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12 novembre 2011 6 12 /11 /novembre /2011 19:54
 Médiapart -  | Par Mathieu Magnaudeix

De notre envoyé spécial à Athènes

Irene tend sa dernière facture d'électricité. Consommation des six derniers mois pour son studio du Pirée, le port d'Athènes: 24 euros –c'était l'été... «Et puis il y a une surprise», dit d'un air las cette jeune consultante dans un cabinet de conseil. La surprise, c'est le nouveau «prélèvement exceptionnel pour toutes les surfaces dotées d'électricité» : 325 euros, payable en deux fois. Près de la moitié du salaire minimum! «Il est bien précisé que si je ne la paie pas, on me coupera le courant», ajoute-t-elle.

La «taxe sur l'électricité», calculée en fonction de la surface, du lieu de résidence et de l'ancienneté du logement: c'est la dernière des trouvailles du gouvernement grec, aux prises avec une dette impossible à rembourser.

Depuis un an et demi, le gouvernement rivalise d'ingéniosité pour augmenter ses recettes et contenir l'économie souterraine. Il y a eu la taxe sur les balcons fermés et les piscines (que personne ne déclarait). Un prélèvement sur les bateaux et les grosses cylindrées, la très impopulaire augmentation de la TVA à 23%, une taxe «de solidarité» de 1% à 4% retenue sur les salaires, ou encore un impôt additionnel pour ceux qui épargnent trop....

Pour l'instant, l'effet sur les finances publiques est marginal, car l'évasion fiscale reste un sport national. Mais les Grecs de la classe moyenne, eux, n'y comprennent plus rien. «On a le sentiment de ne faire que payer», résume Irene. Certains de ses collègues banlieusards préfèrent désormais mettre une heure de plus pour se rendre au travail plutôt que de s'acquitter des nouveaux péages autoroutiers sur le périphérique. Et le midi, chacun apporte son lunch plutôt que de devoir régler le traiteur... «Au bout d'un moment, toutes ces restrictions commencent vraiment à peser sur le moral.»

 

«A louer», «A vendre»  
«A louer», «A vendre»

La récession n'en finit pas d'accabler la Grèce. Plus de 18% de la population active est au chômage – 900.000 personnes contre 600.000 l'an passé, un taux inouï dans ce pays de 11 millions d'habitants. La progression est fulgurante, surtout chez les jeunes, et le cap des 20% pourrait être franchi à la fin de l'année. Une minorité des demandeurs d'emploi sont indemnisés – un an maximum.

Les indépendants des professions libérales disparaissent en cascade (lire par ailleurs notre entretien avec la chercheuse Maria Kamerissini). De nombreux salariés ne sont pas payés depuis des mois ou ont subi d'importantes réductions de leur salaire. Dans la capitale, Athènes, la crise saute aux yeux. Les panneaux «à louer» ou «à vendre» se multiplient. Selon un rapport de la Commission européenne cité par la presse, 25% des locaux commerciaux sont vides – c'est 20% à Salonique, la seconde ville du pays. De plus en plus de Grecs sont sans-abri, un sort traditionnellement «réservé» aux migrants dans un pays où les solidarités familiales jouent encore beaucoup. D'après un responsable de la Croix-Rouge, ils seraient 20.000 dans tout le pays.

Sur Ermou, la principale artère commerçante d'Athènes, le nouveau magasin «Goldbuyers» ne désemplit pas. C'est un business de crise: «Goldbuyers» échange vieilleries en or contre du cash. Impossible de le rater, avec ses pancartes clinquantes. Cette filiale d'un groupe anglais installé a déjà ouvert plusieurs succursales dans la capitale. Devant moi, un jeune homme sort de son sac un vieux service en or. Un couple de trentenaires apporte deux énormes bagues.

Stuart Moore, le patron, explique que le groupe s'est implanté en Grèce parce que «les gens ici ont plein de vieilleries qu'ils ne pensaient même pas à vendre car c'est un peu tabou». «Pour l'heure, 10 à 15% des clients viennent parce qu'ils ont besoin de "cash" à cause de la situation économique, reprend Moore, jeune British fort peu affable. Mais cela va augmenter dans les prochains mois avec toutes ces suppressions d'emplois et ces nouvelles taxes.»

Craignant la faillite nationale, les Grecs se méfient des banques. Durant le seul mois de septembre, les dépôts des particuliers et des entreprises dans les établissements bancaires ont fondu de 5 milliards d'euros: un plongeon historique...

«Il n'y a plus de lumière au bout du tunnel»

 

Les halles d'Athènes. Avec une TVA à 23%, la consommation est atone. L

«Il y aura du sang, croyez-moi»

 

Université Pantéion d'Athènes.  
Université Pantéion d'Athènes.

Il est 19 heures, sur l'avenue Syngrou, juste derrière l'Acropole. Stavros Tsitismakis s'apprête à fermer boutique. De loin, dans sa grande boutique toute éclairée aux vitres immenses, il ressemble à une figurine dans une maison de poupée. Stavros loue des voitures. Pas n'importe lesquelles, des berlines de luxe: «Luxury cars for rent», lit-on en grosses lettres sur la vitrine. Le business ne connaît pas la crise, au contraire des autres loueurs.

Blazer bleu marine, cravate rouge, port altier: Stavros a des airs de parfait majordome anglais. Cet employé de 55 ans est pourtant très représentatif de la classe moyenne grecque, ou de ce qu'il en reste. Il travaille depuis l'âge de 15 ans, mais la retraite n'est pas pour tout de suite – l'âge légal de départ, 65 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes, va bientôt être harmonisé.

«Quand j'entends les Français et les Allemands dire qu'on est des fainéants, vous ne pouvez pas savoir comme ça me met en colère, dit-il avec avec émotion, la gorge serrée. Les manifestations anti-austérité passent souvent devant le magasin. D'ailleurs, ils nous ont cassé les vitres plus d'une fois! Mais je n'en veux pas aux manifestants. Pour avoir parlé à certains d'entre eux, ce sont peut-être des anarchistes, mais ce sont surtout des vies brisées, des gens qui ont perdu leur travail et ne peuvent plus nourrir leurs enfants.»

«Avec les politiques que nous avons... ils sont tellement mauvais. Ça va finir par un lynchage, et ils le savent, dit-il en montrant du doigt la direction du Parlement. Il y aura du sang, croyez-moi. Nous sommes en colère. On veut nous ramener aux années 1950.»

Non loin, à la station de métro, une horde de taxis attend les chalands qui ne viennent pas. Ces temps-ci, le scénario se répète très souvent. Un soir, Triantafillos, le compagnon d'Irene la consultante, m'a expliqué pourquoi. Son père est taxi, et lui-même conduit la voiture familiale de temps en temps quand il y a besoin d'un peu d'argent à la maison. «En ce moment, il y a très peu de clients. Parfois en cinq ou six heures de travail, on ne gagne que 20 centimes une fois enlevé l'essence et l'assurance, qui a d'ailleurs augmenté», dit le jeune homme.

Le taxi va sans doute rapporter de moins en moins, puisque le gouvernement a récemment libéralisé le secteur. Dans quelques jours, Thanassis, le patriarche, va atteindre l'âge de la retraite. Il va devoir rendre sa licence. Va-t-il la transmettre à son autre fils, employé dans une mairie et qui se sait menacé, autre conséquence du plan d'austérité ? Dans ce cas, la famille devra s'acquitter d'une taxe de 4000 euros. Encore un nouveau prélèvement.

