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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 15:57

 

Ils étaient 4 195 salariés. Au mieux, ils ne seront plus que 2 499. La « casse sociale » annoncée depuis plusieurs semaines par les organismes syndicaux du groupe de volaille Doux aura bien lieu. Et ce, quelle que soit la solution de reprise choisie par le tribunal de commerce de Quimper le 27 juillet.

En témoigne un document que Mediapart s’est procuré et qui détaille, par le menu, le projet de redressement des 15 sociétés du groupe qui emploient du personnel, ainsi que les licenciements envisagés, site par site. Il s’agit d’une note d’information remise le 16 juillet aux membres des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) par les administrateurs judiciaires.

Le 5 juillet, date limite de dépôt des offres de reprise, les administrateurs judiciaires ont reçu 14 propositions, 8 d’entre elles étant présentées dans le cadre d’un consortium organisé par le groupe Sofiprotéol, réunissant différents acteurs de la filiale avicole française (LDC, Triskalia, Tilly Sabco, Duc, Terrana…).

En conjuguant ces offres de reprise coordonnées à certaines offres isolées pouvant se cumuler, les administrateurs judiciaires ont dressé le tableau ci-dessous. Il fait apparaître le nombre de travailleurs dont le licenciement est envisagé selon « la solution la mieux disante ». Laquelle solution laisse surtout entrevoir un schéma dans lequel les milliers de salariés qui travaillent pour Doux depuis vingt ou trente ans sont les laissés-pour-compte d'un projet plus industriel que social.

Sur les quatre pôles du groupe (grand export, frais, élaboré, amont), le tableau indique 9 fermetures de sites, soit 1 080 suppressions d’emplois (sur 4 195 salariés, CDI et CDD confondus). À ces fermetures pures et simples, s’ajoutent des suppressions de postes réparties un peu partout, le pôle frais étant le plus impacté – il compte à lui seul 983 licenciements sur un total de 1 696. Le siège administratif de Châteaulin est également touché, puisque, sur un effectif total de 186 personnes (secrétaires, contrôleurs de gestion, acheteurs, assistants…), seuls 44 postes sont conservés.

Mais le plus gros écrémage concerne les usines du groupe, qui emploient une majorité « d’opérateurs » (d’entretien, de conditionnement, d’éviscération, de découpe, de palletisation…), terme administratif désignant les ouvriers cassés par le travail à la chaîne, que Mediapart avait rencontré début juillet. Près de 50 % des 3 308 CDI y sont supprimés.

« L’urgence est d’abord sociale »

Le gouvernement ne cesse de le répéter : les repreneurs doivent absolument revoir leur offre. « L’urgence est d’abord sociale », a indiqué à l’AFP le ministre de l’agroalimentaire, Guillaume Garot, qui dit s’entretenir « tous les jours » avec les candidats à la reprise. Même discours du côté du ministère du redressement productif. Pour le cabinet d’Arnaud Montebourg, « le compte n’y est pas » : « A ce stade, le projet qui se dit “consortium” n'est pas le projet du ministère, loin de là », a affirmé l'entourage du ministre à l'agence de presse.

« Nous ne baissons pas les bras, nous nous battons, a complété Guillaume Garot. La ligne du gouvernement est qu'il faut trouver une solution par site et ouvrir une réponse à chaque salarié. Cela signifie que nous souhaitons qu'un maximum d'emplois puisse être sauvé. »


L'abattoir de Châteaulin © ES 
L'abattoir de Châteaulin © ES

Interrogé par l’AFP sur les moyens à disposition de l'État pour favoriser ces objectifs, le ministre délégué à l’agroalimentaire a déclaré : « La question de l'autonomie alimentaire est posée. Si nous considérons que nous sommes sur un secteur stratégique, il faut voir comment on pourra mobiliser les fonds de l'État pour l'investissement sur cet enjeu stratégique. » Guillaume Garot a également évoqué la future banque publique d'investissement, estimant que, « dans ce cadre, des fonds pourraient être mobilisés ».

