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24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 13:17
Marianne - Panagiotis Grigoriou - Blogueur associé | Mardi 24 Janvier 2012 à 12:01

 

En pleine crise économique, politique et identitaire, le collectif refait surface. Malgré des schémas qui se répètent. Culture négligée, magouilles financières, intérêts politiques... Panagiotis Grigoriou, blogueur associé de Marianne2, nous raconte un quotidien bouleversé par la finance mais rendu meilleur grâce à un retour aux essentiels.



Les temps nous changent. Hier déjà nous étions si loin. Le corps social blessé se retourne comme il peut. Recroquevillés et vulnérables, nous nous détournons du passé. Nous lui tournons le dos, mais sans bouger. D'ailleurs, nous n'avons plus le choix. Ou plus exactement nous en avons deux : le choix des bancocrates grecs et autres, c'est à dire mourir, ou celui d’inventer au jour le jour, d'abord pour se maintenir en vie, puis pour féconder le long terme.
 
Nous nous découvrons petit à petit sortants de l'ombre. Finalement, nous sommes assez nombreux à ne plus nous sentir à l'aise dans l'ancien sens. Depuis un moment déjà, quand on réfléchit bien. Et pas seulement dans le milieu des lettres et des médias, fort heureusement. Toute notre commune mesure se déplace, et avec elle, la frontière du possible. Comme au Far West. Pour le meilleur ou pour le pire.

Un retour au collectif

Embarquée sur notre « RER grec » jeudi soir, une dame emmenait chez elle les herbes sauvages qu'elle avait ramassé sur le flanc nord-est du mont Hymète : « de quoi compléter nos repas jusqu'à lundi prochain. C'est pour ma famille vous savez, puis mon frère viendra, sa femme aussi. Je les fais à la casserole d'abord… Avant, j'achetais au marché local, mais de nos jours c'est un met offert à ne pas manquer. »
 
En effet, le met nouveau, c'est aussi le retour à la famille ou aux amis. Se retrouver, se sentir protégé, manger. Une récente enquête, publiée par le magazine Epikaira (www.epikaira.gr – 19/01/2012, version imprimée, p. 18), confirme ce revirement. Ainsi l'ostentatoire et la démesure n'ont plus la cote. Il était grand temps. Il vaut mieux mourir sobre et pensif que vivre vorace et potentiellement idiot, selon les derniers dires du simplisme ambiant. Les publicitaires le comprennent bien, car lorsqu'il faut faire vendre on ne badine pas avec les représentations collectives.

La richesse relationnelle

Ainsi, dans une publicité dont tout le monde parle, le héros, vendeur de sandwichs, interroge son client sur les ingrédients à ajouter, à part la saucisse « tout en marquant des buts contre la faim ». C'est un vendeur ambulant, servant sa clientèle depuis un stand posé devant un stade, son enseigne commerciale portant le nom de « thérapeute de la faim ». Il représente aussi l'engouement pour ces formes de restauration bon marché, qu’on ne retrouve pas que devant les stades. Avant la déferlante des Troïkans, les publicitaires utilisaient des plans tournés dans les restaurants, mais ce n'est plus une pratique courante compte tenu du contexte actuel.
 
La vidéo se poursuit par un dialogue assez croustillant. On laisse entendre que le sympathique client n'a plus de relation amoureuse, mais c'est sans doute parce qu'il n'a pas de chance, et ainsi, il reçoit les encouragements du vendeur car « t'en fais pas mon vieux, toi, t'es beau mec ». 

Et peu importe, si on suggère à la fin, d'opter pour l'opérateur de téléphonie qui a produit ce spot, bien que le produit lui même n'apparaisse pas une seule fois dans la pub. Voilà donc pour le renversement des valeurs. Le collectif est à la page, même si les actes ne suivent pas encore fidèlement les paroles.
 
Dans les médias, on s'interroge sur le succès de ce spot publicitaire. Stavros Theodorakis, éditorialiste et journaliste pour les secteurs de la presse écrite et de l’audiovisuel, parle d’une improvisation partielle lors du tournage. D’où le « t'en fais pas mon vieux, toi, t'es beau mec ». Une réplique du vendeur, incarné par Manolis Mavromatakis, un excellent acteur qui se produit au Théâtre national, mais qui par le biais de la publicité, rechercherait à financier son prochain film. « Il suffirait qu'un homme, venu de nulle part, prononce ainsi la phrase-clef qui nous emportera aussi en politique, raflant toute la mise, en dépit des scenarii des formations politiques supposées existantes », écrit Stavros Theodorakis.

Improvisation partielle ou pas, je préfère m'attarder la dernière phrase du vendeur: « je vis dans un rêve, ne me réveillez pas. » Auto-dérision et ironie sont de mise, tandis que le code vestimentaire renvoie à la classe « dominante », dans les faits, la classe populaire. On y suggère alors sobriété, pauvreté (relative, pas miséreuse), malchance et ambiguïté, dans la notion de rêve et dans celle qui sous-entend l'action/inaction (« ne me réveillez pas »). Mais avant tout, ces personnages incarnent l'humour et donc, la richesse. Non pas matérielle, mais relationnelle, valeur sûre finalement, tout comme l'échange, et l'encouragement. Ce qui reste en somme positif, dans un pays ravagé par la bancocratie et par ses propres errements.
 
Un certain individualisme devient alors condamnable, encore que ... En tous cas, nous sommes ailleurs. Dans une optique bien différente de celle d’un passé encore très récent. Agir collectivement, s'entraider et ne plus avoir le droit de rêver sur l'avenir. Voilà que nous nous découvrons enfin membres du club. Non pas celui des « puissants » de la zone euro, comme nos hommes politiques nous le rabâchaient depuis dix ans, mais de l'autre, si grand et ouvert, des 80 % de l'humanité, vivant dans la cité du rêve interdit. Les chiffres utilisés par la presse cette semaine font état de 1700 suicides attribués à la crise depuis 2010. On constate aussi près d’un décès par jour chez les sans domicile fixe ces derniers jours d’hiver. Et ces politiques toujours là.

Montages financiers

Justement, ce personnel politique n'en finit pas d'exister. Et à chaque fois qu'il occupe la scène médiatique c'est pour ajouter de l'exécrable sur l'abime. Ainsi, cette semaine était aussi celle d'un premier déballage à travers les chamailleries entre grands patrons de la presse (Psycharis – quotidien Ta Nea) sur les dessous des montages financiers autour de la dette grecque et autres affaires, présumées profitables à la famille Papandréou. Cette même semaine, la police vient d'arrêter à Salonique 53 personnes, mêlées dans une affaire d'entreprise mafieuse et de blanchiment d'argent. Les prêts non officiels et usuriers à destination d'entrepreneurs, figurent parmi les spécialisations de la structure. Certains de ces entrepreneurs se sont suicidés ou « suicidés » depuis quelques mois déjà.
 
Les arrestations concernent un échantillon représentatif de la déchèterie nationale au service de la bancocratie : responsables régionaux dans la branche bancaire de la baronnie, policiers gradés, hauts responsables aux services anti-fraude du fisc, dirigeants d'équipes de foot et hommes politiques locaux, appartenant au parti de la droite, à celui de l'extrême droite et bien entendu au P.S. (on évoque même un proche de Venizélos – ministre de l'Économie, figurant parmi les inculpés), et enfin, un journaliste-rédacteur à la chaine régionale (et d'État) ET3.
 
Parmi les « victimes » de cette mafia, on découvre l'ancien footballeur de la sélection nationale du Club Atlético de Madrid, Demis Nikolaidis. On apprend par des sources policières relayées dans la presse que le joueur a emprunté en 2010 auprès d'un « entrepreneur » du clan 350.000 euros. Il devait lui rembourser 51.800 euros par mois, le taux initial mensuel étant de 10% puis ramené à 6,5% car le « client » était bon payeur. Finalement, Nikolaidis, a remboursé en quelques mois 620.000 euros, sur les 350.000 empruntés initialement.
 
Nous n'irons pas pleurer sur le sort du footballeur, mais la question que la presse ne pose jamais est par quel mécanisme de « valeur ajoutée » ces montants sont-ils si élevés ? Et s’ils sont si importants, pourquoi donc valoriser ainsi une telle « activité » ? Pourtant, il y a en a toujours qui suivent les « matchs » de foot dans ce pays comme avant.

Répétitions

Finalement, les taux usuriers de nos mafieux n'ont rien d'anormal. Le système banquier tout entier, si sérieux qu'il puisse nous paraître selon les stéréotypes savamment cultivés, « les marchés » autrement dit, pratique exactement les mêmes méthodes, seulement l'échelle est toute autre. Usure alors systémique. Les négociations entre le premier ministre, « guichet automatique », et le siège de son établissement semblent avancer. Les dernières touches sont apportées au tableau d'amortissement des « titres », donc on peut laisser courir une sorte de défaut, supposé maîtrisable vu qu’il a été programmé jusque là. Comme en 1931, lorsque Moody's, conduisait déjà la Grèce au chaos (Régis Soubrouillard – Marianne ).
 
Pendant quatre ans, plusieurs écoles et universités n'ont pas fonctionné, les agents ont été mis à la porte et les soupes populaires se sont généralisées. Mais cela n’a pas suffi. Les services et les infrastructures du pays (réseau de distribution de l'eau, électricité) ont été « acquis » par des « investisseurs » étrangers. Le syndicalisme fût interdit, ainsi que les grèves. Les agents de l'État restants furent privés de la moitié de leur solde. En 1932, le peuple grec savait bien que les gouvernants du pays n'étaient, ni plus ni moins, qu'un corps de politiciens professionnels, dont les intérêts personnels étaient en réalité ceux de leurs patrons, entrepreneurs locaux ou non.
 
