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20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 21:50

Libération - Blog - 19 juin 2012

 

2007_12_13_porte_monnaieThomas, le mari de ma proprio, est avocat. À ma demande, il me dresse un aperçu des taxes dont doit s’acquitter sa famille qui appartient à la classe moyenne grecque (gardons bien en tête qu’il s’agit là d’un aperçu des taxes mensuelles et que ne sont pas évoquées celles relatives aux douanes, aux successions, aux échanges financiers etc) :

Impôts sur le revenu

- 40-45% du revenu reversé à l’Etat (profession libérale), taux plus faible pour les fonctionnaires. Dépend du revenu.

- 500€/an. Montant fixe prélevé sans considération des différences de revenus chez tous les Grecs sauf les fonctionnaires. Nouvelle taxe.

- 2% du revenu reversé chaque année pour financer les aides apportées aux chômeurs. Impôt payé par tous. Nouvelle taxe.

Impôts sur la propriété

- Impôt payé chaque année par les propriétaires. Représente 1‰ de la valeur du bien immobilier. Nouvelle taxe.

- ΦΜΑΠ : un impôt qui concerne les biens immobiliers évalués à plus de 243 600 euros pour une personne seule ou à plus de 487 200 euros pour un couple marié (impôt que ne paient pas Thomas et sa famille et qui concerne en règle générale des foyers plus aisés).

- Une nouvelle taxe d’urgence sur la propriété qui dépend de la superficie et de la localisation de l’habitation. Cet impôt est payé avec la facture d’électricité. Pour Thomas, il représente environ 1‰ de la valeur du bien immobilier.

 Taxe à la consommation 

- TVA : 23% sur la grande majorité des biens et des services

Notons également la flambée des prix du fuel : après une hausse d’environ 40% depuis l’année dernière, le prix va être quasiment doublé au mois d’octobre prochain ! Aujourd’hui autour de 70 centimes le litre, celui-ci passera à 1,3€ en raison notamment de l’augmentation des taxes. Pour leur appartement en ville de 85m², Thomas et Maria payent environ 150€ tous les mois. Mais la consommation de fuel pour une maison en banlieue peut facilement atteindre le double.

Les familles qui n’avaient pas encore coupé le chauffage cet hiver cherchent d’ores et déjà une solution de substitution pour la saison prochaine. Dans mon immeuble, beaucoup d’habitants ont éprouvé des difficultés à payer les factures durant la saison froide passée ; les radiateurs ne fonctionneront donc plus l’hiver prochain et chacun se débrouillera par ses propres moyens (chauffage électrique, chaudière etc). La consommation de bois a d’ailleurs déjà augmenté l’hiver passé. Les prix de l’eau, du gaz et de l’électricité sont également en hausse.

«Il y a un moment où on s’aperçoit qu’on ne contrôle plus rien et alors on commence à rire, parce qu’il n’y a rien à faire d’autre», lâche Maria, ma proprio, dépassée par le ridicule de la situation. «On se dit que si on ne peut plus payer, et bien… on ne payera plus.» «Je ne suis pas d’accord sur ce point», renchérit Thomas. «Mais il est vrai qu’il n’est pas possible de vivre comme ça, on travaille pour payer les taxes! On n’achète plus, on ne consomme plus.»

Plus d'infos sur les impôts en Grèce ici.

 

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19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 22:01
| Par Raphaël Morán


La station balnéaire de Los Cabos, où se réunissent lundi et mardi les dirigeants du G20, est à l’image de l’économie mexicaine : une misère croissante derrière une vitrine de modernité. Il suffit dans cette région de s’éloigner de quelques kilomètres de la côte et de ses grands hôtels pour trouver des habitations faites de bric et de broc. Malgré la croissance économique, le sexennat du président Felipe Calderón, qui touche à sa fin, aura été celui du creusement des inégalités et de la pauvreté. L'élection présidentielle a lieu le 1er juillet et Josefina Vazquez, candidate du Parti d'action national (PAN) qui l'a désignée pour prendre la suite de Calderón, est donnée battue par les sondages. Elle est largement devancée par le candidat du vieux Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), au pouvoir du 1929 à 2000, Enrique Peña Nieto.

À en croire les institutions internationales, le Mexique aurait pourtant presque tout bon. Christine Lagarde, secrétaire générale du FMI, n’a-t-elle pas érigé en exemple la gestion de la crise par le gouvernement mexicain ? Le secrétaire général de l’OCDE, José Angel Gurría, s’est même fait lyrique en affirmant que le Mexique se trouvait « presque sur une autre planète avec ses 4 % de croissance » du PIB, pour le seul premier trimestre 2012.

 

Le président sortant, Felipe Calderon élu en 2006 ne peut se représenter. 
Le président sortant, Felipe Calderon élu en 2006 ne peut se représenter.© (dr)

Bon élève, le Mexique a privatisé ses entreprises publiques par centaines à partir de 1982 et signé un accord de libre-échange nord-américain en 1994. Aujourd’hui, la deuxième économie d’Amérique latine, derrière le Brésil, affiche même des budgets à l’équilibre et une dette publique de 36,5 % du PIB qui ferait rêver les pays d’Europe. Faut-il encore une preuve que le capitalisme mexicain se porte bien ? Le milliardaire mexicain des télécommunications, Carlos Slim, figure une fois de plus en première place du classement Forbes des plus grandes fortunes du monde, avec ses 69 milliards de dollars.

La majorité de droite sortante (Parti action nationale, PAN) se targue d’avoir réduit la pauvreté grâce à ses emblématiques programmes sociaux. À la veille de la trêve électorale interdisant au gouvernement de faire la publicité de ses actions, le président Felipe Calderón a vanté une dernière fois les mérites d’Oportunidades. Ce programme social, inauguré en 1997, puis repris par la droite lorsqu’elle est arrivée au pouvoir consiste à offrir des aides en contrepartie de la scolarisation des enfants ; un modèle exporté dans d’autres pays depuis lors.

Avec l’appui de la Banque mondiale, Oportunidades (« opportunités ») cible avant tout les populations rurales marginalisées en prévoyant une aide économique alimentaire de 225 pesos par mois (environ 13 euros) et de 3 euros au titre des dépenses d’énergie. Près de 5 millions de familles mexicaines en bénéficient.

Des bourses sont également accordées de manière progressive à mesure que les enfants avancent dans leur cursus scolaire (jusqu’à 21 ans), atteignant au maximum 121 euros par mois et par famille. C'est une aide précieuse dans un pays où le salaire minimum est d’environ 60 pesos par jour (soit 3,4 euros). Effet positif : parmi ceux qui bénéficient du programme, la proportion d’enfants de 5 à 13 ans qui travaillent a diminué de 2,6 % à 1,1 % entre 2003 et 2009.

En 2011, le gouvernement de Felipe Calderón a même annoncé avoir atteint la couverture maladie universelle de sa population, en affiliant au Seguro Popular plus de 50 millions de Mexicains jusque-là dépourvus d’assurance médicale.

La moitié de la population dans la pauvreté

Mais pour beaucoup de chercheurs et économistes, on ne peut se contenter de ces quelques progrès, certes salutaires. « La couverture maladie universelle a été atteinte sur le papier uniquement », précise Araceli Damián, économiste spécialiste de la pauvreté au Colegio de México. En réalité, « la capacité des services de santé ne couvre pas la population inscrite ». Sans compter les individus inscrits « malgré eux ».

Quant au programme Oportunidades, il soigne les effets sans s’en prendre aux racines du mal : même si le taux de scolarité augmente, il n’y a pas plus d’emplois pour les familles. « Les bénéficiaires les mieux lotis du programme quittent leur lieu de vie pour aller chercher du travail ailleurs ! » pointe Araceli Damián.

Si le gouvernement mexicain peut se targuer d’avoir amélioré ponctuellement le niveau de vie de certaines populations, le bilan économique de Felipe Calderón reste frappé du sceau de l’appauvrissement massif. Le Mexique a connu une croissance moyenne d’environ 1,27 % ces six dernières années, fortement frappé par la dure récession de 2009, tandis qu’en deux ans seulement, 3,2 millions de Mexicains ont sombré dans la pauvreté qui touche désormais plus de 50 % de la population.

 

Andrés Manuel López Obrador, le candidat de la gauche modérée. 
Andrés Manuel López Obrador, le candidat de la gauche modérée.© (dr)

Tandis que certains quartiers de Mexico voient encore des tours luxueuses s’élever, certaines populations connaissent la faim. En janvier dernier, victime de la sécheresse, la communauté Raramuri (ou Tarahumaras) dans le nord du pays a connu une recrudescence de décès pour cause de malnutrition.

