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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 17:09
| Par Martine Orange

Aux prises avec le fisc, le groupe Wendel aimerait enterrer ses frasques passées dans la plus grande discrétion. Ses espoirs risquent cependant d'être déçus. Au fil des recherches et des explorations, de nouveaux faits émergent sur cette folle période du groupe, où le démon de l'argent paraît avoir saisi l'équipe dirigeante. Sous la houlette de Jean-Bernard Lafonta, alors président du directoire de Wendel, les montages les plus divers ont été imaginés pour favoriser un enrichissement rapide des dirigeants et de son président, Ernest-Antoine Seillière.

Selon de nouveaux documents, dont Mediapart a eu connaissance, il n'y a pas eu que le montage astucieux, qui a permis à quatorze dirigeants de prendre 4,7% du capital de Wendel à bas prix, ou des mécanismes d'investissements établis de telle sorte qu'ils ne pouvaient tourner qu'au seul avantage des managers (voir nos précédents articles sur Editis et sur Deutsch). D'autres opérations ont été montées dans l'unique but de protéger les intérêts de quelques dirigeants, et en particulier de Jean-Bernard Lafonta. Et celles-ci paraissent parfois bien éloignées de la juste rémunération du risque. Interrogé sur toutes ces opérations, le groupe Wendel n'a pas répondu à nos questions (voir onglet Prolonger).

Artisan de la transformation de Wendel à partir de 2001, Jean-Bernard Lafonta a toujours eu un statut à part dans le groupe. Ernest-Antoine Seillière admire cet homme qui comprend tout au capitalisme financier moderne et surtout qui lui fait gagner tellement d'argent. Il ne se voit pas lui refuser grand-chose. Quand Jean-Bernard Lafonta imagine et monte l'opération Solfur, Ernest-Antoine Seillière accepte donc de le récompenser à la hauteur de ses mérites.

Le président du directoire de Wendel devient ainsi le principal bénéficiaire du montage : à lui seul, il récupère 1,2 million d'actions Wendel pour une valeur de 156 millions d'euros, sur les 2,53 millions de titres que se partagent les membres de la direction de Wendel, soit 48% du total.

Le montage est débouclé à l'été 2007. Officiellement, tous les dirigeants s'engagent à conserver leurs titres au moins pendant dix-huit mois, afin de bien prouver la réalité de l'investissement. Ce que contestera le fisc par la suite, leur imposant un redressement record de 254 millions d'euros. Jean-Bernard Lafonta se montre d'autant plus intransigeant sur le respect de ces engagements auprès de ses équipes qu'au même moment, il est en train d'engager un raid caché sur Saint-Gobain. Il ne cesse de répéter aux uns et aux autres qu'ils sont des initiés permanents. Donc, pas question de faire le moindre geste qui pourrait attirer l'attention des autorités boursières et du fisc.  

Tous respectent la consigne, y compris Ernest-Antoine Seillière. Tous sauf un : Jean-Bernard Lafonta. Alors qu'il est en train d'engager le groupe sur la voie dangereuse d'une attaque surprise sur Saint-Gobain, dont Wendel ne s'est toujours pas remis, lui n'a qu'une idée en tête : réaliser au plus vite la plus-value sur ses titres. Il va donc se précipiter pour la concrétiser en toute discrétion.

Le mécanisme bancaire auquel il a recours est si évident, si discret, et offre un tel avantage de passer au travers de toutes les réglementations boursières imposées aux dirigeants, qu'il ne doit pas avoir été le premier à l'utiliser. Les bonnes recettes circulent vite dans le monde patronal. Tout passe par le canal le plus classique du prêt bancaire. Officiellement, Jean-Bernard Lafonta a souscrit en mai 2007 un prêt de 60 millions d'euros pour acquérir les fameuses actions Wendel auprès de la banque JP Morgan. Il est prévu que 525.000 titres, soit environ 1% du capital de Wendel, seront déposés en nantissement pour garantir l'emprunt auprès de la banque. Par contrat, la valeur des titres doit correspondre à 110% du montant du prêt, ce qui paraît très élevé pour un contrat avec appel de marge.

Mais dès septembre, JPMorgan Chase demande une révision de la clause de sauvegarde, « afin de tenir compte de la crise des marchés financiers intervenue depuis juillet 2007 et du niveau de la dette de l'emprunteur », explique-t-elle dans le contrat. De 110%, la garantie est portée à 155%. La demande paraît bien désavantageuse pour l'emprunteur. Pourtant, Jean-Bernard Lafonta l'accepte sans discuter.

 

Wendel Doc 1

Des ventes à point nommé

Dès le 27 septembre, le cours du groupe étant tombé à 118,72 euros, le président du directoire de Wendel est averti que la garantie qu'il a apportée n'est plus suffisante pour couvrir l'emprunt. « Sans notification de votre part d'un apport d'actif diversifié satisfaisant complémentaire en nantissement d'ici 24 heures, nous entamerons la vente au fil de l'eau pour un produit total de cession qui permettra un remboursement de 20 millions d'euros », avertit JP Morgan. C'est ce qui sera fait.

 

Officiellement, Jean-Bernard Lafonta n'y est pour rien. Il se voit juste imposer une vente forcée par la banque pour couvrir son prêt. Mais il échappe ainsi à toutes les obligations légales et réglementaires : pour lui, pas de période d'abstention, pas de déclaration de vente obligatoire. Les 525.000 actions de Wendel déposées en garantie du prêt seront vendues ainsi au fil de l'eau, selon nos informations, avant que le titre ne décroche. Ces cessions permettront à Jean-Bernard Lafonta de réaliser une plus-value au bas mot de 31 millions d'euros, couvrant largement et bien au-delà le prêt consenti. Aucune déclaration de cession de ces titres n'a été déposée auprès de l'AMF. 

Le montage est si intéressant que, selon nos informations, Ernest-Antoine Seillière et Bernard Gautier paraissent aussi y avoir eu recours. Les autres membres de l'équipe dirigeante de Wendel, eux, attendront d'être dégagés de leur obligation d'abstention de dix-huit mois pour commencer à vendre. Le titre Wendel est alors tombé autour de 30 euros. Pour eux, c'est au mieux une opération blanche. Car entre-temps, la situation du groupe s'est notablement détériorée, en raison des choix faits par Jean-Bernard Lafonta.

A l'étroit dans le groupe Wendel, celui-ci se voit des destinées plus hautes. Son choix s'est arrêté sur Saint-Gobain. Depuis des mois, des financiers tournent autour du groupe industriel, dans la perspective de le découper, le démanteler, et d'empocher les plus-values de la casse. Qu'il n'en reste rien n'est pas leur problème. Mais aucun fonds d'investissement n'a osé se lancer à l'assaut d'un groupe si gros. Jean-Bernard Lafonta a décidé, lui, de relever le défi : il va partir à l'assaut de Saint-Gobain. Déjà, il rêve d'être à la tête du groupe et songe à l'immense fortune qu'il va pouvoir réaliser.

 

A partir de la fin 2006, il monte donc un raid masqué, qui lui vaudra d'être lourdement condamné ainsi que le groupe Wendel par les autorités boursières pour avoir enfreint toute la réglementation. Tout l'assaut est bâti sur les dérivés, les options, les effets de levier. La crise prend à revers Wendel. Le raid masqué tourne au fiasco. Le groupe est piégé. Il a beau vendre des actifs, il se retrouve totalement asphyxié sous la dette et les frais financiers. Et les banques, qui sont elles-mêmes en pleine panique depuis l'effondrement de Lehman Brothers, n'ont pas du tout envie de se montrer compréhensives.

Fin février 2009, Wendel est au bord de l'écroulement. Dans la précipitation, Jean-Bernard Lafonta organise un rendez-vous avec le président du tribunal de commerce pour envisager de mettre le groupe sous procédure de sauvegarde. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'Ernest-Antoine Seillière, jusqu'alors aveuglé par les discours de son protégé, prend conscience des dangers encourus. Dès lors, la rupture est consommée entre eux : Jean-Bernard Lafonta doit partir.

D'abord, ce dernier résiste puis accepte. Mais il pose ses conditions. D'une part, il entend présenter les derniers résultats de Wendel, afin de partir avec les honneurs. D'autre part, il veut avoir des dédommagements importants, au nom des services rendus, des risques pris. Wendel lui doit bien cela, insiste-t-il. D'autant, ajoute-t-il, qu'il est ruiné : il a acheté à crédit les actions Wendel et Saint-Gobain. Ernest-Antoine Seillière accepte les deux conditions.

