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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 18:53

Paru dans L’Humanité, vendredi 18 novembre-dimanche 20 novembre 2011

Rubrique « L’entretien », pp.16-17

  

 

Philippe Corcuff

 

« Pour reprendre vie, la forme parti devrait se faire plus expérimentale et mobile »

 

 

Maître de conférences en science politique, Philippe Corcuff analyse l’émergence de mouvements, comme ceux des Indignés, parallèlement au rejet de la forme parti et aux tentatives de rénovation des formations politiques. Á partir de son travail sociologique sur l’individualisme contemporain et l’individualité, il porte un regard critique sur les pratiques militantes ponctuelles et le « racisme social » qu’elles sous-tendent.

 

 

Existe-t-il, à l’aube du XXIe siècle, de nouvelles façons de s’engager ?

Philippe Corcuff. Il faut éviter de s’emballer sur la « nouveauté » supposée des formes d’engagement comme d’autres comportements sociaux. La proclamation tous les quatre matins du « nouveau » participe de l’inconscient médiatique et, plus largement, de ce que l’historien François Hartog appelle « le présentisme » (1), c’est-à-dire un culte du présent qui ne vit que dans l’instant. C’est une des tendances qui travaille le rapport au temps des sociétés occidentales en ce début de XXIe siècle. Cela ne veut pas dire que rien ne bouge. Il y a des conjonctures d’effervescence sociale variables et des passages entre elles. Ainsi on retrouve aujourd’hui des rapports à l’action qui ont déjà (ré-)émergé dans la période créatrice des années 1968-1970 : valorisation de l’autonomie individuelle plutôt que de la discipline collective, de la créativité culturelle face à l’uniformisation, de l’horizontalité par rapport à la verticalité, etc. Par ailleurs, aujourd’hui, comme dans les années 1968-1970, ces tendances au renouvellement ne sont pas exclusives. D’abord, elles percutent aussi les associations, syndicats et partis plus anciens. Ensuite, des phénomènes traditionnels, comme la délégation ou la spécialisation des tâches, persistent dans les structures nouvelles. Il faut voir l’inventivité ordinaire comme un bricolage mêlant des matériaux stabilisés, d’autres réactivés après une période d’oubli et d’autres encore plus neufs. La partition « ancien »/« nouveau » apparaît mal ajustée pour en rendre compte. En outre, il y a souvent dans la dichotomie « ancien »/« nouveau » une tendance à un racisme social situant les formes plus populaires du côté d’un « ancien » supposé « archaïque » et celles portées par des couches moyennes plus diplômées – comme les journalistes ! - du côté d’un « nouveau » supposé « inventif ».

 

Cette année a notamment été marquée par l’émergence du mouvement dit des Indignés qui, pour une part, rejettent les « carcans » des partis politiques traditionnels. Que révèle ce type d’expression démocratique ?

Philippe Corcuff.Les partis de gauche ont fréquemment été traversés par une double arrogance : prétention à définir seuls les clés de la politique « sérieuse » et rhétorique de « la direction » du mouvement social. Les prémisses de cette double arrogance ont été mises en cause par le syndicalisme révolutionnaire dès le début du XXe siècle, par exemple dans la Charte d’Amiens de 1906. D’autre part, comme les partis conservateurs, les gauches ont été entraînées progressivement dans le processus moderne de représentation politique professionnalisée ; la politique étant déléguée à divers spécialistes en faisant un métier quasi permanent.Un mouvement comme celui des Indignés exprime une résistance démocratique face à la toute-puissance de cette représentation politique professionnalisée, qui confond ce que le philosophe Jacques Rancière appelle justement « les États de droit oligarchiques » contemporains avec l’idéal démocratique (2). C’est donc une bonne nouvelle pour la promesse démocratique qui ne peut que se heurter aux institutions existantes.Toutefois ce type de mouvement développe aussi des illusions. Dans un article écrit avec Lilian Mathieu, nous avons montré que les mécanismes de capitalisation du pouvoir, de division des tâches, de hiérarchie dans l’accès à l’information et à la parole ne sont pas des phénomènes concernant seulement les partis, mais aussi les mouvement sociaux (3). Et cela de manière subreptice et plus invisible quand ces mouvements se gorgeant de leur « nouveauté » n’y prennent pas suffisamment garde, croyant avoir évacué tous les problèmes dans la dénonciation exclusive des partis.

 

Ces mouvements sont-ils un signe de l’individualisation de nos sociétés et de ses effets sur le politique ?

 Philippe Corcuff. L’individualisation constitue une des logiques principales à l’œuvre dans nos sociétés, mais qu’une de ces logiques. La logique de division en classes, à travers la contradiction capital/travail, en est une autre toujours prégnante. L’interaction des deux nous fait d’ailleurs mieux comprendre pourquoi la question sociale est fréquemment ressentie de manière davantage individualisée aujourd’hui. Rappelons-nous du succès du slogan « Je lutte des classes » inventé par le collectif d’artistes Ne pas plier et diffusé par L’Humanité au cours du mouvement des retraites ! Les Indignés pourraient être un laboratoire posant de manière mieux articulée au sein d’un mouvement social la double exigence d’action collective et d’autonomie individuelle, de justice sociale et de reconnaissance des individus. Les partis ont souvent incarné un « tout collectif », alors que semblent ici se chercher des modes plus souples de coopération des individus. Cet individualisme contemporain apparaît cependant ambivalent. Il inclut des aspects désagrégateurs, comme la décomposition des liens sociaux antérieurs ou des pathologies narcissiques, mais aussi des composantes émancipatrices, comme l’élargissement de marges quotidiennes d’autonomie ou le desserrement du carcan de la famille patriarcale sur les femmes et les enfants. Sur le plan de l’engagement, il a au moins une double face. D’une part, un désinvestissement relatif des formes représentatives, par exemple à travers l’abstention ou un vote plus « intermittent » ; d’autre part, l’émergence de formes déplacées d’engagement comme le mouvement des Indignés. Ce processus est porteur d’effets ambivalents du point de vue de la délégation. Il stimule la critique de la délégation dans les diverses organisations, mais nourrit aussi une demande de délégation des tâches militantes à d’autres afin de pouvoir s’occuper davantage de sa vie personnelle et familiale. Présentisme et individualisme peuvent alors interagir pour alimenter un zapping citoyen continu : un jour les retraites, un autre jour le gaz de schiste, un autre encore Montebourg, les Indignés, etc. etc., sans guère de mémoire du passé – à court terme : qui a fait le bilan des difficultés rencontrées par le mouvement des retraites ? ou à long terme : comment rendre compte des impasses totalitaires comme des divers échecs de deux siècles de combats pour faire émerger une société non-capitaliste démocratique ? – ni d’ouverture vers un avenir radicalement différent.

 

Comment, dans ce cadre, interpréter l’émergence de nouvelles forces politiques ces dernières années ou, plus récemment, la participation à la primaire socialiste ?

Philippe Corcuff. La participation, fort relative, à la primaire socialiste s’inscrit dans les contradictions de la période. D’abord, il faut relativiser cette participation : les couches populaires et les jeunes ont, semble-t-il, peu participé, et ce sont les milieux déjà les plus engagés dans la vie de la cité (syndiqués et militants associatifs) qui apparaissent s’être le plus mobilisés. Pour ce qui est des participants, on peut observer un effet du zapping présentiste. De ce point de vue, il pourrait y avoir une analogie paradoxale, dans la prépondérance du ponctuel par rapport au durable, entre le mouvement des Indignés et le dispositif de la primaire. Et puis, on perçoit une aspiration démocratique à peser sur le cours des choses, mais sous la forme d’une délégation à des professionnels de la politique, qui ont beaucoup de ressemblances, puisqu’ils incarnent différentes variantes d’une même politique sociale-libérale. Comme si, dans ce processus composite, il y avait à la fois la critique de la délégation et la demande de la délégation dont j’ai parlé. Ces logiques ambivalentes conduisent à ce que, bien que critiquées et relativement délégitimées, notamment par l’abstention populaire, les forces politiques traditionnelles demeurent hégémoniques sur l’espace politique institutionnel. Quant aux nouveaux partis (comme le NPA, le PG et Europe Écologie-les Verts) et regroupements (comme le Front de gauche et la Fase), ils continuent à être affectés par les critiques et les désaffections relatives vis-à-vis des organisations traditionnelles, sans pour autant avoir réussi à donner un sens renouvelé à la forme partisane dans des secteurs larges de la population. Ils peuvent tout au plus bénéficier à un moment ou un autre du zapping présentiste, mais c’est fort aléatoire et temporaire. Par ailleurs, l’inertie des habitudes et des logiques organisationnelles tend à entraver les dynamiques expérimentales. « Le mort saisit le vif », écrivait Marx : le passé mort tend à figer la créativité potentielle du présent vivant.

