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Nous le savions officieusement, mais voilà que le reportage réalisé par notre hebdomadaire satyrique To Pontiki (« La Souris » 31/05), en rajoute davantage, et cette fois-ci, il ne s’agit pas de ces ragots, en provenance d’Internet :
« C’est incroyable et pourtant c’est vrai. Les porteurs des intérêts allemands en Grèce, expriment officieusement leur conviction : ces intérêts mobiliseront leurs serviteurs locaux, et ceci sans entraves, indépendamment même des résultats issus des urnes le 17 juin prochain. Notre source depuis Berlin, nous informe de l’existence d’un « plan B », d’un « plan C » et éventuellement d’un « plan D ». Ainsi aussi, toute cette psalmodie du « Grexit » cache le gagnant principal de ce jeu, c’est à dire les intérêts allemands, qui s’accommodent assez bien d’un euro affaibli. Nous sommes aussi en mesure de dévoiler (même si certains étaient déjà au parfum), le contenu des débats lors d’une réunion entre cadres dirigeants du SPD allemand, tenue durant la soirée du 24 mai, dans la salle Costis Palamas à l’Université d’Athènes. Le problème grec a été analysé dans toutes ses dimensions, et il a été conclu, et par un sentiment général partagé, que la Grèce restera dans la Zone euro.
Parmi les participants à cette réunion « privée », on remarque la présence du chef de la Fondation Adenauer, de l’Ambassadeur Allemand en poste à Athènes, d’un homme-clef, issu du lobby de l’Union des Industriels Allemands, et d’un certain nombre de responsables grecs, tous germanophones, dont l’ex-ministre PASOK, Anna Diamantopoulou (ex-membre aussi de la Commission Européenne). Apparemment, et selon les informations de « la Souris », le lobby allemand travaille très méthodiquement depuis trois ans, surtout, depuis que le Mémorandum I a été paraphé. Ainsi, les créanciers de la Grèce, et surtout Berlin, font désormais valoir et « de droit », leur mainmise sur les avoirs et les ressources potentielles du pays. Et pour mieux faire passer la pilule, ils peuvent desserrer légèrement la corde du Mémorandum au lendemain des élections de juin, pour ainsi préparer sans aucune entrave la prochaine étape.
Ce n’est pas un hasard non plus, si, au lendemain du 24 mai, une partie de la presse grecque a aussitôt proposé sa « bonne pédagogie » sur la mise en place des « Zones Économiques Spéciales » sous l’impulsion de l’Allemagne, et confiancées par la BCI, l’U.E. et la Banque Allemande d’Investissement. Répondant aux interrogations sur la possibilité effective de l’Allemagne quant à la gestion du « jour d’après » en Grèce, un entrepreneur (grec) en lien avec Berlin, a répondu que les Allemands ont suffisamment ficelé le système politique grec, et pas que grec, via le scandale Siemens. Ils sont par ailleurs bien informés et dans le moindre détail, sur la situation économique des principales branches et entreprises qui les intéressent. Selon notre informateur, les Allemands seraient bien mieux informés que (les Américains) de BlackRock sur les activités des banques grecques, les prêts politiques et/ou semi mafieux, accordés ici ou là, ainsi que sur le détail des comptes dont les titulaires sont des personnalités du monde politique, économique et journalistique grec. Plus précisément, ils ont constitué une base de données concernant 1.250 hautes personnalités, (politiciens, journalistes, patrons de presse, entrepreneurs et banquiers), lesquels sont à la fois entremetteurs et informateurs directs, dans l’interconnexion entre les Allemands et le système local (…) Et pour ce qui est de l’emprisonnement de Akis Tsohatzopoulos (ex-ministre PASOK, mêlé entre autre au scandale Siemens), on sait que le système allemand est capable de sacrifier un certain nombre de ses serviteurs pour se préserver lui-même contre toute défiance. (…) Finalement, l’Allemagne, surtout depuis le Mémorandum II, fait et fera payer la crise grecque aux établissements bancaires et par extension aux gouvernements des autres pays de l’U.E., si on se réfère aux analystes de Bloomberg donc il se sent assez libre pour tout ficeler sur place (…) »
