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15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 14:46

Le Monde.fr avec AFP | 15.03.12 | 07h36   •  Mis à jour le 15.03.12 | 15h42

 
 

 

Salariés d'ArcelorMittal et gendarmes mobiles face à face aux abords du QG de campagne de Nicolas Sarkozy, jeudi.

Salariés d'ArcelorMittal et gendarmes mobiles face à face aux abords du QG de campagne de Nicolas Sarkozy, jeudi.AFP/KENZO TRIBOUILLARD

"Les syndicats devraient défendre les intérêts des salariés", a déclaré jeudi 15 mars Nicolas Sarkozy, accusant la CGT de faire de la "petite politique", lors d'un déplacement dans la Marne, rapporte sur Twitter le journaliste du Monde qui suit l'Elysée.

Le président candidat réagissait aux brèves échauffourées, qui ont opposé jeudi à la mi-journée quelque 200 métallurgistes de l'aciérie ArcelorMittal de Florange (Moselle) aux forces de l'ordre, devant son QG de campagne.

Les métallos ont été aspergés de gaz lacrymogène par la gendarmerie mobile et refoulés vers le pont Mirabeau. Venus pour défendre l'avenir de leur usine, les salariés de Florange, où deux hauts-fourneaux sont à l'arrêt depuis plusieurs mois, étaient arrivés à 12 heures dans le 15e arrondissement, à proximité du QG de campagne, où un important dispositif policier avait été déployé. M. Sarkozy, en déplacement dans la Marne, n'était pas présent à son QG.

Voir la vidéo :

 

Les syndicats CFDT et CGT ont annoncé qu'ils refusaient de rencontrer Nicolas Sarkozy lundi à l'Elysée. "On n'a jamais dérapé, on est reçu avec des gaz lacrymogènes. On n'ira pas à l'Elysée lundi", a expliqué, à proximité du QG de campagne de Nicolas Sarkozy, Edouard Martin, responsable CFDT ; la CGT et FO confirmant quant à elles une décision similaire.

Voir cette autre vidéo :


Nicolas Sarkozy avait confirmé jeudi matin sur i-Télé qu'il recevrait lundi prochain des représentants de l'aciérie d'ArcelorMittal de Florange (Moselle) assurant qu'il ne "les oubliait pas". "Je les recevrai lundi", a déclaré le président Sarkozy à quelques journalistes. "On ne les oublie pas. Il y a 17 millions [d'euros] d'investissements qui viennent d'être décidés et qui ont commencé à être réalisés", a-t-il ajouté. "Ce ne sont pas seulement les salarié d'ArcelorMittal qui comptent. Ce sont les salariés de toute la sidérurgie", a poursuivi Nicolas Sarkozy.

>> Lire notre décryptage : Florange, Gandrange : Sarkozy enjolive son action pour l'industrie

Les métallos ont ensuite quitté la rue de la Convention à Paris, où se situe le QG de campagne de Nicolas Sarkozy, pour se rendre à pied à la tour Eiffel, où ils envisageaient de déployer une banderole. Aux cris de "merci Sarko", "travailler plus pour gazer plus", les salariés de Florange, où deux hauts-fourneaux sont à l'arrêt depuis plusieurs mois, avaient l'intention de déployer une banderole proclamant "l'acier lorrain vivra". Ils ont indiqué aussi vouloir se rendre à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) au siège d'ArcelorMittal France.

 

>> Lire aussi : Les soutiens d'artistes se multiplient en faveur des "Mittal" de Florange

 


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15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 14:33

Compte rendu | Le Monde.fr | 14.03.12 | 18h34   •  Mis à jour le 15.03.12 | 11h55

 
 

 

Les salariés les moins bien lotis sont essentiellement des femmes.

Les salariés les moins bien lotis sont essentiellement des femmes. © Christian Charisius / Reuters


Berlin, correspondant - Alors que l'Allemagne débat de l'introduction d'un smic, une étude, publiée mercredi 14 mars par l'Institut de recherche sur le travail de l'université de Duisbourg-Essen, indique qu'en 2010, 23,1 % des salariés, soit 7,84 millions de personnes, touchaient un salaire qualifié de "bas", c'est-à-dire inférieur à 9,15 euros bruts de l'heure, soit les deux tiers du salaire médian dans le pays.

Ce pourcentage était légèrement plus élevé avant la crise (24,2 % en 2007), ce qui a permis au ministère du travail d'en relativiser l'importance. Alors que les syndicats revendiquent l'introduction d'un smic à 8,50 euros de l'heure, l'étude montre que 19,9 % des salariés sont actuellement sous ce seuil et que 11,4 % gagnent même moins de 6 euros/heure.

L'étude ne dit pas dans quels secteurs professionnels travaillent ces salariés pauvres, mais la plupart d'entre eux se concentrent dans le commerce et les services à la personne. L'enquête montre que si les salaires restent un peu plus élevés, en moyenne, dans l'ouest du pays que dans l'est, c'est à l'ouest qu'augmente également la part de "salariés pauvres".

Depuis 1995, le nombre de ces salariés pauvres à l'est se situe entre 2 millions et 2,2 millions de personnes. A l'ouest, la barre des 5 millions a été franchie en 2002 et l'on en compte aujourd'hui 5,8 millions.

 

"MINI-JOBS"

L'étude montre surtout que seuls 18,4 % de ces salariés pauvres n'ont aucune qualification. Au contraire, 71 % ont une qualification professionnelle et 10 % un diplôme universitaire.

63,7 % de ces salariés sont des femmes. 47,6 % ont un emploi à plein temps, 24 % un travail à temps partiel et 28,4 % un "mini-job", c'est-à-dire souvent un travail à temps très partiel non soumis aux cotisations sociales et qui vient en complément des aides sociales.

Conçus pour favoriser théoriquement un retour à l'emploi, ces mini-jobs sont aussi perçus comme un moyen pour certains employeurs de disposer d'une main d'œuvre précaire et bon marché. La chancelière Angela Merkel s'est prononcée, à la fin de l'année 2011, pour un salaire minimum fixé par les partenaires sociaux. Vingt-deux ans après la réunification, celui-ci devrait varier selon les Etats-régions et être plus faible dans les anciens Länder de l'est.

Ces chiffres sont publiés alors que les entreprises ayant réalisé d'importants profits en 2011 dévoilent les primes attribuées à leurs salariés. Pour le moment, la plus généreuse semble être Audi (8 251 euros en moyenne) devant Porsche (7 600 euros), Volkswagen (7 500 euros) et Bayer (6 200 euros).