 

Peut-on éviter le rejet de la forme parti ou vous apparaît-elle inéluctable ?

Philippe Corcuff.Je vais ajouter ici à ma casquette de sociologue celle de mon expérience militante au NPA. La  tendance présentiste à privilégier en pratique le ponctuel sur la durée dans nombre de mouvements sociaux contemporains souligne en creux l’importance de la forme parti, afin d’apporter des formes de stabilisation relative à l’action émancipatrice. Le philosophe et militant Daniel Bensaïd a fourni, à la fin de sa vie, des ressources intellectuelles stimulantes pour que l’action présente retrouve tout à la fois des racines dans le passé, à travers une mémoire critique, et une projection vers un avenir inédit, en se dégageant de l’enlisement dans une immédiateté toujours recommencée (4). Toutefois, pour qu’elle reprenne davantage vie, la forme parti devrait se faire plus expérimentale et mobile : dans la rupture avec la représentation politique professionnalisée, dans les dispositifs démocratiques, dans la réévaluation des rapports populaires et ordinaires au monde, dans les relations entre le je et le nous, dans une démarche non hiérarchique et non instrumentale vis-à-vis des groupes extérieurs, dans l’exploration intellectuelle, dans une éducation populaire plus interactive, etc. De ce point de vue, deux gestes forts, mais trop isolés, ont été posés au sein du NPA : le retrait d’Oliver Besancenot de la course présidentielle, critique libertaire en acte de la professionnalisation politique, et la présentation d’un ouvrier, Philippe Poutou, pour porter, au sein d’un paysage politique sociologiquement peu varié, les aspirations à la dignité populaire dans la présidentielle. Cela ne justifie pas pour autant le qualificatif de « nouveau » dans le sigle du NPA et son pari rénovateur a même tendance à s’enliser. Ici, le dialogue entre les forces à gauche de la gauche peut être important. Non pas sur le plan électoral, où les stratégies butent inévitablement sur la question du rapport au PS, mais dans la perspective d’une mutualisation des expériences militantes. Il y a vraisemblablement au PCF, au PG, à Europe Écologie-les Verts, chez les Alternatifs, chez les Objecteurs de croissance, à Alternative Libertaire, à Lutte Ouvrière, au NPA et ailleurs, diverses expériences localisées mal connues pour fabriquer autrement de la politique à partir du quotidien des exploités et des opprimés : pourquoi ne pas échanger régulièrement sur un tel terrain, plus prometteur dans l’immédiat que le terrain électoral, trop obsessionnel ?

 

Entretien réalisé par Lina Sankari

 

Notes :

 

(1) Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, de F. Hartog,  Éditions du Seuil, 2003.

(2) La haine de la démocratie, de J. Rancière, Éditions La Fabrique, 2005.

(3) « Partis et mouvements sociaux : des illusions de "l’actualité" à une mise en perspective sociologique », de P. Corcuff et L. Mathieu, revue Actuel Marx, n°46, 2009, [http://www.cairn.info/revue-actuel-marx-2009-2-page-67.htm].

(4) Voir D. Bensaïd, Une radicalité joyeusement mélancolique, textes choisis et présentés par P. Corcuff, Textuel, 2010.

 

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Biographie express

 

 Né à Orant le 15 avril 1960, Philippe Corcuff est docteur en sociologie de l’École des hautes études en Sciences Sociales. Après une thèse sur la construction du mouvement ouvrier à partir de l’étude d’un syndicat de cheminots, il publie Bourdieu autrement, où il propose une lecture différente de sa sociologie. Il est aujourd’hui maître de conférences de science politique à l’IEP de Lyon, membre du conseil scientifique d’Attac. Philippe Corcuff a participé à la fondation de  l’université populaire de Lyon et de l’université critique et citoyenne de Nîmes. Après avoir milité au PS, il est aujourd’hui militant du NPA. Son dernier ouvrage s’intitule B.a.-ba philosophique de la politique pour ceux qui ne sont ni énarques, ni politiciens, ni patrons, ni journalistes (éditions Textuel, collection « Petite Encyclopédie Critique », 2011).

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 18:50
Régis Soubrouillard - Marianne | Samedi 19 Novembre 2011 à 12:01
Mario Monti a été officiellement intronisé jeudi président du conseil italien après un vote de confiance du sénat italien. Pour prouver son indépendance, cet ancien cadre de Goldman Sachs répète qu'il a été qualifié de «Saddam Hussein du business» pour avoir empêché des fusions de grands groupes. Au-delà du personnage c'est le gouvernement Monti composé de technocrates hors du jeu démocratique, considérés comme seuls capables d'appliquer les mesures qui s'imposent, qui pose question.



Un gage de sérieux ou la confiscation du pouvoir par des technocrates « éclairés » ? C’est la question qui se pose après la nomination des 17 ministres du gouvernement Monti en Italie. Sans que l’une des propositions ne soit nécessairement exclusive de l’autre. La composition du gouvernement a surtout des allures de cellule de crise. Le PDG d’une banque au développement économique, une avocate à la justice, une préfète à l’Intérieur, un amiral à la Défense, une économiste aux retraites, un ambassadeur aux affaires étrangères, un professeur d’histoire du christianisme à l’intégration, Andrea Riccardi, fondateur de la très influente Communauté de Sant'Egidio, institution de l'Église. Enfin, un ancien recteur à l’éducation. La dream team de la technocratie.

Des techniciens, véritables managers d'Etat, reconnus pour leurs compétences, qui ne se feront pas tirer l’oreille pour appliquer au plus vite les mesures d’austérité préconisées par les organisations mondiales et européennes.
Mais, précisément, c’est cette Europe de technocrates construite trop vite, à l’abri des peuples, caractérisée par la fuite en avant de l’élargissement, avec cet euro pour totem, qui s’effondrent sous nos yeux. Une Europe de technocrates auxquels les nations européennes apportaient jusque là précisément un peu de la légitimité politique que Bruxelles n’était jamais parvenue à obtenir.

Dès 2004, Marcel Gauchet pointait cette dérive dans un texte intitulé Le problème européen : « En se développant, l’Europe politique a changé de nature, d’une manière qui eût exigé de repenser son objet et les institutions adéquates à son dessein. En n’assumant pas cette transformation et en s’acharnant à enfermer le nouveau dans le corset de l’ancien, elle est devenue un carcan anti-politique, ne répondant à aucune des attentes que les peuples placent dans une communauté politique et secrétant la désorientation et l’anxiété ».

Gouvernement de technos: le symptôme d'une crise dans la crise
Les gouvernements Mario Monti, à Rome, et Lucas Papademos, à Athènes, ne font ainsi que rajouter de la technocratie à la technocratie poussant la logique post-démocratique européenne à son paroxysme. Et l‘union européenne devient toujours un peu plus étrangère aux citoyens qui la composent.

