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21 février 2012 2 21 /02 /février /2012 17:16
Marianne - Mardi 21 Février 2012 à 15:01
Diplômé en sciences politiques et professeur en Etudes européennes à l’université de... En savoir plus sur cet auteur

 

Gilbert Casasus est professeur en « études européennes » à l'université de Fribourg. En Suisse, le référendum est une pratique habituelle. En réponse à la volonté de Nicolas Sarkozy de remettre au goût du jour le référendum, Gilbert Casasus explique son fonctionnement en Suisse et les dérives qui en découlent. Souvent transformé en plébiscite, il ne sert pas toujours les intérêts du peuple.

 

En matière de référendum, les Suisses en connaissent un rayon. L’utilisant depuis le 19e siècle, le référendum fait intégralement partie leur pratique politique. Aucun parti ne le remet en cause, l’utilisant d’ailleurs fort souvent pour valoriser leurs propres idées. Parfaitement adaptée à cette tradition citoyenne, la constitution suisse prévoit deux dispositions qui constituent le fondement même de la « démocratie directe » helvétique.

D’une part, l’Article 140 de la constitution fédérale stipule l’existence d’un « référendum obligatoire », lorsque le Conseil fédéral soumet au peuple l’approbation de textes modifiant la constitution, acceptant l’adhésion de la Confédération « à des organisations de sécurité collective ou à des communautés supranationales » ou instaurant des « lois fédérales déclarées urgentes qui sont dépourvues de base constitutionnelle et dont la durée de validité dépasse une année ».

D’autre part, le citoyen est appelé à s’impliquer lui-même dans la vie de son pays par l’intermédiaire de ladite « initiative populaire » dont la définition est fournie en ces termes par les alinéas 1 et 5 de l’Article 139 de la Constitution : « 100 000 citoyens et citoyennes ayant le droit de vote peuvent, dans un délai de 18 mois à compter de la publication officielle de leur initiative, demander la révision partielle de la constitution suisse » ; dans ce cas « toute initiative revêtant la forme d’un projet rédigé est soumise au vote du peuple et des cantons. L’Assemblée fédérale en recommande l’acceptation ou le rejet. Elle peut lui opposer un contre-projet ».

Par conséquent, fédéralisme oblige, que ce soit pour l’approbation d’un texte engageant une modification de la constitution ou pour celle d’une initiative populaire, il est nécessaire de regrouper une « double majorité » respectant à la fois la volonté du peuple et celle des cantons.

Une particularité suisse

L’utilisation fréquente du référendum, voire le recours à l’initiative populaire, est l’expression d’un système politique suisse doté d’un exécutif faible et consensuel à la fois. Contrairement à ses voisins, voire aux autres pays de la planète, la Suisse moderne n’a jamais demandé à être forte. En revanche, elle se félicite d’être proche du citoyen et de représenter à son plus haut niveau institutionnel les sensibilités politiques qui la composent.

Bien que conservatrice, la majorité gouvernementale accueille deux Conseillers fédéraux socialistes sur sept, ceux-ci travaillant souvent en parfaite harmonie avec leurs collègues du centre ou de la droite ; d’ailleurs souvent mieux que ne le font les cinq autres membres du gouvernement, les rivalités entre les formations bourgeoises étant de plus en plus exacerbées depuis plusieurs années. Malgré de nombreux désaccords politiques, le Conseil fédéral n’a jamais été perçu comme un lieu d’affrontements majeurs. Et si, par mégarde, un parti ou un Conseiller fédéral s’aventurait dans cette brèche, il devrait tôt ou tard en payer le prix. Tel fut le cas de l’ancien Chef de la très droitière Union Démocratique du Centre (UDC), Christoph Blocher, qui ne fut pas réélu dans ses fonctions de Chef du Département de la Justice et de la Police  en 2007.

Un instrument de clivage

En lieu et place de cet exécutif faible et consensuel, le référendum, et plus encore l’initiative populaire, sont les instruments de clivage de la politique suisse. Ils permettent de confronter les idées, de forger les opinions, de défendre des intérêts particuliers ou généraux et de susciter des débats de société. Clés de voûte de la démocratie directe helvétique, ils donnent la parole aux Suisses. Toutefois, ceux-ci ne la saisissent qu’à moitié, rares étant les scrutins enregistrant des taux de participation supérieurs à 50 % des inscrits. Et bien que de très nombreux projets présentés par le Conseil fédéral soient approuvés par le peuple, ce dernier a également souvent manifesté son désaccord face à la politique gouvernementale, voire face à quelques avancées que l’électorat suisse a trop souvent dédaignées et refusées.

Faut-il rappeler ici que les hommes suisses ont longtemps dit non au droit de vote des femmes, ne l’instaurant qu’en 1971 ? Que penser aussi du rejet en 1986 de l’adhésion de la Confédération à l’ONU, au grand dam d’ailleurs de la ville de Genève qui ne s’est que difficilement remise de ce vote, tant ce scrutin a porté atteinte à sa vocation de « ville internationale » ?  Aura-t-il alors fallu plus de quinze ans pour que la diplomatie suisse se remette de cet affront que lui avait infligé son peuple. Celui-ci, bel et bien obligé de se rendre compte en 2002 de l’énorme bourde qu’il avait commise, fut alors contraint de reconnaître son erreur et de rectifier le tir au début du 21e siècle.

Quant à l’Europe, la Suisse ne cesse d’avoir recours au référendum pour corriger quelque peu son vote négatif du 6 décembre 1992, lorsqu’une infime majorité des électeurs a refusé l’adhésion de la Confédération à « l’Espace Économique Européen ». Depuis lors, les scrutins se succèdent pour atteler le wagon suisse à la construction européenne, via des négociations dites « bilatérales » entre l’Union européenne et un pays qui voudrait bénéficier de tous les avantages de l’Europe communautaire sans en supporter le moindre de ses inconvénients.

Du référendum au plébiscite

Alors que la démocratie directe suisse aurait pu servir de modèle à ses voisins, elle suscite aussi de nombreuses inquiétudes. Devenue l’instrument de propagande privilégié de la droite dure, souvent qualifiée de populiste, elle a également terni l’image de la Suisse à l’étranger. Que ce soit lors du vote sur l’expulsion des criminels étrangers en 2010 ou sur celui de l’interdiction de la construction des minarets un an plus tôt, l’intolérance, voire la xénophobie suisse a fait le tour du monde. De même certaines affiches, placardées par l’UDC, ont suscité les réactions indignées, non seulement de ceux que l’on nomme avec haine et dédain « les droits-de-l’hommistes » mais aussi des organisations reconnues et dépendant directement des Nations Unies. Est-ce là un modèle à suivre ?

Cette question n’est pas saugrenue à l’heure, où le référendum fait son retour en force sur la scène politique française. Rien ne dit que les Français voteraient autrement que ne l’ont fait les Suisses. Rien ne dit que les Français seraient moins hostiles aux étrangers que ne le sont les Suisses. Rien ne dit que les Français seraient plus ouverts à l’Europe que ne le sont les Suisses. Mais tout plaide à croire, en revanche, que les Français seraient plus exposés que ne le sont les Suisses à une crise de leur système démocratique.

Dotée d’un Président fort, seul habilité à soumettre un projet de loi par référendum, la France a tout à se méfier d’une dérive plébiscitaire de ses institutions. Alors que la Suisse a trouvé un équilibre entre d’une part un exécutif faible et consensuel et la pratique de la démocratie directe d’autre part, la France ne l’a jamais cherché. Pire, elle semblerait vouloir instaurer un double exécutif dominant : un Président fort recourant avec force à l’arme du référendum. Si tel devait être le cas, cela serait, ni plus ni moins, une preuve de faiblesse pour la démocratie française.
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21 février 2012 2 21 /02 /février /2012 17:10
Mardi 21 Février 2012 à 13:15

 

Journaliste politique à Marianne chargé du suivi des partis de gauche. En savoir plus sur cet auteur

 

Le texte sur le MES, le nouveau fonds de solidarité européen, doit être examiné aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Les députés et sénateurs écologistes voteront contre. Une saine décision, en opposition totale avec Daniel Cohn-Bendit, le père d’Europe écologie, qui se révèle bien plus cohérente que la position abstentionniste des socialistes.