Les augmentations de salaire sont désormais une préoccupation majeure des syndicats qui avaient fait preuve de modération durant la crise. C'est en 2011 que le coût du travail horaire a connu sa plus forte augmentation depuis 15 ans (+ 3,2 %).

 

Frédéric Lemaître

 


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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 14:35

Parmi les membres de l'OCDE, la Finlande «affiche des résultats exceptionnels». Selon deux professeurs d'Harvard,   Philippe Aghion, économiste, conseiller du candidat socialiste, et Bénédicte Berner, vice-présidente du comité suédois des droits de l'Homme, «les idées mises en avant par François Hollande [pour réformer l'éducation nationale] (...) paraissent aller dans le bon sens à la lumière de l’expérience finlandaise».    


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La réforme de notre système d’éducation primaire et secondaire est au cœur du débat présidentiel et cela se comprend: la France, qui consacre 7% de son PIB au budget de l’éducation nationale, affiche des performances éducatives en déclin continu depuis dix ans. En 2009, 20% des élèves entrant en sixième ne maîtrisaient pas les savoirs fondamentaux.  La part des élèves en échec scolaire a progressé de près de 20% entre 2000 et 2009. Enfin, la France est le pays de l’OCDE où les résultats scolaires sont le plus fortement corrélés à l’origine socio-économique. Or, plusieurs études récentes établissent une relation claire entre d’une part la qualité de l’enseignement primaire et secondaire dans un pays et d’autre part les performances de ce pays en matière de croissance et de taux d’emploi. 

Il est un pays européen, la Finlande, qui consacre à l’éducation la même part de son budget que la France, et pourtant obtient des résultats très supérieures aux nôtres. C’est en particulier grâce à ses performances éducatives que la Finlande, après la grave crise économique et financière qu’elle a traversée pendant les années 90, a pu se transformer en un vivier d’innovations et devenir le pays de Nokia. Sur l’échelle des enquêtes Pisa, qui mesure l’acquisition des savoirs et des compétences dans différents pays par des tests réalisés sur des élèves de 15 ans tous les trois ans depuis l’année 2000, la Finlande affiche des résultats exceptionnels: parmi les pays de l’OCDE, elle occupe la deuxième place en lecture et compréhension de texte ainsi qu’en mathématiques, et la première place en sciences. En revanche, les résultats Pisa de la France se situent dans la moyenne des pays de l’OCDE pour la lecture mais en dessous pour les sciences et les mathématiques, et globalement, les résultats n’ont cessé de se détériorer depuis l’année 2000.

Où réside le secret de la réussite finlandaise? Dans de longues journées d’école suivies de devoirs interminables à la maison? Dans une extension de la charge de cours des professeurs du secondaire et un accroissement de leur polyvalence? Dans la  concurrence entre écoles? Dans la sélection précoce des élites? Absolument pas: le nombre d’heures de présence à l’école est en-dessous de la moyenne des pays de l’OCDE, et les devoirs ne dépassent guère une durée d’une heure durant les neuf premières années d’école obligatoire ou de deux heures pour le collège. Et il n’y a pas de classement, de comparaison ou de concurrence entre écoles.

Les secrets de la réussite finlandaise

Le modèle finlandais repose sur quatre leviers: l’égalité d’accès à l’école, un soutien scolaire massif à chaque élève en particulier dans le primaire; des enseignants hautement qualifiés et responsabilisés dans tous les établissements scolaires finlandais; enfin une utilisation efficace et cohérente des ressources grâce à une gestion partagée entre autorités nationales, instances municipales et établissements scolaires.

1.   Egalité d’accès à l’école

Après avoir réalisé que sa compétitivité ne pouvait plus reposer uniquement sur une production traditionnelle et sur ses ressources naturelles, la Finlande a entrepris de reformer son système éducatif dans le but de préparer non pas une élite étroite mais l’ensemble de ses citoyens aux nouveaux défis de la globalisation. De fait, le système finlandais offre à chaque enfant les mêmes possibilités d’apprendre, quels que soient l’origine sociale, le revenu familial ou le lieu de résidence. Il n’existe pas en Finlande de classement entre écoles. Les parents sont libres de choisir l’école de leur(s) enfant(s) mais les options de base sont identiques. L’éducation primaire et secondaire est vue en premier lieu comme un instrument d’égalité sociale et non comme un moyen de produire des «star performers». L’égalité des chances se matérialise par une école publique gratuite (la Finlande n’a pas d’écoles privées), des repas gratuits, une allocation de transport, un accès facilité aux soins médicaux et au conseil psychologique et surtout l’accès au soutien académique individualisé. 

2.    Un soutien scolaire à chaque élève dès l’école primaire

Le second levier du succès finlandais est son système très développé de lutte contre l’échec scolaire dès le primaire: il s’agit en effet d’identifier très tôt les lacunes de l’enfant afin d’éviter des retards cumulatifs. La loi finlandaise permet à chaque enfant d’obtenir gratuitement un soutien individuel pédagogique soit général soit dans une matière spécifique. La mise en place de ce dispositif de soutien relève de la responsabilité de chaque professeur, qui peut à cet effet se faire seconder par un autre professeur ou tuteur. Le soutien est octroyé sous forme de cours supplémentaires individuels ou par petits groupes de 5 à 6 élèves au plus. Chaque école dispose d’un «School Welfare Group» chargé de planifier et coordonner toutes les activités de soutien au sein de l’école. Le temps réservé à cette activité de soutien dépend des besoins propres à chaque enfant. Les résultats de cette politique sont édifiants: 0,3% seulement des élèves quittent l’école au cours des neuf premières années d’études; il y a 2% de redoublement en Finlande contre 4% en France; près de 97% des élèves poursuivent leurs études jusqu’au bac (44% en bac professionnel). En 2010, 23% des moins de 19 ans, 45% des 20-24 ans et 30% des plus de 25 ans, ont été reçus à l’université. 

3.   Des enseignants qualifiés et responsabilisés

Le métier de professeur en Finlande est très prestigieux. La formation des enseignants est offerte gratuitement par 11 des 14 universités finlandaises et elle est considérée comme l’une des filières professionnelles les plus sélectives du pays. En 2010, sur un total d’environ 16 400 candidats à cette formation, seuls 800 furent acceptés. La sélection des candidats se fait en deux temps: tout d’abord un test écrit national d’aptitude et de connaissances générales, puis dans une seconde étape une épreuve (essai ou interview) organisée par l’université. Le système de formation des enseignants attire les meilleurs étudiants et, à l’opposé de ce que l’on observe en France, le nombre de candidatures annuelles ne fait qu’augmenter.

