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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 13:09

 

| Par Lucie Delaporte

 

Depuis que le Conseil d'Etat a retoqué l'arrêté ministériel sur la masterisation estimant que le ministère avait commis un « abus de pouvoir » sur cette réforme cruciale de la formation des enseignants, on attendait une réponse du côté de la rue de Grenelle. C'est par la voix du député UMP Jacques Grosperrin, par ailleurs auteur d'un rapport prônant la suppression des concours d'enseignement, que cette réponse vient d'arriver.


 Alors que le gouvernement était appelé à rouvrir les négociations sur cet épineux dossier, dont même les députés UMP disent qu'il a conduit à un immense gâchis, la proposition de loi déposée le 10 janvier arrive comme une habile parade pour sauver la réforme. Plus besoin, dès lors que les principes de la masterisation sont inscrits dans la loi, de consulter le Haut conseil à l'éducation. « C'est un simple toilettage technique pour se mettre en conformité avec le Conseil d'Etat», affirme le député Jacques Grosperrin.


 Mais en proposant de remplacer dans l’article L. 625-1 al. 1 du code de l'éducation la phrase « la formation des maîtres est assurée par les IUFM » par « elle est assurée notamment par les universités », la proposition de loi a déclenché une vague d'interrogations dans le monde enseignant. « Notamment »…, l'adverbe a mis le feux aux poudres. Graver dans la loi que la formation des enseignants est « notamment » du ressort des universités, ouvre la porte à d'autres acteurs, estiment en effet la plupart des syndicats enseignants. Pour le Snesup, c'est tout simplement le rôle « exclusif » des universités à former les profs qui serait ainsi supprimé. Par cette formulation, la loi laisse « la possibilité aux officines privées de prendre le relais, mettant ainsi en cause le lien enseignement-recherche consubstantiel d’une formation universitaire », affirme le syndicat dans un communiqué. Alors que la formation des enseignants a été déconstruite, pourquoi ne pas offrir au secteur privé une partie de ce service sur un plateau, et alléger, un peu, le fardeau de l'Etat ?


 Le scénario n'est pas absurde. « En détruisant la formation, on a créé un vide, souligne Patrick Gonthier, secrétaire général du SE Unsa. Comme la nature a horreur du vide et que les besoins vont exister, cela laisse de la place à l'enseignement catholique, mais aussi aux officines privées. »


 Fantasme sur un adverbe ? Le député Jacques Grosperrin affirme que la lecture des syndicats enseignants est erronée. « Nous n'avons pas du tout l'intention d'ouvrir la formation au privé, affirme-t-il. Par contre, si on supprimait l'adverbe "notamment", on exclurait de fait les écoles qui, à ce jour, proposent cette formation. Que faites-vous de Normale sup, de Sciences-po, de l'institut agronomique de Toulouse, de l'université de Lorraine (passée grand établissement, elle a un statut dérogatoire - ndlr) mais aussi des universités catholiques ?»


Du côté de Sauvons l'université, l'argument fait sourire. « Depuis quand Sciences-po forme les enseignants ? Ce n'est pas parce qu'on délivre un master qu'on forme les enseignants ! », s'étrangle Etienne Boisserie, président de SLU pour qui M. Grosperrin « maîtrise visiblement mal son sujet mais c'est sans doute pour ça qu'il est là ». Selon lui, la nouvelle rédaction proposée du code de l'éducation est une réponse directe à l'annulation par le Conseil d'Etat de la circulaire du 25 février 2010, qui comportait déjà une formulation ambiguë sur ce point. Plus qu'un simple « toilettage technique », la proposition de loi correspondrait plutôt à une vieille lubie de la droite de libéraliser ce secteur stratégique.


 La suppression du « cahier des charges » sur la formation des enseignants, remplacé par un simple « référentiel » dans la proposition de loi (article L. 625-1 alinéa 2), est, elle aussi, loin d'être anodine. Alors que le cahier des charges imposait des contraintes fortes sur la formation en terme d'horaires notamment, le référentiel est, lui, des plus souples. Chaque université, ou chaque officine privée, serait libre de proposer sa propre formule de formation dès lors qu'elle respecte un référentiel a minima. Une rupture inacceptable du cadre national, jugent les syndicats enseignants. « Enfin, c'est déjà un peu ce qui se passe aujourd'hui », concède Jacques Grosperrin lorsqu'on l'interroge sur ce risque. En ce sens, sa proposition de loi ne ferait qu'acter des distorsions qui existent déjà. Pas très rassurant.


 Soucieux d'aller vite sans doute, le gouvernement a poussé pour que la proposition soit examinée dans les plus brefs délais. « Cette question d'une extrême importance qu'est la formation des maîtres ne mérite pas d'être traitée ainsi », a prévenu en commission la députée communiste Marie-Hélène Amiable, très en pointe sur le sujet. « L'Etat renonce à tout engagement précis sur la formation des enseignants. Lorsque l'on met ça en lien avec l'autonomie des établissements, la possibilité de recrutement local ou la suppression à terme des concours…, on voit bien vers quel modèle on se dirige », assure-t-elle.


La proposition de loi devrait être examinée en commission dès le 8 février. Jacques Grosperrin, qui assure vouloir avant tout apaiser le débat, explique qu'il « auditionnera tout le monde » pour lever toutes les inquiétudes.


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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 12:56
Rédigé par Frédéric Ploquin - Marianne le Mercredi 18 Janvier 2012
Les chiffres de la délinquance sont bons, c'est le ministre de l'intérieur qui le dit. Trucage ?