 

«Le MES est le premier enfant du couple Merkozy. C’est une sorte de FMI européen. On connaît déjà les défauts du FMI pour ne pas le refaire au niveau européen. Et il n’est pas question de donner le moindre quitus à la politique européenne de Nicolas Sarkozy » ! À l’image du député François de Rugy, pour les parlementaires écologistes, c’est niet. Ils ont beau être peu nombreux, députés comme sénateurs, voteront tous contre le traité sur le Mécanisme européen de stabilité qui doit être débattu en fin d’après-midi à l’Assemblée et « ne prendront pas part au vote de l’amendement à l’article 136 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne »« Nous sommes favorables au principe de solidarité européenne et aux eurobonds, mais cet amendement n’était pas obligatoire. Il était souhaité par l’Allemagne », a ainsi expliqué le député de Loire-Atlantique, entouré ce matin de certains de ses camarades, notamment les députés Anny Poursinoff et Noël Mamère et le nouveau sénateur Jean-Vincent Placé.

Ce dernier a détaillé très clairement pourquoi, « sous l’impulsion de Cécile Duflot », les élus écologistes ont décidé de se prononcer contre le MES. D’une part, a-t-il précisé, le MES est « un fonds qui sera conditionné au futur TSCG », le traité Merkozy que François Hollande prétend renégocier s’il parvient au pouvoir. D’autre part, le sénateur a regretté que le MES exige des Etats, en contrepartie de son soutien financier, des « ajustements macroéconomiques ». C’est bien ce qui est précisé dans l’article 12-1 du Traité instituant le Mécanisme européen de stabilité  : « Si cela est indispensable pour préserver la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble et de ses États membres, le MES peut fournir à un membre du MES un soutien à la stabilité, subordonné à une stricte conditionnalité adaptée à l'instrument d'assistance financière choisi. Cette conditionnalité peut prendre la forme, notamment, d'un programme d'ajustement macroéconomique ou de l'obligation de continuer à respecter des conditions d'éligibilité préétablies. »
 
En votant contre le MES, les écologistes surprennent. Dans le bon sens. Leur europhilie parfois aveugle aurait pu les conduire à approuver ce texte. Daniel Cohn-Bendit, dans une interview à Libération les avait d’ailleurs exhortés à voter en sa faveur, critiquant l’« hypocrisie » de « la gauche française, Verts compris » et expliquant que « le Mécanisme européen de stabilité est l’une des rares choses positives qu’on a pu arracher au Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement et surtout à l’Allemagne ». Pour Noël Mamère, la vision de Daniel Cohn-Bendit est « une vision vue du Parlement européen et d’Allemagne. Et les Verts allemands ne sont pas du tout dans la même situation. Eux, n’ont pas d’élection cette année ». Pour le député de Gironde, le vote contre est à la fois un moyen de « ne pas tomber dans le piège assez grossier de Sarkozy et Merkel » et de ne pas faire de l’Europe cet « outil qui est en train d’accabler les Grecs ». Enfin, les écologistes tranchent par leur décision avec la position de la plupart des parlementaires socialistes : l’abstention…

 

 

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21 février 2012 2 21 /02 /février /2012 15:43

L'air du monde | LEMONDE | 21.02.12 | 14h03

par Sylvie Kauffmann (L'air du monde)

 
 

Jerez de la Frontera, en Andalousie, est une ville de 212 000 habitants, célèbre pour ses vignes et son circuit automobile, où Ayrton Senna remporta un jour un Grand Prix de formule 1 pour 14 millièmes de seconde d'avance. Jerez a désormais une autre spécialité : c'est une ville en faillite.

Aucun des quelque 2 400 employés municipaux ou du secteur public local n'y a été payé depuis décembre. Les autobus sont en grève et, faute de carburant, ceux qui desservent les zones rurales alentour n'assurent plus que la moitié du service. Les installations sportives de la ville n'ont pas ouvert depuis un an, car on leur a coupé l'électricité. Un tiers des lampadaires publics ne s'allument plus. L'immeuble des affaires sociales, inauguré il y a un an, n'a pas non plus l'électricité ; les fonctionnaires y travaillent avec un générateur à essence et sans chauffage.

Chaque jour voit son lot de manifestations, d'occupations de lieux publics, de réclamations : un jour, ce sont les policiers municipaux, un autre, les employés du cimetière, le lendemain, les dames de l'association de services à la personne, incapable de les payer car la mairie n'a pas versé les subventions.

Jerez a commencé l'année avec zéro euro dans ses caisses. Pour un budget de 222 millions, elle était arrivée, fin 2010, à une dette de 958 millions. La course effrénée à l'endettement s'est arrêtée là. "Etranglée, Jerez agonise", résumait El Pais dimanche 19 février. En Espagne, les villes ruinées comme Jerez se comptent par douzaines.

Le lecteur du quotidien espagnol se sent moins seul en tournant les pages. Ses voisins portugais, apprend-il, connaissent "un enfer particulier", celui de "vivre troïkés" (troikados). "Troïké", néologisme désignant ceux qui vivent sous le régime de la "troïka" - mission composée de représentants de la Banque centrale européenne, du Fonds monétaire international et de la Commission européenne - depuis que la zone euro a contraint le Portugal, comme la Grèce, à remettre leurs finances publiques en ordre.

Vivre "troïkés", c'est un peu comme vivre à Jerez, mais avec en prime la visite des fonctionnaires étrangers qui viennent dispenser leur expertise au gouvernement. "Ils sont là, sur la photo du "Diario de noticias", traversant la place du Commerce à Lisbonne, jeunes, modernes, souriants, en costume, avec leurs lunettes de soleil et leurs ordinateurs portables dans leurs petites sacoches noires", écrit le journaliste d'El Pais. Et cette image tranche terriblement avec celle d'un pays qui se délite, où les ambulances restent garées dans les parkings, où l'on ferme des salles de classe car le nombre d'enseignants a été réduit de 10 %, où les autoroutes magnifiques sont désertes. Comme résignés devant "cette vie qui recule de jour en jour". Les Portugais, cependant, sont moins remuants que les habitants de Jerez.

Ce qui n'est pas, on le sait, le cas des Grecs. Personne ne suit les nouvelles de Grèce plus que les Espagnols, avec cette curiosité des co-bagnards et l'idée un tout petit peu réconfortante que ce bagne-là est quand même pire que ce bagne-ci. A Athènes, lorsque la nuit tombe, lit le lecteur d'El Pais, quand les touristes se retirent, "les sans-logis commencent à affluer sur les trottoirs, sous les portes cochères, réfugiés sous de petites constructions de cartons et des couvertures. Certaines places se transforment en dortoirs et, rue Sofokleous, on distribue de la nourriture".

C'est la réalité de 2012, au sud de la zone euro. L'Italie de Mario Monti s'est elle aussi mise à l'heure de la rigueur, mais elle le vit différemment. L'évasion fiscale est devenue l'ennemi public numéro un, donnant lieu à un délit de faciès d'un genre nouveau : mieux vaut avoir sa déclaration de revenus dans la boîte à gants de sa Maserati, les contrôles sont fréquents. C'est une des raisons pour lesquelles les mesures d'austérité sont mieux acceptées en Italie, ou même en Espagne, qu'en Grèce : les dirigeants ont le souci de montrer que le fardeau ne repose pas que sur les épaules des classes moyennes et populaires.