Ces derniers étaient les contributeurs directs des politiciens, souvent par le biais de la bourse, comme on pouvait déjà le lire dans la presse de l'époque. Le chômage officiel, de 75.000 personnes en 1928, passe à 237.000 en 1932 (pour 6,5 millions d'habitants). Les prix doublent, et les morts causées par la famine se comptent par milliers. Les jacqueries et autres révoltes spontanées sont violemment réprimées par la police, la gendarmerie et l'armée. De fait, la stratocratie s'impose comme étant le régime le mieux adapté à la situation selon les bancocrates de l'époque. La presse communiste ces années-là qualifie Elefterios Venizélos, premier ministre, de « dictateur ».
 
Le bipartisme ayant échoué, la mise à sac du pays, liée à la faillite de 1932, a entrainé la mécanique finale aboutissant en 1936 à la dictature de Metaxas. Je rappelle qu'a l'époque, le président au conseil des créanciers (aujourd'hui on dit également les « marchés ») était Sir Austen Chamberlain, (« Accords de Locarno » - 1925), demi-frère de Arthur Neville Chamberlain, (« Accords de Munich » – 1938). À terme, ces accords ont contribué à la logique du déclenchement de la seconde guerre mondiale.

« Jardiniers de Salonique »

Car encore chez nous le « dénouement » global 2012 se précise déjà bien, trop bien même. Le « gouvernement » vient de proposer par une loi cadre le transfert de la propriété de tous les biens de l'État, bandes côtières, ressources et monuments compris, vers une supra-structure gérante, liée aux « restructurants » de la dette.
 
En somme, nos « jardiniers de Salonique » cultivant le « tout en un » en politique et « la Troïka pour tous les autres », voilà ce qu'en Grèce on commence designer sous son onomatopée originelle : « bling bling ». A savoir, l'occupation de l'intérieur et celle de l'extérieur, main dans la main. Ce type de jardin n'étant pas qu'une spécialité de Salonique, ni même de la Grèce. On se demande pourtant pourquoi ces affaires sortent en ce moment car en Grèce cette supra-corruption ne tombe pas que du ciel. On se dit alors que le système prend de l'eau et la nuit des longs couteaux. Certains tentent de se repositionner dans le paysage « politique » sous le régime des Troïkan. Apparemment, il n'y en aura pas pour longtemps, ni pour tout le monde. Les petites salades cachent bien les vraies patates chaudes.

Citrons mécaniques

Entre temps, au centre ville d'Athènes, une certaine vie culturelle se poursuit comme elle peut. Un éditeur présente son calendrier 2012, un artiste peintre connu y ayant contribué. On y joue La Berceuse de Gabriel Fauré au piano, s’attardant ainsi un moment sur la vraie vie, pour aussitôt revenir au pays réel de la bancocratie et reprendre nos débats sur la crise. La Berceuse achevée, un ancien président d'université, assurant le réveil général, explicite autour de lui sa version de la sortie de crise, « dans la durée et dans la douleur, depuis cette double occupation que nous subissons », puis les gens s'apprêtent à partir.
 
Mais notre année 2012 de la culture, ne sera pas pour autant sauvée par quelconque calendrier. Je viens d'apprendre que le Centre européen de traduction – Littérature et Sciences Humaines est sur le point d'être fermé par le ministre de la Culture. Cet organisme cogérait notamment les résidences des écrivains en Crète et sur Paros. Liquidation. Il paraît que le mobilier et les ouvrages de la bibliothèque seront mis en vente.
 
Braderie alors. Ce n'est malheureusement pas une surprise par les temps qui courent. Disons pour se consoler que les clémentines Mycéniennes sont à 0,80 euros le kilo et que pour certaines BMW, les plaques ont été déjà déposées. Leurs propriétaires n'arrivent plus à payer taxes et essence. Tête-à-queue. Tandis que les rumeurs sur la blogosphère font état d'un métropolite (non désigné), supposé sous mandat d'arrestation par la police, car « il transportait des armes et 35 millions d'euros dans sa voiture ». « Infos » sans queue ni tète, jusqu'à preuve du contraire.
 
Un autre métropolite, Serafim depuis son Pirée (en vrai cette fois-ci), vient d'adresser une lettre ouverte, d'abord destinée à la secrétaire générale du P.C. grec Aleka Papariga, suivie par deux autres lettres, destinées aux chefs de deux autres partis de gauche, Alexis Tsipras (formation SYRIZA), et Fotis Kouvelis (DIMAR). « Sauvez le pays, empêchez cette ultime phase de trahison des autres partis, l'incinération finale de la Constitution et la perte définitive de notre souveraineté … mais revenez si possible aussi vers Dieu ». Du jamais vu depuis la création du P.C., au Pirée justement, en 1918.
 
En attendant la réponse de la camarade, ce samedi nous irons ramasser les citrons, car les citronniers des jardins communs en bas des immeubles sont bien pleins. Partagés entre locataires, nous en ferons ainsi notre jus d'agrumes pour toute la semaine prochaine. Pendant que « Le Parlement européen veut réduire le gaspillage alimentaire », nous, grands précurseurs, nous sommes déjà à nos … citrons mécaniques. Costa Europa.

Retrouvez Panagiotis Grigoriou sur son blog.

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24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 12:57

 

No man's land 24/01/2012 à 12h02
Rue89 - Emilie Brouze | Journaliste
Mis à jour le mardi 24 janvier 2012 à 12h15

 

Frappée par la crise, la Société générale va supprimer 880 postes en France en 2012. Un salarié raconte ce plan social historique de l'intérieur.

 


La tour de la Société générale à La Défense (Emilie Brouze/Rue89)

 

C'est du jamais vu dans l'histoire des banques françaises : en 2012, la Société générale va supprimer 1 500 postes dans sa filiale de financement et d'investissement, dont 880 postes en France. Elle ne distribuera pas non plus de dividendes pour l'année 2011.

Paul (qui témoigne anonymement) est cadre depuis quelques années dans l'une des tours de La Défense (Hauts-de-Seine), pour une société de prestation externe à la Société générale. Il décrit à Rue89 le chamboulement provoqué par cette annonce :

« La transformation est douloureuse. On ne vit pas juste une crise financière mais un virage crucial : la refonte totale du modèle de la banque. »

Elle n'est pas propre à la Société générale : les quatre principaux établissements français (BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole et Natixis) vont diminuer leur effectif de 11% d'ici à 2013. Ailleurs aussi, les places financières se délestent d'une partie du personnel et renoncent à des pans complets d'activité.

« On ne sait pas qui part, qui reste, qui sera le chef »

Paul raconte que depuis septembre, toutes les embauches sont gelées à La Défense. Une partie du personnel en fin de contrat n'a pas été renouvelée :

« En ce moment, une personne fait le travail de deux et bientôt de trois salariés. Les horaires s'allongent, les bureaux se vident. Dans mon équipe, on était une cinquantaine. Fin décembre, on n'était plus que vingt environ. »

Dans son service, un bureau sur deux n'est plus occupé. Par un communiqué daté du 4 janvier, la Société générale précise que le plan social se fera « sans licenciement économique et sans départ contraint ». En interne, les annonces successives démotivent et angoissent. Il suffit de regarder les visages le matin, assure Paul :

« Chacun essaie de faire ses propres calculs. Tout ça, c'est énormément de stress. On ne sait pas clairement à quoi va ressembler le travail de demain. On ne sait pas qui part. On ne sait pas qui reste. On ne sait pas qui va être le chef. C'est un peu le “no man's land” : on ne sait rien. »

En souriant, il décrit aussi « l'effet inverse » :

« Ce qui est fabuleux c'est que petit à petit, certains relativisent. Les équipes se ressoudent : on boit des verres le soir ou on tire les rois dans les services. Mais je crois que les gens ont hâte de savoir. »

Plan Roméo : « Le mal était fait »

Le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) – plus simplement plan social – sera fixé en avril. Auparavant, la direction avait tâtonné en lançant successivement une « méthode d'évaluation comportementale » (avec des notes de A à E pour chacun) et un (officieux) « plan Roméo ». Deux tollés avortés :

« Dans le fameux plan Roméo, il s'agissait de trouver dans les contrats des internes des taches non faites pour pointer les torts. Une sorte de plan de licenciement déguisé, presque à la tête du client.

On a toujours travaillé dans l'urgence, sans prendre le temps de se poser. Alors forcément, il y a des failles : on accusait des gens alors que l'entreprise avait aussi ses responsabilités.

Ce plan Roméo a failli mal tourner. Il n'a heureusement pas abouti : les syndicats ont stoppé tout ça. Mais moralement, le mal était fait. C'était une pression folle, très difficile à supporter pour des gens qui ont travaillé dur pendant des années. »

« Négligences », « défaillances graves »

A la Société générale, qui emploie 40 000 personnes en France, le plan social annoncé en janvier s'accompagne d'un plan d'économies. Objectif : adapter ses activités à la crise de la dette qui touche la zone euro. La valeur boursière de la banque a été lourdement affectée par les turbulences du marché en 2011.

Paul remonte le temps pour retracer la crise :

« Après la guerre, les marchés financiers ont été libéralisés. Les banques se sont alors éloignées de leur fonction de base : collecter les fonds des particuliers, créer de l'épargne. L'argent coulait à flots. Et puis on a découvert avec la crise qu'il n'était pas illimité. »

A la Société générale, il y a (aussi) eu l'affaire Kerviel. En 2008, ce trader est accusé d'être à l'origine de 4,9 milliards d'euros de pertes. La Commission bancaire a ensuite sanctionné l'établissement pour « carences graves du système de contrôle interne ».

Des têtes sont tombées, dont celle Daniel Bouton, parti en 2009 : malgré l'affaire Kerviel et après que l'entreprise a reçu des milliards d'euros d'aides de l'Etat, l'ex-PDG s'était quand même octroyé des stock-options.

Paul explique que depuis Kerviel, « beaucoup d'argent a été investi pour sécuriser les activités. » Le trader n'a pas été le seul à faire n'importe quoi : en 2011, l'autorité des marchés financiers a sanctionné la Société générale pour « négligences » et « défaillances graves » dans la gestion de l'une de ses filiales pendant la crise.

