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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 18:17
| Par Ellen Salvi

Délicate période que celle du « grand froid » pour les membres du gouvernement. Bilan du quinquennat oblige, les voici contraints de rendre des comptes sur l'un des rares engagements du candidat Sarkozy de 2007 en matière d'hébergement d'urgence. « Je veux, si je suis élu président de la République, que d’ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d’y mourir de froid », avait-il lancé en décembre 2006, à Charleville-Mézières, devant un public conquis. Cinq hivers plus tard, force est de constater que les belles promesses n'ont pas trouvé de toit politique.

 

Le bilan humain de la vague de froid qui traverse l’Europe depuis une dizaine de jours ne cesse de s’alourdir. Selon l’AFP, il atteignait, le mardi 8 février, les 470 morts, « toutes causes confondues », la plupart des victimes recensées étant des sans-abri. « En France, cinq SDF sont morts de froid depuis la semaine dernière, indique à Mediapart le président du collectif « Les Morts de la rue », Christophe Louis. La nuit passée, nos équipes de maraude ont appelé les pompiers pour deux cas d’hypothermie. En tout, nous avons dénombré 42 décès de sans-abri depuis le début de l’année, mais personne n’en parle. »


Pourtant, depuis que plus de 50 départements français sont passés en vigilance orange, les membres de la majorité sont bien forcés de s’exprimer sur le sujet. Méconnaissance de la problématique ou difficulté à défendre des résultats que plusieurs études remettent en cause, ils multiplient les déclarations empreintes de gêne ou d'approximations.

 

Représentant Nicolas Sarkozy lors du grand rassemblement organisé par la Fondation Abbé Pierre le 1er février, Henri Guaino, conseiller spécial du président, a défendu tant bien que mal le bilan de ce dernier : « Il faut tout faire pour parvenir à ce que plus personne ne soit obligé de dormir dans la rue, a-t-il affirmé. C’est un engagement moral, je regrette qu’on n’y soit pas parvenu comme Nicolas Sarkozy l’avait promis. »


Une semaine plus tard, c’est Claude Guéant, qui s’exprimait sur le sujet dans « La Matinale » de Canal + : « C’est clair qu’on n’a pas tout réglé, reconnaissait-il. Des choses ont été faites (…). La pauvreté a reculé en France, tous les chiffres le montrent. » En réalité, tous les chiffres, dont ceux de l’Insee, prouvent le contraire. De même, lorsqu’il assure que la complexité de la situation des SDF réside dans le fait qu’une grande partie d’entre eux refusent « d’aller dans les centres d’hébergement qui ont beaucoup de places », le ministre de l’intérieur prend, là encore, quelques libertés avec les faits.

« On ne peut éluder le fait que des dizaines de milliers de personnes dorment chaque nuit à la rue dans notre pays, peut-on lire dans un rapport parlementaire présenté le 26 janvier par les députés Arnaud Richard (UMP) et Danièle Hoffman-Rispal (PS). A l’issue de nos travaux, et sur le fondement des travaux de la Cour des comptes réalisés à la demande du CEC, nous considérons que le déficit du nombre de places d’hébergement au regard du nombre des personnes sans domicile (80.000 places pour environ 150.000 personnes sans domicile) implique l’ouverture d’un certain nombre de places nouvelles dans les zones tendues. »


«Il faut attendre qu’il fasse -10° pour que le gouvernement se réveille»

Dans son rapport dévoilé le 15 décembre, la Cour des comptes dénonçait déjà les insuffisances et incohérences de la politique lancée en 2009 pour l'hébergement des sans-abri dont « la population (...) s'est considérablement accrue » en dix ans, passant de 85.000 à 150.000 personnes. La même semaine, la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars), qui pilote l'Observatoire national du 115, rendait à son tour publique une autre étude, révélant que plus de 40 % des demandes d'hébergement faites au numéro d'urgence n'avaient pas été satisfaites en 2010. Des données confirmées par le baromètre sur le 115 de la fédération selon lequel « près de la moitié des appels (au 115) se sont soldés par une réponse négative » cet hiver.

 

Dans le Rhône, les non-attributions de places en foyers d'hébergement ont atteint jusqu'à 88 %, selon la Fnars. Cité par Le Monde, Baptiste Meneghin, administrateur dans le Réseau des professionnels de l'urgence sociale, indique qu'à Lyon, 113 personnes ont composé en vain le 115 dans la nuit du 6 au 7 février. La nuit suivante, elles étaient 105 à être comptabilisées « sans solution ». Bien que le secrétaire d'État au logement, Benoist Apparu, ait demandé, le 3 février, aux préfectures de satisfaire 100 % des demandes d'hébergement d'urgence, il semblerait donc que bon nombre d'appels restent encore sans réponse.

 

Un constat que le président du Samu social de Paris, Éric Moliné, a nuancé dans un entretien accordé au Nouvel Observateur : « A la suite d’une lecture erronée du rapport parlementaire, il a été dit qu’une demande sur deux restait sans réponse. Dans les faits, à Paris, le taux de traitement des appels oscille entre 2/3 et 3/4 », explique-t-il, avant de préciser qu’il « ne faut pas se focaliser sur le nombre de places ».

