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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 18:44

LEMONDE | 25.11.11 | 14h12   •  Mis à jour le 26.11.11 | 13h51

 
 

D'ordinaire, ils se font plutôt discrets, les "précaires" de l'éducation nationale. Avec le chômage comme épée de Damoclès, "le moindre faux pas, et c'est la porte", disent-ils. Mais comme si la coupe était pleine, ils ont décidé de témoigner à travers le "Livre noir des non-titulaires de l'éducation nationale" . Quarante pages qui lèvent le voile sur des situations kafkaïennes.

A l'origine, une poignée d'enseignants contractuels qui se sont rencontrés sur le forum Internet "Profs précaires". A l'approche de l'examen par le Parlement, en décembre, du projet de loi sur la résorption de l'emploi précaire dans la fonction publique, ils ont rassemblé une centaine de témoignages et les ont envoyés aux parlementaires, ainsi qu'au ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel. "L'objectif est d'être visible, dit l'un d'eux. Nos problèmes pris isolément peuvent sembler anodins, mais, rassemblés, ils donnent une vue d'ensemble sur quelque chose de grave." Trois députés ont assuré qu'ils se feraient l'écho de ces revendications. M. Chatel ne leur a pas répondu.

Dans le livre, ils se disent "bouche-trous", "enseignants de seconde zone" et "prisonniers d'un statut". Ils seraient 21 200 contractuels, selon le ministère de l'éducation : 15 000 à durée déterminée (CDD), 5 200 à durée indéterminée (CDI), et près de 1 000 vacataires (un contrat qui porte sur un maximum de 200 heures par an). Leur nombre augmente depuis 2007. "Une augmentation légère", selon Josette Théophile, la DRH du ministère. "Une explosion de 25 %", réplique le SNES-FSU, principal syndicat des enseignants du secondaire.

Depuis 2007, 66 000 postes de fonctionnaires ont été supprimés dans l'éducation nationale. Pour compenser, l'administration a recruté des contractuels. Luc Chatel l'assume et le revendique. En mars 2010, il demandait aux recteurs de se doter d'un "vivier" de contractuels, composé de retraités et d'étudiants, pour "subvenir à des besoins urgents de remplacement". Depuis, "les chefs d'établissement vont parfois directement chercher leurs remplaçants chez Pôle emploi", rapporte Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN-UNSA, le principal syndicat des chefs d'établissement.

Problème : dans l'éducation nationale, quand la précarité s'installe, elle s'installe durablement... "Je suis un pion, envoyé d'établissement en établissement depuis 1999 !" Michael Médiouni est professeur de français dans l'académie de Grenoble. Son CV est une longue liste de vacations, de CDD à mi-temps, à temps plein... Trente contrats au total, en passant par la case chômage. "Le plus dur, c'est ce stress, chaque été, de ne pas savoir si le rectorat va nous proposer un nouveau contrat à la rentrée et où il va nous affecter."

Dans l'éducation nationale, les périodes de CDD sont limitées à six ans "sans interruption", contre dix-huit mois dans le secteur privé. Après quoi on peut en principe bénéficier d'un CDI. "Mais les rectorats savent s'arranger pour ne pas reconduire un salarié à l'issue de sa sixième année", rapporte Angélina Bled, du syndicat SE-UNSA. Ou bien justifier d'interruptions entre deux contrats pour "remettre les compteurs à zéro".

Le plan de titularisation que prépare le gouvernement devrait permettre à quelque 500 enseignants d'obtenir un CDI, et à 10 000 autres de passer un examen pour être titularisés. Mais, selon le conseiller d'Etat Marcel Pochard, il s'agit d'un "plâtre sur une jambe de bois". "La résorption de l'emploi précaire est un serpent de mer de la fonction publique", explique l'ancien directeur général de l'administration et de la fonction publique. Le premier plan de résorption de la précarité date de 1950. Puis il y eut la loi Le Pors en 1983, la loi Perben en 1996, le plan Sapin en 2000... "On passe l'éponge régulièrement, mais les contractuels constituent un vivier qui ne peut pas ne pas se reconstituer", rappelle M. Pochard.

En cause, la "dimension de masse de l'éducation nationale, combinée à sa complexité", soutient l'inspecteur général Didier Bargas : 860 000 enseignants, 65 000 établissements, 12 millions d'élèves, 35 disciplines au collège et au lycée et 360 dans l'enseignement professionnel... "La machine ne peut être d'une précision telle qu'il y ait, partout, à chaque rentrée, l'enseignant dont on a besoin", conclut M. Pochard. Ceux qui dénoncent l'inefficacité des plans de titularisation préconisent une meilleure gestion des personnels, plus humaine, plus souple. "L'Etat, mauvais employeur", la formule est bien connue. "L'administration fonctionne de manière mécanique, elle gère de manière impersonnelle des carrières, des statuts", analyse Luc Rouban, sociologue et directeur de recherches au CNRS.

Le "Livre noir" regorge d'exemples. Rectorats injoignables, délais de paiement interminables, contrats qui arrivent à terme une veille de vacances pour reprendre le jour de la rentrée, affectations improbables... "Il y a deux ans, on m'a affecté à 170 kilomètres de chez moi. L'an dernier, j'avais 120 kilomètres par jour. Et, bien sûr, le rectorat ne rembourse pas l'essence", témoigne M. Médiouni. Un professeur de philosophie s'est "tapé la tête contre les murs" lorsqu'il a appris son affectation à une heure de route de sa ville, alors qu'"un poste en philo était vacant dans le lycée à côté de chez (lui) ".

Côté salaire, "on est au ras des pâquerettes, le plus souvent entre 1 200 et 1 400 euros net, même après dix ans", rapporte Vincent Lombard, du SNES-FSU. Quant aux indemnités chômage, c'est une "usine à gaz", poursuit-il : "Comme Pôle emploi n'indemnise pas les contractuels du public, il renvoie la demande au rectorat. Le temps que la machine se mette en route, il faut attendre deux mois avant de toucher ses indemnités."

Seule solution : passer le concours interne, dont le nombre de postes offerts, ces dernières années, s'est réduit. Tout comme l'espoir des contractuels d'être un jour considérés comme de "vrais profs".


Le "Livre noir" sur le Web :
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/Livrenoirnon-titulaires.pdf

Aurélie Collas
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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 19:23
Rue89 - SuperNo - Blogueur associé | Vendredi 25 Novembre 2011 à 15:01

Pour résoudre la crise, il faudrait d'abord remédier à l'inculture économique des Français. C'est du moins la thèse défendue par Jean-Michel Fourgous, député UMP des Yvelines. Une idée qui a le don d'irriter SuperNo...



