Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 12:40

LEMONDE.FR | 10.11.11 | 12h46

 

Le chauffeur est licencié pour "altercation physique et menaces à l'égard d'un collègue sur (le) lieu de travail " et " introduction d'un tiers dans un local privé".

Le chauffeur est licencié pour "altercation physique et menaces à l'égard d'un collègue sur (le) lieu de travail " et " introduction d'un tiers dans un local privé".REUTERS/MAX ROSSI

Il s'appelle Makhouf. Conducteur de bus sur la ligne 421, qui rallie la gare de Vaires-sur-Marne à celle de Torcy, cet homme agé de 48 ans a commis l'erreur de permettre "l'accès des toilettes réservées aux conducteurs à un voyageur… handicapé," rapporte le Parisien. Il a été licencié par sa direction.

 

"INTRODUCTION D'UN TIERS DANS UN LOCAL PRIVÉ" 

"Le 23 juillet dernier, Jean-Claude, un usager habitué de la ligne, m'a demandé à aller aux toilettes (...) Alors je lui ai ouvert l'accès de notre salle de pause, qui se situe sur l'esplanade de la gare RER de Torcy et qui est équipée de sanitaires," explique le chauffeur de bus. Un collègue de Makhlouf passe par là. Jean-Claude, la personne handicapée, oublie manifestement de le saluer. "Ils ont eu des mots alors je me suis interposé, poursuit Makhlouf. Mon collègue m'a agrippé au col et je l'ai retenu," raconte le quotidien. Puis intervient un autre collègue de Makhlouf qui profère des menaces à son encontre. Il porte plainte au commissariat.

Mais c'est à la mi-septembre que Makhlouf est convoqué par sa direction, la Compagnie d'exploitation automobile et de transports (CEAT), une filiale du groupe européen Transdev. Il est licencié le mois suivant pour "altercation physique et menaces à l'égard d'un collègue sur (le) lieu de travail" et "introduction d'un tiers dans un local privé". Makhlouf a travaillé vingt ans pour la CEAT. "On me reproche un geste humain. Mais comment refuser à un homme handicapé à 80 % de satisfaire un besoin naturel ?" Son avocat a saisi le conseil des prud'hommes.

Le Parisien a pris contact avec le directeur d'exploitation de la CEAT, selon lui, "il est clairement notifié que l'accès aux tiers est interdit, handicapé ou pas. Ce n'est pas nouveau !" La notification est inscrite au règlement par la RATP. C'est la régie qui aurait "gracieusement mis à disposition" le local à l'employeur de Makhlouf.

Le Monde.fr

Partager cet article
Repost0
9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 21:28

 

Rue89 - 09/11/2011 à 18h06
Alix Debeunne
Etudiante
 

Le 4 novembre, le tabloïd anglais The Sun affirme que Nicolas Sarkozy a dépensé 32 000 livres pour une nuit dans l'hôtel cannois Le Majestic, alors même que les chefs d'Etat se réunissaient en G20 pour tenter de résoudre la crise financière.

L'« information » a rapidement circulé et a fait grand bruit. Un arrière-goût de croisière sur le yacht de Vincent Bolloré ? Dans la presse populaire d'Outre-Manche, le sentiment anti-français se cristallise désormais sur le président Sarkozy et son « goût du luxe ».

L'Elysée a rapidement démenti. Le 7 novembre, sur le blog du journaliste du Monde Arnaud Leparmentier, Franck Louvrier, conseiller en communication de Sarkozy, intervient. La suite a-t-elle bien coûté plus de 35 000 euros ?

« Faux, c'est dix fois moins, mais des suites existent à ce prix-là. »

46 000 francs ? ! Ah...

3 500 euros, ce n'est pas rien comme le souligne Daniel Schneidermann d'Arrêt sur images, mais l'affaire est partie. Le tabloïd anglais à l'origine de l'info percée n'a pas publié de démenti.

Mais ce qui relance le scandale, c'est un article du 8 novembre de la Tribune de Genève. On passe en francs (suisses), ce qui frappe encore plus les esprits. Il est écrit que la chambre d'hôtel de Nicolas Sarkozy « aurait coûté la bagatelle de 46 000 francs la nuit ».


« Avec une suite à 46.000 francs, Sarkozy fut le plus dépensier à Cannes », La Tribune de Genève, le 8 novembre 2011

Les e-mails affluent sur la boîte contact de Rue89 : « Scandaleux », « honteux »... Un riverain, ce mercredi :

« Le garant de notre démocratie, dort dans un palace à 37 000 euros la nuit sans se soucier de la situation économique du pays et des futurs plans de rigueur. »

Callair, lecteur de La Tribune de Genève s'indigne :

« Connaissez-vous des politiciens qui ont une conscience. Moi non ! »

                                                 
                                                                *******************************************************
Arrêt sur images 08/11/2011 à 09h47                  

Aphatie, Majestic, Busnel, et auto-aveuglement

Plus d'options de partage
Daniel Schneidermann
Fondateur d'@rrêt sur images
 

Crise : Sarkozy montre l'exemple (Baudry)

Vous savez quoi ? La perfide presse britannique prétend que la suite occupée par Nicolas Sarkozy, maître du monde, dans son palace cannois, aurait coûté 35 000 euros... la nuit. Immondes insulaires.

Heureusement, le chargé de com de Sarkozy, Franck Louvrier, s'est empressé de rectifier auprès de l'accrédité du Monde : ce n'est pas 35 000 euros. C'est dix fois moins, a-t-il minimisé, au soulagement général. Soit la très modique somme de 3 500 euros la nuit. Ouf ! On respire ! Les finances du pays sont bien gardées.

On est reconnaissant au Président, à la veille de l'annonce d'un nouveau plan de rigueur, d'avoir pensé à prendre sa part du fardeau général (car « des suites existent au prix de 35 000 euros », précise l'homme de l'Elysée, pour faire bien mesurer l'ampleur du sacrifice présidentiel).

Cumulard, Aphatie ?

Pour l'instant, cette intéressante enquête a peu transpiré dans les medias « mainstream ». Par exemple, Jean-Michel Aphatie, qui recevait sur RTL Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, ne lui a pas posé la question, pas plus qu'il ne l'a interrogé sur le prix de sa propre chambre cannoise. Pas davantage qu'il n'avait posé la question, la veille, au conseiller présidentiel Guaino, qu'il recevait sur Canal +.

Et comme c'est dommage : Aphatie n'aura pas d'occasion de se rattraper, puisqu'il n'officie « que » sur ces deux modestes médias. Et nulle part ailleurs, comme il l'a bruyamment rappelé dans un savoureux post d'insultes au journal Le Monde, qui a eu l'outrecuidance de le classer parmi les cumulards des médias.

Cumulard, Aphatie ? Mais où ont-ils la tête, au Monde ? Qu'on se le dise, il n'officie pas « sur TF1, France 2, France 3, France 5, M6, France Inter, France Info, France Culture, ni dans aucun quotidien français ni dans aucun hebdomadaire, ni dans aucun mensuel, ni dans aucun trimestriel ».

Mais, à propos du nécessaire débat sur le cumul dans les médias, ou sur le prix des nuitées cannoises, il reste à Aphatie une chance de se rattraper, par exemple dans le débat haletant qui l'oppose chaque semaine à Alain Duhamel sur RTL.

Busnel et de Vigan, dans la même bulle

Ni Aphatie, ni Franck Louvrier, conseiller de Sarkozy, ne voient manifestement la pertinence des problèmes soulevés par les questions qui leur sont posées. Ces deux exemples me rappellent l'affaire Busnel-de Vigan, dont nous traitions la semaine dernière.

Si François Busnel est incontestablement plus courtois qu'Aphatie, lui non plus ne voyait pas le problème, consistant à recevoir dans son émission littéraire de France 5 sa compagne écrivaine Delphine de Vigan, et à la couvrir d'éloges, sans prévenir les téléspectateurs du lien qui les unissait.

Le point commun de ces trois histoires, de nature apparemment différente ? Trois formes d'inconscience. Ou comment la vie au cœur d'une bulle peut conduire à une forme aiguë d'auto-aveuglement.

Partager cet article
Repost0
9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 21:17

LEMONDE.FR avec AFP | 09.11.11 | 13h52   •  Mis à jour le 09.11.11 | 14h29


 

Un accord a été trouvé entre l'Etat et les représentants syndicaux après quarante-quatre jours d'un conflit qui a totalement bloqué l'économie du 101e département français.

