, un mal entendant au collège, un autre atteint de troubles du comportement, de myopathie, etc. Les premières années, elle a l'occasion de rencontrer et d'échanger avec des professionnels. "Mais ces dernières années, les enveloppes pour la formation ont été réduites à peau de chagrin", regrette-t-elle.

Le 31 août 2009, Marie Lacroix arrive au terme de son contrat. Mais entre temps, le 23 août 2009, un décret a été publié, qui autorise les associations à engager des AVS - l'Etat leur donnant des subventions pour payer les salaires. Elle contacte alors l'Inspection académique qui lui donne son accord, mais à une condition: qu'elle trouve l'association prête à l'employer.

"J'ai cherché et cela a pris du temps. J'ai finalement trouvé une association qui voulait bien reprendre mon contrat. Mais quand je suis retournée à l'Inspection académique, on m'a dit que c'était trop tard et que ma ligne budgétaire avait disparu".

Marie Lacroix se démène alors pour trouver une solution de rechange. Elle obtient une dérogation pour bénéficier d'un contrat aidé, en l'occurrence un CUI. Elle devient alors EVS (un autre statut pour la même fonction auprès des élèves handicapés) - 20 heures par semaine pour 630 euros par mois.

Le contrat peut durer 24 mois maximum. Elle signe d'abord pour 6 mois, puis pour 12 mois. En juin 2011, elle demande une prolongation pour les 6 mois restants. Mais Pôle emploi lui refuse pour d'obscures raisons administratives. 

En juillet 2011, Marie Lacroix décide de lancer une procédure aux Prudhommes contre son employeur, le dernier lycée où elle travaillait. Elle demande que son dernier contrat soit requalifié en CDI, ainsi que des indemnités pour licenciement abusif, pour non respect du préavis, pour n'avoir reçu aucune proposition de formation dans le cadre de son CIU comme le prévoit la loi, etc. Son affaire passe le 17 novembre. 

"Aujourd'hui je me bats pour que notre métier soit reconnu, comme le réclament de nombreuses associations, explique Marie Lacroix, elle-même membre de l'Unaisse, pour que l'on arrête de renvoyer chez elles des personnes comme moi réduites à aller pointer au chômage, enfin pour dénoncer le fossé entre les belles paroles ministérielles sur la hausse du nombre d'enfants handicapés scolarisés et la réalité sur le terrain - on manque de personnels pour les accompagner et certains doivent même rester chez eux faute d'AVS".

Crédit photo: Marie Lacroix,  2011 (DR)

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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 21:32
Libération - Aujourd'hui à 18h20

Le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle veut mettre sous tutelle ou renvoyer devant la Cour de justice européenne les gouvernements coupables d'un trop grand déficit budgétaire.

127 commentaires

Anders Fogh Rasmussen, Alain Juppé et Guido Westerwelle le 14 avril 2011 à Berlin. (© AFP John Macdougall)

Le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle a proposé samedi de traduire devant la Cour de justice européenne les pays trop laxistes sur le plan budgétaire dans la zone euro en changeant le traité de l’UE, une idée loin de faire l’unanimité. «Cela ne suffit plus que nous nous contentions de gérer la crise actuelle» de la dette, «nous devons aussi nous assurer que ce que nous avons vécu ces derniers mois ne se reproduise pas sans arrêt», a-t-il déclaré à la presse à Bruxelles à propos du débat en cours sur la réforme de la gouvernance de l’Union monétaire.

«C’est la raison pour laquelle à mon avis il est absolument nécessaire de réaliser un changement du traité» de l’Union monétaire pour durcir la discipline budgétaire commune, a-t-il ajouté, en marge d’une réunion ministérielle préparatoire au sommet européen sur la crise de la dette de dimanche. «Il est essentiel qu’on ait des changements de traité, que le Pacte de stabilité soit rendu efficace, qu’il y ait des sanctions contre ceux qui ne sont pas rigoureux, qu’aussi peut-être la Cour de justice européenne soit dotée d’un rôle» dans la surveillance budgétaire «pour pouvoir être saisie lorsque les règles sont violées de manière prolongée», a estimé Westerwelle.

