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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 13:35
| Par Fabrice Arfi et Michel Deléan

Liliane Bettencourt, 89 ans, l'héritière de l'empire L'Oréal, et son mari André, mort en 2007, ont dissimulé pendant des décennies au fisc français l'existence de douze comptes bancaires domiciliés en Suisse et à Singapour, selon les données inédites d'un contrôle fiscal auquel Mediapart a eu accès. La dissimulation des avoirs bancaires étrangers de l'actuelle propriétaire du leader mondial des cosmétiques a été consignée par un agent de la Direction nationale des vérifications de situations fiscales (DNVSF) dans un rapport de synthèse daté du 31 août 2011.

 

L. Bettencourt  
L. Bettencourt© Reuters

Les douze comptes cachés de la milliardaire, sur lesquels dormaient 99.846.498 euros à la fin de l'année 2010 (contre plus de 121 millions d'euros deux ans plus tôt), ont été abrités par six établissements bancaires distincts: la Banque cantonale vaudoise (BCV), l'Union des banques suisses (UBS), Julius Bär, Hyposwiss, la banque genevoise Baring Brothers et, à Singapour, une succursale de la LGT – une banque du Liechtenstein à l'origine.

Cette dissimulation dépasse donc largement ce que laissait entrevoir le contenu des enregistrements clandestins réalisés au domicile de Liliane Bettencourt par son majordome, que Mediapart avait révélés à l'été 2010. Dans les bandes pirates, l'ancien gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre, évoquait en effet l'existence de – seulement – deux comptes en Suisse. Il y en avait, en réalité, dix de plus.

D'après les constatations du fisc, aidé dans ses recherches par les successeurs de M. de Maistre, l'héritière de L'Oréal était la bénéficiaire économique de tous ces comptes au moment de leur rapatriement en France, décidé fin 2010 après la révélation de l'affaire Bettencourt.

Les données bancaires, dont dispose aujourd'hui l'administration fiscale française, laissent apparaître que certains comptes ont connu une existence mouvementée ces trois dernières années, avec de vertigineuses disparitions de capitaux qui restent, pour l'instant, inexpliquées. Ainsi, un compte ouvert à la banque Hyposwiss au nom de la société Noblesse Trading Inc. a vu son solde passer, entre le 31 décembre 2007 et le 31 décembre 2009, de 23.421.267 euros à... zéro euro, sans que ledit compte soit clos.

5 millions de francs suisses pour les bonbons

Un autre compte, ouvert cette fois à la Banque cantonale vaudoise sous le nom de code «Sulki», a vu son solde passer, entre fin 2008 et fin 2009, de 59.709.756 euros à 1.848 euros, peut-on lire dans le rapport de la DNVSF.

 

A. Bettencourt  
A. Bettencourt© Reuters

Le plus fourni des douze comptes offshore des Bettencourt, baptisé «Bora», lui aussi ouvert à la Banque cantonale vaudoise, a été fermé en août 2008. Il était alors crédité de 92.422.137 euros. Or, d'après une quinzaine de virements bancaires auxquels Mediapart a pu avoir accès, ce compte, qui aurait été ouvert au milieu des années 1970 par André Bettencourt à l'époque de l'accord actionnarial passé entre L'Oréal et le groupe suisse Nestlé, n'a jamais cessé d'opérer des versements, suspects par nature.

Certaines sommes en jeu donnent le tournis. Le 11 juillet 2000, un virement de quatre millions de francs suisses (3,2 millions d'euros) est ainsi effectué vers la Discount Bank & Trust Company. Le 2 avril 2001, rebelote: la même somme vers la même banque. Le 11 juin 2003, à nouveau quatre millions de francs suisses qui décollent du compte «Bora» des Bettencourt en direction, cette fois, de la banque Hottinguer & Cie, à Zurich.

Le 1er novembre 2004, un virement de 5 millions de francs suisses (4 millions d'euros) part vers l'Union bancaire privée (UBP). Le libellé du virement indique «Communications: bonbons Boissier». Le 29 novembre 2005, quatre millions de francs suisses repartent vers l'UBP. Et le 2 octobre 2006, deux millions de francs suisses (1,6 million d'euros) sont virés de «Bora» à destination de «1 bénéficiaire», est-il benoîtement indiqué sur le bordereau de la Banque cantonale vaudoise.

Hormis tous ces montants qui se chiffrent en millions d'euros, le compte «Bora» des Bettencourt a également opéré de nombreux virements de moindre ampleur sur la même période, c'est-à-dire entre 2000 et 2008 : 262.000 francs suisses par-ci (janvier 2005), 276.000 par-là (janvier 2006), 314.000, 140.000 et 235.000 pour la seule année 2007, 140.000 en 2008.

Où est passé l'argent et à quoi a-t-il servi? Seule une commission rogatoire internationale diligentée par un juge d'instruction pourrait répondre à ces deux questions cruciales et, donc, identifier les heureux bénéficiaires du trésor caché des Bettencourt. Les juges de Bordeaux, chargés des différents volets de l'affaire Bettencourt, notamment ceux concernant le blanchiment de fraude fiscale et le financement politique, le feront-ils ?

« Ce compte-là, on va le mettre à Singapour »

 

Patrice de Maistre  
Patrice de Maistre© Reuters

Parmi les comptes cachés de Liliane Bettencourt, le fisc français a également appris l'existence de l'un d'entre eux hébergé à Singapour sur un compte de la LGT Bank, avec un solde créditeur de 3,2 millions d'euros au 31 décembre 2009. Il pourrait s'agir du compte évoqué par Patrice de Maistre dans l'une des conversations d'affaires qui ont été surprises grâce au dictaphone-espion du maître d'hôtel de Liliane Bettencourt.  

L'échange est daté du 27 octobre 2009 :

Patrice de Maistre : «Je voulais vous dire que je pars en Suisse tout à l'heure pour essayer d'arranger les choses. Et vous allez voir Me Goguel (ancien avocat fiscaliste de Mme Bettencourt) aujourd'hui ou demain. Et il faut qu'on arrange les choses avec vos comptes en Suisse. Il ne faut pas que l'on se fasse prendre avant Noël.

Liliane Bettencourt : Que l'on se fasse prendre comment ?