Depuis 2006, le taux de chômage apparemment faible cache en fait une recrudescence du secteur informel qui permet de survivre à environ 26 % des Mexicains. Pire, le pouvoir d’achat a baissé. Le candidat de la gauche modérée, qui talonne celui du PRI et avait perdu de très peu l'élection de 2006, Andrés Manuel López Obrador, rappelle régulièrement qu’il y a six ans, un salaire minimum permettait d’acheter 7 kilos de tortillas contre 5 aujourd’hui.

Pauvreté en augmentation, baisse du pouvoir d’achat et croissance des inégalités, le Mexique prometteur n’est plus. « Le Mexique est un pays riche à population pauvre. La politique économique a consisté à maintenir des bas salaires pour rester compétitifs », explique Araceli Damián à Mediapart. « Mais on ne peut pas concurrencer la Chine ou l’Inde en terme de main-d’œuvre. Du coup, le marché intérieur s’est réduit. Difficile d’atteindre une forte croissance lorsque la population à a peine de quoi manger », pointe la chercheuse.

A l’opposé du Brésil qui a su diversifier son économie, investir dans la recherche (trois fois plus que le Mexique) et lutter sérieusement contre la pauvreté, le gouvernement mexicain n’a pas eu l’ambition de sortir le pays d'une très forte dépendance des Etats-Unis. Les exportations vers le voisin du nord, les revenus du pétrole et les envois d’argent des familles émigrés restent les ressources principales de l’économie mexicaine.

A ce bilan s'ajoute un autre : la violence liée à la guerre des gangs du crime organisé. 60 000 personnes ont été tuées depuis 2006, et des villes entières sinistrées économiquement. C’est le cas de la région de Monterrey où le revenu moyen dans les banlieues riches égalait pourtant celui de la population des Etats-Unis. Si cette violence coûte  – selon Standard & Poor’s – environ 1 point de croissance au Mexique, elle génère surtout une décomposition du tissu social. José Luis de la Cruz, de l’université Tecnológico de Monterrey, pointe ce cercle vicieux : plus il y a de pauvreté, plus la délinquance augmente, ce qui décourage l’investissement et effrite les perspectives d’emploi…

La solution ? De profondes réformes de justice, en matière fiscale d’abord. « Les classes sociales riches ne sont pas habituées à payer des impôts », regrette Araceli Damián. Interrogé par Mediapart, Alfred Rodríguez, président de la chambre de commerce franco-mexicaine, reconnaît, lui aussi, que le Mexique « récolte très peu d’impôts ». Avec un niveau de prélèvements atteignant seulement 21 % du PIB (contre plus de 40 % en France), « c’est un frein au développement », admet l’entrepreneur. Pour lui, la solution est dans les technologies de pointe : « penser au Mexique pour fabriquer moins cher est une erreur », en revanche les investissements étrangers peuvent miser sur des domaines d'excellence, ajoute-t-il. « Le secteur aéronautique en est un exemple : il se développe car il y a des travailleurs qualifiés », explique-t-il en allusion au parc de Querétaro récemment ouvert.

Serpent de mer de la politique mexicaine, la réforme du secteur pétrolier reste à faire et voit s’affronter partisans et opposants à la privatisation du géant Pemex. Là encore, le manque d’investissements publics et la croissance du secteur automobile ont précipité le pays dans l’absurdité. Par manque de raffineries, le pays exporte du pétrole et importe de l’essence… Le prochain président mexicain devra d'abord développer le marché intérieur, sans quoi, le pays continuera longtemps à se demander pourquoi il s’est fait dépasser par le Brésil.

 

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19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 21:23

 

| Par La rédaction de Mediapart

 

Le Fonds monétaire international a obtenu de la communauté internationale 456 milliards de dollars (environ 360 milliards d'euros) de ressources supplémentaires, a annoncé lundi 18 juin Christine Lagarde, directrice générale du FMI, soit 26 milliards de dollars de plus que l'engagement pris en avril.

La Chine, notamment, apportera 43 milliards de dollars, mais les États-Unis, premier actionnaire du FMI, sont restés en retrait. Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont posé la condition que le FMI soit en rupture de fonds et qu'il ait augmenté les droits de vote des pays émergents avant de verser les sommes promises.

Le sommet de Los Cabos devrait se conclure sur la déclaration suivante : « Ces ressources seront mises à disposition de l'ensemble des membres du FMI, et non réservées à une région particulière (...) Cet effort montre l'engagement de la communauté internationale et du G20 pour prendre les mesures nécessaires afin de sauvegarder la stabilité financière mondiale. »

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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 15:11

 

Tandis que les socialistes français accusent l’UMP de se rapprocher du FN, François Hollande appelle les Grecs à voter pour les conservateurs et leurs alliés d’extrême droite. Moralement déplorable, son intervention est en outre contraire à ses propres intérêts – pour autant que le chef de l’État cherche réellement à peser sur les décisions de la chancelière allemande.

 

Lorsqu’ils évoquent  la situation politique de leur pays, les socialistes français se plaisent à fustiger l’effondrement des digues entre la droite et l’extrême droite. Ainsi soulignent-ils qu’eux seuls demeurent fidèles à la stratégie du front républicain, même quand il leur faut se désister pour des candidats qui ne font guère d’efforts pour se différencier du Front national, alors que, pour leur part, les dirigeants de l’UMP refusent désormais de choisir entre la gauche parlementaire et les partisans de Marine Le Pen. Plus grave encore, s’indigne-t-on au PS, pendant qu’au sommet, la formation héritière du gaullisme affecte de renvoyer dos à dos ses adversaires politiques et un parti qu’elle considérait naguère comme un danger pour la République, en sous-main et au niveau local, c’est une véritable alliance des droites qui se prépare déjà.

 

Si les accusations portées par la nouvelle majorité contre ses prédécesseurs sont indéniablement fondées, force est de reconnaître que le président dont elle se réclame ne les mérite pas moins. Dans un entretien donné à une chaine de télévision grecque, trois jours avant le retour aux urnes des Grecs, François Hollande s’est en effet clairement engagé en faveur d’Antonis Samaras, le leader de Nouvelle Démocratie. Or, pour gagner les élections du 17 juin, ce parti de la droite conservatrice s’est employé à pallier l’impopularité que lui vaut sa soumission aux diktats l’UE en accueillant sur sa liste les caciques du LAOS, la version hellène du FN, et en faisant sienne la thématique xénophobe de ses nouvelles recrues. Autrement dit, la fusion de la droite et de l’extrême droite, qui choque tant les socialistes à Paris, reçoit à Athènes le soutien du président issu de leurs rangs. Répliquera-t-on qu’il s’agit là d’un mauvais procès, parce que les vrais amis de François Hollande sont les socialistes du PASOK ? Une pareille défense ne résiste guère à l’analyse, dans la mesure où cette formation, jadis puissante, se réduit aujourd’hui à une peite force d'appoint qui, dans le meilleur des cas, obtiendra quelques strapontins dans un gouvernement national-conservateur.

 

Bien plus accablante que l’appui de sa compagne à un socialiste dissident adoubé par la droite charentaise, l’intervention du chef de l’État à la télévision grecque ne tient pas moins de l’erreur stratégique que de la faute morale. Car s’il est vrai que la France a pour objectif de contraindre l’Allemagne au compromis, c’est-à-dire de convaincre Angela Merkel qu’elle a intérêt à en rabattre sur ses exigences en matière de rigueur budgétaire, comment imaginer que ses dirigeants puissent y parvenir s’ils ne sont pas en mesure de présenter leurs propositions comme un juste milieu entre les inquiétudes des marchés et la colère des peuples ? Autrement dit, si François Hollande est fondé à se réjouir des coudées franches que lui laisse l’échec de Jean-Luc Mélenchon sur le plan national, en revanche, la défaite ou la faiblesse de forces politiques analogues au Front de gauche dans les autres pays de l’UE ne peuvent que le laisser sans munitions face au bloc constitué par les autorités de Berlin, la BCE et le FMI. Que vaut en effet l’art de la synthèse dont l’ancien premier secrétaire du PS est censé maîtriser tous les arcanes, dès lors que le poids relatif des positions antagonistes qu’il s’agit de concilier s’avère totalement disproportionné ? Bref, la décision d’aller à Athènes pour sommer les Grecs de préférer l’union de la droite et de l’extrême droite à la gauche représentée par Siriza relève autant de l’ineptie que de l’infamie – sauf à imaginer que, désireux de surpasser le machiavélisme de François Mitterrand, François Hollande ne s’est permis d’interférer dans la délibération d’un peuple souverain qu’aux fins de piquer l’orgueil des électeurs et, ce faisant, de les inciter à faire le contraire de ce qu’il leur demandait…

 

À défaut de retenir cette acrobatique hypothèse, le ralliement du président français à l’orthodoxie européenne qu’il se targue pourtant de contester témoigne surtout du paradoxe le plus remarquable de la période actuelle : dans le monde des dirigeants responsables, des éditorialistes sérieux et des experts pondérés où François Hollande cherche son crédit, ce n’est pas seulement sur le courage et la générosité qu’il est nécessaire de transiger ; pour paraître raisonnable, il faut également être prêt à sacrifier la rationalité économique, quitte à accroître le désarroi de son propre électorat, et même la rationalité politique, quitte à s’ôter les moyens de réaliser son propre programme.