Triantaffilos m'invite dans la maison familiale, dans le quartier populaire d'Ano Liossia, dans la grande banlieue d'Athènes. Une bâtisse de deux étages: lui habite au-rez-de chaussée. Son frère loge au premier avec les parents, mais ceux-ci lui ont réservé un morceau de terrasse qu'il pourra tranformer en appartement quand il en aura envie. «Nous sommes une famille grecque, dit Triantafillos, tout fier: la famille c'est important, on paie même les factures ensemble.»

Triantafillos travaille à la poste. Avec les coupes salariales dans la fonction publique, il a perdu 11% de son salaire – environ 150 euros. Il n'est pas sûr de garder son poste, car dès janvier 30.000 fonctionnaires (et ce n'est qu'une première vague, 120.000 devraient suivre d'ici 2014) vont être mis en «réserve» de l'Etat, sans aucune garantie de retrouver leur emploi au bout d'un an – une astuce pour les placer au chômage alors qu'ils ont en théorie la sécurité de l'emploi. Actuellement, le gouvernement ne remplace plus qu'un fonctionnaire sur dix.

Sa mère, Maria, 63 ans, touche une très petite retraite. Cette ancienne ouvrière s'est fait rouler par son ancien employeur, qui ne lui a jamais compté les bonus au titre de la pénibilité: elle touche donc la retraite de base – 480 euros par mois. Mais sa pension a tout de même été amputée de 15 euros. Pendant dix ans, le père de Triantafillos a exercé deux métiers (l'usine le matin, le taxi le soir). Son fils devra certainement s'y résoudre, lui aussi, un jour: la réforme passée en 2010 protège les retraités actuels, mais assomme les actifs qui cesseront le travail après 2022. Pour eux, les pensions seront amputées de 40%. Et ce n'est qu'un début...

Une nouvelle pauvreté

 

Business de crise: «Goldbuyers» échange vieilleries en or contre du cash.  
Business de crise: «Goldbuyers» échange vieilleries en or contre du cash.

Retour dans le centre-ville d'Athènes. Après deux ans de récession, de chômage de masse et d'austérité, l'urgence sociale se fait chaque jour plus criante. George Sykoutris dirige l'abri pour SDF de la Croix-Rouge, rue Epikouros. Devant le centre créé en 2007, des junkies végètent ou quémandent de l'argent, sous l'œil blasé des commerçants chinois.

Ici résident plusieurs familles grecques avec enfants. Les bambins sont scolarisés, leurs parents encouragés à retrouver un travail. C'est du moins ce qui se passait avant la crise: Sykoutris reçoit de plus en plus de demandes. «On refuse déjà un tiers des gens. L'an dernier, nous avions 45 personnes dans le foyer, aujourd'hui ils sont 82. Nous allons bientôt atteindre notre capacité maximale. Normalement, le séjour autorisé ici est de six mois, mais les gens ont tendance à rester car il leur est très difficile de retrouver un travail.»

Récemment, une de ses anciennes pensionnaires est revenue: elle devait être embauchée par une vieille dame pour faire des ménages, mais celle-ci a trouvé une employée de maison qui réclamait juste le gîte et le couvert, pas de salaire. Sykoutris n'est pas d'accord avec les journalistes grecs qui évoquent à longueur de colonnes l'émergence d'une «nouvelle pauvreté».

«Tous les problèmes ont commencé avec l'entrée dans l'euro, dit-il. Vous voyez cette petite bouteille d'eau ? Elle coûte trois fois plus cher depuis le passage à l'euro. C'est à partir de ce moment-là que les choses sont devenues plus dures pour les gens.» Pour le moment, le ministère de la Santé continue à verser les crédits à son centre. Pour combien de temps ? «Aujourd'hui, tout le monde a peur. Même moi, j'ai peur pour mon travail.»

Tout près, le centre de Médecins du monde, en théorie destiné aux migrants, ne désemplit plus. Les Grecs sont de plus en plus nombreux à s'y faire soigner car le gouvernement a aussi instauré des franchises et certains médicaments sont moins bien remboursés.

A Perama, ville portuaire à l'est d'Athènes où se trouve une autre polyclinique gérée par l'ONG, destinée à l'origine aux migrants, ne viennent plus que des citoyens grecs. Avec la crise, les étrangers sont partis chercher du travail ailleurs. Les anciens salariés de la zone portuaire, eux, sont restés et beaucoup croupissent dans la misère. «Les gens qui viennent nous voir ont souvent travaillé toute leur vie sur les chantiers navals ou sur le port, raconte la responsable, Artemis Lianou. Avec la crise, ils se sont retrouvés sans travail, sans argent pour nourrir leurs enfants. Nous les soignons, leur donnons des médicaments et de la nourriture.» Depuis un an, le nombre de visiteurs a augmenté de 20%.

Si la Grèce reste dans la zone euro, le plan d'austérité grec pourrait durer plus d'une décennie. En quittant Athènes, on se demande par quel miracle le pays pourra le supporter sur une telle durée.

Texte et photos: Mathieu Magnaudeix

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12 novembre 2011 6 12 /11 /novembre /2011 17:44

Entretien | LEMONDE | 12.11.11 | 14h02   •  Mis à jour le 12.11.11 | 17h04

 
 

 

Le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, à Berlin en juillet 2010.

Le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, à Berlin en juillet 2010.REUTERS/THOMAS PETER

Berlin Correspondant - Ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble est l'un des piliers du gouvernement d'Angela Merkel. C'est à ce francophile convaincu, né en 1942 à quelques kilomètres de la frontière française, et poids lourd de la CDU, qu'Helmut Kohl avait confié la gestion de la réunification allemande en 1990. Victime d'un attentat qui, vingt ans plus tard, continue de le faire souffrir, il ne se déplace plus qu'en fauteuil roulant.

Ce travailleur acharné qui, en pleine crise grecque, a dirigé son ministère pendant plusieurs jours en 2010 depuis son lit d'hôpital, a, de l'avis de tous, une influence déterminante sur la politique européenne de Mme Merkel. En fin de carrière, cet homme d'Etat met tout son poids politique dans la balance pour que l'Allemagne accepte davantage d'intégration européenne.

Pensez-vous, comme il y a un an, que les crises économiques en Europe finissent toujours par engendrer des progrès politiques ?

Les événements m'ont donné raison. Les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro lors du Conseil européen du 26 octobre ont chargé M. Van Rompuy (qui en assure la présidence) de faire des propositions pour modifier le traité de Lisbonne. Les crises sont une chance.

Celle-ci aussi ?

Oui.

Quelle chance ?

 Que l'Europe continue d'avancer. C'est notre grande mission. Car dans le monde globalisé du XXIe siècle, nous avons besoin d'une Europe forte, capable d'agir sur la scène mondiale.

L'Union européenne (UE) a toujours progressé pas à pas. Le plus souvent, l'intégration a d'abord été économique. Les structures politiques ont suivi parce qu'il faut toujours obtenir le soutien de la population qui est souveraine dans les Etats membres. C'est ce qui s'est passé avec la monnaie commune. On constate aujourd'hui qu'une politique monétaire commune et le Pacte de stabilité et de croissance ne suffisent pas. Il faut créer des structures politiques qui feront converger les politiques budgétaires.

Naturellement, on doit renforcer la gouvernance de l'Eurozone. Pour ce faire, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont fait des propositions à M. Van Rompuy. Il faut maintenant aller jusqu'à la modification des traités. C'est le chemin à emprunter pour montrer aux investisseurs du monde entier que la monnaie européenne est stable et que tous les Etats membres sont résolus à en faire une monnaie de réserve mondiale, stable et digne de confiance, et ce de façon pérenne.