C’est compréhensible. Le microcosme systémique athénien tremble, car SYRIZA, dans la mesure où il n’en fait pas entièrement partie, lui serait alors menaçant. D’où sans doute, l’empressement de Papadémos dans cette intervention demandée (ou quémandée) auprès de José Manuel Barrosso (« la Grèce doit respecter ses engagements ou sinon quitter la Zone euro »), dans le but de faire peur aux électeurs grecs. Et ce n’est pas la première fois que cela se produit, ainsi, certaines mesures abolissant le droit du travail contenus dans les pages du Mémorandum, ont été introduites à l’initiative de l’Union du Patronat grec. C’est Venizélos lui a même qui a vendu la mèche récemment, rapportant les faits devant les journalistes, dans un ultime effort de dédouaner le PASOK de son crime commis sur la société et le pays. « L’orangerie mécanique » de l’U.E. n’est pas très différente : au-delà des intérêts nationaux, ouvertement mis en évidence par certains grands pays, le patronat de chaque membre, c’est à dire ses représentants hommes et femmes politiques, font adopter des mesures anti-sociales pour les présenter ensuite comme relevant des « acquis européennes », les journalistes inféodés se chargeant ensuite de la « bonne pédagogie » .
Ce système en Grèce est sur le point d’être brisé. Les médias germanophiles (c’est à dire la majorité du monde journalistique) font tout, pour admettre l’idée que le peuple grec est coupable de la catastrophe. « Ah si tu savais – me disait hier mon ami informaticien, Manos – c’est… panique à bord. J’ai un ami qui a longtemps travaillé pour une télé privée, il est technicien de haut niveau, au chômage depuis six mois. Il raconte que ces gens, les patrons n’ont jamais payé d’impôt. En réalité, leurs chaînes, radios et journaux, servent aussi pour du blanchiment d’argent, car ces individus, à part être armateurs, grands promoteurs immobiliers, importateurs de camelote, ils sont aussi le cas échéant, vendeurs d’armes, de drogue ou contrebandiers de carburant à grande échelle. Ils tiennent les politiciens, et leurs journalistes, mais ils sont tenus par les Allemands. »
Un gouvernement sous l’impulsion de SYRIZA, serait menaçant pour les intérêts de tout ce petit monde et ces gens le savent bien, d’où la guerre menée contre le parti de la Gauche Radicale, guerre de… mauvaise presse, sauf que ce processus devient contre-productif au fil des jours. Anna, une dame très âgée, électrice de Kouvelis, (Gauche Démocratique), se dit prête à voter SYRIZA, « parce que la guerre faite au petit Tsipras a dépassé toutes les limites de l’acceptable, on nous prend pour des idiots, ce n’est pas possible ».
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Selon l’hebdomadaire EPIKAIRA (31/05) « la guerre entre les États-Unis et l’Allemagne passe par la Grèce. Washington ne veut pas voir l’Europe sous une nouvelle domination allemande, ainsi l’administration Obama ne verrait pas d’un si mauvais œil l’accession au pouvoir en Grèce de la Gauche radicale, car tous les autres partis sont issus système allemand et du Mémorandum (…) Aux États-Unis, on considère que SYRIZA changera, tout en restant dans la pratique, beaucoup plus à gauche que le défunt PASOK, et on ne craint pas une rupture entre la Grèce et l’OTAN car elle n’aura pas lieu. (…) D’ailleurs, les Allemands savent aussi, que le PASOK ne remplit plus aucun rôle de premier plan. (…) Il faut souligner que les visées Étasuniennes n’interfèrent pas avec la programmation politique chez SYRIZA, car le parti de la Gauche radicale ne peut pas évidemment « contrôler » la géopolitique du moment, en vogue à Washington. Notons qu’au moment où Schäuble et Merkel menacent les Grecs (« si vous ne votez pas comme il faut, vous sortirez de l’euro »), la Maison Blanche a fait savoir que quel que soit le résultat des élections, il sera respecté. On vient d’apprendre que la secrétaire d’État du Trésor pour les Affaires Internationales, Lael Brainard, ainsi que son confrère Christopher Smart, ont rencontré le ministre « transitoire » d’Économie, Giorgos Zanias. Au menu des discussions, la crise grecque évidemment, car les interlocuteurs américains se sont montrés inquiets des répercussions de cette crise sur l’économie des États-Unis. Washington s’inquiète également de l’absence totale dans les pages du Mémorandum, de toute perspective de croissance. Madame Brainard a souligné que les États-Unis ont l’intention de soutenir énergiquement la Grèce, pour ce qui est de la croissance et de l’investissement ».