Un accord a été trouvé entre l'Etat et les représentants syndicaux après quarante-quatre jours d'un conflit qui a totalement bloqué l'économie du 101e département français.AFP/RICHARD BOUHET

Cette signature devrait mettre fin à quarante-quatre jours de grève. L'intersyndicale et les associations de consommateurs de Mayotte ont annoncé, mercredi 9 novembre, la "suspension" du mouvement social et leur intention de signer le projet d'accord de sortie de crise. Ils se sont félicités des "avancées" obtenues sur les prix de la viande de bœuf, du gaz et du sable, estimant qu'il fallait "sortir Mayotte de la crise dans laquelle elle s'enlise".

Le projet d'accord a été transmis mardi soir à l'ensemble des parties par le médiateur gouvernemental Denis Robin, l'ex-préfet de Mayotte, arrivé le 2 novembre pour sortir l'île de son impasse qui mettait en danger sa fragile économie. Formellement, l'accord devrait être signé jeudi.

CLIMAT TENDU

Le gouvernement peut-être soulagé. Il lui fallait résorber cette crise au plus vite alors que le climat se tendait de plus en plus. "La situation est différente d'il y a une dizaine de jours, où nous avions des manifestations de la population, mais aujourd'hui les Mahorais aspirent à retrouver une vie normale et visiblement, le mouvement se radicalise, peut-être avec une centaine de jeunes", estimait la ministre de l'outre-mer, Marie Luce-Penchard, la semaine dernière.

 

Des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont émaillé le mouvement contre la vie chère.

Des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont émaillé le mouvement contre la vie chère.AFP/PHOTO IMAZ PRESS REUNION

"Nous n'avons pas obtenu tout ce que nous voulions, mais le travail que nous avons mené a poussé l'Etat à lâcher un certain nombre de choses. La bataille ne fait que commencer", a cependant nuancé le président de la CFE-CGC locale. L'intersyndicale entend en effet poursuivre sous d'autres formes "la lutte pour l'égalité sociale" dans le jeune 101e département français et 5e département français d'outre-mer.

Partager cet article
Repost0
9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 21:05

LEMONDE.FR | 25.06.11 | 08h44   •  Mis à jour le 27.06.11 | 08h54


 

Parmi les hommes et femme politiques cramponnés à un logement de la ville de Paris, la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) signale Jean-Pierre Chevènement.

Parmi les hommes et femme politiques cramponnés à un logement de la ville de Paris, la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) signale Jean-Pierre Chevènement.AFP/SEBASTIEN BOZON

Ils sont députés, sénateurs, maires ou anciens ministres, ils disposent de confortables revenus... et d'un logement social à Paris. Une situation " éthiquement intenable" juge Jean-Yves Mano, élu socialiste, adjoint au maire de Paris chargé du logement, alors que la ville reçoit, chaque année 120 000 demandes pour un appartement à loyer modéré du parc de la capitale, dont seulement 10 % obtiennent une réponse favorable.

Un récent rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC)  juge que "le taux de rotation structurellement faible à Paris" est en parti dû à des occupants "'aisés" que "le coût des logements sur le marché privé" incite "à ne pas quitter leur logement social", laissant des demandeurs plus modestes chercher un logement dans le privé. Et parmi ces "aisés", on trouve nombre d'élus.

OPÉRATION "TRANSPARENCE"

En 2008, la mairie de Paris a lancé une opération "transparence" à la suite de la révélation de l'"affaire Bolufer" du nom du directeur de cabinet de la ministre du logement de l'époque, Christine Boutin, qui occupait, boulevard du Port-Royal, un logement de 190 m2 pour un loyer très "social". L'initiative de l'hôtel de ville visait à encourager "députés, sénateurs ou membres du gouvernement" à évacuer le parc social de la ville pour aller se loger dans le privé. Mais tous n'ont pas suivi ce conseil.

Parmi les hommes et femme politiques cramponnés à un logement de la ville de Paris, la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) signale Jean-Pierre Chevènement. L'ancien ministre de l'intérieur et sénateur socialiste dispose d'un appartement de 120 m² dans le 5e arrondissement de Paris pour 1 271 € par mois, et ce malgré les 7 000 euros de revenus pour son seul mandat de parlementaire. Le tarif pour un appartement similaire dans cet arrondissement prisé tourne, dans le parc privé, autour de 3 000 € par mois.

Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres et proche de Ségolène Royal , bénéficie également d'un logement du parc de la RIVP : 108 m² dans le 19e arrondissement, qu'elle paye 1 524 euros par mois, un loyer là encore majoré, à sa demande selon elle, mais qui reste 20 % au-dessous des prix du marché. Son collègue de l'UMP, Alain Cousin, député de la Manche, occupe pour sa part un logement de l'Office public de l'habitat de la capitale, Paris-Habitat.

"Depuis que nous sommes aux affaires, nous avons voulu faire le ménage" assure Pierre Aïdenbaum, président de la RIVP depuis 2008. "Mais il a, encore, à Paris, des personnalités politiques qui n'ont rien à faire dans du logement social" témoigne-t-il. "Nous n'avons pas de levier juridique qui nous permet de retirer un appartement à une personne qui a légalement obtenu un logement conventionné sous prétexte qu'il est élu ou que ses revenus ont grimpé" explique Jean-Yves Mano. "Ils paient un surloyer" poursuit Pierre Aïdenbaum; mais même dans ce cas , la location dans le parc social demeure avantageuse.

L'AFFAIRE BOLUFER

Encouragés par la Mairie de Paris, plusieurs dizaines de parlementaires ont libéré des appartements, d'autres ont choisis de rester. Benoist Apparu, secrétaire d'Etat chargé du logement, occupait un logement social alors qu'il était député de la Marne. Il en a discrètement rendu les clefs lorsque l'affaire Bolufer a éclaté. Ce n'est pas le cas de son ex-collègue Fadela Amara ; l'ancienne secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville a conservé un logement social lors de son passage au gouvernement. Un petit appartement du 13e arrondissement (50 m², pour 525 euros par mois)  qu'elle cumulait avec un logement de fonction de 120m2 dans le 7e arrondissement. Elle est aujourd'hui nommée Inspectrice générale des affaires sociales (Igas) mais conserve le logement de la RIVP.

Brigitte Kuster, élue UMP du 17e arrondissement, occupait également un logement de la ville de Paris jusqu'en 2008. Elle a rendu cet appartement pour occuper un logement privé lorsqu'elle a été élue maire d'arrondissement. Un mandat qui lui assure 4 808 euros de revenus ainsi que 1 208 euros de frais de représentation. Un choix que n'a pas partagé Michèle Bluemental, retraitée de l'éducation nationale et maire socialiste du 12e arrondissement depuis 2001, qui occupe toujours, avec son seul mari, un appartement familial de 70 m2, situé à un jet de pierre de sa mairie.

MINISTRES, PARLEMENTAIRES EN LOGEMENT SOCIAL

Le premier adjoint de Michèle Bluemental, Alexis Corbière, élu front de gauche, est également locataire d'un appartement de la RIVP. Il explique occuper un logement de la ville du fait de la précarité de son statut d'élu et du prix de l'immobilier parisien. "Aujourd'hui je reçois de la ville 4 000 euros par mois, mais mon mandat sera-t-il renouvelé en 2014 ? Ma famille et moi aurons alors toujours besoin d'un toit."

Une explication proche de celle fournie par l'UMP Jean-Jacques Gianesinni, élu au conseil de Paris du 19e et locataire d'un appartement de la ville dans le quartier de la Porte de Pantin : "Je n'ai pas le choix, les prix exorbitants des logements parisiens m'empêchent de faire autrement. J'ai obtenu cet appartement dans les années 1990 alors que j'étais chômeur (il est aujourd'hui collaborateur de Chantal Jouanno au ministère des sports) ; je n'ai pas l'impression de voler quoi que ce soit", déclare-t-il.

Les plafonds de revenus, pour être éligible à un logement social à Paris, se situent, pour un couple, entre  19 614 euros et 42 962 euros selon la catégorie de logement . Néanmoins, du côté de la mairie de Paris, on estime qu'il est nécessaire de ne pas faire d'amalgame entre ancien-ministres, ministres, parlementaires, d'un côté, et élus locaux dont les revenus sont jusqu'à cinq fois inférieurs.