Quelles fautes ont commis les Français et les Allemands pour que la crise grecque devienne une crise européenne ?

Ce sont les êtres humains qui font des erreurs, pas les gouvernements. En vérité, il y a deux raisons à l'approfondissement de la crise. La première est l'architecture de la zone euro. Dans les années 1990, on a décidé de faire une monnaie commune sans politique fiscale commune. Nous avons constaté que le Pacte de croissance et de stabilité ne suffit pas à assurer la convergence économique nécessaire pour assurer la stabilité de cette zone monétaire. Malheureusement Paris et Berlin n'ont pas respecté le pacte dans le passé, ce qui a été une erreur.

Deuxième raison : quand nous avons créé ce pacte, nous n'avons pas prévu l'"accélération" des marchés financiers, et ce que l'on appelle le risque de contagion. En fait, c'est une conséquence de la révolution des technologies de l'information. On n'avait pas prévu qu'un phénomène qui se produit en Amérique latine puisse avoir des effets en Europe en quelques secondes et vice versa. C'est quelque chose que l'on a appris avec la crise de Lehmann Brothers.

C'étaient de nouveaux effets, des nouvelles interdépendances. Il faut en tirer des enseignements. C'est ce que nous faisons en créant de meilleures structures de régulation des marchés financiers. Egalement en créant une taxe sur les transactions financières qui ralentit le rythme de ces opérations.

Celle-ci est-elle si importante ?

Oui. Beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi il y a une TVA sur les biens et services mais pas sur les transactions financières. Le seul argument contre cette taxe, c'est qu'elle n'est pas mondiale. Mais avec un tel raisonnement, on n'aurait pas aboli la peine de mort en Europe...

Cette taxe est juste, nécessaire et crédible. Il faut l'introduire en Europe. Avec François Baroin (ministre français des finances), nous avons fait une proposition en ce sens le 8 novembre. Nous ferons en sorte de faire avancer le débat rapidement. Si on ne trouve pas assez vite de solution à vingt-sept, il faudra discuter au niveau de la zone euro. Ceux qui veulent être leaders doivent avancer. C'est le cas de la France et de l'Allemagne.

Plus de 70 % des Allemands pensent que la Grèce n'a pas d'avenir dans la zone euro. Qu'en pensez-vous ?

Je ne suis pas de cet avis mais je comprends que beaucoup de mes concitoyens pensent ainsi. Sans doute les Français aussi. La confusion des dernières semaines en Grèce leur donne des arguments. Mais l'Allemagne et la France feront tout pour que la Grèce reste dans la zone euro, si tant est qu'Athènes le souhaite et respecte ses obligations.

C'est ce que M. Sarkozy et Mme Merkel ont dit de façon amicale mais ferme à Georges Papandréou (alors premier ministre grec) lors du G20 de Cannes. Le peuple grec doit décider s'il peut et s'il souhaite accepter les contraintes qu'impose le maintien de leur pays dans la zone euro.

L'Allemagne prépare-t-elle une division de la zone euro ?

Bien sûr que non ! Au contraire, Berlin et Paris veulent maintenir la cohésion de la zone euro. Nous ne voulons pas la diviser mais créer des mécanismes qui la rendent stable. Nous projetons de créer des règles qui permettront de mettre en oeuvre ce que nous avons décidé en commun et nous envisageons de donner des pouvoirs supplémentaires à l'Europe ou à la zone euro pour y parvenir.

Faut-il un nouveau traité ?

Non. Pas un nouveau traité. Mais nous avons besoin de modifications limitées du traité pour avoir des mécanismes de contrôle plus efficaces du respect des engagements pris, une politique budgétaire commune et une amélioration de la compétitivité des différentes économies.

Nous avons fait deux propositions : Pourquoi le membre de la commission chargé de la mise en oeuvre des accords n'aurait-il pas les mêmes droits que le commissaire à la concurrence ? Pourquoi a-t-on le droit de porter plainte devant la Cour de justice des communautés européennes pour violation du droit européen mais pas du Pacte de stabilité ? Ce n'est pas logique. D'ici décembre, M. Van Rompuy va consulter les Etats sur ce sujet. Paris et Berlin se concerteront étroitement.

Il n'y en Allemagne aucun parti anti-euro. Cette anomalie n'a-t-elle que des avantages ?

On est toujours ravi quand des positions politiques pour lesquelles on n'a pas beaucoup de sympathie n'ont pas de soutien populaire, même si l'on peut déplorer qu'une partie de la population ne soit pas représentée. L'idée selon laquelle l'Allemagne a un intérêt existentiel à l'UE n'est pas contestée.

Mais il y a bien un parti anti-européen : Die Linke. L'ancien Parti communiste de RDA vote contre toutes les décisions européennes. Mais il n'a pas une large audience et ce n'est pas plus mal. Cela tient à notre histoire, avec nos propres erreurs du XXe siècle.

Bien sûr, il peut y avoir des débats difficiles et les incertitudes sur l'euro inquiètent les Allemands. C'est pourquoi il faut traiter cette question de façon responsable. Mais, au fond, la grande majorité des Allemands, qu'ils votent pour la CDU, le Parti libéral, les Verts ou le SPD, ne sont pas eurosceptiques.

Qu'attendez-vous du congrès de la CDU qui démarre le lundi 14 novembre ?

La CDU va réclamer plus d'Europe. On a souvent dit que j'étais le dernier européen dans la CDU ; c'est totalement faux. Regardez les questions sur lesquelles se penche le parti aujourd'hui, par exemple l'élection du président de la Commission au suffrage universel. Ce serait une vraie révolution. On aurait ainsi un gouvernement européen. Je ne pense pas que cela se fera vite, mais la discussion est lancée. Si nous élisons un président de la Commission au cours d'une campagne électorale, l'Europe ne sera plus, après cela, la même Europe !

Propos recueillis par Frédéric Lemaître

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 17:46

| Par Martine Orange

Lire aussi

Chaque jour, une nouvelle victime est désignée sur les marchés financiers. Après l'Italie toujours en pleine tourmente, la France est à son tour dans la ligne de mire. Les taux français commencent à monter dangereusement. Jeudi, les rendements sur les obligations à 10 ans ont atteint 3,47%.                                                                

 

taux français à dix ans t
aux français à dix ans© bloomberg


« C'était une erreur de penser que la crise de la dette se limitait juste à une petit nombre de pays européens », a déclaré Andrew Balls, directeur du trading obligataire dans le fonds d'investissement Pimco. « Il n'y a jamais eu juste un problème pour les pays périphériques de la zone euro, juste un problème pour la Grèce. Il y a un problème pour tous les membres de la zone euro », a-t-il expliqué.

Jamais l'écart (le spread) entre les taux français et allemands n'a été aussi élevé depuis la création de la zone euro. Il faut remonter à 1992, au moment de la dernière grave crise monétaire européenne, marquée par la sortie de la lire et de la livre, du système monétaire européen, pour retrouver une telle divergence.                            

 

spread entre les taux français et les taux allemands  
spread entre les taux français et les taux allemands© bloomberg

Sans attendre le verdict des agences de notation, les marchés ont acté que la France avait déjà perdu son triple A. Les agences de notation entérineront par la suite ce que les marchés ont acté. Des analystes mettent en avant pour justifier l'envolée des taux français les faibles perspectives de l'économie française. Alors que le gouvernement français table sur une croissance de 1% l'an prochain, l'Union européenne pense que 0,6% sera un grand maximum. Les banques américaines Citibank et JPMorgan parient elles sur une récession, de l'ordre respectivement de –0,2% et –0,6% . 