« La crise a permis de se poser les bonnes questions »

« De cette crise, il faut savoir une chose : il y a ce que voit le grand public et ce qu'il se passe réellement. »

Ce qu'il se passe « réellement », c'est la transformation complète de la banque. Paul explique qu'aujourd'hui, les établissements bancaires ne perdent pas d'argent. Nuance : ils n'en gagnent pas suffisamment pour maintenir leurs activités.

« La crise a enfin permis de se poser les bonnes questions. Ça a été une prise de conscience énorme. On ne peut plus se permettre de gaspiller. Les enjeux sont lourds : contrôler le système et revenir à l'activité première de la banque.

Je n'ai jamais vu autant de publicités en ce moment pour appâter le particulier. Car le particulier, c'est finalement l'activité qui rapporte le plus et qui est la plus stable : on l'avait un peu oublié. »

Pub 2011 de la Société générale : « L'esprit d'équipe »

En interne, la transformation n'est pas si simple car, appuie Paul, « on passe d'un extrême à l'autre » :

« C'est carrément toute une mentalité qu'il faut casser. Il y a une telle inertie dans la banque que le changement est lourd. Je travaille avec des responsables qui pensent encore que l'argent n'a pas de limites... »

MERCI RIVERAINS ! fabache
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24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 12:53
Hôpital Sud Francilien : les collectivités ne peuvent plus se passer des PPP

LEMONDE | 23.01.12 | 15h00   •  Mis à jour le 23.01.12 | 17h53

 
 

Avec huit mois de retard, l'hôpital sud-francilien, en lisière de Corbeil-Essonne et Evry, a accueilli ses premiers patients lundi 23 janvier. Avec 1 017 lits, vingt blocs opératoires, une chaufferie au bois, il devient le plus grand hôpital de France, supplantant Georges-Pompidou, à Paris. L'ouverture a dû être repoussée en raison des 8 000 réserves émises lors de la réception, ce qui est classique pour un tel équipement, et des travaux supplémentaires exigés par l'hôpital. Mais ce retard a nourri la polémique sur le choix du contrat de partenariat public-privé (PPP) conclu entre l'établissement public hospitalier et la société Eiffage.

Ce PPP prévoit qu'Eiffage finance et construise l'établissement puis en assure la maintenance pour les trente ans à venir, en contrepartie d'un loyer de 40 millions d'euros, une somme que beaucoup juge exorbitante. A tel point que le président de l'hôpital, le maire PS d'Evry, Manuel Valls, veut dénoncer le contrat.


L'hôpital sud-francilien est devenu le symbole des ratages des PPP, alors que les collectivités et l'Etat semblent ne plus pouvoir s'en passer. L'année 2011 a ainsi été riche en gros contrats puisqu'il en a été conclu pour 6 milliards d'euros, voire 14 milliards d'euros en incluant la future ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux, remportée par Vinci. D'énormes contrats s'annoncent encore en 2012, comme la ligne ferroviaire Nîmes-Montpellier, attribuée à Bouygues, le nouveau palais de justice de Paris, sur le terrain des Batignolles, pour 1 milliard d'euros, également remportée par Bouygues, le plan Campus, qui prévoit la rénovation de douze universités. Sans compter 24 000 nouvelles places de prison d'ici 2017.

>>> Voir le portfolio "PPP: des chantiers pharaoniques à la rentabilité incertaine"

  • Quel est l'intérêt des PPP ?

Cette formule créée par l'ordonnance du 17 juin 2004 permet à une administration ou une collectivité locale de confier à un seul et même opérateur privé le financement, la construction, la maintenance et l'exploitation d'un équipement. En contrepartie de la construction de ces collèges, prisons, stades, lignes à grande vitesse..., le commanditaire public doit payer un loyer pendant des dizaines d'années (jusqu'à cinquante-cinq ans pour les grandes infrastructures). L'opérateur privé est souvent une société créée pour l'occasion, associant un constructeur, un banquier ou un fonds d'investissement et des prestataires, pour la maintenance. Au terme du bail, la personne publique récupère la propriété de l'ouvrage en bon état.

La France a une longue tradition, qui remonte au XIXe siècle, de recours au privé pour ses services publics par le biais des concessions, dans les domaines de l'eau ou des transports. Dans une concession, l'exploitant assume le risque "commercial" et se rémunère surtout auprès des usagers. Ce n'est pas le cas d'un PPP où le loyer payé par le commanditaire de l'ouvrage est sans lien avec son exploitation, rentable ou non.

La mission d'appui aux partenariats public-privé (MAPPP) a, en cinq ans d'activité, recensé 118 contrats de partenariat, pour 11,8 milliards d'euros dont 28 conclus par l'Etat. "Le contrat de partenariat est loin d'être majoritaire, puisqu'il n'a représenté que 6 milliards d'euros en 2011, année record, là où l'investissement public total représente autour de 90 milliards d'euros par an", détaille François Bergère, directeur de la MAPPP.

  • Qui décide du recours au contrat de partenariat ?

Théoriquement, le contrat de partenariat ne peut être utilisé que dans le cas d'un projet complexe, urgent et, depuis 2008, si son bilan coût-avantage est favorable. En réalité, il peut être utilisé quasiment dans tous les cas car il est facile de démontrer qu'un contrat de partenariat est avantageux, quitte à biaiser les données. "J'ai vu des études préalables délibérément faussées pour justifier le recours" aux PPP, se souvient Michel Klopfer, conseiller financier des collectivités locales. "J'ai vu des erreurs grossières sur les frais financiers ou qui attribuaient, sans raison, une économie sur les prestations techniques de 20 % à 25 %, en faveur du privé, poursuit-il. Tous les cabinets, juristes, conseillers financiers ont un intérêt évident aux PPP, qui leur assurent du travail pour des années."

  • Les grands groupes industriels sont-ils favorisés ?

A l'évidence oui, notamment les majors du BTP. Ces groupes sont seuls capables de s'offrir le luxe d'avancer les frais d'études nécessitées par la compétition. Dans le cas de l'opération Balard, du ministère de la défense, surnommée "Pentagone à la française", seules Bouygues, Vinci et Eiffage, ont eu les reins assez solides pour dépenser de 15 à 20 millions d'euros d'études avec le risque de perdre le contrat. L'appel d'offres du nouveau tribunal de Paris ou de la ligne à grande vitesse Nîmes-Montpellier n'a vu que deux concurrents s'affronter : Vinci et Bouygues. Pour le réaménagement du zoo de Vincennes une seule offre a été formulée par le tandem Bouygues-Icade.

Selon nos calculs, sur les plus gros contrats (d'un montant supérieur à 40 millions d'euros recensés depuis 2006), Vinci s'est arrogé 8,9 milliards d'euros (49,8 %) - dont 7,8 milliards pour la seule ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux -, Eiffage, 3,7 milliards d'euros (21 %) et Bouygues 3,8 milliards d'euros (21,4 %). Dans les contrats d'énergie, c'est un autre trio, GDF-Suez, EDF et Veolia qui se partage les marchés.

  • Les PPP engendrent-ils des économies ?

La formule permet de réels gains de temps de chantier et le temps c'est de l'argent ! Selon François Bergère, de la MAPPP, "sur 40 opérations analysées, 90 % ont été livrées à l'heure. Lorsque les délais sont tenus, les coûts le sont en général aussi". Les constructeurs sont intéressés au respect du calendrier car ils ne sont payés qu'à compter de la livraison. La contre-performance de la rénovation, menée par l'Etat, du campus de Jussieu, à Paris, qui s'éternise sur plus de quinze ans et dont le budget a été multiplié par dix, est pain bénit pour les tenants des PPP...

Sur le plan financier, aucune étude n'est encore capable de mesurer les économies réelles sur le long terme. Les frais financiers sont théoriquement moins élevés dans un contrat 100 % public car l'administration peut emprunter à des taux préférentiels. Le privé, lui, contracte des prêts à des taux plus élevés ou investit ses fonds propres avec une exigence de rentabilité entre 10 % et 15 %. Le succès des PPP s'explique donc moins par les économies supposées que par le report de l'investissement : les collectivités n'ont rien à financer avant la livraison.

  • Les PPP constituent-ils une bombe à retardement financière ?

Jusqu'en 2010, ces engagements financiers à long terme, sous forme de loyers, n'étaient pas considérés, au plan comptable, comme une dette, évitant de creuser le déficit apparent de l'Etat ou des collectivités locales - d'où son attrait. Depuis le 1er janvier 2011, les collectivités locales sont obligées de l'inscrire à leur bilan. Le préfet et la chambre régionale des comptes d'Ile-de-France l'ont, par exemple, fermement rappelé à la commune de Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne). Depuis le 1er janvier 2012, l'Etat est dans la même obligation.

Pour beaucoup d'observateurs, les PPP constituent une charge incompressible qui peut devenir, à l'avenir, difficilement supportable pour les finances publiques. "Ces financements innovants permettent d'échapper à la rigueur budgétaire. Le cumul de ces loyers à payer à très long terme pourrait asphyxier nos finances", s'alarme le sénateur (UMP) Jean Arthuis. "Avec un crédit devenu rare et cher, les projets de PPP devront être sélectionnés avec plus de soin", admet François Bergère.

 

Vinci, Bouygues et Eiffage se partagent 92% des plus gros contrats de partenariats public-privé.

Vinci, Bouygues et Eiffage se partagent 92% des plus gros contrats de partenariats public-privé.Mission d'appui aux partenariats public-privé (MAPPP)Infographie Le Monde

Isabelle Rey-Lefebvre avec Laetitia Clavreul

 


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24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 12:50

 

LEMONDE | 23.01.12 | 15h03

 
 

Londres Correspondance - C'était censé être la solution qui permettrait au secteur public de faire des investissements à moindre coût et au secteur privé de réaliser des affaires. Lancés pour la première fois en 1992, et accélérés par les gouvernements travaillistes de Tony Blair et Gordon Brown, les partenariats public-privé (PPP) sont très utilisés par les autorités britanniques. Plus de 700 sont en cours au Royaume-Uni, pour des écoles, des hôpitaux, des prisons, des routes...