PdM : A partir de janvier – c'est M. Woerth qui a fait la loi –, la France peut demander aux Suisses si vous avez un compte là-bas. Je suis en train de m'en occuper et de mettre un compte à Singapour. Parce qu'à Singapour, ils ne peuvent rien demander. Mais Goguel m'a dit que vous aviez un autre compte mais je ne suis pas au courant. (...) J'y vais toutes les semaines en ce moment (en Suisse).

LB : Vous pensez régler le problème?

PdM : Oui. Pour le moment, on est en train de s'en occuper. (...) Ce compte-là, on va le mettre à Singapour où vous aurez la paix.(...) Il est de 12 ou 13 millions, c'est beaucoup d'argent. Et vous en avez un autre, paraît-il, beaucoup plus important.»

Cette discussion est à l'image de nombreuses autres figurant dans les bandes pirates du majordome, où apparaît comme une obsession aux yeux de Patrice de Maistre le fait de ne surtout pas déclarer au fisc français les avoirs cachés des Bettencourt. Sa crainte ? Que « le fisc tire un fil », dira-t-il dans une conversation de novembre 2009.

Grâce aux révélations successives de Mediapart, le fisc a donc tiré le fil. Ce qu'il n'avait jamais fait jusqu'ici, suscitant de légitimes interrogations sur une clémence fiscale surpenante en faveur de Mme Bettencourt. Notamment à l'époque où Eric Woerth, dont la femme a travaillé au service de la milliardaire, a été ministre du budget, entre 2007 et 2010 ; à l'époque où, pendant que Liliane Bettencourt était l'une des plus généreuses donatrices de l'UMP et un soutien inébranlable de Nicolas Sarkozy, le même Eric Woerth était le trésorier du parti présidentiel.

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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 13:32

LEMONDE.FR avec AFP | 21.11.11 | 14h27

 
 

 

En Turquie, à la frontière avec l'Iran, une zone militarisée à plus de 2 500 mètres d'altitude, les migrants "sont exposés à des traitements inhumains".

En Turquie, à la frontière avec l'Iran, une zone militarisée à plus de 2 500 mètres d'altitude, les migrants "sont exposés à des traitements inhumains".AFP/CARLO HERMANN


Près de 400 000 migrants ont été empêchés en 2010 de rejoindre l'Union européenne, qui continue de renforcer l'externalisation, voire la privatisation des contrôles aux frontières, selon le dernier rapport du réseau Migreurop. Cette troisième enquête, intitulée "Aux bords de l'Europe : l'externalisation des contrôles migratoires", s'intéresse particulièrement au sort des migrants à la frontière orientale de la Turquie avec l'Iran et aux "passagers clandestins" à bord des bateaux de la marine marchande.

"En 2010, plus de 393 000 ressortissants extracommunautaires ont essuyé un refus d'entrée aux frontières extérieures de l'Union européenne : 336 789 aux frontières terrestres, 50 087 dans les aéroports et 6 704 aux frontières maritimes", détaille le rapport.

"PASSAGERS CLANDESTINS"

Migreurop regroupe une quarantaine d'associations européennes et africaines militant pour le droit d'émigrer. Le réseau a fait le choix de s'intéresser aux "passagers clandestins" des navires de la marine marchande "parce que ces situations révèlent un transfert de responsabilité de l'autorité publique vers les acteurs privés sur les plans des contrôles frontaliers et de la prise en charge des migrants interceptés", explique-t-il.

Il a mené son enquête dans 23 ports situés dans sept pays de l'UE (Allemagne, Bulgarie, Chypre, Espagne, France, Italie, Pays-bas) et dans un pays du Maghreb (Maroc). Depuis la mise en place en 2004 du code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires, conséquences des attentats du 11-septembre, le nombre de ces "passagers clandestins" a diminué du fait des contrôles plus sévères dans les ports où les conteneurs doivent être plombés.

Résultat : les migrants voyagent dans des conditions qui mettent leur vie en péril. Mais, comme la plupart des pays refusent de les laisser débarquer, ils poursuivent parfois leur périple, "trimballés de port en port, enfermés dans une cabine, sans possibilité d'en sortir". Quand les "clandestins" peuvent être expulsés, "des agents privés (sociétés de sécurité et de gardiennage) sont fréquemment mobilisés" au mépris des législations nationales, qui confient à la police et à la gendarmerie les missions de "recherche, arrestation et consignation de migrants en situation irrégulière", dénonce Migreurop.

En Turquie, à la frontière avec l'Iran, une zone militarisée à plus de 2 500 mètres d'altitude, les migrants "sont exposés à des traitements inhumains aussi bien de la part des passeurs que des autorités turques qui les arrêtent et les placent dans les geôles".

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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 13:25

Cahier Géo&Politique du "Monde", daté du dimanche 20 - lundi 21 novembre | LEMONDE | 21.11.11 | 09h09

 
 

 

Les mineurs papous réclament des hausses de salaires mais le propriétaire du site, le groupe américain Freeport, refuse de céder.

Les mineurs papous réclament des hausses de salaires mais le propriétaire du site, le groupe américain Freeport, refuse de céder.REUTERS/Stringer Indonesia

Bali (Indonésie), envoyé spécial - C'est une grève lointaine qui paralyse depuis des semaines les activités d'une gigantesque mine d'or et de cuivre située au pied d'une montagne reculée, dans l'extrême orient de l'Indonésie. Une province peuplée en majorité par des tribus de l'ethnie papoue. Mais pour lointaine qu'elle soit, cette grève observée par plus d'un tiers des 23 000 mineurs est en train de faire flamber les cours sur les marchés mondiaux : possédée à 90,6 % par le géant américain Freeport McMoRan – le reste étant détenu par l'Etat indonésien –, cette mine recèle l'une des plus grandes quantité mondiale de cuivre et d'or.

Les mineurs protestent contre des salaires insuffisants compte tenu de leurs conditions de travail, des dangers qu'ils prennent et du coût de la vie dans cette province reculée de Papouasie, située à plus de 4 000 kilomètres à l'est de la capitale, Djakarta. Cela fait plusieurs semaines que la colère gronde dans la zone, où plus de 8 000 mineurs, en majorité papous, bloquent les routes d'accès, empêchant les non grévistes d'accéder au chantier. Le conflit est entré dans son troisième mois, le 16 novembre, sans aucun signe de règlement à l'horizon. Les appels du président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, à une "résolution appropriée" de la querelle sont restés sans réponses.