Mario Monti a renoncé à ses traitements de président du conseil et de ministre de l'économie, et mis l'Eglise catholique à contribution. En Espagne, Mariano Rajoy, le chef du gouvernement, a limité son salaire annuel à 78 185 euros (à titre de comparaison, celui du président Sarkozy approche les 240 000 euros). Les présentateurs de la télévision publique, les directeurs d'entreprises publiques ont accepté une baisse de leurs rémunérations de 25 % à 30 %. Les salaires de l'ensemble des fonctionnaires espagnols, réduits de 5 % en 2011, sont gelés en 2012.

A l'inverse, la Grèce, comme le souligne l'économiste Jean Pisany-Ferry, réduit le salaire minimum mensuel à 483 euros mais néglige "le fait que l'évasion fiscale des 10 % supérieurs se traduit par une perte d'un quart des recettes de l'impôt sur le revenu". Politiquement et socialement, cette inégalité devant le sacrifice n'est pas tenable.

Autrefois coupée en deux entre l'Est et l'Ouest, l'Europe expérimente ainsi une nouvelle fracture, une fracture Nord-Sud : le nord de la zone euro est l'Europe du triple A, de la croissance, même modeste, des services publics efficaces, des taux de chômage tolérables. Cette Europe-là est une terre d'accueil pour immigrants qualifiés.

Au sud de la zone euro se trouve l'Europe de la triple ruine, de la récession et du chômage, où l'endettement a conduit aux situations décrites plus haut. Les jeunes et les chercheurs fuient cette Europe "troïkée" pour trouver du travail, en Europe du Nord ou en Amérique latine.

Cette inégalité-là, entre les deux zones, est-elle politiquement tenable ? La question est particulièrement pertinente pour la France, qui est à la fois au Nord et au Sud, mais qui, en termes de discipline budgétaire et d'endettement, est plus proche du Sud que du Nord. Ce n'est pas tout à fait un hasard si, d'après un sondage IFOP, la moitié des Français, et 62 % des ouvriers, craignent un scénario grec pour leur pays.


kauffmann@lemonde.fr

 

 

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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 15:21
Marianne - Lundi 20 Février 2012 à 12:01

 

Les riches s'enrichissent, les pauvres s'appauvrissent : un postulat classique de situation de crise, plus que jamais vérifié en France. A croire que plus le chômage augmente, plus les grands patrons du Cac 40 s'en mettent plein les poches, et ce en toute impunité. Si ce n'est Jack Dion, qui s'insurge contre de telles injustices.

 

(Dessin de Louison)
(Dessin de Louison)
A l’annonce de l’explosion des rémunérations des patrons du Cac 40 en 2011 (+ 34 %), on a l’impression de revoir un vieux film. La vie de l’élite financière est un éternel recommencement. Les crises ont beau succéder aux crises, et les bourrasques aux tremblements de terre, tout continue. Pendant que des esprits éclairés expliquent au bon peuple que l’heure est aux sacrifices avec des accents à la Churchill, la crème du business fait ses petites affaires comme si de rien n’était.

En septembre 2008, à l’occasion d’un célèbre discours prononcé à Toulon, Nicolas Sarkozy se grimait en gauchiste pour lancer : « La moralisation du capitalisme financier demeure la priorité. Je n’hésite pas à dire que les modes de rémunération des dirigeants et des opérateurs doivent être encadrés. Il y a trop d’abus, trop de scandales. Alors ou bien les professionnels se mettent d’accord sur des pratiques acceptables, ou bien nous règlerons le problème par la loi avant la fin de l’année. »
Laurence Parisot avait alors promis d’y mettre bon ordre. Résultat : les « professionnels » se sont mis d’accord sur des pratiques inacceptables, mais il n’y a pas eu de loi.

Et voilà comment les rémunérations (officielles) des patrons du CAC 40 ont pu atteindre le niveau moyen annuel de 4,11 millions d’euros en 2011, soit 342 000 euros par mois, autrement dit 260 fois le smic. Mais quand il est question d’augmenter ce dernier, tout le beau monde hurle au complot contre les « fondamentaux » de l’économie, comme si l’égalité, valeur suprême de la République, était à ranger au musée de l’histoire.

Le CAC contre la démocratie

Tout se passe comme si les privilégiés de la Bourse n’avaient de comptes à rendre qu’à eux-mêmes, sans jamais s’interroger sur les conséquences de leurs choix pour les salariés et pour l’économie nationale. A la moindre velléité de réglementer ses revenus, ils menacent de s’expatrier, en dignes héritiers des émigrés de 1789. Quand ils parlent du « coût du travail », ce n’est jamais le leur, mais celui des autres, ceux à qui ils font en permanence la morale. Quand ils établissent leurs « plans de développement », la France n’est qu’un pion parmi d’autres.

La vérité, c’est que les grands groupes dits « français » produisent de moins en moins sur le sol national — et de plus en plus sous d’autres cieux — afin de satisfaire les exigences de cash des actionnaires. Certains s’en émeuvent le temps d’une élection, mais laissent faire. Renault en est un exemple caricatural. L’usine ultra-moderne de Tanger, au Maroc, va fabriquer des voitures qui reviendront pour partie en France, où elles risquent même de concurrencer celles construites par le groupe.

L’ancien ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, en a profité pour dénoncer ce « dumping fiscal » et accuser Renault de « jouer contre l’industrie française ». Fort bien. Mais pourquoi ce « Sarkozyste canal historique » ne s’en est-il pas inquiété lorsqu’il était au gouvernement et qu’il avait la haute main sur le dossier Renault ?
Pourquoi ne demande-t-il pas des comptes à l’actuel Président qui laisse ainsi une grande entreprise, jadis nationalisée, faire ce que bon lui semble, au nez et à la barbe de l’Etat (encore) actionnaire?

Aujourd’hui, quiconque ose mettre sur la table du débat public les questions tabous de la mondialisation néolibérale, du libre-échangisme total, du pouvoir sans limite des actionnaires, ou des salaires mirobolants des princes de la finance, se voit immédiatement ostracisé. Aux yeux de l’élite, il est au mieux irréaliste, au pire irresponsable, dans tous les cas dangereux.

S’il fallait en tirer la conclusion que la caste du CAC a gagné, ce serait un krach pour la démocratie.
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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 15:18

 

Rue89 - Arrêt sur images 20/02/2012 à 09h46
Daniel Schneidermann | Fondateur d'@rrêt sur images
Dans la série « comment perdre en beauté », il les accumule manifestement. Dans l'opération « Borloo à la tête de Veolia », c'est d'abord l'affaire en elle-même, qui est intéressante.

A quelques semaines de la fin de son mandat, le candidat du peuple, anti-élites, anti-corps intermédiaires, enfin-délivré-des-pesanteurs-du-protocole, etc, etc, ce candidat-là a donc déployé une bonne partie de son énergie de candidat à aider son copain Proglio, président d'EDF, à caser Borloo à la tête de Veolia, comme révélé par Libération.

Une partie des négociations, selon Eric Decouty de Libé, se serait déroulée dans l'avion qui ramenait les deux compères de leur visite à l'usine Photowatt, rachetée par EDF à la demande pressante de Sarkozy. Une opération typique du « capitalisme à la française », estimait France Inter ce lundi matin, dans une de ces inimitables litotes, par lesquelles les journalistes locaux désignent les combines de l'oligarchie française, pour truster envers et contre tout des postes auxquels seule les qualifie leur incompétence.

Incompétent ? Pardon pour l'offense envers Borloo, qui déclare sans rire à Libération :

« Je suis chassé par deux grands groupes internationaux, qui ne sont pas Veolia. »

« Un calibre » à la tête de Veolia

Mais tout de même, serait-il intéressé par le job ?