La crise : la faute aux Français nuls en économie
Vous qui n’êtes pas blogueurs, vous ne savez pas ce que vous ratez ! Non seulement vous ne passez pas des heures à écrire, vous ne vous faites pas engueuler par votre femme, vous n’avez pas à cacher vos activités coupables à votre patron, et on ne se demande pas si vous êtes mort dès que vous n’avez rien écrit depuis trois jours…

Mais tout cela n’est rien. Le pire, c’est que vous Jean-Michel Fourgous, député UMP des Yvelines, ne vous écrit pas.

Et ça, franchement, je ne sais pas comment je faisais avant.

Fourgous, c’est le gars qui pense que Hollande est un dangereux marxiste, et qui ne rate pas une occasion de léchouiller les orteils de son maître à penser.

Mais aujourd’hui, Jean-Michel Fourgous va plus loin : il va nous permettre d’échapper à la crise. Comment ? En faisant savoir aux banksters que la « dette » est principalement constituée d’intérêts indus, et donc nulle et non avenue ?

Non, restons sérieux. Fourgous est un homme respectable. Il est de l’UMP, que diable. C’est pas lui qui s’abaisserait à contraindre un bankster… Il préfèrera 1000 fois faire payer le peuple.

Non, Fourgous pense, sans rire, que la crise peut se résoudre en… apprenant l’économie !

Voici ce que j’ai reçu :

« Le groupe d’étude parlementaire « Génération Entreprise », co-présidé par les députés Jean-Michel FOURGOUS (Yvelines) et Olivier DASSAULT (Oise), organise un colloque sur la culture économique des Français le :

[Je vous passe date et heure, d’ailleurs c’est passé, et on n’est pas là pour faire de la pub, non plus…]

Pour résoudre une grave crise comme celle qui secoue, en ce moment, l’Europe entière, il est tout d’abord nécessaire de bien comprendre l’économie. Les Députés issus de l’entreprise veulent attirer l’attention sur le manque de culture économique des Français qui handicape la reprise de la croissance et la compétitivité de notre pays. Le Prix Nobel d’économie Edmund PHELPS a d’ailleurs évalué que « la France perd un point de croissance à cause de son déficit de culture économique ».

A travers ces débats, les Députés de «
Génération Entreprise » souhaitent souligner l’importance de l’adhésion à l’économie de marché, et la nécessité d’avoir un esprit d’entreprise et une culture de l’innovation dans le contexte actuel de guerre économique mondiale.

Parmi les intervenants, seront notamment présents Laurence Parisot, présidente du MEDEF ; Emmanuel Chain, créateur de l’émission
Capital ; Christian Saint-Etienne (économiste), Geoffroy Roux de Bézieux (chef d’entreprise), deux think tanks (TERRA NOVA, l’IFRAP), deux journalistes (Le Monde, Le Figaro).

Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion publique de l’IFOP présentera les résultats d’un sondage sur «
Les Français et la compréhension de l’économie ».

Deux tables rondes articuleront ensuite les débats : la première dressera l’état des lieux de la culture économique des Français ; et la seconde tentera de dégager des solutions concrètes pour réconcilier nos compatriotes avec l’économie.
»

Si vous ne vous êtes pas bidonnés au moins trente-sept fois à la lecture de la liste des participants, tous - mais ce doit être un hasard - ultralibéraux bêlants, il ne vous reste effectivement qu’à aller voter Sarkozy et à croire qu’il va « solutionner la crise »… Vous avez aussi le droit de vous demander ce que « Terra Nova », le « think tank » du PS vient faire dans cette galère…

Ainsi donc, la crise, c’est notre faute. Enfin, la vôtre, tas d’incultes qui ne comprenez rien à l’économie capitaliste et ultralibérale.

Vous pouvez cependant être à moitié rassurés en constatant que pas un des intervenants n’avait prévu la crise des subprimes, ni celle de la dette publique. Pas un. Même les agences de notation, qui orchestrent l’asservissement des peuples, n’avaient rien vu venir… Quant aux « téléconomistes », tous les prétentieux qui causent dans le poste pour expliquer nos malheurs et nous persuader qu’il faut encore faire des sacrifices, ils se contentent de répéter les sornettes libérales de base, sans même pouvoir prédire ce qui se passera demain ou dans une semaine. Dans dix ans, n’en parlons pas.

Olivier Dassault nous donnerait des leçons d’économie ? Non, tout au plus pourrait-il nous expliquer comment échapper à la crise en naissant milliardaire…

Cette démarche pue. Elle fait partie d’un ensemble d’arguments pourris, qui tendent à faire croire que nous serions responsables de la crise. Parce que nous vivrions « au dessus de nos moyens », et qu’il faut donc abandonner retraites, sécu, droit du travail… Et que nous sommes donc incultes, ne connaissant pas l’économie.

Pourtant, je fais des efforts, et je vais dans le sens de Messieurs Fourgous et Dassault : je me cultive et j’apprends l’économie. Oh, pas les sornettes de lycée, ni même ce qu’est une action, une obligation, tout ça je le sais depuis longtemps.

J’ai donc appris :

- Ce qu’est un CDO, un CDS (il serait intéressant de savoir combien des intervenants sus-cités seraient capables d’expliquer le concept)

- La bêtise, la prétention et le panurgisme des banksters de Wall Street (ça c’est grâce aux livres de Michael Lewis)

- Que notre dette est de 1700 milliards d’euros, soit plus de 100 000 euros par famille de 4, et donc inremboursable.

- Que cette dette monte de plus en plus, avec les taux d’intérêts fixés par les banksters eux-mêmes

- Que c’est la même chose dans la plupart des pays occidentaux.

- Que cette dette est principalement constituée des intérêts indus payés à des banksters.

 Et surtout….

- Que ce sont des politiciens donneurs de leçons qui ont abandonné leurs pouvoirs aux banksters et aux eurocrates qui sont responsables de cette situation, et prétendent néanmoins, pompiers pyromanes, nous en sortir…

 

La crise : la faute aux Français nuls en économie
Retrouvez SuperNo sur son blog.
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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 19:08

LEMONDE.FR avec AFP | 25.11.11 | 14h34

 
 

 

Claude Guéant à l'Assemblée nationale, le 15 novembre 2011.