GRAVES ATTEINTES AUX DROITS DE L'HOMME

La province où est située la mine englobe la partie occidentale d'une très grande île dont les régions orientales forment l'Etat de Papouasie Nouvelle Guinée, indépendant depuis 1975, après une longue tutelle australienne et allemande. Appelée province de "Papua" en indonésien, l'ouest de cette même île fut hollandaise avant d'être rattachée formellement à l'Indonésie en 1969.

Depuis, cette région est des plus instables : un conflit largement ignoré du monde extérieur perdure entre des séparatistes papous et l'armée indonésienne, restée toute puissante dans cette province placée sous quasi contrôle militaire. Et interdite aux journalistes occidentaux. Les soldats indonésiens sont perpétuellement accusés de graves atteintes aux droits de l'homme contre la population indigène. Des milliers de manifestants ont encore défilé, le 14 novembre, dans la capitale provinciale, Jayapura, pour réclamer l'indépendance.

Les mineurs de la mine Glasberg, qui sont payés l'équivalent de 1,50 dollar de l'heure, exigeaient, au début du mouvement, une augmentation vingt fois supérieure à leurs actuels émoluments, soit 30 dollars. Ils ont ensuite revu à la baisse leurs demandes, proposant 4 dollars. En face, les Américains ont suggéré une augmentation de 35% par rapport au tarif actuel de 1,50 dollar, c'est-à-dire 53 cents de plus… Les grévistes ont refusé. Depuis, c'est l'impasse.

 MANQUE À GAGNER POUR DJAKARTA

L'affaire coûte fort cher à Freeport McMoRan et à l'Indonésie. L'entreprise américaine, qui avait affiché des profits de 5 milliards de dollars tirés de l'exploitation de la mine en 2010, a annoncé des pertes se chiffrant à 19 millions de dollars par jour depuis le début de la grève. Le gouvernement de Djakarta a recueilli, grâce aux revenus de la mine, 1,4 milliard de dollars en impôts et royalties durant le premier semestre 2011, selon le quotidien The Jakarta Globe. On imagine le manque à gagner pour Djakarta.

Freeport a beau affirmer qu'une partie de ces revenus collectés par l'Etat sont reversés à la province et comptent pour 68% du budget de cette dernière, tel n'est pas l'avis des grévistes. Selon certains d'entre eux, rencontrés par un correspondant local de l'AFP, "les écoles publiques et les centres de soins sont en nombre insuffisants et trop éloignés les uns des autres". En outre, les Papous affirment toucher encore moins que leurs collègues d'Afrique et d'Amérique latine. "Durant toutes ces années, je n'ai jamais reçu ni promotion, ni augmentation", a confié Nus Magay, un mineur. "Et pourtant, a-t-il tonné, je travaille pour une compagnie minière de classe internationale !"

La "Une" du Cahier Géo&Politique du "Monde", daté du dimanche 20 - lundi 21 novembre.

La "Une" du Cahier Géo&Politique du "Monde", daté du dimanche 20 - lundi 21 novembre.DR


Bruno Philip

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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 12:51

| Par Ludovic Lamant

 

De notre envoyé spécial à Valence

Eux, au moins, ont été consultés. A l'inverse de leurs voisins italiens et grecs, les Espagnols se sont prononcés, dimanche, sur la gestion de la crise, lors d'élections législatives suivies de très près par Bruxelles. Et leur message est sans appel: ils ont massivement sanctionné le Parti socialiste (PSOE) de José Luis Rodriguez Zapatero, au pouvoir depuis 2004. La formation, créditée de 28% des voix, a perdu près de 4,5 millions d'électeurs par rapport au scrutin de 2008.

Le candidat de la droite, Mariano Rajoy, 56 ans, a profité de la débâcle socialiste. Il obtient 44% des voix, soit une majorité absolue en sièges, à l'Assemblée (186 sur 350). Après deux échecs consécutifs, en 2004 et 2008, celui que la presse espagnole nomme le «survivant» est appelé à diriger une Espagne exsangue et inquiète, qui compte près de cinq millions de chômeurs. Rajoy réalise la meilleure performance de l'histoire du Parti populaire (PP), puisqu'il améliore encore le score de José María Aznar, qui avait obtenu, lors de sa réélection en 2000, 185 sièges. 

Le scrutin de dimanche (lire l'intégralité des résultats ici) confirme cette règle en vigueur en Europe, selon laquelle les exécutifs sortants, de droite comme de gauche, se trouvent systématiquement sanctionnés dans les urnes depuis l'éclatement de la crise. Il marque aussi un nouveau revers de taille, pour le camp social-démocrate sur le continent, après les défaites de Gordon Brown en Grande-Bretagne (en mai 2010), de José Socrates au Portugal (en juin 2011) et la démission de Georges Papandréou en Grèce. Décryptage.

 

Le discours de Mariano Rajoy dimanche soir, au siège du PP.


1. Un PP hégémonique

Depuis son confortable succès aux élections locales de mai, le PP contrôlait déjà la moitié des mairies du pays, et 11 des 17 communautés autonomes. Il vient de s'assurer la mainmise sur le parlement national, et de prendre les rênes du gouvernement. La droite domine désormais l'ensemble des institutions politiques du pays.

Deux communautés autonomes, et pas des moindres, illustrent l'effondrement du PSOE. L'Andalousie, d'abord, l'un de ses bastions historiques, où le PP règne désormais partout, sauf dans la province de Séville (où le «sage» Alfonso Guerra continue à faire de la résistance). La région pourrait donc basculer à droite, elle aussi, lors de ses prochaines élections locales, l'an prochain.

La Catalogne, ensuite, où les socialistes, emmenés par la ministre de la défense de Zapatero, Carme Chacón, qui lorgne la direction du PSOE, se sont fait dépasser par les nationalistes de CiU (16 sièges), mais restent devant le Parti populaire. 