Un calendrier bien choisi

Début avril 2009, Jean-Bernard Lafonta présente donc son dernier exercice annuel. Grâce aux beautés de la créativité comptable, rien dans les comptes affichés ne permet de se rendre compte de la situation réelle de Wendel. En utilisant une habileté, le groupe a décidé d'arrêter  la valorisation de ses participations au 6 mars plutôt qu'à fin mars, comme il en a l'habitude. Le subterfuge paraît léger. Mais à un moment où les marchés s'effondrent, il n'est pas sans conséquence : l'expédient permet de gommer une partie de la baisse des cours.

 

Le deuxième artifice comptable est plus lourd encore. Pour se prémunir de la chute des cours sur le titre Saint-Gobain, Wendel a pris des couvertures (puts). Ces puts ne cessent de gagner de la valeur, alors que l'action Saint-Gobain a dévissé de plus de moitié. Pour contrebalancer cette moins-value latente, Jean-Bernard Lafonta décide de prendre en compte l'augmentation de valeur des couvertures. Certaines banques, notamment la Société générale, feront exactement la même chose au même moment pour minorer leurs pertes sur les subprimes et autres produits toxiques. Ce n'est pas illégal mais c'est une étrange façon d'estimer son résultat. Pour Wendel, cela se traduit par 1 milliard de résultat net supplémentaire. Là aussi, le groupe se gardera bien d'en piper mot. Enfin, un crédit de 300 millions d'euros est opportunément oublié.

Officiellement, Wendel affiche donc une santé solide. Au 31 mars, son actif net réévalué – le critère utilisé pour estimer la valeur des sociétés de portefeuille – est de 22 euros. Le décalage est si grand avec la réalité que Frédéric Lemoine, qui succède à Jean-Bernard Lafonta, éprouvera par la suite le besoin de faire une épreuve de vérité discrète. Un document interne, daté de juin 2009, fait le point de la situation. En fait, l'actif net réévalué n'était pas de 22 euros mais de 15 euros à fin mars, soit une perte de valeur de plus de 300 millions pour le groupe. Une paille !

 

Les analystes ne comprendront jamais les comptes de Wendel dans cette période et émettront des jugements très négatifs sur le groupe. Discrètement, le groupe, quant à lui, entamera un processus de normalisation comptable, bien entendu, sans en rien dire.  

Mais sur l'instant, Wendel a sauvé la face. Grâce à ces expédients, Jean-Bernard Lafonta peut donc présenter son dernier bilan la tête haute, et partir avec les honneurs. Tout s'est fait avec l'aval d'Ernest-Antoine Seillière. Les deux dirigeants ont le même intérêt à brosser un tableau quelque peu arrangé du groupe. Si celui-ci rencontre des difficultés, c'est en raison de la crise, pas à cause de sa gestion.

Assurance tous risques

L'autre avantage de cette présentation un peu flatteuse est qu'elle permet de faire avaliser sans objection par le conseil toutes les indemnités accordées à Jean-Bernard Lafonta pour son départ. Dès sa démission officielle de la présidence du directoire, ce dernier a abandonné son statut de mandataire social et a pu retrouver son ancien contrat de travail. Ce qui lui permet de bénéficier de 955.000 euros d'indemnités accordées en sa qualité de salarié. Il obtient également de se faire racheter ses participations dans les sociétés de co-investissements, montées par l'équipe dirigeante, au prix d'origine, soit 2,5 millions d'euros.

Même les commissaires aux comptes tiquent. Dans le rapport annuel de 2009, ils soulignent que ce rachat a été fait selon une convention établie par les dirigeants qui leur permet de sortir au même prix qu'ils sont rentrés. Cela aussi est la reconnaissance du risque. La convention sera modifiée par la suite. Et les autres membres de l'équipe sur le départ se verront proposer le rachat de leurs parts dans les sociétés de co-investissement au prix d'un euro symbolique.

Comme si ces largesses ne suffisaient pas, Jean-Bernard Lafonta négocie secrètement un autre dispositif avec Ernest-Antoine Seillière et l'avocat Sébastien Prat. Il obtient une garantie de rachat du groupe pour 400.000 actions Wendel qui lui restent, au prix de 19,43 euros. Le cours est alors tombé jusqu'à 17,88 euros. L'ancien dirigeant, on le voit, a pleinement confiance dans l'avenir du groupe qu'il quitte, après avoir présidé à sa destinée pendant près de huit ans.

 

Cette convention, totalement hors norme, est approuvée sans difficulté par le conseil de surveillance. Il y a longtemps que celui-ci accepte tout ce qui lui est soumis par Ernest-Antoine Seillière. Naturellement, le contenu de cet accord ne sera jamais dévoilé. Il est vrai qu'il n'a pas été appliqué : le cours de Wendel est remonté après le départ de Jean-Bernard Lafonta. Ce dernier a pu vendre ses titres au fil de l'eau, sans anicroches.

Aux dernières nouvelles, après avoir colporté dans tout Paris qu'il était ruiné, Jean-Bernard Lafonta, qui a pu se constituer une fortune d'une bonne centaine de millions d'euros grâce à son passage chez Wendel, a monté un fonds d'investissement. Claude Bébéar et la famille Decaux lui ont apporté leur appui et de l'argent pour l'aider à repartir. Jean-Bernard Lafonta peut ainsi continuer à appliquer les formules du private equity et du co-investissement. Des métiers pleins de risque, comme il n'a cessé de le répéter, qu'il convient de rémunérer à leur juste valeur.

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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 17:00

 

Quotient familial au rayon X 05/01/2012 à 16h19


 

Pour justifier la réforme du quotient familial de Hollande, son conseiller Michel Sapin argue que le système actuel favorise les familles aisées. Rue89 a fait les comptes.

 


Un billet de 10 euros plié dans la forme d'un bateau (RedGlow82/Flickr/CC)

 

Michel Sapin, chargé du projet présidentiel de François Hollande, était mardi sur LCI pour expliquer le choix de son champion de « rapprocher », voire fusionner, la CSG, contribution sociale généralisée, et l'impôt sur le revenu.

Le député de l'Indre, qui multiplie depuis quelques jours ses apparitions médiatiques, s'en est pris au quotient familial, que le PS remplacerait bien par un crédit d'impôt forfaitaire pour chaque enfant. Une telle réforme permettrait aux parents qui payent peu ou pas d'impôts sur le revenu de profiter eux aussi du coup de pouce de l'Etat. Michel Sapin :

« Aujourd'hui, un enfant de riches, ça apporte beaucoup plus de baisse d'impôts qu'un enfant de pauvres. Est-ce normal ? Non. Il faut faire en sorte que ce soit juste. »

Mais que rapporte (ou coûte) au juste un enfant de riches ? Et un enfant de pauvres ?

Enfant de riches

Prenons un couple de « riches » qui gagne, selon le seuil avancé par François Hollande en 2007, 8 000 euros par mois : 4 000 euros par personne. Ce couple dispose donc d'un revenu annuel de 96 000 euros.

Sans enfant, il devrait s'acquitter, selon un simulateur disponible sur le site de l'administration fiscale, de 14 787 euros d'impôts au titre de l'impôt sur le revenu.

Imaginons à présent qu'il ait trois enfants à charge, âgés par exemple de 2, 8 et 16 ans. Le nombre de parts du foyer fiscal passe de deux à quatre et le montant du chèque au Trésor public chute alors à 6 740 euros, soit une « baisse » d'impôt de 8 047 euros !

Le couple bénéficie par ailleurs d'une réduction d'impôt pour frais de scolarisation de son aîné de 183 euros.

Si le couple engage un professeur à domicile pour ses enfants, il peut également bénéficier d'un crédit d'impôt. Montant : 7 500 euros maximum si le salaire du prof atteint 15 000 euros par an (soit 1 250 euros par mois).

Si le couple a recours à une garde d'enfant hors du domicile, pour son plus jeune enfant, il peut obtenir un second crédit d'impôt d'une valeur maximum de 1 150 euros.

Economies réalisées : 16 880 euros sur l'année.

Enfant de pauvres

Prenons maintenant un autre couple, avec le même nombre d'enfants, dont le revenu mensuel serait de 2 400 euros (deux salaires de 1 200 euros). Salaire annuel : 28 800 euros.

Ce couple ne paye pas l'impôt sur le revenu. Impossible donc de faire baisser, grâce à ses enfants, le montant du chèque dû à l'administration fiscale, ni d'obtenir de réduction d'impôt pour frais de scolarisation.

Le couple peut lui aussi obtenir un crédit d'impôt s'il emploie un professeur à domicile. Encore faut-il qu'il puisse le faire... Et quant à payer celui-ci 15 000 euros par an alors qu'il ne dispose que d'un salaire annuel de 28 800, c'est peu probable.

Le couple pourra par contre lui aussi obtenir un crédit d'impôt s'il a recours à une garde d'enfant hors du domicile de 1 150 euros.

Economies réalisées : 1 150 euros sur l'année.