Claude Guéant à l'Assemblée nationale, le 15 novembre 2011.AFP/FRED DUFOUR

Le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, a annoncé vendredi 25 novembre une réforme du droit d'asile qui, selon lui, est "détourné à des fins d'immigration économique", lors d'une renontre avec des journalistes.
 

"Notre système d'asile est en danger parce que le dispositif est utilisé pour pénétrer et se maintenir dans notre pays", a déploré le ministre, selon lequel la demande va augmenter à 60 000 dossiers en 2011, contre 52 762 en 2010 et 47 686 en 2009. Selon M. Guéant, cette hausse "repose sur des demandes infondées de plus en plus nombreuses".

La France est la deuxième destination des demandeurs d'asile dans le monde après les Etats-Unis, et la première en Europe, devant l'Allemagne, la Suède et le Royaume-Uni.

ALLONGEMENT DES DÉLAIS DE TRAITEMENT

Conséquences de cette hausse "infondée" : l'allongement des délais de traitement des demandes (dix-neuf mois et douze jours en 2010 contre seize mois et quinze jours en 2008), une saturation du dispositif d'hébergement conduisant à une occupation des structures dédiées aux sans-abri pendant l'hiver et une hausse du budget.

Face à ce constat, le gouvernement souhaite étendre la liste des pays d'origine classés sûrs à l'Arménie, la Moldavie, le Monténégro et le Bangladesh, "première nationalité de demande d'asile alors que la situation du pays a évolué et ne le justifie pas". Un pays est considéré comme "sûr" s'il veille au respect des principes de la liberté, de la démocratie et de l'état de droit, ainsi que des droits de l'homme et des libertés fondamentales.

"LES EFFORTS BUDGÉTAIRES S'IMPOSENT À TOUS"

Par ailleurs, le gouvernement veut réduire le budget dédié à l'asile et qui sert à financer 21 500 places en centre d'accueil des demandeurs d'asile (CADA), 20 000 places d'hébergement d'urgence et une allocation temporaire d'attente pour 37 000 demandeurs.

"Les efforts budgétaires s'imposent à tous et la modération des dépenses publiques s'impose aussi à notre politique d'asile", a souligné le ministre qui souhaite introduire dans le droit français la notion de "délai raisonnable" pour le dépôt d'une demande d'asile alors qu'il n'est pas déterminé actuellement.

M. Guéant propose "le seuil de 90 jours" alors qu'en Grande-Bretagne "une demande est considérée comme tardive trois jours après l'entrée sur le territoire". Preuve que le droit d'asile est détourné, a fait valoir le ministre, certains étrangers le demandent quand ils sont placés en rétention pour être expulsés.

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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 19:03

LEMONDE.FR avec AFP | 25.11.11 | 15h43

 

 

François Baroin, lors de la séance des questions à l'Assemblée nationale, le 9 novembre 2011.

François Baroin, lors de la séance des questions à l'Assemblée nationale, le 9 novembre 2011.AFP/MARTIN BUREAU


Les déclarations de François Baroin, laissant entendre qu'il n'y aurait pas de suppressions d'emplois là où l'Etat est actionnaire, ont fait réagir vendredi 25 novembre les syndicats de plusieurs entreprises, disant "prendre au mot" le ministre de l'économie.

Mercredi, à l'Assemblée nationale, après avoir indiqué qu'il n'y aurait "pas de suppressions d'emplois" chez PSA ni chez Areva, M. Baroin avait ajouté : "L'Etat a fixé une ligne très claire, là où l'Etat est actionnaire, là où directement ou indirectement, de près ou de loin, il a son mot à dire, l'emploi ne sera pas une variable d'ajustement." Des propos également tenus sur France 2 :

"PASSER DE LA PAROLE AUX ACTES"

Dans un communiqué, le syndicat CFDT du groupe de construction navale DCNS, détenu à 75 % par l'Etat français et à 25 % par le groupe d'électronique Thales, a dit "prendre M. Baroin au mot". En conséquence, il demande au ministre "de passer de la parole aux actes en n'autorisant pas le plan de départs prévu à DCNS". Ce plan de départs volontaires concerne 150 à 200 ouvriers d'Etat du groupe d'ici 2012, selon la CFDT. La direction de DCNS a précisé par la suite à l'AFP que "le solde des recrutements est supérieur à celui des départs" au sein du groupe.

A La Poste, société anonyme à capitaux publics (Etat et Caisse des dépôts), le syndicat Force ouvrière (FO) relève de son côté que les déclarations du gouvernement, "pour surprenantes qu'elles soient, sont claires : aucune suppression d'emploi ne devra intervenir jusqu'à nouvel ordre, dans les entreprises dont l'Etat détient la majorité du capital". "Sauf à considérer que les engagements de l'Etat sont sans valeur", FO "demande donc qu'en vertu des injonctions gouvernementales, tout départ de postier (retraite ou autre) soit compensé par une embauche". Le syndicat rappelle que près de 11 700 postes ont été supprimés en 2010 et 6 759 au 1er semestre 2011 au sein du groupe.

Du côté de la SNCF, Gilbert Garrel, secrétaire général de la CGT-cheminots, a également déclaré lors d'un point-presse jeudi : "Nous serons très vigilants sur l'emploi lors de la présentation du budget 2012 en fin d'année puisque François Baroin a assuré qu'il n'y aurait pas de suppressions de postes dans les entreprises publiques". Selon M. Garrel, "c'est une très bonne nouvelle pour les cheminots", alors que la SNCF supprime chaque année des postes à la faveur de départs en retraite non remplacés.

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 16:11
Rue89 - Frederic Troilo
Archiviste et historien en recherche d'emploi
 

 


Des personnes passent devant un SDF dans une cabine téléphonique à Paris, le 5 novembre 2011 (Eric Gaillard/Rue89)

En 2009, la pauvreté a encore progressé en France et toucherait, selon l'Insee, plus de 8 millions de Français. Depuis, de nombreux indicateurs laissent penser à une aggravation de la précarité, comme l'annoncent de nombreuses associations caritatives.

Parmi les plus démunis figurent les mendiants et les SDF qui sont régulièrement concernés par des mesures répressives. C'est ainsi que ces dernières semaines, des communes ont décidé de résoudre le problème de l'exclusion en recourant à des arrêtés anti-mendicité.