D'autres s'inquiètent de l'effet de contagion de la crise de l'euro, et surtout italienne. Les banques françaises sont les premières créancières étrangères de l'Italie : à fin juin, elles détenaient 416 milliards d'euros de dettes publiques et privées italiennes. Cette surexposition des banques françaises effraie le système financier. Beaucoup redoutent qu'elles ne puissent faire face à une détérioration  de la situation en Italie. Les trois premières banques françaises – BNP Paribas, Société générale et Crédit agricole – sont considérées comme des banques présentant des risques systémiques pour l'ensemble du système financier international. 

L'Etat français serait donc dans l'obligation de voler à leur secours et de les nationaliser, afin d'éviter un écroulement du système financier. Mais ce sauvetage se traduirait par une augmentation de l'endettement français, une perspective épouvantable, pour les mêmes analystes qui ne sont pas à une contradiction près.    

Quoi qu'il en soit, la hausse des taux français et leur décrochage par rapport aux taux allemands paraissent des phénomènes durables. Toute hausse de 1% des taux se traduit par une augmentation d'une dizaine de milliards d'intérêts supplémentaires.

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 16:39

| Par François Bonnet

 

Sommes-nous à un tournant historique, l'un de ceux de l'ampleur de la chute de l'URSS – dont nous fêterons les vingt ans le mois prochain ? Un tournant qui serait l'effondrement financier et politique de l'Europe, la fin de soixante années de construction européenne ?

C'est ce que l'on constate avec l'accélération, depuis une semaine et l'échec du sommet du G-20, d'une crise monétaire qui, devenue crise politique, vient de provoquer ce qu'il faut bien appeler deux coups d'Etat. Georges Papandréou en Grèce, Silvio Berlusconi en Italie n'ont pas démissionné à l'occasion de défaites électorales, et pas même de vote de censure de leur parlement respectif: ces votes de censure n'ont pas eu lieu, ni à Athènes ni à Rome.

 

Silvio Berlusconi.

 

 

  Silvio Berlusconi.© (Reuters)

Non, les deux hommes, maillons faibles de la chaîne des chefs de gouvernement de la zone euro, sont tombés renversés par les marchés et des partenaires européens sous pression. Les marchés, c'est-à-dire les banques et autres établissements financiers (fonds de pension, hedge funds, fonds d'investissement, etc.). Leurs partenaires européens, c'est-à-dire Angela Merkel, Nicolas Sarkozy, les dirigeants de la banque centrale européenne (BCE) et de la commission européenne, déclarant agir au nom de ce qu'ils présentent comme leur devoir : circonscrire l'incendie, sauver l'euro, l'Europe (et se sauver eux-mêmes).

En moins d'une semaine, trois hommes viennent incarner et prêter leur visage aux coups d'Etat des marchés.

  • Mario Draghi : ce banquier, vice-président de la banque d'affaires Goldmann Sachs-Europe qui avait aidé la Grèce à maquiller ses comptes, puis gouverneur de la banque d'Italie, prend la présidence de la Banque centrale européenne.
  • Lucas Papademos : cet ancien dirigeant de la banque centrale grecque (1994-2002), puis ancien vice-président de la BCE durant huit ans (2002-2010), et qui depuis ces deux postes ne pouvait rien ignorer des faux comptes grecs, devient premier ministre grec. Sa condition : un gouvernement d'union nationale qui va de la droite extrême au parti socialiste.
  • Mario Monti : cet économiste de la droite libérale, commissaire européen en charge de la concurrence durant dix ans (1994-2004), et à ce titre acteur déterminé de la dérégulation des marchés européens, nommé mercredi sénateur à vie, doit devenir premier ministre italien. Sa condition : un gouvernement d'union nationale qui devrait aller de la xénophobe et populiste Ligue du Nord au principal parti d'opposition de gauche à Berlusconi, le Parti démocrate.

Et pourquoi pas en France?

Ce n'est pas fini. Dans une semaine, dimanche 20 novembre, est programmée la mort – cette fois dans les urnes – du gouvernement espagnol. Exit le gouvernement socialiste : c'est sous la pression des marchés financiers que Zapatero avait décidé de provoquer ces élections anticipées. Tout comme Brian Cowen l'avait fait en Irlande en 2010 pour lui aussi être battu et démissionner.

 

L'écart entre les taux allemands et français.
L'écart entre les taux allemands et français.

Alors pourquoi ne pas poursuivre la courbe de ces régimes tombés ou renversés ? Et écrire par exemple que, début janvier, lorsque les taux d'intérêt à 10 ans sur la dette française auront doublé (de 3,4% jeudi, ils dépasseraient les 7%), Nicolas Sarkozy demandera à former un gouvernement d'union nationale.

Qu'il nommera à sa tête un technocrate (Jean-Claude Trichet qui vient de quitter la présidence de la BCE est sur le marché...) ou un technicien, par exemple Michel Pébereau, un ancien du Trésor, passé par le cabinet du ministre Monory, et aujourd'hui puissant patron de BNP-Paribas ?

Et que, si d'aventure la gauche refusait ce gouvernement d'union nationale malgré les pressions répétées des marchés, elle se verrait accusée de la politique du pire comme elle l'a déjà été pour avoir refusé la « règle d'or »?

Science-fiction stupide : en est-on si sûr ? Depuis un mois, Dominique de Villepin demande un plan d'austérité d'au moins 20 milliards d'euros porté par un gouvernement d'union nationale qu'il rejoindrait avec allant. François Bayrou, qui se veut prophète en matière de dénonciation de la dette, brandit son concept de majorité centrale, nouvelle union nationale du cercle de la raison (lire notre entretien ici). Et ne doutons pas qu'un Jean-Louis Borloo se joindrait sans hésitation à un tel dispositif.

 

Georges Papandréou, après l'annonce de sa démission.  
Georges Papandréou, après l'annonce de sa démission.© Reuters

Mesure-t-on bien les scandaleux dénis démocratiques et sociaux que doivent aujourd'hui subir les citoyens grecs et italiens ? Papandréou et Berlusconi peuvent, à des titres divers tant les deux hommes ne sauraient être comparés, incarner ou être perçus comme des modèles d'hommes politiques incompétents ou corrompus. Mais le premier a été largement élu en 2009, le second largement élu en 2008. Et les voilà effacés, hors toute procédure démocratique, dans un affolement européen provoqué par les taux d'intérêt et les cours de bourse.

«Les fous ont pris le contrôle de l'asile», dit l'économiste Pierre Larrouturou dans un entretien à Mediapart. Les financiers «qui ont ruiné une foule de gens continuent à nous expliquer ce que l'on doit faire... Je suis condamné à lire des articles économiques que je ne comprends pas», dit en écho dans un entretien au Monde l'écrivain franco-grec Vassilis Alexakis.

Technocrates et populistes se nourrissent les uns les autres

Inutile désormais de parler de gauche, de droite, de chômage, de droits sociaux, de redistribution, de révolution fiscale : il faut surveiller les Crédit default swap, les trend des bourses asiatiques et américaines, le cours de l'action du Crédit agricole, de la Société générale et de la Commerzbank, lespread franco-allemand, l'état du marché obligataire puis analyser à la loupe ce que peut bien vouloir dire le dernier communiqué de la BCE qui répondait à celui de la FED et anticipait l'ouverture des marchés asiatiques. Non, on ne rit pas: le président de la République italienne, Giorgio Napolitano, 86 ans et ancien communiste, veut un nouveau gouvernement, à tout prix avant dimanche soir et «l'ouverture des marchés»!