Sur son blog, l‘essayiste belge Charles Bricman
fait ainsi remarquer que « l’arrivée au pouvoir des technocrates a les couleurs d’un contresens: nous venons d’un monde de nations politiques, théoriquement démocratiques, qui pour éviter de continuer à se détruire mutuellement dans des guerres barbares, ont fondé une agence intergouvernementale et concrètement technocratique qu’on appelle l’Europe; un esprit simple comme le mien en déduit que l’étape suivante devrait normalement consister à donner à l’agence une assise démocratique lui permettant de légitimer les limitations qu’elle impose aux anciennes souverainetés nationales; au lieu de quoi c’est l’inverse qui se produit: la prise du pouvoir au sein des anciennes nations par les technocrates de l’agence. Ce n’est pas seulement une faute de goût. C’est la cause première d’une crise qui vient dans la Crise et qui pourrait tout aussi bien nous ramener un siècle au moins en arrière, un peu avant août quatorze ». 

Quoi de plus normal après tout que d’appler les technos à la rescousse en temps de crise. Déjà le concept même de crise est une invention technocratique. De ces mots magiques brandis à tout va (crise financière, crise écologique, crise alimentaire) qui permettent à la technocratie de fuir ses responsabilités, nier ses errances, échapper à ses faillites, d’ignorer son incapacité à apporter des réponses aux évolutions du monde et de s’adapter ou résister au réel. Qu’est-ce qu’une crise sinon un imprévu, une révolution, l’aveu d’une impuissance face à un monde en évolution permanente. Rien à voir avec la notion immédiate de catastrophe auquel on associe le terme aujourd’hui. Etymologiquement, une crise n’est qu’une « décision ».  Ses conséquences pourront en revanche être terribles.

Gouverner sans les politiques, un rêve de technocrate
Après le premier krach de 2008, la plupart des élites européennes ont cherché à se rassurer, ne voyant là qu’une réédition de la crise de 1929, cherchant, dès lors, en toute logique, à appliquer les mêmes recettes qu’à l’époque de la crise des années 30. Patatras ! Les plans de relance ont fait long feu. Pis, croyant éteindre l'incendie, ils n’ont fait que l’attiser un peu plus.

Economiste formé aux Etats-Unis, passé par l’école Goldman Sachs, commissaire européen pendant dix ans, Mario Monti fait figure de casting idéal en ces temps tourmentés pour appliquer « les mesures qui s’imposent ». L’absence de représentants des partis « facilitera plutôt l’action gouvernementale » a lâché l’intéressé au moment de sa prise de fonction. Un lapsus politique qui vaut son pesant d’or. Les politiques envisagés comme des empêcheurs de gouverner en rond. Autant dire que la politique est un obstacle à l’exercice de la démocratie…

C’est là une des vertus de cette fameuse crise que de révéler toujours un peu plus les vices cachés de la construction européenne. Depuis sa fondation, la règle tacite en Europe est que moins le processus est influencé par la politique, plus grande sera la légitimité des technocrates.

Est-ce pour autant le bon moment pour rendre aux technocrates les clés de la maison Europe ? La crise financière n’ouvrait-elle pas une fenêtre de tir pour un retour en force des politiques au cœur du système.  Sans doute. Les politiques mais quels politiques ? Pour quelle politique ? Les politiques au pouvoir n'ont jamais montré leur capacité à mettre en oeuvre une vision européenne ambitieuse et mobilisatrice, pas plus que leur capacité à émanciper le projet européen d'un économisme désincarné.

Berlusconi applaudit des deux mains
On pourra se désoler de voir que le départ de Berlusconi doit plus aux pressions du FMI qu’à un désaveu du peuple italien, et nous ne verserons pas de larmes de crocodiles sur la figure d’Il Cavaliere. Mais cette victoire des technos ne signe qu’un nouvel échec majeur des politiques.

Déjà au niveau européen, les citoyens assistaient immobiles à un processus qui échappait à toute sanction. Ce sont désormais les gouvernements nationaux qui échappent à la sanction électorale.

Lorsque les gouvernements prennent des décisions ; si elles sont mauvaises ils en payent le prix. Le gouvernement Monti échappe à cette confrontation avec les électeurs, à la concurrence avec les autres partis. Le risque zéro. Un hors jeu démocratique le temps de faire le sale boulot. En Italie, la classe politique a vite compris tout l’intérêt qu’elle avait à ne pas taper trop fort sur le nouveau venu , affichant un soutien quasi-unanime au gouvernement.   Le gouvernement Monti a obtenu un vote de confiance historique au Sénat italien avec 281 voix sur 307.

Interrogé, Silvio Berlusconi a concédé : « Nous sommes entre de bonnes mains ». Des mains expertes et une bénédiction aux allures d’épitaphe pour tout le peuple italien.
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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 18:17

LEMONDE.FR avec AFP | 19.11.11 | 12h52

 

Les salariés de l'usine de Yucheng, près de Huangjiang, se sont mis en grève après le licenciement le mois dernier de 18 de leurs cadres, interprété par les ouvriers comme un signe de prochaine délocalisation.

Une grève dans une usine chinoise de chaussures Nike et Adidas fait plusieurs blessés

Les salariés de l'usine de Yucheng, près de Huangjiang, se sont mis en grève après le licenciement le mois dernier de 18 de leurs cadres, interprété par les ouvriers comme un signe de prochaine délocalisation.
 

De violents heurts ont opposé la police chinoise et les 7 000 salariés grévistes d'une fabrique de chaussures Adidas, Nike et New Balance du sud de la Chine, a annoncé vendredi 18 novembre le China Labor Watch (CNW), spécialisé dans la défense des droits de l'homme. D'après un communiqué de l'organisation, des dizaines d'ouvriers qui protestaient contre des licenciements et des réductions de salaires ont été blessés jeudi lorsque les forces de l'ordre ont tenté de démanteler un barrage installé sur la rue principale de la ville située près de Dongguan, dans la province de Guangdong.

Les salariés de l'usine de Yucheng, près de Huangjiang, se sont mis en grève après le licenciement le mois dernier de 18 de leurs cadres, interprété par les ouvriers comme un signe de prochaine délocalisation, a ajouté CNW dont le siège est à New York. L'un des personnels licenciés a déclaré au China Business News que son départ faisait partie d'un projet de déménagement de la production dans la province de Jiangxi afin de réduire les coûts qui sont plus élevés dans le vaste pôle manufacturier de Dongguan.

La suppression de primes de rendement et des heures supplémentaires a attisé la colère des ouvriers. "Notre salaire de base mensuel n'est que de  1 100 yuans (130 euros)" et "nous avons vraiment besoin de faire des heures supplémentaires", a déclaré une ouvrière au Yangcheng Evening. Selon le journal, les interventions des autorités locales pour un maintien des heures supplémentaires, sont restées sans réponse de la part de la direction de l'usine qui est la propriété d'un groupe d'investissement de Taïwan.

Cette grève est la dernière d'une série d'incidents et de mouvements sociaux qui ont éclaté dans le Guangdong, une région connue comme le grand atelier du monde et qui attire des dizaines de millions de travailleurs migrants.

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 18:13

LEMONDE | 19.11.11 | 13h59   •  Mis à jour le 19.11.11 | 14h52

 
 

Maintenant l'Europe parle allemand." Maladroit, choquant, le propos du président du groupe parlementaire CDU-CSU, Volker Kauder, au Bundestag, mardi 15 novembre, n'a pourtant fait qu'illustrer le statut que l'Allemagne a officieusement acquis ces derniers mois.

Ce sont les marchés qui l'ont consacrée. Mais aussi l'opinion publique. Désormais, la chancelière allemande, Angela Merkel, peut faire la leçon et imposer ses vues pour résoudre la "pire crise depuis l'après guerre" de l'Union monétaire. Mythe ou réalité ?

Membre du club très fermé des pays notés AAA (l'équivalent d'un 20/20) par les agences de notation, le pays revêt à première vue toutes les qualités - ou presque - dont peut rêver un chef d'Etat. Un déficit public en baisse que le Fonds monétaire international (FMI) voit à moins de 1,7 % du produit intérieur brut (PIB) en 2011. Un stock de dettes, certes élevé à 82,6 % du PIB, mais sur la pente descendante. Un chômage contenu à 6 % de la population active (contre 9,5 % prévu en France). Et, enfin, une balance des paiements courants excédentaire.