 

© Reuters/Pascal Rossignol 
© Reuters/Pascal Rossignol

« Notre analyse ne porte pas sur Paris où le tissu d’acteurs est assez resserré et où il y a un recours massif à l’hôtel, souligne le directeur général de la Fnars, Matthieu Angotti. Par ailleurs, il est vrai que nous sommes actuellement très proches des 100 % de mises à l’abri. Cela prouve surtout qu’il faut attendre qu’il fasse -10° pour que le gouvernement se réveille… »


« Quand on demande aux gens de rappeler deux heures plus tard ou que l’on propose de séparer les couples, ce n’est pas répondre à la demande, complète Christophe Louis des « Morts de la rue ». Et pourtant, ces cas-là ne sont pas comptés comme des demandes non abouties. Ils ont débloqué 16.000 places supplémentaires dans le cadre du plan "grand froid", mais qu’adviendra-t-il des personnes qui ont été hébergées lorsque le temps se sera adouci ? »

Un grand nombre de dysfonctionnements
«Urgence hiver 2011» ©Fondation Abbé Pierre 
«Urgence hiver 2011» ©Fondation Abbé Pierre

Outre le manque de places, les responsables associatifs déplorent un grand nombre de dysfonctionnements dans la politique menée par Benoist Apparu : manque de fluidité des parcours, absence de pérennisation des capacités d’accueil, absence de coordination des acteurs, mise en place précipitée du principe du « logement d’abord » au détriment de l’hébergement d’urgence, mauvaises conditions d’accueil de certains centres…

 

« Quand j’entends Nathalie Kosciusko-Morizet (ndlr - la ministre de tutelle de M. Apparu qui a visité, le 3 février, un centre d'hébergement dans le Val-de-Marne) dire qu’il y a des lits libres dans les centres alors que des personnes ne veulent pas s’y rendre, je ne peux que lui conseiller d’aller à la rencontre de ces personnes… », affirme Matthieu Angotti qui regrette le « manque d’ambition » du gouvernement sur le sujet. « Il y a un véritable désintérêt, confirme Christophe Louis. Le budget de l’hébergement d’urgence s’élève à 1,4 million. On voit bien qu’il ne s’agit pas d’une priorité. »


« Cela se ressent dans les différentes déclarations qui sont faites sur le sujet, poursuit le directeur général de la Fnars. Il y a une grande méconnaissance de la situation, à laquelle s’ajoute une volonté de ne pas faire peur aux classes moyennes en leur expliquant que le problème reste marginal et ne concerne qu’une poignée de personnes en situation très précaire. Ils font totalement l’impasse sur le spectre extrêmement varié des publics qui séparent les classes moyennes des personnes les plus fragiles. »


Aux regrets d’Henri Guaino et de Claude Guéant, se sont ajoutés des « couacs » qui n’ont fait que renforcer le brouillard qui entoure la politique actuelle d’hébergement d’urgence. Après Valérie Pécresse qui proposait en décembre dernier à l'Assemblée de puiser dans le Fonds d'aide au relogement d'urgence (Faru) pour équiper les polices municipales de gilets pare-balles (lire notre article sur le sujet), c’est la secrétaire d’État à la santé, Nora Berra, qui a fait parler d’elle en recommandant sur son blog aux sans-abri « d’éviter de sortir de chez eux ». Une maladresse qu’elle s’est empressée de rectifier et qui demeure anecdotique. Reste que le « désintérêt du gouvernement » que dénoncent les associations, lui, ne l’est pas.

 

 

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 18:12
Marianne - François Cocq et Magali Escot - Tribune | Jeudi 9 Février 2012 à 18:01

 

François Cocq et Magalie Escot du Parti de gauche, respectivement secrétaire national à l'éducation et membre du bureau national, reviennent sur le bilan Sarkozy en matière d'enseignement professionnel...



L’UMP à défaut de candidat est en campagne. Des colonnes du Figaro aux ondes de France-Inter, on voit Natacha Polony ou Morgan Marietti de l’Association nationale des apprentis s’escrimer à convaincre que Nicolas Sarkozy s’intéresse aux travailleurs et à l’éducation des enfants alors même que son bilan prouve le contraire. Leur cible pour cela : Jean-Luc Mélenchon, le porte-voix de la classe ouvrière, celui qui refuse l’hégémonie de l’apprentissage au détriment de toutes les autres voies d’accès à la qualification.

Selon eux, Jean-Luc Mélenchon et le programme du Front de gauche mépriseraient la voie de l’enseignement professionnel. Diantre ! En prenant la petite lorgnette de l’apprentissage, voie parmi d’autres, ils omettent volontairement le désastre causé par la politique du gouvernement dans les voies d’excellence des jeunes ouvriers. Car ce sont 71 lycées professionnels qui ont été fermés sous le règne Sarkozy. Ce sont des dizaines de filières qui ont disparu de territoires entiers, poussant les familles dans les bras des marchands et des établissements privés. C’est la voie technologique qui a été sacrifiée sous couvert de restructuration. Ce sont des savoirs faire qui disparaissent totalement de l’enseignement public. N’en déplaise à Mme Polony,  c’est la politique de Nicolas Sarkozy qui entraîne la « déperdition des savoirs professionnels » dont nous sommes accusés.

Les rôles ne sauraient être renversés. Mme Polony trouve « choquant qu’un enfant d’ouvriers ait presque deux fois moins de chances qu’un enfant de cadres d’obtenir son baccalauréat ». Faut-il lui rappeler que c’est la réforme du bac professionnel, le passant de 4 ans à 3 ans, qui a causé l’augmentation du taux d’échec ? Non Mme Polony, 4 ans est le temps qu’il faut pour assimiler le haut niveau de savoir qui est enseigné dans nos établissements justement parce que nous revendiquons un haut niveau de qualification pour la classe ouvrière de notre pays. L’exigence de 80 % d’une classe d’âge au bac ne doit pas s’arrêter aux portes du bac général !

Le projet que nous portons d’un pilotage unique des enseignements professionnels entraîne la fluidité nécessaire qui permettra à un jeune de pousser le plus loin possible son niveau de qualification : à chaque obtention de diplôme on lui propose la qualification supérieure et on lui offre la possibilité d’y accéder. N’en déplaise aux tenants du libéralisme, pour nous, le diplôme délivré par l’Etat reste l’unique qualification permettant au travailleur de passer d’un poste à un autre. Il est le moyen, par la reconnaissance dans les conventions collectives, de fixer les grilles de salaire. Nous ne sommes pas l’Allemagne, la République française n’est pas la « République contractuelle » : la loi sociale est la même pour tous et l’ouvrier n’est pas celui d’une entreprise mais celui de la Nation.

