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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 13:57
| Par La rédaction de Mediapart

Le chômage a atteint 10,8 % dans les 17 pays de la zone euro en février 2012, selon les chiffres publiés ce lundi 2 avril par l'agence statistique européenne, Eurostat, qui n'a jamais annoncé un taux de chômage aussi élevé. Il y a un an, en février 2011, le chômage s'élevait déjà à 10 %.

Sur la totalité des 27 États de l'Union européenne, ce taux monte à 10,2 %, ce qui représente 24,55 millions de chômeurs. En un an, 1,874 million de personnes sont venues grossir leur rang.

La population active espagnole est le plus durement touchée avec 23,6 % de chômeurs. Autre triste record pour l'Espagne, 50,5 % des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage.

Eurostat établit le chômage en France à 10 %, contre 9,6 % il y a un an.

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 13:50
| Par Rachida El Azzouzi

De notre envoyée spéciale à Istres

«PS, UMP, c'est tous les mêmes. Ça sert à rien de voter. Ils viennent nous voir uniquement lorsqu’ils ont besoin de nous au second tour, et après il n'y a plus personne.» C'est le refrain qui tourne en boucle, d'immeuble en immeuble, au Prepaou, à moins de vingt jours du premier tour. Dans ce quartier populaire à vingt minutes à pied du centre-ville d’Istres, dans les Bouches-du-Rhône, entre étang de Berre et Méditerranée, «la masse de précaires» a perdu la foi en la République et en ses hommes politiques.

Ouvriers, chômeurs, immigrés, retraités, espagnols, italiens, maghrébins, vietnamiens, lorrains, venus travailler dans l'industrie pétrochimique, grondent en silence, se réfugient dans l'abstention ou votent Le Pen de colère. En 2002, ils avaient sonné l'alarme. Dans la petite cité provençale de 43.000 habitants, le Front national était arrivé en tête au premier tour avec 22,92 %, loin devant Jospin (15,06 %) et Chirac (13,80 %) avant d'être écarté au second tour.

 

© Rachida El Azzouzi

Dix ans et plusieurs crises plus tard, dans cette zone sous contrat urbain de cohésion sociale où le revenu médian par ménage stagne à 10.000 euros par an, les sentiments demeurent les mêmes. Quelles que soient la génération, la trajectoire, l'origine, on se sent «oubliés», «utilisés», «stigmatisés», «la dernière roue du carrosse», et on se moque de l'élection présidentielle. «Ici, la priorité, c'est pas le débat sur la viande halal mais manger de la viande. Les gens veulent deux choses : un emploi et un logement», lance un acteur social, las des polémiques et des clichés qui poursuivent les banlieues de France.

Dans cette cité de 5.000 habitants, où les deux tiers des logements sont des HLM, on n'a pas attendu la crise pour vivre la crise. Depuis de longues années, le chômage bat des records comme dans les autres quartiers populaires de la SAN Ouest-Provence, l'intercommunalité qui fédère Istres, Fos-sur-Mer, Miramas, Comillon-Confoux, Grans et Port-Saint-Louis-du-Rhône. Il laisse sur le carreau un bataillon de jeunes, de mères seules, de pères. L'appartenance à une commune et à une intercommunalité parmi les plus riches de France grâce à la taxe professionnelle ne change rien à la donne. Carrefour industriel avec la zone industrialo-portuaire de Fos, le pôle aéronautique d'Istres et le pôle logistique de transport de Grans-Miramas, le bassin de Ouest-Provence franchit allègrement les 11 % de chômage.

 

© Rachida El Azzouzi

«La France, ce n'est plus la France.» Devant le centre social, assis à l'ombre sur des chaises en plastique, Fatima (*), 45 ans, «Française d'Alger», se plaint de la hausse du prix du carburant et du gaz avec les copains, «une Algérienne, une pied noir de Tunisie et un Lorrain fils d'Espagnols, la France métissée». Elle n'ose plus ouvrir sa boîte aux lettres – «il n'y a que des factures» –, vit «à six avec une paye de 1.600 euros», a forcé son mari à faire du covoiturage.

Le 22 avril, elle ira voter, «c'est un devoir», mais elle votera «ni Hollande, ni Sarkozy, tous pareils». Comme Frédéric (*) qui regarde ses meetings «sur Google», elle est séduite par Jean-Luc Mélenchon : «Il a de l'énergie, la carrure d'un président qui peut donner du boulot à nos enfants.» Des enfants appelés les JAMO, «jeunes ayant moins d’opportunités» comme on désigne dans les ministères les jeunes des quartiers populaires, issus de l’immigration, ceux qui errent dans les allées à longueur de journées.

Mourad est l'un d'eux. Affalé quelques allées plus loin, sur les marches de la placette des Magnans, l'un des centres névralgiques du quartier, il tue le temps au soleil en roulant joint sur joint avec ses «frères». «La présidentielle, c’est juste un rêve qu’on nous donne. On nous fait croire que notre vie va changer mais elle reste merdique. Pourquoi j'irais voter ? Qu'est-ce que cela changera ? On ne dira plus Mourad d'origine algérienne mais Mourad, Français ? On ne me regardera plus de travers à l'extérieur du quartier ? Les flics ne contrôleront plus mon identité ? Les portes s'ouvriront ?»

Jogging blanc relevé au-dessus du mollet, baskets de marque, il fume pour «oublier» qu’il a 30 ans, «pas de boulot, pas de logement, pas de diplômes, pas de futur». Et s’il vote, prévient-il, «c’est Marine Le Pen comme beaucoup d'enfants d'immigrés» : «Comme ça, c’est l’anarchie. La France sera démolie. Elle se soulèvera comme la Tunisie, l'Egypte et il faudra la reconstruire.» Mourad en a «marre des politiques et des médias qui ne parlent que des 0,1 % de musulmans qui pètent un câble, jamais des 99,99 % qui travaillent, galèrent».

Sa vie, c'est le foot, la fumette et les murettes du Prepaou, «une cité» entre guillemets. Bordé de pins, discrètement tagué, traversé de cours centrales, d'espaces verts, de jeux, ce quartier sud d'Istres, héritage des années soixante-dix, est sans comparaison avec les ghettos des «capitales», Marseille et Paris. Pas de tour de soixante mètres mais une succession de petits immeubles ne dépassant pas quatre étages et huit appartements où dix-huit nationalités vivent bien ensemble.