2. Vers la fin du bipartisme en Espagne?

La tendance s'était confirmée à chaque scrutin depuis 1989: les voix des Espagnols ne cessaient de se reporter, tous les quatre ans plus massivement, sur les deux principaux partis du paysage politique, PSOE et PP. En 2008, ces formations ont totalisé plus de 83% des voix, s'assurant ainsi 323 des 350 sièges de l'Assemblée. Mais le scrutin de dimanche marque un tournant. Les «indignés», qui appellent, depuis le printemps, à en finir avec le bipartisme, semblent avoir été entendus par une partie de l'électorat. Cette fois, PSOE et PP ne rassemblent «plus que» 72% des voix, soit un total de 296 sièges. Du jamais vu depuis 1989.

Le nouveau Parlement s'annonce donc moins homogène. La dispersion des voix a surtout joué à gauche, contre le PSOE. Izquierda Unida («IU», pour gauche unie), qui rassemble communistes et écologistes, est l'autre grand gagnant de la journée. Le parti de Cayo Lara double quasiment son score, à 6,8%, et gagne neuf sièges par rapport à 2008 (11 contre 2 auparavant). Il formera un groupe parlementaire indépendant. L'ex-socialiste Rosa Diez, et son parti UPyD (centre), ont également progressé (cinq sièges contre un). A chaque fois, les transferts de voix socialistes ont joué à fond.

EQUO, un nouveau parti vert, dirigé par un ancien de Greenpeace, a profité d'une coalition, à Valence, pour arracher un siège. Par contre, le parti anticapitaliste peine à décoller, même à Barcelone, où il paraît être le mieux implanté. Quant à la gauche indépendantiste basque, autorisée à se présenter pour la première fois depuis 2003, alors que l'ETA a renoncé à l'usage de la violence, elle totalise pas moins de six députés. Un succès qui fait de l'ombre au Parti nationaliste basque, comme aux socialistes.

3. Les inconnues du programme de Rajoy

 

Mariano Rajoy vote le 20 novembre. © PP. Mariano Rajoy vote le 20 novembre. © PP.

L'intensité de la crise de la dette en Europe pourrait bousculer le calendrier officiel. En l'état, le nouveau parlement doit se réunir pour une séance inaugurale le 13 décembre. Rajoy devrait être investi le 20 décembre, et nommer son gouvernement le lendemain. Soit dans un mois: une éternité à l'échelle des marchés. Le nouvel homme fort de l'Espagne pourrait donc décider d'accélérer les choses, surtout si le taux auquel Madrid emprunte de l'argent sur les marchés continue de grimper, comme ce fut le cas ces derniers jours.

Rajoy prépare en fait la transition depuis l'été, lors de discussions régulières avec Zapatero. Il devrait désigner dès cette semaine un comité pour piloter la transition. Objectif principal: effectuer au plus vite de nouvelles coupes dans le budget 2012. Comment s'y prendra-t-il? C'est la grande question, à laquelle Rajoy, aussi prudent que peu charismatique, a soigneusement refusé de répondre pendant toute la campagne électorale. Pas question de prendre des risques inutiles. Dimanche soir, après les résultats, Rajoy a parlé d'un «effort commun (et) solidaire», sans en dire davantage (lire l'intégralité de son discours ici).

Pourtant, la tâche s'annonce démesurée. Madrid s'est engagé auprès de Bruxelles à ramener son déficit à 4,4% à la fin de l'année 2012. Rubalcaba (PSOE) avait prévenu qu'il comptait renégocier ce calendrier auprès des partenaires européens. Pour Rajoy, il en est hors de question, et l'Espagne, promet-il, s'y tiendra.

Pour y parvenir, il faudra économiser environ 20 milliards d'euros supplémentaires, par rapport au budget actuel. Dans le meilleur des cas. Car, si les prévisions de croissance pour l'an prochain s'annonçaient trop optimistes (un scénario probable vu la récession qui s'annonce en Europe), ou s'il fallait voler au secours d'une banque mal en point, il faudrait encore réviser à la hausse le volume des coupes.

Saut dans l'inconnu

A titre de comparaison, le premier plan de rigueur de Zapatero, annoncé en mai 2010, se chiffrait à 15 milliards d'euros d'économies... Seules certitudes: Rajoy s'est engagé à ne pas toucher aux retraites, et prévoit de baisser la fiscalité pesant sur les entreprises qui se mettent à embaucher. Pour le reste, c'est le saut dans l'inconnu. La numéro deux du PP, Maria Dolores de Cospedal, a déjà prévenu qu'il fallait s'attendre à des mouvements sociaux dans les semaines à venir.

Les doutes pèsent également sur l'avenir des grandes réformes de société, conclues durant le premier mandat de Zapatero. A commencer par la légalisation de l'avortement et la reconnaissance du mariage homosexuel. Interrogé sur ses intentions pendant la campagne, Rajoy a toujours esquivé, estimant qu'il ne s'agissait pas là de priorités, en pleine crise économique. Il n'a donc jamais exclu de revenir sur ces textes, et les conservateurs les plus durs au sein du PP l'attendent au tournant. Dimanche soir à Madrid, une grande banderole d'opposants à l'avortement flottait dans la foule, réunie devant le siège du parti populaire, pour fêter la victoire.

4. L'Espagne, en terrain glissant

La fin de campagne espagnole a été occultée par une actualité économique chargée – le pays a révisé en baisse sa prévision de croissance pour l'année en cours, tandis que ses taux pour emprunter sur les marchés touchaient de nouveaux sommets, sur fond de crise de l'euro. A tout moment, le «spread» espagnol peut atteindre les plafonds qui avaient déclenché, pour l'Irlande ou le Portugal, une intervention conjointe du FMI et de Bruxelles. A la télévision ou à la radio, les journalistes ne parlent plus que de cela, des bonds et des retraits de la «prime de risque». Comme s'il s'agissait du principal enjeu de la campagne.  

C'est toute la stratégie de Rajoy: provoquer, grâce à son élection à une majorité écrasante, un choc de confiance sur les marchés. Il se dit persuadé que, dès lundi, les taux espagnols baisseront. Pourtant, les marchés ont intégré depuis des semaines déjà qu'il allait gagner l'élection, et rien n'a changé. Surtout, les grands journaux financiers, du Wall Street Journal au Financial Times, ont critiqué, eux aussi, le manque de précisions du programme de Rajoy. L'alternance politique, en soi, ne garantit rien.