« Un certain nombre d'actionnaires pensent que le groupe a besoin d'un calibre à sa tête. »

Un calibre ? On comprend que le groupe, dans ces conditions, se soit tourné comme un seul homme vers l'ancien avocat, ancien maire de Valenciennes, ancien ministre sans bilan, gestionnaire hors pair du Parti radical et de l'USVA (Union sportive Valenciennes-Anzin), et qui n'a jamais dirigé d'entreprise. Le suspense est insoutenable.

Mais ce qui est intéressant aussi, c'est que la combine fuite dans la presse de ce lundi matin. Sans être un stratège hors pair, on peut estimer que cette fuite réduit singulièrement les chances de succès de l'opération « calibre ».

Dynamique de la déroute

Qui a donc bien pu vouloir la faire capoter ? Sans bénéficier de secret particulier (que de précautions matinales, décidément), on peut supposer que la fuite provient possiblement d'un des administrateurs de Veolia, démarchés par Proglio pour voter en faveur du calibre (Cf. la liste des suspects potentiels), et dont au moins un aurait émis « de froides réserves ».

Ces gens ne sont pas fous : faisant capoter une opération téléguidée par de si considérables super-calibres, ils savent qu'ils s'exposent à des représailles. Mais apparemment, ils semblent ne rien craindre. Et peut-être même espèrent-ils, en cas de victoire de Hollande, tirer profit du petit fait d'armes. Ce type de défections au sommet porte un nom : la dynamique de la déroute.

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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 15:15
Rue89 - Flux tendu 20/02/2012 à 12h47
Emilie Brouze | Journaliste
Problèmes d'effectif et de logement, surmenage : les infirmiers de l'hôpital pour enfants Necker, à Paris, témoignent d'une dérive du système hospitalier.

Des enfants passent des tests d'asthme à l'hôpital Necker, en avril 2008 (Valinco/Sipa)

 

Parce qu'« on joue avec la vie des enfants », Marc Marlier veut témoigner. Le « petit infirmier » a par moment la voix qui se casse quand il parle des conditions de travail de son service, miné par le manque de personnel. Il œuvre pourtant dans le plus prestigieux hôpital français, référence mondiale pour les enfants malades : Necker, à Paris.

Marc se souvient de son arrivée dans le service de néphrologie pédiatrique (maladies des reins), il y a quatre ans : « C'était génial. » Peu à peu, il a vu les conditions se dégrader. A tel point qu'il sent aujourd'hui qu'une dangereuse limite est franchie : celle de la qualité des soins. « Je ne supporte plus la situation. »

Rue89 a rencontré Marc juste avant son départ pour une année sabbatique.

« On bosse en flux tendu »

Pénurie d'infirmiers

Au 1er janvier 2010, 520 000 infirmiers étaient en activité [PDF] en France. Malgré leur constante augmentation, ils ne sont pas assez nombreux – d'autant que les besoins grandissent car la population vieillit.

 

Les infirmiers sont inégalement répartis sur le territoire : l'Ile-de-France est l'une des régions à enregistrer la densité la plus faible. Dans les formations, les inscriptions sont encore insuffisantes pour combler le manque. Infirmier fera partie des métiers les plus recherchés en 2015.

Il y a quatre ans, ils étaient trois infirmiers pour douze lits, raconte Marc. Puis ceux qui partaient n'étaient pas souvent remplacés.

Ils sont désormais deux la journée et deux la nuit à courir le long des deux ailes du service :

« On bosse en flux tendu. »

Faute de personnel, l'hôpital est contraint par moment de fermer des lits. Et de faire appel à des intérimaires ou des infirmiers d'autres unités pour former les binômes :

« Quand ils débarquent, ils ont cinq minutes pour s'adapter alors que le temps normal pour connaître les spécificités d'un service, c'est un mois. Alors ils ne peuvent pas suivre. »

Débordés, les infirmiers voient leurs horaires s'allonger. Les vacances d'été se posent jusqu'à octobre. Le personnel travaille trois week-ends sur quatre (au lieu de deux par mois). Marc dit n'avoir plus le temps de prendre ses pauses.

Quand un collègue est malade, il n'y a souvent personne pour le remplacer. Ces dernières semaines, Marc a même été forcé à deux reprises d'enchaîner deux gardes, de 6h30 à 22 heures, en ayant « à peine le temps de boire un verre d'eau ».

« Les enfants ne doivent pas voir notre détresse »

« On est surmenés. Une personne crevée n'est pas dans les conditions optimales pour travailler. Combien de temps on va tenir ? »

Marc cite le cas d'une collègue qui n'a pas eu le temps de déjeuner et qui est tombée dans les pommes à la fin de son service. Ou une autre, à bout, qui se cachait dans la cage d'escaliers pour pleurer, « car les enfants ne doivent pas voir notre détresse ».

« On prend sur nous », assure le jeune homme qui affirme que chacun « se donne à fond » et garde le sourire devant les parents :

« C'est un boulot que vous ne pouvez pas faire à moitié. D'autant qu'il s'agit d'enfants. »

Dans ce service de Necker, médecins et infirmiers traitent de pathologies lourdes et rares (certaines maladies sont soignées une seule fois dans l'année). Les patients viennent de Paris, de province et parfois de l'étranger.

« Peur de tuer un gamin »

La réponse de Necker

Contacté par Rue89, Eric Roussel, directeur des soins à l'hôpital Necker, se dit « surpris » par le témoignage. « On n'est pas en sous-effectif, on est aujourd'hui au quasi plein emploi. » Il précise : « Le quotidien des infirmiers peut être plus difficile par moment à cause du turnover. » Il décrit des phases de recrutement favorables (au moment de la sortie des écoles) et de nombreux départs qui s'étalent sur l'année.

 

Le turnover des 1 100 infirmiers est d'environ 20%. La faute au logement, trop cher dans la capitale : « L'hôpital met à disposition des studios à bas pris pour six mois mais c'est sûr que le nombre de logements ne permet pas d'héberger tout le monde. » Mais pas seulement : « Beaucoup de professionnels viennent se faire un CV ici puis partent trouver un poste ailleurs. »

A cause du sous-effectif, les infirmiers n'ont plus le temps d'accueillir les petits patients convenablement. Marc s'inquiète de ne « plus avoir de garde-fous » dans son travail :

« Quand les infirmiers ont peur de tuer un gamin à la fin de la journée, c'est qu'il y a un souci. »

Il prend l'exemple d'un soin particulier, qui, une fois prodigué, oblige l'infirmier à rester une heure devant l'enfant. Difficile avec ce rythme, « alors toutes les cinq minutes vous courez pour voir si tout va bien. »

Marc raconte que parfois, les parents prennent conscience du sous-effectif quand ils attendent l'infirmier dix minutes après l'avoir sonné. Certains s'énervent :

« On les comprend. Mais c'est partout pareil. Et là, on prend conscience avec eux que le système de santé est en train de changer. »

A Paris, le gros problème du logement

Comment en est-on arrivé là ? Marc explique :

« L'hôpital nous assure qu'ils ont une politique de recrutement intensif mais qu'ils n'arrivent pas à embaucher... »

Dans le service, le turnover est important. Avec un tel rythme de travail, difficile de convaincre les jeunes stagiaires de rester.

Autre problème important, spécifique à la capitale : le logement. L'Assistance publique n'a pas assez d'appartements pour héberger le personnel. Les salaires d'infirmiers (entre 1 400 et 1 600 euros par mois) permettent difficilement de supporter les loyers parisiens.

Eloignés du centre, certains dans le service font deux heures de RER chaque jour pour venir travailler à Necker. Beaucoup de mères de familles, fatiguées, finissent par quitter l'hôpital comme Anne (le prénom a été changé), une ancienne collègue de Marc.