D'autant plus que la chasse aux parlementaires ne serait maintenant que la partie immergée du scandale. "Plusieurs personnalités, au plus haut-niveau de l'Etat, ont obtenu et conservent un logement conventionné", souligne Jean-Yves Mano.

Eric Nunès

Partager cet article
Repost0
8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 15:43

Le nouvel observateur - Publié le 08-11-11 à 13:31    Modifié à 17:04     par Donald Hebert

   

Pour combler les déficits, le gouvernement prévoit de faire entrer 7 milliards d'euros dans les caisses de l'Etat et de la Sécu l'année prochaine. Qui va régler l'addition ?

 

 (c) Reuters (c) Reuters

Pour combler les déficits, le gouvernement prévoit un durcissement de son plan de rigueur. Objectif : faire entrer 7 milliards d'euros dans les caisses de l'Etat et de la Sécu l'année prochaine, et monter en puissance jusqu'à 17,4 milliards en 2016. Pour cela, l'exécutif opte pour des hausses d'impôts, des coupes budgétaires supplémentaires, et une réduction des prestations sociales. Qui règle l'addition ? Quelle sont les enjeux économiques de chaque mesures ? Combien rapportent-t-elles ?

 

Les salariés

Jusqu'au retour du déficit public en dessous de 3%, prévu en 2013, le gouvernement propose le gel du barème de l'impôt sur le revenu, de celui de l'Impôt de solidarité sur la fortune et des successions. "On va taxer les citoyens qui créent de la richesse", dénonce Jean-Marc Daniel, économiste de l'Institut de l'entreprise.

Jusqu'ici, les tranches d'imposition étaient revalorisées en fonction de l'inflation. Les bloquer revient à taxer tous les salaires qui augmentent. "Les salaires augmentent en moyenne d'environ 3% par an", souligne Vincent Drezet, porte parole du Syndicat national unifié des impôts (SNUI).

Le gel du barème ne touchera pas uniformément les salariés. "Les personnes en début de tranche sont désavantagées", explique Michel Taly, spécialiste de la fiscalité à l'Institut de l'entreprise.

Par ailleurs, des petits salaires vont devenir imposables. "Or, certains ne touchent pas la prime pour l'emploi, ou seulement partiellement", explique Vincent Drezet, porte-parole du Syndicat national unifié des impôts (SNUI), qui pointe l'injustice du dispositif : "En parallèle, la réforme de l'ISF est maintenue, alors qu'elle coûte 2 milliards d'euros!"

> Gain pour l'Etat : 1,7 milliard d'euros la première année, 3,4 milliards les années suivantes

 

Les ménages

François Fillon a annoncé un coup de rabot transversal supplémentaire sur les niches fiscales, la fin du très controversé dispositif Scellier sur l'immoblier, le recentrage du prêt à taux zéro sur le neuf, et la diminution de 20% du crédit d'impôt développement durable.

"Le dispositif Scellier était coûteux et inefficace, reconnait Jean-Marc Daniel. Bercy demande sa peau depuis longtemps". La fin du crédit d'impôt développement durable confirme en revanche la suppression de la politique verte défendue par Nicolas Sarkozy en début de mandat. "Le budget s'adapte désormais à la conjoncture. C'est une rupture avec le début du quinquennat. Il n'est plus question de dépenses d'avenir", ajoute l'économiste.

> Augmentation des recettes : 2,6 milliards d'euros

 

Le consommateur

La majorité souhaite revenir - très partiellement - sur la TVA réduite, qui passerait de 5,5% à 7%, sauf pour les produits de première nécessité. Conséquence : les prix dans la restauration vont augmenter, de même que certaines prestations profitant aux plus modestes, comme les services d'avocat dans le cadre de l'aide juridictionnel.

"Cette mesure va affecter le pouvoir d'achat de personnes modestes. Par exemple les agriculteurs, certains aliments pour le bétail bénéficiant actuellement d'une TVA réduite", proteste Vincent Drezet. La hausse va aussi toucher les livres, les médicaments, les fleurs, de nombreux produits culturels, etc.

> Gain pour le fisc: 1,8 milliard d'euros par an

 

Les futurs retraités

La majorité souhaite accélérer la réforme des retraites de 2010 en avançant d'un an le passage de l'âge légal de 60 à 62 ans. Ainsi, les personnes nées entre 1952 et 1955 et voulant partir à la retraite dès que possible devront travailler entre un et quatre mois de plus que ce qui était prévu. "Les premiers touchés sont ceux qui ont eu une carrière partielle (femme au foyer, période de chômage, etc.), ceux qui n'ont pas tout leur trimestre", souligne Michel Taly.

Plus largement, "on se sert d'une question qui concerne la société à long terme pour régler un problème à court terme : les finances publiques", dénonce Eric Heyer, économiste à l'OFCE.

Les prévisions de croissance étant revues à la baisse, le scénario médian du Conseil d'orientation des retraites se retrouve démenti. "Si les prévisions de croissance à moyen ou long termes sont à revoir, c'est l'ensemble du dispositif qu'il faut repenser", répond Eric Heyer.

> Dépenses économisées : 100 millions d'euros la première année, 500 la deuxième, 1,3 milliard en 2016

 

Les grandes entreprises

Version professionnelle de la taxe exceptionnelle sur les très hauts revenus, une majoration de 5% du montant de l'impôt sur les sociétés est instaurée pour les entreprises faisant plus de 250 millions d'euros de chiffre d'affaires.

"Une concession à l'humeur du temps", dénonce Jean-Marc Daniel. Pour l'économiste de l'Institut de l'entreprise, l'impôt sur les sociétés devrait être harmonisé au niveau européen au taux de 20%. "De toute façon, les grandes entreprises françaises peuvent facilement faire des bénéfices à l'étranger et afficher des pertes en France", précise-t-il. "La mesure étant temporaire, les grands groupes ne vont pas se réorganiser pour quelques années", tempère Michel Taly, ancien conseiller de Michel Rocard pour la fiscalité.

Appliquée jusqu'au retour du déficit en-dessous de 3%, cette mesure ne devrait pas inquiéter les grands groupes : ils pourront continuer à optimiser leur fiscalité grâce à "de nombreuses niches maintenues par le plan", regrette Vincent Drezet, porte-parole du SNUI. Par exemple, l’intégration fiscale permet à un groupe dont une filiale perd 100 et une autre gagne 100 de ne déclarer aucun bénéfice, et ainsi de ne pas payer d'impôt sur les sociétés. Grâce à ce type de dispositifs les grandes entreprises paient en moyenne un taux d'impôt sur les bénéfices bien inférieur au taux de 33,3% en vigueur.

> Gain espéré par Bercy : 1,1 milliard d'euros par an

 

Les bénéficiaires de prestations sociales

Le gouvernement propose de revaloriser les allocations familiales et les aides au logement de 1%, soit moins que l'inflation. Il affirme que cette indexation correspond à la prévision de croissance pour l'année prochaine. Mais attention, cela ne signifie pas que les bénéficiaires reçoivent une part de la croissance.

"C'est une politique qui ne peut être intéressante qu'en haut de cycle", explique Eric Heyer. Selon l'économiste de l'OFCE, la réduction des dépenses sociales peut éventuellement être appliquée en période de croissance. "Mais ce n'est pas logique de réduire les stabilisateurs économiques (qui compensent le ralentissement de l'économie en venant en aide aux personnes en difficulté) en pleine crise, au moment où l'on en a le plus besoin."

La natalité est considérée comme une des conditions essentielles de la croissance dans une société vieillissante. "On touche à la politique familiale qui, bien que peu redistributive (parce qu'elle récompense la naissance d'un enfant indépendamment du revenu des parents), est une des rares choses qui fonctionnent bien en France", explique Jean-Marc Daniel.

> Gain attendu : 500 millions d'euros

 

Le capital

Le plan Fillon prévoit une augmentation du prélèvement forfaitaire libératoire sur les dividendes et les intérêts de 19% à 24%. Une façon d'aligner la fiscalité des dividendes sur les revenus du travail.

"La situation actuelle était un cadeau de Nicolas Sarkozy aux plus riches", explique Michel Taly, pour qui ce rétablissement est un juste retour des choses.

Outre la question de justice fiscale, taxer l'épargne est aussi un moyen de la réduire au profit de la consommation.