Mais, aux yeux des experts, Berlin n'est pas si exemplaire. "Son déficit est honteusement truqué !", dénonce Sylvain Broyer, économiste chez Natixis. Et de développer : après le choc de 2008, le pays a eu recours à une tactique légale, mais peu éthique, pour comptabiliser les dizaines de milliards d'euros déboursés (ou offerts en garanties) afin de relancer son économie et sauver son secteur financier.

Les sommes, poursuit M. Broyer, ont été logées dans un fonds spécial "Sondervermögen" qui a contribué à faire grossir la dette mais n'est pas pris en compte dans le calcul du déficit public. Sans cette astuce le déficit allemand en 2009 n'aurait pas été de 3,2 % mais de 5,1 %, calcule Natixis. Un niveau comparable à celui de la France... De quoi faire écho aux propos de Jean-Claude Juncker, le président luxembourgeois de l'Eurogroupe. "En Allemagne, on fait souvent comme si le pays n'avait aucun problème, comme si l'Allemagne était exempte de dettes tandis que tous les autres auraient des dettes excessives", a-t-il lâché récemment. Une contre-vérité à ses yeux : "L'Allemagne a une dette plus élevée que celle de l'Espagne. Seulement personne ne veut le savoir ici."

RALENTISSEMENT

De fait, selon la Commission européenne, si l'on regarde le ratio dette sur PIB, l'Allemagne fait moins bien que neuf autres pays de la zone euro. Et malgré des recettes fiscales en forte hausse (de 40 milliards d'euros) en 2011 grâce à une croissance dynamique, la dette publique devrait croître, en valeur absolue, cette année de 25 milliards d'euros. La rigueur allemande serait donc toute relative ? D'influents économistes allemands, de sensibilités différentes, partagent l'avis de M. Juncker.

"Le niveau de la dette allemande est inquiétant, si l'on se projette dans l'avenir", juge Henrik Enderlein, dirigeant de la Hertie School of governance. Le déclin démographique du pays, qui contribue à modérer le taux de chômage, se traduira par "une baisse massive des recettes du gouvernement", explique-t-il. Dans le même temps, le vieillissement de la population va faire exploser les coûts de la sécurité sociale et de l'assurance-maladie". En 2010 une étude de la Banque des règlements internationaux (BRI) chiffrait d'ailleurs l'explosion des dépenses de santé en Allemagne à 10 % du PIB en 2035...

"La dette est bien au-dessus des 60 % prévus par le traité de Maastricht. L'Allemagne non plus n'a pas rempli sa tache", déplore Hans-Werner Sinn. Le très influent président de l'Ifo poursuit : "L'endettement déjà élevé montre que l'Allemagne ne peut sauver personne sans perdre elle-même sa notation." Autrement dit, le pays ne serait pas à l'abri, lui non plus, d'une dégradation qui le verrait perdre, un jour, son "AAA", sésame pour emprunter à bon compte sur les marchés financiers. A travers sa participation au Fonds européen de stabilité financière, censé sauver les pays en déroute de l'Union monétaire, "l'Allemagne a déjà mis sa note gravement en danger. Les primes d'assurances sur les emprunts à dix ans de l'Etat allemand ont décuplé par rapport à ce qu'ils étaient avant la crise", précise l'économiste eurosceptique.

Jochen Möbert, économiste à la Deutsche Bank , évoque "trois risques (qui) pourraient menacer la note allemande : une récession, une aide accrue aux pays périphériques et une aversion des marchés pour les emprunts d'Etat". L'Allemagne n'est pas menacée de récession. Mais, comme l'ensemble de la zone euro, elle est promise à un ralentissement en 2012 : les experts tablent sur une croissance de 0,9 % l'an prochain contre 3 % en 2011.

Pour l'heure, les marchés, qui désormais n'hésitent plus à s'attaquer à la Belgique ou à la France, réservent à l'Allemagne un traitement de faveur. Dans la zone euro, d'ailleurs, c'est Berlin qui doit débourser le taux d'intérêt le plus faible pour emprunter.

Mais le "modèle de stabilité allemand", hérité en grande partie des réformes structurelles (marché du travail, système des retraites) menées sous le gouvernement Schröder, soit bien avant la crise, n'est pas non plus un rempart imprenable. A en croire les économistes en tout cas.

Claire Gatinois et Frédéric Lemaître (à Berlin)

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 13:23

resistanceinventerre -  Ploutopia – 18/11/11


http://ds4.ds.static.rtbf.be/article/big_info/e/f/0/624_341_3b4364ba35d40cb1ae1fc264ca5c3525-1321366380.jpg

Les marchés faisaient déjà les programmes des gouvernements. Ils font maintenant les gouvernements, mieux encore : ils désignent les leurs comme Premiers ministres ! Cela a, au moins, le mérite de la clarté. 

Et quand on dit « les marchés », il faudrait préciser les banques et même, dans les cas qui nous occupent, une banque, la Goldman Sachs, celle-là même qui était au centre de la tourmente financière de 2008. 

Car qu’est-ce qu’il y a de commun entre Mario Draghi, le nouveau président de la Banque centrale européenne, Mario Monti, le nouveau président du Conseil italien, et Lucas Papademos, le néo-Premier ministre grec ? Et bien, Goldman Sachs, pardi ! Le successeur de Jean Claude Trichet a été vice-président de Goldman Sachs International de 2002 à 2005, l’autre Mario, Mario Monti, a été conseiller international de la même banque depuis 2005 et ce, jusqu’à sa nomination à la tête du gouvernement italien. 

Quant à Lucas Papademos, il était gouverneur de la Banque centrale grecque lorsque celle-ci maquillait ses comptes avec l’aide de qui ? Goldman Sachs, évidemment. Cette concentration de pouvoir est totalement inédite dans l’Histoire. 

Et bien entendu, nos ex-banquiers vont mener des politiques d’austérité draconiennes qui vont à la fois étrangler les économies, désespérer les peuples et profiter à leurs anciens employeurs. Et plus généralement, à l’ensemble du système bancaire qui, depuis 2008, ne cesse de passer et repasser à la caisse des États. 

On me dira que c’est l’impuissance ou l’incapacité des dirigeants politiques qui a mis au pouvoir les banquiers, rebaptisés « techniciens » avec la dose de fausse neutralité que ce titre veut suggérer. Certes, ce sont les politiques eux-mêmes qui leur ont offert les clefs des palais. 

Mais la situation que nous connaissons aujourd’hui est d’abord le fruit d’une guerre idéologique sans précédent menée par le capitalisme financier qui réussit à présenter la défense de ses intérêts comme la seule solution de « bon sens ». 

Le paradoxe est énorme : voilà donc ceux qui, depuis 2008, ont plongé le monde dans la crise, à la tête de gouvernements et d’institutions européennes. Je ne sais pas si on mesure bien ce que nous sommes en train de vivre. 

Jamais depuis la crise de 1929, le monde occidental n’a vécu ce double mouvement tragique d’une régression sociale d’une violence inouïe et d’une perversion de la démocratie aussi patentée. Le dérèglement du monde avec son cortège de malheurs et, sans doute un jour, de violences n’en est qu’à ses prémices.

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 13:07
| Par Fabrice Arfi et Karl Laske

 

L'ancien directeur général des douanes, et futur directeur du budget, festoyant sur un bateau immatriculé au Luxembourg, puis prenant gentiment la pose à côté du marchand d'armes millionnaire, spécialiste des commissions et de l'évasion fiscale : c'est la dernière surprise de l'affaire Takieddine.

Pierre-Mathieu Duhamel, 55 ans, tout à la fois haut fonctionnaire (il a enchaîné les postes importants), homme politique de droite et «pantouflard» dans le privé, fête, en juillet 2002, sa toute récente Légion d'honneur sur le bateau de Ziad Takieddine, La Diva. Il est en compagnie de Thierry Gaubert, l'ami et l'ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy.

Ancien patron des douanes et secrétaire général de Tracfin, le service anti-blanchiment du ministère des finances (1996-1999), il sera promu cinq mois plus tard à la puissante direction du budget au ministère de l'économie et des finances. L'homme est aujourd'hui président du comité stratégique du géant de l'audit KPMG (lire son CV sous l'onglet «Prolonger»).