© Rachida El Azzouzi

On est très loin des clichés véhiculés par ceux qui n’y vivent pas, décrivant des barres délabrées, des dealers en Mercedes, des mamies retranchées dans leurs appartements et des parents dépassés par leur progéniture. Seules les rondes de la BAC, les caméras de vidéo-surveillance, disséminées autour «des zones problématiques», et l'annexe du commissariat, viennent rappeler que comme tout quartier populaire, qui concentre les problèmes sociaux, le Prepaou n'échappe pas à la délinquance, aux petits trafics, au système D.
 

Ce reportage, réalisé entre le 25 et le 28 mars, est le fruit de trois jours de terrain, d'échanges avec les habitants et les militants associatifs des quartiers sud d'Istres. Il entre dans le cadre d'une série de reportages, enquêtes et analyses, consacrés aux quartiers populaires à quelques semaines du premier tour de la présidentielle. Contactée à de multiples reprises, la mairie socialiste, après m'avoir promenée de service en service, n'a pas donné suite à mes demandes d'entretiens. Les prénoms suivis d'un astérisque sont des prénoms d'emprunt à la demande des habitants. Prochain volet : une journée de campagne avec Adil Fajry. Enfant du Prepaou, de la diversité, militant chevronné des cités, il est candidat aux législatives sur la treizième circonscription des Bouches-du-Rhône sous la bannière du NPA. Son slogan : «Nous ne voulons plus être une réserve de voix».

 
« On n’est pas une favela avec des kalachnikovs »

«On n’est pas une favela avec des kalachnikovs mais un village tranquille !» Halima, jolie brune de 25 ans, moulée dans un slim noir, débarque du centre commercial pour balayer les préjugés et secouer les abstentionnistes avec sa sœur aînée Linda. «Il faut voter. C'est un devoir. Moi, je vote Mélenchon parce qu'il en vaut la peine et que Sarko, c'est pire que la Marine.» Diplômée en comptabilité, elle est préparatrice de commandes à l'usine et vit «très mal» cette situation : «Ici, pour avoir un travail en lien avec tes études, il faut être pistonnée. Moi, j'ai personne.»



Sa sœur est l'une des premières mères célibataires du Prepaou. Maman de deux enfants, elle enchaîne plusieurs boulots, souvent au black et survit avec moins de 1.000 euros. Elle louerait bien une maison avec un jardin mais «il faut être deux». A part un frère qui a commis quelques délits d'ivresse, dans la famille, ils ont filé «le droit chemin». Leur mère est agent d'entretien, leur père est contremaître. Elle hésite à voter : «La présidentielle, c'est du marketing. Ils vendent bien leurs produits mais c'est de la mauvaise qualité et moi je reste précaire.»

A part pour Chirac en 2002, Kamel, la trentaine, cariste, ne se souvient pas avoir sorti sa carte d'électeur. «Le blabla des politiques» l'exaspère. Il travaille depuis ses dix-huit ans, a connu une interruption : la crise de 2008 à 2010, deux ans de chômage, de galère. Une période sombre où il a dévié, dealé, volé. Aujourd'hui, il s'est rangé des voitures, fait les trois-huit chez le fleuron sidérurgique Ascometal, gagne 1.400 euros par mois et finit les semaines «à terre».

Sofiane, 29 ans, BEP vente, bac pro logistique, a voté Chirac et Royal en 2002 et 2007 «pour limiter la casse». Cette année, il ne votera pas : «L'Etat ne fait rien pour nous. Toute la vie, il nous maltraite.» Il est la dernière génération à avoir profité du centre social du Prepaou et contemple avec désarroi la jeunesse désœuvrée au pied des immeubles : «Ils ne font plus rien pour les 18-25 ans. Le centre social est devenu une maison de retraite. Il n'y a des activités que pour les vieux.» Magasinier depuis six ans, à la base aérienne d'Istres, payé 1.300 euros net, Sofiane n'a pas eu le choix : «C'était l'armée ou le chômage, mon père venait de mourir, il fallait que j'assume la famille, ma mère.»


© Rachida El Azzouzi

Fille du quartier, partie pour y revenir, Melika Bettayeb, chargée des 4-18 ans au centre social, reconnaît «un vrai problème avec les 18-25 ans, un public difficile, auquel on ne peut pas permettre n'importe quoi : il n'y a rien pour eux et personne pour s'en occuper». Elle a connu le Prepaou à l'époque où il n'y avait qu'une pinède entre le quartier et le centre-ville : «La ville a explosé démographiquement et la cité a changé en même temps que la société. A mon époque, on jouait à la poupée. Aujourd'hui, on joue à la poupée nature à 12 ans et c’est vrai que les politiques fréquentent trois fois plus les quartiers populaires en période électorale», dit-elle en soupirant.

A part Olivier Besancenot, venu soutenir Adil Fajry, un enfant du quartier, candidat NPA aux législatives (à lire dans un prochain article), «on n'a vu personne» depuis le début de la campagne présidentielle au Prepaou. Pas une cravate dans ce quartier où la population réclame la réfection du terrain de foot «pourri», du collège vétuste, le maintien de la Sécu. La buraliste, une Marseillaise tombée sous le charme istréen, il y a dix ans, n'est pas étonnée : «C'est normal, c'est durant l'entre-deux tours que les politiques viennent nous voir quand il manque des voix, surtout pendant les élections locales.»

« Ici, la politique, c'est spécial, c'est le Far Ouest Provence »

Au Prepaou, le divorce est particulièrement prononcé avec la gauche, aussi bien au plan national que local. Baronnie socialiste, les Bouches-du-Rhône sont un département fameux pour ses guerres politiques, son cumul des mandats, son clientélisme, sa corruption. «On en a marre de les voir s'en mettre plein les poches, faire de la prison et être réélu», lâche un turfiste au tabac, chômeur et absentionniste de longue date. «Il n'y a aucune volonté politique pour les quartiers. Si t’as pas de réseaux, c’est l’injustice sociale, l'inactivité», réplique son voisin qui jongle avec une petite retraite de 800 euros.

© Rachida El Azzouzi


«Ici, c'est le Far Ouest Provence. La politique, c’est une grosse salade qui te donne la nausée. On n’a pas forcément bac + 5 mais personne n’ignore le CV du maire, François Bernardini», abonde Mouloud (*), un militant associatif du quartier, qui donne rendez-vous en ville et veut rester anonyme car «on est dans une petite cité, où tout le monde se connaît et les pressions vont vite». Un temps exclu du PS en 2001 pour s’être présenté face à un candidat du parti, condamné la même année pour abus de confiance à dix-huit mois de prison avec sursis et cinq ans d'inégibilité, l'ex-patron de la puissante fédération PS des Bouches-du-Rhône, réélu maire d'Istres en 2008, est l'un des encombrants adhérents de la rue de Solférino.