Vingt ans après, pourtant, le bilan n'est guère brillant. Le remboursement de ces contrats coûte très cher, et leur rentabilité est discutable. En septembre, Andrew Lansley, le ministre de la santé, tirait la sonnette d'alarme : 60 hôpitaux risquaient la faillite financière à cause de remboursements de PFI (public finance initiative, une variante du PPP) trop lourds. Un rapport assassin du comité parlementaire au Trésor le mois précédant dressait les mêmes conclusions catastrophiques. "Le coût moyen du capital d'un PFI est de 8 %, le double des emprunts de l'Etat", écrivait-il. En d'autres termes, le financement d'un projet par le secteur privé coûte deux fois plus cher que par le gouvernement.

 

"MINISTÈRES ACCROS"

Les entreprises qui réalisent les travaux amortissent leurs avances avec des factures très salées : le comité estime qu'il faut en moyenne 1,7 milliard d'euros d'argent public pour rembourser 1 milliard d'euros de PFI.

L'un des exemples les plus saisissants concerne l'hôpital Royal London. Depuis décembre 2011, cet établissement de l'est de Londres a commencé à déménager dans ses nouveaux locaux. Six ans après la signature du PFI, les nouveaux bâtiments en verre bleu ouvrent progressivement, apportant un vent de fraîcheur plus que nécessaire à la structure décrépie.

Quand le contrat a été signé en 2006, l'Etat n'a pratiquement pas mis un centime des 1,2 milliard de livres nécessaires (1,4 milliard d'euros, somme qui comprenait aussi un deuxième hôpital à Londres). L'argent est venu d'un consortium de trois entreprises privées, menées par Innisfree, un groupe spécialisé dans les PPP. Mais avec l'ouverture de l'établissement, l'hôpital doit commencer à rembourser, et il n'arrive pas à faire face.

Dans ces conditions, comment expliquer la multiplication des PPP depuis vingt ans ? Cela permet tout simplement au gouvernement de maquiller ses comptes, puisque les contrats public-privé n'apparaissent pas dans les dettes de l'Etat. "Les PFI permettent d'obtenir quelque chose maintenant et de payer plus tard, accuse Andrew Tyrie, député conservateur et président du comité parlementaire au Trésor. On comprend pourquoi n'importe quel ministère en devient accro. Mais on ne peut pas continuer comme cela, en espérant que la prochaine génération de contribuables paiera l'addition."

Conscient du problème, et pouvant politiquement renvoyer la responsabilité sur son prédécesseur, le gouvernement britannique a lancé en novembre une grande révision des contrats de PFI, pour tenter de trouver un modèle moins cher. Mais les caisses de l'Etat étant vides, il n'est pas question pour autant d'abandonner le concept. Le CBI (patronat) le soulignait dans un rapport en août : "Le Royaume-Uni a sérieusement besoin d'améliorer ses infrastructures (...) et l'investissement devra venir de financements privés." Les PPP ne sont pas prêts de disparaître au Royaume-Uni.

Intérim


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24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 11:51

LEMONDE.FR | 24.01.12 | 11h06   •  Mis à jour le 24.01.12 | 11h58

 
 

 

Selon les prévisions économiques, le million d'autoentreprises devrait être atteint le 15 février.

Selon les prévisions économiques, le million d'autoentreprises devrait être atteint le 15 février.AFP/OLIVIER LABAN-MATTEI


A 22 ans, Nathan rêve de s'acheter une voiture, pour pouvoir parcourir plus souvent la centaine de kilomètres qui le séparent de sa fiancée. L'aide financière de ses parents – 400 euros mensuels en plus de son loyer – ne suffit pas à cet étudiant en licence professionnelle de management informatique, installé à Rennes. En mars 2009, trois mois après la création du régime de l'autoentrepreneur par le gouvernement Fillon, Nathan décide donc de monter son "petit business, sans prétention, pour arrondir les fins de mois".

Après "trois clics" sur Internet et trois semaines de délai, le voilà propulsé patron "en toute simplicité". En parallèle de ses cours, il propose dès lors ses services de maintenance et d'installation de matériel informatique. Une activité qu'il pratiquait déjà auparavant "mais au noir, et très irrégulièrement".

Ce tout nouvel entrepreneur répond parfaitement aux objectifs du régime de l'autoentrepreneur : "offrir la possibilité à de nombreux salariés, étudiants, retraités et chômeurs de compléter leurs revenus". Mais, malgré un investissement humain et financier croissant pour faire connaître ses services, il ne voit pas décoller son activité. "Je gagnais en moyenne 150 euros par mois une fois les charges retirées, alors que je travaillais plus de dix heures par semaine". Une fois son diplôme acquis, il est embauché en CDI et laisse de côté son autoentreprise, après un an et demi d'efforts vains.

"TRÈS MAUVAISE SURPRISE"

Malgré le slogan accrocheur du régime de l'autoentrepreneur – "pas de chiffre d'affaire, pas de charge" – Nathan reçoit fin 2010 un courrier qui lui réclame plus de 600 euros, au titre de la cotisation foncière des entreprises (CFE). Cet impôt forfaitaire, qui remplace en partie la taxe professionnelle, vise à financer les collectivités territoriales et varie selon l'implantation géographique. Pour un autoentrepreneur, dont l'entreprise est généralement située à son domicile, elle constitue dans les faits une seconde taxe foncière. Une "très mauvaise surprise" pour le jeune homme, qui s'acquitte de la somme, mais résilie ensuite son statut d'auto-entrepreneur. "J'ai baissé les bras", conclut l'informaticien, partagé entre amertume et "honte" d'avoir renoncé.

En 2007, Nathan avait voté pour Nicolas Sarkozy. "Parce qu'il voulait nous mettre au travail et que moi, je ne demandais que ça", avoue-t-il aujourd'hui, une nuance de gêne dans la voix.  Celui qui représentait "le cœur de cible du sarkozysme" ne sait toujours pas pour qui voter en mai prochain, mais à 25 ans, il n'a toujours pas de voiture.

INDICATEURS EN BAISSE

Comme Nathan, ils sont nombreux à avoir opté pour le régime de l'autoentrepreneur et à avoir déchanté depuis. Un système de charges "bien trop élevées proportionnellement au chiffre d'affaires" pour Raphaël, 22 ans, autoentrepreneur en Haute-Savoie. "Un manque d'encadrement juridique et économique", dénonce pour sa part Sylvain, 31 ans, qui propose en indépendant des formations et du coaching de dirigeants. "Une simplicité apparente, mais derrière, les ennuis s'accumulent", déplore Charlie, 25 ans, domicilié à Anglet.

En 2011, l'Insee a relevé une baisse de 18,9 % des créations de ce statut. Selon les prévisions économiques, le million d'autoentreprises devrait être atteint le 15 février. Un chiffre dont se félicite le gouvernement, mais qui doit tout de même être nuancé, selon Grégoire Leclercq, président de la fédération des autoentrepreneurs. "On recense depuis la création du régime 370 000 résiliations de statut et sur le reste, seuls 50 % des autoentrepreneurs sont considérés comme actifs et dégagent un chiffre d'affaires", affirme Grégoire Leclercq, lui-même autoentrepreneur.

 

 

Dans le secteur du bâtiment, les autoentrepreneurs subissent la pression des artisans qui dénoncent une "concurrence déloyale".

Dans le secteur du bâtiment, les autoentrepreneurs subissent la pression des artisans qui dénoncent une "concurrence déloyale".AFP/MYCHELE DANIAU


PRESSIONS POLITIQUES

Alors qu'il dopait à son lancement le nombre de créations d'entreprises en France, le statut aurait-il depuis perdu son attractivité ? "Nous subissons surtout les attaques répétées au régime, qui le font évoluer dans le mauvais sens", selon Grégoire Leclercq. Depuis sa création, le statut doit composer notamment avec la pression des artisans et des commerçants, qui voient dans l'autoentreprise une "concurrence déloyale, voire du travail au noir déguisé."

Une pression qui tend à s'accélérer, en cette période pré-électorale. Certains candidats envisagent ainsi de limiter la durée du statut, à l'instar de François Hollande. Une proposition "démagogique qui précarise encore un peu plus le régime", pour Grégoire Leclercq. Le signe aussi d'"un certain mépris" affiché par la classe politique, alors que "le régime a tout de même permis à l'Etat de récupérer 600 millions d'euros de recettes fiscales en trois ans." Pour contrer cette offensive, la fédération des autoentrepreneurs a présenté le 18 janvier un livre blanc pour interpeller les parlementaires et les candidats à l'élection présidentielle sur l'intérêt économique et social de ce régime.

>> A lire : Le livre blanc de l'autoentrepreneur

Au cœur de ces propositions, miser sur la "formation et l'accompagnement" des autoentrepreneurs. "Quand on va a la rencontre des autoentrepreneurs, ils nous disent souvent 'c'est terrible, on souffre de solitude'", explique Grégoire Leclercq. "En lançant le régime, on n'était pas préparé en France à former et accompagner toute une nouvelle population d'entrepreneurs", affirme l'ancien gendarme, qui a fait partie des mille premiers autoentrepreneurs français.

"D'UNE PRÉCARITÉ À UNE AUTRE"

Un accompagnement d'autant plus primordial que le régime a été pris d'assaut par de nombreuses personnes "en situation précaire", considérant l'autoentreprise comme une potentielle issue de secours au chômage.

 

 

Le régime de l'autoentreprenariat a été pris d'assaut par de nombreuses personnes "en situation précaire", qui l'ont considéré comme une potentielle issue de secours au chômage.

Le régime de l'autoentreprenariat a été pris d'assaut par de nombreuses personnes "en situation précaire", qui l'ont considéré comme une potentielle issue de secours au chômage.AFP/JEFF PACHOUD


"Gagner quelques centaines d'euros, c'était toujours ça", explique ainsi Sophie, 42 ans, qui a créé l'an dernier en Mayenne une autoentreprise pour se lancer à temps plein dans la vente de bijoux. Grâce à un microcrédit, elle a pu se fournir auprès d'un grossiste et a commencé son activité sur les marchés. "Je vendais pour 500 euros par mois", un "coup de pouce bienvenu" pour cette mère de deux enfants au RSA. Mais le régime d'autoentrepreneur ne permet pas de déduire du chiffre d'affaires les achats et frais de déplacements. "Au final, après les déductions, frais et investissements, je travaillais beaucoup, pour très peu à l'arrivée. Les quelques bénéfices que j'ai tirés de cette affaire m'ont simplement permis de rembourser mon prêt."