Tous les professeurs doivent suivre une formation de base jusqu’au niveau bac + 5. Ensuite, il y a 18 mois de formation pédagogique avec stages d’apprentissage organisés par l’université. Bien que la formation des enseignants se fasse dans différentes universités, elle produit des enseignants de qualité relativement uniforme dans tout le pays.

La Finlande met également l’accent sur la formation continue gratuite des professeurs. Celle-ci relève de la responsabilité des employeurs, en général les municipalités, même si la mise de départ provient du budget de l’Etat qui verse chaque année 20 millions d’euros au Conseil national de l’éducation qui ensuite les redistribue aux municipalités. Les accords communaux passés avec les écoles prévoient au minimum trois jours de formation continue par an et par école. Près de 30 000 professeurs (75% du corps enseignant) en bénéficient chaque année (75%).

La formation sélective, exigeante, et continue des enseignants constitue le principal facteur de valorisation du métier de professeur, au moins autant que les salaires (les professeurs finlandais ne sont pas mieux payés que dans la moyenne des pays de l’OCDE, mais néanmoins davantage qu’en France). Valoriser les enseignants permet également de les responsabiliser: cette responsabilisation se reflète dans l’autonomie accordée aux enseignants dans le choix des méthodes pédagogiques et dans l’évaluation pédagogique, sociale ou psychologique des besoins de chaque élève.

La Finlande a bien eu raison de miser sur la qualité des enseignants car celle-ci se révèle être essentielle pour la réussite économique des élèves: une étude récente publiée en 2011 par les économistes Raj Chetty et John N. Friedman (Harvard) et Jonah E. Rockoff (Columbia) tente d’évaluer les résultats d’une politique centrée sur la qualité des enseignants. A partir de données rassemblées aux Etats-Unis sur un million de collégiens de la 9e(équivalent de la troisième en France) au bac, l’étude montre que de bons enseignants non seulement permettent aux élèves d’obtenir de meilleurs résultats aux tests mais également leur donnent de meilleures chances de réussite pour l’avenir.  Avoir un bon professeur en 9e se traduit pour l’élève par un accroissement de 1,25% de chance d’accéder à l’université. Cela représente aussi près de 25 000 dollars de revenus supplémentaires sur toute une vie, soit près de 700 000 dollars au niveau d’une classe de taille moyenne. 

4. Une structure de décision flexible et décentralisée

La politique d’éducation en Finlande repose sur l’interaction et le consensus entre différents niveaux de décision. Au niveau national, les acteurs sont le ministère de l’éducation et le Conseil national de l’éducation. Ce conseil est indépendant du ministère mais les deux instances coordonnent leurs activités. Le Conseil est notamment chargé de la mise en place du curriculum national de base, revu tous les quatre ans, et il surveille sa mise en œuvre. Elaboré par des représentants du syndicat des enseignants, des municipalités, de l’Institut national de la santé, des universités, des municipalités  et des écoles, ce curriculum donne un cadre général aux écoles; il définit les buts et le contenu des programmes scolaires ainsi que les résultats escomptés en fin des 2e, 5e et 9e années scolaires et il détermine le nombre d’heures d’enseignement.

Dans le respect de ce cadre, les municipalités, en accord avec les écoles, sont libres de mettre l’accent sur telle ou telle matière ou d’augmenter leurs heures de cours. Ainsi, au niveau local, les municipalités et les écoles jouent un rôle important dans l’adaptation des curricula aux besoins locaux tout en respectant le cadre de base défini par les instances nationales. Les municipalités sont également responsables du design et de la maintenance des écoles ainsi que de la formation continue des professeurs.

La moitié du budget municipal consacre à l’éducation vient de l’Etat, l’autre moitié des taxes municipales, et l’Etat fixe un montant minima pour le budget municipal. Il est prévu de resserrer le cadre de contrôle financier du gouvernement sur les municipalités dans le domaine de l’éducation dans le but d’inciter les instances locales à consacrer une part plus importante à des programmes scolaires plus ambitieux. 

Exemples de ce qu’il ne faut pas faire

Il est intéressant de comparer la Finlande avec d’autres pays voisins, d’autres pays scandinaves dotés d’un système politique relativement similaire au système finlandais: la Norvège et la Suède. Ces deux pays ont également procédé à des réformes profondes de leurs systèmes éducatifs mais en suivant des directions très différentes, c'est-à-dire en poussant pour davantage d’écoles privées ou en accroissant la concurrence entre établissements. Les résultats ne sont guère probants, avec des classements Pisa qui se sont fortement détériorés pour ces deux pays depuis l’année 2000.

Conclusion

Il ne s’agit évidemment pas pour la France de simplement copier le système finlandais: la Finlande est un petit pays avec une population très homogène: seuls 4,6% des citoyens finlandais sur une population totale de 5,4 millions sont nés à l’étranger. Il n’empêche, l’impressionnante réussite du modèle finlandais et le moindre succès de ses voisins scandinaves, suggèrent quelques lignes de force pour reformer notre propre système éducatif: un système égalitaire qui évite la sélection précoce des élèves; un investissement massif dans le soutien individualisé aux élèves en difficulté dès le primaire; une valorisation du métier d’enseignant avec une formation pédagogique initiale conséquente et ensuite une obligation de formation continue; enfin, un partenariat plus équilibré entre instances pédagogiques nationales, les autorités régionales ou locales, et les établissements scolaires. Telle est la grille de lecture que l’exemple finlandais suggère pour comparer les programmes des différents candidats à l’élection présidentielle. En particulier, les idées mises en avant par François Hollande, notamment de mettre davantage l’accent sur le primaire et les zones défavorisées, d’accroître les moyens et les effectifs afin d’assurer un meilleur accompagnement individuel des élèves, et de rétablir un véritable système de formation des maîtres, nous paraissent aller dans le bon sens à la lumière de l’expérience finlandaise.

 


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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 14:23
Marianne - Dimanche 11 Mars 2012 à 05:00

 

Francis Journot - Tribune

 

Allons-nous bientôt sonner le glas de l'industrie française du textile, de la mode et du luxe ? Au moment où toutes les personnalités politiques prétendent vouloir sauver le « made in France », nous assistons paradoxalement à la disparition des derniers sites français de production. Récit d'un déclin industriel et économique par Francis Journot.