D'autant que Rajoy, à l'inverse du «technocrate» Mario Monti en Italie, est un inconnu en Europe. Il dit avoir suivi cet été des cours d'anglais, pour combler ses lacunes... Alors que l'Espagne de Zapatero a profité de la comparaison avec l'Italie d'un Berlusconi totalement discrédité, pour apparaître comme le pays le plus «sérieux» des deux, le match entre Rajoy et Monti s'annonce nettement plus délicat pour Madrid. Encore une fois, ce seront les marchés financiers qui l'arbitreront.

 

 

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 15:27
Marianne - Eugène - Blogueur associé | Dimanche 20 Novembre 2011 à 16:01

 

Nul ne doute maintenant qu’il y aura d’autres plans d’austérité en France, la seule question que nous pouvons nous poser est quand arriveront-ils ? Comme les deux premiers étaient un affront fait aux Français, observe notre blogueur associé Eugène, voici sa proposition, parfaitement indolore et efficace, qui pourrait régler le problème de la France durablement et même d’annuler les deux autres plans de Fillon !



Un troisième et dernier plan d’austérité indolore ?
En fait, l’idée ne vient pas de moi, mais de la Cour des comptes ! Elle avait publié en 2010, un rapport fort instructif nous donnant les clefs du problème. Rappelons que nous devons, pour payer les intérêts de la dette française, 50 milliards d’euros par ans.

En théorie, pour rembourser cette dette, il faudrait donc 50 milliards, mais pour la résorber et revenir à l’équilibre, ce dont la France s’est engagée, il faut rembourser plus de 50 milliards, trouver 70 milliards de recettes (ou d’économies) serait un très bon début.

Or les deux plans du gouvernement ne nous en donnent qu’une faible fraction. Faible fraction qui, de plus, est supportée à 85 % par les Français moyens ou pauvres. D’où les qualificatifs d’ « injustes » concernant ces plans. Le gouvernement nous fait croire que trouver autant d’argent est difficile, surtout si l’on ne veut pas pénaliser la croissance française. Il est donc hors de question de fortement augmenter l’impôt des plus riches.

Conclusion : ceux qui payent seront principalement les classes moyennes et pauvres. Le gouvernement et l’UMP nous font croire que nous n’avons pas le choix, que pour mieux maintenir nos acquis sociaux, il est obligatoire de les raboter ( sic !).

Dépenser, un besoin impératif et matériel
D’ailleurs, d’après eux, la France est une débauche d’assistanat, de tricheurs et de fainéants. Avantages non justifié dans les périodes troubles que nous vivons et en regard de la mondialisation. Il faut donc, ineffaçablement se serrer la ceinture et réduire tous les avantages sociaux en France. Voilà pour la propagande de l’UMP et du gouvernement.

Mais, en réalité, la situation est très différente. D’abord, concernant l’emploi et la croissance, contrairement à ce que dit le gouvernement, taxer les classes moyennes et pauvres est la pire des choses. Pourquoi ? C’est excessivement simple : les Français les plus pauvres, s’ils avaient un peu plus d’argent (ou si l’on n’augmentait pas leurs impôts) dépenserait la majorité de cet argent, car cela correspond a un BESOIN impératif et matériel. Ils pourraient donc mieux se nourrir, se loger, se soigner, se divertir, s’éduquer et éduquer correctement leurs enfants, etc. Bref, tous les besoins actuels qu’ils ont et qui ne peuvent être satisfaits actuellement faute de moyen le seraient.

En revanche, le multimillionnaire à déjà des voitures, des appartements, se nourris et se soigne correctement, voyage à l’étranger, investit et épargne massivement. Plus d’argent ne lui servirait donc qu’à épargner plus ! Une véritable aberration ! D’autant que, contrairement à l’Allemagne, dont le gouvernement aime s’inspirer, les riches français ont pris la très mauvaise habitude d’investir à l’étranger. Ainsi, plus d’argent pour eux, c’est plus d’épargne, comme nous l’avons dit, mais aussi plus d’argent épargné pour soutenir l’économie… étrangère !

Revenons au rapport du Conseil Des Prélèvements Obligatoires, nous y apprenons qu’en 2010, les niches fiscales conduisant à des allègements d’impôts se sont élevées à 66 milliards, quant aux niches dites sociales, c'est-à-dire les niches permettant des allègements de cotisations, elles représentent 35 milliards. Enfin, des niches « diverses et variées », inclassables, ont représenté 71 milliards. Vous pouvez faire le compte vous-même : cela fait un total de 172 milliards d’euros !

Multinationales et aux gros actionnaires seuls bénéficiaires
Un troisième et dernier plan d’austérité indolore ?
Largement suffisant pour payer les intérêts de la dette et la rembourser à grandes enjambées. De plus, nul besoin des mesures ridicules et injustes des deux plans Fillon. Le rapport nous apprend également à qui profitent ces allègements d’impôts : elles profitent essentiellement aux multinationales et aux gros actionnaires. Elles ne profitent pas, en revanche aux PME et artisans, pourtant premiers employeurs de France. Étrange ? Certainement pas !

De nombreuses niches ne sont pas accessibles a de petites structures et, pour les autres, elles ne sont accessibles qu’aux entités et personnes pouvant se payer un professionnel de « l’optimisation fiscale ». 384 niches et mesures sont impossibles a appréhender pour un particulier ou une PME, il faut l’usage d’un conseil coûteux d’autant plus facilement rentabilisé que l’on a beaucoup d’argent à « sauver » du système d’imposition français.

C’est par ce biais que des entreprises comme Total ne payent pas d’impôt en France et que de riches contribuables comme Liliane Bettencourt ne sont imposés qu’à une dizaine de pour cent tandis qu’un français normal peut payer jusqu'à 41 % ! Depuis que la droite est au pouvoir, le taux d’imposition maximal est passé de 60 % à 41 % ! Que l’on vienne nous dire que la France n’est plus assez riche et qui nous devons sacrifier notre système social, que les 35 heures ont détruit la France !

La vérité c’est que la France a été détruite à petit feu par 10 ans d’une droite qui ne travaille pas pour les français, mais pour les grandes entreprises, les gros actionnaires et les ultrariches. La vérité, c’est que la France a été appauvrie par 10 ans de baisses d’impôts des plus riches et que l’on veut nous faire croire que l’addition doit être payée par les Français les plus modestes. La vérité c’est que si nous laissons faire cette politique scélérate, nous condamnerons la France.