Contactée par Rue89, elle se souvient du rythme « épuisant » après la naissance de son premier enfant :

« Petit à petit, on s'est éloignés de Paris. J'avais beaucoup de route, ras-le-bol des conditions de travail... Je suis partie travailler en banlieue parisienne. »

Résultat : il reste peu d'infirmiers expérimentés dans le service, qui sont pourtant des éléments importants. Les anciens ont l'habitude d'effectuer certains soins particulièrement techniques, de gérer les urgences et ils forment les jeunes.

L'hôpital rentable est « illusoire »

Making of
Malgré les craintes de son entourage, l'infirmier a tenu à témoigner sans se cacher – « Il faut bien nommer les choses. » Depuis que nous avons rencontré Marc, trois infirmiers ont été recrutés dans le service –- ce qui a amélioré le rythme de travail.

Marc Marlier craint la dérive du système hospitalier. Au delà du problème d'effectif, il pointe les « coupures budgétaires » (relatives aussi à des « problèmes d'organisation ») : l'infirmier explique que parfois, il est obligé d'aller piquer une compresse au service voisin pour faire un soin ou d'ébouillanter chez lui sa blouse, la lingerie ne suivant pas la cadence.

« Il faut faire quelque chose », conclut Marc :

« Je crois que c'est illusoire de rendre l'hôpital rentable. On s'en fout des problèmes d'argent, on sauve des gamins ! »

Marc Marlier pense choisir son candidat à la présidentielle en fonction de son programme santé. Un peu désillusionné, il admet n'espérer qu'un changement politique.

 

 

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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 15:11

 

Rue89 - Témoignage 20/02/2012 à 12h37
Anna H | Elève infirmière


Des infirmiers à l'hôpital Ambroise Paré à Marseille, le 26 mars 2008 (Jean-Paul Pelissier/Reuters)

 

Anna est élève infirmière en troisième et dernière année. Elle effectue actuellement un stage en gériatrie. Selon la loi Cherpion du 28 juillet 2011, au-delà de deux mois de stage, les étudiants doivent être rémunérés au moins 436,05 euros par mois en 2012.

Sauf les étudiants paramédicaux. Au prétexte qu'ils seraient assurés d'une insertion professionnelle, selon le cabinet de Xavier Bertrand, ministre de la Santé. Et qu'ils effectuent leur stage sous la supervision d'un professionnel.

Voici le témoignage d'Anna [les intertitres sont de la rédaction].

Voir le document

(Fichier PDF)

Fin janvier, un courrier a été envoyé à tous les instituts de formation en soins infirmiers.

Dans ce courrier [document ci-contre], une circulaire envoyée par la Direction générale de l'offre de soins (DGOS). Elle précise les raisons pour lesquelles les étudiants paramédicaux sont exclus de la loi Cherpion :

« Le fait de soumettre un étudiant à la supervision permanente d'un professionnel en exercice permet de ne pas assimiler les fonctions qui lui sont confiées à un poste permanent. Ainsi, dans la mesure où les étudiants paramédicaux sont constamment soumis à la supervision d'un professionnel en exercice, les dispositions précitées [la loi Cherpion, ndlr] ne leur sont pas applicables. »

C'est une totale méconnaissance de la réalité de nos stages.

« Quand je nettoie une personne âgée, je suis seule »

Nous somme envoyés pour des durées de dix semaines, parfois loin de notre lieu d'habitation, dans des services de soins souvent pointus, souvent contraignants, souvent difficiles.

Nous sommes déjà dans le travail. Quand je nettoie une personne âgée, je suis seule. Quand je pique un enfant de 5 ans, je suis seule. Stagiaire ou non.

Il suffit d'aller voir dans n'importe quel EHPAD (Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), n'importe quel service de chirurgie ou aux urgences, pour constater le manque criant de personnel.

Quand il manque parfois deux ou trois infirmiers diplômés dans un service, nous travaillons comme eux, ni plus, ni moins encadrés.

Dans de nombreux services, la permanence des soins ne pourrait pas être assurée sans la présence des étudiants.

Cet argument est absurde. D'autant que les stagiaires, dans d'autres secteurs ne sont pas, eux, sous la responsabilité d'un pro ?

Rencontre avec le ministre

Selon la Fnesi (Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers), lors d'une rencontre avec différents ministères sur la question des indemnités de stage, le cabinet de Xavier Bertrand aurait déclaré que la gratification des stages n'était pas nécessaire. Son argument : les étudiants infirmiers bénéficient d'une insertion professionnelle garantie à la sortie des études.

Quel est le rapport ? Sous prétexte que nous avons choisi une formation intense, qui nous confronte tous les jours à l'être humain au plus près – sécrétions, violences, odeurs, malheurs, déchéances inclus – mais qui nous assure du boulot à 1 500 euros brut en sortie de diplôme, nous ne pouvons pas être considérés comme des étudiants comme les autres ?

Une inégalité de plus

Alors que les étudiants paramédicaux sont déjà soumis à un régime de bourse insuffisant, une fois de plus, le gouvernement augmente la disparité et la considération entre les formations soumises à une tutelle ministérielle différente. En l'occurrence, le ministère de la Santé.

J'adore mon futur boulot. Mais soyons honnête : bientôt, plus personne ne voudra faire ce travail, ce « beau métier », tant on nous prend pour des cons.

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 14:58

 

Samedi 18 Février 2012 à 15:41

 

Journaliste politique à Marianne, plus particulièrement chargé de suivre les partis de gauche. 

 

Mardi les députés doivent se prononcer sur le MES, un dispositif de soutien aux Etats européens en difficulté. Sauf que les socialistes sont face à un dilemme : ce texte est lié au traité Merkel-Sarkozy et contient ainsi implicitement les germes d’une règle d’or généralisée à l’échelle de l’Union européenne. Pour l’heure, c’est la simple abstention qui semble l’emporter dans leurs rangs…

 

Le sujet n’intéresse pas les médias. Et pourtant il pourrait intéresser les foules à l’heure où la Grèce sombre dans l’austérité et où le « tout nouveau » candidat Sarkozy prétend effrontément « rendre la parole à [la] France du “non” » ! Ce sujet ignoré et pourtant capital ? Le MES, pour « Mécanisme européen de stabilité ».
 
Il s’agit du successeur du FESF, le « Fonds européen de stabilité financière ». Obscur ? A l’évidence. Pour faire simple, le MES est un dispositif de soutien aux Etats européens en difficulté. Sauf que le texte du MES contient implicitement les germes d’une règle d’or généralisée à l’échelle de l’Union européenne. Car pour pouvoir à terme bénéficier des aides du Mécanisme européen de stabilité, les Etats doivent s’engager à accepter la discipline budgétaire très rigoriste contenu dans le nouveau traité européen appelé traité TSCG ou traité Merkel-Sarkozy. Un traité que François Hollande dit vouloir renégocier, s’il est élu à l’Elysée, pour y introduire « un volet de croissance et d'emploi ». Sauf que le PS va devoir se prononcer sur le MES dès ce mardi, le texte passant ce jour-là devant l’Assemblée nationale avant de rejoindre le Sénat.

Jean-Luc Mélenchon : « On a jamais vu qu’on renégocie quelque chose qu’on a approuvé » !

Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche ont saisi très tôt le paradoxe qui consiste à voter en faveur du MES et vouloir renégocier par la suite le traité, les deux dispositifs étant étroitement imbriqués. Dimanche dernier, invité de l’émission politique de Radio France,  le patron du Front de gauche a d’ailleurs vivement interpelé son adversaire du PS : « Quand François Hollande dit “moi, je veux renégocier le traité”, dont acte, je peux l’entendre. Mais alors qu’il commence par voter “non” le 21 février. Parce qu’on a jamais vu qu’on renégocie quelque chose qu’on a approuvé » !
 