Un scénario qu'a souvent pu observer Jean-Paul, entrepreneur à la retraite et bénévole pendant quatre ans à l'Association pour le droit à l'initiative économique (ADEI), principal opérateur de microcrédit en France. Sa fonction : "redresser les gens qui allaient dans le mur". "Avant 2009, créer son entreprise était une démarche compliquée, cela nécessitait des connaissances commerciales, un investissement théorique, une formation de base en marketing", énumère Jean-Paul, qui délivrait alors des formations "qui faisaient à chaque fois salle comble". Mais le statut d'autoentrepreneur "a donné l'illusion aux gens qu'être entrepreneur était simple et qu'à moindre frais, ils allaient pouvoir s'en sortir. Au bout du compte, la grande majorité passe d'une précarité à une autre."

L'ADEI, qui offre une prime à ses salariés en fonction du nombre de microcrédits réalisés, permet ainsi le lancement de nombreux projets "qui ne sont pas viables". Au moment du départ de Jean-Paul, en 2010, près de 50 % des demandeurs de prêts devaient être refinancés par l'association. A des taux d'intérêts d'environ 15 %.

"L'ÉCHEC D'UNE POLITIQUE ÉCONOMIQUE"

Pour d'autres, le statut constitue également "une aubaine", car il est souvent "la dernière chance de se faire embaucher". A 57 ans, après un licenciement, retrouver un travail était "une mission quasiment impossible" pour Daniel, dessinateur-projeteur en Normandie. En 2009, il se renseigne sur le statut d'autoentrepreneur et bénéficie d'une aide à la création d'entreprise pour se lancer dans l'aventure. Grâce à son réseau, il parvient à réaliser 27 000 euros de chiffre d'affaires en 2010, puis 17 000 euris en 2011. Une baisse qu'il explique par le contexte économique difficile et la "condition précaire du régime", mais il maintient que "ce statut [lui] a évité la mort professionnelle".

Senior comme Daniel, Maryvonne est plus critique. Si elle reconnaît aussi que son statut d'autoentrepreneur lui a permis de continuer à être active, elle dénonce tout de même cette "rustine pour continuer à vivre", qui "montre l'échec d'une politique économique." Et de conculre : "Avec ce régime, on nous a proposé de créer notre propre emploi, parce qu'on n'était pas capables d'en créer à grande échelle ou d'inciter les entreprises à embaucher des seniors. Au final, on travaille et on survit avec pas grand chose, mais pour le gouvernement, ça fait toujours ça de moins sur les listes du Pôle emploi."

Charlotte Chabas


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24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 11:47

LEMONDE.FR | 23.01.12 | 18h38   •  Mis à jour le 24.01.12 | 10h02

 
 

Lors de son meeting au Bourget, François Hollande a condamné la "nouvelle aristocratie" des Français situés parmi le 1 % des plus hauts revenus. "Ils vivent à côté de nous mais ils ne vivent déjà plus avec nous. Parfois, ils ne vivent même pas chez nous", a-t-il dit. Parlant ensuite de "sécession sociale", il a décrit des "quartiers protégés, sécurisés, pour que nul ne vienne déranger".

 

Le séparatisme dénoncé par François Hollande peut être mis en lumière par l'analyse de la répartition de l'ISF ou celle des revenus fiscaux des ménages par commune. Pauvres et riches n'habitent pas les mêmes quartiers, ni les mêmes villes.

Plusieurs sociologues se sont penchés, récemment, sur cette absence de mixité sociale et tentent d'identifier les causes de cet "évitement" entre riches et pauvres, voire très riches et moins riches, de même que les stratégies que les riches emploient pour s'éloigner des moins bien lotis.

 

"GRÉGARISME DE LA BOURGEOISIE"


 

Niveau de l'impôt sur la fortune dans les plus grandes communes de la région parisienne en 2009

Niveau de l'impôt sur la fortune dans les plus grandes communes de la région parisienne en 2009Le Monde.fr - DGI


La répartition des ménages redevables de l'impôt sur la fortune (ISF) illustre le phénomène que Christophe Guilluy nomme "grégarisme de la bourgeoisie" dans son livre, Fractures françaises (François Bourin, 19 euros). On constate que c'est dans les grandes villes que vivent le plus de ménages acquittant l'ISF, ce qui correspond, selon le géographe, à une "bourgeoisie traditionnelle", née avec la révolution industrielle.

 

La Direction générale des finances publiques (DGFiP) met à disposition du public le nombre de redevables de l'ISF par commune. Pour des raisons de confidentialité, les chiffres donnés par la DGFiP ne concernent que les villes de plus de 20 000 habitants, où plus de 50 personnes sont imposables de l'ISF; ils représentent plus de la moitié des contribuables soumis à cet impôt.

 

Le Monde.fr a fait une carte de ces villes, permettant à chacun de trouver près de chez lui le nombre de redevables à l'ISF, ainsi que l'impôt net moyen payé.

*(A VOIR SUR LE SITE DU MONDE en appuyant sur "Ctrl" de votre clavier et cliquer gauche sur la ligne du lien)

Naviguez dans la carte ci-dessous pour découvrir ces villes. Saviez-vous qu'il y avait 53 ménages acquittant l'ISF à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, commune plus connue pour sa cité des Quatre-Mille ? Que les villes où l'ISF moyen net est le plus fort sont Neuilly-sur-Seine, Paris, puis Croix, ville du Nord qui accueille la famille Mulliez ?

Impôt sur la fortune moyen:
entre 2000 et 6 000 euros | entre 6 000 et 11 000 euros | entre 11 000 et 15 000 euros | entre 15 000 et 20 000 euros | plus de 20 000 euros

 

>> voir la carte en plus grand format


"L'ENTRE-SOI" DES PETITS VILLAGES

Plus que l'ISF, continue M. Guilluy, ce sont les niveaux de revenus qui permettent désormais de distinguer de nouveaux territoires "riches". Voulant rompre avec les clichés, il explique que "le grégarisme social ne s'organise pas forcément autour des lotissements sécurisés", fermés par des grilles et parfois surveillés par des entreprises privées.

C'est souvent dans des "petits villages autour des grandes villes" que se concentrent les riches, créant un "nouveau système en prise avec la mondialisation et la métropolisation". Le géographe voit dans ce choix d'investir les villages comme une stratégie d'évitement, notamment de la loi SRU, qui ne concerne que les communes de 3 500 habitants et leur permet donc de garder un "entre-soi".

En région parisienne, l'exemple est assez intéressant. Mis à part les communes connues pour abriter des riches, telles Neuilly-sur-Seine ou le 16e arrondissement de Paris, de nombreuses communes ont des revenus fiscaux par ménage très élevés. Le revenu fiscal des ménages est la somme des ressources mentionnées dans la déclaration des revenus.

Dans la carte réalisée du revenu fiscal des ménages médian pour 2009, vous pouvez voir les villages concernés, petites taches rouge sombre, comme Marnes-la-Coquette ou Le Vésinet dans les Yvelines.

 

 

Le revenu fiscal des ménages médian par commune en région parisienne en 2009

Le revenu fiscal des ménages médian par commune en région parisienne en 2009Le Monde.fr - INSEE


>> Lire à ce sujet "Bienvenue chez les riches", un reportage pour M, le magazine du Monde, à Marnes-la-Coquette

En plus grand format, cette carte montre bien, autour des grandes villes, des agglomérations divisées entre les villes plus ou moins riches (identifiables par les couronnes orange foncé) ainsi que des villes encore plus riches (identifiables par des zones rouge foncé). On peut également noter la présence de villes très riches autour du lac Léman et de l'agglomération genevoise.

 

>> voir la carte en grand format


"SÉPARATISME RÉSIDENTIEL"

"Chacun met son 'pauvre' à distance" : dans Les nouvelles classes moyennes (Seuil, 11,50 euros), Dominique Goux, sociologue, et Eric Maurin, économiste, s'intéressent également aux disparités régionales entre classes. En étudiant le revenu au niveau des zones cadastrales données par l'Insee, les deux auteurs ont découvert ainsi que les ménages les plus riches habitent des zones où ils côtoient deux fois plus de "riches" que de "pauvres". Et que les "très riches" vivent dans des quartiers ou les "riches" sont presque trois fois plus nombreux que les "pauvres". "Les clivages territoriaux sont perceptibles à tous les niveaux de la société", concluent-ils.

La situation est comparable au niveau des classes moyennes. Mme Goux et M. Maurin observent que les mêmes différences sont notables entre les classes moyennes supérieures et les classes moyennes inférieures. Les deux auteurs soulignent que, si le séparatisme en fonction des revenus concerne tout le monde, les riches et les très riches ont plus de ressources pour le mettre en place.

Alexandre Léchenet


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24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 11:46

LEMONDE | 24.11.11 | 09h05   •  Mis à jour le 23.01.12 | 18h39

 
 

 

Répartition de la masse totale de patrimoine brut entre les ménages

Répartition de la masse totale de patrimoine brut entre les ménagesLeMonde.fr

 

C'est plus une confirmation qu'une révélation : les inégalités de patrimoine se sont accrues entre 2004 et 2010, et surtout par le haut, autrement dit par l'enrichissement des plus riches. L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) l'établit dans sa nouvelle enquête sur le patrimoine des ménages, étendue pour la première fois aux départements d'outre-mer, dont les résultats ont été rendus publics jeudi 24 novembre.