Les dirigeants européens doivent discuter dimanche non seulement des mesures d’urgence pour enrayer la contagion de la crise de la dette mais aussi des moyens d’améliorer le fonctionnement de la zone euro, principalement en durcissant la discipline commune. Westerwelle a appelé dans la même veine à ce que les pays trop laxistes soient placés sous tutelle budgétaire à l’avenir.

«Les pays qui demandent ou doivent être placés de manière prolongée sous la protection du Fonds de secours de la zone euro doivent aussi être prêts à renoncer à certains pans de leur souveraineté, notamment à ce que l’on puisse intervenir dans leurs budgets nationaux», a jugé le ministre libéral des Affaires étrangères.

"Un nouvelle boite de Pandore"

L’Allemagne est en pointe depuis plusieurs semaines pour réclamer un changement du traité en ce sens. Mais la perspective de voir l’Europe connaître à nouveau les affres du traité de Lisbonne, qui mit une décennie à aboutir et faillit ne jamais voir le jour, ne suscite pas l’enthousiasme général en Europe. «Certains (ministres d’autres pays) ont exprimé des doutes, c’est compréhensible», a reconnu Westerwelle, «mais nous allons continuer à promouvoir cela».

Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a été parmi les plus critiques. «Nous devons faire attention à ne pas ouvrir un nouveau champ de bataille» et «une boîte de Pandore», a-t-il mis en garde. Il a critiqué le fait que «les considérations de politique intérieure du plus grand pays d’Europe dominent tout» l’agenda politique européen, dans une pique à l’Allemagne.

D’autres pays sont ouverts à l’idée d’un changement de traité mais pas forcément pour renforcer uniquement la discipline. Ainsi, les pays fédéralistes européens comme la Belgique voudraient qu’on en profite pour introduire des euro-obligations, un mécanisme de mutualisation de l’émission de dette publique dans la zone euro considéré par ses promoteurs comme le seul moyen d’éviter durablement des crises de la dette. Le Premier ministre belge Yves Leterme a ainsi insisté samedi pour que le sommet européen de dimanche mentionne explicitement la piste des euro-obligation.

(Source: AFP)

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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 21:17

L’entreprise nationale file-t-elle un mauvais coton, abandonnant son statut de service public, pour devenir une entreprise qui se doit d’être rentable, à n’importe quel prix ?

Ce n’est pas anodin, car ce serait oublier que La Poste est, avec ses 236 930 employés, la 2ème entreprise de France. lien

C’est à Jean Paul Bailly, son président, que le gouvernement à confié sa transformation en société anonyme en 2010, puis l’ouverture au capital en 2011.

Bien sur le gouvernement affirme n’avoir fait que respecter l’ouverture à la concurrence voulue par l’Union Européenne, ce qui reste à prouver.

En effet, Christian Estrosi a tort lorsqu’il affirme que le changement de statut de la poste est une « obligation européenne » : ce n’est pas une obligation, mais une décision politique et industrielle prise par le Gouvernement et la direction de la Poste. lien

Pour la petite histoire, c’est par un subtil et habile processus que « la Poste » est devenue ce qu’elle est.

Nous sommes bien loin de l’époque, au 17ème siècle, où le port était payé par le destinataire, et où cette vieille institution était dirigée par un « surintendant général des postes ». lien

En 1987, Gérard Longuet, son ministre, introduit par décret la concurrence dans le domaine des cabines téléphoniques, de la télévision par câble, des services téléphoniques et du radiotéléphone.

Puis en avril 1989, le socialiste Hubert Prévot, ancien secrétaire confédéral de la CFDT remet un pré-rapport à Paul Quilès, affirmant : « un service public à vocation industrielle et commerciale ne peut ignorer les lois du marché ». lien

Au mois d’août suivant, il produit son rapport définitif, lequel propose de séparer la Poste et France Télécom, ouvrant la porte à la modification du statut des 435 000 agents PTT.