Au XIXe siècle déjà, les mendiants et les sans-domicile fixe dérangent par leur visibilité dans l'espace public et subissent périodiquement les foudres des autorités. Aujourd'hui encore, le traitement des exclus n'est pas dénué d'apports ou de visées idéologiques. En ce début de XXIe siècle, la question sociale reste centrale. Mais le débat aura-t-il réellement lieu ?

La crise, terreau favorable

La fréquence des arrêtés anti-mendicité tend à augmenter durant certaines périodes. C'est ainsi que les crises économiques, politiques ou encore financières, favorisent la stigmatisation des exclus et alimentent rumeurs et fantasmes.

A la fin du XIXe siècle, la IIIe République naissante cherche à renforcer son autorité et renforce le contrôle et la surveillance des populations, notamment du fait de la menace anarchiste. La presse écrite assimile alors les mendiants et les vagabonds à de dangereux criminels, les Apaches. Jusqu'en 1994, les mendiants et les vagabonds pouvaient être réprimés par le code pénal.

En sonnant le glas de la criminalisation des ces exclus, le législateur ne s'attendait sans doute pas aux conséquences laissées par ce vide juridique. Cette décision a en effet entraîné un recours plus systématique des communes aux arrêtés anti-mendicité, relançant ainsi la question du respect de certaines libertés individuelles.

Ces arrêtés ne bafouent-ils pas des textes fondateurs de notre démocratie, comme la déclaration des droits de l'homme et du citoyen ou encore la Constitution française ? Le droit de circuler ou de stationner ne semble cependant pas faire le poids face à l'argument du respect de la tranquillité publique.

En octobre dernier, la médiatisation de l'arrêté pris à Marseille par Jean-Claude Gaudin a entraîné de nombreuses réactions d'indignation. Le maire de la deuxième ville de France désigne clairement les Roms qui pratiqueraient une « mendicité active ».

En annonçant que cette mesure est destinée à préserver « la sécurité de tous », les exclus sont assimilés à des délinquants, voire des criminels.

Préserver l'ordre public ?

Pour justifier leurs arrêtés anti-mendicité, les élus municipaux s'appuient surtout sur leur rôle de garants de l'ordre public. Rassemblements, nuisances sonores, consommation d'alcool ou encore morsures de chiens sont quelques-uns des arguments utilisés.

Les motifs avancés peuvent être plus douteux. A Argenteuil, Georges Mothron va jusqu'à évoquer une « gêne olfactive » des exclus. Outre l'atteinte au respect de la dignité humaine, en quoi cet argument porterait-il atteinte à l'ordre public ?

Depuis les années 1980, les populations aisées réinvestissent le cœur des villes et influencent sans doute les décisions des municipalités.

Eloigner les exclus du soleil et des centres-villes

En 1830, un maire mosellan nomme un « chasse-pauvre » pour éloigner de sa commune les exclus étrangers. Près de deux siècles plus tard, en 2007, la municipalité d'Argenteuil reconnaît avoir fait l'acquisition d'un gaz destiné à repousser les mendiants et les SDF hors du centre-ville.

Depuis 1994, les interdictions de la mendicité concernent généralement la période estivale, plus propice aux activités touristiques. En effet, certaines communes, notamment les stations balnéaires, cherchent à cacher cette réalité de l'exclusion.

En 2007, la France organise la Coupe du monde de rugby. Certaines associations accusent alors les pouvoirs publics de chasser les exclus autour des stades et vont jusqu'à évoquer « un grand nettoyage social ».

La vigilance des associations

Face à la recrudescence des arrêtés anti-mendicité, des associations veillent au respect du droit et des valeurs démocratiques. C'est le cas de La Ligue des droits de l'homme, d'Emmaüs ou encore de Droit au Logement.

En recourant à la justice administrative, elles ont permis de faire annuler certaines décisions municipales abusives et non justifiées :

Une instrumentalisation politique ?

Faire sortir de la pauvreté 5 millions de Français : cette promesse a été faite le 30 août dernier, par la candidate du Front national, Marine Le Pen en cas d'élection au prochain mandat présidentiel.

En 2006 déjà, le candidat Nicolas Sarkozy avait annoncé que « d'ici à deux ans, plus personne ne sera obligé de dormir dehors et d'y mourir de froid. » L'échéance arrivée, un projet de loi issu du rapport Pinte sur la sécurité intérieure [PDF], envisage de rétablir le délit de vagabondage. Dévoilé par Rue89, il est finalement abandonné.

Déjà exclus de notre société, les SDF et les mendiants doivent faire face à la stigmatisation des autorités. Cette « double peine » est-elle en phase avec le « vivre ensemble » et les valeurs de la République ? Les arrêtés anti-mendicité ne sont-ils pas symptomatiques d'une incapacité des politiques à apporter des réponses concrètes à l'exclusion ? Le progrès social est-il linéaire ?

En ce début de XXIe siècle, la société française semble se couper de plus en plus de ses citoyens en marge. Ces pauvres dérangent, sans doute parce qu'ils illustrent l'échec de notre démocratie à régler le problème de la pauvreté.

La crise actuelle est l'occasion de rejeter plus facilement les exclus hors du champ social et d'en faire des boucs émissaires. « Il ne faut pas faire la guerre aux pauvres, mais à la pauvreté. » Gageons que la pensée de l'abbé Pierre finisse par lui survivre et soit un jour enfin entendue.

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 16:07

LEMONDE | 24.11.11 | 09h05   •  Mis à jour le 24.11.11 | 10h58

 
 

 

Répartition de la masse totale de patrimoine brut entre les ménages

Répartition de la masse totale de patrimoine brut entre les ménagesLeMonde.fr

C'est plus une confirmation qu'une révélation : les inégalités de patrimoine se sont accrues entre 2004 et 2010, et surtout par le haut, autrement dit par l'enrichissement des plus riches. L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) l'établit dans sa nouvelle enquête sur le patrimoine des ménages, étendue pour la première fois aux départements d'outre-mer, dont les résultats ont été rendus publics jeudi 24 novembre.

En 2010, le patrimoine brut, c'est-à-dire l'ensemble des actifs détenus par un ménage (biens immobiliers, professionnels, patrimoine financier mais aussi matériel...), détenu par les 10 % les mieux dotés est en moyenne 35 fois plus élevé que celui dont disposent les 50 % de ménages les moins dotés. Ce rapport était de 32 en 2004. Comme les économistes Thomas Piketty et Camille Landais l'ont constaté pour les hauts revenus, les inégalités de patrimoine se creusent par le haut, tirées par les ménages les plus fortunés. L'indice de Gini, qui est une mesure du degré de disparité des patrimoines pour une population donnée, a augmenté de 1,4 % entre 2004 et 2010 mais de 13,9 % pour la population des plus riches, alors même qu'une partie de la période observée par l'Insee correspond à la crise.