Certains au PS ont pourtant bien imaginé, dans un premier temps, approuver le texte du MES, malgré l’évidente contradiction. C’est le cas de la sénatrice socialiste Nicole Bricq qui expliquait il y a quelques jours aux Echos  trouver « malvenu » le lien entre MES et le traité de discipline budgétaire, mais souhaitait quand même le voir ratifié par les parlementaires : « Même si nous trouvons que le MES est sous-dimensionné et qu'il lui faudrait le statut de banque, le Parti socialiste ne souhaite pas fragiliser le retour à la confiance et entraver un instrument qui va dans la bonne direction, à savoir un fonds d'aide pérenne. »
 
Sauf que tous au PS ne partagent pas l’enthousiasme très raisonnable de Nicole Bricq. Les débats ont notamment été animés lors du dernier Bureau national sur le sujet. Les députés européens, à l’image d’Harlem Désir, se sont ainsi prononcés plutôt en faveur du texte sur la base de deux arguments : ne pas prendre ses distances avec cette chère Allemagne et ne pas refaire le match du TCE entre « oui-ouistes » et « nonistes » en pleine campagne, ce que ne manquerait pas d’instrumentaliser Nicolas Sarkozy. C’est finalement l’abstention des députés qui a été décidée.

Marie-Noëlle Lienemann : « Cette ratification en deux temps est un piège susceptible d’affaiblir la gauche »

Du moins, pour l’instant. Car certains parlementaires socialistes opposent toujours un « non » plein et entier au MES et tâchent de convaincre leurs camarades. Marianne2 s’est par exemple procuré deux documents, un courrier et une note de synthèse (téléchargeables en cliquant sur les liens ou consultables en fin d'article) de la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann adressés à ses camarades du groupe PS au Palais du Luxembourg. Selon l’ancienne ministre de Mitterrand et Jospin et animatrice de l’aile gauche du parti, « cette ratification en deux temps d’un pacte global d’austérité » est un « piège susceptible d’affaiblir la gauche ». Et Marie-Noëlle Lienemann de prévenir ses voisins d’hémicycle : « Ce serait une grave erreur que de sous-estimer la défiance qu’une partie de notre électorat peut avoir à notre endroit sur les choix européens. Nous ne devons pas négliger l’exigence d’un changement majeur et rapide dans les politiques européennes, qui s’exprime au plus profond de notre peuple. C’est pourquoi le vote que nous émettrons sur ces deux premiers textes, constitutifs du “pacte d’austérité Merkel-Sarkozy”, aura une grande importance, lors de l’élection présidentielle et après. »
 
Ses arguments sont convaincants. « Il n’y a pas urgence à ratifier, écrit-elle, d’une part parce ce MES n’est pas l’outil qui permettra l’aide à la Grèce, d’autre part parce qu’il ne sera opérationnel qu’après l’adoption du traité TSCG. » Plus loin, elle explique qu’« une abstention et, pire encore un vote positif, donnerait le sentiment que la renégociation souhaitée n’est qu’un ajustement à la marge des propositions actuelles, alors que chacun voit bien  — et le déroulement de la situation en fait chaque jour la preuve — que c’est réellement un nouveau cadre qui doit être mis en place. » Et de conclure de façon implacable : « Nos électeurs et, de façon plus générale, les Français ont besoin d’un signe clair : ce qui se passe en Grèce est inacceptable et ce qui se prépare à travers les accords Merkel-Sarkozy est également inacceptable. Il faut que cela change vraiment. Nous voulons de réels mécanismes de solidarité européens adossés à une sortie de crise qui refuse l’austérité et la régression. »
 
Les Français, justement. Jean-Luc Mélenchon les a appelés à vérifier le vote de leurs députés sur le MES. Car même si la gauche refusait finalement le texte au Sénat où elle est majoritaire, il pourrait être adopté par la seule Assemblée nationale. Il faut donc peut-être s’attendre, comme lors de l’adoption du traité de Lisbonne, de voir rapidement publié la liste des députés de gauche qui auront voté « oui » ou se seront contentés de s’abstenir sur le MES. Et Internet a de la mémoire. Tout comme les Français. Voilà peut-être qui devrait convaincre les députés de s’opposer au MES. Les législatives approchent…

La lettre

Marie Noëlle LIENEMANN
Sénatrice de Paris
 
                                                                                  
                                                                              Aux membres du groupe socialiste du Sénat
 
 
            Chers camarades,
 
Lors de notre précédente réunion de groupe, je vous ai indiqué que je vous ferais parvenir  une note présentant mes arguments en faveur d’un vote du groupe socialiste au Sénat contre les deux projets de loi de ratification, liés à la création du Mécanisme Européen de Stabilité (MES).

Les questions européennes sont extrêmement importantes pour nos concitoyens, qui observent avec inquiétude la mise en place des politiques d’austérité en Grèce et ailleurs, ainsi que l’aggravation de la crise qu’elles engendrent. Ils attendent des choix alternatifs et des perspectives nouvelles. Bon nombre d’entre eux, qui ont voté contre le projet de traité constitutionnel, estiment avoir alors tiré la sonnette d’alarme et demandé d’autres orientations économiques, sociales et politiques pour la construction européenne. Ils ont le sentiment de n’avoir pas été entendus, parfois même dans nos rangs. 
 
Ce serait une grave erreur que de sous-estimer la défiance qu’une partie de notre électorat peut avoir à notre endroit sur les choix européens. Nous ne devons pas négliger l’exigence d’un changement majeur et rapide dans les politiques européennes, qui s’exprime au plus profond de notre peuple. C’est pourquoi le vote que nous émettrons sur ces deux premiers textes, constitutifs du « pacte d’austérité Merkel/ Sarkozy », aura une grande importance, lors de l’élection présidentielle et après.

Dans la note ci-jointe, je me suis efforcée d’expliquer en détail comment l’architecture de cette ratification en deux temps d’un pacte global d’austérité visait à entretenir l’ambiguïté et la confusion. Il s’agit d’un piège susceptible d’affaiblir la gauche. Les trois traités qui visent à sortir de la crise de l’euro forment un tout indissociable, une politique inacceptable. C'est l'ensemble du cadre actuel qu'il faut refuser, pour permettre ensuite de renégocier tout le paquet. Les trois textes doivent être ratifiés en même temps après renégociation de l’ensemble, donc après l’élection présidentielle.
 
Les deux premiers textes instaurant le MES, tels qu’ils sont présentés, ne constituent absolument pas une avancée de la solidarité européenne. Il s’agit en fait d’une «solidarité» sous contrainte d’austérité et sous tutelle des Etats par les instances européennes. Les versements des  aides issues de ce fonds seront conditionnées à la ratification du traité de discipline budgétaire (traité « Merkozy » ou TSCG) par ceux qui les demanderont !
 
Nous ne pouvons donc cautionner le MES en l’état, ce qui reviendrait à institutionnaliser ce que la troïka impose à la Grèce aujourd’hui. Ce dispositif ne peut d’ailleurs pas répondre aux difficultés grecques, puisque le MES ne sera opérationnel qu’après l’adoption du traité TSCG et son éventuelle ratification par certains Etats.
 
Il est enfin évident que seul le vote contre  peut assurer une forte crédibilité à la volonté de renégocier les traités Merkel/Sarkozy et permet une position claire de refus de la logique actuelle d’austérité  et de régression organisée en Europe.
 
En espérant, chers camarades, avoir éclairé le débat et vous avoir convaincus, je vous prie de croire  à l’expression de mes amitiés socialistes.
 
                                                       
                                                                                                             Marie-Noëlle Lienemann

La note

Pourquoi il faut voter contre les  deux projets de lois concernant des  traités européens  sur le Mécanisme Européen de Solidarité soumis à ratification par Nicolas Sarkozy avant l’élection présidentielle


Le pacte d’austérité Sarkozy/Merkel est constitué de trois textes  concernant les traités

1. une modification du traité de l’Union Européenne (article 136)  autorisant la création d’un mécanisme européen de Solidarité (MES)
Soumis actuellement à ratification au Parlement Français.