Pour le Front de gauche, le diplôme et le haut niveau de qualification sont ce dont le pays a besoin pour maintenir son niveau de performance économique et répondre aux nouveaux défis du futur et aux objectifs de la planification écologique. Voilà une ambition autrement plus élevée que celle de copier l’Allemagne pour faire bon genre. Souvenons-nous que lors des changements technologiques de l’appareil de production, ce sont les travailleurs français qui se sont adaptés plus facilement et rapidement grâce à leur niveau de qualification et de culture et suscitaient l’admiration outre-Rhin.

Alors bien sûr nous ne sommes pas dupes. Ce n’est pas le bien-être des jeunes et les droits des salariés qui sont au cœur de ce débat. Les libéraux cherchent par contre à envoyer le plus de jeunes possible en apprentissage car ils visent à une déscolarisation d’une partie de la jeunesse, une marchandisation et un transfert vers les régions des « coûts ». Il n’a pas échappé au président de la République et à ses porte-plumes que l’apprentissage sort les jeunes du statut scolaire. Ils n’entrent dès lors plus la première année dans les chiffres du chômage, alors même que 25 % des contrats sont rompus les premiers mois. De quoi ravir les agences de notation !

Surtout, ce sont bien Sarkozy et ses sbires qui méprisent la voie de l’apprentissage ! Ce sont eux qui souhaitent lui faire porter la totalité de la voie professionnelle. Ils nient ainsi sa spécificité et son apport. Ils occultent le fait que ce n’est pas une méthode de masse généralisable à tous les jeunes et à toutes les professions. Nombre de métiers sont incompatibles avec l’apprentissage « sur le tas », à moins de demander à chaque patron d’ouvrir une école dans chaque entreprise, d’y mettre un maître et de laisser les jeunes s’exercer sur les machines… Mais pour cela, les patrons eux-mêmes nous sont gréés de nous en occuper dans l’Education nationale !

L’argument de mauvaise foi le plus incongru revient une fois encore à Mme Polony : « Jean-Luc Mélenchon insulte les classes populaires ». Or que propose le Front de gauche pour les classes populaires, c'est-à-dire les travailleurs de notre pays ? Des diplômes qualifiants reconnus dans les conventions collectives (et non des certifications) et donc la possibilité d’avoir des contrats de travail. Des salaires augmentés (avec la revendication de l’augmentation du SMIC à 1.700 euros qui entraînent toutes les grilles de salaire vers le haut). La retraite à 60 ans pour tous. Des droits pour les salariés dans les entreprises. La décriminalisation de l’action syndicale…

Tous les efforts des bien-pensants pour faire croire que Sarkozy serait aux côtés des salariés seront vains. Les travailleurs, eux, ne se tromperont pas. Leur haut niveau de qualification et de culture commune leur donne la possibilité de lire des programmes et de choisir lors de ces élections ! Place au peuple.
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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 17:47

LEMONDE.FR | 09.02.12 | 08h35

 
 

 

Dans le réfectoire de l'association la Mie de pain, à Paris, le plus grand centre d'hébergement d'urgence de France.

Dans le réfectoire de l'association la Mie de pain, à Paris, le plus grand centre d'hébergement d'urgence de France.AFP/OLIVIER LABAN-MATTEI


La préfecture du Rhône l'avait pourtant assuré : "personne ne reste à la rue". Mais en réalité, dans la nuit du 6 au 7 février à Lyon, cent treize personnes ont composé le 115, le numéro d'urgence sociale, sans recevoir de solution d'hébergement. La nuit suivante, ce chiffre s'est stabilisé à cent cinq personnes, affirme Baptiste Meneghin, administrateur dans le Réseau des professionnels de l'urgence sociale. "Dans l'impossibilité, faute de solutions d'hébergement, de prendre en charge toutes les personnes à la rue à Lyon, inquiets pour la survie des hommes, femmes et enfants demeurant à la rue, nous, professionnels de l'urgence sociale, lançons un cri d'alarme. Va-t-on attendre le premier mort de froid à Lyon pour daigner s'émouvoir de cette situation ?", s'inquiète l'association. 

Pour Baptiste Meneghin, depuis que Benoist Apparu a prié les préfectures de satisfaire 100 % des demandes d'hébergement d'urgence le 3 février, "les préfets sont entrés dans un déni de la réalité". A Lyon, la préfecture a finalement confirmé cette centaine de demandes non pourvues, alors que la chute des températures justifiait le déclenchement du niveau 2 du plan grand froid. Elle a expliqué à l'Agence France Presse que ces personnes "avaient une solution, même précaire, en logeant dans de la famille ou chez des amis, par exemple". Impossible, réagit le travailleur social : elles n'auraient pu être comptabilisées comme "sans solution" si elles avaient signalé, justement, une solution alternative. "A moins qu'une cage d'escalier ou une voiture soient considérées comme des solutions alternatives...", raille-t-il.

La préfecture du Rhône a également argué que "certaines personnes sont orientées vers les places disponibles et ne s'y présentent pas, ou alors elles visitent les lieux et repartent". Là encore, Baptiste Meneghin tique. Selon lui, si des places sont parfois laissées vacantes dans les lieux d'accueil ouverts en urgence, c'est, sauf cas marginaux, à cause de problèmes d'organisation : un gymnase qui ouvre dans un quartier difficile à trouver, le signalement trop tardif de personnes qui ne se sont pas présentées...

 

 

TRÈS PEU DE REFUS À PARIS 

S'il est difficile de vérifier le nombre réel de demandes d'hébergement non pourvues dans le reste de la France, la situation semble avoir été mieux anticipée à Paris. Car la capitale dispose d'un grand réservoir de places qu'elle ouvre uniquement en situation d'urgence, note Baptiste Meneghin. Selon ses informations, une dizaine de personnes sont toutefois restées sans solution d'hébergement malgré leur appel à l'aide, chaque nuit depuis le début du plan grand froid. La préfecture affirme elle que toutes les demandes ont pu être pourvues, depuis que 1 512 places ont été ouvertes spécialement pour ce volet 2 du plan grand froid. 