 

Délinquance : ce que cache le sourire satisfait de Claude Guéant
Avant même qu’il ne présente les chiffres de la délinquance, le sort de Claude Guéant était scellé : l’opposition lui taillerait un costume de grand maquilleur. Le ministre de l’Intérieur a raison de protester, car il se contente de présenter les chiffres que lui fournit l’observatoire national de la délinquance et des réponses pénales. Lequel observatoire, dirigé par Alain Bauer, criminologue en chef, ne fait rien d’autre que de mouliner le plus scientifiquement possible les chiffres transmis mois après mois par les services de police et de gendarmerie. Au sens premier du terme, ni Guéant, ni Bauer ne truquent quoi que ce soit. 
L’affaire est plus complexe que cela. Comme le remarque justement le député socialiste Bruno Le Roux, ce que l’on présente à l’opinion comme les chiffres de la délinquance ne sont rien d’autre que le reflet de l’activité de la police et de la gendarmerie, laquelle se décide au jour le jour dans les bureaux des états majors. C’est la première grande incompréhension. La présentation officielle des chiffres est tronquée parce qu’elle fait systématiquement l’impasse sur la manière dont ils sont « cuisinés » au quotidien dans les services. Des services où dix ans de sarkozysme policier ont laissé plus que des traces : c’est toute une culture du résultat qui s’est enracinée dans les commissariats et les gendarmeries, avec la certitude que tout bilan négatif entraine automatiquement les foudres de l’échelon supérieur, parfois une sanction publique, une mutations non désirée, exceptionnellement des vexations. 
Pas besoin pour le ministre de tripatouiller les statistiques : policiers et gendarmes ont été formatés pour présenter celles qui ne fâcheront pas. Un art qui s’exerce au quotidien dans l’ombre de la salle des machines, loin des regards de la presse et du public. 
« Le ministère de l’Intérieur a été mis en coupe réglée par le tandem Sarkozy-Guéant, résume Bruno Le Roux. Ils ont installé une ambiance telle que chacun cherche à plaire ». 
Le chiffre proposé mardi 17 janvier à la presse par le ministre de l’Intérieur est presque un chiffre parfait : la délinquance ne baisse pas de manière indécente, mais de 0,34 %, ce qui permet à Claude Guéant d’afficher le sourire des bons jours et de revendiquer neuf années de baisse d’affilée. 
Les cambriolages d’habitations principales ont explosé en 2011 (+17,1 %), les homicides volontaires donnent le tournis, avec une hausse de 10,1 %), les violences contre les personnes « se sont accrues de plus de 22 % au cours de la décennie », comme le remarque François Rebsamen, sénateur-maire PS de Dijon… mais le ministre est « satisfait ». Avec un bémol tout de même, puisque Claude Guéant reconnaît lui-même publiquement les limites du « magic number », comme le député PS Jean-Jacques Urvoas appelle le chiffre global de la délinquance, dont il assure qu’il aura servi pour la dernière fois le 17 janvier 2011. Les révolutions, le ministre de l’Intérieur n’est pas contre, mais après lui.
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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 12:38

 

Le battle Rue89-Causeur 18/01/2012 à 23h42
Pascal Riché
Redchef Rue89Envoyer l'article par email
 

 

Claude Guéant le 2 décembre 2011, lors d'une conférence de presse au ministère de l'Intérieur (Gonzalo Fuentes/Reuters)

« Naturalisation » est un beau mot de notre langue. Issu du vocabulaire botanique, il désigne un processus « naturel », celui de l'acclimatation. L'idée étant que tout étranger vivant sur le territoire a naturellement vocation à devenir français. Que la France est une terre d'accueil, qu'elle a les bras ouverts. Et que les étrangers eux aussi ont droit à l'égalité.

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, lors de sa présentation des résultats de sa politique migratoire, le 10 janvier, a dégradé ce beau mot. Il lui a retiré son triple A, il en a fait une « nturlistion ». Comment ? En se réjouissant, chiffres à l'appui, d'en avoir réduit le nombre.

« Je signale que l'ensemble des actions conduites en 2010 et 2011 a conduit à une baisse de 30% des naturalisations en 2011. Le chiffre est passé de 94 500 en 2010 à 66 000 en 2011. »

Guéant se félicite du recul des naturalisations

Regardez donc, nous dit ainsi Guéant, comme nous savons dire « non » à tous ces gens qui demandaient à devenir des Français ! Dire « non »... un travail très compliqué. Et Claude Guéant promet d'aller plus loin encore, dans cette politique difficile, car la loi permet désormais d'exiger dès 2012 un niveau de français supérieur à celui qui était demandé jusque-là.

Une coloration policière et punitive

Rue89-Causeur, le battle : quinzième round

Chaque semaine pendant la campagne, Yahoo confronte les éditos de Rue89 et Causeur sur un même thème. Cette semaine, Pascal Riché contre Marc Cohen sur Claude Guéant et ses chiffres.

 

Le fait que la naturalisation soit passée, sous Sarkozy, dans le champ de compétences du ministère de l'Intérieur préparait déjà cette politique du chiffre. Depuis la monarchie, les naturalisations relevaient du ministre de la Justice : le « Garde des sceaux », celui qui veille symboliquement le « grand Sceau de la France ». Depuis le 1er juillet 2010, les préfets peuvent refuser un dossier de naturalisation, sur des critères qui varient forcément d'un département à l'autre. Dans les consignes, l'objectif n'est plus de naturaliser, mais de refuser de le faire. La politique de naturalisation prend une coloration policière et punitive. 

« Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l'objectif n'est plus de favoriser les naturalisations mais de les freiner et de les sélectionner par l'origine », commente l'historien Patrick Weil, spécialiste de l'immigration, dans un livre collectif qu'il a dirigé, « 80 propositions qui ne coûtent pas 80 milliards » (éd. Grasset). Selon lui, on assiste ainsi à « une lente dénationalisation, une “désintégration” calculée de notre politique de la nationalité ».