Les repreneurs ont jusqu’au 23 juillet pour améliorer leurs offres, mais tous ont déjà laissé entendre aux représentants des salariés, lors du comité central d’entreprise (CCE) du 16 juillet, qu’il s’agirait d’améliorations « à la marge ». Selon les organisations syndicales, des ouvertures de postes sur d’autres entreprises appartenant aux groupes candidats à la reprise sont en cours de négociations avec le ministre délégué à l'agroalimentaire, qui a assuré qu'il n'y aurait pas d'argent public « sans effort des partenaires ». Mais pour l’heure, rien n’est fait.

La note d’information adressée aux CHSCT prépare d'ailleurs l'inévitable « casse sociale ». Elle évoque déjà la mise en place d'une cellule d’écoute psychologique sur chacun des sites, afin « d’apporter à l’ensemble des salariés du groupe le soutien psychologique, l’écoute, l’assistance notamment médicale et tout l’accompagnement qui leur seraient nécessaires ».

Une autre cellule, dite « d’appui/conseil », est également envisagée. Elle viserait à aider les salariés à « se positionner le plus rapidement possible sur un nouveau projet professionnel » et à leur permettre de « s’orienter soit sur un nouveau métier, soit dans un nouveau secteur d’activité ». Un dispositif d’autant plus crucial que la plupart d'entre eux n’ont jamais reçu de formation.

 

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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 15:46

 Rue89 - Témoignage 18/07/2012 à 08h51

Khalid, opérateur

Khalid est opérateur, « comme tout le monde à Aulnay », depuis dix ans. Jeudi 12 juillet, il était de l’équipe du matin, quand l’annonce de la fermeture de l’usine est tombée. Il raconte à Rue89.

 

 


Des salariés devant l’usine PSA d’Aulnay, le 12 juillet 2012, après l’annonce de la fermeture (Sébastien Leban)

 

 

5h30 du mat’, mon réveil sonne, j’éprouve un peu de difficulté à me lever. Mais bon, il faut y aller. Un peu de courage et c’est reparti. J’arrive au boulot vers 6h30, je rencontre quelques collègues à la machine à café qui est devenue un passage obligatoire, un vrai rituel.

6h46, la sonnerie retentit, direction la maison UEP (Unité élémentaire de production) pour le briefing quotidien de cinq minutes. Après un bref aperçu de la journée de la veille, le RU (le chef) nous annonce un deuxième briefing a 8h30, qui doit durer trente minutes.

L’annonce faite aux salariés

8h30, tout le monde se rassemble à nouveau. Cette fois-ci, le chef est accompagné de son chef, le RG. Notre RU ne parle pas, d’ailleurs il ne parlera pas pendant tout le briefing. C’est son chef qui nous parle. Il nous parle du groupe PSA et nous fait une rétrospective de l’entreprise PSA d’Aulnay.

Je trouve ça bizarre, d’habitude ce genre de briefing a lieu juste après les négociations salariales, pour nous annoncer les miettes qui ont été négociées, 2% cette année. Mais là, il s’agit de tout autre chose. On nous parle de compétitivité, de crise, de baisse des ventes, de concurrence, du portefeuille du groupe et, enfin, de sacrifice.

Sacrifice. Ce mot retient mon attention, je ne l’avais jamais entendu ici, sur mon lieu de travail. On culpabiliserait presque, à l’écoute de ce discours, somme toute bien ficelé. Et puis, le RG nous annonce l’arrêt de la production à Aulnay.

L’annonce de la fermeture de PSA Aulnay vient de nous être annoncée officiellement. A deux semaines des vacances. Tout le monde se regarde, l’air hagard, perdu. Nous retenons tous notre souffle. C’est comme si le temps s’était arrêté pendant quelques secondes, dans un grand tableau vivant dont les mouvements se seraient arrêtés.

Un ballet de camions de pompiers

Le monde continue de tourner, mais le nôtre est en train de s’effondrer. Je vois des larmes couler sur le visage de certains de mes collègues, d’autres ont
changé de couleur. J’apprendrai plus tard qu’au même moment, dans d’autres UEP, des salariés se sont effondrés sur le sol, ont eu des malaises. Un salarié a même eu le corps couvert de boutons. Il a fait une crise d’urticaire.

J’assiste à un ballet incessant de camions de pompiers transportant les premières victimes de cette fermeture. L’infirmerie est vite saturée.