«On n'est pas dupes. Le Prepaou est un quartier clé au niveau électoral. C'est comme aux Etats-Unis, si t'as pas l'Ohio, t'es pas élu. Pour les municipales, durant l'entre-deux tours, on fait le tour des immeubles avec la liste d'émargement. On frappe aux portes des abstentionnistes qui hallucinent : ''Comment tu sais que j'ai pas voté ?'' Ici, tu tapes une famille qui a de l'influence et tu retournes le vote, tu l’achètes avec des rouleaux de papier peint, en lui promettant, un logement, un emploi », raconte Mouloud.

 

© Rachida El Azzouzi

«Dégoûté» par les récupérations et les instrumentalisations de la gauche, il concède, cependant, deux qualités au maire : « C'est un bosseur, un visionnaire. Il n'a pas parqué les communautés, il les a mixées dans toute la ville. On parle du Prepaou parce que c'est le premier grand ensemble de la ville mais il y a des quartiers partout, au sud, au nord, dans le centre. Pour la mosquée, il a bien joué. Il l'a appelée centre culturel islamique pour pas choquer l'électorat blanc. Il a offert la location du terrain pour l'euro symbolique pendant 99 ans et il a mis l'église évangélique juste à côté. »

Mouloud, qui gagne moins de 1.000 euros et vit encore dans le T4 familial, hésite entre Mélenchon ou Bayrou. Stéphane (*), l’ami qui l’accompagne, un gamin du quartier devenu entrepreneur, défend le candidat centriste, «le seul à aller dans les quartiers populaires hors période électorale, à ne pas traîner trop de casseroles et avoir prédit la crise. Mélenchon, c'est impossible. J’avais trois ans, il faisait déjà de la politique et il n’a pas écrit noir sur blanc “rupture avec le PS”».

Racisme anti-musulman galopant, traitement politico-médiatique «scandaleux» de l'affaire Merah, débats «stériles» sur l’identité nationale, la viande halal, les assistés... Pour Mouloud et Stéphane, «deux Français, un Arabe né au bled et un Lorrain fils de Gaulois», la coupe est pleine. «On ne se reconnaît pas dans les hommes à la tête de ce pays qui nous divisent. Il y a deux poids deux mesures. Pourquoi n'a-t-on pas plus parlé des militaires maghrébins ? Ça n'aide pas les jeunes des quartiers. Ça les radicalise pas au niveau de la religion, mais de l'Etat, la République. Pourquoi ne dit-on pas Sarkozy d'origine hongroise mais Mohamed d'origine algérienne ?»


© Rachida El Azzouzi

Devant l'entrée d'un immeuble, un homme massif vitupère «après les capitalistes et les patrons». Malgré les 25 degrés, Fredj Zarrouk porte son anorak d'hiver. Il a «toujours froid», ne décolère pas après Logirem, l'un des principaux bailleurs sociaux, qui gère une douzaine de blocs : «On paie nos charges mais ils ne réparent rien. Cela fait des mois que je leur signale des problèmes de chauffage, des murs cassés, des fuites. Ils s'en foutent et laissent pourrir. Par contre, ils ont ouvert un bureau dans le quartier pour leur représentant, eh bien lui, il a deux climatiseurs flambant neufs !»

Une habitante passe et lui tend un chèque de 22 euros, son adhésion à l'association de Consommation logement et cadre de vie qu'il a montée dans le quartier. «Une mécontente de plus», se réjouit-il. Arrivé de Sfax en Tunisie à l'âge de 18 ans, Fredj habite Istres depuis 1965. Il fait partie des premiers ménages à avoir rejoint le Prepaou dans les années 1970. Père de trois enfants, il a fait toute sa carrière dans la sidérurgie. Aujourd'hui, il voit la France «de pire en pire».

Il y a un mois, au pied de sa cage d'escalier, la police a contrôlé son identité pour la première fois de sa vie. «Une humiliation, un choc» pour ce Français, qui n'a d'yeux que pour de Gaulle. «En 1967, c'était la France. Aujourd'hui, ce n'est plus la France», déplore Fredj. Il votera, ne veut pas dire pour quel candidat car «après, il y a des ragots», mais à reculons: «Ils se foutent des quartiers, les politiques, les sociétés HLM. Tout le monde veut la place mais une fois que c'est gagné, ils nous oublient.»

Passe un couple, lui vêtu de la «kamis», la tunique des salafistes, elle, en hijab. Fredj s'énerve un peu plus : «La religion, il faut la laisser chez soi. Si un jour, ma femme veut porter ça, je la ramène au bled.» Il est traumatisé par la récupération politique de l'affaire Merah : «Ils divisent les Français en montrant du matin au soir les fous de Dieu, une minorité, et attisent le racisme à l'égard de la communauté musulmane qui se comporte en bons Français.»


© Rachida El Azzouzi


Assis sur un banc entre l'HLM où vit leur fils depuis vingt ans et l'école de l'autre côté de la route, Paul, 67 ans, et Annie, 66 ans, attendent la sortie des classes pour récupérer leur petite fille en bavardant au soleil. Ils ont vécu à Martigues dans des petites résidences à loyer modéré avant de migrer dans l'Aveyron à la mort des parents d'Annie, qui a hérité d’une grande maison avec 2.000 mètres carré de jardin, un bien inabordable dans la région.

Le Prepaou, ils y séjournent régulièrement. Ce n'est pas la cité de leurs rêves mais ils apprécient «le quartier plutôt calme compte tenu de la crise et relativement mixte». «La Canebière, c'est Alger. Ici, on n'en est pas encore là même s'il y a une forte concentration de Maghrébins», lâche Paul. Marseillais d'origine, il a fait carrière dans la chimie. Communiste, il pense voter Mélenchon bien qu’il soit «arrogant comme Marchais».

Annie, elle, voudrait que «les Français boycottent la présidentielle pour que les politiques réalisent la fracture sociale». Si elle se décide à voter, elle votera Marine Le Pen au premier tour «pour faire peur au gouvernement». Son mari la réprimande : «Tu lui donnes de l'impulsion.» Elle ne décolère pas : «Voter Sarkozy qui s’est augmenté de 150 % à son arrivée au pouvoir et Hollande qui botte toujours en touche, jamais. Je veux un président qui interdit les paradis fiscaux et qui donne des sous aux quartiers populaires.»

