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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 16:12

Les cinq auteurs du Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire, appelés «au devoir de responsabilité» par Nicolas Sarkozy, lui répliquent: c'est «l'ambition même du manifeste». Ils invitent «l'ensemble des responsables politiques à placer la santé et l'assurance-maladie au cœur du débat démocratique et électoral de 2012».

 

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Dans son discours du 15 novembre à Bordeaux, le président de la République a réaffirmé sa détermination à «préserver le modèle social français menacé par les fraudes à la Sécurité sociale». Il a, à cette occasion, évoqué les propositions du Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire et en a appelé «au devoir de responsabilité» de ses auteurs, soupçonnés de vouloir «abandonner tout mécanisme de maîtrise des dépenses de santé et s'en remettre à des augmentations automatiques des cotisations».

Cet appel au devoir de responsabilité, nous le faisons nôtre. C'est l'ambition même du manifeste.

Responsabilité citoyenne, qui a conduit 123 signataires, représentants d'associations de patients et professionnels de santé, mais aussi chercheurs, économistes, juristes, créateurs, artistes, à inviter publiquement l'ensemble des responsables politiques à placer la santé et l'assurance-maladie au coeur du débat démocratique et électoral de 2012.

Responsabilité d'acteurs ou d'observateurs du système de santé, qui refusent de voir se dégrader plus encore une médecine de ville et des hôpitaux construits par la volonté des générations qui se sont succédé depuis 1945, qui ont bénéficié d'un investissement social et fiscal sans précédent de l'ensemble de la population et qui faisaient encore récemment notre fierté collective.

Responsabilité d'assurés sociaux, qui n'acceptent pas de voir leur Sécurité sociale laminée par l'augmentation des tickets modérateurs, l'instauration de forfaits et de franchises et le développement des dépassements d'honoraires. Les renoncements aux soins se multiplient. Dans certaines villes et spécialités, plus de la moitié des praticiens sont en honoraires libres avec des tarifs de consultation représentant, à Paris, jusqu'à 4 fois le tarif de la Sécurité sociale. Et ces honoraires peuvent atteindre 1.500 euros pour une cataracte, 3.000 euros pour une prothèse de hanche.

Responsabilité d'usagers et d'agents des services publics de santé, qui dénoncent la logique de concurrence inégale entre cliniques privées et hôpitaux publics qui conduit ces derniers à s'aligner sur la politique commerciale des premières, par exemple par l'instauration de supplément de 40€ par nuit pour une chambre seule, à orienter leurs activités en fonction de la tarification, à réduire les prises en charge mal financées comme l'accueil des plus démunis ou l'éducation thérapeutique et à restreindre d'une manière générale leurs activités de service public.

Responsabilité d'adhérents d'organismes de protection complémentaire, qui s'opposent à la substitution des assurances et des mutuelles à la Sécurité sociale pour les soins courants. La Sécurité sociale ne rembourse plus aujourd'hui que 55% des soins qui ne relèvent ni d'une maladie grave prise en charge à 100%, ni d'une hospitalisation. Ce transfert vers les complémentaires se traduit par une hausse très forte de leurs primes d'assurance, d'autant plus que des taxes leur sont imposées pour financer la sécurité sociale! Or, les cotisations des complémentaires sont très inégalitaires. À la différence de la CSG, elles pénalisent les revenus les plus modestes, les familles et les personnes les plus âgées dont le risque maladie est accru et elles ne pèsent pas sur les revenus du patrimoine...

Responsabilité de cotisants, qui préconisent et assument une maîtrise drastique des dépenses d'assurance-maladie, qui proposent de supprimer les abus et les gaspillages, de réviser le panier des soins financés par la collectivité, d'actualiser en permanence les tarifs des prestations et des prix des médicaments et autres produits de santé et de réduire les disparités des prescriptions et des actes médicaux, pour réguler durablement la dépense. Comment expliquer, par exemple, que les médicaments génériques soient deux fois plus chers en France qu'en Angleterre? Différence pour la «Sécu»: un milliard d'euros par an! Et pourquoi la «Sécu» continue-t-elle à rembourser généreusement les cures thermales? La liste des dépenses à revoir est longue... Qu'il faille aussi lutter contre les prescriptions injustifiées d'arrêts de travail est incontestable. Mais ces déviances connues de la Sécurité sociale, ne concernent qu'une infime minorité des médecins et des assurés sociaux et une part infinitésimale des dépenses. L'équilibre de l'assurance-maladie se joue ailleurs.

Responsabilité de citoyens enfin, qui affirment qu'en cas de déséquilibre financier malgré une politique volontariste de maîtrise des dépenses, il faut accepter d'augmenter les prélèvements obligatoires en réduisant les niches sociales, régulièrement dénoncées par la Cour des comptes, et, si tout cela ne suffit pas, préférer une augmentation de la CSG plutôt qu'un renvoi à la dette, c'est-à-dire au transfert sur les générations à venir de leurs dépenses de consommation de soins. Le principe d'une augmentation automatique des prélèvements en cas d'insuffisance de la maîtrise, loin d'être, dans cette démarche, une marque de laxisme, est l'affirmation solennelle de la responsabilité des générations actuelles à l'égard des générations futures.

La logique du manifeste n'est ni «irresponsable», ni «absurde», ni «dangereuse». Elle invite à un choix de solidarité, au renforcement du pacte social au moment où déferle une crise économique sans précédent. C'est par gros temps que les dispositifs de sécurité doivent être renforcés, que les solidarités sociales fondamentales doivent être réaffirmées.

Les signataires du Manifeste demandent simplement que l'avenir de notre système de santé  soit l'un des thèmes essentiels du débat lors des élections présidentielles et législatives: quelle part doit relever de la solidarité et quelle part doit rester à la charge des personnes directement ou par le biais d'assurances complémentaires? Comment construire un service public de la médecine de proximité? Comment refonder un service public hospitalier? Comment développer la santé publique, la sécurité sanitaire et la prévention? A chacun, ensuite, de se prononcer en toute connaissance de cause sur ces questions. L'avenir du système de santé et de l'assurance maladie mérite bien un débat responsable.

André Grimaldi, Didier Tabuteau, François Bourdillon, Frédéric Pierru, Olivier Lyon-Caen, auteurs du Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire.