Le 15 décembre 1997 la commission européenne adopte la directive 97/67/CE qui a ouvert le marché postal à l’Union Européenne, mais ça ne concernait que le courrier de plus de 500 grammes. lien

Puis le 10 juin 2002, la directive postale 2002/39/CE, ouvre le marché postal à la concurrence pour le courrier de plus de 100 gr (dont le prix est supérieur à 3 fois le tarif public) et, à partir du 1 janvier 2006, pour le courrier de plus de 50 gr (dont le prix est supérieur à 2 fois ½ le tarif public) et enfin, la directive a prévu au 1 janvier 2009 l’achèvement du marché intérieur des services postaux. lien

Cette vieille institution créée sous Louis XI est enfin devenue une S.A. (société anonyme) le 1 mars 2010, et en 2012 ce sera l’ouverture totale du marché pour les états membres ayant eu recours à la période de transition, donc pour la France, à moins que l’élection française ne mette en place une femme ou un homme courageux qui dise NON à cette logique de rentabilité. lien

On se souvient qu’en 2008, le PS (et d’autres) refusait cette privatisation, mais qu’en dira Hollande en 2012  ? lien

En tout cas, dans toute l’Europe, les mêmes causes produisent les mêmes effets, et de l’Italie, à l’Allemagne, en passant par la Belgique, l’Angleterre, et d’autres, on réduit les effectifs à tour de bras. lien

Et puis les Banques sont monté au créneau, évoquant le danger d’atteinte à la concurrence crée par la nouvelle Banque Postale (lien) obtenant la fin du monopole sur le livret A. lien

« Le Post » à lancé un sondage pour connaitre le sentiment des citoyens sur ces changements.

A la question « une directive sur la libéralisation des postes en Europe a été adoptée par le parlement européen. Bientôt des entreprises privées dans le secteur. Qu’en pensez-vous ? »

Aux dernières nouvelles ils seraient 57% à penser que «  la commission européenne pratique une politique de destruction des emplois par une privatisation sur le secteur public, sans aucune possibilité de s’y opposer  », 28,6% à affirmer que « la déréglementation sera synonyme de hausse de prix  », et seulement 14,3% à estimer que « les monopoles doivent disparaitre au profit du secteur privé pour optimiser la qualité  ». lien

Même si Attac est monté au créneau (lien), même si 2,3 millions de français ont signé des pétitions, (lien) réclamant un référendum, et que des députés s’indignent (lien), en haut lieu, l’avis du citoyen compte peu, et la décision fut prise : la Poste serait privatisée, provoquant la détresse de nombreuses communes.

La petite ville de Bernac-Debat, ou celle d’Orly et tant d’autres, en subissent les effets. lien

En effet, pour arriver a ses fins, Jean Paul Bailly a incité les directeurs régionaux d’agence de postes à fermer régulièrement les petites agences, poussant les communes à accepter de gérer ce lieu, leur octroyant une aide limitée, qui ne permette pas d’ouvrir tous les jours, et qui assure ainsi une rentabilité à l’entreprise.

En même temps, Bailly a responsabilisé les directeurs d’agence en leur disant : vous n’êtes plus receveurs, dirigeant une agence postale, mais vous êtes devenus les patrons d’une micro entreprise, et vous êtes tenus à une obligation de résultats, comme tout chef d’entreprise : en cas de résultats, vous en récolterez les fruits.

On le voit, la mission de service public, n,’est plus à l’ordre du jour, puisque Bailly est préoccupé par le seul souci de la rentabilité et ce n’est pas étonnant que La Poste affiche un résultat positif net de 789 millions d’euros. lien

Mais la réduction des effectifs, rabotés en 2010 de 11 700 agents, aggravant fatalement le chômage, la précarité, plombent la croissance, puisque que le postier, privé de revenus, consomme fatalement moins. lien

Et que se passera-t-il le jour probable ou Bailly décidera de ne plus verser cette contribution aux petites villes et villages ?

La mairie aura un choix cruel : fermer la poste, ou payer à sa place.

Mais un service public a-t-il mission d’être rentable ?

Une école, une prison, un hôpital, une gendarmerie se doivent-ils d’être rentables ?

Aurons-nous un jour un commissariat poussé au rendement, qui va verbaliser à tous vents pour pouvoir payer le salaire de ces « aubergines » ?