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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 14:57

| Par François Bonnet

 

Au moins la situation est-elle claire. Dix-huit mois après l’annonce de sa candidature à la présidence de la République, en janvier 2011, François Hollande dispose aujourd’hui d’à peu près tous les pouvoirs. Des pouvoirs qu’aucun autre chef d’État ou de gouvernement n’a aujourd’hui en Europe, tant le présidentialisme de nos institutions est puissant. L’ancien premier secrétaire du PS, oublié ou simplement méprisé de 2007 à l’automne 2011, aura ainsi réussi un parcours sans faute. Un long parcours qui le met désormais dans une position similaire à celle de François Mitterrand en 1981, lorsque la gauche accédait enfin au pouvoir pour la première fois sous la Ve République.

Il n’y a pas que de l’habileté dans le long chemin parcouru par François Hollande. La vague rose, qui marque ce second tour des élections législatives, est le résultat final d’une stratégie faite de convictions et d’une analyse pointue des évolutions de notre société, mais surtout des pesanteurs de notre système politique et des redoutables mécaniques institutionnelles. Car c’est bien d’une vague rose qu’il s’agit avec un PS, seul, qui emporte une majorité absolue à l’Assemblée. Situation inédite depuis 1981 ; situation extravagante au vu des réalités politiques de ce pays.


François Hollande, président et chef des armées: l'hommage aux soldats morts en Afghanistan. 
François Hollande, président et chef des armées: l'hommage aux soldats morts en Afghanistan.

Fin connaisseur de la carte électorale, de nos institutions et de notre système électoral, François Hollande a su jouer à plein de trois leviers qui organisent aujourd’hui notre représentation politique : le présidentialisme, le localisme et le mode de scrutin majoritaire à deux tours.

  • 1 - Depuis l’annonce de sa candidature, ce présidentialisme est assumé.

Passant du « nous » au « je », Hollande a donné tous les signes nécessaires pour rejouer le grand film « la rencontre d’un homme et d’un peuple ». En s’éloignant du PS ; en s’émancipant du programme socialiste ; en ne respectant pas l’accord politique passé entre les Verts et le parti socialiste à l’automne 2001 ; en revêtant sans distance les habits du président. Jusqu’au couac de cette semaine passée : le fameux tweet de Valérie Trierweiler venant souligner la fusion du public et du privé comme l’invraisemblable rôle d’une « première dame » présente et pourtant non prévu par la Constitution.

  • 2 - Le localisme a été le moteur de la reconquête progressive du parti socialiste.

Il contrôle aujourd’hui la majorité des grandes villes, une large majorité des départements et la quasi-totalité des régions. L’apologie des « territoires », la défense, contre toute évidence, d’une décentralisation engloutie dans l’enchevêtrement des compétences, donc trop souvent dans l’irresponsabilité politique, l’organisation ahurissante d’un pays avec cinq ou six niveaux d’administration (mairie, syndicats intercommunaux ou d’agglomération, département, région, national, Europe) ont certes été critiquées par les socialistes. Ils s’en sont accommodés avec plaisir, y voyant autant de refuges face à un pouvoir de droite.

Cela n’a pas été sans impact sur le profil de la nouvelle Assemblée nationale : un député est-il un élu de la nation ou le représentant d’un territoire ? Le PS n’a jamais vraiment répondu à cette question, laissant ainsi quelques barons locaux – tel Gérard Collomb à Lyon – organiser la dissidence contre l’accord national PS/EELV, et ne parvenant pas à empêcher la candidature d’Olivier Falorni contre Ségolène Royal à La Rochelle.

  • 3 - Le troisième tient au cœur même de notre système de représentation.

Le mode de scrutin et le choix fait sous Lionel Jospin d’une inversion du calendrier électoral. En rendant automatique la tenue d’élections législatives un mois après le scrutin présidentiel, cette réforme les a vidées de tout enjeu politique pour en faire un vote de confirmation et de cohérence par rapport au choix présidentiel (lire notre précédent article). Dès lors, le rouleau compresseur ne peut être arrêté. Ce fut le cas en 2007, avec une chambre bleu horizon pour Nicolas Sarkozy. Ça l’est à nouveau avec cette élection, qui amplifie encore le choix fait avec la présidentielle, comme en témoigne par exemple l’élection de tous les ministres, dont plusieurs étaient pourtant dans des configurations très difficiles.

Mauvais signal

L’écrasante victoire du parti socialiste, ce 17 juin, qui fait d’un coup basculer le pays d’un tout-UMP à un tout-PS, peut bien sûr être une bonne nouvelle pour tous ceux qui souhaitaient enfin sortir de dix-sept années de présidence de droite. Mais elle dit aussi, à sa manière, toute la profondeur de la crise de représentation politique.

  • Il y a d’abord l’abstention.

Nous avions souligné son niveau record la semaine dernière et les dangers que recelait cette désaffection civique. L’effet s’est encore amplifié ce dimanche avec un nouveau record battu : plus de 44 % ! Du jamais vu dans une élection nationale. Cette distance, ce désintérêt ou ce refus d’un type de scrutin jugé inutile devraient inquiéter au plus haut point les responsables politiques. Il n’en a rien été ce dimanche soir, personne n’évoquant ce qui est bel et bien le retrait choisi et voulu par les citoyens d’un jeu politique perçu comme inutile ou sans enjeu.


Ségolène Royal. 
Ségolène Royal.© (Reuters)
  • Il y a ensuite un décalage grandissant.

Décalage entre les nouveaux équilibres de l’Assemblée nationale et ce que nous savons des réalités politiques au vu des précédentes élections ou des scores en voix des différentes formations. Jean-Marc Ayrault, dans une intervention fort prudente dimanche soir, a parlé de « démocratie parlementaire » : comme s’il prenait acte de l’urgence d’établir de sérieux contre-pouvoirs. Mais cette Assemblée est forgée par la maladie présidentialiste française. L'arrivée de nouveaux députés, avec l'élection (enfin !) de plus de femmes, de plus de jeunes, tient certes aux efforts accomplis par le PS dans sa désignation des candidats, mais sa concrétisation est aussi le résultat des amplifications provoquées par le scrutin majoritaire.

Car sur l'essentiel, Jean-Luc Mélenchon n’avait pas tort de souligner que tout en progressant de « 600 000 voix lors de ce second tour par rapport à 2007 », le Front de gauche allait perdre presque la moitié des députés obtenus par le seul PCF en 2007.

Il en est de même de toutes les formations dites « petites » : droite centriste, MoDem, écologistes mais aussi Front national. Le parti de Marine Le Pen obtient, dans des configurations locales exceptionnelles, deux députés. « On ne combat pas des idées avec un mode de scrutin », a remarqué Laurent Fabius, notant qu’il n’est pas normal qu’un courant politique qui pèse environ 15 % ne dispose pas d’une représentation au Parlement… Le constat doit valoir pour les autres. Les écologistes, qui ont été la surprise des dernières élections régionales, ne doivent leur vingtaine de députés qu’au bon vouloir du PS. Situation anormale, infantilisante, et organisant le rejet de la politique.

  • Il y a enfin le constat qui peut être dressé au soir de ce 17 juin.