 


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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 12:09

 

Le Monde.fr | 02.04.2012 à 09h13 • Mis à jour le 02.04.2012 à 10h11

Par Jean-Jacques Ohana, président de Riskelia, Steve Ohana, professeur de finance à l'ESCP Europe

 
 

Contrairement à ce qu'ont affirmé les dirigeants européens, le pacte fiscal introduisant une règle d'or budgétaire n'a en rien résolu la crise de la zone euro. Le traité en question ne fait qu'affirmer de bonnes intentions en matière de gestion budgétaire sans s'attaquer à la cause profonde de la crise : les déséquilibres structurels de balance courante au sein des pays de la zone euro. Or, la crise de la dette souveraine n'est pas la cause de la crise financière mais sa conséquence. En instaurant des politiques d'austérité généralisées simultanément dans tous les pays déficitaires de la zone euro, les responsables politiques prennent le risque de plonger la zone euro dans une décennie perdue de récession jusqu'à ce qu'elle implose sous la pression des révoltes sociales contre le joug de la rigueur.

Rappelons que la crise financière est une double crise de l'endettement privé et public. Occulter l'excès d'endettement privé est commode car cela exonère de toute réflexion critique sur les excès propres à un capitalisme financier non régulé. La zone euro a permis l'expansion de bulles d'endettement dans les pays de la périphérie financées en grande partie par l'épargne des pays du Nord. Pendant près de dix ans, une zone euro à deux vitesses s'est construite avec la complaisance des leaders européens. Le Nord est devenu un centre industriel de production à la faveur d'une inflation modérée tandis que le Sud est devenu est un centre de consommation où une économie de service et d'immobilier a supplanté l'industrie en raison d'une inflation excessive. Ces disparités de développement sont les deux faces d'un même déséquilibre, l'Allemagne finançant les excès de dette privée des pays périphériques. L'excédent de balance commerciale de l'Allemagne provient en grande partie des pays européens : 63% de ses exportations vont vers l'Union Européenne. Alors que la part de l'industrie dans la valeur ajoutée de l'économie allemande atteint 30%, elle est respectivement à 16% et 18% pour la France et l'Espagne. Le différentiel de compétitivité n'est plus seulement quantitatif mais aussi qualitatif car l'industrie s'est concentrée dans les pays du Nord et a été laissée à l'abandon dans les pays du Sud.

Le pacte fiscal ne reconnait absolument pas ces déséquilibres. Il se focalise exclusivement sur la discipline budgétaire en demandant aux pays de maintenir le "déficit budgétaire structurel" sous les 0.5%. Or le déficit budgétaire structurel est impossible à définir, laissant la voie libre à toutes les interprétations et les contournements. D'autre part, le déficit budgétaire ne peut être considéré comme le seul indicateur de déséquilibre. Ainsi, l'Espagne et l'Irlande étaient les meilleurs élèves budgétaires de la zone euro en 2007. L'Espagne avait un taux d'endettement de 37% en part du PIB, un indicateur budgétaire qu'aurait pu envier n'importe quel autre pays de la zone euro à l'époque. Mais la crise financière a fait imploser la bulle immobilière rendant les ménages et entreprises surendettés insolvables. Puis, l'Etat espagnol a dû endosser la dette des banques touchées de plein fouet par l'accumulation des créances douteuses.

En vertu d'une équation fondamentale d'équilibre macroéconomique, la balance extérieure est la somme de la balance privée et de la balance budgétaire. L'analyse des endettements privés et publics montre qu'ils évoluent en miroir pour composer une somme relativement inflexible, la balance courante, révélateur de la compétitivité d'un pays. Lorsqu'une crise financière survient et que le secteur privé est forcé de se désendetter, l'endettement public doit se substituer mécaniquement à l'endettement privé pour maintenir la croissance et la balance courante. Les déficits budgétaires espagnols, irlandais ne sont pas dus à l'irresponsabilité fiscale de leurs gouvernants mais avant tout à un déficit structurel de compétitivité et à une spécialisation de leurs économies sur des secteurs à faible valeur ajoutée. Dans un système de change rigide, les pays ne peuvent modifier leur compétitivité qu'en maîtrisant les coûts du travail et en investissant dans la R&D pour développer des secteurs industriels tournés vers l'exportation à forte valeur ajoutée. Mais ces politiques mercantilistes ne se construisent que sur le long terme : on ne peut pas demander à un pays de conduire des réformes structurelles de compétitivité en l'espace de quelques mois.

Force est de constater que l'austérité préconisée par la doxa européenne a échoué partout où elle a été mise en œuvre (Grèce, Portugal, Irlande et Espagne). D'ailleurs à peine le traité de pacte fiscal signé, l'Espagne annonçait que ses objectifs budgétaires seraient manqués en 2012, passant d'un déficit de 4.4% du PIB prévu initialement à une estimation avoisinant les 6% du PIB. Le programme d'austérité espagnol a achevé de plonger le pays dans la récession avec des taux de chômage considérables de 23% sur l'ensemble de la population active et de 50% chez les jeunes de moins de 25 ans. Il ne faudra pas longtemps pour que le pays implose socialement sous l'emprise de la rigueur budgétaire.

La zone euro a adopté à l'unanimité la doctrine de l'austérité combinée à une politique monétaire expansionniste, laissant croire que la rigueur budgétaire favorise la confiance et soutient la croissance à long terme. Pourquoi cette politique marcherait-elle aujourd'hui alors que l'austérité n'a jamais été couronnée de succès dans l'histoire économique lorsqu'elle n'était pas accompagnée de dévaluation monétaire ? Pire, elle ressemble à s'y méprendre aux politiques de dévaluation compétitives qui étaient requises pour préserver l'étalon or dans les années 30. Les prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz et Paul Krugman ont chacun montré que ces politiques avaient provoqué la déflation et plongé les pays dans la dépression.

Certes, le programme de refinancement à long terme ("LTRO") des banques de la zone euro par la Banque Centrale Européenne nous a sauvés à court terme de l'effondrement, mais cette politique de colmatage n'a en rien résolu les causes profondes de la crise ni amélioré la situation de solvabilité des pays périphériques de la zone euro, qui ne cesse de s'aggraver. Malgré l'auto-satisfaction affichée par les négociateurs du traité, la crise de la zone euro n'est pas terminée, et elle connaitra même une phase plus aigüe dès que les perspectives de croissance en Chine et aux Etats Unis faibliront et que l'appétit pour le risque des investisseurs s'évaporera à nouveau sur les marchés.