On connait les suicides à France Telecom, (lien) mais rares sont ceux qui entendent parler des suicides à « la Poste ».

En effet, devant le stress imposé aux employés de la Poste, ils sont de plus en plus nombreux à perdre les pédales, la santé, voire la vie.

2 suicides en 8 jours, c’est la réalité d’aujourd’hui, les disparus ayant clairement dénoncé leur souffrance au travail, et, comble de dérision, l’ont fait par courrier. lien

La Poste rendrait-elle ses employés timbrés ?

A l’instar de Corinne Py, postière c.d.i en Isère depuis 16 ans qui, prenant une « année sabbatique », pour retrouver une maman qui vivait au Québec et qu’elle avait perdu de vue depuis l’enfance, dut retourner précipitamment en France, se retrouvant à la rue, sans droits sociaux, sans revenus, sans emploi, et ceci depuis bientôt 3 mois, toutes ses tentatives de réintégration anticipée ayant échoué à ce jour.

La psychiatre Brigitte Font le Bert reçoit des employés de la poste et dit entendre dans ses consultations « souffrance et travail  » des mots identiques à ceux qu’évoquent les employés de France Télécom, et on peut l’écouter sur l’antenne de France télévision. vidéo

Comme l’écrit Laura Raim dans les colonnes de «  l’Expansion », la Poste est victime du syndrome « France Telecom » : le syndicat des médecins de la poste, y évoque : « un épuisement physique ou psychique et une très forte augmentation des accidents de travail  ». lien

Depuis le 18 octobre, une vingtaine de facteurs indignés ont installé des tentes devant la direction départementale de La Poste, à Grenoble.

Ils contestent « une logique ultra libérale, où les réductions des coûts et les suppressions d’emplois sont l’alpha et l’oméga de toute politique  ». lien

Jean Paul Bailly, qui se fait un champion du dialogue social, joue les autistes, et se déclare choqué de telles accusations.

Mais qui est donc Jean Paul Bailly  ?

Ce polytechnicien chiraquien, diplômé du MIT de Cambridge, accumule les casquettes et aura passé toute sa carrière dans le service public. lien

Ancien PDG de la RATP, il se retrouve propulsé à « La Poste » pour mettre en place les choix gouvernementaux.

Hélas pour lui, fin 2010, âgé de 64 ans, il ne pouvait plus postuler à ce poste sans enfreindre la loi, ayant bientôt atteint l’âge de la retraite.

C’était sans compter sur la volonté de l’autocrate présidentiel qui ira jusqu’à promulguer un décret, pour permettre le renouvellement de son mandat. lien

Et le cumul des mandats ne lui fait pas peur : Lors du conseil des ministres du 27 octobre 2010, il a été nommé membre du CESE (conseil économique, social et environnemental), (lien) mais il est aussi administrateur aux CNP assurances, (lien) , président du conseil de surveillance de la Banque Postale Asset Management, membre du comité de nomination rémunération, du conseil d’administration de l’institut d’étude politique d’Aix en Provence, du comité pour l’éthique, l’environnement, et le développement durable de GDF Suez, administrateur du groupe Accord, de Sopassure, d’Edenred, de Xelian, SF12, Poste Immo, Sofipost, Géopost, président de l’association « entreprise & personnel  ». lien

Comme on le voit, le chômage ne frappe pas tous les français de la même façon.

Car comme dit mon vieil ami africain : « une pirogue n’est jamais trop grande pour chavirer ».

Merci à Corinne Py pour sa collaboration et son témoignage.

L’image illustrant l’article provient de « sudptt69.over-glob.com »

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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 20:30

AgoraVox le média citoyen

par Automates Intelligents (JP Baquiast) (son site) vendredi 21 octobre 2011

 

Une machine à broyer s'est mise en place, d'une incroyable puissance. Plus rien de l'ancien monde n'y résistera et nul ne peut dire ce qui surgira des ruines.

Qu'appelons nous l'ancien monde ? Convenons de désigner par ce terme la Terre telle que l'avaient connue les milliards d'hommes y ayant vécu depuis le début des temps historiques, la Terre telle que l'avaient analysée les multiples scientifiques, littérateurs et poètes s'étant consacrés à son étude, la Terre avec ses grandeurs et ses drames.
 