"Nous n'avons aucune remontée de personnes qui voudraient être logées et qui ne le peuvent pas, affirme Didier Piard, directeur de l'action sociale à la Croix-Rouge. Le seul souci c'est, au contraire, notre capacité à aller vers les gens qui ne demandent rien, et même qui ne veulent pas quitter leur abri dans des campings, des endroits isolés, ou par exemple les tentes au bois de Vincennes."


DES MISES À L'ABRI TRÈS PRÉCAIRES ET TEMPORAIRES

Comment expliquer, alors, que chacun – ou presque – trouve un toit en ces nuits glaciales quand le manque criant de places d'hébergement d'urgence a été récemment relevé par divers rapports ? Pour mémoire, après un dossier de la Cour des comptes qui préconisait, mi-décembre, d'augmenter les moyens dans l'hébergement d'urgence, un rapport du député UMP Arnaud Richard avançait, fin janvier, le chiffre d'un déficit de 70 000 places. En janvier aussi, le baromètre sur le 115 (PDF) de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale montrait que cet hiver "près de la moitié des appels [au 115] se sont soldés par une réponse négative". Dans certains départements, les non-attributions de places en foyers d'hébergement peuvent même atteindre 65 %, jusqu'à 88 % dans le Rhône et 91 % dans la Loire, selon la Fnars. Le premier motif de ces refus est l'absence de places disponibles.

Car il ne faut pas confondre les places d'hébergement d'urgence et les "mises à l'abri", qui entrent en jeu dans le cadre du plan grand froid. Ici, il s'agit de lits dans des gymnases, des salles municipales, des locaux d'association... Bref, un dispositif précaire et temporaire, souvent improvisé, et qui disparaîtra dès la fin du dispositif d'urgence. A Toulouse, Pierre Cabanne, infirmier de rue dans l'équipe mobile sociale et de santé, note que le plan a permis de "caser 122 personnes" – même si c'est "plusieurs familles dans un bungalow, sans intimité, ou des lits de camp dans un gymnase qu'il a fallu quitter car il y faisait 10 °C". Mais il n'oublie pas la suite : "ce sont 122 personnes qui seront à la rue dès que la température remontera au-dessus de zéro, et qui correspondent à peu près au taux de refus du 115 en temps normal".

>> Lire le reportage : "L'hébergement d'urgence, une affaire de saison"

Angela Bolis

 


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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 18:14

Effet du discours alarmiste sur la crise financière : les projets pour l’élection présidentielle font l’impasse sur la grande précarité. Ils exposent leurs solutions pour sortir de la crise, pour booster l’économie et créer des emplois. Mais rien, ou presque, pour ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté (1).


 Et pourtant, cette question est au cœur du débat public : et pas seulement parce que chaque hiver les télévisions s’intéressent un peu plus aux SDF. De nombreux ouvrages sont parus, consacrés aux inégalités et stigmatisant une « oligarchie » renforcée. La plupart ont connu de vrais succès de librairie. Le Président des riches (2) décortique, jour après jour, toutes les mesures imposées par Nicolas Sarkozy pour favoriser cette oligarchie. Le temps des riches (3) s’en prend également à cette « démesure » des riches qui ont fait sécession et qui mettent à mal ce qui fait société. La société des égaux (4) décrit la gravité des inégalités et s’en inquiètent, de la part pourtant d’un auteur qui en avait appelé, jadis, à la fin de l’Etat-providence. Des rapports officiels (5) lancent, dans le silence, des alarmes quant à l’accroissement des inégalités. Des associations signalent la montée incessante de la précarité : toujours plus de personnes fréquentant les Restos du Cœur, le Secours Populaire, le Secours Catholique, la Croix-Rouge, l’Armée du salut. L’Union nationale des centres communaux d’action sociale assiste à une demande croissante d’aides financières et d’aides alimentaires (6). Le Crédit municipal de Paris, l’ex-Mont de Piété, voit le fossé se creuser, avec d’un côté « des pauvres de plus en plus pauvres » et de l’autre « des riches de plus en plus riches » « qui font s’envoler les enchères », écrivait le Monde le 12 janvier. Les travailleurs sociaux des conseils généraux sont de plus en plus sollicités par des familles qui galèrent et ne parviennent plus à finir le mois. Le magazine Marianne a consacré un dossier de 16 pages d’enquête sur les 8 millions de Français qui vivent avec moins de 1000 € par mois (7). Le cinéma n’est pas en reste, avec Le Havre ou Louise Wimmer.

 

Inutile ici de revenir sur les excès des plus riches. Ils sont si provocants que l’on assiste désormais à une tentative de dissimulation : François Fillon bataillant sur France 2 le 2 février pour accréditer l’idée qu’il n’a pas gouverné en leur faveur, Bernard Arnaud, dans un documentaire sur France 5, cherchant désespérément à ne pas se la jouer bling-bling.

 La pauvreté, comme l’écrit Robert McLiam Wilson dans Les possédés (8), n’est pas difficile à définir : c’est « un état de besoin ou de privation qui interfère gravement avec la vie d’un individu ». Ne pas pouvoir travailler, ne pas se nourrir correctement, se vêtir décemment, se loger dignement, assurer l’avenir de ses enfants : c’est le sort de « ceux dont la vie est diminuée par le manque d’argent ». Pauvreté mesurable, mais qui évaluera l’impact de ce manque dans le quotidien de ceux qui la subissent (angoisse, colère, violence, perte du désir : d’agir, de se battre, de rencontrer l’autre) ?

 Nicolas Sarkozy invitait les Français le 1er janvier 2010 à redonner « sens au beau mot fraternité » et promettait qu’avec le RSA il réduirait la pauvreté d’un tiers au cours du quinquennat. On sait qu’il n’y est pas parvenu, que sa politique allait à l’encontre de cette promesse et que le nombre d’enfants pauvres a, lui, augmenté d’un tiers depuis 2007, selon Eurostat.