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 15:19
Marianne - SuperNo - Blogueur associé | Dimanche 20 Novembre 2011 à 12:01

Moi, bon Président! Vous, méchants fraudeurs!

Non, le Mox, c'est pas dangereux. Et non, PSA ne licenciera pas. A en croire le président de la République tout va bien dans le meilleur des mondes. Et la crise ? C'est la faute aux fraudeurs ! Une stratégie au poil pour gagner en 2012, ironise SuperNo.



La crise, c’est la faute aux fraudeurs de l’assurance maladie.

On a bien fait d’adopter le traité de Lisbonne.

Grâce à la bonne gestion de Sarkozy, la France a mérité son «Triple A»

Mais il faut rembourser la dette, on n’a pas le choix si on veut garder le «Triple A».

D’ailleurs, il suffira de faire des efforts pour rembourser 1700 milliards. À cet effet, on supprimera des fonctionnaires (profs, infirmières, pompiers, flics…), ce qui améliorera la vie des Français.

Les nouveaux dirigeants italien et grec sont arrivés au pouvoir de manière démocratique. Leurs liens avec la banque Goldman Sachs ne posent aucun problème de conflit d’intérêt, et sont le pur fruit du hasard.

«Frauder, que dis-je, voler la Sécurité sociale, c’est trahir la confiance de tous les Français et c’est porter un coup terrible à la belle idée, nécessaire, de solidarité nationale». Par contre, tripler son salaire et se faire payer un Air Sarko One à 180 millions, ça ne trahit personne.

Le nucléaire est une énergie propre, qui assure notre indépendance énergétique.

Le Mox, c’est pas dangereux.

Il n’y aura pas de plan social chez PSA, et d’ailleurs l’avenir de l’industrie automobile est France est radieux.

 
Sarkozy est un grand Président, avec un bilan formidable. Il va gagner haut la main en 2012.

 

Moi, bon Président! Vous, méchants fraudeurs!
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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 15:07

 

L'actualité quotidienne de Nicolas Sarkozy - Dimanche 20 Novembre 2011

237ème semaine de Sarkofrance: Sarkozy, irresponsable européen
Nous avons eu la preuve et l'illustration, cette semaine, de l'irresponsabilité européenne de Nicolas Sarkozy. Depuis mai 2007, le Monarque avait choisi de jouer sa carte personnelle aux détriments d'une plus forte gouvernance européenne. La chose fut peu commentée, effacée du radar par la Grande Crise.

On nous a fait même fait croire qu'à l'automne 2008, Nicolas Sarkozy avait été ce Très Grand Homme qui protégea la France de la faillite et guida l'Europe toute entière vers le salut. Puis, de sommets européens en G20 grandiloquents, notre président français s'est agité sur des estrades à fond bleu aux côtés d'Angela Merkel, pour nous faire convaincre que l'Europe serait sauvée par un leadership franco-allemand renouvelé.

C'était gravement faux.

Sarkozy a gâché l'Europe
Une dizaine de sommets de la dernière chance plus tard, chacun peut comprendre que cette agitation immobile et autocentrée de Nicolas Sarkozy a été complètement contre-productive. Il a agi sous l'emprise de son narcissisme, avec ce besoin de multiplier les shows bilatéraux et les conférences, aux détriments d'un renforcement de la présidence européenne et du rôle du Parlement. Il a préféré l'émiettement à l'intégration, une attitude complètement irresponsable dans la période que nous traversons. Il n'a eu également de cesse que de minorer l'importance du Parlement européen. Pour des raisons de tactique politicienne internes, il préféré perdre du temps et de l'énergie à multiplier les  symposiums thématiques non prioritaires voire inutiles alors que l'urgence était toujours de résoudre cette crise des dettes souveraines.

Certes, il n'était pas seul à privilégier les discussions bilatérales et les conseils européens, l'Europe des Chefs d'Etat contre l'Europe tout court. Sa grande amie Angela Merkel aussi  fait de la résistance. Mais Sarkozy a été aveugle et imprévoyant. Il a cru que la France pourrait co-diriger l'Union européenne avec la grande Allemange. Sarkozy n'a eu droit qu'à un strapontin à côté de la conductrice Merkel. L'économie allemande est sortie de la crise, pas la France.

La seule tactique possible eut été de confronter Merkel à un front plus élargi de pays européens solidaires. Sarkozy a préféré se coucher. Il s'est dit qu'il avait plus à gagner à coller la France au modèle allemand, un mirage puisque rien n'a été mis en oeuvre depuis 2007 à l'exception ... de la suppression du bouclier fiscal (sic!).

Aujourd'hui, la situation est donc grave.

La France menacée par les marchés
Désormais, la totalité des Etats européens, sauf l'Allemagne, sont sous la menace d'investisseurs méfiants. La Grèce cumulait tous les handicaps: statistiques truquées, déficit budgétaire, et surendettement. Mais d'autres Etats, endettés mais moins fragiles, sont désormais attaqués avec autant de vigueur. Les investisseurs n'ont plus confiance en personne; l'Italie est surendettée mais dégage toujours un excédent budgétaire; la Finlande pourtant rigoureuse ; même l'Autriche, dont l'endettement est plus de 10 points de PIB inférieur à celui d ela France, craint une dégradation de sa solvabilité d'un seul cran, de AAA à AA+, qui lui ferait payer trois milliards d'euros d'intérêts en plus chaque année. Or cette méfiance généralisée provoque un renchérissement des taux d'emprunt par ces Etats sur les marchés. Cette semaine, la Finlande a emprunté à 7%, comme l'Espagne. Cette inflation des taux aggrave leurs déficits. Vendredi, les 27 Etats-membres et le Parlement européen bataillaient pour trouver une solution de sortie.

Même Nicolas Sarkozy en a enfin conscience. Il aimerait que la BCE intervienne plus massivement pour garantir les emprunts européens, mais Angela Merkel ne veut pas. Il voudrait une zone euro plus resserrée, mais Mme Merkel veut, et a obtenu, des sanctions contre les Etats mauvais gestionnaires. Pire, la méfiance des marchés s'emballe aussi contre la France, un pays un peu moins endettée que l'Italie, mais aux budgets largement plus déséquilibrés.