Je garde mon sang-froid, plusieurs sentiments se mélangent en moi, mais aucune réaction, et c’est tant mieux. Je me rapproche de mes collègues pour les aider, les écouter, j’essaie de leur apporter mon soutien. Je découvre alors les répercussions que cette fermeture aura sur chacun de mes collègues. Des collègues que, pour la plupart, je connais depuis dix ans. Les larmes me viennent aux yeux.

Une déléguée syndicale huée

La plupart des salariés se donnent rendez-vous dans l’allée centrale de l’usine pour écouter les différents protagonistes qui défilent au micro. Des délégués syndicaux nous expliquent qu’il faudra rester unis face à cette fermeture et qu’il faudra mener des actions.

La secrétaire syndicale maison nous annonce, après avoir pleuré, qu’il faut reprendre le travail et qu’il ne faut pas que l’on mette PSA dans des difficultés plus grandes encore. C’est le comble. Nous la huons et lui faisons comprendre que nous n’avons nullement besoin de ce genre de discours. Elle s’en va vexée.

Les salariés ne reprendront pas le travail. Nous décidons de faire le tour de l’usine. Nous passons dans les lignes de montage, peinture puis ferrage. Le mouvement prend vite de l’ampleur et se dirige vers la porte.

Sortie d’usine

Les médias nous y attendent et prennent les réactions à chaud. Le maire d’Aulnay arrive sur le site, il est très vite interpellé par les salariés qui lui demandent des comptes. C’est un braquage verbal. Les caméras s’emparent de l’action.

L’équipe de l’après-midi arrive. Elle n’a pas la même réaction que celle du matin : tous vont travailler. Mais les pompiers continuent à défiler dans l’usine. Et ça dure encore aujourd’hui. Mardi 17, un opérateur a fait un malaise.

Certains réagissent à retardement. Moi-même, je n’ai pas encore réagi. Je n’ai pas encore assimilé la chose, je ne me projette pas encore. Il n’y a rien en moi. Ou plutôt, il y a beaucoup d’émotions qui s’entrechoquent. Je n’arrive pas à mettre de nom dessus. Je ne comprends pas ce que je ressens.

Une graine qui fleurit

Ce qui me trouble, surtout, c’est que ça ne vole pas très haut en ce moment dans l’usine. Les discussions qui s’improvisent, par petits groupes, ne sont pas très constructives. Aucune action ne s’élabore vraiment. A ce niveau-là, je n’ai pas l’impression d’être dans une entreprise qui va fermer.

Le problème, c’est que cette annonce, tout le monde l’attendait. Même si personne ne la souhaitait. C’est comme si une graine avait été plantée, il y a un an, quand un document confidentiel prévoyant la fermeture a fuité. La graine a grandi, et elle a fleuri à l’annonce officielle, jeudi 12. C’était pas une surprise au fond, ce jour-là, même si on espérait que ça serait évité.

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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 14:59

 

leprogres.fr - Publié le 19/07/2012 à 14:46

 

Un agent de maîtrise de la communauté urbaine de Lyon des brigades d'intervention de nettoiement, âgé de 47 ans, a tenté jeudi de mettre fin à ses jours sur le parking de son lieu de travail à Vénissieux en banlieue de Lyon en s’immolant par le feu

 

/ Photo Nicolas Durdilly
/ Photo Nicolas Durdilly 1 / 2
  • / Photo Nicolas Durdilly
  • / Photo Nicolas Durdilly

Il est brûlé à 80% et son pronostic vital est engagé, ont précisé les pompiers.

Peu après 10H00, l’homme qui s’était muni d’un bidon d’essence s’en est aspergé et y a mis le feu, sur le parking, devant un service propreté du Grand Lyon.

Alertés par un témoin, les pompiers et le Samu ont conduit l’homme au centre des grands brûlés de l’hôpital Edouard-Herriot à Lyon.

Une cellule de soutien psychologique a aussitôt été mise en place pour ses collègues, a indiqué le Grand Lyon, qui apporte «soutien et sympathie à sa famille». D'après les premiers éléments, son geste pourrait faire suite à une sanction disciplinaire.