 

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 12:31

« Occupy Wall Street »

30/11/2011 à 17h40
A poil les pauvres ! Un strip-poker anticapitaliste à New York

Rue89 - Christelle Gérand - Journaliste

 

 

En marge de « Occupy Wall Street », l'artiste Zefrey Throwell a organisé un strip-poker pédago-artistique pour mettre en lumière l'absurdité du système capitaliste.

Si la monnaie se comptait en vêtements, les pauvres commenceraient leur vie en débardeur et les riches accumuleraient les épaisseurs. Et si le travail était du strip-poker, les pauvres finiraient toujours nus.

L'artiste Zefrey Throwell en a fait la démonstration, lors d'une performance organisée en marge du mouvement « Occupy Wall Street ». Durant une semaine, à la galerie Art In General de New York, il a mis en scène cette œuvre intitulée « I'll raise you one ».

Dans un décor pasolinien, les artistes jouent toute la journée au poker et misent leurs habits sous l'œil des visiteurs entassés dehors, derrière des vitres. Certains sont habillés de nombreuses épaisseurs, d'autres non : les riches et les pauvres. Quand tous les joueurs finissent nus, ils balancent les cartes au ciel, se rhabillent et recommencent, avec un nouveau système politique.

« Les gens s'arrêtent, ce qui n'arrive jamais à New York »

Libre marché, capitalisme régulé, social-démocratie et socialisme sont testés. « Les artistes préfèrent le socialisme : il y a davantage de suspense », explique Zefrey Throwell.

L'artiste admet :

« C'est un truc facile de se déshabiller pour capter l'attention. Mais au moins ça marche. Les gens s'arrêtent, ce qui n'arrive jamais à New York. Tout le monde sourit et échange. »

Les pompiers et commerçants du quartier viennent régulièrement durant leur pause-déjeuner. Les touristes s'arrêtent et prennent la performance en photo.

A l'extérieur, Courtenay Finn, la conservatrice de la galerie, analyse :

« Des visiteurs sont surtout intéressés par l'aspect “ strip ”, mais il y a aussi de nombreuses personnes réellement enthousiasmées par la performance. Certains sont venus plusieurs jours de suite pour comparer les différentes règles, et ils expliquaient la performance aux nouveaux-venus. »

A l'origine d'« Occupy Wall Street »

Avant les squatteurs de Zuccotti Park (qu'il a d'ailleurs conseillés sur l'aspect « performance » du mouvement), Zefrey Throwell s'était fait remarquer avec son occupation du quartier financier en août.

Au cours d' »Ocularpation Wall Street », cinquante personnes se déshabillaient intégralement pour réclamer la transparence du système financier. Cette performance est reconnue comme l'une des sources d'inspiration du mouvement « Occupy Wall Street ».

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 12:18

LEMONDE.FR avec AFP | 30.11.11 | 16h48   •  Mis à jour le 30.11.11 | 20h42

 
 

Ecoles fermées, hôpitaux et services municipaux tournant au ralenti : au Royaume-Uni, les salariés du public étaient en grève, mercredi 29 novembre. D'après Unison, principal syndicat de la fonction publique, quelque deux millions de personnes ont participé à cette journée d'action.

Si le pays est peu habitué aux grands mouvements sociaux, et toujours très réticent eu égard aux retombées négatives pour les usagers, les syndicats entendaient faire de ce mouvement une démonstration de force, face à un gouvernement intraitable sur sa réforme des retraites. De nombreuses manifestations, notamment à Londres et à Manchester, ont ponctué cette journée.

>> Lire notre cadrage sur les raisons du mécontentement

Le premier ministre, David Cameron, l'a toutefois qualifiée de "pétard mouillé" n'ayant entraîné la participation que de "moins d'un tiers des fonctionnaires", un chiffre qui ne prend en compte que le personnel administratif. Le chef du gouvernement a insisté sur le caractère "absolument essentiel" de la réforme des retraites du fait de l'allongement de l'espérance de vie et du nécessaire équilibre avec le secteur privé.

Le mouvement a été très suivi dans les écoles, dont les trois quarts ont été touchées, obligeant des milliers de familles à garder leurs enfants à la maison. Le gouvernement avait appelé à la bienveillance les chefs d'entreprise, leur demandant d'accepter les enfants de leurs salariés au bureau.

 

Des manifestants défilent à Birmingham, le 30 novembre 2011.

Des manifestants défilent à Birmingham, le 30 novembre 2011. REUTERS/EDDIE KEOGH

SEULS LES SOINS D'URGENCE ÉTAIENT ASSURÉS

Des piquets de grève ont été installés devant les bâtiments publics, notamment les hôpitaux, où souvent seuls les soins d'urgence ont été assurés. Les services municipaux ont eux aussi tourné au ralenti, comme les tribunaux.

Les ports et les aéroports, où l'on craignait des files d'attente massives faute de fonctionnaires en nombre suffisant pour le contrôle aux frontières, ont en revanche été épargnés. Aucune perturbation n'a été constatée dans la circulation des trains Eurostar, ni dans les aéroports londoniens de Gatwick et Heathrow. Selon un porte-parole de British Airways, deux tiers environ des salariés chargés du contrôle à Heathrow étaient à leurs postes.

Le gouvernement avait appelé les fonctionnaires des ministères à remplacer les grévistes. Certaines compagnies avaient aussi anticipé en annulant des vols. "Il est très significatif que Heathrow, qui est censé être le plus vulnérable, semble fonctionner correctement", a souligné Francis Maude, secrétaire d'Etat auprès du premier ministre.

Dans le cadre de son plan de rigueur, le gouvernement prévoit de repousser l'âge de départ à la retraite dans le secteur public à 66 ans en 2020 – contre 60 ans pour la plupart actuellement – et d'augmenter les cotisations. Une mauvaise nouvelle qui s'ajoute à l'annonce d'un gel des salaires des fonctionnaires jusqu'en 2013, en plus de la suppression 710 000 postes dans la fonction publique d'ici à 2017. D'après un récent sondage, 49 % des Britanniques étaient opposés au mouvement.

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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 14:27
Marianne - Régis Soubrouillard - Marianne | Mercredi 30 Novembre 2011 à 15:01

 

Ce ne sont que quelques grèves, mais elle se multiplient depuis plusieurs semaines. Le plus inquiétant pour le pouvoir mais aussi l'économie chinoise, c'est que la plupart de ces débrayages ont lieu dans la province du Guangdong, le poumon économique de la Chine, considéré comme l'atelier du monde. Les salariés protestent contre les licenciements et les baisses de salaires, autant de symptômes des premiers signes d'un essoufflement de l'économie chinoise.