2. un traité intergouvernemental des membres de la zone euro et d’autres créant le MES, en fixant le cadre, les règles de fonctionnement et de déclenchement.
Soumis actuellement à ratification au Parlement Français.

3. un traité intergouvernemental  sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire (TSCG), qui oblige à l’inscription de la «règle d’or», prévoit des sanctions automatiques des pays et instaure durablement l’austérité en Europe.
Ce traité doit être signé par les chefs d’Etat et de gouvernement début mars et devra ensuite être ratifié dans les Etats membres. Pour la France, ce sera après l’élection présidentielle.
 
François Hollande a eu raison d’indiquer qu’il souhaitait renégocier ce traité et le paquet Merkel/Sarkozy, qui tourne le dos à la croissance et à une sortie réelle de crise de l’UE.
 
  • Les trois textes décrits ci-dessus constituent en fait un tout et il est illusoire de croire qu’on peut les dissocier.
Nicolas Sarkozy a décidé de soumettre les textes à ratification en deux temps :  
 
Le piège du vote en deux temps pour un dispositif unifié.
 
Nicolas Sarkozy nous tend un piège dans lequel il ne nous faut pas tomber.  Il dissocie en effet ce qui relève du MES et ce qui concerne le traité de gouvernance, qui plus est  prévoyant des dates de ratifications proches pour les deux premiers textes , en pleine campagne électorale et en reportant ensuite, après l’élection, la partie la plus contestée, le traité de discipline budgétaire,.
Son objectif est clair: attiser les divisions à gauche, introduire de la confusion, pour renforcer le doute dans les couches populaires, qui estiment souvent que, s’agissant de la construction européenne notre parti n’a pas toujours répondu à leurs aspirations et défendu leurs intérêts.
De plus, une abstention (ou pire, un vote positif) serait utilisée par le candidat président, qui relèverait que nous actons une certaine avancée dans la solidarité européenne et qui le mettrait à son actif……alors que la réalité est tout autre !

Nous devons déjouer ce piège et montrer que ces trois textes constituent un pacte d’austérité qui ne répond ni aux exigences de solidarité, ni à la consolidation de la Zone Euro et qui n’offre pas une perspective de sortie de la crise actuelle. C’est l’ensemble du paquet qu’il faut renégocier. C'est l'ensemble du cadre actuel qu'il faut refuser.
 
Les trois textes constituent bien un ensemble totalement imbriqué.
 
1- Concernant la modification de l’actuel traité de Lisbonne, le texte soumis à la ratification du Parlement, qui comporte deux articles, contient la phrase suivante : « l’octroi au titre du mécanisme de toute assistance financière nécessaire sera subordonné à une stricte conditionnalité ». L’insistance à inscrire ce point dans le TFUE ne s’imposait pas (dans tous mécanismes d’aide, il y a des conditions qui sont définies dans le règlement du mécanisme) et n’est en rien neutre, d’autant que le texte créant le mécanisme est lui beaucoup plus explicite (cf ci-dessous). Par ailleurs, au-delà du juridisme, tout le monde sait que le cadre politique imposé est bel et bien la mise en œuvre du pacte d’austérité « Merkozy ».
 
2- S’agissant de la création du MES, il est clairement fait référence dans le préambule du traité (qui a valeur de traité) : « le présent traité et le TSCG (3ème traité) sont complémentaires dans la promotion de pratiques budgétaires responsables et de la solidarité au sein de l’UEM. Il est reconnu et convenu que l’octroi d’une assistance financière dans le cadre  des nouveaux programmes sera conditionné, à partir du 1er Mars 2013, à la ratification du TSCG par l’Etat membre concerné et à l’expiration du délai de transposition aux exigences prévues ».
Il est clair que le MES ne sera déclenché que lorsque le traité de discipline budgétaire (TSCG) sera approuvé par ceux qui auront besoin d’aides. Il y a donc un lien effectif avec le traité « Merkozy » et la politique d'austérité. Ceci est encore plus net lorsqu’on voit comment l’UE agit en Grèce! Le MES sera conditionné à l’acceptation du traité à venir de discipline budgétaire. Nous ne pouvons l’accepter en l’état.
 
Lorsque le lien juridique est établi, on ne peut accepter de ratifier séparément les traités!
 
 Il n'est jamais bon de séparer le fond de la forme. Combien de fois, avons-nous vu des dispositifs qui en principe paraissaient intéressants et dont la mise en œuvre les détournait  de leur intention! A fortiori, cette fois-ci, lorsque la mise en œuvre est conditionnée par un futur traité.
 
Au-delà du fait juridique, il y a la réalité et le fait politique.
 
On ne peut pas faire comme s’il n’y avait pas la Grèce. L’intervention du MES en l’état, c’est la méthode de la Troïka en Grèce, que nous ne pouvons valider (stratégie de l’aide conditionnée aux critères définis par l’UE).

  • La mise en œuvre, en l’état du MES est une «solidarité» sous contrainte d’austérité et sous tutelle des états par les instances européennes. Ce n’est pas notre vision de la solidarité
La conditionnalité de l’octroi des aides du MES à la ratification du traité « Merkosy » revient à mettre le couteau sous la gorge des pays qui ont des difficultés et à les contraindre à des pertes de souveraineté et à des politiques contraires à l’intérêt de leur peuple.
Non seulement c’est inacceptable, mais devant l’urgence de la situation, certains gouvernements se précipiteront pour ratifier un traité……. que la gauche renégociera si son candidat est élu! Nous prenons le risque d’un moins bon rapport de forces en Europe pour renégocier après mai.
 
D’autres outils sont nécessaires à la solidarité en Europe, par exemple les Eurobonds qui, pour être créés, devraient être inscrits au même article du Traité actuel (136) que celui que le gouvernement nous propose de modifier. Il n’est pas raisonnable d’amender un article que nous voudrions à nouveau modifier dans le cadre de la renégociation des traités.
 
Nous n’avons pas la même idée que Merckel/ Sarkozy de la solidarité et du traitement des dettes souveraines. Vu le développement de la situation, il faudra sans doute aussi reposer la question du rachat par la BCE des dettes souveraines.
 
Mais en tout cas, la réécriture de l’article 136 du TFUE s’imposera. Nous devons y œuvrer et donc ne pas le transformer insuffisamment et dans des termes mal adaptés (cf « stricte conditionnalité ») à quelques mois d’une renégociation souhaitée.
 
  • Il n’y a pas urgence à ratifier, d’une part parce ce MES n’est pas l’outil qui permettra l’aide à la Grèce, d’autre part parce qu’il ne sera opérationnel qu’après l’adoption du traité TSCG. Il ne peut répondre à l’urgence de la situation et ne sera pas opérationnel à court terme. Il existe le FESF (Fonds Européen de Stabilité Financière) et il faut pousser à l’intervention de la BCE. A supposer même que nous puissions le bloquer par notre vote négatif (ce qui semble néanmoins assez peu probable au regard du rapport de forces actuel au sein de l’assemblée), l’adoption nécessaire du MES constituerait au contraire une pression pour aboutir dans une renégociation de l’ensemble.
     
  • Un vote contre serait un atout pour renégocier le traité « Merkosy » et le plan de sortie de crise de l’Euro. Il donnerait de la crédibilité à cet engagement. En Europe, il n’est de compromis fécond que dans le cadre d’un paquet global (Jacques Delors explique cela très justement). Si on donne unilatéralement notre accord dès à présent sur la partie que nous pourrions juger positive dans un autre cadre, alors il ne reste plus qu’à traiter les points de désaccord avec un moindre rapport de forces. J’ai pu le constater à tous les niveaux des négociations européennes. La renégociation doit porter sur un ensemble cohérent, dans lequel tout le plan Merkel/Sarkozy est remis sur la table.
     