Sapin est donc dans le vrai.

Et les prestations familiales ?

Certains pourraient lui opposer le fait que l'enfant de pauvres apporte à ses parents plus d'aides sociales que l'enfant de riches.

Vérifions. Plusieurs aides sociales sont liées à la présence d'enfants au sein d'un foyer. Elles ne sont pas toutes cumulables et correspondent parfois à des situations très particulières.

Certaines sont communes à toutes les familles. C'est le cas :

Aux économies réalisées par le couples de « riches », il faudrait donc ajouter 286,44 euros mensuels d'allocations familiales et 452,22 euros d'aide mensuelle pour la prise en charge par une assistante maternelle du plus jeune des enfants.

Total annuel des aides familiales et baisse d'impôt pour cette famille « riche » : 25 743,92 euros.

D'autres aides dépendent des ressources des parents. Un couple dit « pauvre » peut ainsi toucher :

Les parents « pauvres » d'un enfant de moins de 3 ans peuvent aussi recevoir :

Un parent qui élève seul son ou ses enfants peut, par ailleurs, bénéficier du RSA (Revenu de solidarité active) avant d'avoir ses 25 ans.

Si le deuxième parent est décédé ou s'il n'a pas reconnu l'enfant, le parent seul peut recevoir 88,44 euros par mois au titre de l'allocation de soutien familial.

Afin d'illustrer cela, reprenons notre couple de « pauvres » et ses trois enfants en imaginant que ces derniers soient âgés, eux aussi, de 2, 8 et 16 ans. Le couple pourrait donc toucher, en aides communes à tous les couples et en aides spécifiques aux couples « pauvres » :

  • des allocations familiales à hauteur de 286,44 euros par mois ;
  • une allocation de rentrée scolaire de 284,97 euros pour le cadet et de 311,11 euros pour l'aîné ;
  • une allocation de base, pour le petit dernier, de 180,62 euros par mois (qui n'est pas cumulable avec le complément familial) ;
  • une aide pour la prise en charge du plus petit par une assistante maternelle hors du domicile : 565,27 euros par mois.

Total annuel des aides familiales et crédit d'impôt pour cette famille « pauvre » : 14 134,04 euros.

Michel Sapin a toujours raison : un enfant de riches rapporte plus qu'un enfant de pauvres. Et « coûte » plus cher à l'Etat.

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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 16:46

 

Rue89 - Tout doit disparaître 06/01/2012 à 12h38

Charlotte Penchenier Journaliste


Une femme de ménage cache les cendres sous le tapis, œuvre de « street art » de Banksy, (Fabbio/Flickr/CC)

A Marseille en cette fin d'année 2011, il fallait se pincer pour y croire :

« Mais créez donc des emplois ! Puisqu'on vous dit qu'il y a de l'argent ! »

La préfecture, Pôle emploi, la ville... s'y sont tous mis pour inciter les associations à signer des contrats aidés à tour de bras. Un cadeau de Noël qui fait « pschit ! », puisqu'il sera périmé aussitôt les élections (présidentielle et législatives) passées.

Des e-mails, des coups de fil, des relances en pagaille... De mémoire de responsable associatif, on n'avait jamais vu ça. Plusieurs d'entre eux ont dit avoir été harcelés pour profiter au plus vite des soldes de fin d'année sur l'emploi aidé.

 

Voir le document
(Fichier PDF)

 

C'est un arrêté préfectoral daté du 29 novembre qui a lancé les festivités en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) : les conditions d'éligibilité à ces postes se retrouvaient subitement assouplies... jusqu'au 31 décembre.

Les contrats aidés sont en théorie destinés aux personnes les plus éloignées de l'emploi : chômeurs de longue durée, bénéficiaires du RSA, etc.

Par la grâce de cet arrêté, « toute personne sans emploi rencontrant des difficultés sociales et professionnelles particulières d'accès à l'emploi » peut postuler à un emploi de 20 heures par semaine rémunéré 796 euros brut pour une durée maximale de 6 mois.

Des aides exceptionnelles, offertes in extremis

Les contrats aidés, kézako ?

Appelés CUI (contrat unique d'insertion), ils se déclinent sous deux formes : les CIE (contrat initiative emploi) destinés au secteur marchand, les CAE (contrat d'accompagnement dans l'emploi) dans le secteur non-marchand, associations et administrations.

Les CUI-CAE représentent le gros du contingent des emplois aidés. Les aides s'élèvent actuellement à 70% ou 90% du coût total du poste, en fonction du profil de la personne recrutée.

Pour les associations qui ont besoin d'emplois aidés pour fonctionner, ce fut un appel d'air non négligeable. Xavier Blaise, directeur d'une association de quartier à Noailles (Le 1000 pattes), a pu créer deux nouveaux postes :

« Certaines personnes qui n'étaient pas éligibles le sont devenues. J'avais pas mal de contrats qui ne pouvaient pas passer en septembre mais qui ont pu passer en décembre... »

Une autre structure, qui fait de l'insertion par le logement pour les jeunes, s'est même vu proposer mi-décembre, in extremis, des aides exceptionnelles à 105% pour embaucher, alors qu'elle n'y était pas éligible.

Plus de 400 000 contrats aidés en 2011

Il était pourtant prévu de diminuer progressivement le nombre de CUI-CAE (contrats unique d'insertion et contrats d'accompagnement dans l'emploi) au niveau national : 400 000 en 2010, 340 000 en 2011... 200 000 en 2013. Mais au vu de la conjoncture et du chômage grimpant, au vu du risque que représentent ces mauvais chiffres pour la campagne présidentielle, le gouvernement a dû juger plus prudent de distribuer aux préfets des enveloppes supplémentaires d'emplois aidés.

Pour 2011, on devrait finalement dépasser les 400 000 CUI-CAE.

Pour 2012, l'objectif officiel est de 340 000 entrées en CUI-CAE. Avec une nouveauté de taille : les deux tiers devront être consommés pendant le premier semestre, autrement dit avant l'élection.

Il faut donc s'attendre à une fermeture des vannes au deuxième semestre : la plupart des contrats de six mois conclus aujourd'hui ne pourront sans doute pas être renouvelés.

« Une respiration dans une brasse coulée »

Le secteur associatif provençal en a déjà fait l'amère expérience. C'était il y a un an. Fin 2010, le préfet met soudainement un frein à tous les renouvellements de contrat. Beaucou^p se retrouvent sur le carreau du jour au lendemain, un collectif Paca emplois aidés se crée à Marseille, les mobilisations s'enchaînent. Malgré une petite rallonge, beaucoup de structures n'ont pu renouveler les contrats en 2011.

Ce fut le cas de B-Vice, centre culturel implanté dans la cité La Savine depuis vingt ans. Les sept contrats aidés qui lui permettaient de fonctionner se sont tous achevés au cours de l'année sans pouvoir être reconduits. En septembre dernier, il ne restait plus que le directeur, seul aux manettes, et soudainement en décembre, le Père Noël fait son apparition avec, dans sa hotte, sept nouveaux contrats aidés : l'équipe est reconstituée... pour six mois.

Parmi ceux qui n'ont pas répondu à l'appel du pied du préfet : Sophie Karddous, directrice d'un institut de beauté solidaire (Hygia). Si elle s'appuie sur ce type de contrats, c'est avec l'objectif de les transformer en CDI :

« On a toujours besoin de personnel, mais à quoi ça rime si j'embauche quelqu'un pour le remettre au chômage dans six mois ? Cela peut aider ponctuellement, mais quand on veut pérenniser des postes, cela n'a aucun sens. »

« C'est juste une petite respiration dans une brasse coulée », résume Alexandre Fassi, qui dirige une couveuse de projets dans l'économie sociale et solidaire (Intermade). Selon lui, un contrat aidé doit durer au minimum un an pour permettre de démarrer une activité ou envisager de pérenniser un poste.

« Je me pose des questions sur l'utilisation de l'argent public. Un coup, il y en a ; un coup, y en a plus. Les postes sont bloqués ou rouverts, sans jamais aucune justification. Il n'y a pas de cohérence, ni de ligne directrice claire. On ne fait que créer du sous-emploi de masse temporaire. »

Des milliers de chômeurs sortis des stats

Insertion, création d'emplois durables, ou simple baguette magique pour diminuer très temporairement les chiffres du chômage : à quoi servent les emplois aidés aujourd'hui ?

Si l'objectif a été atteint en région Paca pour 2011 – pas de chiffres officiels pour l'instant, dans l'attente de la conférence de presse du préfet de région Hugues Parant le 11 janvier –, quelques milliers de chômeurs sortiront des statistiques des demandeurs d'emploi... pour six mois, juste le temps de passer l'épreuve de la présidentielle.

 

Les contrats aidés, kézako ?