LES 10 % LES PLUS DOTÉS POSSÈDENT 48 % DU PATRIMOINE GLOBAL

Quelques chiffres donnent la mesure de la situation. Début 2010, la moitié des ménages vivant en France déclarent plus de 150 200 euros de patrimoine brut global. Les 10 % de ménages les plus fortunés possèdent au minimum 552 300 euros d'actifs, alors que les 10 % les plus modestes détiennent au maximum 2 700 euros chacun, soit 205 fois moins. Ces inégalités sont beaucoup plus marquées que celles des revenus. Collectivement, les 10 % de ménages les mieux dotés concentrent 48 % de la masse totale de patrimoine brut, les 1 % les mieux dotés en détenant même 17 %, contre seulement 7 % à la moitié des ménages les moins dotés.

Le montant du patrimoine, brut comme net (une fois déduite la charge des remboursements d'emprunts), croît jusqu'à l'âge de 70 ans avant de décroître ensuite. Toutefois, prévient l'Insee, les effets liés à l'âge "sont difficiles à estimer précisément car les niveaux moyens de patrimoine résultent de contextes économiques qui ont différé d'une génération à l'autre". Les Trente Glorieuses n'ayant pas grand-chose à voir, par exemple, avec les années 1990. Au-delà de ces effets, les logiques d'accumulation patrimoniale et d'épargne diffèrent nettement entre salariés et indépendants en activité, elles s'estompent avec la retraite. Entre salariés en activité, les disparités patrimoniales selon la catégorie socioprofessionnelle sont très marquées : le patrimoine médian des cadres est 35 fois supérieur à celui des ouvriers non qualifiés.

Acheter un bien immobilier, a fortiori sa résidence principale, est une étape importante dans la constitution d'un patrimoine. Ainsi les ménages propriétaires de leur résidence principale détiennent un patrimoine brut moyen 8,3 fois plus élevé que celui des locataires et des ménages logés gratuitement.

C'est parmi la frange la plus riche de cette France des propriétaires que se trouvent les redevables de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), dont le rendement s'est envolé avec le boom immobilier.

LES HAUTS PATRIMOINES SE PORTENT TRÈS BIEN

Cette année encore, comme l'ont révélé Les Echos du 21 novembre, l'ISF, même avec 300 000 redevables en moins – ceux qui étaient imposés à la première tranche supprimée en juin – devrait rapporter 4,2 milliards d'euros, soit 10% de plus que ce que le gouvernement prévoyait. Bercy y voit notamment le fruit de sa politique de lutte contre l'évasion fiscale.

Malgré la crise, les hauts patrimoines se portent très bien en France et restent détenus par une minorité d'héritiers, une concentration amplifiée par les allégements fiscaux sur les successions et que la suppression de l'impôt sur la fortune devrait encore aggraver.

Selon l'enquête de l'Institut national de la statistique et des études économiques, diffusée jeudi, les inégalités entre Français en matière de patrimoine se sont fortement accrues entre 2004 et 2010. L'écart entre les 10 % de ménages les plus pauvrement dotés et les 10 % de ménages les plus riches a augmenté de plus de 30 % au cours de la période. Quand les 10 % les mieux lotis possèdent au moins 550 000 euros de patrimoine, les 10 % les moins bien lotis n'ont pas plus de 2 700 euros chacun, soit 205 fois moins. Quant au 1 % des ménages les plus riches, ils détiennent chacun 1,8 million d'euros d'avoirs financiers, immobiliers ou professionnels. "Les inégalités de patrimoine sont beaucoup plus marquées que celles des revenus", reconnaît l'Insee, le revenu disponible des 10 % des ménages les plus modestes étant 4,2 fois moins élevé que celui des 10 % les plus aisés.

"LE PROBLÈME N'EST PAS SON NIVEAU, MAIS SA RÉPARTITION"

Pour Thomas Piketty, spécialiste de la fiscalité et des hauts revenus, cette enquête confirme que "les patrimoines se portent très bien. Il faut revenir à la Belle Epoque pour trouver un niveau aussi élevé". Le patrimoine global des ménages s'élève à près de 10 000 milliards d'euros. Aux yeux de cet économiste proche du Parti socialiste, "le problème n'est pas son niveau, mais sa répartition".

Ainsi, les 10 % les plus riches possèdent à eux seuls la moitié du patrimoine total et ont en moyenne plus de 1 million d'euros chacun. A l'inverse, les 50 % les plus pauvres ont en moyenne 30 000 euros, ce qui correspond à une "voiture et deux, trois mois d'avance sur leur compte en banque". Et s'ils sont propriétaires de leur appartement, ils ont contracté un emprunt, si bien que leur patrimoine net est très faible. Autre enseignement de l'enquête : "Il n'y pas de fuite des patrimoines importants hors de France", souligne M. Piketty.

Une étude récente de la banque Crédit Suisse a d'ailleurs montré que la France comptait plus de millionnaires que n'importe quel pays européen. Pour Thibault Gajdos, du CNRS, cette enquête illustre le rôle déterminant de l'héritage dans la constitution du patrimoine. Ainsi, le patrimoine médian des ménages héritiers est de 241 300 euros, contre 63 100 euros pour les non-héritiers.

A ses yeux, ce n'est donc pas la hausse des prix de l'immobilier qui est responsable de cette "dérive des inégalités", mais "la simple transmission du patrimoine" opposant les héritiers, qui ont pu accéder à la propriété, à ceux qui ne disposent pas d'un patrimoine initial. En outre, relève-t-il, du fait du vieillissement de la population, "on hérite plus vieux". L'héritage ne bénéficie pas à ceux qui en auraient le plus besoin. L'écart entre le patrimoine des 20-29 ans et celui des 60-69 ans est de 1 à 10.

Claire Guélaud

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 13:31

LEMONDE.FR | 24.11.11 | 12h09   •  Mis à jour le 24.11.11 | 14h08

 
 

 

Le 24 novembre 1999 à Paris, manifestation de cadres pour le décompte horaire de leur temps de travail dans le cadre de la loi sur les 35 heures.