Renégocié ou non, le pacte fiscal n'a pas d'avenir. Si nous souhaitons préserver l'euro, il est impératif de reconnaître la responsabilité partagée des pays créditeurs et débiteurs dans les déséquilibres de balance courante au sein de la zone. Un gouvernant fédéral démocratique devra voir le jour, établir un diagnostic lucide de la crise et œuvrer dans l'intérêt général de toute la zone, en dépassant les revendications particulières des Etats. Sans inflation dans les pays du Nord et sans mécanismes de redistribution fiscale entre les pays membres (Trésor européen, euro-obligations, banque européenne d'investissement...), la zone euro disparaitra. Et si la politique du déni continue de prévaloir, cette disparition ne se fera pas de manière concertée et préparée, mais dans un contexte de chaos politique et financier. L'euro sera fédéral et solidaire ou ne sera pas.

Jean-Jacques Ohana, président de Riskelia, Steve Ohana, professeur de finance à l'ESCP Europe

 

 

 

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 12:03

LE MONDE | 02.04.2012 à 13h52 • Mis à jour le 02.04.2012 à 14h07

Par Service International

 
Manifestation contre la réforme du travail en Espagne. Madrid, le 19 février 2012.

Une grève générale en Espagne, un gouvernement qui tangue en Italie, des manifestations au Portugal et en Grèce : les réformes du marché du travail décidées dans les pays placés sous assistance financière internationale ou menacés de l'être ne passent pas sans mal dans la zone euro. Après les réformes des retraites, conduites sans trop de tensions sociales, la volonté des Etats de revisiter un second pilier du modèle social européen inquiète.

Depuis le déclenchement de la crise, l'Estonie, la Slovaquie ou la République tchèque ont assoupli leur marché du travail. Les réformes engagées dans les quatre pays du Sud ont la particularité d'avoir été demandées par leurs bailleurs de fonds actuels ou potentiels, le Fonds monétaire international (FMI) et les institutions de l'Union européenne.

Espagne : la réforme entrée en vigueur le 12 février facilite et rend les licenciements moins coûteux pour les entreprises, leur permet de baisser les salaires dans certains cas et réduit le poids des syndicats dans les négociations collectives et les plans sociaux. Elle impose plus de flexibilité aux salariés dans leurs attributions et leurs horaires. Selon le gouvernement, la réforme doit rassurer les chefs d'entreprise hésitant à embaucher et augmenter la compétitivité de l'économie espagnole. Pour les syndicats, elle démolit les acquis sociaux et fait déjà grimper le chômage.

Italie : après avoir repoussé l'âge de la retraite et libéralisé certains secteurs de l'économie, le président du conseil, Mario Monti, pensait que la réforme du marché du travail passerait, comme les autres, entre indifférence et résignation. Mais la mise en cause de l'article 18 du code du travail, véritable totem de la gauche, a soulevé un début de tempête et poussé les trois principaux syndicats à prévoir une manifestation commune le 13 avril. Cet article, qui concerne les entreprises de plus de quinze salariés, interdit les licenciements "sans juste cause". La réforme, qui doit être adoptée avant l'été, rend plus coûteux, en contrepartie, le recours à des emplois temporaires.

Grèce : le nouveau mémorandum, signé mi-février, avec la "troïka" (Commission, BCE, FMI) impose une baisse de 20 % du salaire minimum et prévoit une renégociation des accords de branche, qui devrait entraîner une baisse de la plupart des salaires. Le gouvernement de l'ancien premier ministre Georges Papandréou avait permis que des accords d'entreprise permettent des salaires inférieurs à ceux des accords de branche.

La durée de préavis pour les licenciements a été réduite, et la durée maximale des contrats à durée déterminée est passée à trois ans, tout comme le recours au travail intérimaire. Les salariés des entreprises publiques ont vu leurs salaires réduits et leur durée de travail augmentée d'une heure. Ils ne sont plus à l'abri des licenciements.

Portugal : la réforme du code du travail, annoncée début février par le gouvernement, a été adoptée vendredi 30 mars par le Parlement. Le projet de loi divise les syndicats et a été à l'origine d'une grève générale le 22 mars. Le texte assouplit les conditions de licenciement et de recours au chômage partiel ; il crée des "banques d'heures", qui doivent permettre d'allonger le temps de travail sans coût supplémentaire pour l'entreprise ; il prévoit la suppression de trois jours de congés payés et de trois ou quatre jours fériés.

Service International

 

 

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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 20:05


Marianne - Rédigé par J-C Slovar le Vendredi 30 Mars 2012 à 13:25

 

En 2007, le Président Sarkozy déclarait intolérable que 7 millions de français vivent sous le seuil de pauvreté. En 2012, ils sont 11,2 millions ! Alors, il est où le Président qui promettait de réduire la pauvreté ?

 

Et il est où le président qui promettait de réduire la pauvreté ?

 

Si le Président de 2007 qui déclarait : « (...) J'ai voulu prendre un risque : fixer un objectif de réduction de la pauvreté (...) J'ai en effet fixé au gouvernement l'objectif de réduire d'au moins un tiers en cinq ans la pauvreté dans notre pays (...) J'ai voulu nous mettre dos au mur pour rendre des comptes aux Français (...) » et ajoutait : « Je ne veux pas gérer la pauvreté, je veux la combattre » A laissé place au candidat qui fustige les assistés et des profiteurs qui ne font rien pour sortir de leur condition, il est assez peu probable qu'il s'explique dans un meeting sur le fait que de 2007 à 2012, le nombre de français touchés par la pauvreté sont passés de 7 millions à 11,2 millions !

D'où viennent ces chiffres ?

Ils proviennent du rapport de l’Observatoire National de la Pauvreté et de l'Exclusion Sociale (ONPES), qui a été publié le 29 mars 2012.

Que dit il ?