Dans le bilan du sarkozysme, la politique vis-à-vis des étrangers restera comme la plus indigne de son quinquennat. Cela a commencé avec Brice Hortefeux, l'ami intime du Président, qui a le premier claironné des objectifs quantitatifs. Hortefeux ne cache pas aujourd'hui que ce chiffrage participait du « message » qu'il fallait alors lancer (en direction de l'électeur du Front national, bien sûr). Lorsque Nicolas Sarkozy par la suite fouettait ses ministres pour qu'ils participent au débat sur l'identité nationale, c'était aussi au nom du « message » : « Je veux du gros rouge qui tache ! » disait-il.

La naturalisation n'est plus une fête

Le « messager » a aujourd'hui le visage gargamélien de Claude Guéant, qui va plus loin encore que son prédécesseur, comme l'a montré sa volonté de s'en prendre aux diplômés étrangers dans une circulaire tellement scandaleuse qu'il a dû, face au tollé, reculer.

Au début de sa présentation sur les résultats de la politique concernant l'immigration et les naturalisations, Guéant a bien sûr récusé suivre une « politique du chiffre » : « Si nous voulons fixer des objectifs, il faut les quantifier », a-t-il argué. Mais l'ensemble de ses propos démentait son vertueux préambule. Une de ses phrases qui dit tout de cette obsession comptable :

« Notre politique ne se réduit pas à des chiffres, même quand à l'image de cette année 2011, j'y reviendrai dans un instant, ils sont très bons. »

Ces objectifs qu'il se fixe n'ont souvent pas de sens, sinon de battre le chiffre précédent. Une des premières choses que fait Guéant, en arrivant au ministère, est même de relever légèrement l'objectif annuel des « mesures d'éloignement » (expulsions, dans la novlangue du ministère) de 28 000 à 30 000. « Non pas par soucis de performance, mais parce que c'était nécessaire, vu la pression à laquelle nous sommes confrontés », précise-t-il. La pression, bien sûr...

Cette même approche du « record à battre » touche désormais l'accès à la nationalité française : faudra-t-il chaque année surpasser le nombre des refus ? La naturalisation n'est plus une fête, c'est une mesure de police.

 

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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 12:27

LEMONDE | 19.01.12 | 12h08   •  Mis à jour le 19.01.12 | 12h17

 
 

 

Le coup est rude pour ces salariés qui se sont battus bec et ongles.

Le coup est rude pour ces salariés qui se sont battus bec et ongles. AFP/JEAN-PHILIPPE KSIAZEK


Lyon Envoyée spéciale - Mauvais calendrier pour Nicolas Sarkozy. Le président de la République comptait défendre le "Made in France" jeudi 19 janvier dans l'usine Seb à Pont-Evêque (Isère) alors que, la veille, journée marquée par le sommet social à l'Elysée, les salariés de la dernière usine du fabricant de lingerie Lejaby dans l'Hexagone avaient appris la fermeture du site d'Yssingeaux (Haute-Loire). Déjà délocalisée à 93 %, la production de l'entreprise sera désormais intégralement sous-traitée en Tunisie.

Le tribunal de commerce de Lyon a certes choisi mercredi 18 janvier l'offre de reprise la "mieux-disante" sur le plan social, proposée par Alain Prost – ancien PDG de La Perla et ex-directeur général de Chantelle – et ses associés pour un euro symbolique. Mais sur les 450 salariés de l'entreprise, seuls 195conserveront leur emploi, les 255 autres seront licenciés. Les 93 salariés de l'atelier d'assemblage d'Yssingeaux, dont 90 femmes, seront prioritairement réembauchés sur l'ultime site de Rillieux-la-Pape (Rhône).

Associé au sous-traitant historique de Lejaby, Isalys, basé à Sfax (Tunisie), M. Prost compte investir 7 millions d'euros et repositionner la marque sur le haut de gamme. Il a aussi promis 500 000 euros pour aider les salariés sur le carreau. L'autre proposition en lice, jugée moins solide financièrement, portée par le patron de la PME de lingerie Canat, ne conservait que 170 emplois, mais 50 dans l'usine de Haute-Loire.

FATALITÉ

Le coup est rude pour ces salariés qui se sont battus bec et ongles. En vain. La désindustrialisation dans le textile en France semble une nouvelle fois une fatalité. Très tôt, ce secteur, et notamment la lingerie, a pris de plein fouet les effets de la mondialisation. La production des dessous de marques françaises est désormais presqu'entièrement sous-traitée en Tunisie, au Maroc ou en Chine.
La semaine a été éprouvante. Jeudi matin, les salariés d'Yssingeaux envisageaient d'occuper l'usine et une dizaine d'ouvrières parlaient d'une grève de la faim. La veille, une soixantaine avaient défilé au Puy-en-Velay devant la permanence du maire Laurent Wauquiez, également ministre de l'enseignement supérieur.

Mardi, avant l'audience au tribunal, les ouvriers avaient fait appel au symbole. C'est dans la cour des Voraces, sur les coteaux de la Croix-Rousse à Lyon – haut lieu de la résistance des canuts et des insurrections républicaines du XIXe siècle – qu'ils s'étaient réunis. Pour faire "une dernière photo de famille" sur ces hauts escaliers et exprimer toute leur colère. Venus à bord de deux autocars, les employés d'Yssingeaux représentaient le gros des troupes. La plupart avaient passé une nuit blanche, à occuper leur usine.

Il faisait un froid à pierre fendre, mais les ouvrières avaient pris la pose, sur les marches, avec un masque blanc sur le visage. Des lettres accrochées à l'escalier formaient une grande frise "Lejaby, Palmers m'a tué". D'immenses posters de jolies filles sexy vêtues de leurs seuls sous-vêtements n'arrivaient pas à réchauffer les cœurs. Ni les pieds gelés des manifestantes.