 

 

Véritable poumon économique de la Chine, la province du Guangdong gronde. Située dans le delta de la rivière des perles, dans le sud de la Chine, la région contribue pour 12% de la richesse nationale  (l’équivalent du PIB de la Turquie) et possède trois zones économiques spéciales. A ce titre, on la qualifie souvent « d’atelier du monde ». Pourtant depuis plusieurs semaines, l’atelier tourne au ralenti.

Les manifestations ouvrières se sont multipliées. Plus de 7000 salariés d'une fabrique de chaussures Adidas, Nike et New Balance ont fait grève contre des licenciements et des réductions de salaires avant de s’accrocher violemment avec les forces de l’ordre. Avec un salaire de base de 175 dollars par mois, ces salariés pouvaient espérer doubler leur salaire en multipliant les heures supplémentaires.
C’est bien là l’un des nœuds du problème social chinois. Le plus souvent, le salaire de base des ouvriers ne suffit plus, de très loin à subvenir à leurs besoins. D’où une obligation de travailler parfois jusqu’à 75 heures par semaine.

Des ouvriers, des paysans, mais aussi des cadres
Chine : le début d’une explosion sociale ?
A Shenzhen, 1000 ouvriers d’une usine d’électroniques ont débrayé le 23 novembre protestant contre la décision des dirigeants de l’usine d’obliger les travailleurs de nuit à faire des heures supplémentaires.
Selon le China Labor Watch, les ouvriers dénoncaient également une hausse importante des accidents de travail et les licenciements massifs des travailleurs les plus âgés.

Le South China Morning Post rapporte que la police antiémeute chinoise est encore intervenue en fin de semaine dernière dans une ville du  Guangdong pour disperser plusieurs milliers de vendeurs de jade qui protestaient violemment contre une flambée de leurs loyers. Des agriculteurs ont également manifesté  contre la saisie de leurs terres.

Les débrayages n’en finissent plus et la fièvre sociale s’étend. Au-delà du seul monde ouvrier. Les salariés d’une usine de Yucheng, près de Huangjiang, se sont mis en grève après le licenciement le mois dernier de 18 de leurs cadres, interprété par les ouvriers comme un signe de prochaine délocalisation. L'un des cadres licenciés a déclaré au China Business News, journal basé à New-York, que son départ faisait partie d'un projet de déménagement de la production dans la province de Jiangxi afin de réduire les coûts qui sont plus élevés dans la vaste province du Guangdong.

Des mouvements sociaux de plus en plus efficaces
Hausse des loyers, réduction des salaires, mauvaises conditions de travail, heures supplémentaires non payées, peur de délocalisations intérieures, saisie des terres. Autant de symptômes d’une Chine à bout de souffle ?
Les craintes concernant l'économie chinoise ont progressé après la diffusion par la banque HSBC d’un indice de production industrielle en fort recul en novembre, tombé à son niveau le plus bas depuis  mars 2009. La semaine précédente, le gouverneur de la province du Guangdong avait déclaré que les exportations de la province avait baissé de 9% en octobre. Et les mauvaises nouvelles ne cessent de tomber, d’après le site aujourd’huilachine « Les statistiques de la fédération des industries de Hongkong prévoient qu'un tiers des 50 000 usines chinoises appartenant à des industriels de l'ancienne colonie britannique pourrait fermer et licencier en masse d'ici janvier ».

S’il n’existe pas de statistiques concernant les usines chinoises. D’après le China Labour Bulletin, une ONG d e défense des droits des travailleurs basée à Hong-Kong, les salariés touchés sont, le plus souvent, des Chinois venus de l'intérieur du pays et qui ont quitté leur région natale pour trouver du travail. Ces ouvriers migrants, les « mingong » sont  la face cachée de la croissance chinoise. Victimes des inégalités quand la Chine affiche des taux de croissance à deux chiffres, ils pâtissent en premier de l’essoufflement économique chinois.    

Dans un rapport publié en novembre,
l’organisation constate constate que le mouvement ouvrier s’est développé rapidement « par un sentiment croissant que les travailleurs étaient exclus du partage des bénéfices que faisaient leurs entreprises mais également du développement de la société toute entière. Une nouvelle génération de travailleurs migrants a émergé comme l'une des principales forces  dans le mouvement ouvrier en Chine. Ceux qui sont nés dans les années 1980 et 90 sont généralement mieux éduqués et plus « armés » que leurs parents pour revendiquer leurs ambitions. Ils ressentent également plus de pression et l'intense frustration d'essayer de s’établir en ville tout en étant classés et méprisés car résidants milieu rural. Employé principalement dans les entreprises modernes, ils constituent aujourd'hui le cœur de la  nouvelle classe ouvrière chinoise ». 

Magazine spécialisé dans le marché chinois, destiné aux investisseurs étrangers, China Briefing a lu attentivement l’étude de l’ONG, incitant les entreprises qui souhaitent s’implanter en Chine à prendre en compte les évolutions de rapports de force dans le monde du travail chinois : « des concessions seront désormais obligatoires en Chine, l’amélioration des conditions de travail, de communication avec les salariés devront être prises en compte, de même que des réponses efficaces devront êre apportées lors de troubles sociaux sur les lieux de travail afin que les pertes puissent être réduites au minimum ».

En conclusion de son rapport, le China Labour Bulletin estime que les manifestations récentes ont souvent eu pour conséquence « des augmentations salariales substantielles et l’amélioration des conditions de travail, ou à pousser les employeurs à la négociation, certains parvenant à suspendre des processus de privatisations d’usines». Et de conclure que « le mouvement ouvrier est désormais un facteur clé de justice sociale et économique ». Trente cinq ans après la mort de Mao –qui, en son temps, n’a eu de cesse que d’écraser les grèves ouvrières…- le mouvement ouvrier chinois se remet en marche. Jusqu’où ?
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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 13:57

LEMONDE.FR avec AFP | 29.11.11 | 19h41   •  Mis à jour le 29.11.11 | 20h05

 
 

 

Vue de l'hémicycle de l'Assemblée nationale, à Paris.

Vue de l'hémicycle de l'Assemblée nationale, à Paris.AFP/JOEL SAGET

Le Parlement a définitivement adopté, mardi 29 novembre, le budget 2012 de la Sécurité sociale par un ultime vote à main levée de l'Assemblée nationale.