> Recette attendue : 600 millions d'euros

 

L'Etat et la Sécurité sociale

Le gouvernement souhaite alourdir de 500 millions d'euros les coupes budgétaires ce qui porte l'effort à 1,5 milliard en 2012. "Les dépenses de l'Etat ne représentent que le tiers de la dépense publique", rappelle Eric Heyer.

Or, avec la politique de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux menée par le gouvernement, les services de l'Etat commencent à être un peu contraints. "Il aurait fallu s'interroger sur les missions de l'Etat et faire des choix", ajoute Jean-Marc Daniel. "On aurait pu, par exemple, poursuivre la réflexion sur la suppression d'un échelon administratif au niveau local."

Le gouvernement souhaite notamment accélérer le programme de cessions immobilières de l'Etat pour atteindre 500 millions par an. Des cessions qui ont pu poser des problèmes, comme l'illustre l'affaire de l'Hôtel de la Marine, place de la Concorde à Paris, patrimoine historique qui a failli être cédé au privé. "Le patrimoine immobilier de l'Etat est estimé entre 45 et 50 milliards d'euros. Ce n'est pas ainsi qu'on va résoudre le problème de la dette, qui est de 1600 milliards d'euros."

Côté Sécu, l'exécutif vise une baisse des dépenses de 700 millions en réduisant la progression de l'Ondam, qui fixe les dépenses de la Sécurité sociale, de 2,8% à 2,5%. "Le gouvernement s'était fixé un objectif crédible en contenant son augmentation, et il l'avait tenu. Pourra-t-il respecter cet engagement ?", s'interroge Jean-Marc Daniel. Difficile de répondre sans connaître les modalités de réduction des coûts. Est-ce que le gouvernement va opter pour des déremboursements, la réduction des prix de génériques, ou la diminution des budgets des hôpitaux ?

"La sécurité sociale représente 45% des dépenses publiques", rappelle Eric Heyer. "Mais économiser sur les dépenses maladies revient une nouvelle fois à les considérer comme du gaspillage et non comme un investissement. Or, c'est aussi parce que les salariés sont en bonne santé que la France a l'une des plus fortes productivités au monde. Et il est difficile de ne pas affecter la qualité des services lorsque l'on touche aux dépenses."

> Gain pour l'Etat et l'assurance maladie : 1,2 milliard en 2012, 7,2 milliards en rythme de croisière

 

Les politiques

Deux mesures symboliques : une baisse de la contribution publique aux partis politiques pour leur fonctionnement et leurs campagnes, et le gel des salaires des membres du gouvernement et du président de la République. Chose étonnante, ce gel est déjà effectif depuis deux ans, comme l'explique nos confrères du Monde.fr.

 

Le compte est bon ?

Au final, le plan de rigueur annoncé par le gouvernement vise à réduire les déficits. Afin de répondre aux demandes européennes et d'éviter une dégradation de la note de la dette française par les agences.

En révisant sa prévision de croissance de 1,75% à 1%, le gouvernement a fait un calcul simple : 0,75% de croissance revient à une perte de 15 milliards d'euros pour l'économie. Les prélèvements obligatoires étant d'environ 50%, le gouvernement doit trouver environ 8 milliards d'euros.

En additionnant les recettes et les coupes dans les dépenses prévues par le plan, le gouvernement parvient à renflouer les caisses de 7 milliards d'euros en 2012, de 11 milliards l'année suivante, jusqu'à un rythme de croisière de 17,4 milliards d'euros en 2016.

Pour Eric Heyer, c'est "une vision comptable, car cela consiste à considérer que les mesures prises aujourd'hui n'auront pas d'impact sur l'économie". En réalité, ce plan occasionnera une perte de croissance qui coutera "8 milliards d'euros au Produit intérieur brut français, soit 4 milliards d'euros de recettes en moins".

Le passage en revue des mesures d'austérité souhaitées par le gouvernement permet en effet de présager de leur impact négatif sur le pouvoir d'achat et sur l'investissement.

Il faudra alors mettre en place un autre plan de réduction de 4 milliards d'euros, qui créera à son tour une diminution de la croissance du PIB, etc. "Au total, la réduction des déficits de 8 milliards aura coûté 16 milliards d'euros", estime l'économiste.

Selon les calculs de l'OFCE, en poussant la logique comptable jusqu'au bout, il faudrait "un plan de réduction des déficits de 27 milliards d'euros pour satisfaire les agences de notation". Le résultat serait une récession.

"Les libéraux considèrent que la politique économique n'a pas vraiment d'impact sur la croissance. Mais les plans précédents ont montré le contraire", reprend Eric Heyer. Ils ont d'autant plus d'impact sur l'économie quand l'économie est en bas de cycle, quand il y a une simultanéité des plans avec d'autres pays, et lorsqu'il y a un problème de liquidité sur le marché interbancaire." Ce qui est le cas en ce moment.

Comment dans ces conditions concilier les exigences à court terme des marchés financiers et des agences de notation d'une part, et d'autre part les investissements à plus long terme, nécessaires pour un retour de la croissance ? Existe-t-il une autre solution politique qui permettrait d'assainir les finances publiques tout en créant les conditions du retour de la croissance, et cela en épargnant les classes sociales les plus touchées ? Peut-elle se faire sans la renégociation des engagements pris par les européens ?

Donald Hebert – Le Nouvel Observateur

Partager cet article
Repost0
8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 15:27
| Par rachida el azzouzi

Le Cheylard, de notre envoyée spéciale

De ce jeudi 3 novembre au Cheylard, on se souviendra peut-être des trombes d'eau et des bourrasques de vent qui balayaient l'Ardèche. Mais on n'oubliera jamais qu'un millier d'habitants ont ce jour là battu le pavé en chantant l'Internationale! Des ouvriers, des artisans, des commerçants qui avaient symboliquement baissé le rideau, tous liés, tous solidaires. De mémoire de Cheylarois, du jamais vu! Même pour la bataille des retraites.

 

Les soubresauts de l'Europe ? La crise de la dette grecque ? La campagne présidentielle ? Au Cheylard, petite commune à 60 kilomètres à l'ouest de Valence, «on s'en fout», et on vous le dit tout de go. Dans cette contrée ardéchoise de 3.500 habitants, au confluent de la Dorne et de l'Eyrieux, que l'on rallie au détour d'un enchaînement de virages, on aimerait bien passer au journal télévisé de 20 heures, à la place du trio Sarko-Merkel-Papandréou. Pour parler d'un sujet bien plus anxiogène à l'échelle du département que les «triples AAA» auxquels «on ne pige rien», confie une habitante. Ici, il s'agit d'un séisme social qui menace au pied du Parc naturel des monts d'Ardèche, symbole d'une France qui se désindustrialise irrémédiablement.

En jeu: l'avenir de deux fleurons du pays qui s'exportent dans le monde entier, deux groupes 100 % familiaux, poumons économiques de l'Ardèche, Chomarat Textile Industries et Bijoux GL. Le premier, créé en 1898, fabrique différents types de textiles, de plastiques et de fibres de verre pour Vuitton, PSA-Renault, Vestas, Rossignol... Multi-métiers, multi-technologies, le groupe a des usines en Espagne, en Tunisie, aux Etats-Unis, en Chine, et possède les 130 boutiques de prêt-à-porter Chattawak en France.

Le second, né en 1917, est l'un des leaders européens de la bijouterie fantaisie haut de gamme, la plus grosse fabrique française de bijoux en argent et plaqué or.

Sans ces deux usines qui emploient 1.500 habitants à elles seules, dont des dizaines de couples, la commune du Cheylard ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui. Une exception. Un bassin de vie qui n'avait jamais connu de crises majeures, second pôle industriel d'Ardèche après Annonay. Nichée dans une zone géographique totalement enclavée, Le Cheylard a un taux de chômage de 5 à 8 % bien en deçà de la moyenne départementale (entre 10 et 12 %) et un pouvoir d'achat supérieur à la moyenne régionale.

 

Les ouvriers de Chomarat en assemblée générale, vendredi 4 novembre 2011 Les ouvriers de Chomarat en assemblée générale, vendredi 4 novembre 2011© RA

Avec sept banques, dont la Debulac, une banque d'affaires privée, deux cinémas «avec des sorties nationales», quatre dentistes, sept médecins, un hôpital, une maison de retraite, des magasins d'usine prisés, une zone commerciale rutilante..., la commune n'a rien à voir avec les villages fantômes que l'on traverse pour la rejoindre.