Et c'est ainsi que, devant les forces des marchés, les hystéries spéculatrices et les crispations nationalistes, nos démocraties s'effacent.

Parce que nos dirigeants ont laissé faire. Une Europe de l'urgence émerge soudain, non pas «post-démocratique», comme l'écrit et le dit l'ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine (à voir ici en vidéo). Mais a-démocratique, celle d'une démocratie évanouie, celle d'une démocratie qui est poussée de côté jusqu'à un éventuel retour à meilleure fortune.

Ce seront de vraies élections législatives en Grèce dans quinze semaines, nous dit-on, qui permettront de redonner la parole au peuple : mais entre-temps aura été adopté le plan d'austérité qui engagera le pays pour la décennie à venir ! En Italie, ces élections anticipées ne sont pas même assurées... Quant à l'Espagne, le Parti populaire (droite), certain de l'emporter sur les socialistes, s'est surtout gardé d'exposer le moindre programme économique, arguant seulement qu'il était mieux à même d'appliquer les recettes européennes.

L'Europe de l'urgence, a-démocratique, est celle des banquiers et des technocrates. Mais sortie par la porte, ne doutons pas que la politique va s'empresser de rentrer par la fenêtre sous sa pire forme : la droite extrême xénophobe et populiste. Car dès qu'il s'agit d'Europe, technocrates et populistes se nourrissent les uns les autres : la dénonciation des premiers alimente les seconds et la peur des seconds jettent dans les bras des premiers.

Echapper aux technocrates fondés de pouvoir de marchés financiers fous ; échapper aux populismes extrémistes et aux replis des nations. C'est finalement le seul vrai enjeu de cette crise sans précédent. Et cela pose à la fois la question des responsabilités passées comme des schémas de reconstruction futurs.

 

Nicolas Sarkozy, le 8 novembre.  
Nicolas Sarkozy, le 8 novembre.

 

Les responsabilités passées, Nicolas Sarkozy les a clairement identifiées : elles sont celles de ses prédécesseurs, Lionel Jospin et Jacques Chirac en tête. Il l'a encore redit mardi, à l'occasion d'un déplacement à Strasbourg. La Grèce n'aurait pas dû intégrer la zone euro ; l'euro a été fait sans aucun outil de coordination des politiques économiques (la fameuse gouvernance économique), sans intégration ou harmonisation des politiques des Etats et des deux premières économies européennes, l'Allemagne et la France.

La vidéo du discours de Sarkozy à regarder en cliquant ici, en particulier à partir de la 63e minute.

Le chef de l'Etat n'énonce là que de vieilles banalités. Oui, les insuffisances grecques étaient connues mais le faible poids de son économie (2% du PIB européen) devait permettre de les absorber aisément (n'a-t-on pas accepté la Bulgarie et la Roumanie dans l'Union européenne en sachant parfaitement que ces deux pays n'étaient pas prêts?).

La crise actuelle n'est pas la conséquence des mauvais choix du tournant des années 2000 mais de la gestion irresponsable de la zone euro conduite depuis 2008. Par Nicolas Sarkozy comme par Angela Merkel. On mesure mieux au vu de la situation actuelle combien le « mini-traité » de Lisbonne, initié par les Allemands et promu par Sarkozy dès son élection en 2007, n'a fait qu'installer tous les leviers d'une crise politique qui éclate au grand jour aujourd'hui.

Le chantier de la reconstruction

Mediapart a publié d'innombrables enquêtes à ce sujet (celle-ci, par exemple). Peut-on juste rappeler que Sarkozy et Merkel auraient pu dès 2008 contraindre Silvio Berlusconi à modifier sa politique économique ? Que rien ne les empêchait de demander à la droite grecque (alors au pouvoir) de cesser de truquer les comptes du pays? Que la chancelière allemande comme le chef de l'Etat français auraient tout aussi bien pu exiger des grandes banques françaises et allemandes d'agir autrement dans leurs engagements spéculatifs sur les dettes des Etats ?

 

Barroso, président de la commission européenne.  
Barroso, président de la commission européenne.

Rien de cela n'ayant été fait, le chantier de la reconstruction européenne s'ouvre dans les pires conditions. Plusieurs scénarios sont évoqués : ils comportent tous des dangers extrêmes, allant d'une possible désintégration de la zone euro ou dislocation de l'Union européenne à une fuite en avant fédéraliste et technocratique. Aucun, à ce stade, n'implique de nouvelles consultations des citoyens européens ou n'envisage un nouvel accroissement des pouvoirs du Parlement européen.

Le « grand bond en avant » fédéraliste, tant souhaité à Bruxelles (lire ici notre article), ne pourra que faire le jeu des populismes. Hubert Védrine a raison de souligner combien ce terme de fédéralisme est un « mot-valise » contenant tout et son contraire. On peut le déplorer mais il est surtout, aujourd'hui, un mot-épouvantail pour une grande majorité de citoyens européens.

Un autre danger est le projet clairement exposé par Nicolas Sarkozy d'un noyau dur européen dans une Union européenne à 27. C'est le vieux projet de « groupe avancé », quelques pays accélérant leur intégration économique : cela peut se faire à l'échelle de la zone euro (17 pays) mais aussi à une échelle moindre, les cinq ou sept pays les plus proches.

Berlin dément à ce stade, Paris également, mais c'est une possibilité envisagée pourtant à l'Elysée et exprimée dans le discours de Strasbourg du chef de l'Etat. Barroso, président de la commission européenne, ne s'y est d'ailleurs pas trompé qui, dès le lendemain, à Berlin, se disait farouchement opposé à une zone euro qui laisserait derrière elle, et dans une Union européenne disloquée, les dix autres pays membres de l'UE mais non de la zone euro: «Je veux être clair, c'est intenable», a-t-il insisté.

Alors peut-être faut-il relire, avec un œil neuf, la déclaration fondatrice du 9 mai 1950, celle de Robert Schuman, qui lancait le processus de construction européen. Et revenir aux principes fondateurs:

  • Sa première phrase : « La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent. » Nos dirigeants prennent-ils aujourd'hui « la mesure » de ce qui est en jeu ?
  • Sa cinquième phrase : «L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait.» La « solidarité de fait » est-elle celle qui est en train d'être appliquée à la Grèce et à l'Italie ? Les « réalisations concrètes » le sont-elles en priorité pour les citoyens européens ? (L'intégralité de la déclaration est là.)

Poser ces questions montre l'ampleur du gouffre qui s'est ouvert sous les pieds des Européens. Depuis 2005, et les votes négatifs des Français et des Néerlandais, le débat européen a été escamoté par les partis dominants des droites et des gauches européennes. Il n'est plus possible d'en faire l'économie. Donc de revenir devant les électeurs des 27 pays membres et de les consulter.