En 2010, le patrimoine brut, c'est-à-dire l'ensemble des actifs détenus par un ménage (biens immobiliers, professionnels, patrimoine financier mais aussi matériel...), détenu par les 10 % les mieux dotés est en moyenne 35 fois plus élevé que celui dont disposent les 50 % de ménages les moins dotés. Ce rapport était de 32 en 2004. Comme les économistes Thomas Piketty et Camille Landais l'ont constaté pour les hauts revenus, les inégalités de patrimoine se creusent par le haut, tirées par les ménages les plus fortunés. L'indice de Gini, qui est une mesure du degré de disparité des patrimoines pour une population donnée, a augmenté de 1,4 % entre 2004 et 2010 mais de 13,9 % pour la population des plus riches, alors même qu'une partie de la période observée par l'Insee correspond à la crise.


 LES 10 % LES PLUS DOTÉS POSSÈDENT 48 % DU PATRIMOINE GLOBAL

Quelques chiffres donnent la mesure de la situation. Début 2010, la moitié des ménages vivant en France déclarent plus de 150 200 euros de patrimoine brut global. Les 10 % de ménages les plus fortunés possèdent au minimum 552 300 euros d'actifs, alors que les 10 % les plus modestes détiennent au maximum 2 700 euros chacun, soit 205 fois moins. Ces inégalités sont beaucoup plus marquées que celles des revenus. Collectivement, les 10 % de ménages les mieux dotés concentrent 48 % de la masse totale de patrimoine brut, les 1 % les mieux dotés en détenant même 17 %, contre seulement 7 % à la moitié des ménages les moins dotés.

Le montant du patrimoine, brut comme net (une fois déduite la charge des remboursements d'emprunts), croît jusqu'à l'âge de 70 ans avant de décroître ensuite. Toutefois, prévient l'Insee, les effets liés à l'âge "sont difficiles à estimer précisément car les niveaux moyens de patrimoine résultent de contextes économiques qui ont différé d'une génération à l'autre". Les Trente Glorieuses n'ayant pas grand-chose à voir, par exemple, avec les années 1990. Au-delà de ces effets, les logiques d'accumulation patrimoniale et d'épargne diffèrent nettement entre salariés et indépendants en activité, elles s'estompent avec la retraite. Entre salariés en activité, les disparités patrimoniales selon la catégorie socioprofessionnelle sont très marquées : le patrimoine médian des cadres est 35 fois supérieur à celui des ouvriers non qualifiés.

Acheter un bien immobilier, a fortiori sa résidence principale, est une étape importante dans la constitution d'un patrimoine. Ainsi les ménages propriétaires de leur résidence principale détiennent un patrimoine brut moyen 8,3 fois plus élevé que celui des locataires et des ménages logés gratuitement.

C'est parmi la frange la plus riche de cette France des propriétaires que se trouvent les redevables de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), dont le rendement s'est envolé avec le boom immobilier.

 

 LES HAUTS PATRIMOINES SE PORTENT TRÈS BIEN

Cette année encore, comme l'ont révélé Les Echos du 21 novembre, l'ISF, même avec 300 000 redevables en moins – ceux qui étaient imposés à la première tranche supprimée en juin – devrait rapporter 4,2 milliards d'euros, soit 10% de plus que ce que le gouvernement prévoyait. Bercy y voit notamment le fruit de sa politique de lutte contre l'évasion fiscale.

Malgré la crise, les hauts patrimoines se portent très bien en France et restent détenus par une minorité d'héritiers, une concentration amplifiée par les allégements fiscaux sur les successions et que la suppression de l'impôt sur la fortune devrait encore aggraver.

Selon l'enquête de l'Institut national de la statistique et des études économiques, diffusée jeudi, les inégalités entre Français en matière de patrimoine se sont fortement accrues entre 2004 et 2010. L'écart entre les 10 % de ménages les plus pauvrement dotés et les 10 % de ménages les plus riches a augmenté de plus de 30 % au cours de la période. Quand les 10 % les mieux lotis possèdent au moins 550 000 euros de patrimoine, les 10 % les moins bien lotis n'ont pas plus de 2 700 euros chacun, soit 205 fois moins. Quant au 1 % des ménages les plus riches, ils détiennent chacun 1,8 million d'euros d'avoirs financiers, immobiliers ou professionnels. "Les inégalités de patrimoine sont beaucoup plus marquées que celles des revenus", reconnaît l'Insee, le revenu disponible des 10 % des ménages les plus modestes étant 4,2 fois moins élevé que celui des 10 % les plus aisés.

 

 "LE PROBLÈME N'EST PAS SON NIVEAU, MAIS SA RÉPARTITION"

Pour Thomas Piketty, spécialiste de la fiscalité et des hauts revenus, cette enquête confirme que "les patrimoines se portent très bien. Il faut revenir à la Belle Epoque pour trouver un niveau aussi élevé". Le patrimoine global des ménages s'élève à près de 10 000 milliards d'euros. Aux yeux de cet économiste proche du Parti socialiste, "le problème n'est pas son niveau, mais sa répartition".

Ainsi, les 10 % les plus riches possèdent à eux seuls la moitié du patrimoine total et ont en moyenne plus de 1 million d'euros chacun. A l'inverse, les 50 % les plus pauvres ont en moyenne 30 000 euros, ce qui correspond à une "voiture et deux, trois mois d'avance sur leur compte en banque". Et s'ils sont propriétaires de leur appartement, ils ont contracté un emprunt, si bien que leur patrimoine net est très faible. Autre enseignement de l'enquête : "Il n'y pas de fuite des patrimoines importants hors de France", souligne M. Piketty.

Une étude récente de la banque Crédit Suisse a d'ailleurs montré que la France comptait plus de millionnaires que n'importe quel pays européen. Pour Thibault Gajdos, du CNRS, cette enquête illustre le rôle déterminant de l'héritage dans la constitution du patrimoine. Ainsi, le patrimoine médian des ménages héritiers est de 241 300 euros, contre 63 100 euros pour les non-héritiers.

A ses yeux, ce n'est donc pas la hausse des prix de l'immobilier qui est responsable de cette "dérive des inégalités", mais "la simple transmission du patrimoine" opposant les héritiers, qui ont pu accéder à la propriété, à ceux qui ne disposent pas d'un patrimoine initial. En outre, relève-t-il, du fait du vieillissement de la population, "on hérite plus vieux". L'héritage ne bénéficie pas à ceux qui en auraient le plus besoin. L'écart entre le patrimoine des 20-29 ans et celui des 60-69 ans est de 1 à 10.

Claire Guélaud


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24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 11:40

 

 

http://perepeinard.over-blog.com/article-les-147-familles-qui-controlent-40-de-la-richesse-mondiale-97690763.html

   

Lundi 23 janvier 2012

Les "200 familles", actionnaires de la Banque de France avant sa nationalisation en 1936 sont encore plus concentrées à l'échelle mondiale...

 

Un des reproches, par ailleurs injuste, qu'on fait à la science est de se désintéresser des problèmes des personnes « normales » pour se concentrer sur des travaux abscons. Une étude de trois chercheurs suisses, experts des systèmes complexes, jette une lumière crue sur notre société en faisant apparaître une concentration démesurée de pouvoir et de richesse.

Dans un article intitulé « Le réseau de contrôle mondial des entreprises » paru le 26 octobre dans la revue en ligne PLoS One, Stefania Vitali, James Glattfelder et Stefano Battiston analysent les relations entre 43 000 multinationales à partir de la base de données économiques Orbis, riche de 30 millions d'entrées. C'est la première étude de ce type par l'ampleur de son objet, le réseau mondial utilisé, et sa méthode (Le Monde Economie du 13 septembre).

Les auteurs schématisent les relations entre les acteurs économiques comme un graphe, c'est-à-dire un ensemble de points avec des liens entre eux. A chaque lien entre le point i et le point j on associe un nombre Wij, qui représente la fraction de j qui est propriété de i. Le réseau global est extrêmement complexe par sa taille (600 000 points, 1 006 987 liens), et parce que les entreprises aiment établir des liens cycliques entre elles : je détiens une partie de ton capital, et toi une partie du mien.

Quelle est la topologie, c'est-à-dire la configuration, de ce réseau d'entreprises ? Les auteurs ont découvert que les entreprises se structurent d'une façon extrêmement hiérarchisée, ce qu'ils appellent une structure en forme de noeud papillon. Au centre se trouve un ensemble très restreint de 1 347 entreprises qui ont chacune des liens, 20 en moyenne, avec les autres membres du club.

Au sein de cette structure, il y a un ensemble encore plus restreint de 147 multinationales qui contrôlent 40 % de toute la valeur produite et presque 100 % d'elles-mêmes. Parmi elles, on trouve essentiellement des banques et des compagnies financières : Barclays, JP Morgan, AXA, UBS, Deutsche Bank, Natixis, etc. Il s'agit d'une sorte de « super-entité » économique, dotée d'un pouvoir immense.


Cette étude, qui fait passer l'analyse du capitalisme contemporain du terrain idéologique à celui de l'analyse scientifique, est typique de ce que la science peut offrir à la société : une étude détaillée, quantifiée et reproductible. Mais comment guérir le patient ? Faut-il réguler cette « super-entité », la laisser faire ou l'empêcher de nuire ? Là, la science s'arrête et c'est à la société de décider sur d'autres critères.


Une autre question qui se pose à la suite de la lecture de cet article est : comment faire de la science un tant soit peu libre ou objective dans un monde dominé par des pouvoirs aussi forts ? En fait, la domination des acteurs économiques sur la science n'est pas un cauchemar à venir mais une réalité. Il suffit de penser aux prétendues études qui avaient démontré l'innocuité du tabac, de l'amiante, du bisphénol A, etc.


Partout où les résultats scientifiques ont des conséquences économiques, une énorme pression sera exercée pour que les conclusions aillent dans un sens plutôt que dans un autre. La seule garantie d'impartialité est que les chercheurs ne soient pas sous la coupe directe ou indirecte de ces pouvoirs et qu'il y ait un contrôle démocratique des chercheurs ainsi que de la société sur la recherche, ses résultats et son financement. Ne laissez pas les chercheurs seuls face aux 147 sociétés !