Extrait : « (...) Ce rapport souligne une lente tendance à l’augmentation de la pauvreté en France depuis 2004, qui touche en 2009 près de 8,2 millions de personnes, soit 13,5 % de la population (...) accentuation de la précarité en emploi, réévaluation partielle des minima sociaux, laissent présager une poursuite de l’augmentation de la pauvreté (...) »

La crise actuelle ne doit cependant pas être un motif pour réduire l’effort mené par la France en matière de lutte contre l’exclusion (...) Prévenir le basculement ou la persistance dans la grande pauvreté est possible (...) Dans le contexte actuel de crise économique qui perdure, le système d’observation devra être particulièrement attentif aux risques de décrochage des personnes les plus en difficulté (...) Il faudra aussi porter remède aux situations fréquentes de non-recours aux droits, indice de découragement et de repli des plus vulnérables (...) »

Si travailler suffisait pour sortir de la misère ça se saurait !

« (...) l'Onpes s'inquiète des « transitions fragiles » entre RSA socle, RSA activité et situation d'emploi autonome qui ne garantit pas pour autant une sortie de la pauvreté. « Il vaut mieux avoir un emploi pour éviter la pauvreté, mais il n'en prémunit plus autant qu'avant », souligne l'Onpes. En 2009, 6,7 % de la population en emploi est pauvre, un phénomène très marqué chez les femmes seules chargées de famille (15,5 %) (...) » indiquent Les Echos

« Je ne veux pas gérer la pauvreté, je veux la combattre »

A vous entendre rapidement, Monsieur le président, sur le résultat de cinq ans de combat contre la pauvreté !



Sources
Rapport de l'ONPES

Crédit photo
FlickR CC - UMP
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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 19:52

 

Le Monde - 30 mars 2012

 

Le  déficit public baisse, la dette publique s'envole. Elle s'élevait fin 2011 à 1 717,3 milliards d'euros et atteignait 85,8% du produit intérieur brut (PIB) contre 82,3% fin 2010, soit une hausse de 3,5 points. C'est ce qui ressort des derniers chiffres rendus publics, vendredi 30 mars, par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

Initialement prévu à 5,7% du PIB, le déficit public (Etat, organismes divers d'administration centrale, administrations publiques locales et de Sécurité sociale) a été ramené à 5,2% fin 2011.

Cette amélioration en part de PIB provient à la fois du dynamisme des recettes, qui passent de 49,5% à 50,7% du PIB, et de la modération des dépenses, qui passent de 56,6% à 55,9% du PIB. Sous l'effet des hausses des impôts (+ 7,8%) prévus dans la loi de finances et dans les deux plans Fillon de redressement des finances publiques, le taux de prélèvements obligatoires augmente de 1,3 point en 2011 à 43,8% du PIB.

Les dépenses continuent de décélérer, passant de + 2,3% en 2010 à + 2,1%, soit un rythme inférieur à celui du PIB en valeur, mais fort éloigné des 0,4% à compter de 2013, prévus dans le programme de stabilité que le gouvernement Fillon s'apprête à transmettre à la Commission européenne. L'Insee relève le ralentissement particulier des dépenses de fonctionnement.

Les recettes, en hausse, augmentent de + 5,9% après + 3,3% en 2010. Les impôts sur le revenu et le patrimoine augmentent notamment de 10%. La progression des recettes fiscales provient aussi bien de l'impôt sur les sociétés (+ 8,7 milliards) que de la contribution sociale généralisée (+ 5,2 milliards, du fait de la taxation au fil de l'eau des revenus d'assurance-vie notamment) et de l'impôt sur le revenu (+ 3,6 milliards).

En un an, la dette au sens de Maastricht  s'accroît de 122,1 milliards à 1 717,3 milliards.Ce qui représente quelque 26.278 euros par habitant.  La contribution de l'État à la dette publique a augmenté de 90,3 milliards, une variation un peu plus importante que son besoin de  financement,en raison notamment des prêts accordés aux pays en difficulté de la zone euro (+ 10,4 milliards).

La dette des administrations publiques locales est passée en un an de 161,1 à 166,3 milliards d'euros.  Celle de la Sécurité sociale s'est alourdie de + 30,4 milliards pour atteindre 205,4 milliards fin 2011, en raison notamment de l'augmentation de la trésorerie des caisses de sécurité sociale (+ 12 milliards).

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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 19:47

 

Pavé 29/03/2012 à 19h09
Pascal Riché | Redchef Rue89
« Les Imposteurs de l’économie » (éd. Jean-Claude Gawsewitch) est un livre qui a été écrit pour éclabousser, un objectif réussi. Son auteur, Laurent Mauduit, journaliste économique et confondateur de Médiapart, s’en prend à une petite communauté jusque-là préservée des regards trop inquisiteurs : les économistes, du moins ceux qui vivent à Paris et sont des habitués des médias.

Laurent Mauduit montre au fil de son livre comment le monde de la finance « a réussi son OPA sur celui des économistes », tissant de nombreux liens avec ces derniers, et minant, selon lui, leur indépendance. L’auteur y voit une des raisons de la permanence de la pensée libérale et un accroc à la démocratie.

Un riche bestiaire des « imposteurs »

Mauduit (avec qui j’ai travaillé à Libération dans les années 90) n’accuse pas seulement ces experts de s’être trompés dans l’analyse de la récente crise : il leur reproche de participer, à leur façon, à une version hard du « capitalisme de connivence » (qu’il appelle « capitalisme poutinien ») : un système corrompu par les passe-droits, des privilèges et des conflits d’intérêts.

Publié chez l’éditeur Jean-Claude Gawsewitch, son livre se présente donc comme une partie de chamboule-tout : chacun en prend pour son grade. Dans le bestiaire des « imposteurs », on trouve :

  • l’expert, ou présenté comme tel, omniprésent sur les télévisions, qui dirige une société de Bourse pourtant sanctionnée à plusieurs reprises par l’Autorité des marchés financiers (AMF) (Marc Fiorentino, qui dirige Euroland Finance) ;
  • l’universitaire-businessman : membre du conseil scientifique de l’AMF, il est aussi membre du conseil de Vivéris Management, société d’investissement épinglée par la même Autorité... Il est administrateur de la Caisse des dépôts, du Crédit municipal de Paris, et président du conseil d’administration d’une banque d’affaires tunisienne, IM Bank... (Olivier Pastré) ;
  • l’économiste qui collectionne les jetons de présence dans les conseils d’administration ou de surveillance : Pages jaunes, EDF énergies nouvelles, Steria, etc. En 2010, il a touché, selon le calcul de Mauduit, 110 000 euros de jetons de présence, soit deux fois le salaire d’un prof en fin de carrière... (Elie Cohen) ;
  • l’économiste d’influence, touche-à-tout, conseillant indifféremment la droite et la gauche, pilier de la compagnie financière Edmond de Rothschild, participant à de très nombreux conseils dans la banque et l’assurance (Jean-Hervé Lorenzi) ;
  • le normalien brillant, essayiste à succès, pilier de l’école d’économie de Paris, qui, selon Mauduit, toucherait une rémunération située entre 1 et 2 millions d’euros par an pour ses conseils à la banque Lazard, notamment sur le traitement de la dette publique grecque (Daniel Cohen). Ce dernier dément la fourchette dans Le Nouvel Observateur : « Concernant mes rémunérations vous êtes dans un gros rapport de un à dix avec la réalité » ;
  • l’économiste ancré à gauche, que Mauduit vénérait jadis, et qui a fini par conseiller le ministre Eric Besson et même le « Centre Barilla [les spaghettis, oui] pour la nourriture et l’alimentation » (Jean-Paul Fitoussi).