Cette réalité est à la fois affichée et cachée. On ne peut dissimuler une réalité connue de tous, qui affecte un nombre grandissant de citoyens et qui plombe toute une catégorie de la population redoutant de plonger dansla précarité. Mais on cherche aussi à minimiser, sous prétexte que les « classes moyennes » (9) feraient les frais des aides accordées aux plus démunis.

 Ceux qui sont sensés avoir des projets politiques plus sociaux se fondent sur l’éternelle idée que l’économie favorisera le social : créons de l’emploi et la pauvreté sera réduite de surcroît. Par ailleurs, ils redoutent le fameux effet ciseaux, une trop grande proximité du minima social avec le SMIC (ce qui fait déjà dire à tant d’« experts » qui n’ont jamais été au chômage que cela n’incite pas à rechercher du travail).

 En attendant, qui peut vivre chaque mois avec 742,27 € (minimum vieillesse) ou 743,62 € (allocation d’adulte handicapé) ? Quand le seuil de pauvreté est à 954 €. Quand les tribunaux considèrent le plus souvent, en cas de surendettement, que la personne, toutes charges déduites, devrait disposer d’environ 650 € par mois pour vivre (c’est la notion officielle du « reste à vivre » dont on parle peu dans les médias). Quand plus de la moitié des ménages pauvres n’ont qu’un à cinq euros par jour pour vivre. A fortiori lorsqu’une personne seule, sans ressources, perçoit 417,94 € de RSA.

 Ou notre société considère que ces « bénéficiaires » abusent de leur situation, sont des tire-au-flanc (comme certains discours le laissent entendre) : alors la solution serait de supprimer ce type d’allocation.

Ou elle reconnaît que la quasi-totalité d’entre eux souffre de cette situation, est victime d’un système économique injuste qui les rejette sur le bord de la route, pire : qui les maintient sous le seuil de pauvreté, plus bas que terre. Qui les contraint à se débrouiller pour survivre, parfois hors dela légalité. Alorsce ne sont pas les « prêcheurs de compassion » (Nietzsche) qui doivent avoir droit de cité, ceux qui agitent le pauvre pour effrayer les moins pauvres, mais, dans une démocratie moderne, ce sont aux dirigeants politiques d’agir. Pour protéger ces citoyens de la violence qui leur est faite. Pour empêcher qu’un nombre croissant d’hommes, de femmes, d’enfants ne puisse vivre dansla dignité. S’ils ne le font pas pour des raisons morales, qu’ils le fassent par intérêt : car la condition qui est imposée à ces populations est une grave menace pour l’équilibre de la société.

 La solution réside certainement dans une réforme fiscale, une politique du logement social, une économie dynamique, une réelle politique de redistribution. Mais avant que cela ne soit accompli, les minima sociaux doivent être relevés : non pas en fonction d’une moyenne ou d’une médiane de revenus, mais en fonction d’unminimum vitalà définir, qui tienne compte des besoins élémentaires dans le contexte actuel. Ce minimum pourrait rapidement être établi en s’appuyant sur tous les travaux effectués sur cette question du « reste à vivre » évoqué plus haut ainsi que sur les budgets de base des ménages servant de référence dans divers dispositifs. Il y a urgence.

Yves Faucoup

Ancien directeur de l’action sociale d’un Département, consultant et enseignant en action sociale

 

 (1) Le programme d’Europe-Ecologie Les Verts propose bien une revalorisation de 50 % des minima sociaux et à terme un « revenu universel inconditionnel individuel » garantissant à chaque citoyen 80 % du SMIC, mais le moins que l’on puisse dire est que la campagne électorale n’insiste pas sur cet aspect.

(2) Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Zones-La Découverte, 2010

(3) Thierry Pech, Seuil, 2011

(4) Pierre Rosanvallon, Seuil, 2011

(5) Inégalités sociales de santé dans l’enfance, IGAS, 2011

(6) Enquête baromètre, UNCCAS-Gazette Santé-Social, 2011

(7) n° du 28 janvier

(8) Edition anglaise, 1992 ; Christian Bourgois, 2005

(9) Cette notion de « classes moyennes » est une escroquerie qui tend à faire l’amalgame entre des gens modestes un peu moins pauvres que les plus pauvres, et de gens aisés un peu moins riches que les plus riches.


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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 15:26
Marianne - Lait d'Beu - Blogueuse associée | Mardi 7 Février 2012 à 12:01

 

Une hausse de l'impôt sur le revenu s'annonce. Cette année, la mesure concernera aussi des familles jusqu'alors non imposables. La blogueuse Lait d'Beu revient sur les enjeux de cette future augmentation dont on ne prend conscience qu'aujourd'hui.



Bingo ! Nous étions quelques blogueurs - dont Joël de La République du peuple - à avoir soulevé un sacré lièvre : à savoir dénoncer les conséquences - arithmétiquement aussi prévisibles que le nez au milieu de la figure - du gel des tranches d’impôt relativement à l’inflation. N’en déplaise au Parisien « Impôt sur le revenu : la hausse que personne n’a vu venir » (6 fév. 2012). Nul doute que les con…tribuables ne seront guère emballés !
 
Calculette en main, je m’étais amusée - si l’on peut dire - à évaluer les augmentations d’impôts qui pourraient en résulter mécaniquement par le seul fait du passage dans la tranche d’impôt supérieure pour une augmentation de salaire (Smic ou autre). Mes calculs concernant un salarié célibataire… Pour les couples avec ou sans enfants, il faut tenir compte du quotient familial.
 
Drôlement gratinées les hausses d’impôt ! Je vous renvoie à l’article correspondant « Drôlement fortiche le candidat Sarkozy : il nous promet de faire en 100 jours ce qu’il n’a pas réussi pendant 5 ans ! » (6 janvier 2012).
 
Mesure passée quasi inaperçue dans la presse. De même manière au demeurant que la plupart des journalistes ne faisaient état que de l’augmentation de la taxe sur les mutuelles sans souligner que cette mesure frappait TOUS les contrats d’assurance, ce que j’avais pourtant lu noir sur blanc sur un article du Monde.
 