Marco Zito

Lemonde.fr - 26.11.2011


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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 15:46

 

La finance n’est pas en crise, elle concrétise un Coup d’État européen !
Actualutte - 8 janvier 2012 Écrit par  Samuel Moleaud

Il est désormais courant d’entendre que l’économie mondiale est en crise, et que dans ce contexte de conjoncture difficile, mieux vaut patienter pour s’affairer, que des jours meilleurs fassent briller nos portes-feuilles. Les bourses clôturant en baisse, scrutant les monnaies en dévaluation, la finance en effervescence entraîne avec sa chute le délabrement de l’État. Cette crise serait donc une sorte de trou noir absorbant tout, surtout les capitaux, contre lequel il est impossible de lutter car personne ne l’aurait générée, tant il est inconcevable autant qu’impossible de lutter contre le libre et naturel cours du marché. La crise mondiale, la plus grave depuis les années qui ont précédé les fascismes en Europe, serait une résultante de la mondialisation : puisque le marché est vertueux, cyclique et libre de tout contrôle étatique, il se régulera de lui-même après l’orage bancaire. Quelle naïveté ! Comprendre plutôt qu’il est naturel voire biologiquement intrinsèque à l’Humanité que 99% de la population subissent le dernier pour-cent boursouflé de kilos dollars, qui impose sa loi, affame, tyrannise et tétanise la planète…

 

 

La concupiscence pour l’accumulation des biens matériels est telle dans le comportement des acteurs sociaux, quels qu’ils soient, qu’elle est un leitmotiv, une norme de conduite où l’antisocial devient social : Le pauvre adule son maître bourgeois, il surconsomme, il aspire à vivre comme lui et se ruine pour cela. La classe moyenne précaire, elle, dénigre les pauvres et fait flamber son compte bancaire. La classe moyenne supérieure est celle qui épargne sur les marchés financiers, elle cire les pompes de la classe possédante juste au dessus d’elle. Le pire d’hier devient la normalité d’aujourd’hui, la mémoire se raccourcit et l’espoir s’amenuise. Et oui, le capitalisme marchand a toujours existé, et se maintient dès lors que s’opère une tractation entre deux individus. Il y a toujours une valeur à toute chose, et un prix à l’échange.

 

Depuis 2008, la croissance économique des pays occidentaux est molle voire négative, et c’est en dépit d’une crise incontrôlable que l’on devrait se serrer la ceinture, accepter de fournir plus d’efforts afin d’en finir avec la récession, et aller « chercher la croissance avec les dents s’il le faut. »(1). Le royaume bancaire et l’influence que la finance a pris sur les institutions publiques, ne remontent pas à 2008. L’attribution à toute entreprise de la personnalité morale juridique en 1864 aux États-Unis eût pour conséquence qu’une banque, plus tard une  multinationale put conclure des contrats, assigner l’État ou les personnes physiques en justice, et réaliser des profits énormes. Bientôt, les grandes corporations détournèrent la juridiction des États pour échapper à leur contrôle, elles financèrent les belligérants des grands conflits. Ainsi, les gouvernements avides durent s’associer avec ces nouveaux rois de la finance pour se maintenir dans leur rang. La stratégie fut simple : instaurer le chaos pour en récolter les bénéfices. Une guerre, un putsch, une catastrophe naturelle, une crise, tout est bon pour faire du profit. Sauf que le contrôle de l’appareil étatique est souvent un frein à la concentration accrue des capitaux : dans nombre de pays, il existe un droit du travail qui encadre relativement salariat, patronat et indépendants. Les codes du travail contiennent des articles juridiques qui normalisent les salaires, la liberté d’expression, l’action syndicale, le temps de travail réglementé, les conventions collectives, les contrats. Les constitutions dites démocratiques quant à elles, grossièrement, fixent les relations entre les différents pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) et les citoyens. Des devoirs sont institués, mais aussi des droits sociaux comme ceux de participer à la vie politique (mais pas trop, sinon le peuple peut gouverner en lieu et place de l’élite oligarchique).

 

Ces droits sociaux, que d’autres nomment par « acquis sociaux», cette législation qui fait que les gens ont en théorie droit par exemple à une couverture sociale (famille, santé, vieillesse) en cas de période difficile, à un temps de travail salarié fixé à 39h maximum, à des congés payés, etc., furent obtenus tout au long de la première moitié du 20ème siècle. Mais ils ne furent pas gratuits : pendant toute l’émergence de la classe ouvrière de 1850 à 1970, partout où il y eut des luttes sociales organisées, l’oligarchie capitaliste craignait que les mouvements sociaux ne basculent en insurrection. Le spectre de la révolution socialiste hantait les libéraux, et c’est par la lutte sociale acharnée des travailleurs, que les droits sociaux et libertés fondamentales furent obtenues.

Ces droits sociaux, ou plutôt, les réglementations étatiques, ne sont pas très appréciées des capitalistes car elles freinent leurs profits abyssaux. Lorsque les salariés d’une entreprise bénéficient d’avantages sociaux en tout genre, et voient leurs salaires augmenter, cela ne plaît pas aux néolibéraux. Alors jusque-là, ils s’alliaient avec des gouvernements en accord avec eux, ils imposaient leur idéologie économique, et renversaient les gouvernements socialistes, à l’instar de ce qu’a subi le Chili le 11 septembre 1973. Comme la manœuvre itérative ne peut pas être réitérée trop de fois, sans quoi trop de citoyens en seraient avertis, les spéculateurs se sont mis à attaquer directement les secteurs de l’économie sur les marchés internationaux : l’agriculture, les armes, le social, les télécommunications…tout profit fut bon à prendre. Même sur la souveraineté, ils pouvaient attaquer directement la monnaie des États. Des créanciers détenaient carrément la dette publique d’un État, de sorte qu’ils pouvaient en exiger illico-presto le remboursement. Des agences, constituées d’hommes d’affaires haut placés, s’arrogeaient le droit de décider de la solvabilité ou non d’un pays, et la dégradait ainsi lorsqu’il ne correspondait pas à leurs critères (autrement dit, lorsque l’État ne fut pas assez néolibéral). Les riches contribuables placèrent leurs revenus dans des paradis fiscaux, les grandes entreprises multinationales ne payaient plus leurs impôts à hauteur de ce qu’ils devaient dans le pays du siège social. Petit à petit, l’impôt, devenu proportionnel, reposait uniquement sur les prolétaires des classes moyennes pendant que les classes aisées, elles, pouvaient se payer les honoraires des cabinets de conseil financier pour s’exonérer de leurs impôts. Le travail fut dégradé, des millions de personnes volontaires furent condamnées à la pauvreté par manque d’emplois car leur gouvernement préféra lutter (vainement) contre une inflation criante au lieu de générer une politique sociale de plein emploi. Le marché noir à tickets de rationnement fit bientôt le quotidien des damnés de la Terre. Ainsi, l’objectif ne fut pas de pallier aux crises économiques, mais bien le contraire : organiser une crise permet de garrotter le peuple, mettre des riches sur la paille et d’en enrichir d’autres et de marcher sur les plates bandes des prébendes d’autrui. La concentration du capital permet d’aggraver les contrebalancements des crises, et d’asseoir le pouvoir de la finance sur l’État : c’est la stratégie du coup d’État permanent.

 

Résultat, si l’on pousse l’idéologie à l’extrême, encore cinq-six ans de régression sociale et de mise à sac de l’État, et les services publics vont être complètement démantelés, plus aucune recette fiscale ne rentrera dans les comptes publics. Comme ces services publics ne fonctionneront plus de manière optimale, les gouvernements déclareront qu’ils ne seront plus en mesure d’en assurer le fonctionnement, et que les projets relatifs aux lois de finances doivent ouvrir le capital de toutes les entreprises publiques à la concurrence extérieure : comprendre que Suez, Veolia, Total, Vinci, Danone, Nestlé, General Motors, JP Morgan, Société Générale, BNP Paribas, Natixis, etc., seront les nouveaux dirigeants des institutions à partenariat public-privé : l’État privatisé. Les prix augmenteront drastiquement, la couverture sociale disparaîtra, le temps de travail augmentera peu à peu pendant que les salaires tomberont en flèche comme un château de cartes. Imaginez L’École à Natixis, les universités et la recherche à Veolia, la santé publique à Sanofi, les transports à Veolia, Vinci et Suez… Sur un graphique, le curseur de 2011 se situerait ici. Conscients que les profits pourrait s’accroître, les banques Natixis, Société Générale et BNP Paribas auront carrément fusionné-acquis le Palais Bourbon et du Luxembourg. Les élections se feront rares, ou alors, lorsqu’elles auront lieux, n’auront le droit de se présenter uniquement les membres de conseils d’administrations des entreprises publiques-privées (le terme « public » désignant les seules parts à 5% détenues par l’État).

 

L’idéologie des néolibéraux est à son paroxysme : instaurer un anarchisme libéral affranchi des États-Nations, l’oligarchie pure. Et la crise qui dure depuis 2008 est une aubaine pour les maîtres du monde. L’instabilité économique leur est dangereuse à une époque où l’indignation populaire monte en intensité. Mais pourtant, l’assujettissement des gouvernements à leur doxa, permet de réaliser un putsch monumental en toute impunité. Ce que nous nous apprêtons à vivre en France, en Europe occidentale, ce que vivent déjà les européens du sud, n’est pas une crise financière. C’est un coup d’État de la finance sur l’État. Ou plutôt, une Offre Publique d’Achat (OPA) d’un Empire sur un État. La situation alarmante de la Grèce en 2011 éclaire sur cette vision.

En 2011, 737 personnes morales détiennent 80% des valeurs des entreprises mondiales (2). Cette stratégie est actuellement installée en Europe du Sud, où la troïka (FMI, Banque Centrale, Commission Européenne) a déclaré la guerre à la population.