Or tout ceci, ou ce qu'il en reste, est en train de disparaître. Une machine à broyer s'est mise en place, d'une incroyable puissance. Plus rien de l'ancien monde n'y résistera et nul ne peut dire ce qui surgira des ruines.
La machine en question est du type de ce que nous nommons un système anthropotechnique 1) Elle associe dans des unions de moins en moins séparables une humanité en proie à l'explosion de sa propre ubris et des technologies proliférant à un rythme constamment accéléré.
 
Les auto-analyses que génère cette machine sont généralement favorables. On parle de progrès continus. Le prix à payer en est lourd, puisque disparaissent une grande partie des espèces ayant survécu jusqu'ici aux précédentes destructions massives. De même disparaissent les derniers espaces géographiques ayant servi de berceau à l'humanité. Mais en contrepartie, selon la doxa dominante, l'intelligence générale, supportée par l'explosion des réseaux de connaissance, ne cesse de s'étendre et de s'approfondir, en marche semblerait-il pour conquérir le système solaire, et au delà.
 
Certaines de ces auto-analyses pourraient cependant inquiéter. Dans le puissant système anthropotechnique qui s'installe, la technique n'est-elle pas en train de dominer de plus en plus l'anthopologique ? Le cerveau humain, notamment, n'est-il pas en train de perdre ses spécificités anciennes pour se mouler de plus en plus étroitement sur les machines avec lesquelles il interagit en permanence ? Autrement dit, il en deviendrait une prolongation dépourvue des capacités d'invention et de critique ayant jusque alors piloté le « progrès technique ». Plus généralement, l'anthropos, en nous, perdrait les freins biologiques acquis au cours de millions d'années d'évolution, freins lui permettant de ne pas se transformer trop radicalement en machine à détruire et à se détruire.
 
Beaucoup d'observateurs, même issus du système, signalent ce risque à propos de la place prise désormais dans la vie des humains par les terminaux mobiles intelligents multiples, dont le rôle en tant qu'appareils de téléphone devient presque secondaire au regard de l'accès qu'ils ouvrent à d'innombrables bases de donnée set de connaissance évitant aux utilisateurs de penser par eux-mêmes. La plupart de ceux-ci s'en réjouissent, d'autres cependant s'en inquiètent.
 
Bien moins contestable, bien qu'ignoré généralement jusqu'à ce jour, est le dépérissement intellectuel que semble imposer aux adultes et surtout aux enfants la fréquentation quotidienne de quelques heures de télévision et de vidéo, y compris sur Internet. La vaste étude du neuroscientifique Michel Desmurget, TV Lobotomie : La Vérité scientifique sur les effets de la télévision, Max Milo 2011, ne laisse aucune place au doute. Il ne devrait plus être possible d'ignorer ces faits – sauf que la puissante machine anthropotechnique des industriels et des acteurs du système est tout à fait capable de continuer à faire sur eux un imposant silence.
 
Un contrôle total

Mais il y a beaucoup plus significatif. Il s'agit de la mise en place de ce que notre ami Alain Cardon décrit dans un ouvrage en cours de finition, dont il nous a confié pour publication un premier manuscrit 2). Il décrit un environnement technologique au service des puissants de ce monde. Dans ce système les milliards d'humains activés à leur insu par le système ne peuvent faire autre chose que se comporter en esclaves dociles, producteurs-esclaves, consommateurs-esclaves, citoyens-esclaves.
 
Nous commenterons ce travail plus en détail ultérieurement. Laissons les lecteurs en juger par eux-mêmes. Certains reprocheront à l'auteur un pessimisme excessif. Mais la plupart éprouveront, espérons-le, un réveil de la raison : « comment pouvions nous être immergés dans un tel monde sans nous en apercevoir ? ». Nous pensons pour notre part, avec Alain Cardon, que même si l'évolution méta-historique décrite est irrésistible, l'effort pour s'y individualiser d'un nombre aussi grand que possible de ce que l'on appelle encore des citoyennes et citoyens ne pourra qu'avoir un effet utile. Au service de la démocratie comme à celui de la république.
 