Appelés CUI (contrat unique d'insertion), ils se déclinent sous deux formes : les CIE (contrat initiative emploi) destinés au secteur marchand, les CAE (contrat d'accompagnement dans l'emploi) dans le secteur non-marchand, associations et administrations.

Les CUI-CAE représentent le gros du contingent des emplois aidés. Les aides s'élèvent actuellement à 70% ou 90% du coût total du poste, en fonction du profil de la personne recrutée.

 

 

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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 15:17

Sans détour | LEMONDE | 06.01.12 | 14h34

par Caroline Fourest, essayiste et journaliste (Sans détour)

 
 

Le gouvernement hongrois semble cumuler tous les traits, pour ne pas dire toutes les tares, de l'impasse nationaliste contemporaine. Viktor Orban et son parti ont été élus en 2010, grâce à un discours dénonçant les "diktats de Bruxelles", promettant un Etat fort, un patriotisme économique et de restaurer l'identité hongroise et catholique du pays. La première par rapport aux Roms. La seconde pour tourner la page du passé communiste.

 

Près de deux ans après son élection, le résultat n'est pas beau à voir. En guise d'Etat fort, les Hongrois ont droit à un Etat autoritaire. La reprise en main du pays ressemble à un quasi-coup d'Etat : une Constitution liberticide (dont de nombreux aspects n'ont jamais été évoqués pendant la campagne électorale), votée en un temps record grâce au système de vote d'articles en rafales. La République de Hongrie est morte. Voici venue l'ère de la Hongrie tout court, placée sous la bénédiction de Dieu, et d'une Constitution rétrograde, interdisant notamment le droit à l'avortement, le mariage gay et les sans-domicile-fixe.

 

Pour l'identitaire, comme souvent, Orban s'appuie sur la religion et sur les blessures de l'histoire. Dans un pays marqué par les défaites, rien de tel qu'un discours nostalgique sur la "Grande Hongrie", catholique et impériale, pour donner le sentiment de retrouver de sa superbe dans le grand bain de la mondialisation.

 

Va donc pour la Grande Hongrie et le ressassement du traité de Trianon signé en 1920, vécu comme l'équivalent du traité de Versailles pour l'Allemagne. Au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, l'Autriche-Hongrie y a été démantelée et la Hongrie a perdu 60 % de son territoire au profit de nouvelles nations. Un vrai traumatisme, exploité par les nationalistes.

 

Le credo fut longtemps réservé au Jobbik, ce parti d'extrême droite violemment antisémite et anti-roms. Sous l'effet de la droitisation actuelle, il est aussi devenu celui du Parti conservateur de Viktor Orban, qui chasse sur ses terres. Avec succès, faute d'opposants crédibles. Du fait de l'occupation soviétique, la gauche hongroise est libérale sur le plan de l'économie. Elle est aussi proeuropéenne et proaméricaine. La droite hongroise, elle, dénonce les "diktats de Bruxelles", synonymes de rigueur, et donc de douleur.

 

Autant dire qu'avec la crise, l'opposition a du mal à trouver de l'oxygène, mais la contestation gronde. Le discours de fierté nationale retrouvée, faussement antilibéral, s'est révélé surtout liberticide et adossé à une politique fiscale injuste : favorisant les plus riches, sans permettre de renflouer les caisses du pays. Pour faire illusion plus longtemps, Orban pourrait promettre de tout régler d'un coup de baguette magique en sortant de l'euro. Mais voilà, la Hongrie n'y est pas. Sa monnaie (le forint) se déprécie, et les capitaux fuient. Sans que la compétitivité ne puisse compenser.

 

Moralité, les Hongrois perdent chaque jour des libertés publiques, mais continuent de dépendre du Fonds monétaire international et de l'Union européenne pour leurs finances. Voilà bien où conduit l'illusion nationaliste : à subir les inconvénients de l'Europe sans bénéficier de ses avantages. A méditer.

 


Caroline Fourest est rédactrice en chef de la revue ProChoix, elle est l'auteure notamment de La Tentation obscurantiste (Grasset, 2005) et de Libres de le dire, avec Taslima Nasreen (Flammarion, 2010).

 

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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 15:13

 

LEMONDE | 06.01.12 | 10h39   •  Mis à jour le 06.01.12 | 10h44

 
 

 

Nicolas Sarkozy, lors de ses voeux du 31 décembre 2011.

Nicolas Sarkozy, lors de ses vœux du 31 décembre 2011.AFP/DESK


Même si les modalités de la TVA sociale annoncée par Nicolas Sarkozy restent à définir, les orientations du projet commencent à se préciser. Le but du chef de l'Etat est de rendre le travail plus compétitif : il n'est donc pas dans sa philosophie de compenser pour le salarié la hausse annoncée de la TVA par une baisse des charges salariales qui augmenterait mécaniquement le salaire net. La piste sur laquelle travaille l'Elysée est de réduire le coût du travail pour l'employeur, et donc de réduire en priorité les charges patronales.

Ce qui n'empêchera pas de trouver un compromis, réduisant à la fois charges salariales et patronales. Xavier Bertrand, ministre du travail et de l'emploi, plutôt frileux sur la TVA sociale, a ainsi fait valoir qu'un simple transfert patronal le laissait sceptique.

 

"Une TVA sociale pure et dure, uniquement de la TVA, massive et brutale, je n'y étais pas favorable, je n'y suis toujours pas favorable", a affirmé le ministre, jeudi 5 janvier, sur LCI. Interrogé sur le recours éventuel à la CSG, il a confirmé que "d'autres pistes que la TVA" pouvaient permettre d'opérer un transfert.

 

Marc-Philippe Daubresse, ancien ministre, député du Nord et secrétaire général adjoint de l'UMP, est allé plaider jeudi auprès de Nicolas Sarkozy pour un transfert également massif de charges salariales "qui permettrait des gains substantiels de pouvoir d'achat et donc de relancer la croissance", selon lui.

 

LE MEDEF SE RÉJOUIT

Le principal enjeu est l'ampleur du transfert à opérer. Les défenseurs de la TVA sociale défendent généralement une baisse des cotisations famille, uniquement patronales, qui représentent 5,4 % du salaire. Un transfert complet implique de dégager 35 milliards d'euros, soit faire passer la TVA de 19,6 % à 25 %.

 

"C'est un peu beaucoup", admet Yves Bur, député UMP du Bas-Rhin et rapporteur du budget de la Sécu. Lui prône plutôt une hausse limitée à trois points de TVA, complétée par une hausse de la CSG. "Surtout, le transfert doit concerner uniquement les charges patronales. Toucher aux cotisations salariales serait un coup d'épée dans l'eau pour la compétitivité", plaide-t-il.

 

Mais politiquement, faire baisser les charges salariales aurait l'avantage de se traduire immédiatement par une hausse de salaire et faire ainsi accepter plus facilement la hausse des prix qu'entraînera le relèvement de la TVA. Ce mix de baisses de charges salariales et patronales est d'ailleurs prôné depuis mi-novembre par le Medef, où l'on se réjouit de voir les projets en débat s'inspirer très largement de ses préconisations.

 

Laurence Parisot avait ainsi livré en novembre trois scénarios de transfert, qui prévoyaient tous une baisse simultanée des charges patronales et salariales, respectivement transférées vers la TVA et la CSG.

 

Par exemple, le scénario médian proposait de supprimer les 5,4 points de cotisations patronales de la branche famille et d'abaisser 2,6 points de cotisations salariales maladie et retraite. La TVA serait relevée à 23 % pour le taux normal et à 12 % pour le taux réduit. La CSG augmenterait de 1,2 point. Selon le Medef, ce transfert se traduirait par une hausse de quelques dizaines d'euros du salaire net pour un salarié rémunéré 2 000 euros brut par mois.

 

Si l'exécutif décide d'agir uniquement sur les cotisations patronales, c'est bien une réduction du pouvoir d'achat des salariés qui se profile, sauf à supposer que les entreprises vont augmenter par elle-même les salaires. Tout dépendra de ce que feront les patrons français de l'accroissement de leur marge.

 

"Il faudra que les entreprises répercutent bien dans leur prix hors taxes la baisse des charges. Si c'est le cas, l'impact sur les prix ne sera visible que pour les produits importés et les produits français gagneront en effet en compétitivité à l'export", explique ainsi Mathieu Plane, économiste à l'OFCE. L'exemple de la baisse de la TVA dans la restauration a toutefois montré toute la difficulté de s'assurer qu'un accroissement des marges se traduise automatiquement par une baisse des prix, tout du moins dans les services, peu concernés par la concurrence internationale.