Or, je tombe ce matin sur un article du Monde tout frais pondu « Hausse de l'impôt sur le revenu pour des milliers de foyers » (6 fév. 2012). Au passage, je me permets de relever que le journaliste n’y connaît pas grand-chose en matière de fiscalité des personnes non imposables : « Les familles non imposables, outre le fait de goûter pour la première fois aux joies de la feuille d'impôts »… Hein ? Ces bobos ! Car il saurait que nous sommes astreints à remplir la déclaration fiscale comme tout un chacun et que nous recevons une feuille d’impôts sur le revenu, de la même façon, à la différence qu’il s’agit d’un « avis de non-imposition ».
 
Or donc, pour les contribuables jusqu’alors exonérés d’impôts sur le revenu, la différence sera de taille - XXL sachant que cela grèvera un budget déjà super-serré (comme la ceinture mise en permanence).
 
Effectivement, selon le Syndicat national unifié des impôts qui s’est livré à ces calculs : « un couple gagnant chacun le smic sur treize mois verra son impôt sur le revenu grimper de 60 euros. Plus les revenus sont faibles, plus la hausse d'impôt est douloureuse »… J’ai lu sous l’article du Monde un gentil bobo affirmant que cela ne fait jamais que 5 € par mois. « Bienheureux les riches » (et pas seulement « en esprit ») qui ne sont pas à 5 € près ! Ils ne savent qu’en fin de mois, l’on gratte les fonds de poche et de tiroirs.
 
En n’ayant garde d’oublier que ce nouveau prélèvement s’ajoutera à l’augmentation de la TVA à taux réduit, plus toutes les autres et diverses augmentations de tarifs et autres diverses taxes. Plus la TVA dite « sociale » qui ne prendrait effet qu’en novembre. L’automne risque de n’être pas franchement jouissif chez Monsieur et Madame Pauvre non plus que dans la famille Toulemonde ! Mais du moment que Sarkozy « ne désespère pas Bettencourt ». Hein ?
 
Toujours est-il que comme l’écrivent Boris Cassel et Séverine Cazes dans Le Parisien « La surprise va être de taille pour 100 000 à 200 000 foyers français. Alors qu’ils étaient jusqu’ici dispensés d’impôt sur le revenu, ils devront en septembre envoyer un chèque au fisc ». Mais ce n’est pas tout !
 
En effet, les familles non imposables vont perdre d’autres avantages non négligeables : « des tarifs de cantine aux réductions dans les transports » lis-je sur Le Monde. Les voies de la guerre contre « l’assistanat » sont impénétrables. Haro sur les « salauds de pauvres »… Ce qui était considéré comme une « mesurette » s’annonce fort douloureux.
 
J’avais écrit à cette occasion que le gouvernement avait augmenté le Smic à deux ou trois reprises cette année de cadeau électoral mais qu’il reprendrait d’une main ce qu’il avait donné de l’autre. Je ne me trompais pas. Sans doute le cul-bénit François Fillon se sera-t-il souvenu de l’Evangile « la main droite doit ignorer ce qu’a donné la main gauche ». Soit mais selon l’exégèse, ce serait uniquement afin de n’être pas tenté de tirer gloire de sa générosité… Générosité qui lui fait cruellement défaut. Oublieux d’un autre précepte qui m’est particulièrement cher : « Ce que tu feras au plus petit d’entre nous, c’est à moi que tu le feras ».
 
A priori, je ne devrais pas être concernée, ma petite retraite n’ayant pas été beaucoup augmentée. Mais cela ne m’empêche nullement d’être en colère pour tous ceux qui auront à en souffrir.
 
La mauvaise surprise n’arriverait qu’en septembre, au moment de recevoir l’avis d’imposition. Mais aujourd’hui les contribuables sont amplement avertis et il m’étonnerait qu’en remplissant leur déclaration d’impôts ils ne calculent pas ce qu’ils devront verser… Un contribuable averti en vaut deux et j’espère que Sarkozy et sa bande de Raptout se tirent ainsi une nouvelle balle dans le pied.
 
L’Etat devrait gagner 1,7 milliard d’euros dans cette embrouille. Je ne peux m’empêcher de penser au savoureux Jules Renard qui écrivit - précisément au sujet de l’impôt sur le revenu - « que le plus grand tort des pauvres était qu’ils étaient autrement nombreux que les riches ». Rien de nouveau sous le soleil. Qui ne brille pas de la même façon pour tout le monde.

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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 15:20
Rue89 - Sylvain Gouz  Journaliste  - Publié le 06/02/2012 à 03h46

 

Au secours, les riches s'en vont ! Sur les bords du lac Léman comme sur les pentes de Gstaad, au Liechtenstein comme au Luxembourg, les banquiers et les agents immobiliers se frottent les mains par avance : la victoire (éventuelle) de François Hollande va leur amener une clientèle supplémentaire, celle des NEF, les nouveaux exilés fiscaux.

Quant à la France, il ne lui restera plus que ses yeux pour pleurer : finies les files d'attente devant chez Fauchon, terminées les réservations « urgentes » d'une table chez Lucas-Carton, désertée la place Vendôme, à la rue les femmes de chambres et valets particuliers, ruinés les tailleurs et autres fleuristes de luxe... A écouter une partie de la droite, c'est l'économie française qui se détricotera… par le haut.

Les NEF, une fantasmagorie sarkozienne

Voilà la fantasmagorie qui monte dans les rangs sarkoziens : les riches s'en vont ! A force de les clouer au pilori, de les taxer, de les retaxer, puis de les surtaxer, les voilà qui se renseigneraient d'urgence auprès de leurs avocats – « cher Maître, expliquez-moi comme payer ses impôts en Suisse ? » Les troupes des futurs NEF se prépareraient à entonner le chant du départ et à priver notre pays de leurs précieuses dépenses.