 

(Usine textile française - ZEPPELIN/SIPA)
(Usine textile française - ZEPPELIN/SIPA)

Le transfert de notre savoir-faire vers la Chine

Lors d’un débat a propos du « made in France », organisé le 23 janvier 2012, au salon du prêt à porter Paris, Jean Pierre Mocho, président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin depuis 12 ans et de l’Union française des industries de l’habillement pendant 6 ans, affirmait : « L'origine des produits reste secondaire pour les acheteurs (...) Le consommateur est plus attaché à sa marque qu'à son lieu de fabrication. Ça ne plaît pas à tout le monde, mais c'est un constat évident. »
 
Le Député européen et ancien directeur général du CREDOC (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie), Robert Rochefort, avait alors fait remarquer à Jean Pierre Mocho : « La filière a une part de responsabilité dans le problème actuel, vous avez fait perdre au consommateur la perception de la valeur réelle, et symbolique, des produits d'habillement. De fait, le made in France, si vous n'y croyez pas vous-même, ne sert à rien », puis il avait  reproché « l'usage abusif du nom "Paris" comme marque de qualité. »
 
Il convient de souligner que Jean Pierre Mocho était en septembre 2011, le signataire d’un accord de coopération exclusif entre la France et la Chine, prévoyant notamment « la mise en œuvre d’une coopération industrielle, l’échange de stylistes, modélistes, techniciens et plus généralement d’expériences professionnelles et de formations ». En clair, la livraison à la Chine de ce qu’il reste de notre savoir faire !

Le leadership mondial de la mode française et du luxe bientôt menacé

En 2010, le gouvernement a proposé, sans conviction, une charte de bonne conduite entre les griffes de prêt-à-porter et les façonniers, mais les grands groupes du luxe ont évidemment refusé de s’engager sur des quotas  minimum de vêtements « made in France ». Les marques de luxe délocalisent discrètement depuis plusieurs années et  aujourd’hui [la plupart d’entre elles fabriquent déjà une part importante de leur production hors de nos frontières.  ]url:../../Luxe-le-made-in-Italie-ou-France-se-fabrique-a-Canton-et-a-Cracovie_a203164.html
  
Pourtant, en 2009, dans son rapport commandé par le ministère de l’industrie Un plan pour la façon française, Clarisse Perrotti Reille mettait en garde les donneurs d’ordres de la mode et du luxe :
 
« La question du savoir-faire français et de son rayonnement se pose avec une très vive acuité. Il ne faut pas s’y tromper, la façon française et notamment la Haute Façon constitue un enjeu stratégique majeur pour l’économie française. En effet, si par grand malheur, elle devait devenir anecdotique ou pire disparaître, le leadership mondial de la France en matière de mode, de créativité, de luxe en serait graduellement affaibli et, à terme, compromis (...) La filière de la façon comptait 6 000 employés fin 2008 et perd jusqu'à 1 000 emplois par an. »
 
Chaque mois, des façonniers ferment des ateliers et on peut craindre la disparition avant cinq années, de la plupart des 3 000 dernières ouvrières de la filière, alors qu’à son apogée, le secteur du textile habillement employait plus d’1 million de personnes et gênerait encore 2 ou 3 millions d’emplois indirects et induits. 
 
Plusieurs siècles auront été nécessaires pour que la France bâtisse son leadership mondial en matière de mode et confère à Paris son statut de capitale mondiale de la Haute-Couture. Mais quelques années auront suffi aux marques de la mode et du luxe pour compromettre cette réputation et ruiner cet héritage.                  
    
Le salon « made in France » 2012 se tiendra les 28 et 29 mars et regroupera à peine 60 façonniers de l’habillement au lieu de 120 en 2008. On peut craindre que le salon de la Haute Façon 2012 soit l’une des dernières éditions de ce salon de l’excellence du savoir-faire français. 
 
Selon le ministère de l’Économie et des finances, 5 % des vêtements vendus dans l’hexagone sont fabriqués en France. Ce chiffre déjà très bas est pourtant surestimé et la part des achats de vêtements  effectués aujourd’hui par nos concitoyens, pourrait s’avérer encore inférieur.

Le renoncement de Nicolas Sarkozy

Lors de l’annonce de sa candidature, Nicolas Sarkozy nous a fait part de sa résignation face à la mondialisation :
« Le textile ne marche plus car il y a une concurrence effrénée en Inde et ailleurs », mais nous a néanmoins présenté la maroquinerie haut de gamme comme un secteur d’avenir.   
  
Notre président s’est également félicité de son intervention pour former au métier de maroquinière — 93 des 340 salariées licenciées de Lejaby — mais n’a pas semblé regretter le gâchis de la disparition du savoir-faire du dernier fleuron français de la lingerie de luxe.
Cependant, selon Raymond Vacheron, responsable CGT textile : « À Lejaby, les salariées produisent sept soutiens-gorges de l’heure, et sur un soutien-gorge qui se vend 80 euros dans le commerce, seulement 2 euros servent à rémunérer le travail ! ». Même si l’on compte un coût de production plus réaliste de 10  ou 12 euros, on s’aperçoit que la délocalisation n’était pas inéluctable.  
       
Par ailleurs, la maroquinerie haut de gamme qui, selon Nicolas Sarkozy, offre davantage de perspectives d’avenir que le textile, ne fournit qu’une dizaine de milliers d’emplois de production dans l’hexagone et la plupart des articles vendus en France, du bas au haut de gamme, proviennent d’Asie. 
Les marques de maroquinerie fabriquant encore en France, sont rares : parmi les plus fameuses, Hermès, qui emploie 1 700 ouvriers, et Louis Vuitton (Groupe LVMH), dont les articles en toile cirée ornée du célèbre monogramme, génèrent 3 000 ou 4 000  emplois sur les sites de production implantés en France.
 
La concurrence effrénée et déloyale provoquée par le dumping monétaire, social et environnemental de pays en développement, n’est évidemment pas spécifique aux secteurs du textile et de la maroquinerie. Aujourd’hui, aucun secteur n’est épargné et faut-il pour autant renoncer définitivement à produire en France alors que notre déficit commercial a augmenté de 35 % en un an pour atteindre son record avec 70 milliards d’euros en 2011 et que l’on compte 1 million de chômeurs en plus depuis 5 ans ?
Certes non, et il existe des solutions pour [relancer l’industrie manufacturière des biens de consommation]url:../../Comment-creer-un-million-d-emplois-maintenant-_a215221.html , à condition bien sur, d’en avoir la volonté politique. 

L'essor du luxe dans ls pays en développement crée-t-il de l'emploi en France ?