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 16:18

Le Monde - 11 novembre 2011

Inma Barea (au premier plan) et Reme Barrera, employées de Limasa, n'ont toujours pas perçu leur salaire d'octobre (M.G./Le Monde.fr)

 

Jeudi 10 novembre. Inma Barea, Carmen Sanchez, Paqui Pacheco, Patrocinio Pozo sont très inquiètes : avec les 202 autres salariés de Limasa, l'entreprise de nettoyage qui les emploie à Jerez de la frontera (Andalousie), ces femmes n'ont toujours pas touché leur paye d'octobre. En attendant, il faut faire face aux dépenses, et les factures s'accumulent. Le salaire de septembre ne leur a été versé que le 31 octobre pour certaines, le 3 novembre pour d'autres, après 72 heures de grève et d'occupation nuit et jour des locaux de l'entreprise. "On ne veut surtout pas repasser un mois à blanc", explique Inma Barea. L'explication donnée par Limasa à ses salariées : la mairie de Jerez, avec laquelle l'entreprise a signé un contrat pour réaliser l'entretien des collèges et bâtiments publics de la ville (bibliothèques, mairie, équipements sportifs), a plusieurs mois de retard pour le paiement du service et Limasa ne peut plus faire face au besoin de liquidité.

 

Les deux visages de Jerez, l'un touristique, l'autre conflictuel. (M.G./Le Monde.fr)

 

Jerez de la frontera a deux visages : l'un, bien connu des touristes, est celui de ses bodegas aux effluves de sherry, son académie équestre, ses rues pavées et maisons blanchies à la chaux, qui donnent un air très seigneurial à cette ville. L'autre, est celui d'une municipalité affichant une dette de 1 milliard d'euros, qui a coupé l'électricité et le chauffage dans de nombreux équipements publics, qui paie les sociétés concessionnaires avec un, deux, voire trois mois de retard et connaît depuis plusieurs semaines des manifestations quotidiennes, occupations de la voie publique et grèves.

La liste des conflits sociaux qui agitent la ville est longue et devient explosive dans un contexte de chômage accru (31 000 chômeurs en octobre, plus de 30 % de la population active) :

  • Onda Jerez, la télévision publique locale, où une cinquantaine d'emplois sur 85 est menacée, et pour laquelle un administrateur judiciaire doit être nommé.
  • Ajemsa, chargée service d'eau potable dans la ville, et Emensa, qui gère un parc naturel dans les environs de Jerez, menacées de privatisation.
  • les 2 300 employés municipaux et 2 000 employés de sociétés concessionnaires (services de transport, d’aide à domicile, entretien) à qui les salaires sont versés au compte-gouttes et qui, dans leur grande majorité, n'ont pas touché le mois d'octobre.

A Limasa, les problèmes ont commencé en 2009, quand l'endettement de la mairie, alors aux mains du Parti socialiste, s'est fait lourdement sentir. "On nous payait le salaire le 15 du mois suivant ou le 20, raconte Inma. On avait pris l'habitude de ces retards." Exténués par la gestion calamiteuse de la maire sortante, Pilar Sanchez, les Jerezanos ont massivement voté en faveur du Partido popular (PP, droite), lors des municipales en mai dernier. Mais la nouvelle "alcaldesa" n'a guère amélioré les comptes et tous les employés directs ou indirects de la mairie s'accordent pour dire que la situation empire. "Passer un mois à blanc, comme en septembre, sans toucher un seul centime, ça ne nous était jamais arrivé", déplore Inma.

D'autant que les conditions de travail se sont détériorées ces derniers mois, pour un salaire mensuel plafonnant à 850 euros au mieux. Il y a quelques mois, les employées de Limasa avaient obtenu de passer de 40 heures hebdomadaires à une semaine de 35 heures, avec des embauches à la clé. Mais depuis, sur la douzaine de contrats signés pour combler ces 5 heures hebdomadaires, aucun n'a été renouvelé, et les salariées en CDI se retrouvent à faire des heures supplémentaires non payées. "Ces heures supplémentaires, on les doit pourtant à la sueur de notre corps", note Carmen.

"Exténuées"

A la fatigue physique s'ajoute un sentiment d'impuissance face à une entreprise qui ne les écoute pas. "On ne nous donne aucune explication, ni du côté de la mairie, ni du côté de l'entreprise. Pourtant Limasa est implantée sur tout le territoire et ne dépend pas que de Jerez. Elle a sûrement d'autres moyens pour faire face aux impayés", s'étonne Paqui Pacheco.

"On est exténuées." Reme Barrera évoque le cas de couples dont les deux membres dépendent financièrement de la municipalité et éprouvent de plus en plus de difficultés à faire face aux finances. Toutes disent : "On survit grâce au soutien de nos familles, mais celles dont les familles sont déjà très fragiles ne s’en sortent pas." Des collectes de nourriture ont été organisées pour aider les plus vulnérables, mais aucune ne veut mendier son salaire. "Nos revendications n'ont rien de fantaisistes, martèle Carmen Sanchez. Nous voulons simplement être payées pour un travail effectué. Cet argent nous appartient."

Pour faire face aux dépenses, Reme Barrera recourt au système D. (M.G./Le Monde.fr)

En attendant, les femmes de Limasa recourent au système D. Quand elle fait ses courses, Reme Barrera calcule chaque centime : "Je vois les barquettes de cuisses de poulet me faire de l'œil, mais je sais que ce n'est pas pour moi, raconte-t-elle en riant. Si j'achète du poulet, c'est un poulet entier, qui doit me faire au moins quatre repas. Des ailes jusqu'aux pattes, chaque morceau sera utilisé, y compris les os pour faire un bouillon. Et un jour sur deux, on mange des lentilles !"

Lundi 14 novembre, tous les salariés de Limasa à Jerez se réuniront pour décider de la mobilisation à venir. L'option d'une grève et d'une occupation, comme en octobre, sera discutée, même si beaucoup espèrent ne pas en arriver là. Et parce qu'elles ne perdent pas le sens de la convialité, Inma, Carmen, Paqui et les autres prévoient d'organiser un grand barbecue ce week-end dans les environs de Jerez, pour fêter le versement, avec plus d'un mois de retard, de leur salaire de septembre ! "Il faut bien qu’on se motive", rigolent-elles.

Mathilde Gérard

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 16:12

LEMONDE.FR avec AFP | 10.11.11 | 21h06   •  Mis à jour le 11.11.11 | 07h36

 
 

 

Le projet gouvernemental vise à infliger au salarié une amende, afin qu'il rembourse une partie des indemnités journalières perçues avant sa visite à un médecin-conseil.

Le projet gouvernemental vise à infliger au salarié une amende, afin qu'il rembourse une partie des indemnités journalières perçues avant sa visite à un médecin-conseil. AFP/MYCHELE DANIAU

Le gouvernement envisage d'infliger des amendes aux salariés ayant bénéficié d'un arrêt maladie injustifié, dans le cadre de la lutte contre la fraude sociale, a-t-on appris jeudi 10 novembre auprès du ministère du travail. "Un texte réglementaire est en cours de préparation et devrait sortir d'ici la fin de l'année", a indiqué le ministère, confirmant une information diffusée par Europe 1.

Actuellement, un salarié qui se se fait prescrire un arrêt de travail bénéficie d'indemnités journalières. En cas d'interruption prolongée, il passe alors devant un médecin-conseil de la Sécurité sociale qui peut mettre fin à ces indemnités s'il estime cet arrêt abusif.

Le projet gouvernemental vise à aller plus loin en infligeant au salarié une amende, afin qu'il rembourse une partie des indemnités journalières perçues avant sa visite auprès du médecin-conseil. Les modalités et le montant de ces sanctions n'ont pas encore été précisées, a-t-on indiqué au ministère du travail.

 RESPONSABILITÉ DU MÉDECIN

En 2010, la Sécurité sociale a réalisé près de 400 millions d'économie en renforçant ses contrôles sur les arrêts maladie abusifs, une somme qui ne représente toutefois que 4,6 % du montant total des indemnités journalières versées.