Jeudi, la Sarkofrance avait une échéance peu connue du grand public : l'Etat français devait lever 6 à 7 milliards d'euros d'emprunts pour financer ses déficits. Il y parvint durant la matinée, mais à quel prix ! Ces derniers jours, l'écart de taux d'emprunt entre la France et l'Allemagne n'avait cessé d'augmenter. Pour emprunter à 10 ans, les Français ont dû proposer une rémunération de 3,7% aux marchés, quand les Allemands sont toujours à 1,7%. L'écart est historique depuis la création de l'euro: « Les investisseurs estiment que la France a déjà perdu sa précieuse note AAA » relevait Reuters.

Nicolas Sarkozy est dans une impasse. Et, ces derniers jours, notre Monarque a perdu le sens de la mesure. Il veut porter le fer contre Hollande. Il trépigne tellement qu'il en oublie qu'il a une crise à gérer.

Sarkozy préfère faire campagne
Mardi, il avait donc endossé son costume de candidat. En visite à Bordeaux, il confia publiquement que sa femme Carla avait peur de manquer de lait maternelle pour leur petite Giulia. Plus tard, il invoqua de Gaulle et le Conseil national de la Résistance pour fustiger les fraudeurs sociaux. Il confirmait l'obligation de travail pour les bénéficiaires du RSA (7 heures de travail gratuit) et même l'extension du délai de carence d'indemnité pour les salariés malades. Même les fonctionnaires en ont eu pour leur compte. Alors que trois quarts des salariés du privé sont couverts par leur employeur, les fonctionnaires subiront une journée de carence de salaire s'ils tombent malade. L'amalgame était total. Le dégoût aussi. Jamais Nicolas Sarkozy n'avait organisé de similaire show contre la fraude aux cotisations (une quinzaine de milliards d'euros par an)

Le lendemain, son ministre de l'Enseignement Supérieur Laurent Wauquiez croyait bon surenchérir sur les propos de son Monarque. L'assisté de Haute-Loire (il a hérité de sa circonscription par le désistement de Jacques Barrot en 2004 ) justifiait : « Si jamais, quand vous tombez malade, cela n'a aucun impact sur votre indemnité et votre salaire, ce n'est pas très responsabilisant ».


Sarkozy, lui, adoptait le budget « le plus rigoureux depuis 1945 » en conseil des ministres: 93 milliards d'euros de déficit budgétaire encore cette année, et une nouvelle impasse en perspective pour 2012 vu la révision à 0,6% de la croissance française par la Commission européenne. Le même jour, le Monarque félicitait Mario Monti, le nouveau premier ministre italien. La patronne Merkel a été plus directe: « Il vous revient (...) de décider et de mettre en oeuvre rapidement des réformes décisives et nécessaires ».


Jeudi, Sarkozy profita d'un discours pour les 3 ans du Fond Stratégique d'Investissement pour fustiger publiquement l'accord entre écologistes et socialistes. Ses sbires se déchaînèrent contre une prétendue irresponsabilité. Ils craignaient pour leurs postes. L'accord EELV-PS a créé un stress, il n'a qu'un objectif, virer un maximum de députés UMP en juin prochain. A l'Elysée, on a sonné la charge. Copé et Kosciusko-Morizet se déchaînent. Même Henri Proglio, patron d'EDF nommé par Sarkozy, est appelé à la rescousse.

Ce jeudi, Sarkozy a aussi tremblé pour la filière automobile. Deux jours avant, le PDG de Peugeot avait annoncé 6.800 suppressions de postes, mais Sarkozy avait oublié de réagir. Deux jours plus tard, il racontait l'incompréhensible: « je peux vous annoncer qu'il n'y aura pas de plan social en France chez PSA ». Sans blague ?

Sarkozy s'emballe
Vendredi, Sarkozy s'emballe. Il était parti à Avignon, pour le quatrième Forum d'Avignon sur la culture et l'économie. Sur la tribune, il était secoué de tics. Le Figaro s'emballe tout autant: Sarkozy impose la baisse de la TVA sur l'e-book. Primo, la France qui se lève tôt est ravie. Elle n'aura pas les moyens de se payer un e-book avant quelques décennies. En revanche, elle supportera le relèvement de 5,5 à 7% de la TVA dès l'année prochaine. Secundo, Sarkozy n'impose rien. Il suggère un peu tard l'instauration d'un taux unique de TVA à l'ensemble des biens culturels: « J'espère que la Commission européenne ne s'opposera pas à cette initiative.» Le Monarque a d'autres envies. Il a compris que son Hadopi contre le téléchargement de fichiers culturels était la riposte du passé. Il veut s'attaquer au streaming. On lui souhaite tout le courage nécessaire.

Du courage, il en aura aussi besoin pour affronter les affaires. Mercredi, le parquet de Paris a été obéissant. Il a classé sans suite l'enquête préliminaire sur les accusations françafricaines de l'avocat Bourgi. Le candidat Sarkozy ne veut aucun remous à droite. Bourgi chargeait Chirac. On l'a fait taire. Un autre repenti reste énervé. Ziad Takieddine, dans les colonnes du Point cette semaine, a confirmé, enfin, qu'il y avait bien des commissions occultes versées dès les premières heures des contrats d'armements signées par le gouvernement Balladur. Bravo !

Last but not least, Mediapart révélait que Takieddine invitait, dans son yacht, en 2002, le patron des Douanes, Pierre-Mathieu Duhamel, futur directeur du budget au ministère de l'économie et des finances et proche de Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy.




Ami sarkozyste, où es-tu ?
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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 13:05

Rue89 - Publié le : 20/11/2011 à 11h00

 

Pour se faire de la pub, Gildas Le Béhoc, agriculteur morbihannais, a tagué des QRcodes (code-barres en 2D qui stockent des informations numériques et pouvant être décodés avec un smartphone) sur le flanc de ses vaches. Le QRcode, une fois scanné, débouche sur un jeu qui permet de gagner des produits laitiers issus de la ferme de l'agriculteur.

 

 

 

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 19:52

 

Rue89 - Dégaine l'oseille 17/11/2011 à 18h48
 

Un élève travaille sur un exercice scolaire à la maison dans une famille américaine (Brandi Jordan)

Chatou, dans les Yvelines. Une banlieue chic à 10 kilomètres à l'ouest de Paris. Christine R., qui préfère conserver l'anonymat, travaille en profession libérale. Avec son mari, directeur général d'une grande surface, ils ont quatre enfants : Camille, 20 ans, Adrien 18 ans, Antonio, 10 ans, et Cassandra, 8 ans. Le couple gagne environ 8 000 euros par mois.