 

"UN DIALOGUE DE SOURDS"

L'Elysée et le gouvernement semblent toutefois bien décidés à mener la réforme rapidement. François Fillon a ainsi annoncé jeudi que les décisions seraient prises "à la fin janvier", après le sommet social prévu le 18 janvier à l'Elysée, et que la réforme serait "soumise au Parlement en février".

 

Xavier Bertrand a déjà commencé à consulter les partenaires sociaux. Mais leur marge de négociation semble bien maigre. "On a eu un dialogue de sourds, on se dirige tout droit vers un sommet antisocial", assure Maurad Rabhi, secrétaire confédéral de la CGT, qui a été reçu jeudi matin.

 

L'entrée en vigueur concrète des mesures pourrait, elle, être plus étalée. Pour que le processus soit efficace, il faut qu'il soit massif, mais l'exécutif ne veut pas d'un choc qui déstabiliserait la croissance ou la consommation, alors que la France est en récession. Une des pistes consiste à avoir un point de hausse par an ou par semestre.

 

S'il voulait se montrer volontariste, le gouvernement pourrait décider une première tranche dès le 1er avril, mais cette hypothèse n'est pas la plus probable : une hausse de la TVA toucherait plus fortement les retraités, qui ne bénéficieraient pas d'éventuelles hausses de salaire.

 

Une entrée en vigueur au 1er juillet est actuellement privilégiée. Au risque que les socialistes renversent la mesure s'ils l'emportent en mai.

 

Jean-Baptiste Chastand et Arnaud Leparmentier

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5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 13:33

Créé le 05-01-2012 à 12h32 - Mis à jour à 14h36      

Louis Morice
Par Louis Morice
Journaliste

Les politiques défilent à la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne où les salariés attendent des mesures concrètes sur l'industrie pétrolière.

 

Selon Charles Foulard de la CGT, le gouvernement se limite pour le moment à des effets d'annonces : "ils ne prennent pas la mesure de la problématique. Ca va s'arrêter où ?" (Kenzo Tribouillard - AFP)

Selon Charles Foulard de la CGT, le gouvernement se limite pour le moment à des effets d'annonces : "ils ne prennent pas la mesure de la problématique. Ca va s'arrêter où ?" (Kenzo Tribouillard - AFP)

Le sort de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne et de ses 550 salariés s'inscrit désormais au cœur de la campagne de la présidentielle de 2012. Le socialiste François Hollande s'est rendu sur le site jeudi 5 janvier. Alors que Philippe Poutou du NPA avait ouvert le bal le 2 décembre, le Nouveau Centre Hervé Morin et le Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon sont annoncés pour vendredi 6 janvier. "Tous les politiques s'alarment quand les salariés créent l'émotion dans le public mais la réduction des énergies fossiles est bien au programme. C'est un jeu de poker-menteur autour de l'avenir de l'industrie pétrolière en France", explique au "Nouvel Observateur" Charles Foulard de la CGT-Pétrole.

Ca va s'arrêter où ?"

Le syndicat n'a pas reçu d'explications au sujet de l'annulation mercredi de la rencontre prévue à Matignon entre François Fillon et Jean-Paul-Vettier, PDG de Petroplus, reportée pour "raison matérielle". Selon Charles Foulard, le gouvernement se limite pour le moment à des effets d'annonces : "ils ne prennent pas la mesure de la problématique. Ca va s'arrêter où ?"

Si le déblocage des lignes de crédit reste bien sûr l'urgence pour Petroplus, Charles Foulard estime néanmoins que de réelles mesures autour du raffinage mais aussi de l'ensemble de l'industrie pétrolière doivent être prises. A l'instar de Sévillanne Lambret de la CFDT, le syndicaliste en effet que Petroplus ne peut pas s'en sortir sur le long terme en se cantonnant à la seule activité raffinage qui n'est plus rentable : "Petroplus est pris en tenaille entre les profits d'exploration-production et ceux de la distribution."

Situation paradoxale

La CGT dénonce une spirale destructrice : "Les fermetures ne sont pas une nouveauté, - souvenez-vous de la raffinerie des Flandres de Total – elles créent même des tensions sur le marché qui favorisent une remontée des prix. Ca sauve les autres, mais temporairement seulement si de réelles mesures sur le raffinage ne sont pas prises."

Le raffinage en France se trouve en fait dans une situation paradoxale. Avec une consommation de 80 millions de tonnes de gazoil, l'Hexagone doit maintenant se tourner vers l'importation : "Etre dépendants d'importations de pétrole brut ou de produits raffinés, c'est un véritable choix politique", estime Charles Foulard. En plein débat sur le réchauffement climatique et l'abandon des énergies fossiles, est-il possible de se passer de pétrole en France ? C'est à cette question que devront finalement répondre les candidats à l'élection présidentielle.

 

Par Louis Morice
Journaliste

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5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 11:44

 

LEMONDE.FR | 05.01.12 | 11h23   •  Mis à jour le 05.01.12 | 12h45

 

 

La ministre de l'apprentissage et de la formation professionnelle, Nadine Morano, s'est fait reprendre à plusieurs reprises par le journaliste de RMC Jean-Jacques Bourdin dont elle était l'invitée, jeudi 5 janvier, notamment sur le taux de la TVA en Allemagne.

 

Alors qu'elle défendait le projet de TVA sociale souhaité par le gouvernement, la ministre s'est vue demander par M. Bourdin quel était le taux de la TVA en Allemagne. "La TVA en Allemagne est plus élevée que la nôtre, elle est de trois points supérieure à la nôtre", a-t-elle répondu, quelque peu hésitante. Elle a été aussitôt reprise par le journaliste, qui lui a reproché de "ne pas maîtriser le sujet".

"Elle est de 19 points en Allemagne, la nôtre est à 19,6, vous dites des bêtises Nadine Morano. Vous ne maîtrisez pas le sujet", a dit M. Bourdin.

C'est en effet le taux normal de la TVA allemande. La ministre a ensuite tenté de justifier son erreur, expliquant qu'elle voulait dire que l'Allemagne avait augmenté son taux de TVA de trois points. Quelques secondes plus tôt, M. Bourdin avait corrigé Mme Morano sur une liaison grammaticale erronée.

Le Monde.fr

 

*Pour visualiser toute l'interview :

http://www.bfmtv.com/bourdin-2012-nadine-morano-actu21450.html

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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 13:49

 

| Par rachida el azzouzi et Mathieu Magnaudeix

«Avant, ici, c'était la campagne, dit une habitante. C'est presque devenu une cité-dortoir.» A la fin des années 1980, Crepoil n'était encore qu'un hameau cerné par les champs, tout au nord de la Seine-et-Marne. Depuis, ce village aux confins de la région parisienne, survolé à longueur de journée par les avions qui décollent de l'aéroport de Roissy, a accueilli les néo-ruraux: jeunes couples à la recherche d'une vie au vert, familles de la proche banlieue parisienne inquiètes de voir leurs enfants grandir au milieu des tours. Tous attirés par des prix de l'immobilier bien plus bas qu'à Paris et le rêve d'une maison rien qu'à eux, avec jardin et potager. Et tant pis pour les kilomètres: Paris est à 75 kilomètres en voiture, à 45 minutes en RER.  

 

© MM/Mediapart

En vingt ans, le hameau de Crepoil (photo) a pas mal changé. Les vieilles maisons ont retrouvé une deuxième jeunesse, retapées par des familles venues de Paris ou de la proche banlieue. Sur la route qui mène à La Ferté-sous-Jouarre, la ville la plus proche, ont éclos quelques pavillons Phénix. En plein centre du bourg, un entrepreneur local a retapé une ferme et construit une volée de maisons neuves qu'il loue sans difficulté.

 

Crepoil (en rouge), tout à l'est de Paris © Google  
Crepoil (en rouge), tout à l'est de Paris © Google

A Crepoil, il y a beaucoup d'ouvriers et d'employés. Chaque jour, une partie transhument jusqu'à Roissy, Marne-la-Vallée ou Paris. Des heures passées en voiture ou dans les transports en commun, des journées interminables.

Le mari de Virginie, assistante scolaire qui habite une jolie maison dans la rue principale, est contremaître à Paris. Il part le matin à 5 heures, revient le soir à 21 heures. Trois heures de trajet par jour, en voiture, quand il n'y a pas de bouchons. «La semaine, on ne se voit pas beaucoup en fait», soupire Virginie.

Propriétaire d'un pavillon à l'entrée du village, Bruno Sourmant, chauffeur-livreur à Paris et sa femme, responsable d'un rayon charcuterie dans une grande surface, se lèvent chaque jour à 3 heures et demie du matin. La galère quotidienne, mais aussi la fierté de gagner simplement sa vie, mêlée du sentiment d'avoir réussi mieux que d'autres. «On est bien, on a notre petite vie», dit Bruno.