Ceux qui ont animé le débat public depuis des mois, voire des années, mais n’ont pas été dans la machinerie socialiste, ont tous été battus. C’est le cas de Jean-Luc Mélenchon. Mais aussi de Ségolène Royal. De François Bayrou (sans citer Eva Joly qui ne se présentait pas, certes, mais qui est au fond des oubliettes).

Certains verront dans les défaites de Ségolène Royal et de François Bayrou la fin définitive du sarkozysme. Les deux étaient candidats en 2007 : ainsi disparaissent les acteurs de la précédente présidentielle. C’est un constat trop rapide pour être pertinent. Car tandis que de 2007 à 2011, le PS se perdait dans ses luttes internes, que se construisait, sous l’égide de l’agence de communication Euro-RSCG, la candidature de Dominique Straus-Kahn, qu’il était question de « pacte de Marrakech », Ségolène Royal et François Bayrou furent les seuls à dénoncer avec acharnement les dégâts du sarkozysme.

L’élimination de Mélenchon, Royal et Bayrou est un mauvais signal donné aux millions d’électeurs qui ont vu dans ces personnalités un autre rapport à la politique, d’autres propositions et d’autres possibles. La défaite de Ségolène Royal, et les larmes de crocodile versées par Martine Aubry ou Laurent Fabius, est, en creux, celle du parti socialiste et de François Hollande, incapables tous deux d’éviter une humiliante défaite à une personnalité atypique qui, par ces coups de boutoir, ses méthodes et ses propositions, a pourtant fortement obligé un parti endormi dans ses routines notabilières à bouger et à se mobiliser.

Dès lors, la vague rose ne doit pas masquer ce qui se profile au-delà de ce premier horizon. Rien n’est réglé d’une crise politique majeure qui peut se résumer en cet incroyable paradoxe : le Sénat représente aujourd’hui sans doute mieux la réalité politique de ce pays que l’Assemblée ! C’est le signe que nos institutions marchent sur la tête. Et qu’il est urgent, pour recréer ce lien politique entre les citoyens, de s’atteler à une vaste refonte démocratique.

D’abord en modifiant le mode de scrutin ; ensuite en redéfinissant les pouvoirs du Parlement et ceux de la présidence. La VIe République, ce projet porté par une partie du PS, par le Front de gauche, par les écologistes, certes avec des contenus différents, ne doit pas être qu’une figure rhétorique des campagnes électorales. En un mois, quatre votes successifs viennent de le démontrer : elle est aujourd’hui une urgence citoyenne.

 

 

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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 14:41
| Par Claude-Marie Vadrot

 

Rio de Janeiro, de notre envoyé spécial

Le Sommet des peuples et de la société civile a ouvert ses stands et amorcé ses réunions dès ce vendredi 15 juin. La conférence Rio+20 des ministres et des chefs d’Etat attendra, elle, le 20 juin pour se terminer au bout de trois jours, sauf si les dernières négociations qui commencent lundi se révèlent par trop difficiles.

Ces rencontres officieuses et officielles sont curieusement présentées par les associations et les Nations unies sous l’appellation Rio+20, en référence à celle qui s'est tenue dans cette ville en 1992. Comme si la Conférence mondiale de Johannesburg de 2002, au cours de laquelle Jacques Chirac s’illustra avec sa célèbre phrase « La maison brûle et nous regardons ailleurs », n’avait jamais existé. Comme s’il fallait aussi oublier que tout a commencé en 1972 à Stockholm, avec la première Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement.

Comme lors des réunions mondiales précédentes consacrées à l’état environnemental de la planète, les discours et les propositions faites à Rio+20 vont illustrer les fossés de plus en plus profonds qui se creusent entre les aspirations de la société civile, les revendications des Peuples Premiers, les égoïsmes des Etats et les convoitises des grandes entreprises rêvant de « marchandiser » la nature et les ressources naturelles.

S'il existe une différence essentielle entre la conférence de Stockholm-1972 et celle de Rio de Janeiro-2012, elle réside d’abord dans la nature des rapports entre les participants officiels et la société civile. En 1972, la distance pour aller du centre de conférence des chefs d’Etat aux forums et rencontres des associations n’était que de quelques centaines de mètres, à parcourir à pied. Nulle mesure policière ou sécuritaire ne séparait les uns des autres.

En 2012, il faut près d’une heure d’autobus pour aller de l’une à l’autre, puis montrer patte blanche et accréditations longuement vérifiées. L'évolution en dit long sur l’altération de la qualité des échanges entre les politiques et ceux qui contestent leurs inactions.

A Stockholm, il y a quarante ans, les uns pouvaient aller s’exprimer chez les autres, et réciproquement. Un ministre, voire un chef d’Etat ou de gouvernement, n’hésitait pas à venir affronter les contestataires et discuter pied à pied avec eux. Ce qui, par exemple, donna un splendide dialogue entre Indira Gandhi, première ministre de l’Inde, et une salle parfois houleuse de militants.

 

Stockholm, le quotidien de la conférence. 
Stockholm, le quotidien de la conférence.

Au-delà des décisions prises ou repoussées à plus tard, Stockholm fut donc une fête de la parole, un véritable festival de révélations et d’échanges sur l’état du monde, les pollutions, les destructions, la démographie, les famines, l’agriculture, la baisse déjà constatée de la biodiversité, le mauvais état des mers, la régression de la forêt amazonienne, le sous-développement ou le (mauvais) sort trop souvent réservé aux Peuples Premiers.

Toutes les questions qui motivent aujourd’hui la mouvance environnementaliste, y compris celle du réchauffement climatique, étaient déjà posées. Et tous les jours, un quotidien associatif (il y en eut d’autres) financé par les Suédois sans aucune contrepartie ni censure, et sous-titré « L’environnement c’est de la politique », rendait compte des affrontements idéologiques au sein de la société civile et entre les officiels. L’écologie politique restait balbutiante en France, ce qui peut expliquer que les associations françaises aient été si peu représentées dans une conférence largement dominée par les Anglo-Saxons et, aspect plus surprenant, par des militants et des délégations de ce que l’on appelait encore le tiers-monde.

 

Le 14 juin 1972, à l’issue d’une conférence qui ne dura pas trois jours comme en 2012 mais une dizaine, un cortège bariolé de milliers de jeunes a parcouru la ville. Sans escorte policière, même lorsque les premiers rangs, plutôt dénudés, parvinrent au pied des marches de la conférence officielle...

Ils apportaient une résolution demandant « un moratoire arrêtant pendant dix ans le meurtre de tout être humain » et souhaitant que les responsables politiques « reconnaissent que l’Homo sapiens est une espèce en danger et proclament dans l’allégresse un moratoire de dix ans à la chasse, au massacre et à l’empoisonnement de l’environnement des êtres humains ». Ils furent accueillis, sans présence policière, par le « patron » de la conférence, le Canadien Maurice Strong, qui se dit entièrement d’accord avec le contenu de la résolution. 

 

Indira Ghandi et Maurice Strong à Stockholm en 1972. 
Indira Ghandi et Maurice Strong à Stockholm en 1972.© (dr)

Il faut évidemment faire la part de la récupération dans cette étonnante rencontre mais, quelles qu’aient été les arrière-pensées des uns et des autres, la scène illustrait parfaitement l’atmosphère d’une conférence qui vit les militants et la jeunesse faire pression sur les gouvernements et être, sinon écoutés, au moins entendus.

Pour le reste, malgré l’opposition, soulignée par les leaders du tiers-monde, entre les pays développés inquiets des destructions et pollutions et les pays du Sud en besoin de développement contre la misère, la Conférence adopta des mesures ou des résolutions qui seraient encore aujourd’hui considérées comme novatrices ou révolutionnaires. Qu’il s’agisse des ressources naturelles, des rejets toxiques, de la préservation de la flore et de la faune sauvage, de la pollution des mers, de la surpêche, des catastrophes naturelles, de la stabilité des prix agricoles et des matières premières, de l’action des organismes internationaux, de l’indemnisation des victimes de pollution ou de la fin de l’impérialisme des nantis.