Une enquête de police a été ouverte.

 

 

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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 14:50

 

Le Monde.fr avec AFP | 19.07.2012 à 13h02

 
 
L'agent, âgé de 53 ans, a laissé une lettre expliquant son geste et qui se trouve, depuis les faits, entre les mains de la police chargée de l'enquête, selon le syndicat SUD-Rail.

Un agent de la SNCF travaillant dans un service dont les activités venaient d'être confiées à des entreprises privées s'est suicidé sur son lieu de travail à Sotteville-lès-Rouen, en Seine-Maritime, a-t-on appris jeudi 19 juillet auprès du syndicat SUD-Rail.

Selon ce dernier, son corps a été découvert par un de ses collègues, mardi matin, pendu dans les locaux du service qui s'occupait de la maintenance et de la réparation des chaudières des bâtiments de la SNCF. L'agent, âgé de 53 ans, se serait donné la mort dans la soirée de lundi. Selon SUD-Rail, il a laissé une lettre expliquant son geste et qui se trouve, depuis les faits, entre les mains de la police chargée de l'enquête. "A priori, il ferait référence dans ce courrier aux problèmes rencontrés au travail avec la fermeture de son service", a affirmé Cyrille Baglan, l'un des responsables de SUD-rail en Normandie.

Ce syndicat assure que 22 salariés de la SNCF ont mis fin à leurs jours sur leur lieu de travail, en France, entre janvier 2007 et avril 2012. "Il est établi de façon certaine que ce n'est jamais par hasard que l'on se suicide dans son entreprise même si, on le sait, c'est toujours un faisceau de causes qui y conduit", a ajouté Cyrille Baglan. Interrogée jeudi matin, la direction régionale de Normandie de la SNCF n'était pas en mesure dans l'immédiat de s'exprimer sur ce suicide. Elle prévoyait de le faire dans le courant de la journée.

 

 

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18 juillet 2012 3 18 /07 /juillet /2012 15:55

 

 

 

Onze ans après le G8 de Gênes, la justice italienne vient de rendre ses derniers jugements, sévères avec les manifestants, mais pas avec les policiers accusés de violences. Salvatore Palidda, professeur de sociologie à l'université de Gênes, démêle l'écheveau des responsabilités et les stratégies mises en place dans le traitement judiciaire des événements.

 


 

 

Tout le monde se souvient des violences, abus de pouvoir et tortures de la part de nombreux agents de police contre des manifestants, lors du G8 de Gênes, ainsi que des violences de la part des soi-disant black bloc. Onze ans après ces 20 et 21 juillet 2001, la troisième instance de la justice italienne vient de rendre un verdict définitif contre des policiers accusés des passages à tabac envers les 93 manifestants qui dormaient dans l’école Diaz, puis, juste après, un second verdict contre dix manifestants inculpés de « destructions et pillages » et accusés d’être responsables des « dévastations » de la ville et de la mise en grave danger de l’ordre public.

 

Suivant le schéma adopté dès le début, le traitement judiciaire du G8 de Gênes a donc cherché à donner une image d’équilibre, condamnant à la fois les policiers et les manifestants.

 

Mais en réalité ces deux sentences (et même les autres) sont extrêmement déséquilibrées. Voici pourquoi:

 

1) Les plus hauts responsables de l’ordre public à Gênes n’ont pas du tout été touchés. Le chef de la police d’alors, Giovanni De Gennaro, a continué à progresser dans une carrière plus que brillante, jusqu'à devenir le chef de tous les services secrets du pays, et aujourd’hui sous-secrétaire d’Etat du gouvernement Monti chargé de ces services. Dans une position toujours très puissante, grâce aux soutiens de personnalités de poids à gauche comme à droite, il a même pu changer les règles des carrières dans la police, afin de favoriser les siens et de mettre en quarantaine ceux qui ne partageaient pas ses méthodes.