  • Au contraire, une abstention et, pire encore un vote positif, donnerait le sentiment que la renégociation souhaitée n’est qu’un ajustement à la marge des propositions actuelles, alors que chacun voit bien -et le déroulement de la situation en fait chaque jour la preuve- que c’est réellement un nouveau cadre qui doit être mis en place.
 
Nos électeurs et, de façon plus générale, les Français ont besoin d’un signe clair: ce qui se passe en Grèce est inacceptable et ce qui se prépare à travers les accords Merkel/Sarkozy est également inacceptable. Il faut que cela change vraiment. Nous voulons de réels mécanismes de solidarité européens adossés à une sortie de crise qui refuse l’austérité et la régression.
 
La droite peut faire ratifier ces deux textes. Qu’elle assume alors ses responsabilités. Nous savons qu’elle nous conduit aux pires difficultés. Ne donnons pas le moindre signe de confusion, de ce qui serait interprété comme une collusion, même sur un point limité. L’affaire est trop grave et nous serions jugés sévèrement par nos concitoyens et par l’histoire si nous ne nous posons pas en alternative résolue. A l’évidence, seul le vote contre ces deux textes évite ces risques et assure la clarté.
 

Marie-Noëlle LIENEMANN

 

 

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 14:43

 

Droit de suite 19/02/2012 à 10h49
Pierre Haski | Cofondateur Rue89

 

Des salariés de Foxconn de l'usine de Longhua, le 26 mai 2010 (Bobby Yip/Reuters)

 

Les ouvriers chinois qui fabriquent l'iPad et d'autres produits de consommation peuvent remercier le New York Times : trois semaines après une longue enquête dénonçant les conditions de travail chez Foxconn, sous-traitant d'Apple, HP, Amazon, Sony, Microsoft, ils vont avoir des hausses de salaire allant jusqu'à 25% !

La compagnie taiwanaise, qui emploie des dizaines de milliers d'ouvriers en Asie, en particulier en Chine continentale, a annoncé des hausses de salaire entre 16 et 25%, pour arriver à l'équivalent de 300 euros avant les heures supplémentaires. Celles-ci seront par ailleurs limitées.

L'enquête approfondie du New York Times, le mois dernier, ne révélait rien qui ne soit déjà connu, mais lui a donné une résonance sans précédent. Apple a aussitôt répondu en demandant à la Fair Labor Association, une ONG spécialisée, de procéder à un audit des conditions de travail chez Foxconn.

Cette démarche a été critiquée en raison des méthodes et des déclarations initiales de cette ONG.

Sans attendre l'audit

Sans attendre les résultats de cet audit, qui seront rendus publics dans les prochains jours, Foxconn a pris les devants en augmentant les salaires et en limitant les heures supplémentaires, deux des critiques soulevées par l'enquête du quotidien américain.

Foxconn a connu ces dernières années une série de suicides d'ouvriers, d'accidents du travail et de grèves en Chine qui sont venus contredire l'image cool projetée par Apple et les autres marques qui utilisent les services de ce sous-traitant.

 


Coût et bénéfices d'un iPad (en anglais) (The Economist)

 

D'autant qu'une analyse de la structure des prix d'un iPad, le dernier produit phare d'Apple, montre que le coût des salariés chinois pèse très faiblement dans la fabrication du produit : 2% à peine, selon The Economist !

Même avec les fortes augmentations promises, cela ne devrait pas peser exagérément sur le prix du produit livré aux consommateurs, surtout si l'on considère la part du profit d'Apple au passage : 30%.

Main d'œuvre plus chère

La situation à Foxconn a une plus grande visibilité que d'autres entreprises opérant en Chine en raison de l'identité de ses clients, des marques très grand public qui ont besoin de soigner leur image et sont particulièrement sensibles aux pressions de groupes d'opinion.

Elle n'est toutefois que le reflet d'une situation plus large en Chine, où les coûts salariaux sont en hausse, en raison des revendications des travailleurs et la difficulté de fidéliser une main d'œuvre d'origine rurale qui prend progressivement conscience de ses droits.

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18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 18:21

Le Buvard Bavard - 18 février 2012

 

D 5/2
L'idée d'une réappropriation des débats publics et des prises de décisions politiques par le peuple fait son petit bonhomme de chemin. Un jour prochain, la politique ne se fera plus dans les hémicycles ou dans les bureaux des lobbyistes, elle s'exercera au travers des assemblées populaires. Que les députés l'acceptent ou pas, cela ne changera rien. Que les défaitistes y croient ou pas, cela ne changera rien. Lorsqu'une telle idée nait, elle ne peut qu'aboutir. Pour elle, la mort n'est pas une option.

L 6/2
Ce sont souvent ceux qui se plaignent des conséquences des décisions prises dans le passé qui entretiennent leurs causes.

M 7/2
Et si nous remettions tout en question, en commençant par nos certitudes les plus raides ? Aurions-nous l'impression d'être perdu ? Vous aurez beau dire mais, cela me tente.

M 8/2
Avec 1.000.000 de personnes dans les rues de Bruxelles et de Francfort, vous pensez pas qu'on pourrait définitivement occuper le Parlement Européen et la BCE, organiser une constituante populaire, réécrire une nouvelle Constitution et instaurer la première démocratie dans l'Histoire de l'humanité ? 1000.000 de personnes, c'est 0.02 % de la population européenne. Entre les mythes dans lesquels nous baignons depuis la naissance et les utopies auxquelles nous aspirons, le choix semble évident, non ? En tout cas, je préfère mes raccourcis à ceux de la Troïka.

L 13/2

Le 12 février 2012 : une date qui restera sans doute dans L'Histoire, comme celle qui aura marqué le début d'une nouvelle ère pour les Peuples d'Europe. Les Grecs ont répondu aux attaques de la Troïka par le feu. Les esclaves aspirent à s'affranchir. Ce que les acteurs des mouvances populaires dénoncent depuis si longtemps risque de devenir une réalité partagée par de plus en plus de gens. Tenons bon. Continuons à sensibiliser notre entourage et à cultiver l'éveil des consciences. Réorganisons des assemblées populaires dans toutes les villes où nous existons, dans les campagnes, les quartiers populaires, les cités, les places des centre-villes, les universités, les PME et les grandes entreprises, partout où la vie sociale, économique et politique existe. Reprenons les rennes de nos vies. Libérons la connaissance, favorisons les logiciels libres et le partage d'information, intéressons-nous aux monnaies alternatives, aux systèmes de vie en communauté, réinstaurons la gratuité dans nos échanges, en commençant par celui de l'amour et de l'amitié, etc. Le jour où nous serons dans le cas de la Grèce, nous saurons quoi faire.


M 15/2
300.000 personnes se sont mobilisées à Lisbonne samedi dernier, plus d'1.000.000 à Athènes. Sont-ils tous dans les rues pour saluer les décisions technocratiques de représentants non élus ? Ou y sont-ils pour témoigner au monde de l'absurdité cruelle des mesures d'austérité qu'on nous impose ? Je vous le demande, très simplement : qui vit dans le déni ? Ceux qui refusent d'admettre que nous n'avons jamais vécu en démocratie ou ceux qui veulent en construire une ? Je vous le demande, très simplement.

Lorsqu'on lit ce que Piccinin, Khalaf ou Meyssan nous rapportent de leurs observations respectives en Syrie, on ne peut qu'éteindre notre TV et envoyer un courriel à Avaaz pour leur demander d'arrêter de nous mentir et de nous demander des dons.

V 17/2
L'information est une interprétation de la réalité et ne pourra jamais se substituer à la réalité elle-même.


Littéralement,
Badi Baltazar

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          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

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