Tous ces points étaient précisés et développés dans une déclaration en 25 articles dont la négociation dura plusieurs jours et plusieurs nuits. Car, an contraire de ce qui se passe désormais, elle n’avait pas été rédigée à l’avance par des technocrates internationaux. La déclaration aboutit à la création du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) qui reste hélas valable. Un organisme dont Maurice Strong devint le directeur et qui me déclara notamment au cours de l’été 1974 au Kenya où s’installait le PNUE :

« Le premier objectif est d’amener les pays à parler de ce problème qui gêne tout le monde. Il était important de regarder les situations en face, de rappeler qu’il était un peu trop facile – ce que font les grandes puissances dans ce domaine comme dans d’autres – de ne blâmer que les pays en voie de développement. Il y a des prises de position politiques officielles fort justifiées... et la réalité. La Chine en est un exemple. Seule une attitude réaliste dans ce domaine comme dans les autres, nous permettra de faire face aux questions posées par la dégradation de notre environnement, il ne faut pas se le cacher. Il ne s’agit plus de rêver de l’abondance mais d’organiser la survie, de lutter – sur tous les plans – pour empêcher des centaines de millions de gens de mourir. Sans oublier que ces menaces et les pollutions, avant d’être des agressions physiques, engendreront des tensions sociales et politiques insupportables. »

Les écrits confidentiels et très pessimistes de Brice Lalonde, directeur exécutif des Nations unies pour cette conférence Rio+20, montrent que si la prise de conscience de l’opinion publique a progressé, celle des chefs d’Etat a beaucoup régressé...

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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 14:33

 

 

Le Monde.fr | 18.06.2012 à 15h11 • Mis à jour le 18.06.2012 à 15h11

Par Niki Berlakovich, ministre de l'environnement autrichien

 

Dans le domaine environnemental, le monde est confronté à des défis importants : pénurie croissante de matières premières, accompagnée d'une montée constante des prix des énergies fossiles, changement climatique avec ses effets ainsi qu'une pression environnementale accrue. De plus en plus de pays comprennent que la lutte contre le changement climatique et l'utilisation efficace des ressources naturelles sont importantes du point de vue écologique, mais qu'elles offrent, aussi de grandes opportunités pour l'économie. Celle-ci peut développer de nouveaux secteurs d'activités et créer des emplois verts. Avec son modèle de la "croissance verte", l'Autriche s'est engagée sur une voie d'avenir, montrant ainsi que l'écologie et l'économie se complètent parfaitement. L'économie de l'environnement en Autriche accuse une croissance plus rapide et plus constante que l'économie dans son ensemble. Avec un taux actuel de 7 % d'emplois verts et une croissance du chiffre d'affaires de 6,6 %, le secteur de l'environnement est l'un des moteurs les plus puissants de la relance économique et de l'emploi.

Les emplois verts, c'est-à-dire les emplois créés par l'engagement en faveur de l'environnement et de la protection les ressources naturelles, constituent un paramètre essentiel de ce développement. Ils jettent un pont, résistant aux crises, entre l'écologie et la lutte contre le changement climatique, d'une part, et la croissance économique et les perspectives de carrière, d'autre part.

Les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique, les écotechnologies, l'agriculture biologique, la gestion des déchets, le recyclage - autant de secteurs qui offrent un vaste potentiel d'emplois verts. En Autriche, un emploi sur vingt est déjà un emploi vert - avec une tendance toujours vers le haut, l'objectif étant de faire augmenter le nombre d'emplois verts de 50 % d'ici l'an 2020.
L'initiative autrichienne en faveur des emplois verts vise à offrir des perspectives importantes sur le marché du travail, notamment pour les jeunes car la demande de produits, technologies et services écologiques augmentera fortement dans le futur. Nous avons donc besoin de travailleurs qualifiés, bien formés et hautement motivés pour ces emplois. Des mesures ciblées visent à sensibiliser les jeunes pour les éco-industries en tant qu'employeurs fiables pour l'avenir.

Il s'agit également de les informer sur tout l'éventail de formations initiales et continues disponibles. Les chiffres actuels sont parlants, l'Autriche affiche en effet l'un des taux de chômage des jeunes les plus bas de l'UE. Chaque année, le ministère de l'Environnement investit plus de 700 millions d'euros dans des mesures qui favorisent non seulement la création d'emplois verts mais également toute une série d'autres aspects environnementaux positifs.  Par exemple, au niveau des communes et régions, le développement de régions modèles autosuffisantes en termes de production énergétique est encouragé. A l'échelle des entreprises, les services de conseil en matière d'énergie bénéficient de subventions. Quant aux propriétaires des logements privés, ils se voient octroyer des subventions pour la rénovation thermique ou encore des installations photovoltaïques.

En outre, le développement d'emplois verts et du secteur de l'environnement offre également des chances importantes à l'échelle internationale. Les entreprises autrichiennes disposent d'un grand savoir-faire, surtout dans le domaine des écotechnologies. Leurs performances sont reconnues dans le monde entier, notamment en matière de "construction passive" de logements à très basse consommation d'énergie ou encore de production de panneaux solaires. Ces compétences sont très recherchées, notamment sur les marchés porteurs comme la Chine, l'Inde ou la Russie ce qui offre de bonnes possibilités d'exportations.

Afin que les travailleurs et les entreprises puissent profiter des opportunités offertes par ce secteur porteur et réussir, le ministère de l'environnement a élaboré un plan directeur pour les emplois verts qui fixe le cap du développement de ces emplois. Afin de soutenir sa mise en œuvre, un premier portail en ligne spécialement dédié aux emplois verts a été lancé. Ce site permettra aux demandeurs d'emploi de rechercher sur les emplois vacants dans les éco-industries. Ce nouveau centre d'excellence "Green Jobs Austria" favorise la mise en réseau de l'économie, des sciences et de l'administration afin d'augmenter d'avantage le nombre d'emplois verts dans les entreprises.

Les emplois verts sont les emplois de l'avenir ! Investir maintenant dans les emplois verts, sera synonyme de double bénéfice, tant à l'échelle écologique qu'à l'échelle économique.

Niki Berlakovich, ministre de l'environnement autrichien

 

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17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 15:36
Occupation du 260 rue des Pyrénées : décider collectivement et de manière égalitaire ce qui est bon pour nous.

 

Assemblée des mal-logé-e-s - Publié, le mercredi 13 juin 2012
Dernière modification : jeudi 14 juin 2012

Nouveau pédégé de l’entreprise France, nouveau gouvernement, et localement, nouveau préfet, les luttes en cours ont, parmi les besoins, les aspirations, les enjeux qu’elles expriment et les actes qu’elles posent, une portée qui, elle aussi, intéresse le grand nombre et chacun de nous : imposer une modification substantielle des politiques qui sont actuellement à l’oeuvre et qui nous détruisent.
Ainsi, par exemple, le 9ème Collectif des sans-papiers est actuellement chez Valls, au Ministère de l’intérieur, afin de l’interpeller sur la situation dramatique des sans-papiers et la politique qu’il compte mener et appelle à les rejoindre sur place au 11 rue des Saussaies, métro Miromesnil Paris [1].
Voici les nouvelles des occupants du 260 rue des Pyrénées à Paris. Plusieurs rdv publics y sont annoncés, dont ce mercredi 13 juin à 19h, une assemblée ; au menu, compte rendu d’une délégation ce jour au ministère du logement, infos diverses, organiser la suite, etc.
• Jeudi 14 juin : Rendez-vous pour une action à 12h30 devant le go sport à République.
Assemblée tous les dimanches à 17 heures au 260, rue des Pyrénées, métro Gambetta