Cette description est à peine caricaturale, je vous l'assure, pour l'avoir entendue maintes fois ces derniers temps ; il faut remettre un peu de raison dans tout cela. De quoi nos hyper-riches auraient-ils si peur ?

Le taux de la tranche supérieure du barême de l'impôt sur le revenu passerait avec Hollande de 40 à 45%, à comparer au même 45% chez notre « modèle » allemand, au 50% – quelle horreur ! – en Belgique comme en Grande-Bretagne, et tout de même aux 40% suisses. Et je vous épargne tout commentaire sur les 59% du Danemark ou de la Suède. Alors pourquoi feraient-ils leurs valises, pourquoi devenir NEF ?

Le gentil Président sortant

Le possible futur Président de gauche entendrait, en plus :

  • s'en prendre, en plus, à leurs niches fiscales – qui permettent par exemple de déduire une partie des frais d'emplois à domicile ;
  • rétablir l'impôt sur la fortune à ce qu'il était jusqu'en 2011 ;
  • taxer les revenus du capital (actions obligations, assurance-vie) comme ceux du travail (salaires, prestations...).

Ce n'est pas comme le Président sortant qui, dans sa grande mansuétude, a sagement taxé les pauvres :

  • relèvement du taux réduit de la TVA de 5,5 à 7% puis du taux normal de 19,6 à 21,6% ;
  • taxe sur les mutuelles ;
  • gel des barèmes des prestations sociales et de l'impôt sur le revenu...

Puis, dans un « deal » bienvenu, il a dû échanger le bouclier fiscal – quelle merveille ! – contre un allègement de l'ISF et au passage un mini-impôt exceptionnel et surtout provisoire sur les hauts revenus.

Tout cela n'est pas très sérieux. Comme le démontre Thierry Pech dans « Le Temps des riches », voici un certain temps que la classe des hyper-riches a fait sécession de la société française. Les y réintégrer un peu, ne serait-ce qu'un petit peu, par une plus ample participation aux dépenses communes, serait plutôt une bonne chose – y compris pour leur propre intérêt citoyen bien compris.

Toujours acheter français par Internet

Depuis les lendemains de la guerre, disons 1950, la France a connu une croissance quasi-continue – à peine trois ans de petite récession. Autant dire que, dans sa globalité, ce pays n'a jamais été aussi riche… et pourtant, il n'y a jamais eu autant de pauvreté en France.

Alors, partiront, partiront pas nos hyper-riches ? Cessons de nous faire peur. Si jamais quelques-uns s'installent vraiment à Davos, rassurons-nous, ils pourront commander leurs sacs Vuitton en France par Internet…

 

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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 15:09

 

LEMONDE.FR avec AFP | 06.02.12 | 19h41

 
 

Le prix du tabac va augmenter de 7,6 % au 1er octobre avec le relèvement de la TVA de 1,6 point, combiné à une hausse des prix de 6 % prévue antérieurement, a annoncé le ministère de l'économie.

"Il y avait une augmentation prévue de 6 % au 1er octobre", à laquelle il faut ajouter l'augmentation de la TVA de 1,6 point annoncée par le gouvernement, explique le ministère de l'économie, confirmant partiellement une information du Figaro.fr.

Cette décision représente une atténuation de l'augmentation qui aurait dû avoir lieu à l'automne si les deux mécanismes de hausse s'étaient appliqués normalement. Selon Le Figaro, la hausse pour le fumeur aurait été supérieure à 10 %. Samedi, le ministère avait admis "réfléchir" à "réduire l'effet démultiplicateur de la hausse de la TVA sur le tabac par le biais d'un abaissement des droits de consommation (la fiscalité perçue par l'Etat) sur le tabac".

"Effectivement il y a une baisse du taux des droits à la consommation de 64,25 % à 63,31 %", explique-t-on à Bercy. Finalement, l'opération se soldera par "une hausse des recettes pour l'Etat de l'ordre de 60 millions d'euros en 2012", ajoute-t-on au ministère.

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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 14:50

LEMONDE | 07.02.12 | 15h09

 
 

Si les statistiques font défaut, certaines études et le ressenti d'observateurs sociaux sont autant de signaux d'alerte d'une hausse des suicides liés à la crise.

La revue médicale britannique "The Lancet" publiait le 9 juillet 2011 une étude soulignant la forte hausse des taux de suicide en Europe depuis le début de la crise. Dix des 27 pays de l'Union européenne disposent de chiffres pour la période 2007-2009 (ce qui exclut la France), durant laquelle le chômage a cru de 35 % en Europe : dans 9 de ces 10 pays (Autriche exceptée), le taux de suicide a augmenté d'au moins 5 %, alors qu'il diminuait partout avant la crise. La hausse est de 8 % en Grande-Bretagne, de 13 % en Irlande... En Grèce, une étude sur la période 2008-2011 note une hausse de 40 % des suicides.

L'Institut de veille sanitaire (INVS) comparait, en décembre 2011, les tentatives de suicide entre 2005 et 2010, et observait une "tendance à la hausse des tentatives de suicide au cours des douze derniers mois" : 0,5 % des interrogés déclaraient en avoir fait une, contre 0,3 % auparavant. Parmi les premiers facteurs de risque soulignés : le chômage.

SOS amitié reçoit chaque année 11 000 appels liés au suicide. Depuis deux ou trois mois, l'évocation des problèmes liés au travail est de plus en plus fréquente. "Nous avons l'impression d'entrer dans le coeur de la crise. La situation se durcit pour nos appelants, ils sont en souffrance psychique. "

Technologia, cabinet de prévention des risques psychosociaux, a traité 73 crises suicidaires en entreprise ces cinq dernières années. "Depuis 2007, nous constatons une hausse des crises suicidaires", alerte son directeur, Jean-Claude Delgènes, qui remarque une "accélération depuis septembre". "C'est comme si l'eau montait, et qu'on ne la voyait pas monter. (...) La quarantaine de personnes qui travaille pour mon cabinet est assaillie d'exemples. Les avocats nous rapportent des drames liés au surendettement. Les syndicats nous racontent ce dont personne ne parle, ces suicides qui interviennent quelques mois après les plans sociaux, comme chez Moulinex ou Cellatex... "

Si le travail demeure globalement protecteur vis-à-vis de la tentation suicidaire (les chômeurs en précarité se suicident deux fois plus que les actifs employés), "certaines organisations du travail engendrent des stress chroniques, qui peuvent conduire à des dépressions sévères, donc à des possibilités de passages à l'acte". C'est, selon lui, le cas dans le secteur sanitaire et social, aux avant-postes de la crise, où l'on demande toujours plus à des salariés disposant de moins de moyens.