La fabrication des articles de luxe, tant vantée par toutes les personnalités politiques comme l’un des atouts essentiels de la France au même rang que les nouvelles technologies, les produits innovants et les R&D, a été majoritairement délocalisée et ne représente que 25 000 ou 30 000 emplois de production en France. Si l’on rapporte ce chiffre à notre population active de 28 millions de personnes, cela ne représente qu’un chiffre dérisoire d’un emploi pour mille actifs.
Le secteur du luxe réalise un chiffre d’affaires proche de 50 milliards d’euros que se partagent quelques groupes qui créent peu d’emplois en France et contribuent peu à notre économie.

Pour exemple, LVMH, n°1 mondial du luxe, a réalisé en 2011, un chiffre d’affaires de prés de 24 milliards d’euros mais 77 % des 80 000 salariés du groupe sont employés hors de France. Soit, selon nous, moins de 7 000 ou 8 000 emplois manufacturiers dans notre pays.

La responsabilité des professionnels et des politiques

Les lobbies mondialistes qui ont préconisé et accompagné la délocalisation de l’industrie, sont souvent les interlocuteurs privilégiés des gouvernements et cette collaboration contre nature a renforcé la légitimité de ces groupes d’influence.
La reconnaissance providentielle de l’état, a ainsi fourni des moyens supplémentaires à ces inconditionnels partisans de la mondialisation et encore accéléré la délocalisation de l’industrie française.
 
Les dirigeants des organisations professionnelles de la mode et des autres secteurs industriels  portent une lourde responsabilité dans la délocalisation de l’industrie française. Leur efficace lobbying pour la désindustrialisation coûtera des centaines de milliards d’euros à notre pays et la perte d’activité risque d’handicaper notre économie pendant plusieurs décennies.
 
Ces lobbies ont livré les industries patrimoniales à nos concurrents économiques et ainsi provoqué un chômage massif et des déficits publics colossaux.
Complices, nos gouvernements successifs, de droite ou de gauche, ont, au nom du dogme néolibéral du libre-échange, également trahi la confiance de nos concitoyens, ouvriers et consommateurs, en collaborant au démantèlement d’une industrie française patiemment construite et riche d’un savoir-faire appartenant au patrimoine national.

 

 

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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 12:57

 

Entretien 14/03/2012 à 12h08
Zineb Dryef | Journaliste Rue89

 


L'équipe de France féminine de cyclisme à Doha lors du Tour du Qatar 2010, en le 4 février 2010 (Fadi Al-Assaad/Reuters)

 

Devenu le plus gros investisseur du monde, le Qatar est de plus en plus présent en France. Ce mercredi, Les Echos révèlent que Le Qatar a acquis 2% du capital de Total depuis cet été. Le pays devient le troisième actionnaire du groupe derrière les salariés et le milliardaire belge Albert Frère.

Comment expliquer cette stratégie récente de l'émirat et son intérêt pour la France jusque dans des petites villages corréziens, comme l'a raconté Rue89 ?

Directeur de recherche à l'Iris, Karim Emile Bitar, spécialiste du Proche et Moyen-Orient, décrypte les enjeux que représentent ces millions investis par le Qatar en France.

Rue89 : En France, le Qatar investit dans l'immobilier, les grandes et petites entreprises, la culture, le sport... désormais les banlieues. Pourquoi cet engouement pour notre pays ? De quand peut-on le dater ?

Karim Emile Bitar : Des années 80. Une certaine francophilie règne au Qatar depuis cette période. Le père de l'émir actuel était un dilettante qui avait une prédilection pour la Côte d'Azur.

En 1995, lors d'un voyage du père à Genève, le fils l'a déposé et a pris le pouvoir à la faveur d'une révolution de palais. Le père a alors voulu faire jouer un accord de défense entre la France et le Qatar, qui avait été signé un an auparavant. La France a fait la sourde oreille.

Aux yeux du fils, la France avait, par cette attitude, marqué un très bon point. A contrario, le fils ne pardonnera jamais à Hosni Moubarak d'avoir essayé de soutenir son père.

Mais c'est surtout à partir du milieu des années 2000 que l'on peut parler d'engouement pour la France.

  1. « Une politique arabe “bling-bling” »
  2. Profiter de la crise en Europe
  3. « Un Arabe pauvre est un Arabe »
  4. « Le Qatar ne va pas se défaire des Etats-Unis »

Comment qualifierez-vous cette relation ? Est-elle plus étroite depuis l'élection de Nicolas Sarkozy ?

Oui, elle a pris son véritable envol après l'élection de Nicolas Sarkozy.

L'émir du Qatar fut le premier chef d'Etat arabe reçu en France, dès mai 2007. Il venait d'acheter 80 Airbus au prix fort. Par la suite, Nicolas Sarkozy fera lui-même quatre voyages au Qatar.

Avant, des relations s'étaient créées avec lui lors qu'il était encore ministre de l'Intérieur ; la France formait déjà une partie des cadres du Qatar. Jacques Chirac n'avait pas négligé le Qatar, il y avait même fait une dizaine de visites, mais le courant est, semble-t-il, passé beaucoup mieux entre l'émir du Qatar et Nicolas Sarkozy.

Il existe certains points communs dans les tempéraments des deux hommes : ils sont déterminés, énergiques, prennent les choses à bras le corps et veulent que tout aille vite. Ils aiment bien faire des « coups » diplomatiques ou économiques et ne craignent pas de faire preuve d'autoritarisme ou d'un certain bonapartisme.

Le Qatar voulait rapidement élargir son influence sur la scène internationale et était prêt à s'en donner les moyens. Nicolas Sarkozy voulait avoir des relais dans le monde arabe où il était perçu comme pro-israélien. La complémentarité était évidente.

Economiquement, les deux pays avaient énormément à gagner de ce partenariat. Plusieurs grandes entreprises françaises en ont profité. Le Qatar est intervenu comme intermédiaire dans l'affaire des infirmières bulgares, ce qui a permis à Sarkozy d'enregistrer une victoire médiatique.

Sarkozy voulait aussi prendre le contre-pied de Jacques Chirac et réintégrer Bachar el-Assad dans la communauté internationale. Le Qatar va beaucoup aider à ce rapprochement franco-syrien, qui sera couronné par la venue à Paris d'Assad pour le défilé du 14 juillet 2008, aux côtés de Moubarak et de Ben Ali.

Le Qatar interviendra aussi dans beaucoup d'autres dossiers dans lesquels la France avait des intérêts : l'affaire Gilad Shalit, l'aide à l'Autorité palestinienne, les négociations interlibanaises… Enfin, en 2011, la relation est encore montée d'un cran avec la guerre en Libye.