C’est la crise, partout on nous le dit et tous les jours on la ressent. Mais pour certains ça fait longtemps que c’est la crise, la crise du quotidien : s’entasser dans un logement trop petit et insalubre, se faire expulser parce qu’on a perdu son taf, prendre un crédit revolving parce qu’on est sans sous dès le début du mois, courir dans les transports en communs pour aller faire 2 heures de boulots par-ci par-là pour un quart de SMIC, se faire enlever ses enfants parce qu’on a nulle part où habiter, se faire refuser une demande de HLM parce qu’on est sans-papiers, se faire radier du Pôle emploi et perdre ses allocations, ne plus pouvoir faire les courses dans son quartier parce que les commerces deviennent toujours plus chers et plus chics, se faire contrôler chez soi par un agent de la CAF [2] et devoir se justifier d’arriver à survivre .
Face à cela des collectifs de mal logés, de chômeurs, de précaires, des collectifs contre la restructuration urbaine et contre les expulsions agissent, pour certains depuis plusieurs années, pour arracher des droits, arracher des logements, empêcher des expulsions. Depuis quelques mois ces collectifs ont décidés de se coordonner au sein d’une assemblée [3]. Cette assemblée est ouverte à tous et toutes, à tous les mal logés enragés, expulsés d’ici et d’ailleurs, squatteur-euses, à tous ceux qui se sont déjà fait couper l’électricité ou les allocations, ceux qui en ont marre de claquer leurs salaires pour un petit appart’ humide, aux étudiants en mal de bourse et aux jeunes interdite RSA [4]
Il s’agit de se réunir pour trouver les moyens collectifs de résoudre directement nos problèmes, de s’auto-organiser c’est à dire décider collectivement et de manière égalitaire ce qui est bon pour nous. Pour l’instant les actions coordonnées se sont centrées sur le logement : occupations de bailleurs sociaux, de mairies et autres lieux de pouvoir, dépôts de liste de demandeurs HLM, obtention d’avis de passage de demandes HLM pour les sans-papiers... mais nous comptons bien ne pas en rester-là et dans le temps arracher collectivement les moyens de se loger, de s’organiser, de vivre et de lutter.
Nous ne sommes pas seuls, à Toulouse depuis des mois des mal logés, squatteurs et travailleurs sociaux s’organisent pour occuper des bâtiments vides. Les habitants du CREA (collectif pour la réquisition, l’entraide et l’autogestion) [5] menacés d’expulsion ont engagé une grande bataille pour défendre ce lieu. Là-bas, en Grèce ou en Espagne les plans d’austérité réduisent à la misère des milliers de personnes qui du jour au lendemain ne parviennent plus à subvenir à leurs besoins immédiats, mais la résistance s’organise à travers l’occupation de bâtiments vides, des assemblées de quartier, des cantines populaires, le refus collectif de payer des factures... organisons-nous, défendons nous Ne restons pas seuls !
Contact mel : mallogesacharnes [at] riseup.net

Le business project envisagé au 260 rue des Pyrénées, vide depuis mai 2010 :
Communiqué de soutien du collectif NRV
Auto-organisation, et si les travailleurs sociaux faisaient un pas de côté ?
Depuis quelques jours un immeuble appartenant à la Poste situé au 260 rue des Pyrénées Paris 20ème est occupé par des précaires, des familles et des mal logés ; le collectif NRV (collectif de travailleurs sociaux) apporte son soutien à cette occupation.
• Face au manque de moyens, au manque de logements, à la spéculation immobilière,
• alors que les pouvoirs publics (les préfectures et les collectivités locales) ne font qu’inventer et réinventer des dispositifs creux,
• alors qu’il y a des batiments vides,

Qui peut dire que l’auto-organisation et la réquisition ne sont pas des solutions ?
En tant que travailleurs sociaux nous recevons de plus en plus de personnes avec une demande de logements urgente, on nous demande de remplir tels ou tels dossiers qui n’ont d’autres effets que de donner de faux espoirs.
En exemple, depuis 2008, à grand renfort de coups médiatiques, la loi DALO est mise en place (Droit Au Logement Opposable, censé garantir un logement pour touTEs). La loi stipule que les personnes sans logement et jugées prioritaires peuvent engager des procédures judiciaires à l’encontre de l’Etat et exiger de celui-ci le paiement d’une astreinte pour non-respect de la loi.
La réalité est tout autre. Les personnes ayant saisi le tribunal administratif ne recevront jamais directement de réparation financière, l’astreinte sera versée au Fond Régional d’Amménagement Urbain autrement dit à l’Etat. L’Etat condammne l’Etat. Ce genre d’aberration nous y sommes confrontés quotidiennement.
Et si les travailleurs sociaux faisaient un pas de coté ? Soutenir les réquisitions de logements vide, cesser de servir la soupe (qui d’ailleurs n’est pas bonne) des collectivités locales, des institutions publiques et des diverses associations qui nous "mythonent".
Alors que la précarité traverse de plus en plus les institutions sociales (financements limités, faillites d’associations, appels à projet restrictif...) pourquoi devrions-nous maintenir nos prérogatives de petits employés éclairés soumis au devoir de réserve ?
Nous sommes censés répondre à des nécessités, pourtant de plus en plus souvent les travailleurs sociaux font tourner (d’ailleurs assez mal) des lois ou des dispositifs qui ne font qu’alimenter des procédures de contrôle. On justifie l’inaction des pouvoirs publics par le profilage toujours plus sophistiqué et aberrant DU précaire ingrat et indocile, qu’il faut démasquer et punir.
Au dela du discours économique qu’on nous assène sur la dette et sur la pseudo responsabilité de chacun sur l’état des finances publiques [6], nous avons touTEs besoin de se loger, on n’habite pas des lois...
Le 13 juin 2012,
Collectif NRV
Le ministère du logement déclare « nous n’avons pas de pouvoir »
Communiqué du 13 juin 2012
Depuis vendredi 8 juin 2012, nous occupons un ancien centre d’hébergement social appartenant à Toit et Joie (bailleur social de la Poste), vide depuis mai 2010 et situé au 260 rue des Pyrénées.
Nous avons créé ce lieu de vie, d’organisation et de lutte pour obtenir directement ce dont nous avons besoin et mettre la pression sur ceux qui pourrissent notre vie au quotidien. Habitant-e-s et voisin-e-s se rencontrent depuis une semaine devant le 260 rue des Pyrénées, autour de tables d’information et de soutien, de goûters et de discussions. La solidarité se tisse jour après jour, on nous apporte nourriture, couvertures, matelas, etc. De plus en plus de personnes nous demandent aussi une aide concrète face aux galères de logement.
Mairies, bailleurs, élus de tous bords organisent la politique du logement. Les logements sociaux, c’est un véritable business. Toit et Joie y participe. Quand les bailleurs rachètent des immeubles, les loyers augmentent toujours. (Par exemple, Toit et Joie, groupé avec d’autres bailleurs, a racheté des immeubles d’une filiale de la Caisse des Dépôts, ce qui a fait immédiatement augmenter les loyers de 20%).
Dès lundi 11 juin, une délégation de 5 personnes s’est rendue à Toit et Joie afin de déclarer l’occupation du 260 rue des Pyrénées et de s’assurer de la pérennité du lieu. Le bailleur a refusé de les laisser entrer et a appelé la police. Les 5 personnes ont été bloquées dans la cour et ont subi un contrôle d’identité.
Le même mépris a caractérisé la rencontre du 13 juin au cabinet de la Ministre du Logement, Cécile Duflot. Nous avons obtenu ce rendez-vous grâce à une intervention le 7 juin dernier lors de son meeting de campagne. Elle n’a pas daigné nous recevoir personnellement. Une délégation de 4 personnes a été reçue par son directeur adjoint de cabinet, Jacques Archimbaud, et par Pauline Lavaux, conseillère parlementaire. Notre délégation a présenté les revendications suivantes :
1) des logements sociaux pour tous les gens qui en ont besoin, et notamment celles et ceux dont les noms sont écrits sur les listes de mal logé-e-s que nous amenons

2) des papiers pour tout le monde et notamment pour celles et ceux qui en ont besoin parmi nous
3) le maintien dans les lieux pour les habitant-e-s du 260 rue des Pyrénées jusqu’à leur relogement
4) le maintien de tous les lieux habités du CREA (Collectif pour la Réquisition, l’Entraide et l’Autogestion) de Toulouse.

Etrange endroit qu’un lieu de pouvoir comme le Ministère du Logement. On y trouve un directeur adjoint déclarant : « Nous sommes contre les expulsions sans relogement, mais nous n’avons pas de pouvoir » . Il a refusé de soutenir notre occupation auprès de la préfecture et du bailleur, nous assurant simplement que s’il y a expulsion cela se fera dans les règles : « la procédure doit être respectée, vous êtes là depuis longtemps, vous ne pouvez pas être expulsés sans décision judiciaire ».
Suite à ce rendez-vous Jacques Archimbaud, à défaut de nous fournir un papier officiel signé par le ministère, nous a envoyé le mail ci-dessous, dans lequel il déforme nos revendications et ignore même celle concernant la pérennisation du 260 rue des Pyrénées. Néanmoins le ministère s’est engagé à examiner avec sérieux les dossiers de demande de logement. Il nous recevra à nouveau dans deux semaines, le 27 juin.
Parallèlement à la rencontre au Ministère, un autre groupe a occupé l’Union sociale pour l’habitat qui est la fédération des sociétés HLM. Le délégué général, Thierry Bev, s’est engagé à faire la médiation entre les habitant-e-s du 260 rue des Pyrénées et le bailleur Toit et Joie. Il a communiqué par fax nos revendications au Ministère du Logement ainsi que la liste des mal-logé-e-s.
Pour obliger le Ministère à satisfaire nos revendications, nous vous invitons à nous rejoindre dans nos actions, et ce dès jeudi 14 juin à 12h30 devant le Go Sport, métro République.
Ne les laissons pas dicter la temporalité de nos luttes. Organisons-nous, exigeons des logements pour tous ceux qui en ont besoin et l’arrêt des expulsions.
Assemblée des mal-logé-e-s tous les dimanche à 17h au 260 rue des Pyrénées, métro Gambetta.
Des mal-logé-e-s acharné-e-s. Contact mel : mallogesacharnes [at] riseup.net