Sans surprise, les députés de gauche ont voté contre et l'UMP a voté pour. Le groupe Nouveau Centre (NC), dont le président, Yvan Lachaud, avait indiqué qu'il voterait pour, s'est finalement abstenu, comme lors de la première lecture du texte, a indiqué Jean-Luc Préel (NC).

Ce budget, vivement combattu par le Sénat nouvellement passé à gauche, intègre les mesures des deux plans de rigueur annoncés depuis le mois d'août, notamment une accélération du passage à 62 ans du droit à la retraite et une revalorisation plus faible qu'habituellement des prestations familiales.

La revalorisation de ces prestations, ainsi que des allocations logement, sera en effet alignée pour 2012 sur la prévision de croissance de 1 %, au lieu de l'alignement prévu sur le taux d'inflation (+1,7 %). La revalorisation sera reportée du 1er janvier au 1er avril.

L'objectif d'évolution des dépenses d'assurance-maladie a été ramené à une progression de 2,5 % en 2012 (contre + 2,8 % dans le projet initial), ce qui représente 500 millions d'euros d'économies à trouver, dont la plus grande partie sera réalisée par des baisses de prix sur les médicaments.

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 14:33

LEMONDE | 29.11.11 | 10h49   •  Mis à jour le 29.11.11 | 13h15

 
 

 

L'usine PSA de Sochaux, l'un des principaux employeurs de la région.

L'usine PSA de Sochaux, l'un des principaux employeurs de la région.AFP/SEBASTIEN BOZON

L'inquiétude est générale. Dans les régions industrielles, bien sûr, comme la Lorraine ou Rhône-Alpes, qui n'en ont jamais fini avec les restructurations. Mais aussi dans les bassins d'emploi mono-industriels, comme de l'automobile. "Autour de l'usine Peugeot de Sochaux-Montbéliard, qui emploie jusqu'à 30 % d'intérimaires en période faste, les équipementiers de rang 2 et 3 sont en train de déposer leurs bilans", dit Noëlle Barberet, secrétaire générale de la CFDT Franche-Comté.

Dans cette région peu diversifiée, l'Etat, le conseil régional et les partenaires sociaux s'apprêtent –comme en Lorraine– à réactiver le dispositif de formation mis en place au plus fort de la récession de 2009. Il a permis à 12 000 salariés de se former. Il est question aujourd'hui de l'ouvrir aux jeunes et aux intérimaires.

"Les entreprises industrielles sont de nouveau en panne. Et elles n'ont pas les mêmes trésoreries qu'en 2008, témoigne Elisabeth Le Gac de la CFDT Rhône-Alpes. Il y aura du chômage partiel chez Renault Trucks en décembre. La production baisse dans l'automobile. Nous avons des craintes sur Alstom et Areva. Et en Drôme-Ardèche, c'est la débandade avec des fermetures d'entreprises dans le matériel électrique, dans la papeterie, dans le textile. L'usine Lejaby est en dépôt de bilan alors que son dernier plan social date de neuf mois."

En Bourgogne, où 20 000 emplois ont disparu depuis 2008, ce sont surtout les intérimaires qui pâtissent de la situation. "La détérioration de la situation économique commence à peine à se faire sentir ailleurs. Les TPE et les PME perdent peu à peu le soutien de leurs banquiers. Elles sont en grande difficulté. Et le climat social se tend dans les grands groupes", observe Joseph Battault, secrétaire général de l'Union régionale interprofessionnelle.

"DÉGRINGOLADE"

Sommées par l'Etat de ralentir leurs dépenses, les collectivités territoriales revoient leurs budgets à la baisse. En Champagne-Ardennes, une région vieillissante et déshéritée, les syndicats redoutent les effets de la frilosité des investissements des collectivités sur les entreprises du bâtiment. Et s'inquiètent de la diminution des effectifs de la fonction publique territoriale en Haute-Marne. Les secteurs de l'action sociale et du médico-social, pourtant sollicités en temps de crise, commencent à souffrir. Dans les services à la personne, assure Laurent Berger, numéro 3 de la CFDT, 10000 emplois pourraient disparaître.

En Haute-Normandie, les annonces de plans de sauvegarde de l'emploi se multiplient depuis le 1er octobre. Entre 1 500 et 2 000 emplois industriels sont menacés, les syndicats s'attendent à une "dégringolade" dans la banque et l'aide à domicile connaît ses premières difficultés.

Dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), tardivement rattrapée par la crise, les services, le tourisme, l'économie sociale et solidaire souffrent. Un grand centre mutualiste marseillais a de sérieuses difficultés financières. Les associations subissent de plein fouet la réduction des subventions de collectivités locales souvent plombées par leurs emprunts toxiques. Le chômage des jeunes et des seniors s'envole. Le nombre des demandes d'aides financières déposées par les familles auprès des caisses d'allocations familiales a bondi de 30 %, et le surendettement fait des ravages.

Claire Guélaud

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 14:27

Enquête | LEMONDE | 29.11.11 | 12h57   •  Mis à jour le 29.11.11 | 13h02

 
 

La mesure passera-t-elle cette fois-ci ? Après avoir reculé sur la baisse du montant des indemnités journalières, puis sur la création d'un quatrième jour de carence pour les salariés du privé, la majorité doit dire, mardi 29 novembre, où elle va trouver 220 millions d'euros à économiser sur les dépenses de santé, principalement sur les arrêts maladie. Le groupe des députés UMP avait une semaine pour trouver des pistes et faire ses propositions au gouvernement.

Les deux précédents reculs donnent l'impression d'un pilotage à vue du côté de la majorité. Revenons fin septembre. En présentant le budget de la Sécurité sociale pour 2012, Xavier Bertrand, ministre de la santé, avait annoncé un changement du mode de calcul des indemnités de congés maladie, et glissé au détour d'une phrase qu'il s'agissait d'une "simple mesure d'harmonisation du calcul des indemnités journalières (qui devait) se traduire par une perte d'à peine plus d'un peu plus d'un euro par jour pour une personne au smic".

Mais patatras. A quelques mois de l'élection présidentielle, et des législatives, cette décision a aussitôt été jugée injuste, y compris par une bonne partie des députés de la majorité. Un euro par jour en arrêt maladie : c'est en fait près de 40 euros par mois amputés sur la déjà faible indemnité de 680 euros perçue par un smicard. Le gouvernement a beau rappeler que la plupart des entreprises couvriraient la différence, il ne peut qu'admettre que les salariés précaires, sans ancienneté ou travaillant dans les PME, seraient, eux, directement touchés.