 

2) La quasi-totalité des policiers, et notamment les carabiniers, responsables des désordres de rue et même de destructions et dévastations considérables (faits largement documentés dans des centaines d’images, de vidéos et même par des témoignages lors des procès) n’a même pas été incriminée. En particulier, on trouve des preuves flagrantes de la provocation des désordres et destructions par l’attaque absolument illégitime, par les carabiniers, du cortège autorisé et pacifique des soit-disant «tute bianche» (noglobal) ainsi que d’autres manifestants, y compris enfants, personnes âgées, bonnes sœurs et religieux (1).

 

3) Les policiers condamnés pour les violences de la Diaz – à des peines relativement légères – ne passeront même pas un jour en prison et probablement trouveront comment ne pas payer les frais de justice ni les dommages aux victimes ; ils ne seront pas non plus contraints de rembourser les salaires des postes de très haut niveau auxquels ils ont été promus au cours de ces onze années, tout comme ne seront pas sanctionnées les autorités de police et les gouvernements qui les ont protégés et même aidés dans de surprenantes progressions de carrière, alors qu’ils étaient poursuivis pour des délits graves (mais en Italie la torture n’est pas encore prévue par le Code pénal, et donc elle est considéré comme de simples «coups et blessures», ce qui entraîne la prescription des peines très légères prévues pour ce genre de délit). En effet, la seule peine qui les frappe est l’interdiction d’exercer toute fonction publique pendant cinq ans, ce qui a entraîné leur démission de leurs fonctions – pour certains, la direction de secteurs des services secrets et d'unités spéciales de la police d’Etat.

 

4) En revanche, les dix manifestants, seuls inculpés de tous les « dévastations et pillages » (certains d’entre eux ont même avoué, mais ils ne faisaient pas partie du black bloc) ont été condamnés à des peines très lourdes (de 6 à 10 et même 13 ans de prison). Des condamnations rarement prononcées envers des personnes coupables d’homicide ou d’autres délits très graves, alors que les manifestants ne sont accusés que d’avoir brisé des vitrines, attaqué des distributeurs de billets (sans succès) et commis quelques autres actes dits de vandalisme, mais sans jamais avoir mis personne en danger, ni avoir attaqué des policiers.

 

Il est donc évident que le but de cette stratégie judiciaire a été d’arriver à des sentences exemplaires, souhaitées probablement par la quasi totalité des autorités de l’Etat et du Parlement (de droite à gauche) avec en tête ceux qui sont notamment assez proches des forces de police. Il apparaît évident qu’il y a là une volonté de confirmer la logique de la « tolérance zéro » qui domine depuis plus de vingt ans, d’autant plus que les autorités craignent une escalade des révoltes, à cause de l’appauvrissement provoqué par l’actuelle gestion de la crise financière.

 

Ce qui s’est passé au G8 de Gênes ne fut pas une banale succession d’erreurs et d’actes maladroits de la part des policiers et de violences programmées par le Black bloc ou les “no-global”. Ce fut la tentative (tenue en échec par des années de dénonciations venues des manifestants victimes) d’expérimenter une gestion militarisée de l’ordre public. C’est-à-dire un plan précis qui aurait voulu écraser, par le recours à la violence la plus brutale et les coups montés, une protestation qui était en train de devenir trop populaire et mondiale et que les grands pouvoirs du monde ne voulaient plus tolérer. C'est pour cette raison que les quelque trois cents personnes du Black bloc ont été laissées libre de casser, alors que les policiers disposaient des forces et des moyens de les arrêter tout de suite. Mais ainsi, les autorités ont pu utiliser les destructions (en tout cas assez symboliques) ainsi causées pour légitimer leurs violences. A noter qu'aucun manifestant n'était doté d'arme à feu ou tranchante, et que personne n'a cherché à attaquer ni à désarmer les policiers, alors que ceux-ci n'ont pas hésité à tirer sans soucis sur la foule ou lancer à toute vitesse leurs blindés dans sa direction. Voilà pourquoi tous les chefs de la police (sauf les rares qui montrèrent leur désaccord) ont été récompensés avec des promotions difficilement imaginables dans n’importe quel autre pays, même “ démocratique de façade ”. Mais en Italie, on peut se permettre de se foutre même des apparences (depuis le fascisme jusqu’à Berlusconi). Ainsi prévalent l’arrogance, le culot, et surtout la possibilité de faire et défaire ce que le plus fort veux; il suffit, basta, que quelques chefs des forces de police, des forces militaires et d’autres institutions accumulent les bonnes relations d’amitié-protection, même par le biais de dossiers secrets, avec nombre de personnalités de premier plan, y compris du Vatican et de la finance. En effet, depuis l’époque fasciste, ce pays n’a pas cessé de connaître des tentatives de coups d’Etat, de complots, de meurtres, alimentées aussi par des fractions des services secrets et des pouvoirs nationaux et transnationaux, y compris les mafias.