Avec son caractère trempé, Nicole Mendez (CFDT) avait lancé au mégaphone, dans la cour des Voraces : "“Voraces”, comme les fonds d'investissement qui nous ont rachetés par le biais de Palmers !" En trois ans, ils ont déjà "dégraissé" les emplois, de 650 à 450. Elle avait fustigé l'"incompétence" de Palmers, qui "a entraîné une réduction de moitié du chiffre d'affaires, de 80 à 40 millions d'euros" de Lejaby.

Un sentiment de colère dominait. "Ce qui nous arrive est injuste, méprisant", disait Bernadette, ouvrière à Yssingeaux à quatre ans de la retraite. "On nous a laissé trop peu de chances, c'est l'enterrement de Lejaby". "L'avenir n'est pas brillant", renchérissait Monique, "avec selon les offres, 57 ou 60 % d'employés non repris". L'inquiétude était partagée : "Déjà nos enfants ne trouvent pas de boulot, si maintenant c'est au tour des parents…. Dans ce métier, à plus de cinquante ans, on est un dinosaure", ajoutait Anne-Marie.

LOURD PASSIF SOCIAL

Le passif de Lejaby en termes de casse sociale est déjà bien lourd. Entre2002 et 2008, l'actionnaire américain Warnaco avait fermé quatre usines et licencié 250 salariés, avant que Palmers ne supprime à son tour en 2010 trois autres sites de production – Bourg-en-Bresse et Bellegarde-sur-Valserine (Ain) et Le Teil (Ardèche) – et supprime 193 emplois. Ces mesures ont contribué à la débâcle. Le dépôt de bilan a été prononcé le 27 octobre 2011 et la liquidation le 22 décembre.

"On peut se demander si Palmers n'a pas utilisé la cessation de paiements pour échapper au paiement de certains engagements, comme les sommes restant dues au titre du PSE de 2010", note Janine Caillot (CGT). Pour elle, ce "gâchis humain, social et économique" est imputable "aux choix condamnables de gestion" de l'actionnaire qui n'a pas "financé sa filiale Lejaby". Elle se demande si cette volonté est liée au fait que "le groupe Palmers soit mis en vente, en dehors de Lejaby".

Des regrets, chacun en ressasse à la pelle. Pour Gilles Véron, l'expert du cabinet Syndex choisi par le Comité central d'entreprise (CCE), "le dépôt de bilan a été mal préparé, trop brutal. L'administrateur judiciaire a dû chercher des repreneurs dans la précipitation" M.Véron se désole surtout qu'un délai si court n'ait pas permis de faire une offre de reprise par les salariés. Il aurait aimé pouvoir initier un projet de reprise avec un fonds d'investissement socialement responsable. Un vœu pieu. Le CCE envisage de poursuivre Palmers soit aux prud'hommes soit au civil, "pour les mettre devant leurs responsabilités".

Nicole Vulser


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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 14:57

2011 : encore une année faste pour les actionnaires du CAC 40

| Par La rédaction de Mediapart

Les entreprises du CAC 40 ont versé 44,6 milliards d'euros à leurs actionnaires en 2011, soit 15% de plus par rapport à 2010. Les Echos livrent le détail, entreprise par entreprise, des sommes versées sous forme de dividendes et de rachats d'actions. En tête du palmarès, le pétrolier Total qui a versé à lui seul 5,1 milliards d'euros.

A lire sur lesechos.fr

 

 

 

lesechos.fr - 18/01 | 07:00 | mis à jour à 09:35 | Marina Alcaraz Journaliste

 

  Le CAC 40 a versé 44,6 milliards d'euros à ses actionnaires l'an dernier

 

Les sommes versées aux actionnaires en 2011 - dividendes et rachats d'actions -ont progressé de 15 %, à presque 45 milliards. Les rachats d'actions ont quasiment triplé.

 

 

Les sommes versées aux actionnaires ont progressé en 2011. Les groupes du CAC 40 ont distribué 44,6 milliards d'euros sous forme de dividendes et de rachats d'actions, en hausse de 15 % par rapport à 2010, selon la lettre Vernimmen.net (1). « Cela témoigne de la confiance des entreprises l'an dernier, alors que les marges sont au plus haut. Sur toute la première partie de 2011 du moins, elles ne considéraient pas la crise comme critique », commente Yann Le Fur, coauteur du Vernimmen et professeur affilié à HEC.

Total et France Télécom figurent toujours dans le palmarès de tête des plus gros « payeurs », Sanofi complétant le trio de tête. Ensemble, ces trois mastodontes représentent quelque 30 % des sommes versées l'an dernier. Phénomène notable, ce sont les rachats d'actions qui ont le plus progressé dans le total, sur fond de baisse des cours : les rachats (nets des cessions) ont atteint 5,7 milliards d'euros, soit un quasi-triplement par rapport à 2010 (1,95 milliard). Bouygues, qui a lancé l'été dernier un vaste programme de rachats de ses titres, en est le principal contributeur. « Cette forme de distribution de liquidités aux actionnaires est totalement discrétionnaire et joue le rôle de variable d'ajustement, explique le spécialiste. Les sociétés ont dégagé d'importants cash-flows. Mais, en l'absence de gros investissements compte tenu du manque de visibilité, elles ont préféré le redistribuer à leurs actionnaires. »

Lisser les dividendes

De leur côté, les dividendes versés l'an dernier ont augmenté de 6 %, à 38,9 milliards euros, alors que les résultats 2010 ont enregistré un net rebond. « Les entreprises cherchent à lisser leurs dividendes dans le temps : comme les coupons étaient restés relativement élevés au plus fort de la crise, les sociétés ont hésité à les relever fortement. Le taux de distribution - dividendes rapportés aux résultats -(à 47 %) s'est rapproché de sa moyenne constatée ces dernières années. » Les grandes entreprises ont été moins nombreuses à proposer des dividendes en actions (6 contre 10 en 2010). Mais les montants ont augmenté, passant de 3 milliards en 2010 à 4,3 milliards en 2011.