Nous comprenons mieux désormais le danger pour l’Allemagne de voir le Syriza venir au pouvoir en Grèce et ouvrir des dossiers jusqu’à maintenant écartés de tout jugement juridique. Dans la perspective d’un audit sur la dette publique, il semble bien que le focus médiatique pourrait se reporter sur les décideurs allemands.
J’ai récemment eu une discussion passionnante sur une commande de sous marins entre l’Allemagne et la Grèce. Le premier sous marin a bien été livré, avec un problème de gîte empêchant sa mise à l’eau, ce qui a demandé des réparations très coûteuses (aux frais de la Grèce d’ailleurs) :
Les essais en mer du Papanikolis ont commencé en 2006, cependant, la marine hellénique a trouvé une foule de problèmes avec le nouveau sous-marin. Les problèmes majeurs rencontrés sont de mauvaises performances du système AIP qui vient en remplacement de ses moteurs diesel pour les opérations de longue distance, des problèmes avec le système de combat, une mauvaise tenue en surface en haute mer, et les systèmes hydrauliques. La Marine a refusé l’acceptation, laissant HDW pour fixer le bateau.
Et concernant la corruption (source www.defenseindustrydaily.com) sur ces sujets :
Le 3 mai 2011 : Ekathimerini :
« Au moins 120 millions d’euros ont été payés en pots de vin par la firme allemande qui a conclu un accord avec le gouvernement grec pour la vente de 4 sous-marins à la marine, selon des documents judiciaires allemands vus par Kathimerini …. Deux anciens dirigeants de Ferrostaal, l’entreprise en Allemagne, qui faisait partie du consortium qui a remporté le contrat, a donné des dépositions à Munich concernant les commissions versées à sécuriser la transaction, qui valait un peu plus de 1,2 milliard d’euros. «
Mars 28/11: la brigade financière grecque (SDOE) remet son rapport. 100 millions d’euros de pots de vin:
« Des politiciens, des fonctionnaires, des responsables militaires et des intermédiaires sont considérés comme ayant été payés dans le cadre de l’accord. (…) La semaine dernière, un procureur a appelé 37 personnes pour répondre aux questions au sujet des allégations de corruption … «
27 février 2011: Une enquête menée par l’escouade des crimes financiers en Grèce (SDOE) a conclu que 3 anciens ministres et plusieurs autres fonctionnaires doivent faire face à des poursuites pour corruption. Les allégations sont que le partenaire du consortium U-214 Ferrostaal a payé entre 10 et 12 millions en pots de vin pour obtenir la transaction de 1,26 milliard d’euros.Ekathimerini
Mais depuis…. Pchiiiiit ! (hormis le cas d’Akis Tsochatzopoulos qui pourrait être le premier maillon – si les partis historiques poursuivent leur chute de popularité – de la chaîne ). Mais il se dit que le PASOK aurait volontairement donné Tsochatzopoulos pour se donner une meilleure image en vue des élections.
Pour que le gouvernement d’un pays soit corrompu, il y faut un (ou plusieurs) … corrupteur(s).
Et si le Syriza changeait la donne ? C’est dans 15 jours.
J-15. Croisons les doigts.