Notes
1) Jean-Paul Baquiast. Le paradoxe du Sapiens J.P. Bayol 2010
2) Alain Cardon. Vers le système de contrôle total. 2011. Ouvrage au format.pdf accessible en téléchargement gratuit. Faire
http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2011/121/controletotal.pdf
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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 20:00
| Par Christophe Gueugneau

Le 23 septembre 2009, c’est un Nicolas Sarkozy martial qui déclarait sur TF1 et France-2 : «Il n’y a plus de paradis fiscaux. (…) Les paradis fiscaux, le secret bancaire, c’est terminé.»

En pleine crise financière (saison 1, la saison 2, c’est maintenant), le président de la République prenait la tête d’une croisade anti-paradis fiscaux. En février 2009, il menaçait la Suisse de la mettre sur la liste noire de l’OCDE. Le 1er avril de la même année, il déclarait sur Europe 1 : « Nous voulons très clairement qu'on précise les paradis fiscaux. Un paradis fiscal n'est pas un lieu où on ne paye pas d'impôts. Un paradis fiscal est un lieu où on ne donne pas de renseignements de l'origine des capitaux. » Et dès septembre, donc, l’affaire était réglée. Du moins de son point de vue.

 

Certains, comme le mensuel Alternatives économiques, avaient beau jeu de rappeler que la plupart des groupes du CAC 40 possédaient de nombreuses filiales basées dans des pays peu regardants, Nicolas Sarkozy n’en démordait pas. Il avait trouvé là un cheval de bataille qu’il risque fort, d’ailleurs, de ressortir en ces temps de campagne présidentielle.

Mais, pour le coup, le président pourrait se heurter à la réalité des faits. D’abord, le bilan de sa bataille est tout sauf reluisant. Et surtout, ces derniers mois, dès lors qu’il a été question d’évasion fiscale, de comptes offshore ou autres montages financiers opaques, ce n’était plus de la guerre sarkozyste dont il était question, mais du cercle de ses amis.

Car au fur et à mesure que les affaires sortent, les proches de Nicolas Sarkozy sous le coup d’investigations judiciaires semblent être plus ou moins adeptes du paradis fiscal. Dernier épisode en date, le compte luxembourgeois de Joëlle Ceccaldi-Reynaud. Longtemps suppléante de Nicolas Sarkozy à l'Assemblée nationale, maire de la très riche commune de Puteaux depuis 2004 et élue députée des Hauts-de-Seine en 2007, elle est également présidente de l'établissement public d'aménagement de la Défense et de Seine-Arche (Epadesa), issu de la fusion de l'Epad, établissement chargé de l'aménagement du premier quartier d'affaires européen un temps promis à Jean Sarkozy, et de l'Epasa, qui aménageait le territoire de la ville voisine de Nanterre.

 

Joëlle Ceccaldi-Reynaud Joëlle Ceccaldi-Reynaud

Selon le Canard enchaîné de ce mercredi, la justice a découvert en juin que Mme Ceccaldi-Reynaud avait ouvert en 1996 un compte au Luxembourg sur lequel elle a déposé « 20 millions de francs ». De l’argent provenant d’un héritage de sa grand-mère, clame-t-elle aujourd’hui.

Ce qui n’est pas l’avis de son propre père, qui guerroie depuis des années avec sa fille pour le contrôle de la mairie. Car l’enquête sur ce fameux compte et la commission rogatoire envoyée par le juge d’instruction de Nanterre, Richard Pallain, au Luxembourg ont justement démarré quand Charles Ceccaldi-Raynaud a accusé sa fille d'avoir touché des commissions occultes.

La justice a découvert qu’outre les 20 millions de francs, d’autres virements avaient été effectués par la suite.

En 2005, le compte est estimé à « plus de 4 millions d’euros », mais il a depuis 2004 changé de mains. Ce sont à présent les enfants de Joëlle Ceccaldi-Reynaud qui en sont les bénéficiaires. En 2009, le compte est clôturé et s’envole vers une destination inconnue.