Globalement, si le bilan économique de la relation est bon, le bilan politique est beaucoup plus discutable. Le soutien du Qatar aux milices libyennes fut très problématique puisqu'on voit aujourd'hui qu'elles refusent de désarmer et cherchent à imposer leurs desiderata idéologiques.

En tout état de cause, le Qatar est aujourd'hui devenu pour la France un partenaire stratégique privilégié et incontournable, le pivot d'une nouvelle politique arabe, une politique arabe « bling-bling ».

 

 

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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 12:52

LEMONDE.FR avec AFP | 13.03.12 | 21h05

 
 

 

La direction de LaSer Cofinoga, détenu à parts égales par BNP Paribas et Les Galeries Lafayette, a annoncé fin janvier la suppression de 433 postes.

La direction de LaSer Cofinoga, détenu à parts égales par BNP Paribas et Les Galeries Lafayette, a annoncé fin janvier la suppression de 433 postes.AFP/JEAN PIERRE MULLER


Entre 1 000 et 1 500 salariés de LaSer Cofinoga, selon la police et les syndicats, ont manifesté mardi à Mérignac pour réclamer de "véritables" négociations sur le plan qui prévoit 433 suppressions de postes, dont 397 sur le site girondin.

"Nous refusons les licenciements contraints, nous demandons à nos actionnaires des reclassements acceptables, de bonnes conditions de départ et nous réclamons un projet de réindustrialisation et de redynamisation du site de Mérignac", a détaillé Lionel Azougalhi, délégué CFDT (majoritaire), qui appelle la direction à "sortir du bois". A Paris, devant le siège social, une centaine de salariés ont également manifesté à la mi-journée.

"SITUATION DE CRISE ÉCONOMIQUE SANS PRÉCÉDENT"

Une assemblée générale tenue en début d'après-midi a décidé une reprise du travail mercredi sur le site de Mérignac après deux jours de grève. Les salariés doivent se retrouver pour une nouvelle assemblée des salariés mercredi après-midi afin de décider d'autres formes d'action, a indiqué Jean-Louis Gayon, délégué syndical CGT.

La direction de LaSer Cofinoga, détenu à parts égales par BNP Paribas et Les Galeries Lafayette, a annoncé fin janvier la suppression de 433 postes, dont 397 à Mérignac, 44 à Paris, 19 en agences sur rue et deux à Jurançon, dans les Pyrénées-Atlantiques. La direction avait alors expliqué que sa décision était la conséquence d'"une situation de crise économique sans précédent" et d'"évolutions législatives" défavorables au crédit à la consommation.

 

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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 12:44

 

Le Monde - 13 mars 2012

Contre qui tourner sa colère lorsque son entreprise prend le chemin du dépôt de bilan ? Depuis quelques mois, les délégués syndicaux de l'usine de canapés Green Sofa Dunkerque (122 salariés) ne savent plus trop à qui ils en veulent le plus. A Ikéa, l'unique client depuis plus de dix ans qui va arrêter ses commandes d'ici la fin de l'année pour produire moins cher ailleurs en Europe ? Aux dirigeants de leur entreprise qu'ils soupçonnent de n'avoir pas cherché de nouveaux clients afin de mieux faire payer un plan social à l’État ? Aux candidats à la présidentielle qui parlent de produire en France et qui veulent en réalité juste éviter une fermeture d'usine avant les élections ? "Nous sommes des salariés smicards qui se font avoir", résume Gérard Goubert, le délégué CFDT.

Chauffeuse en cours de fabrication © Karim El Hadj

Environ 280 chauffeuses et 210 canapés sortent chaque jour de l'usine située dans la zone industrielle de Petite-Synthe, à côté de Dunkerque. Mettant en avant la baisse de vente de canapés et "des incidents de qualité répétés", le géant suédois avait annoncé dès septembre 2010 son intention d'arrêter ses commandes à la fin de l'année 2012. Soit "28 mois de préavis" rappelle le groupe dans un communiqué publié après une décision du tribunal de commerce de Lille du 12 janvier reconnaissant la transparence de son retrait de Green Sofa.

Mais pour Patrick Danten, le directeur du site, "ce désengagement s'explique en réalité par une stratégie d'achat visant à réduire tous les coûts. Il faut être lucide, si Ikéa s'en va, c'est parce que nous sommes plus chers que les autres". Une interprétation que confirme Gérard Gaubert. "La Pologne a mis les prix à ras-les pâquerettes, on ne peut pas lutter. Ikéa va vendre polonais parce qu'il gagne deux fois plus sur un canapé produit là-bas. Nous sommes peut-être les derniers Gaulois à se battre sur la production de canapés".

Gérard Gaubert, comme la majorité de ses collègues, gagne le SMIC, soit environ 1100 euros nets par mois (plus 185 euros de prime pour ses vingt-trois ans d'ancienneté). "En Roumanie, le salaire mensuel est deux fois moins élevé, explique-t-il. Dans ces conditions, fabriquer des canapés en France va devenir impossible. La seule chose que nous pouvons faire, c'est devenir une usine d'assemblage.Il faut accepter que la petite-main d’œuvre soit faite à l'étranger." Un constat là aussi partagé par la direction. "On ne peut vendre des produits que si le prix plait au consommateur, souligne Patrick Danten, qui dirige également un site d'assemblage en Roumanie. Ce n'est pas possible de s'aligner sur les produits de grande distribution. Ils ne seront plus fabriqués en France. Pour les produits d'entrée de gamme, on ne sait plus les faire en France. Aujourd'hui, il faut miser sur la réactivité ou sur les produits avec une valeur ajoutée."

Gérard Gaubert, délégué CFDT et Patrick Danten, directeur général de Green Sofa © Karim El Hadj

Green Sofa perd aujourd'hui 20 euros par canapé vendu (soit 170 000 euros par mois) et navigue à vue. "Nous sommes en train de dépenser tout notre cash, nous n'aurons bientôt plus d'argent pour faire fonctionner l'usine", explique Patrick Danten. En raison des "dettes sociales envers l'Etat" que la société est en train d'accumuler, il va bientôt se rendre au tribunal de commerce pour décider de la suite : poursuite de l'activité, cessation de paiement, ou dépôt de bilan. "On est suspendu à nos discussions avec Ikéa. S'ils acceptent une hausse des prix, ça nous donne neuf mois pour travailler." Le directeur se dit par ailleurs optimiste sur l'arrivée d'un nouveau client. "Pendant un an, ils n'ont pas cherché, corrige Gérard Gaubert. Ils voulaient demander à l’État de prendre à sa charge un plan social. Quand notre situation a été médiatisée, ils ont mis les deux pieds sur le frein."