Original Message ---------------------------- Subject : Suite rendez-vous du 13/06 From : "Secretariat Archimbaud - Cabinet Duflot."  territoires.gouv.fr> Date : Wed, June 13, 2012 8:26 am To : mallogesacharnes@riseup.net

Une délégation mandatée par l’AG des occupants du 260 rue des Pyrénées a été reçue ce jour au Ministère de l’égalité des territoires par Jacques Archimbaud Directeur Adjoint du cabinet de Cécile Duflot et Pauline Lavaud, conseillère parlementaire.
Elle a transmis une liste de 97 demandeur de logements sociaux à Paris, de 8 habitants expulsés du 2 chemin des Grésillons à Saint Denis, une liste de 38 personnes du collectif des mal logés du 18ème sans frontières. Elle a demandé le relogement de toutes ces personnes, l’accélération de la construction de logements très sociaux à Paris, la régularisation de tous les sans papiers, le maintien de tous les lieux habités du CREA de Toulouse.
Les représentants de la Ministre ont indiqué qu’ils transmettraient ces listes à des fins d’examen sérieux aux administrations parisiennes compétentes pour un traitement collectif de ces demandes en lien avec la délégation du 260 rue des Pyrénées.
Ils ont réaffirmé leur attachement au respect des procédures légales concernant le traitement de tous les lieux occupés.
La délégation sera reçue à nouveau le 27 juin à 15 heures.
Paris le 13 juin 2012
PDF - 88 ko
Occupation du 260 rue des Pyrénées, Communiqué du 13 juin 2012
L’introduction qui précède le tract « Occupons les logements vides » et les notes qui suivent sont de la rédaction.
Des infos, dont un communiqué de soutien de SUD postaux Paris, publiées du 11 au 13 juin : Logement pour tous : Occupation d’un immeuble au 260 rue des Pyrénées à Paris


Notes :
[1] 9ème Collectif des sans papiers : http://9emecollectif.net/.
[3] Plus d’infos sur ces assemblées sur https://paris20.noblogs.org/.
[4] Un retour sur la façon dont une (in)certaine gauche a, depuis 1988, décidé et soutenu cette interdiction du revenu minimum aux moins de 25 ans du revenu minimum, lors de l’instauration du RMI, une mesure qui a contribué à dresser à la précarité de générations successives d’entrants dans le salriat : À gauche poubelle, précaires rebelles
[5] Le blog du CREA Toulouse : http://creatoulouse.squat.net/, la pétition contre l’expulsion du centre social autogéré, signalble en ligne.
[6] Voir à ce sujet une analyse de cette modalité de gouvernement par la dette, Dette objective et dette subjective, des droits sociaux à la dette.
À Paris comme ailleurs, arr€t€z vos salad€s, balanc€z l’os€ill€ ! un petit mode d’emploi d’une action sociale municipale dont la Ville de Paris se garde bien d’informer les nécessiteux. Vous y trouverez des recettes pour arrondir RSA et bas salaires à trous, ou pallier (trop partiellement) l’absence de revenu, faites le connaître autour de vous !
Le social, à Paris, ville et département socialiste, c’est aussi ça : « Absurdité », « torture morale », une enquête sur le RSA à Paris , à quoi il est possible de s’opposer, voir, par exemple Nous, RSAstes Parisiens,.

 

  
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15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 14:49

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 15.06.2012 à 16h38 • Mis à jour le 15.06.2012 à 16h38


Le quinoa est cultivé sur les hauts plateaux andins mais sa culture se déplace de plus en plus vers les plaines.

Depuis 2005, les surfaces cultivées de quinoa ont doublé en Bolivie, l'un des principaux producteurs de cette graine andine, dont la demande mondiale et le prix sont en augmentation constante. D'après le directeur de l'Institut national d'innovation agricole et forestière (Iniaf), Lucio Villca, la culture de cette plante - qui appartient à la même famille que la betterave ou l'épinard, mais est considérée comme une "pseudo-céréale" - occupe désormais 70 000 hectares, pour une production estimée à 44 000 tonnes.

La valeur nutritionnelle de cette graine, riche en protéines et cultivée depuis plus de 7 000 ans sur les hauts plateaux andins, a été soulignée par les Nations unies, qui ont décrété 2013 "Année mondiale du quinoa". Et lundi 11 juin, le président bolivien, Evo Morales, a été désigné "ambassadeur spécial" de la FAO (Food and Agriculture Organization), l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation, dont le siège est à Rome, pour promouvoir ce "super aliment" dans le cadre d'un programme sur trois ans (programme qui coûterait environ 12 millions de dollars - lien PDF).

 

ENTRE 2 500 ET 3 000 DOLLARS LA TONNE

"Face à la crise alimentaire mondiale, les peuples andins disposent de plusieurs solutions, et l'une d'elles est le quinoa", a déclaré à la tribune de la FAO le président d'origine amérindienne Evo Morales, qui fut dans son enfance un petit cultivateur de quinoa. Le quinoa présente l'avantage de pouvoir pousser dans des zones semi-arides et jusqu'à 4 000 mètres d'altitude. Des cultures expérimentales sont actuellement menées partout dans le monde, en Europe (en France notamment), en Asie, en Afrique et en Australie.

La Bolivie est le deuxième producteur (derrière le Pérou) et le premier exportateur mondial de quinoa devant l'Equateur (les chiffres du Pérou ne sont pas communiqués), avec 70 % du marché. Les prix actuels oscillent entre 2 500 et 3 000 dollars la tonne. Deux tiers de la production partent à l'exportation, parmi lesquels 54 % aux Etats-Unis, 32 % en Europe et 6 % au Canada. Les zones de culture se situent aux abords de deux déserts de sel, l'Uyuni près de Potosi, et le Coipasa à Oruro.

En Bolivie, "il y a dix ans, il y avait 35 000 hectares [plantés], mais les prix ont augmenté et il y a plus de gens qui [en] sèment. Avant, les gens ne semaient pas le quinoa, ils quittaient le pays (...), maintenant ils reviennent semer", explique à l'AFP le président de Anapqui (l'association des producteurs), Juan Ernesto Crispin.

 

 AFFRONTEMENTS ET HAUSSES DES PRIX

Mais l'extension des surfaces cultivées provoquent des conflits entre paysans : en mars et avril, on a recensé plus d'une trentaine de blessés dans des affrontements entre cultivateurs, dans des régions où les limites territoriales ne sont pas définies très précisément.

"Si l'activité productive reste centrée sur une espèce séculaire, (...) le système agraire, l'organisation collective et l'organisation familiale de la production ont été bouleversés (...) avec des conséquences diverses, pour aboutir aujourd'hui à une crise foncière, et des tensions sociales multiples", note une étude française de 2010.

"La non régulation de l'extension et de la localisation des parcelles dans la plaine ont abouti à une monoculture de parcelles de quinoa contigües, favorables à la multiplication des ravageurs de la culture et à l'érosion éolienne", avancent les auteurs de l'étude. Qui ajoutent : "La marginalisation de l'élevage a provoqué une baisse de la production de fumier et la perte de la sécurité financière que constituait la vente des animaux dans les moments de nécessité."

Sans compter que de nombreux Boliviens ne sont désormais plus en mesure de s'offrir celle qu'on surnomme "la graine d'or" - la consommation aurait baissé d'un tiers pendant que les prix triplaient dans les cinq dernières années. Dans les supermarchés, un sac d'un kilo coûterait près de 5 dollars, cinq fois plus que le même poids de riz.

 

>> Lire : "Sur la route du quinoa,'mère de tous les grains'" (lien Abonnés)


Du quinoa dans le Val de Loire

 

La "graine des Incas", cultivée depuis des millénaires sur les hauts plateaux des Andes, tente une percée dans le Val de Loire, où une poignée d'agriculteurs parient sur cette plante.