Depuis, le juge Richard Pallain a été muté, il revient donc au parquet de Nanterre, sous la coupe du fameux Philippe Courroye, de saisir un autre juge… Pas sûr qu’il y ait ici la diligence nécessaire, au vu du fiasco du traitement de l’affaire Bettencourt, qui a fini par être dépaysée à Bordeaux.

Bettencourt, évadée fiscale

 

Liliane Bettencourt. Liliane Bettencourt.© (dr)
Dans cette affaire, on avait appris que Liliane Bettencourt, généreuse donatrice à l’UMP, avait elle aussi installé des comptes dans des pays peu partageux en matière d’information fiscale. A l’été 2010, Mediapart avait révélé que l’héritière L’Oréal possédait au moins deux comptes en Suisse et une île non déclarée aux Seychelles, la fameuse île d’Arros.

Le premier compte suisse, basé dans une banque privée de Genève, était crédité de 16 millions d'euros. Un deuxième, dans une filiale à Vevey, renfermait 65 millions d'euros. La vieille dame a finalement régularisé sa situation fiscale en septembre 2010, non sans que la Sarkozie y laisse quelques plumes, Eric Woerth étant soupçonné d’avoir fermé les yeux sur cette évasion fiscale. (Lire ici.)

 

Guy Wildenstein Guy Wildenstein
D’autres généreux donateurs de l’UMP ont également excellé dans l’art de la dissimulation fiscale. Guy Wildenstein, membre du Premier Cercle, est ainsi accusé d’avoir dissimulé à la veuve de son père pas moins de 3 milliards d’euros. Ce représentant UMP des Français de l'étranger à Washington a été mis en examen en juillet 2011 pour recel d'abus de confiance après la plainte de la veuve du marchand de tableaux Daniel Wildenstein, Sylvia Roth.

L’histoire commence le 23 octobre 2001, quand décède, après dix jours de coma, Daniel Wildenstein, le plus célèbre collectionneur et marchand d'art du XXe siècle. Pour sa veuve, Sylvia, c'est à l'époque un double choc, affectif d'abord, mais ensuite aussi financier, parce que les enfants que son mari a eus d'un premier mariage, Guy et Alec, lui apprennent assez vite qu'il n'a pas laissé derrière lui, comme elle le pensait, une immense fortune mais qu'il est mort ruiné.

La veuve va vite découvrir l’entourloupe : en réalité la plus grosse partie de la fortune de Daniel Wildenstein a été discrètement logée dans des «trusts», immatriculés dans des paradis fiscaux, et ces biens ne figurent pas dans la succession. Le DeltaTrust est ainsi basé aux îles Caïmans et le SonsTrust est domicilié à Guernesey. (Lire ici.)

Comme Mediapart l’a raconté, les ministres du budget successifs, Éric Woerth d'abord, François Baroin ensuite, sont encore une fois soupçonnés d’avoir fermé les yeux. Ce n'est que très tardivement, cet été, que le ministère du budget s'est décidé à porté plainte pour fraude fiscale. Dans l'intervalle, Nicolas Sarkozy a trouvé le temps de remettre une Légion d’honneur à Guy Wildenstein. (Lire ici.)

De Malte aux Bahamas

 

Bernard Tapie Bernard Tapie

Luxembourg, îles Caïmans, Suisse, Guernesey… C’est une autre destination qu’a choisie Bernard Tapie. Quelques semaines seulement après avoir touché un pactole d'environ 300 millions d'euros prélevés sur fonds publics, somme que lui a allouée un tribunal arbitral privé dans l'affaire Crédit lyonnais/Adidas, l'ancien ministre et homme d’affaires a investi fin 2010 à Malte, place privilégiée de l'optimisation fiscale en Europe, en prenant 20% des parts d'une société d'aviation domiciliée dans la petite commune de Sliema. Le montant de la transaction n’a pas été révélé. (Lire ici.)