La France de Crepoil est celle des petites classes moyennes. Ces «petits-moyens», comme les ont nommés en 2008 des sociologues qui ont travaillé sur les lotissements du Val-d'Oise (voir sous l'onglet Prolonger). Une France des ouvriers ou des employés, encore majoritaires dans le pays – ils représentent six actifs sur dix. Une grande partie d'entre eux habitent désormais hors des métropoles, souvent au-delà de la banlieue, dans le "périurbain" ou le "rural". Ils gagnent le Smic et parfois un peu plus. Ils ne sont ni aisés ni pauvres. D'eux, on parle peu, car ils sont mal représentés par les partis politiques et les syndicats. La gauche ne leur parle plus beaucoup, la droite les mobilise par épisodes. Le Front national leur fait des clins d'œil appuyés.

Cette France qui se lève (très) tôt avait cru voir en Nicolas Sarkozy un sauveur: en 2007, Cocherel, la commune dont dépend Crepoil, a voté à 63% pour l'actuel président. Cinq ans plus tard, «on est déçus, très déçus», dit Bruno Sourmant. Ce chauffeur-livreur à Paris avait choisi Sarkozy en 2007. Il ne cache guère que, cette fois, il votera «Marine». Dans cette partie de la Seine-et-Marne, le FN a fait de gros scores aux dernières cantonales. A Cocherel, il a frôlé les 30% au premier tour.

Bien sûr, l'abstention fut très élevée. Mais tout de même: ici, il y a peu d'immigrés – trois fois moins que la moyenne d'Ile-de France. Le chômage n'est pas très élevé. Souvent, l'homme et la femme travaillent. Le taux de bénéficiaires du RSA est au plus bas. Difficile a priori d'expliquer le bon score du FN et la très forte abstention par une simple haine de l'étranger ou des raisons strictement économiques.

Relégués en deuxième couronne

Après les cantonales, l'urbaniste Laurent Davezies, surpris par la percée du FN dans cette partie de l'Ile-de-France, a repris les chiffres. Ils sont riches d'enseignements. Les cantons de La Ferté-sous-Jouarre et de Lizy-sur-Ourcq, au nord du département, où la poussée du parti de Marine Le Pen a été particulièrement marquée, ont attiré 60% de nouveaux habitants entre 1975 et 2006, mais cette hausse se tasse, signe d'une moindre attractivité. Sept habitants sur dix, en très grande majorité des ouvriers ou employés, sont propriétaires.

«Ils se sont précipités en deuxième couronne pour acheter le pavillon, c'est d'abord ce qui caractérise leur mode de vie», insiste Davezies. Chaque matin, ils font trois fois plus de kilomètres que le Français lambda pour aller travailler (49 kilomètres en moyenne). «Bref, ils se tapent tous les inconvénients», commente le chercheur. Leur revenu par habitant est supérieur de 20% à la moyenne nationale, mais ils touchent moins de prestations sociales, type retraites ou RSA.

Pour Davezies, ces «petits-blancs» vivant dans la «non-ville» traversent une profonde crise, un déclassement silencieux, à la fois économique et culturel. «Ils ont un travail, mais vivent tout de même dans une précarité absolue du point de vue de leur insertion économique, dit l'urbaniste. Leur boulot est remis en cause car l'emploi industriel est d'abord dans le périurbain. Le prix du carburant pour la voiture augmente. Ils se sentent méprisés par les élites: leur empreinte environnementale est considérable, ils vivent en pavillon, ils ont tout faux et ils le savent.»

Politiquement, «ils sont "out", car jusqu'ici ils n'ont guère été pris en compte dans l'offre politique»: aucun leader ne s'adresse à eux, et leurs élus locaux ne sont pas des personnalités nationales. «C'est d'ailleurs une constante dans les territoires où le FN a explosé aux cantonales», constate Davezies.

A Crepoil, les habitants interrogés ne votent pas tous la même chose: centre, FN, UMP... Certains, comme Babette la postière, parlent même des «acquis sociaux» des «anciens», comme la retraite à 60 ans ou les congés payés, même si elle ne croit plus vraiment à la gauche. Pourtant, tous disent la même inquiétude. Le sentiment que les classes moyennes «disparaissent». Que les politiques ne s'intéressent qu'aux «assistés» et aux riches, mais pas à eux.

Ils constatent que le travail paie moins, que le pouvoir d'achat baisse et que leurs enfants galèrent de plus en plus. Certains, pas tous, comme Bruno ou Frédéric ne cachent pas être tentés par le vote FN. «On a essayé la droite, la gauche, alors pourquoi pas Marine Le Pen...»


 Cliquer ci-dessous pour regarder le diaporama sonore (5') :

A une dizaine de kilomètres de là, La Ferté-sous-Jouarre a beaucoup fait parler d'elle lors des dernières cantonales. Au premier tour, c'est la candidate FN, une inconnue, qui est arrivée en tête devant la maire socialiste de La Ferté, réalisant notamment des scores élevés dans les petits villages alentour. «Ici, le FN a beaucoup de clients», commente un des deux bijoutiers du village, Lionel Decleve, quadra avenant aux faux airs de Tintin. Après les élections, une équipe d'Envoyé spécial est venue tourner un reportage. «Ils ont voulu nous faire passer pour des demeurés, des gros racistes, la France profonde assaillie par des bandes délinquantes. Mais ici, ce n'est quand même pas le Bronx», dit une autre commerçante qui n'a pas digéré l'épisode.

«Vies de dingues»

 

Lionel Decleve, bijoutier
Lionel Decleve, bijoutier© Mathieu Magnaudeix

Pas le Bronx, certes, mais l'atmosphère est tout sauf sereine. L'an dernier, la ville a connu six braquages à main armée en neuf mois, selon la mairie. Lionel Decleve, le bijoutier (photo), s'est fait attaquer deux fois. «Le 23 décembre 2010 par des pros qui avaient sorti la grosse artillerie, et le 18 juin 2011 par des jeunes des cités qui se faisaient la main. Depuis, je me suis un peu barricadé.»

Lionel en veut aux revendeurs d'or qui multiplient les annonces dans les journaux locaux, crise et hausse du métal précieux obligent. L'opticien, la parfumerie ont aussi été braqués, parfois à plusieurs reprises. De quoi créer un «sentiment d'insécurité», admet la maire socialiste, Nathalie Pierre.

Depuis, les commerçants appellent les gendarmes dès qu'ils croient voir passer devant leurs fenêtres des jeunes qui ne sont «pas d'ici», dit une commerçante franco-algérienne (elle ne veut pas dire son nom). La jeune femme est désolée de la situation politique. Elle aurait aimé voter DSK, c'est raté. Devant elles, «bien des clients parlent sans gêne des "bougnoules": ils pensent que comme je suis commerçante, je suis juive», raconte-t-elle en haussant les épaules. Elle ajoute: «Les gens ont de moins en moins peur de dire qu'ils vont voter Marine Le Pen.»

Pendant les fêtes, la police municipale a effectué des rondes pour prévenir les braquages. Vers 17 heures, juste avant Noël, on croisait des gendarmes mobiles, défilant l'arme en bandoulière par groupes de trois dans les rues commerçantes. Au printemps, la ville va faire installer vingt-cinq caméras de vidéosurveillance, sans compter celles de la gare SNCF. «Il n'y a que la présence humaine qui peut ramener le sentiment de sécurité, dit la maire, dans son bureau où trônent deux diplômes récompensant les prouesses florales de la ville. Le problème, c'est que les grandes villes autour de nous mettent en place la vidéosurveillance. Les délinquants viennent donc où il n'y a pas de caméras. Donc on fait ça par nécessité, pas par goût ni par philosophie.»

 

La Ferté-sous-Jouarre. Hôtel de ville.  
La Ferté-sous-Jouarre. Hôtel de ville.© MM

Dans la ville, la présence fréquente de jeunes d'origine étrangère devant le bar et le PMU de la place de l'Hôtel-de-Ville alimente tous les fantasmes. Au Bon coin, un bistrot vieillot surchargé de décorations de Noël, Roger, 56 ans, petite moustache, chemise de bûcheron rembourrée de laine, tape du poing sur le comptoir et fustige les «bandes».

Il en a après «les fraudeurs comme Mme Bettencourt qui gagne combien de smic à la seconde pendant qu'on crève?» et «les assistés, pas les occasionnels, ceux qui perdent leur boulot, mais les professionnels, ceux qui squattent la place de la mairie et qui vont ensuite aux Restos du cœur», «les immigrés-chômeurs-délinquants-venus du 93, du 94, d'Afrique noire, du Maghreb».