Le 24 novembre 1999 à Paris, manifestation de cadres pour le décompte horaire de leur temps de travail dans le cadre de la loi sur les 35 heures. AFP/DANIEL JANIN


Alors que la campagne présidentielle s'installe, Nicolas Sarkozy prend plus que jamais l'Allemagne comme modèle. Dans son intervention télévisée du 27 octobre, il a pris le pays d'Angela Merkel pour exemple dans le domaine du temps de travail et qualifié les 35 heures de "folie" mise en place par les socialistes. Pourtant, la durée du temps du travail n'est pas plus élevée en Allemagne qu'en France.

Des durées officielles variables suivant les secteurs

La loi sur les horaires de travail en Allemagne impose en principe que le temps de travail ne dépasse pas huit heures par jour, ce qui fait 40 heures par semaine. Mais grâce à "l'autonomie tarifaire", les partenaires sociaux peuvent négocier dans chaque secteur professionnel les salaires et la durée hebdomadaire du travail.

Dans le secteur de la métallurgie, par exemple, les 35 heures ont été instaurées par le puissant syndicat IG Metall – qui n'a pourtant pas réussi à les faire appliquer dans l'Allemagne de l'est, c'est-à-dire les régions de l'ancienne RDA, et qui est aussi remis en question depuis quelques années dans l'ouest du pays.

Les durées négociées peuvent varier entre les différents Länder. Concernant le commerce de détail, par exemple, les 37,5 heures ont été instaurées dans la région de Hambourg. Dans le secteur public, le temps de travail varie entre 39 et 41 heures par semaine. Ainsi, les médecins dans les hôpitaux communaux ont obtenu une durée de 40 heures.

La durée de travail moyenne négociée dans tous les secteurs se situe officiellement à 37,7 heures par semaine.

Des durées effectives de travail supérieures

Mais en Allemagne comme en France, ces durées de travail négociées ne correspondent pas à la réalité professionnelle. Les heures supplémentaires font que les Allemands, comme les Français, travaillent beaucoup plus que ce que stipulent leurs contrats.

Selon les statistiques d'Eurostat de 2010, les Allemands employés à temps complet travaillent en moyenne 41,8 heures par semaine, les Français 41,1 heures. La moyenne de l'Union Européen se situait en 2010 à 41,6 heures la semaine. Dans les 27 pays de l'Union européenne, les salariés ne travaillent pas moins de 38,8 heures par semaine – la moyenne du Danemark où, selon les chiffres d'Eurostat, les gens travaillent le moins.

Le malentendu des 35 heures et des réformes Schröder

Le 27 octobre, Nicolas Sarkozy a opposé avec détermination les réformes de Gerhard Schröder, le prédécesseur d'Angela Merkel, aux "folies" des socialistes français, parlant de la retraite et notamment les 35 heures : "Quand en 2001 on a fait cette chose étrange, les 35 heures qui ont ruinées la compétitivité du pays, dans le même temps, M. Schröder, pourtant socialiste allemand, faisait l'inverse, faisait le choix de l'emploi et faisait le choix de la compétitivité. "

La comparaison n'est pourtant pas tout à fait correcte. Il est certes exact qu'après avoir réduit la durée hebdomadaire dans les années 70 et 80, l'Allemagne a fait le mouvement inverse : "L'évolution du temps du travail en Allemagne était auparavant marquée par des réductions de temps de travail" écrivait l'Institut für Arbeitsmarkt und Berufsforschung (IAB) en 2005, avant de préciser"Cette tendance s'est arrêtée au milieu des années 90. "

Mais cela n'est pas lié aux réformes du gouvernement Schröder. Au contraire, le chancelier et les syndicats se sont opposés a une prolongation de la durée hebdomadaire du travail à 42 heures pour les fonctionnaires en 2004, qui était réclamée par les démocrates-chrétiens (CDU), au motif qu'une telle réclamation serait "démodée et déconnectée de la réalité". Mais dans le même moment, les syndicats ont parfois accepté dans certains secteurs un assouplissement des règles de temps de travail. Ainsi dans la métallurgie, un accord de branche signé en 2004 permet aux employeurs de faire passer leurs salariés aux 40 heures, "lorsqu'un renforcement de la compétitivité de l'entreprise est nécessaire".

La durée globale plus faible en Allemagne à cause du temps partiel

L'Allemagne a plus recours au temps partiel que la France :  21,7 % de sa population active y sont employés à temps partiel en 2010, contre 13,6 % en France, selon l'OCDE. Si on intègre le temps partiel dans le calcul du temps de travail, la durée annuelle moyenne s'élève pour la France à 1 559 heures, contre 1 432 pour l'Allemagne, selon l'Insee.

En mars 2009, face à la crise, le gouvernement allemand a voté un élargissement du chômage partiel pour éviter des licenciements. Ainsi, les entreprises peuvent baisser la production pour une période limitée sans devoir licencier leurs travailleurs, qui travaillent moins ou restent chez eux en attendant la reprise de l'activité. Elle ne leur verse plus que 60 % de leur rémunération normale, mais le Pôle emploi allemand prend à sa charge la moitié des cotisations sociales.

Ce régime spécial prendra in en mars 2012. Alors que l'opposition veux bien le rallonger, Angela Merkel vient d'affirmer qu'elle n'avait pas l'intention de le faire. Mais elle a assuré qu'elle réinstaurerait cet instrument si la conjoncture le rendait nécessaire.

Anke Myrrhe
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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 15:49
Rue89 - Vis ma vie de « 1% » 23/11/2011 à 15h06
 Lea Lescure - journaliste


Une femme promène des chiens à New York (Jackyembarr/Flickr/CC)

(De New York) Thomas et Nathalie sont deux petites mains qui travaillent directement pour les fameux « 1% » (de super-riches) dénoncés par le mouvement « Occupy Wall Street » : il est garde du corps dans une agence de sécurité privée spécialisée grosse fortune, elle est « dog-sitter », c'est-à-dire nounou pour chiens, salariée par une entreprise de luxe.

Artiste de cirque et danseuse contemporaine, ils sont arrivés de France à New York en 2006. Ils ont rapidement dû trouver un travail alimentaire et ont pris ce qui est venu, et le hasard fait qu'ils travaillent souvent pour les mêmes familles.