La proximité d'une élection présidentielle où la question du "produire en France" est portée par plusieurs candidats a évidemment joué dans cette médiatisation. La presse régionale a consacré de nombreux articles à la situation de l'usine mais Gérard Gaubert se dit déçu de n'avoir pas eu droit à "la grande médiatisation", "celle qui porte ses fruits", c'est-à-dire un passage sur TF1 ou sur France 2. "Chez Lejaby ou chez Arcelor, à Florange, tout est passé à la télévision", explique-t-il. "Nous n'avons pas été médiatisés parce que nous n'avons pas été des voyous. Nous n'avons pas non plus fait grève pour que des salariés qui ne gagnent déjà que 1100 euros par mois ne perdent pas d'argent."

En septembre, pendant la campagne de la primaire du parti socialiste, François Hollande puis Arnaud Montebourg sont venus à la rencontre des salariés. Marine Le Pen a souhaité faire le déplacement mais Gérard Gaubert s'y est opposé. François Bayrou, lui, lors de son meeting du 19 janvier à Dunkerque, n'a pas souhaité les rencontrer. "Dans son discours au Kursaal , il a dit : 'On ne peut pas sauver tout le monde', raconte le représentant syndical. C'est le premier meeting où je suis parti avant la fin."

Si de nombreux élus locaux, dont le député MRC de la circonscription, Christian Hutin, ont apporté leur soutien aux salariés de Green Sofa, aucun candidat, c'est-à-dire aucune caméra, n'était là lorsqu'ils se sont rendus en bus à Plaisir (Yvelines), au siège d'Ikéa, au mois de février. "Les hommes politiques nous ont baisé. Aucun n'est venu", raconte Gérard Gaubert. Pour lui, le fait que l'entreprise (anciennement Parisot Sièges) soit détenu par Jean-Charles Parisot, cousin de Laurence Parisot, la patronne du Medef, attire les journalistes ("Le lien de parenté est généralement la première question qu'on nous pose") mais peut aussi, lorsque s'ajoute celui d'Ikéa, un important employeur, faire peur à certains responsables politiques.

De toute façon, le représentant syndical ne se fait pas beaucoup d'illusions : "Tant qu'il y aura les élections, on va tenir. Après, il n'y aura plus rien. Demain ou après-demain, on ne parlera plus de nous."

Pointeuse de l'usine Green Sofa © Karim El Hadj

 

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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 12:10

AFP ET REUTERS | 14.03.12 | 08h31

 
 

 

Cet investissement est une nouvelle preuve de l'intérêt du riche émirat gazier du Qatar pour la France.

Cet investissement est une nouvelle preuve de l'intérêt du riche émirat gazier du Qatar pour la France.AFP/BORIS HORVAT


En acquérant depuis l'été dernier 2 % du capital du groupe pétrolier, le Qatar est devenu le troisième actionnaire de Total, rapporte le journal économique et financier Les Echos, mercredi 14 mars. Sans citer ses sources, le quotidien précise que "les achats auraient été discrètement réalisés par deux fonds souverains, avant d'être récemment regroupés au sein de Qatar Holdings". Contacté par Les Echos, Total n'a pas souhaité faire de commentaires.

Au cours actuel (42,655 euros en clôture mardi), Total est valorisé 100 milliards d'euros. Cette participation – qui n'est pas soumise à une obligation de déclaration car inférieure à 5 % – vaut plus de 2 milliards d'euros, ajoute le journal, qui ne précise pas ses sources. Selon les données de Thomson Reuters, le premier actionnaire déclaré du groupe est Groupe Bruxelles Lambert, société d'investissement de l'homme d'affaires belge Albert Frère, avec un peu plus de 4 % du capital, devant les salariés (3,32 %). Parmi les principaux actionnaires de Total figure le fonds chinois State Administration of Foreign Exchange (SAFE), présent au capital du groupe pétrolier depuis 2008.

Cet investissement est une nouvelle preuve de l'intérêt du riche émirat gazier du Qatar pour la France, après son rachat en deux temps de la totalité du club de football Paris Saint-Germain, la reprise des palaces cannois Carlton et parisien Royal Monceau et la razzia sur les droits télévisés de Ligue 1 menée par sa chaîne de télévision, Al-Jazira Sports.

Dans l'industrie, il possède déjà 5,6 % du constructeur Vinci, 5 % du groupe de services aux collectivités Veolia Environnement, et 7,5 % du constructeur aéronautique EADS (Airbus). Il est aussi devenu récemment le premier actionnaire du groupe de médias Lagardère, avec 10,1 % du capital.

 

 

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 14:23

Forum mondial de l'eau | LEMONDE | 12.03.12 | 17h29   •  Mis à jour le 13.03.12 | 10h45

 
 

New Delhi, correspondant régional - "La guerre de l'eau" : le scénario alarmiste figure désormais en bonne place dans les analyses prospectives sur la sécurité en Asie du Sud. En février 2011, le Sénat américain avait publié un rapport intitulé "Eviter les guerres de l'eau", centré sur les risques pesant sur le Pakistan et l'Afghanistan. L'étude s'inscrit dans une littérature déjà abondante sur la montée des conflits géopolitiques attisés par la raréfaction de la ressource hydrique dans une région où le triangle Pakistan-Inde-Chine est déjà éminemment instable. En butte à des besoins croissants en énergie, les Etats agrégés autour de l'Himalaya - surtout la Chine et l'Inde aux économies émergentes - sont embarqués dans d'ambitieux projets de barrages hydroélectriques, attisant d'inévitables tensions avec les pays voisins situés en aval.

Le réchauffement climatique et son impact sur la fonte des glaciers himalayens, qui accroît les risques d'inondation à court terme, ajoutent aux inquiétudes ambiantes. L'Inde se situe au coeur de ce puzzle "hydropolitique". Dès que l'on décortique les contentieux avec ses voisins, le partage de l'eau de l'Himalaya s'impose comme une source majeure de frictions.

Avec la Chine, la controverse n'a cessé de s'aiguiser ces dernières années. Elle se focalise sur les projets chinois le long du Brahmapoutre (appelé aussi de son nom tibétain Yarlung Zangbo par les Chinois), lequel prend sa source au Tibet, ainsi que sur la plupart des grands fleuves d'Asie.

En sortant du Tibet, le Brahmapoutre traverse les Etats indiens de l'Arunachal Pradesh et de l'Assam (Nord-Est) avant de sillonner le Bangladesh. Aussi le gouvernement de New Delhi voit-il avec beaucoup de suspicion la construction de tels barrages qui risquent d'altérer la course du fleuve sur ses terres du Nord-Est. Les passions se sont récemment embrasées à propos de rumeurs sur un prétendu projet pharaonique de Pékin visant à détourner l'eau du Brahmapoutre pour la canaliser vers les régions assoiffées de la Chine du Nord.