La patronne, une quinqua dynamique, déboule au pas de charge avec des caisses de bouteilles et lance à la cantonade, bien fort: «Eh bien moi, j'ai voté Le Pen au premier tour en 2007 et j'ai boycotté le second tour. Parce qu'il y en a marre.» Cette année, elle hésite «entre Marine ou l'abstention». Fred, le serveur, interpelle la petite assemblée: «Qui va voter en mars prochain?» Aucun doigt ne se lève: «Voyez, ils nous ont découragés, écœurés.»

«Vous avez essayé de passer sur la place le soir? Allez-y, vous verrez!», lance le patron. En fait, les fameuses «bandes» ne sont pas si terribles, explique Lionel, le bijoutier. «Ce ne sont que quelques loulous qui s'ennuient.» «On est au fin fond de la Brie. Dès que les 40-80 ans voient trois Arabes et deux Noirs, ils paniquent», juge Gwendoline, attablée au Carré d'as, le bar face à l'hôtel de ville tenu par des Chinois. La jeune maman a quitté le Val-de-Marne pour s'installer en Seine-et-Marne, la vraie cité pour la campagne, parce que c'est «un milieu sain»

«Ici, c'est la déprime, l'ennui total, sourit Walid, un Algérien de 25 ans qui alterne entre intérim et période de chômage et passe son temps au PMU. On boit des cafés, on joue au Rapido et à la fin de la journée, on a perdu tous nos sous.» «S'ils mettaient rien qu'une salle, on serait moins nombreux à squatter sur la place de l'Hôtel-de-Ville», lance son voisin de comptoir. Pas très loin, Mehdi, 18 ans, d'origine tunisienne, sèche le lycée pour passer le permis de conduire plus vite. Il déteste La Ferté: «Les gens vous disent bonjour et le lendemain, ils portent plainte contre vous. On ne subit pas le racisme mais on le voit dans l'urne.»

 

Thilbault et Pierre devant les grilles du lycée Beckett  
Thilbault et Pierre devant les grilles du lycée Beckett© Rachida El Azzouzi

L'air de rien, La Ferté, bourgade jadis prospère et plutôt bourgeoise, décline en silence, au fur et à mesure qu'elle devient un dortoir de l'Ile-de-France. La journée, les rues sont vides. Devant le lycée Samuel-Beckett, Mathilde, bientôt 18 ans, rêve d'ailleurs. Employés de banque, l'un à Paris-Barbès, l'autre dans le Val-de-Marne, ses parents font la navette quotidienne entre Saacy-sur-Marne et Paris depuis quinze ans. Elle ne veut pas de cette vie-là, n'a qu'une ambition: travailler dans la capitale, devenir sexologue. «Il ne se passe rien, il n'y a rien à faire, se lamente-t-elle. On n'a pas de bar sympa où l'on pourrait aller se poser entre deux cours à part des PMU de vieux et le Mac Do. On n'a même pas de cinéma! Pour aller voir Intouchables, il faut aller à Meaux, à Disney ou à Paris.»

Thibault et Pierre, qui redoublent leur première scientifique, dressent le même constat: «On se fait chier, c'est la cambrousse, la prison.» Ils ont hâte de s'affranchir des transports en commun, de passer le permis de conduire pour «se tirer» de la Seine-et-Marne. Mathilde, Thibault et Pierre ont demandé plusieurs fois à leurs parents de déménager. Chaque jour, aux mêmes heures, souvent en fin d'après-midi, la minuscule salle d'attente de la gare SNCF est bondée. Un cortège de lycéens désœuvrés vient squatter les trois bancs et la cabine du photomaton.

«Les gens ici, ils courent tout le temps. Ils ont des vies de dingues, confie Sandrine, serveuse au PMU au style vaguement punk. Mais pour beaucoup c'est pareil: la carte bleue, elle devient rouge à partir du 13 du mois.» «Il y a un ras-le-bol, concède Nathalie Pierre, la maire de La Ferté. Les gens travaillent, ils font des horaires pas possibles mais ils n'y arrivent pas. Nous aussi, on subit la crise en direct. Le chômage augmente, notamment chez les plus de 50 ans. Il y a une paupérisation, plus de demandes au centre d'action sociale et plus de coupures d'électricité.» Une pause. «La Ferté a changé de visage en vingt ans. Nous sommes mieux desservis par les transports désormais, à 45 minutes de la gare de l'Est. C'est bien, mais ça crée plus de trafic, plus de petite délinquance. Il y a aussi un apport de nouvelles populations, parce qu'on essaie de construire des logements et que ça coûte moins cher qu'en banlieue. Il faut que le mélange se fasse.»

«Il y a un sentiment d'insécurité confus: les incivilités, la crise économique, l'euro... les gens confondent un peu tout», se désole Lionel le bijoutier, électeur de droite qui votera à nouveau UMP en avril prochain. Dans les conversations, revient sans cesse une obsession, celle d'une montée de la délinquance depuis que Jean-François Copé, le maire de Meaux, la grande ville toute proche, a commencé à détruire les tours de Beauval, un quartier populaire. «Copé a détruit des barres pour virer les cas sociaux et les disperser dans les cantons alentour, à commencer par La Ferté, grogne un agent immobilier. C'est sa stratégie avec le maire de Coulommiers [Franck Riester, un autre pilier de l'UMP, ndlr] pour récupérer la mairie à gauche. Ça marche à fond mais du coup, les habitants votent FN.»

Le commerçant se dit à deux doigts de fermer boutique, préfère garder l'anonymat pour éviter les «représailles»: récemment, la vitre de son agence a été brisée. «Les affaires ne marchent pas du tout en ce moment. Les classes moyennes sont au bord du dépôt de bilan. Elles nous demandent l'impossible: un pavillon avec trois chambres et jardin entre 110.000 et 200.000 euros. Il y a dix ou vingt ans, leur budget était beaucoup plus important.»

Depuis des années, le développement économique se fait dans le sud du département, ou ailleurs en Ile-de-France, à Roissy ou en Seine-Saint-Denis. A Lizy-sur-Ourcq, l'imprimerie Didier Mary, un des plus gros employeurs privés, vient encore de licencier 197 salariés. «C'est le cinquième plan social en huit ans», se désole Laurent Couzic, délégué syndical CGT qui fait lui aussi partie de la charrette. Dans la région, l'annonce récente a fait l'effet d'un coup de tonnerre. A côté de l'imprimerie, on s'attendrait à trouver des tracts de syndicats, de partis politiques de gauche. Mais au rond-point, il n'y a que quelques affiches Mélenchon, recouvertes de placards à la gloire de Marine Le Pen.

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 15:49

 

lesmoutonsenrages.fr - 3 janvier 2012

Posté par voltigeur sous Argent et politique

 

Rien a voir avec les chiffres de l’INSEE au niveau augmentation des prix; c’est la valse des étiquettes!!!


Caddie de courses dans un supermarché afp.com/Mychèle Daniau
Le magazine Que Choisir fait le point sur les prix dans la grande distribution : son chariot témoin a augmenté de 6.8% en un an, une hausse bien supérieure à l’inflation.

Dans son numéro de janvier, le magazine a relevé les prix d’un chariot rempli d’une trentaine de produits de marques pour pouvoir comparer d’une enseigne à l’autre. Ce sont des produits de grande consommation : des rayons épicerie, boissons, ultra frais, surgelés mais également des rayons hygiène-beauté, entretien, bébé et animaux domestiques. 

Avec cette liste de courses, Que choisir a relevé les prix dans plus de 1.700 grandes surfaces, aussi bien des hypers que des supermarchés, dans pratiquement toute la France. Au final, plus de 120.000 prix ont été décortiqués.

Entre 2010, date d’un précédent relevé, et 2011, les prix ont augmenté de 6,8 %. Alors que le chariot coûtait en moyenne 46,74 € en 2010, en 2011, il a fallu débourser 49,93 € pour acheter les mêmes produits.

Comparé à l’inflation officielle calculée par l’Insee qui est de l’ordre de 2,5 % en 2011, c’est plus du double.

Parmi les produits ayant le plus augmenté, on peut citer la viande, surtout la viande bovine, mais aussi le café, l’huile, les produits laitiers, les céréales, les biscuits, les boissons aux fruits et sodas. Avec pour certains de ces produits des hausses à deux chiffres : + 23 % pour certaines marques de café, + 15 % pour de l’huile de tournesol ou de colza, + 12 % pour certains desserts lactés ou des pâtes à tartiner aux noisettes.

Quelques baisses aussi, moins de 1 % de diminution, donc il vaudrait mieux parler de prix qui stagnent. La seule véritable baisse relevée concerne de la charcuterie, des rillettes du Mans, en baisse de 4 %.