« J'ai été imprudent, je veux bien concéder ça, a commenté M. Duhamel, interrogé par Mediapart. Léger aussi, peut-être, mais ces photos sur un bateau ne font pas de moi un intime de M. Takieddine.»

 

M. Duhamel, au centre.  
M. Duhamel, au centre.

L'imprudence s'est pourtant prolongée de 2002 à 2006, quand M. Duhamel, devenu directeur du budget, a accepté d'autres invitations de M. Takieddine, qui dissimulait alors la totalité de ses propriétés au fisc.

Des propriétés fréquentées aussi par le ministre du budget d'alors, Jean-François Copé, et sa famille. Comme nous l'avons expliqué ici, le marchand d'armes, résident fiscal en France, a réussi l'exploit de ne payer aucun impôt durant dix ans, malgré des biens estimés par lui à 100 millions d'euros – acquis grâce à une partie de ses commissions dans la vente des frégates à l'Arabie saoudite et des sous-marins au Pakistan.

 

M. Duhamel
M. Duhamel

C'est l'amitié de Thierry Gaubert qui a conduit l'ancien patron des douanes sur La Diva et, dès juin 2002, au dîner organisé par M. Takieddine dans sa somptueuse résidence parisienne, avenue Georges-Mandel. Nous avons publié ici l'album photo de cette soirée, mais aussi ici les photos de Brice Hortefeux, Jean-François Copé et Thierry Gaubert en croisière sur le yatch du M. Takieddine.

Lors d'un entretien accordé à Mediapart, Pierre-Mathieu Duhamel a tenu à souligner que le directeur du budget n'a « aucune compétence fiscale » et « ne s'occupe pas des impôts des particuliers ».

« Je vous fais observer qu'il connaissait le ministre du budget »

 

MM. Duhamel et Copé
MM. Duhamel et Copé© (dr)

Comme Jean-François Copé avant lui, M. Duhamel prétend, sans convaincre, qu'il ignorait l'activité de son hôte. « Je savais qu'il était à l'abri du besoin, et qu'il avait réussi dans les affaires, mais pas plus, dit-ilJe ne lui ai jamais demandé "de quoi vivez-vous".» Et son absence de curiosité a été partagée par sa compagne venue elle aussi chez M. Takieddine : « Nous n'avons pas parlé de ça », assure-t-il.

Le marchand d'armes a-t-il sollicité l'intervention du directeur du budget sur son dossier ou d'autres ? « Il ne l'a pas fait, répond M. Duhamel. Je vous fais observer qu'il connaissait quand même le ministre du budget. S'il avait eu un sujet de cette nature, ce que j'ignore, il était plus simple de s'adresser à lui. »

Alors qu'il a attiré à plusieurs reprises la curiosité des agents du fisc, M. Takieddine a réussi, semble-t-il, à éloigner les curieux. La force symbolique de son carnet d'adresses ne peut pas tout expliquer. Comme Mediapart en a déjà rendu compte, le marchand d'armes était en possession de dossiers présentant les litiges fiscaux de deux particuliers. Et dans l'un de ces dossiers, l'on a retrouvé, précieusement archivée, une lettre de M. Copé.

Une écoute judiciaire réalisée, le 20 juin 2011, révèle un échange sibyllin entre Thierry Gaubert et Ziad Takieddine à ce sujet.

— M. Takieddine : « Cinq contrôles fiscaux, jusqu'à maintenant. Cinq. »

M. Gaubert : « Ah bon. »

M. Takieddine : « Mais tu es, tu es où là ? »

M. Gaubert : « C'est pas grave, je m'en occupe. Ok. »

M. Takieddine :« Bon ok. D'accord. Ok. Ciao. »

Interrogé sur cet échange, M. Gaubert a déclaré ne « pas voir de quoi il s'agit ». « Je ne me suis pas occupé de la situation fiscale de M. Takieddine », a-t-il dit.

Proche de Gaubert et Bazire

Si ses amitiés lui ont fait traverser les deux courants de la droite, Pierre-Mathieu Duhamel est considéré comme « l'un des hommes de Juppé passés chez Sarkozy ». C'est pourtant dans les Hauts-de-Seine, comme directeur général des services du département alors présidé par Charles Pasqua, qu'il rencontre Thierry Gaubert quand ce dernier « s'occupait de manière personnelle de la communication du maire de Neuilly ».

En 1987 et 1988, il avait été conseiller commun d'Alain Juppé et d'Edouard Balladur (ministre du gouvernement Chirac) et avait sympathisé avec Nicolas Bazire. Nicolas Bazire qu'il retrouvera d'ailleurs en 1999, lors d'un passage éclair comme secrétaire général du groupe LVMH, après avoir quitté la direction des douanes. Il est resté depuis proche de MM. Gaubert et Bazire, tous les deux mis en examen par les juges Van Ruymbeke et Le Loire dans l'affaire Takieddine.

 

M. Duhamel, au fond. MM. Gaubert et Takieddine à droite de l'image.  
M. Duhamel, au fond. MM. Gaubert et Takieddine à droite de l'image.

Directeur adjoint du cabinet de Jacques Chirac à la mairie de Paris en 1991 – fonction qui le fera apparaître plus tard dans l'affaire des emplois fictifs –, M. Duhamel est propulsé directeur de la comptabilité publique en 1994-95 par Nicolas Sarkozy, ministre du budget. Mais il rejoint encore Juppé, premier ministre, en 1995, comme directeur adjoint de cabinet, avant d'être nommé patron des douanes en 1996.

« Les douanes conservent de toi le souvenir "d'un chef incontesté et respecté" qui obtint pour la France le siège de l'organisation mondiale des douanes », déclare son ministre Alain Lambert, lors de la remise de la Légion d'honneur à Duhamel, en novembre 2002, qui vante sa « discrétion confinant vite au secret  et « sa fidélité en amitié comme  en politique ». « Tu es un soldat », lui lance-t-il. On apprend au passage que M. Duhamel « n'aime pas le poisson », mais « ne s'interdit pas la pêche au gros sous les tropiques ».

C'est dans les années 2000 que M. Duhamel rejoint le clan Sarkozy. Il retrouve Nicolas Sarkozy aux finances, lorsqu'il devient directeur du budget. En 2006, c'est la galaxie sarkozyste qui le récupère, et l'intègre au groupe des Caisses d'épargne, dont Thierry Gaubert conseille le président d'alors, Charles Milhaud.

En 2007, alors qu'il devient maire UMP de Boulogne-Billancourt – il occupera cette fonction pendant un an, après la démission de Jean-Pierre Fourcade, maire de la ville depuis 1995 –, Pierre-Mathieu Duhamel lance un appel à voter Sarkozy, comme en témoigne cette vidéo :

 

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 12:55

| Par Laurent Mauduit


Face à la nouvelle vague de licenciements et de suppressions d'emplois qui menace la France, du secteur de l'automobile jusqu'à celui de la banque, en passant par d'innombrables autres activités, Nicolas Sarkozy a choisi une détestable stratégie, celle de la dénégation. Jouant sur les mots, il a ainsi eu le front d'assurer jeudi matin qu'il n'y aurait «pas de plan social» chez PSA. En réalité, il y aura -envers et contre tout- des réductions drastiques d'effectifs, même si ce ne sera pas sous la forme de licenciements secs.

Cette hypocrisie élyséenne est d'autant plus choquante que la puissance publique dispose d'importants moyens d'action: les plus gros plans sociaux sont souvent annoncés par les entreprises qui ont précisément été le plus aidées par la puissance publique, à grand renfort de subventions prélevées sur les deniers publics et qui sont venues creuser l'endettement.

De fait, la vague de suppressions d'emplois qui a enflé depuis quelques jours est impressionnante. Le groupe automobile PSA a annoncé la suppression de 6.000 postes en Europe, dont 5.000 en France et tout particulièrement 2.000 dans le secteur de la recherche et du développement.