Il semble cependant que la totalité de la somme n’ait pas été investie puisque Charlie Hebdo a révélé cette semaine que le reste avait été transféré, fin 2010, vers une holding belge créée de toutes pièces : GBT Holding. Le but de la manœuvre ? Echapper à l’impôt. En restant en France, Bernard Tapie aurait en effet dû s’acquitter d’un impôt de 30% dès lors qu’il aurait souhaité se servir de cet argent…

 

Thierry Gaubert Thierry Gaubert© Reuters
Il y a quelques semaines, c’est un autre proche de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, qui avait dû admettre devant les juges qu’il possédait des comptes à l’étranger. Mis en examen dans le volet financier de l'affaire Karachi, il a reconnu en garde à vue qu'il possédait des comptes à l'étranger : le premier, à la banque Pictet, aurait été fermé en 2001-2002 et ses fonds auraient été transférés à la banque Pictet aux Bahamas. Le second se trouve à la banque Safdié de Genève, ouvert « il y a au moins 15 ans » et « qui dort depuis des années ».

Dans cette affaire, le juge Renaud Van Ruymbeke soupçonne un possible financement occulte de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995. Thierry Gaubert était conseiller du ministre du budget d'alors, Nicolas Sarkozy.

Mais Thierry Gaubert a dû admettre devant les enquêteurs qu’il possédait d’autres comptes à l’étranger. L’un d’eux se trouve dans une banque libanaise et aurait été ouvert par Ziad Takieddine « sans son autorisation »

«Mes compliments à celui qui a mis ce système en place»

 

Z.Takieddine Z.Takieddine© Mediapart
Ziad Takieddine, personnage central de l’enquête financière liée aux attentats de Karachi, est lui aussi adepte du compte en banque discret. Comme l’a révélé Mediapart au cours de l’été, bien qu’évaluant lui-même sa fortune à près de 100 millions d’euros, il ne paye pas d’impôts en France.

Selon une déclaration de patrimoine que l'homme d'affaires a signée le 23 octobre 2008 dans le cadre d'une procédure de prêt bancaire engagée auprès de la Barclays, le montant de ses biens est évalué, au total, à 97,2 millions d'euros, dont plus de 40 millions sont localisés en France.

Résident fiscal français, Ziad Takieddine a non seulement contrevenu à l'obligation de déclarer son patrimoine − le seuil d'imposition à l'ISF était de 800.000 euros... −, mais il a méticuleusement dissimulé ses biens. Il a aussi caché les commissions perçues sur les ventes d'armes à l'Arabie saoudite. Les 91 millions d'euros encaissés sur le contrat des frégates Sawari 2 en 1997 et 1998 ont été répartis sur plusieurs comptes offshore, déconnectés de ses comptes bancaires officiels.

Par exemple, l'appartement de plusieurs centaines de mètres carrés qu'il détient avenue Georges-Mandel, à Paris, d'une valeur estimée à 12 millions d'euros, appartient à une société civile immobilière dénommée Lamartine, laquelle est détenue par deux sociétés luxembourgeoises, Illor I SA et Illor II SA.

Or, d'après un autre document recueilli par Mediapart, ces deux sociétés domiciliées au Luxembourg appartiennent aujourd'hui à une entité panaméenne baptisée Alveston International SA, dont l'homme d'affaires franco-libanais est «le seul bénéficiaire ultime des parts». (Lire ici.)

Péché originel, la fortune de Ziad Takieddine se fonde de fait sur un paradis fiscal. Comme l’a montré Mediapart, dans l’affaire Karachi, le faramineux montant de commissions consenties par l'Etat français, à une date (juillet 1994) où les négociations avec le Pakistan étaient déjà closes, a transité par une société écran de la DCN, Heine, implantée au Luxembourg. L'argent a ensuite été ventilé via une autre société offshore, Mercor, dont l'un des ayants droit est Ziad Takieddine. Or, un rapport de la police luxembourgeoise, daté du 19 janvier 2010, présente Nicolas Sarkozy comme étant celui qui, avec Nicolas Bazire, alors directeur de cabinet d'Edouard Balladur, a validé la création de la société offshore Heine. (Lire ici.)

Dans leurs conclusions, les enquêteurs luxembourgeois ne manquent pas de souligner: « Mes compliments à celui qui a mis ce système en place, il s’agit d’un travail méticuleux et en avance sur son temps. » Un compliment qui sied à bien des amis du président.

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