Jean, un commerçant à la retraite qui a vu passer toutes les crises depuis le choc pétrolier de 1973, le concède: «On est privilégiés comparés aux autres cantons. Quand les villages alentour piquaient du nez, on passait entre les gouttes des orages et on continuait à se développer. C'est sans doute pour ça qu'on a une mairie de droite depuis 1989.» 

Attablé à l'Estanco, l'un des rares restaurants ouverts le soir, ce Lyonnais d'origine, tombé sous le charme du Cheylard il y a une trentaine d'années, retrace l'épopée industrielle de la vallée, avec une pointe de nostalgie:« Jusque dans les années 2000, les usines tournaient à plein et payaient très bien. Les ouvriers faisaient les trois-huit, les cinq-huit. Sur deux salaires qui rentraient à la banque, un ne ressortait jamais! Il n'y avait pas un chômeur. Les patrons étaient obligés d'aller recruter la main-d'œuvre à des kilomètres à la ronde jusqu'à Aubenas.»

Un notaire, venu s'installer dans le coin, l'avait pourtant prévenu: «Vous vivez mieux que tous les gens d'Ardèche. Vous êtes dans une bulle. Un jour, elle va vous éclater à la figure.» Jean lui avait ri au nez: «On est une table à trois pieds solides avec CTI, Bijoux GL et Perrier, l'autre grosse boîte du coin qui emploie 160 salariés, spécialisée dans l'embouteillage.» Aujourd'hui, il a revu son point de vue: «La table était bancale.»

«Qu'est-ce qu'on attend pour séquestrer les patrons?»

«La belle époque», qui a permis à des générations d'ouvriers d'accéder à la propriété, de se payer un appartement à la mer, une piscine privée, plusieurs voitures par famille, est révolue. Bijoux GL vient d'annoncer 14.000 heures de chômage partiel pour les deux mois à venir, soit des semaines à quatre jours au lieu de cinq pour 150 personnes, et une délocalisation possible en Thaïlande, où elle possède déjà une filiale. Les 680 employés sont abasourdis.

La firme, dans le rouge, subit de plein fouet la concurrence des Chinois sur leur principal marché, l'Afrique, la hausse vertigineuse des coûts de l'or et de l'argent ainsi que la baisse du pouvoir d'achat des Français qui privilégient désormais les biftecks aux boucles d'oreilles. Alertés en juin par les experts-comptables, les syndicats ne craignent pas un plan social mais un dépôt de bilan si les commandes ne repartent pas rapidement. Sertisseur au service après-vente et secrétaire de l'union locale CGT, Daniel Baquelot, prédit «une catastrophe pire que celle qui se déroule actuellement chez le voisin Chomarat».

 

Le Cheylard, un bastion industriel atypique au coeur de l'Ardèche Le Cheylard, un bastion industriel atypique au coeur de l'Ardèche© RA

Le baron du textile, qui avait traversé des caps difficiles dans les années 1980 et 1990, lorsque les constructeurs automobiles ont imposé leurs premières délocalisations, puis quand le textile traditionnel a décliné, est, lui aussi, acculé. Il accuse, depuis trois ans, 10 millions d'euros de pertes d'exploitations.

La direction a confirmé, le 8 octobre, son intention de supprimer 122 postes, un cinquième de l'effectif, dont l'activité impression. Motif invoqué par Philippe Monnot, le directeur industriel: « Le marché s'est réduit à peau de chagrin. Les technologies évoluent. Nos clients avec. Nous devons les suivre.» Un coup de gourdin pour les 700 salariés qui avaient eu vent de la tempête au début de l'été après le droit d'alerte, déclenché par les syndicats.

Alternant grèves et reprises du travail depuis l'annonce officielle il y a trois semaines du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), ils réclament l'arrêt de la procédure en cours pour travailler à des solutions alternatives. Certains parlent de durcir le mouvement, de «séquestrer les patrons», d'être «moins gentils».

Car une pilule ne passe pas : l'arrêt de l'impression. «Autant on comprend la pression qu'ils ont des constructeurs automobiles qui appellent leurs équipementiers à délocaliser, autant l'arrêt de l'impression est une décision arbitraire. Il y a un potentiel.» Henri Nicolas travaille dans cet atelier, à la préparation des couleurs. Il se sait sur la sellette. A bientôt 57 ans, usé par les trois-huit, il veut bien partir en pré-retraite «s'ils activent les mesures d'âge et que ça sauve un jeune».

«Comment on fait si on se retrouve tous en même temps sur le marché ?»

Si ces usines venaient à disparaître, ce serait toute l'économie du bassin qui s'effondrerait. La population en est bien consciente. Et l'enclavement du territoire la ligote un peu plus. Dans ce joli coin de France, bien moins touristique que le sud-Ardèche, où l'on va de terrasses en gorges, de forêts en prairies, on ne compte pas en kilomètres mais en temps. La voiture est indispensable, les transports collectifs, insignifiants, hormis quelques bus.

«On est dans un trou perdu, à 1 h 30 de tout, de la vallée du Rhône, de Privas, d'Annonay, s'affole Sébastien Marion. Comment on fait si on se retrouve tous en même temps sur le marché de l'emploi avec nos maisons, nos crédits ? La plupart d'entre nous ont plus de 45 ans et ne savent rien faire d'autre. Dans une région comme Lyon, une entreprise ferme, une autre ouvre. Chez nous, elles mettent la clé sous la porte et il n'y en a pas d'autres qui reviennent. Faire venir un semi-remorque au Cheylard depuis Valence, c'est deux heures, presque le temps de faire Valence-l'Espagne!»

 


© RA

Ouvrier depuis vingt ans chez Chomarat, ce quadra, fort en gueule, était au premier rang, jeudi 3 novembre, de la manifestation sans précédent qui a rassemblé un millier de personnes dans les rues du Cheylard. Jusqu'à la tombée de la nuit, la marée humaine, encadrée par les gendarmes, a perturbé la circulation de la route départementale qui traverse la bourgade, scandant sa colère de voir «partir le savoir-faire haut de gamme de la région dans des pays sous-développés».

«Ce n'est pas les Tunisiens, les Thaïlandais qui nous volent notre travail mais les patrons», «L'Europe ne sait même plus faire une paire de chaussettes», entendait-on dans le cortège.

Esmeralda Arozzena-Nazareni, secrétaire de l'union départementale CGT, syndicat majoritaire en Ardèche, est montée de Viviers encourager les copains. Elle n'est pas surprise par la mobilisation: «Chomarat a toujours eu la culture de la lutte. Ils ont eu les 35 heures avant tout le monde et à de bonnes conditions.» Cette militante de 56 ans connaît parfaitement l'univers du textile. Elle a passé trente ans de sa vie dans une boîte qui n'existe plus et a été licenciée. Tous les jours, elle sillonne son département de haut en bas. Elle le voit se désertifier et sonne l'alarme: «L'Ardèche se meurt.»

 


Jeudi 3 novembre 2011© RA

En octobre, c'est le bassin d'Annonay, au nord, à 1 h 30 du Cheylard, qui encaissait un nouveau coup: 225 personnes se sont retrouvées sur le carreau avec la fermeture du site de production de GPV, un fabricant d'enveloppes en dépôt de bilan, racheté par un Allemand qui ne voulait plus de la maison-mère ardéchoise. Les salariés ont réussi à obtenir de leurs anciens actionnaires, le groupe Crédit mutuel, une indemnité de 15.000 euros en plus du plan social classique. «Une victoire», pour Esmeralda Arozzena-Nazareni, qui pensait les voir «partir les pieds devant».

Pour elle comme pour l'union syndicale des deux entreprises, «Chomarat et Bijoux GL ont des dénominateurs communs: délocalisations, développement à l'étranger, mise en concurrence des salariés, recherches du maximum de profits en abaissant la valeur du travail».

Yvan Reynaud, 45 ans dont la moitié chez Chomarat, n'en pense pas moins. Elu au comité d'hygiène et de sécurité, il a vu les conditions de travail se dégrader, les arrêts maladie grimper en flèche, la direction se déshumaniser, imposer des méthodes de management beaucoup plus brutales. Le 30 avril 2010, le suicide d'un ouvrier a jeté le trouble sur ces pratiques et plombé la boîte. Francis T. n'a pas supporté d'être muté d'office sans concertation. Il s'est pendu à son domicile, à 41 ans.