 

Ce n’est pas sur le terrain de la lutte contre les mafias, le terrorisme, la corruption, l’économie souterraine (qui en Italie atteint 35 % du PNB) ni pour la défense rigoureuse de la res publica, que les responsables policiers qui ont défendu l’honneur de leurs collègues responsables des violences les plus lâches et même de torture contre les manifestants anti G8 de Gênes ont appris leur métier. Ils l’ont appris pendant des décennies passées à pratiquer tout autrement que ce que prescrit depuis 2001 le Comité des Ministres du Conseil d’Europe  (le “Code Européen d’Ethique de la Police”, CEEP, pas encore adopté par l’Italie, qui n’a pas adopté non plus les normes contre la torture).

 

Or, si cela a été possible dans ce pays à la Constitution si démocratique, c’est parce que la majorité parlementaire et les gouvernements qui se sont succédé, du centre gauche à la droite, ont continué à cultiver des relations de complicité avec les hiérarchies policières et militaires pour couvrir toutes sortes d’affaires oscillant entre licite et illicite. Ce fut Giuliano Amato, jadis bras droit de Bettino Craxi, qui choisit De Gennaro comme chef de la police d’Etat alors qu’il n’était pas le candidat plus coté ; et ce fut Luciano Violante, alos sénateur, et Massimo D’Alema, qui soutinrent avec force ce choix (aujourd’hui, le député Marco Minniti, leur disciple, est aussi chef de la Fondation ICSA –études pour la sécurité et la défense– qui réunit dans son comité directeur toutes sortes de représentants de services secrets, policiers et militaires). Depuis l’arrivée au pouvoir de la police de M. De Gennaro, on a vu proliférer les promotions de fonctionnaires de police au rang de préfet du gouvernement, et on a assisté à une progressive militarisation de toutes les polices –et même des pompiers et des polices municipales, car le recrutement est réservé à ceux qui ont été volontaires pour trois ans dans les missions militaires en Somalie, Irak, Kosovo, Afghanistan etc.

 

Dernière remarque: il apparaît assez emblématique qu’au cours de ces vingt dernières années, les cas de corruption, abus, violences et autres délits concernant des policiers aient augmenté au point qu’on peut estimer leur taux à environ dix fois plus que parmi la population masculine âgée de 18 à 65 ans. De même, le taux de parlementaires incriminés pour les délits les plus divers atteint presque trente fois celui de la population masculine adulte. Le gouvernement Monti a promis rigueur, lutte sérieuse contre la corruption et la fraude fiscale. Mais les polices italiennes (publiques et privées, nationales et locales) sont-elles en mesure de satisfaire cet objectifs? Ou bien sont plus zélées avec les faibles, les manifestants, les roms, les immigrés, voire les victimes prises pour bourreaux ? Qui va engager un véritable plan d’assainissement et de rationalisation démocratiques de ces polices, tout comme des forces militaires et en général de l’administration publique, puisque le niveau de l'économie souterraine, de la corruption et de la fraude fiscale n’a pas d’égal dans les pays européens? Cependant, comme de nombreuses recherches comparatives l’ont montré, l’Italie est le pays où le coût de la sécurité –publique et privée– par habitant est le plus élevé.