 

En Grèce, le salaire minimum a été réduit à 600 euros mensuels (3), et les tarif
s ont augmenté de 100% sur la consommation du pétrole et du fuel. Le prix de l’électricité, du gaz et des transports publics ont accusé une hausse de 50%. On ne nous fera plus croire que la concurrence pure et parfaite existe, et qu’elle permet de faire baisser les tarifs. Un tiers des entreprises commerciales auraient fermé leurs portes, et ne seraient plus en mesure de payer les salaires. Les ménages en couple atteignant 2000 euros chacun n’ont désormais que 400 euros d’allocations chômage qui sont versées avec des retards d’un mois à deux. Nombre de fonctionnaires, quand ils sont encore en poste, ne sont plus rémunérés. Pourtant, 97% des fonds alloués par l’Union Européenne et le FMI ont bénéficié aux banques qui encaissent des intérêts colossaux pendant que le service de la dette repose sur des contribuables déjà paupérisés. S’ajoute à cela une part de 40% des jeunes diplômés étant condamnés au chômage structurel, et ceux qui ont la chance de pouvoir travailler voient leurs rétributions s’amenuiser, ou perçoivent au noir les fruits de leur labeur. Éradiqués les acquis sociaux, pulvérisées ont été les recettes fiscales, jeté aux rois de la jungle a été l’État grec.

 

Pendant ce temps, les médias dominants crient à la malhonnêteté des travailleurs grecs qui font du black, plongent l’économie dans le trou noir informel et qui augmenterait la dette publique. Il est vrai que les médias bourgeois seront plus enclins à expliquer le chaos par la fainéantise d’un peuple plutôt que d’évoquer l’avidité des représentants de la troïka. Les milliards qui ont été donnés en échange de ces plans d’ajustement structurels à répétition, sous couvert d’aide massive, ont servi à engraisser les poches des actionnaires et des banquiers, et l’on veut expliquer à l’auditeur européen que le grec, l’espagnol, l’italien, le portugais ou le français ont un comportement vicieux. Petit exemple d’avidité des places boursières : lorsque les banques frôlaient la faillite en 2008, l’Union Européenne s’est attelée lors du G20 à rembourser les mauvaises créances en consentant aux établissements de crédit des prêts à 2% d’intérêt. Quelques années plus tard, ces banques prêtaient à 12% (2009), puis 18% (2011) aux États lorsqu’ils approchaient le défaut de paiement. Expliquer la crise de la dette par la malhonnêteté d’un peuple, est un peu comme expliquer la famine en Afrique par le soleil : empêcher de réfléchir et se tromper d’ennemi. La guerre est déclarée à l’Europe. Et le terrorisme économique colonialiste que vit l’Europe aujourd’hui est le même que celui dont l’Afrique a souffert tout au long du 20ème siècle et dont les stigmates courent encore aujourd’hui d’une manière trop criante : une tiers-mondisation des pays riches au bénéfice de quelques uns.

 

Le constat est simple : la Grèce subit un coup d’État de la finance qui fait son OPA sur les institutions, et ce pays, première victime européenne de tiers-mondisation, est en train de subir ce qui nous attend plus au nord si les dernières vraies élections à venir ne concrétisent pas le souhait de millions d’indignés silencieux en effervescence : changer ce rouage systémique. Résister aux « chocs » économiques. Nous ne sommes plus des veines prêtes à recevoir des injections en seringue d’austérité comme on prescrit des antibiotiques à un simple rhume. Ce ne sont pas aux peuples de payer la bêtise des capitalistes, encore moins d’en payer les dettes, et s’il y a une cure à infliger, elle est à administrer aux classes possédantes, une cure de bien public et commun qui voudrait que tout le monde puisse jouir d’une existence décente. La solution alternative est pourtant simple à appliquer, tant l’action publique pourrait adjoindre la participation de tous à l’altermondialisation de la planète, dans le démantèlement de l’économie néolibérale (réformer le FMI, l’OMC, la Banque Mondiale et l’Euro, empêcher les délocalisations et la mainmise de la bourse sur les institutions publiques), redonner à l’État une justice sociale, une souveraineté économique, sociale, et politique, répartir les richesses de manière équitable. En France, rédiger une sixième constitution qui soit citoyenne, participative et socialiste. Bref, agir et éviter que le pire d’aujourd’hui ne se transforme en calvaire quotidien, en soumission atroce à la dictature totalitaire des marchés financiers et entreprises multinationales.

 

A la suite d’une crise d’ampleur suffisamment conséquente pour qu’elle fasse trembler les Empires et leurs économies, quand l’Homme ne se mue que par la crainte de l’avenir et l’élite dans la peur de vaciller, les opinions se radicalisent et deux idéologies poignent au carrefour des civilisations : à gauche, le socialisme et le fascisme à droite. Nous sommes en 2011, mais se reproduit le spectre de ce qui s’est passé dans les années 1930 en Allemagne avec l’élection d’Adolf Hitler, ou la victoire de Franco en Espagne en 1936 sur les républicains communistes et sur les anarchistes. Dans les années 1930, le fascisme et la guerre ont permit aux entreprises de canaliser la foule et surtout, d’accélérer leurs débouchés économiques (voir le rôle d’IBM dans la Shoah…). L’Humanité est au milieu du « Y » qui sépare la route en deux, mais pour une fois, la résistance n’est peut-être pas restée bloquée au feu rouge. Habituellement, le virage radical à droite est prévisible, en ce que les totalitarismes sont profitables aux oligarchies (suppression des syndicats, de la liberté d’expression, rupture des droits du travail, répression, culte inféodé du chef charismatique, etc.). Mais les peuples de notre époque, possèdent internet pour s’informer, et depuis janvier 2011, la crise mondiale fait aussi prendre conscience que l’idéologie néolibérale ne repose que sur une chose : la propagande de la minorité qui asservit la majorité. Les gens deviennent conscients, résistants, parfois militants autodidactes face à toutes ces inégalités de traitement, et accumulent de la colère silencieuse. Ils n’ont pas fait l’ENA ou Science-Po, mais savent que si leurs factures augmentent, c’est parce que certains actionnaires l’ont décidé arbitrairement du haut d’une tour en verre. Le problème, c’est que demander aux élites de prendre en compte la rage des minorités qui gronde, c’est comme expliquer à un sourd qu’il faut qu’il entende.

 

J’attends ce moment où un enfant se rend compte qu’on se moque de lui, que le Père Noël n’existe pas, sans que les parents perchés dans leur tour d’ivoire, n’aient pu anticiper le déclic cognitif…Déclic qui se fera par les urnes ou avec violence. L’idéologie néolibérale vit ses derniers mois, c’est pour cela que ses tenants accélèrent le processus de libéralisation. La suite n’est plus qu’une question de temps. Nous sommes dans un bolide traçant dans le brouillard sans aucune visibilité. Les élections de 2012, pour ce qui est de la France, promettent peut-être de se montrer les plus intéressantes qui soient depuis 1958. Car chose qui ne s’est jamais produite, c’est la première fois que la gauche (« extrême ») socialiste semble unie et constructive sur un même front, autour d’un projet de société alternatif de taille. Agissons.

 

Samuel Moleaud.

http://sam-articles.over-blog.com

 

1. Selon les déclarations démagogiques d’un ineffable homme (d’affaires) politique un jour de campagne électorale pour la présidence, un homme innommable qui voulut devenir calife à la place du calife. La croissance avec les dents, qu’il y aille, c’est que la croissance, nombre de chômeurs, salariés, étudiants et travailleurs précaires l’attendent toujours… Ils se sont ravagés les dents sur le marché du travail et n’ont plus assez d’indemnités pour payer le dentiste.

2. http://www.bastamag.net/article1719.html.

3.http://www.presseurop.eu/fr/content/article/977471-va-droit-au-genocide-financier.

 

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22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 13:38

lesechos.fr

  22/01 | 12:59 | Etienne Lefebvre

Le ministre du Travail, qui ne prévoit pas d'embellie sur le front du chômage, table sur 150.000 à 170.000 recrutements de jeunes dans les TPE.

 

Ecrit par
Etienne LEFEBVRE
Etienne LEFEBVRE
Chef de service

Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a fait un pas de plus, ce matin, vers la simplification du recours au chômage partiel pour les entreprises. Lors du sommet social, mercredi dernier, l'Elysée avait, outre un abondement de 100 millions d'euros des aides de l'Etat, annoncé l'abaissement de 20 à 10 jours des délais d'instruction (et donc de paiement) par l'administration des demandes des entreprises. « Si les partenaires sociaux en sont d'accord, nous pourrions proposer de supprimer toute autorisation administrative, et donc tout délai », a déclaré Xavier Bertrand sur Europe 1, en préconisant une simple « déclaration » de l'employeur.

Le ministre du Travail doit faire un déplacement sur ce thème demain en Seine-et-Marne et devrait réunir les partenaires sociaux probablement avant la fin du mois. « L'important, c'est d'avoir toujours une consultation dans l'entreprise » afin de ne pas inquiéter les syndicats, estime-t-on rue de Grenelle. Après, une simple notification à l'administration suffirait (puisque l'idée est de toute façon que son autorisation sera tacite), avec la garantie d'un paiement des aides de l'Etat sous huit jours. Pas besoin de modifier la loi : un décret à faire paraître en février acterait de cette réforme.

Xavier Bertrand a par ailleurs indiqué que Pôle emploi commencerait à recruter « dès février » (l'opérateur va faire appel à 1.000 CDD supplémentaires) et qu'il n'anticipait pas d'amélioration sur le front du chômage, alors que les chiffres de décembre doivent être publiés mercredi : « Il n'y aura pas d'amélioration immédiate sur le front de l'emploi dans les mois qui viennent. Chacun le sait bien. Tant qu'il n'y a pas une conjoncture économique favorable, quand tous les indicateurs sont mauvais, vous ne pouvez pas avoir un seul indicateur, l'emploi, qui soit bon », a déclaré le ministre du Travail, ajoutant que pour le moment, « il faut éviter que le chômage explose ».

Il mise pour cela notamment sur le dispositif « zéro charge » pour les embauches de jeunes dans les TPE (moins de dix salariés), avec l'annonce d'un objectif de 150.000 à 170.000 recrutements sous six mois.

 

ETIENNE LEFEBVRE

 

 

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