MARINA ALCARAZ

(1) Dividendes versés en 2011, au titre de l'exercice 2010. Les calculs portent sur la composition du CAC fin 2010 et fin 2011.

 

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 14:53
| Par La rédaction de Mediapart

 

Deux ans et demi après sa mise en place, le statisticien Bernard Gomel et la sociologue Dominique Méda tirent à boulets rouges sur le Revenu de solidarité active (RSA) dans un rapport du centre d'études de l'emploi (CEE) intitulé « Le RSA, innovation ou réforme technocratique ? », publié en novembre 2011. Le RSA, entre ses effets de seuil dévastateurs, son fonctionnement ultra-bureaucratique, son décalage avec le public concerné, est une « absurdité » qui peut se muer en « instrument de torture morale », selon les auteurs.

L'enquête a été menée dans le département de Paris (ce sont les départements qui sont chargés du versement du RSA), tant auprès des agents de Pôle emploi et des structures d'insertion que des allocataires eux-mêmes. « Un des principaux enseignements de notre enquête (…) est que l'accompagnement de la majorité des allocataires par Pôle emploi n'est ni une réalité, ni, sans doute, souhaitable, au moins dans les conditions dans lesquelles Pôle emploi exerce aujourd'hui ses activités », chargent les chercheurs.

Voté le 1er décembre 2008 et entré en vigueur le 1er juin 2009, le RSA remplace le Revenu minimum d'insertion (RMI), à la suite du rapport de Martin Hirsch, alors Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et ancien président d'Emmaüs. Tout en accusant le RMI d'être « une trappe à pauvreté », le diagnostic de la commission Hirsch est à l'époque sans appel : « C'est parce que pour une part de plus en plus importante de la population, les minima sociaux sont devenus des maxima indépassables et que, pour une proportion de plus en plus importante des ménages, le travail ne permet pas de franchir le seuil de pauvreté, qu'il faut transformer nos prestations sociales. »

Oui mais voilà, selon le rapport du CEE, la révolution sociale du RSA annoncée n'a pas eu lieu. Les auteurs du rapport mettent en avant de nombreux dysfonctionnements. Voici les principaux d'entre eux.

  • Effets de seuil

Les effets de seuil que le RSA était censé éliminer sont toujours une réalité pour les allocataires. L'enquête montre que les allocataires sont incités à travailler mais à très faible dose car « la reprise d'une activité d'un certain volume fait perdre, dans un premier moment, la couverture maladie universelle (CMU) complémentaire, la gratuité des transports et l'allocation de logement complémentaire de la ville de Paris ».

  • Bureaucratie

Le rapport pointe des concordances informatiques entre département et Pôle emploi hasardeuses, des délais de prise en compte de changement de dossier très long et un dédale administratif et bureaucratique obscur qui « rend peu crédible l'idée de simplicité promue lors de sa mise en place ». D'ailleurs, « les deux tiers des foyers éligibles au RSA activité seul ne recourent pas à la prestation », remarque de son côté le Comité national d'évaluation du RSA dans son rapport du 15 décembre 2011 (consultable en cliquant ici), lacune imputée à « un manque de connaissance précise du dispositif ».

  • Mauvaise connaissance du public

Dominique Méda et Bernard Gomel estiment que le dispositif d'accompagnement des allocataires du RSA est totalement inadapté. Selon eux, « une partie importante de la population qui survit avec le RSA connaît de grandes difficultés, et des formes variées de détresse qui nécessitent, pour être adoucies, des traitements également diversifiés ». Pis encore, selon les témoignages recueillis, les chercheurs affirment que « tout se passe donc comme un jeu de rôles dans un théâtre où l'on obligerait les allocataires à singer la recherche frénétique d'emploi alors qu'il n'y a pas d'emplois… En l'absence d'emplois, la mécanique des droits et devoirs, même mise en œuvre de la façon la plus humaine possible, peut se transformer en instrument de torture morale… Le travail principal des travailleurs sociaux consiste à prendre le temps d'écouter des individus au bord de l'implosion », ajoutent-ils.

« La grande partie des allocataires se rend compte que pour elle rien n'a changé et qu'elle doit continuer à tenter de survivre avec 467 euros par mois pour une personne seule », conclut l'étude. En septembre 2011, 1,85 million de foyers percevaient le RSA pour un budget total d'environ 9,8 milliards d'euros. En presque trois ans de fonctionnement, seules 150.000 personnes ont franchi le seuil de pauvreté grâce au RSA, soit 2 % des personnes sous le seuil de pauvreté, selon le rapport du Comité national d'évaluation du RSA. 

Voici le rapport complet du CEE : (* voir sur le site Médiapart)

 

 

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 14:43

Ce sera probablement la principale mesure du sommet social du 18 janvier.  Le gouvernement a en effet décidé de donner une suite favorable à une demande persistante du patronat: transférer le financement de la sécurité sociale des entreprises vers les ménages. Dans le contexte difficile qui s’annonce en 2012, une telle mesure se fera au détriment des consommateurs et notamment des plus démunis. Elle aura des effets incertains pour l’industrie, en particulier à court-terme. Elle sera à l'inverse particulièrement avantageuse pour le secteur financier, qui est exempté de TVA.