Face à la fronde des députés, Xavier Bertrand accepte une solution de repli. Plutôt que de toucher aux indemnités, pourquoi ne pas ajouter un quatrième jour de carence, non pris en charge par la Sécurité sociale. L'avantage ? "Il touche davantage les arrêts courts et répétitifs, plus souvent signe d'abus, et préserve les arrêts longue maladie", défend alors Yves Bur, député UMP rapporteur du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Pour faire accepter plus facilement la mesure aux salariés du privé, le gouvernement fait même voter par les députés la création d'un jour de carence chez les fonctionnaires. Mais il n'empêche, les salariés du privé n'ont pas tous la chance d'être couverts par leur entreprise.

La bonne idée va d'ailleurs tourner court. Quatre jours pour le privé, un jour pour les fonctionnaires ? L'effet d'affichage est désastreux sur l'électorat UMP, très rapidement relayé par les députés de la droite du parti, qui crient "au maintien d'une distorsion injustifiée". La réalité a beau être plus complexe - l'Etat ne compensant pas ce jour de carence quand 56 % des entreprises du privé payent les trois jours à leurs employés -, le gouvernement doit une nouvelle fois reculer.

Une cacophonie dont les députés UMP et le gouvernement se rejettent mutuellement la responsabilité. Désormais, ils assurent vouloir trouver une mesure qui épargne les plus pauvres. Car l'enchaînement des polémiques aura révélé une réalité : les travailleurs sont inégaux devant les arrêts maladie. Pour la contourner, le gouvernement a tenté de mettre l'accent sur la fraude et les abus, en justifiant ses mesures par la hausse des dépenses : "Les indemnités journalières maladie, qui représentent 6,6 milliards d'euros, progressent à un rythme élevé et difficilement justifiable (+ 3,9 % en 2010, après + 5,1 % en 2009)", argumentait le gouvernement le 15 novembre pour justifier l'ajout d'un jour de carence.

Mais les dépenses liées aux arrêts maladie sont en fait plutôt maîtrisées depuis 2004, grâce à l'extension des contrôles des patients et des médecins par l'Assurance-maladie. La hausse s'explique principalement par l'augmentation des salaires, sur la base desquels sont calculées les indemnités versées, et également par le vieillissement de la population active. En moyenne, les plus de 55 ans s'arrêtent en effet moins souvent, mais plus longtemps. D'ailleurs, la hausse des dépenses est peu imputable aux 75 % d'arrêts de courte durée, mais surtout aux congés de longue durée, et notamment ceux liés aux troubles ostéo-articulaires comme les lombalgies.

Pas forcément bien vue par les patients, la stigmatisation des arrêts maladies orchestrée par le gouvernement est aussi fortement critiquée par les médecins, qui insistent sur le fait que, médicalement, l'arrêt de travail est aussi nécessaire que la prescription de médicaments. Si les praticiens ne nient pas les abus, des patients comme des médecins eux-mêmes, ils estiment que les refus d'arrêts maladie pour éviter une baisse de revenus sont plus nombreux.

Pistes inexplorées

D'autres moyens existent pourtant pour réduire les dépenses d'arrêts maladie, sans toucher au porte-monnaie des malades, ni creuser les inégalités. L'assurance-maladie avait avancé une autre piste en juin : la mise en place de recommandations du nombre de jour à prescrire, pathologie par pathologie, pour guider les médecins. Une mesure qui permettrait de réduire les fortes hétérogénéités des jours prescrits d'un praticien à l'autre. Des économies non négligeables peuvent ainsi être attendues. Mais pas avant plusieurs années, car cela implique une appropriation par les médecins. Dans sa logique de rigueur, le gouvernement a fait le choix de ne pas attendre.

Jean-Baptiste Chastand et Laetitia Clavreul

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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 19:55
Rue89 - Mickey en CDI 28/11/2011 à 18h54

 

Jose et Irene ont profité d'une vague de recrutement du parc d'attraction pour fuir une Espagne minée par la crise et le chômage, « le temps que ça s'arrange ».


Irene à Disneyland Paris, en novembre 2011 (Audrey Cerdan/Rue89)

Fin novembre, en milieu de semaine, quasi-vide, Disneyland Paris a des bons côtés. De là à y travailler ?

Devant l'attraction pour enfants « Tapis volant », on retrouve Irene, 27 ans, souriante. Jose-Maria, 24 ans, nous rejoindra dès qu'il le pourra. Tous deux nous racontent le quotidien dans le monde merveilleux de Disney, loin de l'Espagne-qui-va-si-mal.

Tout serait parfait si Irene et Jose n'étaient pas en manque de famille et légèrement surqualifiés. Détenteurs d'un bac+5, ils ont été « castés » en septembre dernier par le parc de Marne-la-Vallée. Leur CDI « opérateur animateur d'attraction » a démarré le 15 octobre dernier, pour 1 500 euros brut par mois.

Le taux de chômage des jeunes Espagnols de moins de 25 ans a atteint environ 46% (selon les chiffres Eurostat), alors qu'il est d'environ 21% dans l'ensemble de l'Union européenne, et, à la différence de la France, il touche plus les diplômés. Les cerveaux espagnols partent en Grande-Bretagne, en Allemagne, au Brésil, dans les pays d'Europe du Nord et en France.

« Je ne veux pas vivre de mes parents »

Des diplômés traversent les Pyrennées

En septembre dernier, Disneyland Paris a organisé un casting de quatre jours à Madrid. Le nombre de postulants était impressionnant : 950 personnes (deux fois plus qu'en Italie). « Il y avait 600 excellents profils, plus de diplômés et de vieux que lors des précédentes session de recrutement », dit Disney. Le prochain casting aura lieu à Alicante, en décembre.

Autre exemple : en avril, l'Allemagne a lancé un programme de recrutement de jeunes ingénieurs espagnols. En quelques mois, 17 000 candidatures ont été remplies, selon l'Agence allemande pour l'emploi.

Petit, Jose-Maria voulait être médecin. Il vient d'un petit village de campagne, au sud de l'Espagne.

Il a finalement fait des études de traduction à l'université de Cordoue (niveau master). Et il est parti parce que la situation de son pays n'est « pas très bonne », dit-il dans un français un peu maladroit.

Il a envoyé des dizaines de CV l'été dernier et n'a eu aucune réponse :

« Je suis réaliste, il va falloir que je passe une bonne période à l'étranger, le temps que ça s'arrange...