La surface de quinoa cultivée dans une zone allant de l'Anjou au sud de la Sarthe et jusqu'au Poitou a doublé entre 2009 et 2010, passant de 100 à 200 hectares pour 216 tonnes récoltées en 2010.

"On espère bien atteindre les 300 hectares en 2011", assure Patrick Bremaud, le directeur de la Coopérative agricole des Pays de la Loire (CAPL), porteuse de ce projet de création d'une première filière quinoa en France où environ 3 000 tonnes sont consommées chaque année.

Modestes, les premières récoltes du quinoa du Val de Loire sont pourtant le fruit d'un "travail de 20 ans", réalisé notamment à l'université Wageningen des Pays-Bas, et au Danemark, pour mettre au point des variétés adaptées à la culture en France, témoigne Jason Abbott, un ingénieur agronome américain. Deux laboratoires de l'Ecole supérieure d'agriculture d'Angers (ESA), partenaires du projet, travaillent également à l'amélioration de la culture.


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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 18:40

 

| Par Carine Fouteau

 

Depuis l’élection de François Hollande à la présidence de la République, une douzaine d’enfants ont été placés en rétention. En l’absence d’instructions nouvelles sur la présence de mineurs dans les centres de rétention administrative, les services de police et les représentants de l’État gardent les mêmes habitudes que lors du quinquennat précédent. Après une période d’accalmie pendant la campagne électorale, la cadence s’accélère. Et cela, malgré l’engagement du chef de l’État, lorsqu’il était candidat, de mettre un terme à cette pratique.


Jeux pour enfants au CRA de Nîmes en 2008. ©CGLPL 
Jeux pour enfants au CRA de Nîmes en 2008. ©CGLPL

 

Certains sont sortis, à la suite de pressions exercées par le Défenseur des droits et les associations de défense des droits des étrangers sur les préfets concernés et le ministère de l’intérieur. D’autres y sont encore et pourraient y passer une, voire plusieurs nuits supplémentaires.

Au Mesnil-Amelot en Seine-et-Marne, la Cimade signale la présence d’un adolescent seul, ce que la loi interdit totalement. Interpellé mercredi 13 juin, ce Malien de 15 ans a été placé en rétention en vue d’exécuter une mesure d’interdiction du territoire (ITF). Il a pu rencontrer les intervenants de cette association d’aide juridique auxquels il a indiqué avoir fui son pays en début d’année avec un ami, mineur lui aussi. Après avoir traversé le Maroc et l’Espagne, il est arrivé en France. Contrôlé à Auxerre dans l’Yonne en mars, il est passé en comparution immédiate devant le tribunal de grande instance et a été condamné à deux mois de prison ferme et deux ans d’interdiction du territoire pour entrée et séjour irrégulier. À sa sortie de maison d’arrêt, il a été conduit au CRA en vue de son expulsion vers Bamako. Sa carte d’identité, « originale », précise-t-on à la Cimade, est formelle : il est né le 15 novembre 1997 et est donc mineur. Mais, sur ordonnance du juge, les services de police ont fait effectuer un test osseux qui a conclu à sa majorité. Une date de naissance lui a été attribuée arbitrairement : le « 01/01/1994 ». En dépit du manque de fiabilité de ces tests, l’administration leur a fait davantage crédit qu’à l’état civil malien. Le jeune homme risque d’être renvoyé, alors que le Haut commissariat des nations unies pour les réfugiés (HCR) vient de prohiber les retours forcés vers le Mali en raison du chaos persistant dans ce pays.

Également au Mesnil-Amelot, deux familles originaires de Macédoine et de Serbie ont été expulsées vers la Belgique jeudi 14 juin à l’aube, après avoir passé une nuit en rétention. Un nourrisson de huit mois était avec eux, mais leur embarquement, via Le Bourget, a été si rapide qu’aucun représentant de la Cimade n’a pu les rencontrer et les aider à faire valoir leurs droits.

« On s’épuise à signaler les cas »

À Oissel, en Seine-Maritime, un jeune ressortissant russe d’origine tchétchène a été enfermé avec ses parents. Jeudi en fin d’après-midi, le juge administratif a ordonné leur libération. Mais ils ont redouté le pire. Ali, âgé de 15 ans, et sa famille devaient être renvoyés en Pologne, pays par lequel ils ont transité avant d’arriver en France en novembre 2011. Une demande d’asile avait été déposée dans l’Hexagone, mais l’administration avait refusé de l’examiner au motif que l’entrée dans l’Union européenne s’est faite par un autre pays. 

En tant qu’enfant, son placement en rétention posait problème, même s’il était accompagné de ses parents, comme l’a récemment rappelé la Cour européenne des droits de l’Homme qui a condamné la France pour violation des articles 3, 5 et 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme relatifs à l’interdiction des traitements inhumains et dégradants, aux droits à la liberté et à la sûreté et au respect de la vie privée et familiale. Dans cet arrêt Popov, la cour a estimé que les enfants n’ont pas leur place dans ces lieux, y compris quand ceux-ci sont aménagés pour les « accueillir ». Scolarisé régulièrement, Ali a, par ailleurs, un oncle en France qui a obtenu l’asile. Or, selon le règlement de Dublin II, les personnes fuyant leur pays sont autorisées à demander l’asile dans un État membre si des proches y sont considérés comme réfugiés. La destination, enfin, présentait un danger puisqu’en Pologne les demandes des Tchétchènes sont le plus souvent estimées infondées. Conséquence des accords de réadmission en cascade, la famille aurait pu être renvoyée vers l’Ukraine puis la Russie.

Au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant, le Défenseur des droits, Dominique Baudis, a demandé au ministre de l’intérieur, Manuel Valls, que la France examine ce dossier et qu’en attendant soit mis fin à la rétention. À chaque fois qu’il est amené à intervenir, il rappelle qu’il existe une solution alternative à l’enfermement, en l’occurrence l’assignation à résidence ou dans un hôtel.

Deux frères et sœurs nés en France, Bélita, quatre mois, et Marc, deux ans, ont subi le même sort. Pendant trois jours, ils ont été « retenus », selon la terminologie administrative, au CRA de Rennes, en Ille-et-Vilaine, avec leurs parents de nationalité angolaise. En famille, ils ont été interpellés à l’issue d’un entretien à la préfecture de Châteauroux dans l'Indre pour lequel ils avaient été convoqués. « Ils ont refusé de signer la proposition de retour volontaire. Quelques minutes plus tard, ils étaient arrêtés à un arrêt de bus et placés » en rétention, indiquent RESF et le Mrap dans un communiqué. Ils avaient déposé une demande d’asile en France, mais, après avoir été déboutés, ils avaient reçu une obligation de quitter le territoire (OQTF), qui devait être contestée jeudi matin devant le tribunal administratif de Limoges. Saisi par le Défenseur des droits, le cabinet de Manuel Valls a fait en sorte qu’ils soient assignés à résidence.

Mesnil-Amelot, Oissel, Rennes, mais aussi Lyon : les cas d’enfermement se multiplient à quelques jours du deuxième tour des élections législatives. « À chaque fois que nous avons alerté le ministère de l’intérieur, une solution rapide a été trouvée », indique Antoine Grézaud, le directeur de cabinet de Dominique Baudis, appelé d’un CRA à l’autre. « Mais, regrette-t-il, depuis le début de la semaine, la situation s’est nettement détériorée. On s’épuise à signaler les cas. Il est temps de donner des instructions claires aux préfets. »

Les interventions du Défenseur des droits se fondent sur la loi organique du 29 mars 2011, mais elles ne sont systématiques, concernant les enfants, que depuis l’arrêt Popov du 19 janvier 2012. Une vingtaine se sont déroulées alors que Claude Guéant était en fonction, sept maintenant que Manuel Valls a pris la relève. Dans l’entourage du ministre de l’intérieur, on indique que « l’ambition du ministère est de tenir l’engagement du président de la République », que le cabinet y travaille « activement » et que « dans l’intervalle », le ministre est « attentif à la situation de chaque famille ».

Une circulaire suffirait à changer la donne. Mais l’une des difficultés pour ses rédacteurs concerne la situation à Mayotte, 101e département français, où, comme le rappelle la Cimade, « des enfants et leurs parents sont enfermés chaque jour en grand nombre dans l’indifférence générale dans un centre de rétention jugé inhumain et dégradant ». Manuel Valls devra trancher : placer cette île en situation d’exception ou appliquer le droit commun.

 

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