Au même moment, le même groupe PSA a annoncé la fermeture de son usine de Dannemarie (Haut-Rhin), spécialisée dans la fabrication de moteurs de scooters Peugeot, et prévoit des reclassements ou des départs anticipés pour les 140 salariés. Selon des documents adressés aux syndicats avant un comité central extraordinaire (CCE) prévu le 25 novembre, une quarantaine de salariés seraient reclassés dans l'autre site des scooters Peugeot à Mandeure (Doubs), selon l'AFP. Des reclassements dans d'autres usines du groupe, à Sochaux (Doubs) et Mulhouse (Haut-Rhin), et des départs anticipés sont prévus pour le reste des salariés, a expliqué le délégué CGT Emmanuel Guillier.

Outre la fermeture de Dannemarie, le groupe devrait annoncer lors de ce CCE la suppression de 60 emplois à Mandeure (environ 650 salariés actuellement), a ajouté le syndicaliste, précisant que l'intersyndicale se réunissait jeudi matin pour débattre de ce plan.

De leur côté, les grandes banques françaises ont annoncé ces derniers jours une cascade de suppressions d'emploi. BNP Paribas va ainsi supprimer 1.396 postes dans ses activités de banque de financement et d'investissement (BFI), soit environ 6,5 % des effectifs du pôle. C'est ce qu'ont révélé, mercredi 16 novembre, des représentants des syndicats SNB et CFDT de la banque, à l'issue d'une réunion avec la direction. Ces suppressions devraient intervenir à hauteur de 1.023 emplois à l'étranger et 373 en France.

La Société générale va faire de même, avec un plan social qui pourrait toucher environ 1.000 personnes, dont la moitié en France. Et ces mesures devraient être complétées par un plan d'austérité salariale.


Des souffrances sociales invisibles

Ces annonces ne donnent qu'une faible idée du séisme social qui est en train de s'enclencher. Ces entreprises sont très connues et leurs plans sociaux sont donc visibles et commentés. Mais au-delà, c'est toute l'économie française qui est actuellement en train de piquer du nez, du fait de la coordination européenne des politiques d'austérité, générant une violente contraction de l'emploi et donc une envolée du chômage, dont on ne connaît pour l'heure que les signes avant-coureurs.

Or, avant même ce nouveau choc, les chiffres récents du marché du travail étaient déjà détestables. Voici les derniers en date, ceux arrêtés à fin septembre :

Le chômage en septembre 2011  *(voir sur le site Médiapart)

Ces chiffres font apparaître que le chômage est en très forte hausse. Le nombre des demandeurs d'emploi de la catégorie A s'élève ainsi à presque 2,8 millions de personnes, et celui des demandeurs d'emploi des catégories A, B et C atteint désormais plus de 4,4 millions, en hausse de 4,7% sur un an. Et dans un marché du travail, qui est maintenant très déréglementé, tout se passe très vite : c'est sous la forme de fins de contrats à durée déterminée (en hausse de 9,7% sur les douze derniers mois se terminant fin septembre), ou de fins de missions d'intérim (+13,6%), que les entreprises réduisent leurs effectifs. En clair, il n'y a pas même besoin de plan social.

Derrière les plans sociaux très visibles de PSA, BNP Paribas ou encore de Société générale, il y a donc des souffrances sociales d'autant plus violentes qu'elles ne sont pas visibles. Pas de plan social, pas d'émotion publique : la société n'est pas même alertée de l'onde de choc de la crise. Tout juste devine-t-on quelques semaines ou quelques mois plus tard les dégâts que cela a occasionné. A cause de signes terribles : le nombre en progression de SDF dans la rue ; le nombre de pauvres ou d'exclus qui fouillent les poubelles...


Deux tiers des créations d'emploi sous forme d'intérim

La violence de « l'ajustement social » auquel la France est en train de procéder – en même temps que son invisibilité, ou du moins sa discrétion –, tout cela est confirmé par le « Portrait social » que l'Insee a publié cette semaine (lire Le triste florilège des inégalités françaises). On y apprenait ceci : « L'intérim a été la principale variable d'ajustement de l'emploi à l'activité entre 2008 et 2010. Entre le 1er trimestre 2008 et le 1er trimestre 2009, les effectifs intérimaires se sont contractés de 35 %. Le taux de recours à l'intérim s'est effondré dans les secteurs marchands, passant de 4,1% au 1er trimestre 2008 à 2,8 % au 1er trimestre 2009. Dès la mi-2009, l'intérim est reparti à la hausse. Ce redémarrage précoce de l'intérim se poursuit tout au long de 2010 (+ 96.000 intérimaires). Au total, sur l'année, l'intérim contribue pour plus des deux tiers aux créations d'emploi. Le dynamisme de l'intérim s'essouffle cependant au 1er semestre 2011 (+ 17.000 créations) et le taux de recours se stabilise à 3,8 %, soit légèrement en deçà de ce qui prévalait avant la crise. »

Le fait que l'intérim contribue pour plus des deux tiers aux créations d'emploi est un phénomène nouveau et spectaculaire. Par contraste, au début des années 1980, près de neuf emplois sur dix créés étaient des contrats à durée indéterminée (CDI). Or désormais, la part des emplois en CDI ne cesse de baisser, comme le détaille l'Insee : « Le taux d'emploi en CDI a ainsi atteint un point haut au 4e trimestre 2008,où il s'établissait à 50,5% de la population, puis il a diminué en 2009. La reprise de l'activité n'enraye pas tout de suite cette diminution: le taux d'emploi en CDI continue de baisser tout au long de 2010 et début 2011 (48,7% au 1er trimestre 2011) pour ne repartir à la hausse qu'au 2e trimestre 2011. »

Toutes ces indications, lourdes de drames sociaux, montrent clairement comment les choses se passent désormais : plus besoin, le plus souvent, de recourir à un plan social en bonne et due forme ! Puisque l'intérim occupe une place aussi importante, il suffit d'y mettre le holà, à chaque fois que la conjoncture se retourne ! Cette tendance est particulièrement à l'œuvre dans le secteur de l'automobile, où souvent les effectifs sont composés à près de 50% d'intérimaires.

Et face à ces politiques sociales iniques qui visent à développer seulement les emplois précaires (intérim, CDD, temps partiel), quelle stratégie a choisi Nicolas Sarkozy ? Celle effectivement de la complicité et du déni. A l'occasion d'une cérémonie à l'Elysée pour commémorer le troisième anniversaire du Fonds stratégique d'intervention (FSI – Lire Les errements du (hedge) Fund stratégique d'investissement), il a joué sur les mots. Evoquant la situation de PSA, il a souligné que son dernier « plan de compétitivité » n'était pas équivalent à un plan social : « Je me suis entretenu hier soir et ce matin avec Philippe Varin (président du directoire de PSA - ndlr) et je peux vous annoncer qu'il n'y aura pas de plan social en France chez PSA. » Voici ce qu'a dit Nicolas Sarkozy (à écouter à partir de 6'10'') :

Une pluie de cadeaux pour des entreprises bénéficiaires

Mais évidemment, c'était une galipette. Le chef de l'Etat a voulu suggérer qu'il n'y aurait pas de suppression d'effectifs, alors qu'en réalité, il n'y aura pas de licenciement. En clair, rien n'a changé, strictement rien. Et dans la phrase suivante, Nicolas Sarkozy, presque malgré lui, l'a admis : « En particulier, les 2.000 salariés du groupe les plus directement concernés par ce projet seront tous reclassés, soit à l'intérieur du groupe, soit à l'extérieur du groupe, notamment chez des prestataires. » 

Ce tour de passe-passe est d'autant plus scandaleux que la puissance publique dispose naturellement d'énormes moyens de pression sur toutes les entreprises privées, et notamment les constructeurs automobiles et les banques. Ce sont en effet d'abord ces deux secteurs économiques qui ont été le plus aidés par le gouvernement, notamment en 2008, lors des différents plans de soutien à l'économie.

Les banques ont ainsi profité d'un plan portant sur un apport de 20 milliards d'euros en liquidité et 20 milliards d'euros en fonds propres. De surcroît, elles ont mis la main dans des conditions scandaleuses sur une bonne partie des fortunes qui sont collectées au travers du Livret A et qui ont été partiellement détournées de leur objet, le financement du logement social.