Moi, je ne veux pas vivre de mes parents. »

Si la France s'effondre à son tour (il n'y croit pas, il a confiance), il ira ailleurs. Où se voit-il dans cinq ans ? « En Espagne, ce serait bien. »

Derrière lui, il a laissé des copains au chômage. Un agronome, chômeur depuis deux ans. Un autre, architecte, exilé à Londres.

Dans le cadre de ce sujet, un espagnol kinésithérapeute nous a aussi parlé d'un ami doctorant en architecture « qui bosse chez Zara ». (Le syndicat des architectes espagnols dit que 73% de ces professionnels envisagent de s'installer à l'étranger à cause, essentiellement, des conditions de travail précaires et du taux de chômage élevé.)

« C'est difficile de quitter le foyer »

Irene est une optimiste énergique aux cheveux courts. Le genre agacée par les gens qui se plaignent ou remettent des choses au lendemain. Elle a commencé le français à 12 ans. En Espagne, elle a fait des études de maître d'école.

L'année dernière, elle était prof de français à Madrid (elle regrette un système scolaire espagnol sapé). Elle a choisi de partir en France pour apprendre des expressions courantes, comme « il pleut des cordes ». Mais surtout, Irene souhaitait s'éloigner de ses parents :

« En Espagne, il y a une chose qui s'appelle les parents. Je les aime, mais j'avais besoin d'air. C'est difficile de quitter le foyer : le logement revient au même prix qu'ici, mais notre smic est divisé par deux. On est coincés. Les jeunes de mon âge ne quittent pas le foyer ou vivent en colocation à trois ou quatre. »

C'est un choix. Irene subit moins que Jose. Avec son salaire de prof, elle aurait pu se payer un appartement, mais elle aurait dû serrer toutes les autres dépenses, « j'aurais dû dire au revoir aux petits vêtements ».

Parmi les amis espagnols de Disneyland d'Irene, il y a une fille qui est venue en France parce qu'elle n'en pouvait plus d'être payée au noir à Madrid (sans cotiser pour la retraite).

Emigrants « hautement qualifiés »

Un autre, Juan, qui travaillait à « un grand poste » dans une usine de voitures, et qui a fait deux ans de chômage, « a dû tout vendre », avant d'être embauché par Disney. Il travaille à l'attraction « Animagique », un spectacle avec Donald.

Selon l'Institut national de la statistique (INE), l'Espagne a perdu 36 967 nationaux au cours du premier semestre. 18 838 d'entre eux avaient entre 18 et 45 ans.

Jose Antonio Herce, ancien professeur d'économie à l'université Complutense et membre du conseil des analystes financiers, s'inquiète dans le quotidien argentin Clarin du phénomène d'exil « qui s'accélère » comme dans les années de crise de 1940 et 1950.

La différence, c'est que ces émigrants du XXIe siècles sont, comme Irene et Jose, « diplômés, hautement qualifiés et sans famille ».

Une véritable « fuite des cerveaux » selon la branche espagnole de l'agence l'Interim Adecco :

« Le nombre de candidats pour travailler hors d'Espagne s'est multiplié par dix. Ce sont des chiffres surprenants car traditionnellement, les Espagnols n'avaient pas une grand propension à la mobilité géographique. »


José Maria à Disneyland Paris, en novembre 2011 (Audrey Cerdan/Rue89)

Logés à la lisière du golf de Disney

Le soir, les Espagnols de Disney tente de recréer « un ambiente ». Ils vivent en autarcie (les Italiens sont parfois acceptés). Ils dînent toujours entre eux par groupe de cinq ou six.

Ils habitent dans des résidences proches du parc, gérées par Disney. A Magny-le-Hongre, à la lisière du golf de Disney, où Jose et Irene sont logés, l'activité nocturne est limitée. Même quand elle va à Paris, Irene est frustrée :

« En Espagne, on sort la nuit, puis on trouve un “after”, et on dort tout le lendemain. Ici, à 2 heures, c'est bon, c'est fini. »

Le matin, Irene et Jose prennent le bus, ligne 34, à 8h05, pour être devant leur attraction à 8h45, quinze minutes avant l'ouverture du parc. Tous les deux travaillent sur les attractions « Tapis Volant » ou « Cars », selon les jours. Irene préfère « Cars », parce que la musique est plus supportable :

« C'est du rock, c'est mieux que “hin hin hin” [elle imite la musique de charmeur de serpent de l'attraction “Tapis Volant”, ndlr]. »

La journée de travail dure dix heures (avec une pause pour le déjeuner à midi, un peu tôt pour eux).

« J'ai le temps de faire des choses à côté »

Tous les quinze minutes, il faut changer de poste sur l'attraction : accueil à l'entrée, démarrage du manège. « Cela permet de ne pas faire toujours les mêmes gestes », dit Irene. Le cycle – déroulé des opérations pour un tour de manège – est de quatre minutes. Les salariés ne doivent pas être aperçus assis dans les allées. Une question d'image.

Jose trouve le boulot « dynamique » et ne s'ennuie pas, mais il rêve déjà d'être transféré au « Crush's Coaster » – des montagnes russes dans l'univers du « Monde de Nemo », attraction plus excitante – ou devenir guide VIP du parc. Ce sont ses ambitions à moyen terme.

Souffrent-ils d'un manque de stimulation intellectuelle ? Irene :

« Il n'y en a pas beaucoup, on a seulement des petites conversations de quelques secondes avec les enfants, mais la journée n'est pas trop longue. J'ai le temps de faire des choses à côté, de parler à ma famille par téléphone. J'ai un week-end de trois jours [elle est aux 35 heures, ndlr]. »

Seule chose qui les contrarie : l'uniforme. Manteau bleu électrique, pantalon marron mal coupé et chemises à motifs « moches » (des cavaliers).

Le nouvel an sur les Champs-Elysées

Irene tient bon, elle est solide. Sa famille lui manque, mais elle a déjà prévu trois week-ends de retrouvailles d'ici la fin de l'année (« Vous n'avez pas le même sens de la famille que nous »). Son petit copain va venir le 31 décembre. « On va faire une soirée aux Champs-Elysée, avec du champagne », dit-elle en dansant.

Jose est, lui, clairement en manque. Il est plus jeune et quand il parle de sa famille, ses yeux s'humidifient :

« J'aimerais retourner les voir, mais je ne suis là que depuis un mois. »

L'idée est aussi de mettre de l'argent de côté : la chambre que Jose loue dans la résidence ne coûte que 300 euros. A la cantine, les repas ne coûtent que 4 euros, « pour un plateau copieux », dit la chargée de communication.