 

Mais cela n’a servi qu’au business de certaines entreprises et aux carrières de certaines personnalités. Les vraies insécurités qui frappent la population la moins protégée ne sont pas combattues; c’est le cas du travail au noir et semi-noir, des accidents du travail, de la pollution, de l’élimination illicite des déchets toxiques et des dommages causés par les éco-mafias, avec pour conséquence la diffusion des cancers. La crise économique semble favoriser les économies souterraines, tandis que les abus de pouvoir se répandent à cause de l’érosion croissante des possibilités d’action politique de la majorité de la population. L’asymétrie du pouvoir qui s’est imposée au cours de ces vingt années de succès du néo-libéralisme (y compris dans les rangs de la gauche) a assuré l’impunité aux hiérarchies policières ainsi qu’à la plupart des acteurs dominants de tous les secteurs, alors que la possibilité de défense de la part de la population s’est affaiblie. Comme dit Boltanski, « il faudrait admettre que les institutions sont sans fondement et que le pouvoir qu'elles exercent repose sur un lieu vide. La cause de la critique, c'est la cause de la démocratie ».

 

(1) Voir la documentation et les vidéos sur le site http://www.processig8.org ainsi que dans le documentaire « OP Genova 2001 ».

 

 

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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 20:12
Marianne - Lundi 16 Juillet 2012 à 16:00

 

Vincent Drezet

 

La loi de finances rectificative pour 2012 fait débat. Fin d’exonération des heures supplémentaires, contribution exceptionnelle sur la fortune, abrogation de la TVA sociale … Les sujets ne manquent pas, et ce d’autant plus que se profilent déjà les mesures de la prochaine loi de finances 2013, avec une hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) qui semble sérieusement envisagée. Vincent Drezet, secrétaire général du Syndicat national Solidaires Finances Publiques passe en revue ces différentes mesures.

 

 

(Une hausse de la CSG est sérieusement envisagée-DURAND FLORENCE/SIPA)
(Une hausse de la CSG est sérieusement envisagée-DURAND FLORENCE/SIPA)
Après dix ans au cours desquels la baisse des impôts directs progressifs (sur le revenu et sur le patrimoine), la hausse du nombre et du coût des niches fiscales et la hausse des impôts indirects auront constitué les principaux piliers de l’orientation fiscale, ces nouvelles mesures méritent un regard particulier.
 
Les mesures nouvelles du projet de loi de finances rectificative pour 2012 représentent un prélèvement global de 7,18 milliards d’euros. Sur ce total, près de 3 milliards d’euros concernent les entreprises (taxation du secteur bancaire, contribution exceptionnelle du secteur bancaire et du secteur pétrolier et anticipation du versement de la majoration exceptionnelle de 5% de l’impôt sur les sociétés pour les entreprises de plus de 250 millions de chiffre d’affaires). Les travaux de l’Assemblée nationale et du Conseil des prélèvements obligatoires l’ont démontré, les grandes entreprises supportent un taux d’imposition largement inférieur à celui des petites et des moyennes entreprises. De ce point de vue, la loi de finances rectificative vise à compenser partiellement ce différentiel puisqu’elle s’appliquera principalement aux grandes entreprises. Mais les mesures ne sont toutefois que des contributions exceptionnelles (sur le secteur bancaire et pétrolier) ou des effets de trésorerie (anticipation du versement de la majoration d’IS). Il reste donc à procéder à un rééquilibrage structurel et durable de l’imposition des sociétés pour qu’un véritable changement s’opère.
 
Du côté des particuliers, les contribuables aisés supporteront les 2,32 milliards d’euros de la contribution exceptionnelle sur la fortune et la quasi-totalité des 140 millions d’euros de rehaussement des droits de donation et de succession. Le débat sur la « justice fiscale » est cependant plus vif sur la fin de l’exonération des heures supplémentaires : ce sont en effet des salariés de toutes conditions qui en bénéficient, pour un gain médian annuel de 350 euros (et un gain moyen annuel de 500 euros, la moyenne étant tirée vers le haut par les revenus élevés). Plusieurs thèses s’opposent sur le sujet. Pour certains, cette exonération constitue une véritable incitation à « gagner plus » mais pour d’autres les effets d’aubaine et pervers (heures supplémentaires fictives destinées en lieu et place de véritables hausses de rémunération, incitation à effectuer des heures supplémentaires au détriment d’embauches) sont particulièrement néfastes. C’est d’ailleurs ce qu’a souligné le rapport de l’Assemblée nationale du 30 juin 2011 qui a dénoncé un dispositif coûteux (4,5 milliards d’euros de manque à gagner pour les finances publiques) et peu efficace.
 