«La CRAM a reconnu l'accident professionnel. Sa femme a saisi la justice. Le dossier est toujours en cours. De notre côté, on a voulu lancer une expertise sur les risques psychosociaux mais on s'est heurté au refus de la direction. On a porté l'affaire devant les tribunaux qui nous ont donné raison en première instance et en appel», raconte Yvan.

Avec sa femme, ouvrière chez Bijoux depuis 15 ans, Yvan Reynaud a pris une décision difficile: «Si l'un d'entre nous perd son job, on prend la voiture pour la vallée du Rhône. On ne trouvera rien ici.» A l'esprit: les déconvenues d'un collègue licencié, qui s'est vu proposer par Pôle emploi un poste de vendeur dans une parfumerie, à 58 ans, à 45 kilomètres à vol d'oiseau du Cheylard, soit deux bonnes heures de route.

Il y a d'autres priorités pour Sarkozy que 122 personnes dans un bout du monde»

Jacques Chabal, le maire UMP de la commune, comprend la colère et l'inquiétude de ses administrés. Il a reçu l'intersyndicale au soir de la manifestation, avec d'autres élus de la communauté de communes. Il les soutient mais refuse de parler de déclin, de céder à la panique: «Le pôle du Cheylard, c'est 3.000 emplois dont 43% dans l'industriel. La moyenne régionale en Rhône-Alpes se situe entre 18 et 22 %. Nous serons en récession lorsque nous atteindrons ce niveau.»

Ce gaulliste dans l'âme déplore l'absence de politique industrielle en Europe. Et garde espoir: «Le niveau de vie va augmenter dans les pays émergents. L'Europe et la France vont être obligées de revoir leur position. Je suis sûr que nos entreprises reviendront vers nous car nous avons un savoir-faire de trois générations.»

De son côté, Pascal Terrasse, le député socialiste, président du conseil général de l'Ardèche, qui vient d'investir 22 millions d'euros pour améliorer les routes entre Le Cheylard et la vallée du Rhône, promet de se battre pour garder ce bastion industriel sur ses terres. Mais les salariés ne croient pas en leurs politiques: «Ils n'ont aucun pouvoir. Ils nous passent de la pommade et il y a d'autres priorités pour Sarkozy que 122 personnes dans un bout du monde comme le nôtre», fulmine René, un «Chomarat», pour qui «c'est plié et ce n'est qu'une première phase».

« C'est la crise. Fallait bien que notre tour vienne ». Une employée Chomarat « C'est la crise. Fallait bien que notre tour vienne ». Une employée Chomarat© RA

Devant l'usine en grève, barrée d'une banderole, «non au PSE» (NDLR - plan de sauvegarde de l'emploi), en lettres de sang, une employée de bureau, qui préfère garder l'anonymat pour éviter des problèmes avec sa direction, fume cigarette sur cigarette sous les pluies diluviennes. Elle a perdu tout espoir, jamais fait de CV de sa vie parce que «dans les années 70, on ne vous le demandait pas, il y avait du boulot à la pelle». On est venu la recruter à l'école. Elle avait 19 ans. Elle a dit «oui, pourquoi pas», passé un entretien, un vendredi de 1974, attaqué le lundi suivant.

Trente-huit ans plus tard, elle va peut-être être sacrifiée. «A 56 ans, qui voudra de moi ? Personne.» «C'est la crise», annonce-t-elle, l'air très solennel. Elle en entendait parler à longueur de journaux et dans les villages voisins. «Fallait bien que notre tour vienne.» Son grand regret ? N'avoir pu voter aux primaires socialistes. Elle aurait tant aimé voir Arnaud Montebourg, le candidat de la démondialisation, élu. «Parce que c'est ce qui nous arrive. Tout part à l'étranger. On ne peut pas lutter.»

 

Un millier de manifestants dans les rues du Cheylard, jeudi 3 novembre Un millier de manifestants dans les rues du Cheylard, jeudi 3 novembre© RA
Partager cet article
Repost0
8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 15:19

Un appel de Mikis Theodorakis 

 
Résistant de la première heure contre l'occupation nazie et fasciste, combattant républicain lors de la guerre civile et torturé sous le régime des colonels, Mikis Théodorakis a également adressé une lettre ouverte  aux peuples d'Europe, publié dans de nombreux journaux grecs.

 Extraits :

 

Notre combat n'est pas seulement celui de la Grèce, il aspire à une Europe libre, indépendante et démocratique. Ne croyez pas vos gouvernements lorsqu'ils prétendent que votre argent sert à aider la Grèce. 

Leurs programmes de sauvetage de la Grèce aident seulement les banques étrangères, celles précisement qui, par l'intermédiaire des politiciens et des gouvernements à leur solde, ont imposé le modèle politique qui a mené à la crise actuelle.

Il n'y pas d'autre solution que de remplacer l'actuel modèle économique européen, conçu pour générer des dettes, et revenir à une politique de stimulation de la demande et du développement, à un protectionnisme doté d'un contrôle drastique de la Finance.

Si les Etats ne s'imposent pas sur les marchés, ces derniers les engloutiront, en même temps que la démocratie et tous les acquis de la civilisation européenne. La démocratie est née à Athènes quand Solon a annulé les dettes des pauvres envers les riches. Il ne faut pas autoriser aujourd'hui les banques à détruire la démocratie européenne, à extorquer les sommes gigantesques qu'elles ont elle-même générées sous forme de dettes.

Nous ne vous demandons pas de soutenir notre combat par solidarité, ni parce que notre territoire fut le berceau de Platon et Aristote, Périclès et Protagoras, des concepts de démocratie, de liberté et d'Europe. 

Nous vous demandons de le faire dans votre propre intêret. Si vous autorisez aujourd'hui le sacrifice des sociétés grecque, irlandaise, portugaise et espagnole sur l'autel de la dette et des banques, ce sera bientôt votre tour.

Vous ne prospèrerez pas au milieu des ruines des sociétés européennes.

Nous avons tardé de notre côté, mais nous nous sommes réveillés. Bâtissons ensemble une Europe nouvelle ; une Europe démocratique, prospère, pacifique, digne de son histoire, de ses luttes et de son esprit.

Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l'Europe en la transformant en Tiers-monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme.

Partager cet article
Repost0
8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 14:47

LEMONDE.FR | 08.11.11 | 14h54

 
 

Mangion : Qu'avez vous l'intention de faire au vu de ce plan qui vise une fois de plus les bas salaires et les classes moyennes ?

Véronique Descacq : D'abord consulter nos militants dans nos entreprises qui sont en contact direct avec les salariés. C'est aux salariés de nous dire comment ils ressentent ce plan et de nous confirmer notre analyse sur les difficultés concrètes qu'ils rencontrent, en particulier sur leur pouvoir d'achat. Dans les prochains jours, nous allons rencontrer les autres organisations syndicales pour convenir ensemble de contre-propositions ou d'actions pour la suite à donner.

Bernard :  La CFDT compte-t-elle appeler à la grève contre le nouveau plan de rigueur ?

Pour l'instant, ce n'est pas le sujet. On peut douter qu'une grève apporte une solution à la question du pouvoir d'achat des salariés. Ce que l'on veut, c'est que le gouvernement entende nos contre-propositions.

LOLO : Quels moyens avez-vous pour faire entendre vos contre-propositions ?

La pertinence de celles-ci et de convaincre l'opinion qu'en supprimant les exonérations sur les heures supplémentaires qui n'apportent rien en pouvoir d'achat et qui pénalisent l'emploi, on engrange plus de 4 milliards par an, soit la moitié du plan qui est proposé aujourd'hui par le gouvernement.

pierre : A propos des retraites quelles pourraient être à présent les revendications ?

Les revendications de la CFDT sur les retraites, c'est de raisonner en durée de cotisation plutôt qu'en âge. Parce que l'âge pénalise les gens qui ont eu des carrières accidentées, essentiellement les femmes et cela pénalise aussi les gens qui ont des métiers pénibles. Très concrètement, c'est d'empêcher le passage accéléré à 67 ans pour les métiers pénibles et les carrières accidentées. C'est la remise en cause du passage à 67 ans qu'il faudra obtenir.