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Thomas, garde du corps

 

« J'ai été recruté grâce à ma carrure [Thomas est porteur en cirque, ndlr], et parce que je parle couramment quatre langues dont l'arabe. Mon job consiste à accompagner des clients dans leurs déplacements, à contrôler et neutraliser leurs espaces professionnels et privés. Et assez souvent, à les rassurer. Selon les services, je gagne entre 40 et 80 dollars [30 et 60 euros] de l'heure après prélèvement de l'entreprise. Plus pourboires. »

La peur depuis la marche des millionnaires

En 2008, au pic de la crise économique, Thomas avait constaté une forte augmentation de sa clientèle. Il observe depuis quelques semaines le même phénomène :

« Avec la persistance d'“Occupy Wall Street”, on m'assigne de nouveaux clients, patrons dans la banque et la finance. En ce moment, je fais face à des demandes nouvelles : superviser le transport de biens comme des lingots d'or ou des œuvres d'art vers un aérodrome privé, ou accompagner les enfants et leurs nourrices à l'école par peur du kidnapping. »

Contacté par téléphone, le patron de Thomas, qui souhaite rester anonyme, confirme :

« Depuis la marche des millionnaires du 11 octobre [une manifestation organisée par “Occupy Wall Street” qui défilait devant les domiciles de dirigeants, ndlr], je reçois de nombreux appels paniqués de nos clients, qui demandent des devis pour renforcer la sécurité de leur portail, ou faire appel à un garde du corps 24 heures sur 24 en plus de leur gardien. »

 

 

La marche des millionnaires du 11 octobre 2011

Thomas passe la plupart de son temps de travail en tête à tête avec ses clients :

« Mais on ne se parle pas beaucoup. Certains me sollicitent très souvent, même durant leurs “ vacances ” familiales dans les Hamptons. Je ne vois pas trop la différence : ils restent pendus à leurs Blackberrys et ne s'offrent pas de temps de loisirs. »

2

Nathalie, nounou pour chiens

 

Autre contexte pour Nathalie, qui intervient plutôt au niveau domestique :

« J'ai plus à faire aux femmes de businessmen. Mon entreprise propose des services ultraluxueux pour animaux, du type toilettage, service spa, acupuncture et massage, “bootcamps” [camp d'entraînement, ndlr] pour chiens gras.

La clientèle est surtout installée dans l »Upper West Side ou dans les banlieues ultrafriquées. Je gagne environ 1 400 dollars [1 000 euros] par mois pour un mi-temps, pourboires compris. J'ai eu le poste parce que je suis capable de courir 2 heures avec cinq chiens, et que je parle français : certaines clientes américaines exigent que j'apprenne à leurs chiens à obéir à des ordres en français, c'est plus chic. »

Nathalie aime les chiens mais trouve certaines requêtes « un peu ridicules », comme leur mettre des chaussons aux pattes parce qu'il neige ou leur faire des brushing quotidiens. Même si elle fréquente plus souvent les employés de maison que ses patronnes, elle est tenue de « bien s'entendre avec elles ».

Parfois, elle les accompagne pendant un trajet court : Nathalie tient le chien et ses patronnes « lui parlent. Pas à moi, au chien ».

Ambiance tendue depuis quelques semaines

L'ambiance est plus tendue depuis quelques semaines. Nathalie explique :

« J'ai une collègue qui s'est fait virer sans préavis parce qu'elle avait pris part à “Occupy Wall Street” à Zuccotti Park, et apparaissait sur une photo qui a tourné dans les médias. Suite à ça, on a tous dû remplir et signer un questionnaire nous demandant ce qu'on pensait du mouvement. »

Elle a édulcoré son propos dans le questionnaire. Et sinon, elle en pense quoi justement ?

« Je suis d'accord avec les idées générales, les 99%, la démocratie directe et l'égalité de l'éducation. Au début, je me rendais aux réunions, mais c'est rapidement devenu brouillon : il y a beaucoup de squatteurs qui profitent de la nourriture gratuite, les militants peinent à s'entendre sur une seule proposition. C'est devenu un passage obligé pour les touristes entre Ground Zero et la statue de la Liberté. »

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 14:16

| Par Mathieu Magnaudeix

 

Au moment de plaider, le procureur est un peu embêté. De toute évidence, il semble considérer que cette affaire n'aurait jamais dû atterrir devant la dixième chambre correctionnel du Tribunal de grande instance de Paris.

C'est pourtant bien ce qui est arrivé. Ce mardi 22 novembre, Laurent G., demandeur d'emploi parisien de 50 ans, était convoqué devant la justice. Le prévenu, militant de la Coordination des intermittents et précaires (CIP) d'Ile-de-France, comparaissait pour «outrage à Pôle emploi». En octobre 2009, lors d'une action de ce collectif de chômeurs, Laurent G. aurait traité les agents de l'agence Pôle emploi de Vicq d'Azir (Xe arrondissement de Paris) d'«incompétents, de fainéants» et de «bons à rien». La directrice de l'agence avait porté plainte contre le militant. Plainte alors jugée recevable par le Parquet, qui a donc envoyé Laurent G. en correctionnelle pour «outrage à Pôle emploi, représenté par sa directrice». En droit pénal, l'outrage envers un agent public peut être puni de 7500 euros d'amende et de six mois de prison ferme.

On connaissait l'outrage à agent de police, l'outrage à magistrat, l'outrage au président de la République. Mais selon les associations de défense de chômeurs, «l'outrage à Pôle emploi» est une grande première. Mardi matin, deux ans après les faits, les amis, une vingtaine de militants et sympathisants de la CIP, étaient donc venus soutenir Laurent G. Mais bien vite, l'audience a viré en procès du service public de l'emploi, dont plusieurs témoins se sont appliqués à démontrer la cruelle incapacité de répondre à sa mission d'accompagnement des chômeurs.

Après une affaire de conduite en état d'ivresse sur les Champs-Elysées vite expédiée, Laurent G. est appelé à la barre. Dans sa déposition devant les policiers, la directrice de Pôle emploi affirme qu'il «vient régulièrement avec un groupe d'intermittents pour se plaindre» du travail de Pôle emploi, et qu'il a créé le 19 octobre 2009 un «sentiment d'insécurité» en traitant les agents de noms d'oiseaux. D'une voix calme, Laurent G. se dit «surpris de comparaître aujourd'hui». La CIP, dit-il, s'invite régulièrement dans les agences de Pôle emploi pour faire réviser des dossiers en carafe, accompagner des chômeurs radiés de façon abusive, faire débloquer des allocations non versées. «Oui, j'ai régulièrement critiqué le travail de Pôle emploi, reconnaît Laurent. Mais je n'ai pas outragé Pôle emploi, ni sa directrice.» Un peu plus tard, Laurent G. admettra bien avoir prononcé les mots qu'on lui reproche, mais sans viser un agent en particulier.