 

Le projet UMP anticipe que la TVA sociale renforcera la compétitivité de nos entreprises en abaissant le coût du travail. Si les baisses ciblées du coût du travail peuvent être favorables à la création d'emplois, ses effets bénéfiques seront, d'après différentes études, compensés par les effets défavorables de la hausse des prix sur la demande intérieure: ainsi la TVA sociale n'aura pas d'effet sensible sur le niveau global de l'emploi en France. D'autant plus que dans nombre de secteurs, ce n'est pas le coût du travail qui conditionne le niveau de l'emploi mais la demande adressée aux entreprises. Au niveau international, ces bénéfices sur la compétitivité prix de nos industries sont incertains, une part importante de la compétition s'effectuant sur la qualité des produits.

 

Cette nouvelle hausse de la TVA est aussi supposée dynamiser la demande pour les biens produits localement en frappant d'abord les produits d'importation. Cet argument semble particulièrement fragile, dans la mesure où il est difficile d'isoler les produits d'importation du circuit économique et que c'est bien l'ensemble de l'économie qui sera frappé par la hausse de la TVA. Par ailleurs, ce protectionnisme déguisé ne sera pas efficace quand il n’existe pas de substitut français aux importations étrangères. Il sera sans effet sur les problèmes de qualité et de positionnement de gamme qui expliquent la dégradation des performances commerciales de la France.

 

Par ailleurs, la TVA sociale va renforcer le capital dans le partage de la valeur ajoutée au détriment du travail, même si une partie des cotisations salariales devait être reversée sous forme de salaire. Elle va particulièrement fragiliser la classe moyenne et les ménages modestes, dont la part des revenus consacrée à la consommation est la plus élevée. Le principe de solidarité sera à nouveau remis en cause, la contribution au financement de la sécurité sociale n'étant plus progressive mais au contraire régressive. Les classes moyennes et les moins fortunés paieront davantage, les plus aisées paieront moins en proportion de leurs revenus.

 

Ne peut-on imaginer une alternative plus juste et efficace que la hausse de la TVA? Les arguments en faveur d'une diversification du financement de la sécurité sociale ne sont pas à négliger, en particulier pour les secteurs les plus ouverts de notre économie. Mais financer la baisse du coût du travail sur le compte du pouvoir d'achat des ménages est une option socialement inacceptable et économiquement incertaine. A l'inverse, une refonte globale de la fiscalité, permettant de rendre le système des prélèvements obligatoires plus progressif, supprimant nombre de niches fiscales et sociale, et engageant les entreprises sur la base de leurs performances sociales et environnementales, devra permettre de diversifier les financements de la sécurité sociale et réduire les charges associées à l'emploi.

 

A retenir: 

  • Les effets de la TVA sociale sur l'emploi seront marginaux, la baisse du coût du travail étant totalement ou partiellement compensée par la baisse de la demande intérieure des ménages;
  • Les implications de la TVA sur les importations sont incertaines, la baisse du pouvoir d'achat induisant un report vers les produits de basse qualité, essentiellement des produits d'importation;
  • La TVA sociale va conduire à une perte de pouvoir d'achat des ménages au bénéfice des actionnaires des entreprises, et notamment des entreprises du secteur financier;
  • Une refonte plus large de la fiscalité permettrait de diversifier le financement de la sécurité sociale de manière plus efficace et plus juste que ne le prévoit ce projet de TVA sociale
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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 14:37
voyageur à domicile
Publié le 18/01/2012 à 09h32

C'est encore ce diable d'Olivier Berruyer sur son site les-crises.fr qui donne les clés du problème : par

quelque bout que vous le preniez, non, la finance internationale n'a aujourd'hui aucune chance de

réchapper à la crise de la « Grande perdition ». Regardez bien le graphique ci-dessous.

 


 

En rouge l'évolution de la production des richesses en France, en violet l'évolution du « patrimoine financier ».

Vous avez vu le fossé ? Un abîme !

L'argent prétendument en circulation (les actifs financiers) représente plus de 23 fois la quantité

disponible de richesses produites (PIB). Au niveau de la planète, le rapport est encore pire, franchissant

allègrement les limites du délire  !

Dans une économie saine, l'argent n'a de valeur que par les échanges de richesses qu'il permet. C'est-

à-dire que la quantité d'argent en circulation doit à peu près être équivalente à la quantité de richesses produites.

Imaginez le taux de croissance qu'il faudrait pour que la petite barre rouge se hisse au niveau des actifs

financiers en violet ? Ah oui, ils sont marrants ceux qui voient comme unique solution à la crise une relance de la croissance !

A ce niveau-là, ce n'est plus une relance, mais une explosion atomique qu'il faudrait !

 

Une bulle bien grasse

 

Tout ça est évidemment absurde. L'argent créé artificiellement lors de ces trente dernières années

vraiment foireuses n'est que le produit obscène de la spéculation éhontée. Un jeu hautement suicidaire,

qui ne s'adosse à rien de concret, danse sur un précipice de vide.

Phénomène très récent (il date du début des années soixante-dix) ce jeu imbécile est joué par une

poignée de crétins, défendu par des cornichons, gobé par des gogos (ceux qui croient encore que c'est

en faisant payer la petite barre bleue riquiqui du graphique – les salaires – qu'on va combler les trous

hallucinants). Un tel jeu imbécile ne peut évidemment avoir qu'un temps.

Voulez-vous pour finir que je vous en rajoute une couche (toujours grâce à cet animal de Berruyer) ?

Regardez bien la grosse bulle bien grasse qui suit. Elle n'est pas le produit d'une imagination gauchiste

enflammée, mais des doctes études du BRI et du FMI réunis.

A-t-elle besoin de commentaires, la grosse bulle ? Leur argent, en fait, ne vaut pas un clou. Du vent !

On sait tous ce qu'il advient des grosses bulles trop grasses pleines de vent, n'est-ce pas ? Boum !