L’envolée des cours de certaines matières premières ces deux dernières années a indiscutablement renchéri le coût de fabrication. C’est le cas pour le café, le blé… Pour autant les industriels n’en ont-ils pas profité pour accroître leur prix de vente ? La grande distribution l’affirme. Et Michel-Edouard Leclerc a été le premier à monter au créneau pour dénoncer ces hausses inadmissibles qui venaient amputer le pouvoir d’achat des ménages. Et, pour rendre encore plus crédibles ces propos, il a refusé par exemple de vendre dans ses magasins les produits Lactalis, c’est-à-dire le lait Lactel, le beurre et le camembert Président.

Mais la grande distribution ne mérite pas pour autant un prix de vertu. Que choisir constate que dans un contexte de hausse des prix de fabrication, l’occasion est trop belle pour les grandes surfaces d’en profiter pour pousser les étiquettes et accuser l’industrie agro-alimentaire.

Le rapport Chalmin remis d’ailleurs en juin dernier au Président de la République ne fait que confirmer les analyses de Que Choisir : Quand les prix augmentent au niveau de la production, la grande distribution profite de l’aubaine pour accroître ses marges. Quand les prix baissent à la production, les prix dans les grandes surfaces baissent rarement, au mieux, ils stagnent.

FRANCE-INFO

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 14:57

 

Créé le 03-01-2012 à 15h00 - Mis à jour à 16h25    

Par Le Nouvel Observateur


Qu'est-ce que la TVA sociale ? A qui profiterait-elle ? Pourra-t-elle être adoptée avant la présidentielle ? Décryptage par Donald Hébert et Laura Thouny.

 

 

La TVA sociale consiste à baisser les cotisations sociales payées par les entreprises et à augmenter la TVA dont s'acquittent les consommateurs. (JAUBERT/SIPA )

La TVA sociale consiste à baisser les cotisations sociales payées par les entreprises et à augmenter la TVA dont s'acquittent les consommateurs. (JAUBERT/SIPA )

 

1. Qu'est-ce que la TVA sociale ?    

 

Cet impôt n'a de social que le nom. Son principe est simple : il consiste à baisser les cotisations sociales, payées par les entreprises pour financer la Sécurité sociale. Et à augmenter la TVA, la taxe sur la valeur ajoutée, dont s'acquittent les consommateurs lors d'un achat.

2. A quoi ça sert ?

L'objectif du gouvernement : alléger le coût du travail pour les entreprises produisant en France, tout en maintenant le même niveau de financement pour la Sécurité sociale.

Les entreprises sont censées répercuter cet allégement en baissant leurs prix. Ce qui compenserait la hausse de la taxe pour le consommateur.

Conséquence : les prix ne devraient augmenter que pour les produits importés, les fabricants étrangers ne bénéficiant pas de cet allègement de charges. Plus compétitives, les entreprises implantées en France y gagneraient. En théorie.

3. A qui profiterait la TVA sociale ?

Aux entreprises. C'est d'ailleurs pour cette raison que le Medef, syndicat patronal, la défend avec ferveur. Le risque est d'ailleurs qu'elles en profitent trop, en ne répercutant pas totalement la baisse des cotisations sociales sur leurs prix.

"Les baisses de TVA à 5,5% dans les travaux immobiliers en 1999 et dans la restauration en 2009 n'ont été répercutées qu'à 57% et 60%", affirme Christiane Marty, de la fondation Copernic, dans une tribune à "Libération". "Les entreprises en profitant pour augmenter les taux de marge et les dividendes versés."

4. La TVA sociale est-elle une mesure anti-délocalisation ?

 Pas évident. En favorisant les entreprises produisant en France, la mesure semble favoriser l'activité sur le territoire. Cependant, le coût du travail, ou la fiscalité, n'est pas le seul critère pour le choix d'une localisation de la production.

Par ailleurs, le coût du travail en France n'est pas, selon de nombreux économistes, à l'origine de la désindustrialisation française. Pour preuve, le coût de l'heure de travail dans l'industrie manufacturière était de 35,1 euros en Allemagne et  de 35,4 en France en 2011, contre 26,1 en Italie, et 29,5 dans la zone euro, selon Eurostat. Ce qui n'empêche pas l'Allemagne d'être le premier exportateur en Europe.

De plus, la hausse de 2 points de la TVA pour l'ensemble des produits et de 0,75 points de CSG - comme le préconise le scénario minimal du Medef - ne suffira pas à rendre plus chères les importations de Chine, où le coût de production est parfois 30 fois inférieur.

Enfin, il n'y a plus de production française dans de nombreux secteurs. Faute d'alternative, le consommateur sera ainsi obligé de consommer le produit importé, majoré.

5. Qui seraient les plus pénalisés par la TVA sociale ?

Bien que la TVA touche l'ensemble des consommateurs de la même manière, les plus bas revenus seraient les plus touchés par cette mesure. En effet, rappelle Mathieu Plane dans La Tribune, 10% des revenus les plus bas acquittent 11,5% de la TVA, et les 10% les plus élevés n'en supportent que 5,2%.

6. Quel serait le calendrier ?

Coup de com' ou projet de loi adopté in extremis avant la présidentielle ?  La majorité veut avancer vite sur la mise en place d’une TVA sociale. "Nous allons la faire et nous allons la faire avant l'élection présidentielle", affirme la ministre du Budget Valérie Pécresse ce mardi 2 janvier, après la sortie de Xavier Bertrand sur France 2.  

Lors de ses voeux aux Français, Nicolas Sarkozy avait évoqué l’échéance du sommet social prévu le 18 janvier prochain pour aborder "le financement de notre protection sociale", promettant que des "décisions importantes" seraient prises juste après.

Une telle mesure pourrait donc être présentée devant le Parlement dès le mois de février. Pas sûr toutefois qu’elle franchisse l’étape du Sénat avant l’élection, celui-ci ayant basculé à gauche en septembre.  "Il faut ‘cranter’ le sujet en faisant la preuve de notre détermination, même si l’entrée en vigueur de la réforme pourrait être postérieure à la présidentielle", confie de fait un membre du gouvernement aux "Echos" ce mardi.

7. Pourquoi en parler maintenant ?

A quatre mois de la présidentielle, le gouvernement semble vouloir afficher sa détermination sur le thème de la compétitivité et de la sauvegarde de l’emploi. Avec le retour du "produire en France" dans le débat politique, remis à l’ordre du jour par François Bayrou, la "TVA anti-délocalisation" apparaît soudainement dans l’air du temps pour l’UMP.

En 2007, Jean-Louis Borloo avait pourtant fait perdre une cinquantaines de sièges à la droite à l'Assemblée, en glissant que le gouvernement y songeait. Depuis, seuls le centriste Jean Arthuis et le chef de l'UMP Jean-François Copé se risquaient vraiment à défendre cette mesure largement impopulaire.

8. La "TVA sociale", une expression taboue ?

Depuis les élections législatives de 2007 - ce thème avait pénalisé l'UMP lors de la campagne -  la majorité n’évoque le sujet qu’à grand renfort de précautions. Lors de ses vœux aux Français, Nicolas Sarkozy s’est bien gardé d’employer les mots de "TVA sociale", préférant parler d’"alléger la pression sur le travail". Dans son programme pour 2012, l’UMP plaide prudemment en faveur d’une "fiscalité anti-délocalisation". Mais ce mardi, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse assument de nouveau les mots tabous.

9. Qu’en dit le Parti socialiste ?

"Non à cette TVA anti-sociale !" Depuis que Nicolas Sarkozy a remis la "TVA anti-délocalisation" sur le tapis, le PS tire à boulet rouge sur cette mesure chère au Medef. Pour Michel Sapin, chargé du projet présidentiel de François Hollande, "ce serait une faute économique d'augmenter la TVA, ce serait une faute sociale". L’ex-ministre de l’Economie accuse le gouvernement de chercher à "alléger les charges des entreprises en faisant payer ces charges par l'ensemble des Français".

Augmenter la TVA "ne peut pas être social", et est au contraire "injuste", s’est offusqué de son côté Pierre Moscovici, directeur de campagne de François Hollande.  "Nous ne la ferons pas", a promis le député du Doubs. Pour autant, le Parti socialiste s’est lui aussi rangé à l’idée d’une baisse du coût du travail. Le candidat du PS "proposera des mesures", a ainsi prévenu Michel Sapin.

Mais tout le monde n'est pas du même avis. "La solution, c’est la TVA sociale", avait prôné Manuel Valls lors de la primaire socialiste - il est à présent chargé de la communication de François Hollande. Le candidat de la "démondialisation" Arnaud Montebourg avait quant à lui dénoncé une "solution de droite", tandis que Martine Aubry fustigeait une mesure qui "va toucher d'abord les classes populaires et les classes moyennes". Pour sa part, François Hollande se montrait plus modéré, suggérant plutôt une "contribution écologique, qui permet de se substituer à la taxe sur le travail".

Donald Hébert et Laura Thouny - Le Nouvel Observateur

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