« Attaques personnelles », « inexactitudes »...

Bien d’autres sont passés au crible, avec deux mentions spéciales pour Alain Minc et Jacques Attali. La plupart de ces économistes se retrouvent dans les même clubs, notamment le Cercle des économistes dont les rencontres sont sponsorisées par de grands groupes. « Peut-on sereinement analyser les folies du monde quand on en est au pire un des agents, au mieux l’un de ses pions ? » s’interroge l’auteur du livre.

Plusieurs des économistes ainsi brocardés répondent à Laurent Mauduit dans Le Nouvel Observateur, non sans virulence : « attaques personnelles », « inexactitudes », « pseudo-révélations », « amalgames haineux », « agressivité », « fiction »...

Tous jurent ne jamais mélanger leurs différentes casquettes. Certains affirment qu’ils ont besoin de rester en contact avec l’économie réelle, ce qui les incite à accepter de telles activités privées. Mais personne, parmi eux, ne peut nier que Laurent Mauduit soulève une vraie question : celle qui touche aux règles déontologiques des économistes et à leur indépendance.

Signaler les activités à plus de 5 000 euros

Il ne suffit pourtant pas de se doter de « chartes ». Par exemple, l’Ecole d’économie de Toulouse s’est dotée d’un « statement on scientific integrity » qui oblige tous ses professeurs à rendre publiques, sur leur blog, les activités rémunérées dépassant 5 000 euros.

L’université n’est pourtant pas un modèle de vertu pour Laurent Mauduit : comme dans le cas de Dauphine, sa recherche effreinée de fonds privés l’a conduite à une privatisation de facto qui ne favorise pas, selon lui, l’indépendance de ses chercheurs...

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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 11:24

Médiapart - 27 mars 2012

 

 

Les questions migratoires sont souvent maltraitées lors des campagnes électorales. Cette année n'échappe pas à la règle. À la suite de l'audit mené par des parlementaires de tous bords avec l'association Cette France-là (à retrouver ici sur la page spéciale de Mediapart avec tous les entretiens audio des experts), la députée européenne d'Europe Écologie-Les Verts Hélène Flautre a imaginé et conçu trois vidéos d'animation de quelque deux minutes chacune visant à recontextualiser les enjeux et à tailler en pièces les fantasmes.

 

Pour visualiser les vidéos, appuyer sur la touche "Ctrl" de votre clavier + cliquer gauche sur ce "link"

 

http://www.mediapart.fr/content/immigration-trois-films-danimation-contre-les-idees-recues

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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 18:44

 

 

http://fr.euronews.com/2012/03/28/faillites-personnelles-la-facture-de-l-austerite-portugaise/

 

28/03 16:39

   

Alors que Lisbonne joue le jeu de l’austérité pour s’assurer la manne internationale, l‘économie réelle est en train d’en pâtir.

Nombre d’entreprises déposent le bilan. Les faillites personnelles sont encore plus nombreuses : 55% du total en 2011. Nuno Pinto, a opté pour cette solution. Ce chômeur père de famille ne peut plus rembourser son logement et risque l’expulsion.

“On se trouve confronté à des situations de plus en plus difficiles et on commence à broyer du noir, explique-t-il. C’est tellement désespérant ! Cela fait un mois et demi que je n’ai pas touché de salaire et je ne sais pas si je vais toucher des indemnités de chômage. Quelles sont mes perspectives d’avenir ?”

Cumulées, la dette publique et la dette privée représentent 416% du PIB portugais. 670.000 Portugais se sont déclarés insolvables l’an dernier. Avec une projection de croissance négative pour 2012, les chances pour les 14,8% de chômeurs de retrouver un emploi pour s’en sortir sont maigres.

Du fait de la multiplication des cas d’insolvabilité, les saisies de biens immobiliers se multiplient : 28.500 l’an dernier. Il pourrait y en avoir 36.000 cette année.

L’austérité affecte tellement le pouvoir d’achat des Portugais que ni la consommation, ni l’investissement ne peuvent repartir. Dans ces conditions, un deuxième plan de sauvetage n’est pas à exclure.

Plus d'actualités sur : Austérité, Crise financière, Dette portugaise, Economie, Portugal


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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 16:17
| Par Mathilde Mathieu et Michaël Hajdenberg

Nicolas Sarkozy est donc à la tête d’un patrimoine de 2,7 millions d’euros, selon sa déclaration faite au Conseil constitutionnel, publiée au Journal officiel samedi 24 mars. Une bonne partie de ce patrimoine résulte de la vente en 2006, contre 1,933 million d’euros, d’un duplex de 216 m2 acquis en 1997 avec Cécilia Sarkozy sur l’île de la Jatte, une superbe oasis face au quartier d'affaires de la Défense.

Mais ce sont les conditions d’achat de ce bien qui restent floues. Avec quel argent l’appartement a-t-il été financé ? À l'issue de notre enquête, il apparaît que plus de 3 millions de francs restent d'origine inconnue. En dépit de plusieurs relances, le président de la République n’a pas répondu à nos questions. Valentine Oberti, envoyée spéciale de Mediapart, a tenté d'interroger Nicolas Sarkozy à l’occasion de son déplacement dans le Gard ce 29 mars. Le président pose la main sur la caméra pour l’empêcher de filmer. Puis Valentine Oberti se fait écarter par le service d’ordre. Une telle absence de transparence renforce les doutes sur cette transaction.