 


 

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 14:31

LEMONDE.FR | 18.01.12 | 15h22

 
 

 

"Travaille, consomme et ferme ta gueule", peut-on lire sur la pancarte d'une militante qui occupe une agence Pôle Emploi de région parisienne mardi 17 janvier.

"Travaille, consomme et ferme ta gueule", peut-on lire sur la pancarte d'une militante qui occupe une agence Pôle Emploi de région parisienne mardi 17 janvier. LeMonde.fr


D'un pas sûr, Leïla Chaibi se dirige vers le Pôle emploi de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) ; à quelques mètres de l'entrée, elle dissimule hâtivement l'autocollant flanqué sur son manteau. Leïla Chaibi ne se rend pas à cette agence de la région parisienne pour chercher un travail, mais pour l'occuper. Sur l'autocollant qui pointe sous son écharpe : "Spécule ta mère" et le nom de son collectif, "L'Appel et la pioche". Par téléphone, on vient de lui donner la consigne de rester discrète avant que le reste du groupe n'arrive.

Comme elle, ils étaient une trentaine à envahir l'agence du Pôle emploi, après un appel lancé sur Internet. Parmi eux, militants et membres de différentes associations de précaires et de chômeurs qui souhaitaient rendre leur voix plus audible, mardi 17 janvier, à la veille du sommet pour l'emploi organisé par l'Elysée, et alors que le taux chômage s'établit à 9,3 %.  Xavier Renou, porte-parole des Désobéissants et coordinateur de cette action, souhaitait rencontrer les salariés du Pôle emploi et dénoncer la politique de l'Agence : "On leur demande de radier du chômeur (...), on souhaite mettre la pression sur la direction pour changer la polititique de l'emploi." En Bretagne, trois agences ont été occupées, d'autres tentatives ont été observées à Lyon, à Nice, à Bordeaux, à Toulouse ou à Dunkerque.

"CASSER LA SOLITUDE DU CHÔMEUR"

Leïla Chaibi, cofondatrice de "L'Appel et la pioche" – un collectif qui organise des événements pour dénoncer la précarité "sur un mode festif", comme des pique-niques dans les supermarchés – vient de connaître une période de chômage avant de trouver un CDD de cinq mois, en faisant jouer ses réseaux. Le collectif rassemble une trentaine de personnes qui ont un profil similaire au sien, essentiellement des jeunes, raconte cette diplômée de l'IEP de Toulouse. "Ce qui est blessant, c'est que j'ai joué le jeu, je n'aurais jamais imaginé me retrouver dans la précarité (...). J'ai bientôt trente ans, et il est pourtant hors de question que je pense à avoir des enfants", déplore la jeune femme.

 

 

Pour Leïla Chaibi, de l'Appel et la pioche, il s'agit "de casser la solitude du chômeur".

Pour Leïla Chaibi, de l'Appel et la pioche, il s'agit "de casser la solitude du chômeur".LeMonde.fr


Lorsqu'elle était au chômage, elle affirme n'avoir eu qu'un seul rendez-vous, en-deçà de la rencontre mensuelle avec un conseiller promise par le Pôle emploi et n'avoir reçu ses premières indemnités que deux mois et demi après son inscription. Avec un autre membre du collectif, Xavier Duchaussoy, trente-sept ans, au chômage depuis un an et demi, ils évoquent une paperasserie lourde et le sentiment de se sentir seuls "derrière le combiné". Pour le collectif, ce genre d'actions vise à "casser le sentiment de solitude du chômeur qui est dans un rapport individuel à Pôle emploi, alors que les salariés peuvent s'appuyer sur les syndicats, les collègues".

Les militants arrivent au Pôle emploi en ordre dispersé. Ils sont moins nombreux que prévu : d'autres associations de chômeurs – l'Association pour l'emploi, Agir contre le chômage et la précarité, le Mouvement national des chômeurs et précaires – ne sont pas de la partie. Ces associations demandaient à participer au sommet social de mercredi et ont été reçues mardi dans l'après-midi par le ministère de travail. Avec, selon les organisateurs, une cinquantaine de militants en moins, l'occupation est moins spectaculaire qu'escompté.

Mais lorsque les militants s'introduisent dans l'agence du Pôle emploi, les objectifs tout dehors des journalistes sont probablement plus nombreux que les militants, pour ce qui ressemble avant tout à une opération médiatique.

"A PÔLE EMPLOI, LES CONDITIONS DE TRAVAIL NE FONT QUE SE DÉGRADER"

Une grande bâche est jetée sur les ordinateurs destinés aux usagers, pour symboliquement épargner la contagion de la précarité. Les salariés n'ont pas été prévenus, l'occupation de ce Pôle emploi était une solution de repli et a été décidée dans la matinée. Des conseillères observent l'agitation, avant de regagner leur bureau, au premier étage de l'agence. "Il est où le bureau de la directrice ?", apostrophe un militant, "là-bas", indique une employée. "Très bien, on va l'occuper !", rétorque le militant. Cette conseillère a tenu à rester anonyme, devant, dit-elle "la censure de la direction". Tendue et visiblement émue, elle estime l'action "bien fondée", mais évoque surtout "des conditions de travail qui ne font que se dégrader".


 

Une grande bâche a été jetée sur des ordinateurs, pour endiguer la "contagion de la précarité".

Une grande bâche a été jetée sur des ordinateurs, pour endiguer la "contagion de la précarité". LeMonde.fr


Le Parisien révélait mardi "l'asphyxie" des agences : alors que la direction du Pôle emploi fait état de 115 demandeurs suivis par conseiller, la moyenne tournerait autour de 200, avec un record de 655 pour un conseiller de l'Essonne. Un regard furtif sur les militants, cette conseillère affirme devoir traiter 200 dossiers : "on a toujours de plus en plus de demandeurs d'emploi à suivre et très peu de temps pour les gérer". "Dans cette agence, des personnes peu qualifiées se présentent à nous, elles parlent mal français et les seuls postes qu'on peut leur proposer sont beaucoup trop exigeants," ajoute-t-elle agacée. "Et [au Pôle emploi], ils n'embauchent plus que des CDD de six mois", poursuit la conseillère en désigant deux collègues, retranchées dans un bureau sur la coursive.