«Violence institutionnelle»

 

 
© DR

Premier témoin cité par la défense, Philippe Sabater, le secrétaire général adjoint du SNU, le principal syndicat de Pôle emploi, décrit une «situation intenable», alors que plus de 4,3 millions de Français sont inscrits au chômage. «Ce qui produit la violence des deux côtés du guichet, c'est la violence institutionnelle créée par la fusion» de l'ANPE et des Assedic, une «funeste erreur» selon lui. Il dénonce les suppressions de poste (2000 équivalents temps plein entre 2010 et 2011), la dégradation des conditions de travail, ou encore la décision récente de communiquer uniquement par Internet avec les demandeurs d'emploi.

«Du coup, les radiations administratives ont augmenté», soutient Philippe Sabater. Chaque mois, 60% des 480.000 sorties de Pôle emploi s'expliquent par des «cessations d'inscription pour défaut d'actualisation», des radiations administratives ou des sorties non expliquées. Le climat est de plus en plus tendu. Il y a quelques semaines, un demandeur d'emploi a pris quelques heures en otages deux responsables d'une agence parisienne. Mais selon la CIP, d'autres actes désespérés et pas médiatisés ont été recensés récemment – un demandeur d'emploi aurait ainsi tenté de se taillader les veines dans une agence de Seine-Saint-Denis pour obtenir une ouverture de droits, et un jeune intermittent menacé de se trancher la gorge dans l'agence Vicq d'Azir (une «action coup de poing» qu'il a même filmée).

Christine, responsable de l'accueil à la permanence de la CIP, se présente à la barre. La militante parle des refus de droits jamais motivés, des demandeurs d'emploi livrés à eux-mêmes quant à leurs droits, des queues qui se forment dans les agences pour parler au serveur vocal, le 3949 – car l'accueil des chômeurs est désormais minuté, et les entretiens en face-à-face sont devenus rarissimes, comme nous l'avons raconté dans une précédente enquête. Le juge l'interrompt d'un sourire las et lui lance une phrase qui montre qu'il n'apprend rien : «On suit la situation en lisant la presse...»

Après un troisième témoignage – une autre militante de la CIP –, Laurent G. revient à la barre. «Je ne sache pas que le droit d'exercer un droit à l'accompagnement des demandeurs d'emploi et de critiquer l'accueil qui leur est fait constitue un outrage!» Le jeune procureur se lève. Il ne masque pas sa gêne. «La poursuite du ministère public – qu'il représente pourtant en tant que magistrat du parquet – me semble d'un fondement juridique fragile», dit-il sans ambages. Et pour cause: le délit d'outrage ne s'applique en effet qu'aux personnes physiques (les agents publics), pas aux personnes morales comme Pôle emploi. En quelques mots, le représentant du Parquet vient de remettre en cause toute la procédure. Fait rare, il ne recommande aucune peine, et s'en prend même à Pôle emploi, dont aucun représentant n'a daigné pointer son nez au tribunal.

«Ce n'est pas si fréquent que le Parquet relève que des poursuites ne sont pas bien fondées légalement», se réjouit à la sortie du tribunal Elise Vallois, l'avocate de Laurent G. Pendant sa plaidoirie, l'avocate avait plaidé le «droit de critiquer l'action politique et administrative sans encourir de poursuite pénale». Visiblement, la justice est du même avis qu'elle. A moins d'une grosse surprise, la relaxe semble la plus probable. Jugement le 13 décembre.

 

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 16:18

LEMONDE.FR avec Reuters | 22.11.11 | 16h08

 
 

 

Liliane Bettencourt, le 12 octobre 2011, à Paris.

Liliane Bettencourt, le 12 octobre 2011, à Paris.AFP/FRANCOIS GUILLOT

Le fisc français réclame près de 78 millions d'euros d'impôts impayés à l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt, après la découverte de comptes occultes à l'étranger et d'une île des Seychelles achetée clandestinement, révèle Mediapart, mardi 22 novembre. Le site d'information fait état de documents officiels annonçant ces poursuites, qu'il ne publie pas. Contacté, le cabinet de la ministre du budget, Valérie Pécresse, n'a pas répondu dans l'immédiat.

Cette procédure fiscale fait suite à l'enquête pénale engagée après la remise à la justice d'enregistrements clandestins de conversations de 2010 entre Mme Bettencourt et son gestionnaire de fortune. Les sommes aujourd'hui exigées au titre de l'impôt sur la fortune (ISF) pour les années 2004 à 2010 et au titre de l'impôt sur le revenu, pour les années 2006 à 2009, sont encore en négociation avec le fisc, précise Mediapart.

Ces discussions devraient être menées avec les avocats de Françoise Meyers, fille de Liliane Bettencourt, qui a obtenu de gérer la tutelle de sa mère ordonnée fin octobre par la justice du fait d'un état de "démence" constaté par des experts. Le fisc, qui mène ses enquêtes en parallèle à celles de la justice pénale, a découvert douze comptes bancaires cachés en Suisse et à Singapour, qui recelaient près de 100 millions d'euros fin 2010. Arros, l'île des Seychelles où Liliane Bettencourt passe ses vacances, a été acquise en 1997 via le Liechtenstein sans être déclarée.

3E FORTUNE DE FRANCE

La milliardaire de 89 ans, considérée comme la troisième fortune de France avec environ 17 milliards d'euros, selon un classement de Challenges, avait annoncé le rapatriement en France de ses avoirs cachés en 2010, après la publication des enregistrements compromettants. L'enquête pénale en cours à Bordeaux vise notamment des soupçons de financement politique illégal au profit supposé de l'UMP et de Nicolas Sarkozy, ce qui avait conduit l'opposition à estimer que la milliardaire bénéficiait de favoritisme fiscal.

Le Parti socialiste s'est félicité de ce redressement fiscal dans un communiqué, tout en s'étonnant de son caractère tardif. "Il aura fallu des mois de révélations de journalistes, des interventions répétées de l'opposition pour que la loi soit respectée. La responsabilité n'est manifestement pas au programme pour tous", écrit-il. "A l'heure où la droite (...) ne cesse d'exiger des bénéficiaires du RSA et même des malades d'être responsables, la différence de traitement entre les citoyens selon qu'ils soient riches ou pas est intolérable", ajoute-t-il.

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