Dans le cas de l'industrie automobile, de l'argent, il en est tombé depuis 2008 comme à Gravelotte. Le portail Internet du gouvernement en dresse une liste (elle est ici) qui est très loin d'être exhaustive : prime à la casse de 1.000 euros par véhicule remplacé ; 1 milliard d'euros en soutien au crédit automobile ; 400 millions d'euros à la recherche développement et 500 millions d'euros d'aide pour les véhicules décarbonés ; 300 millions d'euros d'abondement, notamment par le FSI, pour les restructurations dans l'automobile...

Ce tableau impressionnant des cadeaux faits par le gouvernement aux entreprises, et notamment les plus grandes, n'est toujours pas terminé. A ces aides sectorielles, il faut aussi ajouter les aides générales. Ainsi dans le seul cas de la suppression définitive de la taxe professionnelle, effective depuis deux ans, on sait désormais qu'elle a été la réforme la plus coûteuse du quinquennat, puisque son coût est désormais évalué à 5 milliards d'euros. De même, on peut ajouter l'impôt sur les sociétés : comme l'ont révélé les travaux de la Cour des comptes, le taux légal d'imposition est de 33,3%, mais les grandes entreprises ne paient un taux effectif que de 12%, contre 30% pour les PME. Et le gouvernement tolère cela...


La provocation Pébereau

C'est d'autant plus choquant que, globalement, les entreprises se portent financièrement bien malgré la crise, et tout particulièrement les entreprises les plus grandes, dont celles du CAC40. Selon une étude du cabinet d'audit et de conseil Pricewaterhouse Coopers, publiée par Le Monde (17 novembre), ces entreprises du CAC40 devraient ainsi afficher un bénéfice insolent de 87 milliards d'euros en 2011, soit pas très loin du record historique de 101 milliards d'euros enregistrés en 2007. Ceci explique d'ailleurs cela : si les entreprises, malgré la crise, affichent de tels profits, c'est que l'ajustement social est en France particulièrement violent.

S'il le voulait, le gouvernement disposerait de nombreux moyens pour contraindre les entreprises à mieux partager les richesses qu'elles créent, un peu plus à l'avantage du travail, et un peu moins à l'avantage du capital et des actionnaires : soit en rendant conditionnelles les aides qu'il apporte à ces entreprises ; soit en instaurant une taxation en cas de recours abusif aux formes d'emplois précaires.

Mais visiblement, Nicolas Sarkozy a choisi de faire la sourde oreille. Pourquoi se gênerait-il ? Il se trouve même quelques hiérarques, dans la presse, pour l'applaudir en même temps que Michel Pébereau, la figure emblématique de BNP Paribas. Dans un remarquable esprit d'à-propos, un juré composé par quelques économistes de banque, de grands patrons et des responsables de la rédaction des Echos a eu ainsi l'idée d'attribuer mercredi soir au banquier, qui a souvent conseillé Nicolas Sarkozy, le « Grand prix de l'économie 2011 » (voir l'article ici). Sur son blog, l'éditorialiste Dominique Seux (il est là), applaudit à tout rompre, en faisant cette remarque « C'est un grand banquier », tout juste en l'agrémentant de ce codicille : « même si cela paraît une provocation ».

 

Vraiment ? Une provocation ? Mais puisque, parole de Nicolas Sarkozy, il n'y a pas de plan social...

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 10:36

LEMONDE.FR avec AFP | 18.11.11 | 08h05

 
 

 

Le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, juge "possible" de continuer à réduire le nombre de poste dans l'éducation après 2012.

Le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, juge "possible" de continuer à réduire le nombre de poste dans l'éducation après 2012.AFP/MARTIN BUREAU

Le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, juge "possible" de continuer à réduire le nombre de poste dans l'éducation après 2012, dans un entretien publié jeudi sur le site des Echos, et n'écarte pas pour la première fois de recourir "à un organisme indépendant" pour l'évaluation des élèves.

"Je pense que si l'on fait des réformes d'organisation et de structures du système éducatif, oui, il sera possible de réduire encore le nombre de postes en ne remplaçant pas un certain nombre de départs en retraite", déclare M. Chatel.

"Ma conviction, c'est qu'il faudra continuer à baisser la part des dépenses publiques. Ce sera au candidat soutenu par l'UMP à la présidentielle de choisir la méthode", a-t-il précisé à ce sujet. Le projet de budget 2012 prévoit 14 000 nouvelles suppressions de postes dans l'éducation, ce qui ferait près de 80 000 suppressions de 2007 à 2012.

"PAS CONTRE LE RECOURS À UN ORGANISME INDÉPENDANT" POUR L'ÉVALUATION DES ÉLÈVES

Concernant les évaluations des élèves, le ministre se dit "surpris par certaines critiques". "Maintenant, je suis ouvert à toute discussion sur la méthodologie et je ne suis pas contre le recours à un organisme indépendant. Mais notre direction générale de l'enseignement scolaire n'est pas la moins bien placée pour contribuer à ces évaluations", ajoute-t-il.

Dans un rapport de septembre (voir en PDF), le Haut conseil de l'éducation (HCE) avait critiqué les évaluations de CE1 et CM2, voulues par le gouvernement et pilotées depuis 2008 par cette direction, en réclamant de "créer un dispositif nouveau" confié à "une agence indépendante".

Concernant la réforme de la formation des enseignants, ou "masterisation", critiquée dans de nombreux rapports institutionnels, le ministre dit: "Je crois que nous sommes sur la bonne voie". A la question de savoir s'il fallait revenir en profondeur sur cette réforme, M. Chatel a répondu "non, car en confiant aux universités de former les enseignants au niveau bac+5, la France s'est mise au standard international".

Sur les rythmes scolaires, il affirme que des décisions seraient prises "avant l'élection présidentielle, s'il y a un consensus" et que "sinon, cela sera un très bon sujet de débat".

"UNE PROVOCATION DE PLUS" DU "CANCRE CHATEL"

Vincent Peillon, chargé de l'éducation dans l'équipe de campagne de François Hollande, a dénoncé jeudi "une provocation de plus du cancre Chatel" après les déclarations du ministre jugeant "possible" de nouvelles réductions de postes dans ce secteur.

"Un sauvageon bouffi de morgue et de suffisance : tel apparaît celui qui prétend au titre de ministre de l'éducation nationale, qui se livre à une provocation de plus en annonçant que d'autres suppressions de postes sont possibles dans l'éducation nationale", estime M. Peillon dans un communiqué.

Selon lui, Luc Chatel "veut poursuivre son oeuvre de destruction méthodique et opiniâtre de l'éducation nationale" après "avoir désorganisé les rythmes scolaires avec la semaine de quatre jours, détruit la formation des enseignants, réduit à peau de chagrin la scolarisation des jeunes enfants, supprimé 70 000 postes en 5 ans et plus de 100 000 postes depuis 2003...".

De son côté, M. Hollande propose notamment d'embaucher 60 000 personnes dans l'éducation, lors du prochain quinquennat. Une proposition vivement critiquée à l'UMP.

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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 14:23

TVA sociale : Sarkozy ne lâche pas le morceau

Rédigé par J-C Slovar - Blogueur associé le Jeudi 17 Novembre 2011
Depuis l'annonce de la création du Haut-Conseil au financement de la protection sociale, il ne fait plus aucun doute que la mise en place d'une TVA sociale fera partie du programme du Président pas encore candidat. Si elle réjouit le patronat, elle va surtout faire les poches des salariés !

 

TVA sociale : Rêve de patrons et cauchemar de salariés ?

Depuis l'annonce de la création du Haut-Conseil au financement de la protection sociale, il ne fait plus aucun doute que la mise en place d'une TVA sociale fera partie du programme du Président pas encore candidat. Si elle réjouit le patronat, elle va surtout faire les poches des salariés !



TVA sociale : Rêve de patrons et cauchemar de salariés ?