Comme tous les parents, ils veulent que leurs enfants réussissent. Lorsque leur aînée était en première ES, elle n'avait pas l'esprit mathématique ? Ils ont fait appel à un professeur particulier. Elle voulait suivre des études de commerce, son orientation actuelle ? Les parents ont re-signé pour la terminale. Coefficient 7 au bac, il s'agissait de ne pas perdre pied.

A 45 euros par heure, deux heures par semaine pendant quinze mois, la facture est salée : 5 400 euros sans abattement fiscal. « Nous avions essayé avec un organisme, mais ce n'était jamais le même professeur », précise Christine R.

« Son prof de lycée nous avait encouragé »

Adrien, lui, faisait partie des élèves un peu juste en mathématique. Une moyenne de 9/20 en seconde, un peu limite pour intégrer une première S et être sûr de réussir son bac. Donc de la seconde à la terminale, même prof, même tarif : 8 640 euros pour vingt-quatre mois.

« Son professeur de lycée nous avait encouragé », ajoute la mère de famille. Car si des cours de soutien existaient au sein de l'établissement pour les queues de classe, rien n'était proposé aux élèves moyens.

« Nous avions la chance de pouvoir le faire, alors nous l'avons fait », souligne Christine R., consciente qu'avec ses revenus le ménage appartient aux privilégiés.

Prix d'ami : 72 h de cours pour 4 320 €

D'autant que les doutes d'Adrien et de Camille ne portaient pas seulement sur les dérivations ou les fonctions polynômes. A l'approche du bac de français, l'angoisse monte également à l'idée des commentaires de texte et dissertations sur Flaubert ou Balzac.

Ce fut donc deux heures de cours hebdomadaires. Malgré un « prix d'ami », les parents ont dû débourser 4 320 euros supplémentaires pour aider leurs deux adolescents à appréhender Molière à raison de 72 heures de cours chacun.

Même si à l'heure actuelle, les deux petits derniers ne sont pas concernés, les Yvelinois n'en ont pas pour autant fini avec les cours de soutien. Adrien, désormais étudiant en première année de médecine (PAES), suit en complément une prépa privée (850 euros l'année) et des cours particuliers de biophysique avec un professeur spécialisé (deux heures par semaine à 70 euros de l'heure).

Objectif : maximiser ses chances aux concours de janvier et de mai dont les taux de réussite ne dépassent pas 17% en moyenne. Au total, 5 890 euros pour un an. Le prix du succès ? « Mon fils m'a assuré que c'était indispensable », ajoute la mère de famille nombreuse, dubitative. Elle attend de voir les résultats.

Au total, le soutien scolaire aura coûté 23 700 euros pour 528 heures de cours particuliers sur un peu plus de quatre ans, soit 5 925 euros par an, plus 850 euros de prépa, la question se pose.

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 19:50
Rue89 - Tribune des droits humains 19/11/2011 à 17h19
Tribune des droits humains"
John Dyer
Infosud
 

Une poche vide (stuartpilbrow/Flickr)

 

(De Boston) L'économie américaine est à nouveau minée par un problème de dette. Cette fois-ci, ce sont les étudiants qui sont directement visés, avec une dette globale de mille milliards de dollars en 2010.

C'est le chiffre que donne la réserve fédérale new-yorkaise pour la dette issue des prêts bancaires des universitaires : un record.

Selon le College Board, un groupe d'intérêt des universités, les étudiants empruntent deux fois plus qu'il y a dix ans (taux d'inflation inclus).

Une situation qui ne peut que s'aggraver : aux Etats-Unis, la plupart des étudiants doivent financer eux-mêmes leurs études et le coût de l'éducation continue à fortement augmenter. Sans autre choix que de cumuler des crédits pour paradoxalement assurer leur avenir, ils peuvent s'endetter pour plusieurs dizaines de milliers de dollars chaque année.

Pas le droit à l'erreur

Cette spirale est d'autant plus intenable que les étudiants doivent commencer à rembourser leur emprunt une fois le diplôme obtenu. Cela quelles que soient les difficultés que peut rencontrer le débiteur.

Même en cas de faillite personnelle, cette dette ne s'efface pas, contrairement aux autres types de dette. Alisa Cunningham, chercheuse à l'Institute for Higher Education Policy à Washington, confie :

« Les conséquences sont tellement graves que les étudiants n'ont pas le droit à l'erreur. »

Or, avec un taux de chômage avoisinant les 9% aux Etats-Unis, de nombreux diplômés ne peuvent pas rembourser leur emprunt. En 2009, 8,8% d'entre eux étaient en défaut de paiement contre 6,7% deux ans plus tôt.

Le pire marché de l'emploi

Un business juteux et sur le long terme pour les organismes de crédit qui n'a pas échappé à certaines universités : elles sont de plus en plus nombreuses à développer des entreprises rentables de prêts sur le dos des étudiants.

Les critiques se font de plus en plus virulentes contre ce fonctionnement, les facultés incriminées ciblant délibérément les étudiants issus de familles pauvres.

Une politique clairement irresponsable pour Jake Stillwell, porte-parole de l'Association des étudiants américains. Selon lui, alors que ces universités font miroiter de bonnes chances d'emploi grâce à leur diplôme, elles passent sous silence les conséquences de contracter un prêt.

« En moyenne, les dettes d'un diplômé s'élèvent à 25 000 dollars avant de se lancer sur le pire marché de l'emploi de l'histoire. »

La question de la dette estudiantine est au cœur des manifestations qui secouent tout le pays. « Je suis un jeune médecin, qui arrive tout juste à survivre avec mon salaire », écrit un membre du mouvement Occupy Wall Street sur le site We Are the 99 Percent.

« J'ai plus de 200 000 dollars de dette étudiante. Je dois payer près de mille dollars par mois. Même à ce rythme, je vais avoir besoin de 30 ans pour rembourser totalement. Dans ces conditions, comment pourrais-je acheter une maison, assumer des enfants et épargner pour l'avenir ? »

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