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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 19:48

| Par Martine Orange

 

C'est un petit détail qui est passé inaperçu lors de l'échec de la dernière émission obligataire allemande. Lorsque le Trésor allemand a lancé, mercredi dernier, une adjudication de 6 milliards d'euros au taux très bas de 1,98%, il n'a pu en placer que 3,6 milliards, soit à peine 60%. Jamais le gouvernement allemand n'avait essuyé un tel revers. Cela n'aura pourtant eu aucune conséquence sur les finances allemandes : les 2,4 milliards d'euros qui n'ont pas été placés sur les marchés ont été repris directement par la Bundesbank, en attendant de meilleures conditions de placement.

Comment une telle opération, qui revient ni plus ni moins à donner à la banque centrale allemande un rôle de prêteur en dernier ressort, sur le marché primaire des émissions publiques, est-elle possible ? Car c'est précisément le rôle que l'Allemagne refuse de voir jouer à la BCE, en dépit des demandes pressantes des autres gouvernements européens. Et c'est cette question qui est au cœur de la crise de la zone euro.   

Pour Berlin, il convient de s'en tenir fermement au respect du traité de Lisbonne. Et l'article 123 est très précis en ce domaine : « Il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées "banques centrales nationales", d'accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l'Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres; l'acquisition directe, auprès d'eux, par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite.»

Même le rachat de titres sur les marchés secondaires pour soutenir les obligations des pays malmenés est vu par Berlin comme une déviance inacceptable. L'ancien président de la Bundesbank, Alex Weber, qui devait succéder à Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE, a même démissionné du directoire de la banque centrale européenne, en signe de protestation contre ce laxisme monétaire intolérable. 

Pourquoi cette rigueur affichée est-elle valable pour tous sauf pour la Bundesbank ? « Cela relève des usages », explique un ancien membre de l'agence France Trésor, l'organisme chargé de financer la dette publique française sur les marchés. « Les Allemands ne procèdent pas de la même façon que nous. En fonction des conditions de marché, nous ajustons les sommes que nous souhaitons emprunter. L'Allemagne fait autrement. Elle fixe un montant et elle s'y tient. Si elle ne trouve pas preneur, c'est la Bundesbank qui prend la différence », dit-il.

Discrètement, le gouvernement allemand aurait mis à profit cette latitude à plusieurs reprises, notamment en 1999, 2002  et 2008, au moment où il rencontrait des difficultés passagères pour se financer sur les marchés. « Mais à l'époque, cela n'a jamais atteint de tels montants », se souvient ce haut fonctionnaire.

Simple mesure technique

 

Jens Weidmann, président de la Bundesbank et Jean-Claude Trichet  
Jens Weidmann, président de la Bundesbank et Jean-Claude Trichet© DR

Mais, selon le gouvernement allemand, ces méthodes ne contreviennent ni à l'esprit ni à la lettre des traités. « Ils ont toujours justifié le recours à la Bundesbank par des arguments techniques », s'étonne un autre membre de l'agence France Trésor. « Les responsables allemands expliquent qu'ils n'ont pas de banques teneurs de compte, comme dans les autres pays. C'est la Bundesbank qui assume ce rôle et donc donne les garanties de placement. Son intervention ne peut donc être analysée comme une aide, selon Berlin, mais comme une mesure technique pour stabiliser le marché », raconte cet expert des marchés obligataires.

« La preuve qu'ils mettent en avant pour prouver qu'il ne s'agit pas d'un soutien :  c'est qu'ils replacent les titres sur les marchés, dès que les conditions de marché le permettent », ajoute-t-il, un peu dubitatif, face à l'argumentaire assez spécieux de l'Allemagne.

Aucun autre pays de la zone euro ne bénéficie de tels privilèges. Tous sont priés de se soumettre à la dure loi du marché, quel qu'en soit le coût. Si certains gouvernements avaient pu recourir, même momentanément comme le fait l'Allemagne, à leur banque centrale lors d'opérations de refinancement compliquées pour les garantir, la crise de la zone euro aurait peut-être pris une autre tournure. Des dispositifs auraient pu être imaginés pour revendre les titres dans des conditions de marché plus favorables. Mais l'Allemagne y a mis son veto. La moindre des choses serait de lui demander de se mettre en conformité avec ses principes affichés et de renoncer aux libertés qu'elle prend et qu'elle refuse aux autres.

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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 19:44
| Par Laurent Mauduit

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C'est une sorte de piège qui se referme sur la France, comme sur nombre de ses voisins. Comme l'Europe se refuse à prendre la moindre mesure contre la spéculation, celle-ci continue de se déchaîner, mettant à genoux les pays les uns après les autres. Et à chaque fois, c'est la même spirale qui s'enclenche : la spéculation renforce le coût du refinancement de la dette ; ce qui gonfle encore la dette elle-même; ce qui conduit à des nouvelles mesures d'austérité ; ce qui fait le lit de la récession et du chômage ; ce qui tarit encore davantage les recettes fiscales et sociales ; ce qui gonfle les déficits et la dette. Et ainsi de suite, jusqu'à la victoire définitive des marchés ; et l'asphyxie du pays auquel ils se sont attaqués...

La France est le nouveau pays à en faire aujourd'hui l'amère expérience. Tous les indicateurs économiques et sociaux disponibles l'attestent. Celui de la croissance : selon les statistiques publiées lundi par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l'activité économique est dans une phase de brutal ralentissement, à tel point que la France est même « peut-être entrée dans une courte et légère récession ». Et celui du chômage : selon les chiffres publiés ce même lundi, le nombre des demandeurs d'emplois a progressé de 34.400 au cours du seul mois d'octobre, soit au total 2,814 millions de personnes sans emploi, un niveau jamais atteint depuis décembre 1999.

 

En quelques semaines, sous les effets de la crise de la dette qui s'est propagée à toute l'Europe, mettant d'abord la Grèce à terre, puis menaçant l'Italie, et maintenant l'Allemagne et la France, c'est tout l'environnement économique de notre pays qui s'est retourné. Jusqu'à la fin de l'été, Nicolas Sarkozy suggérait que la France était à l'abri des turbulences de la crise et que, moyennant quelques mesures d'économies budgétaires, elle ne perdrait jamais le fameux « AAA » que lui attribuaient les agences de notation.