LE ROUX : Quand vous arrêterez vos querelles inter-syndicales pour lancer un mouvement de grèves générales illimitées contre les agences de notations pour la défense des intérêts des salariés? (je suis syndiqué à la CFDT retraité)

Sur le sujet, il n'y a pas de querelles intersyndicales, mais la volonté de travailler en commun. Un mouvement de grève illimité ne se décrète pas du plus haut des confédérations. C'est la mobilisation des salariés sur le terrain qui peut en assurer la réussite. On prend le pouls des salariés mais après, on ne sent pas la volonté des salariés de se lancer dans une grève massive illimitée.

En revanche, il est vrai que l'on doit mettre la pression sur l'Europe en particulier et aussi sur le G20 pour encadrer les agences de notation. Et nous contestons la légitimité de ces agences pour noter les Etats.

Laurent : Croyez-vous que la France a les moyens de maintenir son niveau de protection sociale ?

Je pense que maintenir un haut niveau de protection sociale, c'est à la fois un enjeu de cohésion sociale et un enjeu de développement économique. Parce que cela soutient des pans entiers de l'activité économique. La question est de savoir ce que les citoyens sont prêts à mutualiser comme ressources pour avoir ce haut niveau de protection sociale.

Cela veut dire aussi qu'il faut réformer la protection sociale pour qu'elle réponde mieux aux enjeux de la société d'aujourd'hui (évolution du monde du travail, évolution de la famille...). Pour répondre à ces deux enjeux, cohésion et soutien de l'activité économique, il y a beaucoup de redéploiement à faire à budget constant en matière de politique familiale, par exemple. Mais il faut accepter qu'en matière de santé, les coûts sont amenés à évoluer du fait des progrès médicaux et de l'allongement de la durée de vie et qu'il faudra trouver des ressources supplémentaires au travers d'un impôt équitable, comme la CSG par exemple.

jean-claude : N'êtes-vous pas bloqué dans vos actions par l'échéance prochaine de l'élection présidentielle ?

C'est moins le monde du travail et le syndicalisme qui est bloqué dans son action que le politique. On voit bien d'ailleurs que le plan annoncé hier tente de répondre à un double enjeu : rassurer les agences de notation sans inquiéter l'électorat. Du coupe, il ne propose pas de perspective à long terme.

LEBRANCHE : Que pensez-vous du programme du PS sur la protection sociale ? Allez-vous soutenir un candidat ?

Nous n'allons soutenir aucun candidat. En revanche, nous présenterons nos propositions sur l'emploi, la protection sociale, la fiscalité à tous les candidats républicains. Et nous transmettrons leurs réponses à nos propositions.

Jason : Etes vous satisfaite du "gel" des salaires du gouvernement proposé dans le plan de rigueur ?

Cela me paraît une mesure peut-être démagogique. Les augmentations sont déjà gelées pour l'ensemble des fonctionnaires. Cela me paraît la moindre des choses qu'il en soit de même pour les ministres.

92 : Allez-vous rencontrer Xavier Bertrand dans les prochains jours pour discuter de la rigueur comme il vous l'a proposé ?

Xavier Bertrand n'a pas proposé de nous rencontrer pour parler de la rigueur, mais seulement pour parler de l'économie sur les dépenses de santé. Or, nous, nous pensons qu'il y a beaucoup d'autres sujets qui concernent les salariés. En particulier, tout ce qui concerne la fiscalité. Ce que l'on veut dire au gouvernement, c'est qu'il est temps qu'il revienne sur l'exonération des heures supplémentaires.

Si le préalable du gouvernement, c'est qu'il ne veut pas parler de cela, on ne voit pas bien ce que l'on va dire à Xavier Bertrand. Tant qu'il cantonne la conversation aux 700 millions économisés sur les dépenses de santé, nous n'irons pas le rencontrer. En revanche, on veut rencontrer le premier ministre sur l'ensemble du plan.

José : Quelle mesure vous semble la plus scandaleuse dans le plan de rigueur annoncé hier ?

Avec celle des retraites, il y a celle sur la moindre revalorisation des allocations familiales et allocations logement. Surtout qu'elles semblent vouloir être pérennes. Cela aura pour conséquence un décrochage très sérieux en terme de pouvoir d'achat pour les familles, mais aussi pour les jeunes, avec en particulier les allocations logement. Alors que l'on sait que ces allocations logement sont importantes pour l'insertion.

Marka : Ne pensez-vous pas que l'austérité va être encore pire l'année prochaine ?

Ce qui est préoccupant, c'est que le plan ne prévoit de mesures de relance de l'activité économique ni de mesure de soutien à l'emploi. La crainte que nous avons, c'est ce que ce plan aggrave la récession et que de nouvelles mesures d'austérité soient prises l'année prochaine.

C'est la raison pour laquelle nous regrettons qu'il n'y ait pas un volet de politique industrielle dans le plan annoncé. Mais nous regrettons aussi l'abandon de la réforme de la dépendance qui aurait permis de soutenir l'activité des services à la personne. Les travaux de cet été, des commissions, du Conseil économique et social et des organisations syndicales ont démontré qu'un plan pour la dépendance était facilement finançable avec une faible taxation des héritages.

claude : Comment peut on accepter de voir encore modifiées les conditions de départ en retraite sans aucune concertation avec la représentation des salariés alors qu'il avait été mis dans la loi que la négociation était un préalable à tout texte légal ?

Vous avez raison. Depuis plus d'un an maintenant, la concertation avec les organisations syndicales passe à la trappe. C'est contraire à tous les engagements du début de mandat. Et cela suscite l'exaspération et l'incompréhension des salariés. Pourtant, sur le sujet des heures supplémentaires, il y a un consensus parmi les organisations syndicales qui aurait pu être mis à profit par le gouvernement.

Bertrand : Alors que la conjoncture politique, économique et sociale donne crédit aux revendications salariales, le mouvement social-syndical et quasiment inexistant. Comment expliquez-vous cela ?

A la CFDT, on a à la fois une vision d'ensemble des enjeux économiques et sociaux et des propositions très concrètes sur tous les sujets qui touchent à la vie quotidienne et au pouvoir d'achat des salariés : conditions de travail, fiscalité, protection sociale, salaires... En ce moment, le gouvernement est à fois focalisé sur l'opinion des agences de notation d'une part et sur les enjeux électoraux d'autre part.

De leur côté, les salariés ont conscience de la gravité de la situation économique. Ils sont eux-mêmes violemment percutés par le chômate et les baisses de pouvoir d'achat. Mais ils ne pensent pas que ce soit au travers des grèves que la situation évoluera.

Christophe : Pour en revenir aux allocations familiales, ne croyez-vous pas qu'il serait nécessaire de définir un plafond de ressources au-dessus duquel les ménages concernés ne pourraient prétendre à en bénéficier ?

A la CFDT, on est très attaché à l'universalité des allocations familiales. Tous les salariés participent à son financement, donc tout le monde doit pouvoir en bénéficier. En revanche, faire entrer les allocations familiales dans le barême de l'impôt sur le revenu pourrait être une bonne piste pour rendre les choses plus équitables. Il y a des dispositifs bien plus inéquitables, parce qu'ils profitent proportionnellement plus aux revenus élevés. Le quotien familial et les avantages familiaux de retraite, la CFDT propose de donner le même montant par enfant à tout le monde, quels que soient les revenus.

Guest : Pourquoi les syndicats ne disent pas simplement les choses. A savoir qu'une gestion très rigoureuse est nécessaire, mais que la véritable question qui se dessine est de savoir qui subira les ajustements nécessaires ?

Il me semble que c'est ce que l'on dit. A la CFDT, on a la conviction que la question de la dette est à prendre en compte sérieusement. Il faudra donc faire des efforts, en particulier augmenter les ressources de l'Etat et de la protection sociale. Toute la question est de faire en sorte que ces efforts soient équitablement répartis. C'est la raison pour laquelle nous proposons une remise à plat de la fiscalité pour rendre les impôts plus progressifs.

Chat modéré par Jean-Baptiste Chastand

Partager cet article
Repost0
8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 14:24

LEMONDE.FR avec AFP | 08.11.11 | 09h30   •  Mis à jour le 08.11.11 | 11h23

 
 

 

"Le vice-président Mori m'a rapporté hier [lundi] que des pertes sur des investissements n'avaient pas été déclarées à partir des années 1990", a déclaré le PDG d'Olympus, Shuichi Takayama, lors d'une conférence de presse, mardi 8 novembre 2011.