La Fédération nationale des accidentés de la vie (Fnath), association de malades et de personnes handicapées, a vivement condamné ce projet d'amende, en affirmant que le médecin était le premier responsable en cas d'arrêt injustifié.

"Le gouvernement oublie de rappeler que ce sont les médecins qui prescrivent la durée des arrêts maladie : ce ne sont donc pas les malades qui doivent être tenus responsables d'un arrêt qui semblerait injustifié", a indiqué dans un communiqué la Fnath, en s'interrogeant sur les possibilités de recours.

"Si pénalités il doit y avoir, ce sont les médecins traitants qui doivent les subir. Ce n'est pas à la personne en arrêt de faire les frais d'une approche différente entre deux médecins sur l'opportunité et la durée de leur arrêt", poursuit l'association, qui revendique 200 000 adhérents.

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 15:45

LEMONDE | 11.11.11 | 12h50   •  Mis à jour le 11.11.11 | 16h12

 
 

 

Fuyant la guerre civile de 1946-1949 et les soubresauts politiques, Aristote Onassis (ici en octobre 1970) et d'autres riches armateurs grecs se sont réfugiés à Londres.

Fuyant la guerre civile de 1946-1949 et les soubresauts politiques, Aristote Onassis (ici en octobre 1970) et d'autres riches armateurs grecs se sont réfugiés à Londres.AFP


Londres Correspondant - A lire un petit entrefilet publié récemment dans le Times, plusieurs appartements de Hyde Park One, le nouveau quartier de super-riches bâti à Knightsbridge, ont été achetés par des armateurs grecs à la recherche d'un sanctuaire.

L'agent immobilier Knight Frank, en charge de la vente, a refusé de divulguer l'identité de ses clients. "The London Greeks", comme on appelle les magnats grecs du transport maritime installés à Londres, sont d'une discrétion à toute épreuve.

Le Lloyd's List, le quotidien de référence du transport par mer, estime qu'une centaine de compagnies maritimes grecques, employant 1 500 personnes, ont pignon sur rue dans la capitale britannique.

Les plus grands noms de la profession y sont présents : Chandris, Goulandris, Embiricos, Lemos, Hadjipateras, Niarchos ou Tsakos. Ce dernier groupe représente un bon quart des membres du Baltic Exchange, la Bourse des affrètements maritimes de la City. Ils contrôleraient 10 % à 20 % de la flotte grecque.

Pourtant, la liste des 1 000 plus grandes fortunes britanniques, publiée annuellement par le Sunday Times, ne comprend qu'un seul nom grec, celui de John Goulandris. Dans le classement 2011, les avoirs de cet "empereur du shipping" sont évalués à 200 millions de livres (234,4 millions d'euros), ce qui le place à la 337e position. M. Goulandris se situe loin derrière les oligarques russes, les industriels des pays émergents ou autres nababs du Golfe ayant élu domicile outre-Manche.

"Il est impossible d'en savoir plus" sur ces London Greeks, "car ce sont des sociétés privées qui recrutent les meilleurs avocats pour tenir les curieux à distance. La plupart contestent même le fait qu'ils vivent à Londres, affirmant qu'ils n'y disposent que d'un simple pied-à-terre", souligne Philip Beresford, l'auteur du hit-parade du Sunday Times.

Conservateurs

La première raison de cet ancrage est fiscale. Les London Greeks bénéficient du statut de "résidents non domiciliés". Cette qualification leur permet de n'être imposés que sur les revenus générés au Royaume-Uni et non pas sur l'ensemble de leur patrimoine.

Autre motif, Londres reste le premier carrefour mondial des affaires maritimes en matière de financement, d'assurance, de courtage et d'affrètement. S'ajoutent à tout cela l'avantage des fuseaux horaires et l'expérience des professionnels aux méthodes bien rodées.

Les premières familles d'armateurs grecs sont arrivées à Londres dans les années 1850 pour acheter des bateaux à vapeur. En 1935 a été fondée le Greek Shipping Cooperation Committee, une organisation de représentation liée à l'Union des armateurs grecs établie au Pirée.

Fuyant la guerre civile de 1946-1949 et les soubresauts politiques, les Niarchos, Onassis et consorts se sont réfugiés à Londres. L'existence, à l'époque, d'une royauté grecque et le mariage du prince Philip (d'ascendance grecque et danoise) avec la future reine Elizabeth II leur a ouvert les portes de l'establishment britannique.

Conservateurs, voire réactionnaires, beaucoup ont soutenu la dictature des colonels (1967-1974). Aujourd'hui, ils financent l'ancien roi Constantin, qui vit en exil à Londres, des causes philanthropiques et des chaires d'études helléniques dans les universités britanniques.

Les armateurs grecs constituent un lobby d'une grande efficacité. Quand le gouvernement de Gordon Brown, en 2008, a essayé de taxer davantage les résidents non domiciliés sur une partie de leurs avoirs détenus à l'étranger, ces derniers se sont mobilisés, menaçant de partir en masse au Pirée, à Nicosie, à Genève ou à Singapour.

Cette campagne a eu raison du projet de relèvement de l'impôt. Le ministère des finances s'est contenté de frapper les non-résidents installés depuis plus de sept ans d'un impôt fixe annuel ridiculement bas de 30 000 livres.

Marc Roche

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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 13:13

Le Monde - 10 novembre 2011

Combien d'esclaves travaillent pour vous ? (slaveryfootprint.org)

 

Bienvenue dans l'ère de la responsabilité (et de la culpabilité). Avez-vous pensé ce matin au salaire du petit enfant chinois qui a confectionné le T-shirt que vous portez aujourd'hui ? Vous arrive-t-il souvent de songer au nombre de mineurs africains qui sont morts pour extraire le brillant que vous avez offert à votre femme à votre mariage ?

Non ? et bien vous avez de la chance, un site se propose de le faire avec vous. Slavery Footprint, lancé par une association américaine et le bureau de lutte contre le trafic d'êtres humains du département d'Etat américain, permet de savoir combien d'esclaves vous faites travailler dans le monde en fonction de votre mode de vie, rapporte Nec plus ultra, un blog de France Inter. En d'autres termes : quelle est votre empreinte esclavagiste ?

"Sur la planète, 27 millions de personnes travaillent sous la contrainte, sans être rémunérées (ou très peu), pour produire notre nourriture, nos vêtements ou nos équipements high-tech", souligne Nec plus ultra. Slavery Footprint ambitionne, à travers une application ludique, de sensibiliser les habitants des pays riches à la question de l'esclavage moderne.

A travers une série de onze tableaux thématiques interactifs (habitat, habitudes alimentaires, usage des nouvelles technologies, produits de beauté, vêtements, etc.), il s'agit pour l'internaute de dresser son auto-portrait de consommateur. Les concepteurs de cette campagne originale profitent de chaque thème pour glisser des informations sur l'esclavage moderne.

Au détour du chapitre "Vêtements", on apprend par exemple que 1,4 million d'enfants ouzbeks sont forcés de travailler dans les champs de coton. "C'est plus que le nombre total d'enfants scolarisés dans l'éducation publique de la ville de New York", est-il précisé.

Au rayon des bijoux, on nous explique que les diamants ne sont pas les seules pierres à faire couler du sang. Les rubis sont sans doute le deuxième produit d'exportation de la Birmanie, derrière le teck. Or les mines, contrôlées par le gouvernement, exploitent des travailleurs dans des "conditions terribles" et pour des salaires de misère.