 

 

À notre connaissance, Nicolas Sarkozy ne s’est exprimé qu’une seule fois sur le sujet. C’était dans L’Express, le 24 janvier 2007. À l’époque, il avait officiellement fait savoir à l’hebdomadaire que cet appartement, acheté 5,4 millions de francs, avait été financé, après un premier dépôt de garantie de 270 000 francs, grâce à deux prêts : l’un accordé par une banque (à hauteur de 1,6 millions de francs). L’autre par l’Assemblée nationale, pour plus de 3 millions de francs.

Jusqu’en 2010, les députés étaient en effet en mesure, lors de l’acquisition d’un bien immobilier, de demander un prêt auprès de leur Assemblée, à des conditions très avantageuses. Sauf que : nous avons demandé au bureau des hypothèques de Nanterre l'acte de vente, daté du 24 octobre 1997. Et voici ce qu'il est dit à la page 20, sur l'origine de l'argent permettant de financer l'achat :

 

 

Pas un mot sur le prêt qu’aurait consenti l’Assemblée nationale. Interrogée, celle-ci explique pourtant que ces prêts aux logements étaient assortis de garanties réelles, type hypothèques. Ils devraient donc figurer dans les actes de vente notariés, comme nous l’a confirmé la chambre des notaires de Paris. Ici, rien. Comme si ce prêt n’existait pas. Voici la réponse faite par les services de l'Assemblée :

 

 

De plus, selon l’Assemblée nationale, « le montant maximum de l’enveloppe (pour les prêts au logement), revalorisé chaque année en fonction de l’indice national du bâtiment, s’élevait en dernier lieu à 288 147 euros en janvier 2010 ». Un calcul tout simple permet donc de comprendre qu’en octobre 1997, au moment de l’acquisition de l’appartement, un député ne pouvait pas emprunter plus de 196 000 euros, soit 1,183 million de francs. Presque trois fois moins que les quelque 3 millions de francs évoqués par Nicolas Sarkozy. L’incohérence est majeure.

Seul un juge peut exiger le document de l'Assemblée

Impossible d'en savoir plus côté Assemblée nationale. Au nom du secret bancaire, celle-ci ne livre aucun document nominatif. Et hormis un juge, nul n’est en théorie en mesure de les exiger. Ce qui ne va pas sans poser problème. Ces prêts peuvent en effet constituer des réponses bien pratiques pour les parlementaires qui n’ont pas envie de s’expliquer sur les financements de leurs acquisitions immobilières. La commission pour la transparence de la vie financière, censée contrôler les évolutions de patrimoine des élus (pour vérifier qu’ils ne se sont pas indûment enrichis pendant leur mandat), s’en est émue dans son dernier rapport, paru en janvier. Elle regrette de n’avoir aucun moyen de contrôler les déclarations des parlementaires. La commission n’a même pas connaissance des typologies de prêts existants.

Cela est d’autant plus gênant que, même quand elle s’en tient aux principes, l’Assemblée nationale raffole des cachotteries. Dans la réponse officielle qu’elle nous a envoyée, son administration fait état de prêts à 2 % sur dix ans. Alors qu’en réalité, d’après les prêts que nous avons pu consulter auprès d’autres députés, le taux d’emprunt était certes de 2 % pendant cinq années ; mais de 0 % pendant les cinq autres.

Peu importe en l’occurrence : l’absence de mention dans l’acte de vente, tout comme le montant hors clous, interrogent sur l’existence même de ce prêt. D’ailleurs le document notarié prolonge ce flou. On y trouve une formule pour le moins inhabituelle au vu de son manque de précision : « L’acquéreur déclare avoir décidé de payer tout ou partie de son prix, soit la partie payable comptant, soit la partie payable à terme, soit l’une et l’autre, au moyen d’un ou plusieurs prêts d’argent. » S’ensuit une mention manuscrite signée de la main de Nicolas Sarkozy : « Je déclare avoir obtenu l’ensemble des prêts nécessaires au financement de mon acquisition et je reconnais que si contrairement à cette déclaration, je venais à solliciter un autre un prêt (sic) pour acquitter le solde de mon prix, je ne pourrais me prévaloir des dispositions de l’article L312-17 du code de la consommation. »


 

En clair, Nicolas Sarkozy dit qu’il fait du paiement son affaire. Mais sans expliquer comment, au-delà des 270 000 francs versés lors de la réservation de l’appartement, et du prêt de 1,6 million de francs consenti par la Société générale.

Plus de quinze années après l’achat, nul ne sait donc comment le président de la République a financé son appartement, et ainsi constitué une grande partie de sa fortune personnelle.

Enquête classée par Philippe Courroye

Lors de la campagne de 2007, Le Canard enchaîné avait révélé que le prix officiel de quelque 5,4 millions de francs était déjà anormalement faible, de 12 à 35 % moins élevé, selon l’hebdomadaire, que ceux constatés lors de transactions réalisées au même moment dans la même résidence.

Le couple Sarkozy avait en outre bénéficié de travaux restés à la charge du promoteur pour un montant de 925 000 francs, sans compter 500 000 francs de ristourne sur d'autres travaux d'aménagement, ajoutait le journal satirique. De quoi soupçonner une prise illégale d’intérêts puisque le promoteur Lasserre, qui avait vendu l’appartement, avait parallèlement bénéficié de marchés dans la ville de Neuilly, dont Nicolas Sarkozy a été maire entre 1983 et 2002.

En 2007, Nicolas Sarkozy avait contesté les rabais et affirmé que le prix était conforme à une enquête qu’il avait demandée lors de l’achat à la Direction des services fiscaux des Hauts-de-Seine Nord. Une enquête qu’il n’a jamais produite. Ce qui n’a pas empêché le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, de classer très vite sans suites l’enquête préliminaire qu’il avait ouverte.

Aujourd’hui, l’absence d’explication cohérente sur le financement de cet appartement donne à l’affaire une autre dimension et pose des questions en chaîne. Si Nicolas Sarkozy avait payé les quelque 3 millions de francs en question avec un autre prêt bancaire ou avec ses deniers personnels, cela devrait figurer dans l’acte. 

Alors, Nicolas Sarkozy aurait-il demandé à un ami de lui prêter de l’argent ? Dans ce cas, lequel ? À quel taux ? Et pourquoi s’en cacherait-il ?  

Autre hypothèse : si Nicolas Sarkozy s'était vu offrir ces plus de 3 millions de francs par le promoteur, le rabais ne serait plus de 12 à 35 %, mais plutôt de l’ordre de 75 %. Et toute l’argumentation de Nicolas Sarkozy, déjà fragile, sur le fait qu’il a payé le prix du marché, tomberait à l’eau.

 


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