"Le vice-président Mori m'a rapporté hier [lundi] que des pertes sur des investissements n'avaient pas été déclarées à partir des années 1990", a déclaré le PDG d'Olympus, Shuichi Takayama, lors d'une conférence de presse, mardi 8 novembre 2011.REUTERS/Toru Hanai

Le groupe d'appareils photo nippon Olympus a reconnu, mardi 8 novembre, avoir maquillé ses comptes pendant des années pour dissimuler des pertes colossales subies à la suite d'investissements financiers, provoquant un énorme scandale au Japon. "Le vice-président Mori m'a rapporté hier [lundi] que des pertes sur des investissements n'avaient pas été déclarées à partir des années 1990", a déclaré le PDG d'Olympus, Shuichi Takayama, lors d'une conférence de presse.

M. Takayama a désigné Hisashi Mori, qu'il a renvoyé, ainsi qu'un ancien PDG et un commissaire aux comptes d'Olympus, comme les principaux responsables de cette affaire, qui représente l'un des pires cas de dissimulation de pertes dans l'histoire économique du Japon d'après-guerre.

Le scandale a éclaté au moment du limogeage du PDG britannique Michael Woodford, officiellement pour méthode de travail "inappropriée", le 14 octobre. M. Woodford a alors révélé à la presse que son renvoi s'expliquait en réalité par ses demandes d'explications concernant des paiements indus lors du rachat de quatre sociétés.

 

Le président honoraire du groupe, Tsuyoshi Kikukawa, avait justifié ce renvoi brutal par l'incapacité du Britannique surpasser la barrière culturelle" et par sa gestion solitaire du pouvoir. Mais selon M. Woodford, les raisons sont différentes. Dans une interview le 17 octobre au Wall Street Journal, il a affirmé avoir été renvoyé pour avoir demandé des éclaircissements à M. Kikukawa et à un autre dirigeant du groupe au sujet de prix de certaines acquisitions réalisées par Olympus entre 2006 et 2008. Sont concernées trois sociétés japonaises (une firme de cosmétique, une entreprise de recyclage de matériel médical et un producteur d'emballages d'aliments à réchauffer au four à micro-ondes) ainsi qu'un fabricant britannique de matériel médical. "Je n'ai jamais reçu de réponses claires à ces questions", a déclaré Michael Woodford au WSJ.

CONCLUSIONS ACCABLANTES

Un comité d'experts indépendants désigné peu après a rendu mardi des premières conclusions accablantes à propos des honoraires mirobolants – 687 millions de dollars (498,51 millions d'euros) – versés en marge de l'acquisition d'un groupe d'instruments chirurgicaux britannique en 2007 et de la somme apparemment excessive – 936 millions de dollars (674,19 millions d'euros) – payés pour l'achat de trois petites entreprises japonaises entre 2006 et 2008. Selon ce comité, une partie au moins de ces fonds a servi à la direction d'Olympus pour combler des pertes subies sur des investissements financiers dans les années 1990.

L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a achevé la séance de mardi sur une chute de 1,27 %, à cause d'inquiétudes portant sur les finances de l'Italie et du fait de la déroute du titre Olympus. La valeur de l'action du groupe d'appareils photo, également connu pour ses équipements médicaux, s'est effondrée après ces révélations. La valeur du titre a fondu de 70 % depuis le début de l'affaire, revenant à son niveau de 1995, perdant 29 % mardi.

Le scandale inquiète en haut lieu : le premier ministre, Yoshihiko Noda, a demandé à Olympus de faire toute la lumière, craignant des nuisances pour la réputation du capitalisme à la japonaise. Des enquêtes ont déjà été ouvertes au Royaume-Uni et aux Etats-Unis sur des ramifications du scandale

Partager cet article
Repost0
8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 14:09

LEMONDE | 08.11.11 | 13h34

 
 

 

Une jeune femme mendie au pied d'un distributeur de billets dans une rue commercante du centre-ville de Marseille, le 18 octobre 2011.

Une jeune femme mendie au pied d'un distributeur de billets dans une rue commercante du centre-ville de Marseille, le 18 octobre 2011.AFP/GERARD JULIEN

Elle les croise le matin. Un café, quelques tartines et ils repartent comme ils étaient venus. Solène Laisné, 21 ans, travaille à la délégation du Secours catholique de la Sarthe. Chaque jour, de 9 heures à midi, cette antenne régionale de l'association caritative propose dans ses locaux du Mans un petit déjeuner gratuit aux personnes en difficulté. S'y retrouvent des familles, des retraités et de plus en plus de jeunes de moins de 25 ans. Alors, dans ces moments-là, la jeune femme trouve qu'elle a de "la chance d'avoir un petit contrat", en l'occurrence un service civique d'un an.

Comme elle, ils sont nombreux à constater sur le terrain la montée de la précarité chez les jeunes. Dans son dernier rapport, rendu public mardi 8 novembre, le Secours catholique analyse ce décrochage d'une partie des 18-25 ans. Même si les jeunes ne sont pas la catégorie la plus présente, leur nombre ne cesse d'augmenter.

En 2010, 12 % des situations rencontrées dans les permanences du Secours concernaient les moins de 25 ans. "Ce chiffre peut paraître bas, mais il est inquiétant, analyse Bernard Schricke, directeur de l'action France. Pour un jeune, c'est très difficile de frapper aux portes d'une association caritative. Ils ne le font souvent qu'en dernier recours." Didier Piard, directeur de l'action sociale à la Croix-Rouge s'inquiète lui aussi. "En deux ans, les demandes d'aide alimentaire pour ce public sont passées de 3 % à 9 %. Et dans nos écoles d'aide-soignant ou d'infirmier, chaque année, les responsables nous signalent de plus en plus d'étudiants qui se retrouvent en grande difficulté pendant leurs études."

Le visage du jeune en galère a changé. Le marginal en rupture sociale et familiale existe toujours mais il côtoie désormais d'autres profils. A côté des jeunes "en extrême pauvreté", qui représentent 17 % des personnes rencontrées, le Secours catholique croise de nombreux 18-25 ans en recherche d'emploi, étudiants ou en formation (21 %).

L'association recense aussi les jeunes travailleurs (14 %), majoritairement des femmes au chômage indemnisé ou en emploi précaire, les jeunes mères bénéficiaires du revenu de solidarité active (22 %), ou encore des ménages français qui basculent dans la pauvreté après un accident de la vie (17 %). Les familles avec enfants, couples ou mères seules de nationalité étrangère, qui vivent en habitat très précaire représentent 9 % des situations rencontrées par l'ONG.

 AIDES SUR LES CAMPUS

Les difficultés d'accéder à un emploi stable, à un logement abordable, la solidarité familiale qui ne fonctionne plus autant sont autant de facteurs qui ont des conséquences négatives sur l'aisance des adultes en herbe. Même les étudiants, une catégorie jusque-là assez préservée, sont de plus en plus nombreux à avoir besoin d'un coup de pouce caritatif.

Depuis l'ouverture en septembre2009, sur le campus de Lille-1, d'une permanence du Secours populaire avec distribution de repas, les initiatives d'aide aux étudiants se sont multipliées. Les organisations étudiantes s'y mettent aussi. La FAGE, en partenariat avec l'Andes (Association nationale de développement des épiceries solidaires) vient d'inaugurer sur le campus de l'université Lyon-1, en octobre, un lieu de distribution alimentaire, où les étudiants pourront trouver des produits de première nécessité.

Baptisé Agoraé, ce dispositif se veut aussi un point d'accueil et d'information pour les étudiants fragilisés. "Ce projet s'adresse aux jeunes dont le reste à vivre se situe entre 2,20 et 7 euros par jour, précise Jillian Chazalette, responsable du projet à la FAGE. Tous ceux qui sont ric-rac pour boucler leurs fins de mois. Les étudiants en très grande difficulté continueront à relever des dispositifs d'urgence." En quelques semaines, près d'une cinquantaine d'étudiants ont bénéficié de cette aide. L'organisation a déjà programmé l'ouverture d'autres Agoraé, à Nice fin novembre, puis à Brest, Strasbourg et Lille, courant 2012.
Autre constat alarmant pour le Secours catholique: cette précarité grandissante a pour conséquence de plomber le moral de toute une génération. Ceux qui ne sont pas pauvres n'ont qu'une peur : le devenir.

Catherine Rollot

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22