Ce plan de diversion massive relève toutefois plus d'un fantasme indien que d'une réalité chinoise, en tout cas pour l'instant.

Amère ironie : l'Inde reproche à la Chine un égoïsme de l'eau qu'elle inflige elle-même à ses voisins situés en aval. Car le Bangladesh aussi se plaint amèrement des projets indiens de barrages ou de retenues d'eau sur le Brahmapoutre comme sur le Gange. Dans cette affaire, la tâche de New Delhi est compliquée par les intérêts particuliers de ses propres Etats fédérés, comme l'a illustré l'attitude récalcitrante du Bengale-Occidental qui a fait capoter en 2011 un projet d'accord indo-bangladais sur la rivière Teesta. Cette question du partage de l'eau alimente également au Népal des sentiments hostiles à New Delhi.

Le Népal est certes un pays situé en amont, mais son arriération technologique l'a conduit à coopérer avec l'Inde pour la construction de ses barrages en vertu d'accords dénoncés comme "inégaux" par certains partis népalais.

Plus à l'ouest de la chaîne himalayenne, l'Inde "en amont" se heurte aussi au Pakistan "en aval", selon le scénario de type bangladais. A la différence près que la discorde est exacerbée par la rivalité historique opposant les deux Etats nés en 1947 sur les décombres de l'Empire britannique des Indes.

La trentaine de barrages construits, ou en passe de l'être, par New Delhi alimente les pires accusations au Pakistan, notamment de certains groupes djihadistes lançant des menaces terroristes sur le thème : "l'eau ou le sang". La ressource en eau se raréfie dans les deux pays : la moyenne disponible par habitant a chuté à 1 700 m3 en Inde et à 1 000 m3 au Pakistan. D'où l'enjeu de ce partage de l'eau de l'Indus et de ses cinq affluents qui traversent le Cachemire indien avant d'irriguer la plaine du Pendjab pakistanais.

Bien que les deux Etats se soient déjà livrés quatre guerres, la querelle de l'eau a pour l'instant été globalement endiguée grâce au traité de l'Indus signé en 1960 sous les auspices de la Banque mondiale. Cet accord alloue au Pakistan les trois cours d'eau dits "occidentaux" (l'Indus et ses deux affluents Jhelum et Chenab) - près de 75 % de l'ensemble du débit - et à l'Inde les trois dits "orientaux" (Ravi, Beas, Sutlej, autres affluents de l'Indus). L'Inde se voit en outre reconnaître le droit à usage limité (irrigation, hydroélectricité) en amont sur l'Indus et ses deux affluents "occidentaux" confiés au Pakistan. New Delhi s'est toujours réclamé de ce traité pour défendre la légalité de ses projets de barrage au Cachemire. En réalité, l'affaire est moins juridique que stratégique, le Pakistan se sentant fragilisé face à la capacité que les Indiens s'arrogent à réguler éventuellement le cours de ses cours d'eau.

 

Frédéric Bobin


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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 14:17

LEMONDE | 13.03.12 | 11h14   •  Mis à jour le 13.03.12 | 11h30

 
 

 

Concernant la vente des farines, l'Autorité de la concurrence condamne les meuniers à une amende de 242,4 millions d'euros.

Concernant la vente des farines, l'Autorité de la concurrence condamne les meuniers à une amende de 242,4 millions d'euros.D.R.


Les meuniers français et leurs homologues allemands vont manger leur pain noir. Selon la décision de l'Autorité de la concurrence, dévoilée mardi 13 mars, ils devront s'acquitter d'une lourde amende collective d'un montant total de 242,4 millions d'euros.

Ces fabricants de farine pour la grande distribution sont condamnés à double titre. D'une part, pour avoir noué une entente franco-allemande pour limiter les volumes d'exportation sur leurs territoires respectifs. Et d'autre part, en ce qui concerne les meuniers français, de s'être accordés pour fixer le prix, la production, et pour se répartir la commercialisation de la farine en sachets.

C'est un meunier allemand, la société Werhahn qui a dévoilé le pot aux roses, sachant qu'une entreprise qui dénonce une entente bénéficie d'une exonération totale ou partielle. Dans le cas présent, Werhan, deuxième entreprise de meunerie allemande, qui risquait une amende de 16,66 millions d'euros, s'en sort indemne. A la suite de cette dénonciation, l'Autorité de la concurrence s'est saisie de l'affaire en avril 2008. Elle a mené des perquisitions en France et outre-Rhin avec le concours de son homologue allemand Bundeskartellamt.

D'après les pièces saisies, les meuniers français et allemands avaient établi un pacte de non-agression mutuelle. Ils limitaient l'accès à leurs marchés respectifs et maîtrisaient les exportations de farine en sachets en les maintenant à un niveau défini par avance, estimé à 15000tonnes par an. Selon les sages de la rue de l'Echelle, l'infraction aurait duré de mai 2002 jusqu'en 2008.

Pour cette entente, l'Autorité a prononcé une sanction de 95,5 millions d'euros. La société la plus taxée, Axiane meunerie, devrait s'acquitter d'une amende de 19,9 millions d'euros ; viennent ensuite les Grands moulins de Paris (11,8 millions) et les Grands moulins de Strasbourg (9,8 millions).

L'Autorité estime que cet accord "a mis les meuniers français à l'abri de la concurrence des meuniers allemands plus compétitifs. Les consommateurs français ont ainsi perdu l'opportunité d'acheter la farine à prix plus bas".

 

VERROUILLAGE DES MARCHÉS

Second grief : le verrouillage du marché français. D'abord avec la création de France farine dès 1965. Cette entreprise a pour actionnaires les meuniers français pour qui elle commercialise la farine en sachets auprès de la distribution, que ce soit par le biais de la marque nationale Francine dont elle est propriétaire ou par le biais de marques de distributeurs ou régionales. France farine applique un prix de cession unique, puis répartit les commandes entre ses actionnaires par zone géographique.

Pour répondre aux appels du hard discount, les meuniers ont créé une deuxième structure Back Mühle, qui négocie collectivement la vente de farine en sachets depuis 2001.

Pour ces deux ententes, l'Autorité a prononcé une sanction de 146,9 millions d'euros. Dont 44 millions pour Axiane meunerie, 35 millions pour Euromil Nord et 24,6 pour les Grands moulins de Paris.

Laurence Girard

 


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