 

Minimisant perpétuellement le danger, le gouvernement a donc préparé un projet de loi de finances pour 2012 sur des bases totalement irréalistes, adossé à une hypothèse de croissance de 1,75%. On sait la suite: en catastrophe, début novembre, le ministère des finances a dû admettre que cette prévision était exagérément optimiste. La prévision a donc été abaissée à seulement 1% de croissance pour 2012. Et dans la foulée, le gouvernement a dû prendre des mesures correctrices. Le 7 novembre, un deuxième plan d'austérité (intervenant pas même deux mois et demi, après un premier, révélé le 24 août) a été annoncé, portant sur 18,6 milliards d'euros, dont des mesures très impopulaires de relèvement des impôts et d'anticipation de la réforme des retraites (lire Plan d'austérité : travailler plus pour gagner moins). Avec ce plan, l'ambition du gouvernement était de garantir les engagements qu'il avait pris en matière de déficits publics, pour les ramener à 4,5% du produit intérieur brut en 2012, 3% en 2013, et à 0% en 2016).

Mais c'est le propre d'une spirale : elle fonctionne sans fin. Ce deuxième plan d'austérité n'est donc pas même entré en vigueur que l'OCDE jette un pavé dans la marre, en disant que cette nouvelle prévision de croissance de la France, même révisée à la baisse, ne tient toujours pas debout – ce qui est aussi l'opinion de la plupart des instituts de conjoncture économique.

10,4% de chômeurs fin 2012

C'est donc une très mauvaise nouvelle pour Nicolas Sarkozy car l'OCDE dit tout haut ce que tout le monde sait : à poursuivre dans la voie de cette politique économique, il faudra que la France prenne sans cesse de nouvelles mesures d'économies, qui à chaque fois vont peser encore un peu plus sur l'activité.

Concrètement, les experts de l'OCDE estiment que l'économie française ne croîtra que de 0,3% en 2012, soit bien moins que le 1% escompté désormais par le gouvernement. Ils vont même jusqu'à lâcher le mot qui fait peur, celui de récession. « Etant donné le net ralentissement déclenché par les problèmes non résolus de dette souveraine en Europe, la France est peut-être entrée dans une courte et légère récession », affirme ainsi l'OCDE.

 

Et pour justifier leur prévision, les experts mettent bien en évidence cette spirale qui est en train de happer la France. Ils soulignent que la forte exposition des banques françaises aux pays en difficulté financière « est devenue une source d'incertitude croissante » et a contribué à la hausse de l'écart de rendement entre les dettes souveraines française et allemande. Ce « spread » entre les dettes française et allemande à 10 ans a bondi ces dernières semaines, passant d'environ 40 points de base fin juin à environ 80 début octobre et plus de 150 désormais, après avoir dépassé 200 points de base.

 

Conclusion de l'OCDE : « La contagion ayant atteint la France, les coûts d'emprunt plus élevés affecteront l'ensemble de l'économie. » Les experts ne contestent pas les engagements français de réduction du déficit public. Mais pour atteindre 4,5% en 2012 un effort supplémentaire équivalent à 0,4% du PIB, soit environ 8 milliards d'euros, est nécessaire, font-ils valoir. En clair, il faut toujours plus d'austérité : « Il n'est pas possible de compenser la faiblesse économique actuelle par de simples mesures discrétionnaires sans mettre en danger la note souveraine », conclut l'OCDE.

 

Cette brutale dégradation de l'environnement économique de la France va donc avoir une conséquence prévisible : une nouvelle envolée du nombre des demandeurs d'emplois. Dans sa note, l'OCDE elle-même le signale, suggérant que le taux de chômage pourrait atteindre en France un sommet historique à 10,4% fin 2012.

 

Les dernières statistiques des demandeurs d'emplois, publiées également ce lundi, par Pôle emploi, viennent confirmer cette probable entrée en récession de France.

Sarkozy sur les traces de Pierre Laval

 

Si l'on prend seulement la catégorie A (la catégorie la plus restrictive, celle qui exclut des statistiques ceux qui ont une activité très réduite), on se rend donc compte que le nombre des demandeurs d'emplois est en phase d'accélération: 34.400 au cours du seul mois d'octobre, cela correspond en effet à une hausse de 1,2%. Et sur un an, la progression atteint +4,9%.

Mais si l'on prend en compte la totalité des demandeurs d'emploi (catégories A, B, C, D et E), on s'aperçoit que le nombre des demandeurs d'emploi progresse tout aussi rapidement. Dans ce cas-là, le nombre des demandeurs d'emploi s'établit en effet à 4.775.400, en hausse de 3,9% sur un an. Soit plus très loin de la barre des 5 millions de demandeurs d'emplois. Et encore, il faut avoir à l'esprit que ces chiffres sont ceux de la France... métropolitaine. Autrement dit, ils donnent une vision minorée de l'état réel du chômage dans la France entière.

 

Et il faut bien mesurer que ces indicateurs n'offrent qu'un petit aperçu des souffrances sociales que génère le ralentissement de l'économie. Car du même coup, c'est la misère, elle-même, qui gagne du terrain. Au dernier recensement par l'Insee, on décomptait ainsi plus de 8,2 millions de pauvres en France en 2010. Ce chiffre s'inscrira nécessairement en forte hausse en 2011. C'est ce que suggèrent toutes les associations. Les Restos du cœur, pour ne parler que d'eux, estiment que leurs besoins pour l'hiver qui vient seront en hausse de 15%.

 

Ces chiffres vont tous dans le même sens. En refusant de prendre des mesures pour encadrer et faire reculer la spéculation, tous les gouvernements sont pris dans le même étau. Et la France la première, qui en est déjà à son deuxième plan d'austérité, mais qui ne parviendra pas, malgré tout, à tenir ses engagements en matière de réduction des déficits. Alors, faudra-t-il un troisième plan d'austérité?

 

En fait, cette spirale a un nom : c'est la spirale Laval. La politique récessive conduite à marche forcée par Nicolas Sarkozy présente en effet quelques points communs avec la politique déflationniste conduite en 1935 par le gouvernement de Pierre Laval, au nom déjà du retour... à l'équilibre budgétaire (lire L'Europe de la déflation sociale).

 

C'est ce qu'il y a de pathétique dans le cours de la politique économique voulue par Nicolas Sarkozy : le pire est le plus probable. La France atteindra-t-elle donc les 5 millions de chômeurs ? Elle y chemine...

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