 

Hier aura été un grand jour pour le Medef, l'Afep et la CGPME. En effet, Nicolas Sarkozy leur a transmis le message qu'ils attendaient depuis des décennies, en proposant, d'installer un Haut-Conseil au financement de la protection sociale dont la vocation sera de ... préconiser la mise en place d'une TVA sociale.

Cette décision fait suite aux arguties des organisations d'employeurs : Une hausse de la TVA renchérirait le prix des produits importés et diminuerait le volume des importations. En parallèle, une baisse des cotisations rendrait les productions nationales plus compétitives et permettrait de créer, pourquoi pas, 30 à 50 000 emplois, voir plus !

A condition toutefois qu'il existe une offre de substitution française aux produits importés. Ce qui n'est plus le cas pour nombre de produits désormais fabriqués ailleurs (Textile, électronique, jouets, ...)

Cette solution n'aurait donc de sens que si la France avait fait le choix comme l'Allemagne de l'exportation au détriment de la consommation intérieure. Or, c'est essentiellement la consommation des ménages qui maintient la croissance de notre pays depuis de nombreuses années. Donc prudence extrême !

Néanmoins, comment le Medef conçoit-il cette TVA sociale ?

Le Medef vient de présenter trois scénarios de transfert de certaines cotisations sociales vers l'impôt. Ses propositions vont de 30 milliards en hypothèse basse à 70 milliards dans la plus haute.

En ce qui concerne les consommateurs, dans l'hypothèse de 30 milliards, le Medef propose une baisse de 3,5% des cotisations employeurs, ce qui aurait pour effet de faire passer les taux de 5,5 à 7% et celui de 19,6 à 22% (voir ci-dessous)

 

TVA sociale : Rêve de patrons et cauchemar de salariés ?

 

Pour les salariés le Medef propose une baisse de 1,5% des cotisations compensée par une hausse de la CSG de 0,75%

Dans l'hypothèse à 70 milliards qui aurait selon le Medef comme avantage « d'égaliser le poids des cotisations en la France et l'Allemagne »

Le Medef propose une baisse des cotisations des employeurs de 7,5% ce qui ferait passer la TVA de 5,5% à 10% et celui de 19,6 à 25% (voir ci-dessous )

 

TVA sociale : Rêve de patrons et cauchemar de salariés ?

 

Les salariés de leur côté, verraient leurs cotisations baisser de 4,5% compensées par une augmentation de la CSG de 2%

Et le Medef de mettre en valeur le gain de pouvoir d'achat qui, selon Les Echos pourrait représenter : « environ 15 euros net pour 2.000 euros de salaire brut ». Oubliant au passage d'expliquer que l'augmentation de la TVA et de la CSG, pénaliserait lourdement les salariés.

Car comme l'expliquait Jean-Christophe Le Duigou économiste et syndicaliste dans l'Humanité Dimance du 3 novembre : « Le salarié paierait deux fois, d'abord au travers de la TVA, ensuite par le biais de la CSG. Il risque par contre d'attendre longtemps la hausse du salaire promise ! »

Mais que feraient les entreprises de ces baisses de cotisation. Embaucheraient-elles, en profiteraient-elles pour augmenter les salaires ?

Et bien pas vraiment, puisque nous expliquent Les Echos, selon le Medef : « (...) l'entreprise pourra profiter des baisses de cotisations pour baisser son prix hors taxes, investir, augmenter les salaires... ou conserver sa marge. Pas question, a d'ailleurs prévenu le patronat, de négocier des engagements. « Il faut laisser la liberté d'utiliser les marges de manoeuvre » estime Laurence Parisot

Si on ajoutait à celà la suppression des 35H00 réclamée par l'AFEP, ( exit les heures supplémentaires à partir de la 36 eme heure), vous obtenez le pire scénario pour les salariés français : Travailler plus, gagner moins.

Mais, direz-vous, dans ce cas, pourquoi ne pas en profiter pour supprimer une partie des allègement de cotisations dont bénéficient les entreprises ?

Et bien non, puisque l'AFEP : « (...) ne veut pas entendre parler d'une remise en cause des allègements de charges sur les bas salaires comme contrepartie à l'augmentation du temps de travail : cela risquerait de nuire aux emplois peu qualifiés dans les services (...) »

« Reste à savoir si ces mesures politiquement très sensibles pourront être assumées par un candidat, Quel parti, en effet, prendra le risque d'être accusé de faire un copier-coller des idées du patronat ? » écrit Le Point qui aurait bien fait de prendre connaissance des propositions de l'UMP, publiées par Slovar en juin 2011, qui ressemblent à s'y méprendre à celles du patronat français !

Source graphiques : Medef 

Crédit photo
FlickR CC - Medef 

 

Mercredi 16 Novembre 2011
J-C Slovar
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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 14:16
Marianne - Laviedesidees.fr - Vent des blogs | Jeudi 17 Novembre 2011 à 12:01
Quelles sommes sont cachées dans les paradis fiscaux ? Par qui ? Et comment ? La vie des idées a interrogé Gabriel Zucman de l'Ecole d'Economie de Paris, qui, à l’aide d’une méthodologie originale et de données jusqu’alors sous-exploitées, apporte une lumière nouvelle et crue sur ces questions...



La Vie des Idées : Vous avez effectué un important travail sur ce que vous appelez la « richesse manquante des nations », c’est-à-dire le patrimoine des ménages qui n’apparait pas dans les statistiques nationales et mondiales, parce que caché dans les paradis fiscaux. Est-ce que vous pourriez d’abord nous donner quelques ordres de grandeur : quel serait le montant de cette richesse ? Sa structure ? Quels en sont les principaux détenteurs ? Quels sont les principaux paradis fiscaux ?

Gabriel Zucman : L’étude que j’ai réalisée suggère qu’environ 8 % du patrimoine financier des ménages est détenu dans des paradis fiscaux à l’échelle mondiale. Fin 2008, le patrimoine financier des ménages – c’est-à-dire les dépôts bancaires, les portefeuilles d’action, les placements dans des fonds d’investissement et les contrats d’assurance-vie détenus par les ménages du monde entier – s’élevait à 75 000 milliards de dollars. Les ménages détenaient donc environ 6 000 milliards de dollars dans les paradis fiscaux.

On imagine souvent qu’avoir un compte en Suisse, c’est avoir de l’argent dormant, dans un coffre-fort ou sur un compte courant. En réalité, les ménages fortunés ne vont pas en Suisse pour mettre des millions sur des comptes rapportant 1 % l’an. Depuis leurs comptes suisses, ils font des investissements relativement sophistiqués. La grande majorité des fortunes offshore sont investies dans des titres financiers : actions, parts de fonds d’investissement, obligations. Parmi ces titres financiers, les parts de fonds d’investissement jouent un rôle prépondérant. Cela n’a rien d’étonnant : investir dans un fonds, qui lui-même investit ensuite dans des obligations américaines, des actions brésiliennes, etc., rapporte bien plus qu’accumuler des liquidités sur un compte courant.

Il est bien plus dur de savoir à qui appartiennent les fortunes dans les paradis fiscaux que de connaître le montant total des fortunes offshore et leur composition. En fait, on ne dispose de bonnes données que pour la Suisse. Les banques suisses gèrent environ un tiers des fortunes offshore, donc environ 2 000 milliards de dollars fin 2008. Cela fait de la Suisse le plus important paradis fiscal pour la gestion de fortune transfrontalière.

Sur ces 2 000 milliards, plus de 60 % appartiennent à des Européens, notamment à des Italiens, des Allemands, des Français, des Espagnols, des Portugais et des Grecs. En deuxième position viennent les pays du Golfe – les riches familles du Golfe ont été depuis les années 1970 des clients importants des banques suisses et londoniennes, ce qui n’est guère étonnant au regard du faible développement du système financier des pays du Golfe.

Contrairement à une vision largement répandue, les fortunes des dictateurs africains ou des oligarques russes ne constituent qu’une petite fraction des fortunes gérées par les banques suisses...

 

Visite guidée au coeur des paradis fiscaux
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