>>> Lire l'article "La hausse des suicides liés à la crise, une réalité ignorée"

Pascale Krémer

 


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6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 12:53
| Par La rédaction de Mediapart

Plusieurs organisations syndicales du transport aérien, dont le syndicat des pilotes de ligne (SNPL), appellent à une grève de quatre jours pour protester contre la proposition de loi UMP visant à limiter le droit de grève dans l'aérien, inspirée de celle de 2007 qui s'applique aux transports terrestres (SNCF et transports en commun), qui n'assure pas de «service minimum» (pas de réquisition).

Le texte de la majorité entend imposer l'obligation, pour chaque salarié, de se déclarer individuellement en grève au moins 48 heures à l'avance, afin que la compagnie puisse le remplacer et/ou informer les passagers des perturbations du trafic avec 24 heures d'avance.

Air France prévoit d'assurer «plus de 85 %» des vols long-courriers et «plus de 80 %» des vols vers la France et l'Europe.

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6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 12:49

Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l'homme, revient sur le souhait de Xavier Bertrand, ministre du travail, de voir dans la presse les noms des fraudeurs aux allocations sociales, qui dessine «une justice dont la vertu tiendrait strictement à sa nature répressive, voire terrorisante».


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puceinvite.jpg«Il ne s’agit pas d’être dur pour être dur, il s’agit tout simplement d’être juste.» Ce truisme est gouvernemental; l’air vif des Vosges a, semble-t-il, ce genre d’effet stimulant sur les ministres en recherche d’échos médiatiques. Ce jeudi 26 janvier dernier, donc, Xavier Bertrand, encore en charge du Travail et débonnaire comme toujours, livre à la presse sa modeste contribution à l’entreprise élyséenne de récupération de voix portées sur le muscle, l’ordre et la muselière.  

 Confronté aux périls qui menacent les équilibres macro-économiques du pays, au chômage persistant et croissant, aux périls qui planent sur l’emploi industriel et ainsi qu’à quelques autres broutilles, Xavier Bertrand récidive sans hésitation et pointe du doigt un cancer majeur: les fraudeurs aux allocations sociales. Prenant le taureau par les cornes, il suggère – à titre de mesure dissuasive– que les noms des dits fraudeurs soient publiés dans la presse. Tout en précisant dans la foulée que ladite publication devrait suivre –et non précéder– une décision judiciaire. On respire… 

 La fraude sociale n’est certes pas un mal à prendre à la légère, puisque la Cour des comptes l’estime entre deux et trois milliards d’euros par an. Reste que c'est peu au regard des fraudes aux cotisations –largement dues aux employeurs mauvais payeurs et au travail au noir–, estimées entre 8 et 15,8 milliards d’euros. «Moi, je mets la même énergie à traquer les salariés qui fraudent qu’à traquer les patrons qui ont recours au travail dissimulé», avait d’ailleurs assuré en son temps le ministre du Travail dans Direct Matin. On ne sache pas, pourtant, qu’il ait proposé de rendre publique par voie de presse l'identité des employeurs fraudeurs. On croit même garder le souvenir lointain d’une liste d’entreprises «mauvaises élèves» au chapitre de la responsabilité sociale, affichée sur le site Internet du ministère de l’Environnement et qui en avait prestement été enlevée. Xavier Bertrand était alors ministre en charge; sans doute la méthode avait-elle été jugée, pour le coup, «dure pour être dure». 

 Quelques années plus tard et à l’orée d’une présidentielle difficile, brandir la menace d’une peine de publication redevient donc tendance. On frémit à l’idée de ce que pourrait entrainer sa mise en œuvre, fatalement élargie. Pourquoi la justice se cantonnerait-elle en effet aux seuls «fraudeurs»; les surendettés, petits délinquants, toxicomanes et contrevenants au code de la route auraient très vite, eux aussi, l’honneur douteux de la publication, sans parler, car cela va sans dire, des délinquants sexuels. Dénoncés par l’Etat à la vindicte populaire et sans aucun droit à l’oubli, tous ces «voleurs du peuple» devraient le cas échéant affronter la conception de la justice de leur voisinage… Cela ne sent pas encore le bûcher, mais le goudron et les plumes ne sont pas loin.  

Xavier Bertrand est trop ministre pour l’ignorer et sa sortie n’en est que plus ignoble. Du moins a-t-elle le mérite de nous renseigner sur l’ordre social qui lui est cher, dur aux faibles et compréhensif aux puissants.

Elle dessine également sa vision de la justice, une justice dont la vertu tiendrait strictement à sa nature répressive, voire terrorisante. Cette conception s’est largement traduite durant la législature par plusieurs dizaines de modifications du code pénal et la multiplication de gadgets sécuritaires allant de la systématisation de la vidéo surveillance aux «voisins vigilants». Qu’y a-t-il au bout de cette course folle? La délation généralisée, le pilori aux carrefours des villes? Et après? 

La République a su abolir la peine de mort parce qu’elle a, enfin, constaté l’absence de lien entre la férocité de la peine et son efficacité; parce qu’elle a préféré la sérénité de la justice à l’exemplarité supposée de la vengeance.

Mais d’évidence, ce 26 janvier, dans les Vosges, Xavier Bertrand était davantage en mission de rabattage électoral qu’en mission de ministre de la République. Fraude lourde.

 

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