Ces deux agents, qui ont aussi souhaité s'exprimer anonymement, terminent un CDD de sept mois, payé 1 200 euros net par mois. Sur leur contrat, figurait "embauche pour accroissement d'action", précise une des deux femmes. "On n'a reçu que cinq jours de formation, ce n'est pas assez", explique l'employée, qui affirme s'être formée "sur le tas". Les deux conseillères disent se sentir démunies face au public qu'elles rencontrent, "des gens désespérés".

"PERDUE, C'EST LE MOT" 


 

La police est arrivée moins d'une heure après l'occupation de l'agence du Pôle Emploi.

La police est arrivée moins d'une heure après l'occupation de l'agence du Pôle Emploi.LeMonde.fr


En bas, l'ambiance s'agite : des policiers viennent de pénétrer dans le bâtiment. Après négociation avec les militants, ils acceptent de partir. D'autres, qui ne portent pas l'uniforme, restent, rapidement dénoncés par les "occupants" qui tentent d'organiser une assemblée générale. "Je ne suis pas des RG !", s'insurge un policier. "Vous avez quelque chose à cacher ?", questionne un autre, resté discrètement à l'arrière de l'assemblée générale après le départ de son collègue. Dans la confusion, les militants demandent tour à tour aux policiers de quitter les lieux, aux médias de ne pas filmer. Ils lancent alors leur discussion sur le fond : partage du temps de travail, répartition des richesses, obligation de l'embauche, et approuvent les messages en remuant la main vers le haut. "On n'est pas obligé de faire cette gesticulation à chaque fois !", conteste une militante.

Des demandeurs d'emploi, surpris par l'occupation, observent la réunion, espérant la reprise de l'activité du Pôle emploi. Certains sont venus pour soutenir l'occupation, après avoir repéré l'appel sur Internet. D'autres, comme Sonia Maazouz, 22 ans, ne s'attendait pas à rencontrer ces militants dans son agence, mais trouve cette occupation "normale". Au chômage depuis un an et demi et titulaire d'un BEP, elle cherche un emploi dans le domaine sanitaire et social. Elle est venue se réinscrire après un déménagement. "Je ne connais même pas le nom de mon conseiller", lâche la jeune femme. 

Flora Genoux


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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 14:27

LEMONDE | 18.01.12 | 11h06   •  Mis à jour le 18.01.12 | 11h15

 
 

 

L'usine Renault, à Douai (Nord), en février 2010.

L'usine Renault, à Douai (Nord), en février 2010.AFP/PHILIPPE HUGUEN


Recourir dans le même temps au chômage partiel financé par l'Etat et aux heures supplémentaires défiscalisées ? Cette pratique, qui peut sembler étonnante, est pourtant courante dans l'industrie automobile. Renault, PSA et Ford ne s'en cachent pas.

"Nous sommes dans une industrie drivée ["régie"] par les stocks, il peut arriver que l'activité doive s'arrêter pour certains salariés lors de problèmes d'approvisionnement qui ne se posent pas de la même façon pour tous les points de la chaîne", explique un porte-parole de PSA.

Les syndicats, eux, dénoncent une pratique qu'ils estiment bien plus systématique. "Il arrive fréquemment que la chaîne soit arrêtée, mais que les salariés en bout d'usine, chargés des révisions, fassent des heures sup'", assure Bruno Lemerle, délégué CGT à l'usine de Sochaux.

UN MILLION D'EUROS D'AIDES DE L'ÉTAT

240 000 heures de chômage partiel ont été totalisées en 2011 sur cette usine, ce qui représente une aide de plus d'un million d'euros versée par l'Etat, sans tenir compte de celles versées par l'Unedic. Dans le même temps, les heures sup' ont continué, avec les exonérations de cotisations patronales prévues par la loi TEPA, là aussi prises en charge par l'Etat, mais dont PSA n'a pas souhaité communiquer le montant.

Même refus chez Renault, alors que son usine de Douai est dans une situation similaire : trente-cinq jours ont été non travaillés en 2011 sur cette usine, dont une majeure partie dans le cadre du chômage partiel financé par l'Etat et l'Unedic. Mais là encore, des salariés ont continué à faire des heures sup' en venant travailler le samedi, parfois les mêmes qui étaient quelques semaines auparavant en chômage partiel, selon les délégués SUD et CFDT de l'entreprise.  

"Cette usine est en phase de transition parce qu'elle va accueillir les nouveaux véhicules haut de gamme. Cette flexibilité permet notamment d'opérer les travaux nécessaires à la production de ces futurs modèles", justifie-t-on à la direction de Renault.

DIFFÉRENCE D'ACTIVITÉ SELON LE MODÈLE

A l'usine Ford de Blanquefort, en Gironde, la CGT dénonce aussi l'usage simultané des heures sup' et du chômage partiel. Un porte-parole du groupe confirme, mais souligne aussi que l'usine est en phase de transition vers de nouveaux produits.

"La législation prévoit que l'entité prise en compte pour la demande de chômage partiel puisse être une chaîne de production spécifique au sein de l'usine, alors qu'une autre continue sa production. Dans l'industrie automobile, l'activité peut en effet être très différente selon le modèle produit", affirme-t-on au ministère du travail. "Si nous avons des retours de mêmes salariés qui cumulent chômage partiel et heures sup', l'inspection du travail sanctionne l'entreprise", assure le ministère.

Jean-Baptiste Chastand


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