A la page des sports, on lit qu'en Chine, les confectionneurs de ballon de football travaillent jusqu'à 21 heures par jour. "Même le plus sévère des coach américains ne demanderait pas ça à ses joueurs", relève le site, qui joue définitivement la carte de la légèreté pour faire passer le message sans prendre le risque d'assommer le citoyen-consommateur.

Une fois les onze thématiques du test renseignées, votre score est calculée en nombre d'esclaves, répartis par zones géographiques sur un planisphère. Afin de vous aider à progresser, il vous est expliqué quels chapitres de consommation ont le plus pesé dans votre score. L'internaute est également invité à partager ce test sur Facebook et à participer activement à la campagne de Slavery Blooprint.

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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 13:02

LEMONDE.FR avec AFP, Reuters | 10.11.11 | 06h31   •  Mis à jour le 10.11.11 | 12h45

 

 

"La croissance s'est arrêtée en Europe et nous pourrions connaître une nouvelle phase de récession", a prévenu le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, le 10 novembre 2011.

"La croissance s'est arrêtée en Europe et nous pourrions connaître une nouvelle phase de récession", a prévenu le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, le 10 novembre 2011.REUTERS/KAI PFAFFENBACH


  • Moody's inquiète des conséquences de la crise de la zone euro. Selon l'agence, l'économie américaine pourrait subir un choc financier similaire à celui encaissé lors de la faillite de Lehman Brothers si la crise de la dette de la zone euro touche des pays européens de premier plan tels que l'Italie, dont la dette atteint 1 900 milliards d'euros, soit 120 % du PIB environ. Cette contagion prendrait la même forme que ce qui s'était passé lors de l'effondrement de Lehman, en 2008, à savoir un gel du marché interbancaire qui aurait des conséquences sur les prêts aux entreprises et aux particuliers. L'agence de notation a toutefois précisé qu'elle ne retenait pas ce scénario et qu'elle s'en tenait à sa prévision de croissance de 1,5 % à 2,5 % pour la première puissance économique mondiale en 2012.

>> Lire le chat : "Silvio Berlusconi, 'nouvelle victime des marchés financiers'"

  • Incertitudes sur les marchés financiers. Jeudi matin, les Bourses européennes ouvraient à la baisse dans l'incertitude de la réalité des mesures d'austérité annoncées en Italie. La Bourse de Paris chutait de 2,16 % avant de repasser dans le vert, à 0,41 % en milieu de matinée. Francfort perdait 1,67 % et Londres 1,67 %. Milan perdait 1,33 %, pour prendre plus de 3 % en milieu de matinée, le marché pariant sur la fin de l'incertitude politique en Italie avec l'arrivée probable de Mario Monti à la tête du gouvernement du pays, en proie à la crise de la dette. Peu avant, les Bourses asiatiques chutaient à l'ouverture et l'euro s'affaiblissait, de même que le dollar australien, devise considérée comme "à risques" et donc très sensible aux inquiétudes du marché. A Tokyo, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes perdait 2,35 % à la mi-séance. Vers 4 h 20 (heure de Paris), Sydney lâchait 2,70 %, Séoul 3,36 %, Hongkong 4,41 % et Shanghaï 0,96 %. Les rendements des obligations d'Etat italiennes à dix ans ont dépassé mercredi le seuil critique de 7 %, avec un pic de 7,502 % en séance, le soulagement provoqué par l'annonce du prochain départ de Silvio Berlusconi ayant cédé le pas à l'inquiétude. Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a prévenu que l'envolée des taux italiens sur le marché de la dette risquait d'avoir des retombées "significatives" sur l'économie réelle en raison de la hausse des coûts de financement du pays. Les taux d'intérêt à un an payés par le Trésor italien ont atteint le niveau record de 6,087 %, jeudi lors d'une émission obligataire test. Ils ont donc presque doublé par rapport à la dernière opération similaire datant du 11 octobre, où ils s'étaient inscrits à 3, 57 %.
  • Le FMI réclame de la clarté politique en Italie. Une "clarification politique" est nécessaire en Italie et en Grèce, a déclaré jeudi à Pékin la directrice générale du FMI, Christine Lagarde. Le FMI s'est vu attribuer une tâche cruciale et doit, selon Mme Lagarde, mettre son "expertise" et son "savoir-faire" au service d'une "surveillance budgétaire de l'Italie à un rythme trimestriel". De son côté, la France, par la voix de sa ministre du budget, Valérie Pécresse, assure qu'"il faut un plan crédible, un plan qui sera jugé comme un engagement que l'Italie tiendra et je crois que c'est urgent. Je crois en même temps que ça passe par une nouvelle gouvernance italienne".
  • La Commission européenne craint une récession en Europe. "La croissance s'est arrêtée en Europe et nous pourrions connaître une nouvelle phase de récession", a prévenu le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, à l'occasion de la publication des prévisions économiques d'automne de l'exécutif européen. La Commission a, par ailleurs, revu à la hausse ses prévisions de déficit public en Grèce cette année et l'an prochain, à respectivement 7,8 % et 5,4 % du produit intérieur brut, alors que le pays reste englué dans la récession. En ce qui concerne le cas français, la croissance devrait s'établir à 0,6 % en 2012, selon les prévisions de la Commission européenne, plus pessimistes que celles du gouvernement, qui table sur 1 % de croissance l'an prochain.
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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 12:53

LEMONDE.FR avec AFP | 10.11.11 | 09h48   •  Mis à jour le 10.11.11 | 12h05


 

Après une manifestation dans les rues de Koungou (Mayotte), le 9 octobre 2011.

Après une manifestation dans les rues de Koungou (Mayotte), le 9 octobre 2011.AFP/RICHARD BOUHET

Il ne manquait plus qu'une signature pour mettre fin à quarante-cinq jours de grève à Mayotte. L'intersyndicale et les associations de consommateurs de l'île avait en effet donné leur accord, mercredi 9 novembre, à la "suspension" du mouvement social contre la vie chère et leur intention de signer le projet de sortie de crise présenté par le médiateur gouvernemental et ex-préfet de ce département de l'océan Indien, Denis Robin. Fin connaisseur du territoire mahorais, il avait été nommé par la ministre de l'outre-mer, Marie-Luce Penchard, au début du mois de novembre.

BAISSE DES PRIX

Pourtant, l'intersyndicale n'est pas venue signer, jeudi matin, l'accord tant attendu. Les représentants de l'Etat et du patronat l'attendaient à 9 heures, soit deux heures de plus qu'en métropole, à la Case Rocher, bâtiment officiel de Petite Terre. Comme prévu. Le projet d'accord prévoit une baisse des prix de la viande de bœuf de 10 %, principal point de crispation du mouvement, une fixation du prix du sable de construction à 35 euros la tonne partout dans l'île et une négociation concernant le gaz, dont le prix est maintenu jusqu'à l'entrée en vigueur de la réglementation par l'Etat.

Présent à la Case Rocher, M. Robin a affirmé que sa tâche était terminée. Il laisse désormais le protocole entre les mains du préfet de l'île et doit quitter le département après un peu moins de dix jours passés sur place. "Je remets ce protocole au préfet de Mayotte, Thomas Degos, il pourra être signé à tout moment dès que les acteurs le décideront", a-t-il indiqué dans un communiqué dans lequel il indique que sa mission est "achevée". La crise a conduit à des pénuries, à l'interruption de l'activité commerciale et touristique ainsi qu'à des heurts violents entre manifestants et forces de l'ordre. Des violences qui ont fait un mort et plusieurs blessés depuis le 21 septembre.

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