Au fond, la question est de savoir si cette loi de finances rectificative annonce une réorientation des choix fiscaux ou si le caractère temporaire des « contributions exceptionnelles », lesquelles concerneront effectivement des agents économiques aisés, l’emportera. En la matière, le retour annoncé de l’ISF sera un test intéressant. Avant son allègement de 2011, l’ISF n’était pas parfait : ses niches fiscales représentaient la moitié de son rendement, elles permettaient à des contribuables véritablement fortunés de réduire leur ISF voire de ne pas en payer, ce que les redevables de l’ISF aisés mais non fortunés (imposables dans les deux premières tranches de l’ISF, soit entre 800 000 et 2,53 millions d’euros) ne pouvaient pas toujours faire. Au sein de cet ISF aussi, les inégalités étaient donc bien réelles. Un simple retour de l’ISF ne serait pas une mauvaise nouvelle pour le budget de l’Etat (cela permettrait de dégager plus de 2 milliards d’euros de recettes supplémentaires), mais ne réduirait pas pour autant les déséquilibres fiscaux structurels. Pour ce faire, une véritable réorientation fiscale consisterait par exemple à instaurer un impôt progressif sur le patrimoine à assiette large. Il en va de même pour les autres impôts et pour l’administration fiscale, qui a perdu plus de 16% de ses effectifs en 10 ans alors que la charge de travail augmentait de plus de 35%. C’est à l’aune de l’ensemble des choix fiscaux qu’on pourra se prononcer sur l’ampleur du changement fiscal et sur son caractère « juste ».
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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 20:01
Mardi 17 Juillet 2012 à 16:00

 

 

Arnaud Montebourg reçoit les syndicats, mardi 17 juillet, afin d'entamer les discussions sur le plan de redressement annoncé par le constructeur, la semaine dernière. Bien qu'ils soient sceptiques quant à la pertinence de ce rendez-vous, tous les syndicats ont répondu présent. Une partie manque néanmoins à l'appel: les sous-traitants, dont les ouvriers se plaignent du manque d'informations et de transparence concernant leur avenir au sein de la chaine de production PSA.

 

(L'usine PSA Peugeot-Citroen de Poissy, dans les Yvelines - CHAUVEAU/SIPA)
(L'usine PSA Peugeot-Citroen de Poissy, dans les Yvelines - CHAUVEAU/SIPA)
Lorsque la nouvelle est tombée, jeudi 12 juillet, ils ont fait comme tout le monde, ils en ont parlé à la pause déjeuner. Mais pour les dizaines de milliers de salariés des boîtes de sous-traitance liées à PSA, l’ampleur du plan social révélée par le constructeur il ne s'agit pas seulement d'un sujet d'actualité. 

Chez Lear, Valeo, Faurécia, Agrati, Magnetto, Geodis, et tant d’autres, pas nécessairement implantés en Île-de-France, règne une incertitude à laquelle se mêle la crainte de voir les 8 000 postes supprimés, dont 1 400 à l’usine de Rennes et 3000 à celle d’Aulnay, promise à la fermeture en 2014, se répercuter sur leurs emplois. La volonté du groupe de réduire «durablement la surcapacité de production dans le segment» des citadines, comme l'explique un document de la direction destiné aux partenaires sociaux, n'est pas pour les rassurer.  

«Après l’annonce de Philippe Varin [PDG du groupe], on a compris qu’on allait devoir faire face à une baisse de la production», témoigne Erol Simsek, 45 ans, ouvrier chez l’équipementier Faurécia, à Beaulieu, dans le Doubs. Adhérent à la CFDT, Erol Simsek, spécialisé dans le montage des pots d’échappement, attend en silence les répliques du séisme. «On craint que la direction nous annonce un jour ou l’autre une réduction des effectifs ou la fermeture de certains sites.» 

«On a l’habitude de s'inquiéter»

Comme lui, ils sont 450 à se demander que sera leur avenir professionnel à court terme. «La direction nous dit de ne pas s’en faire, qu’on va obtenir de nouveaux contrats, mais on reste inquiet, au moins jusqu’en 2014.» PSA va réduire ses capacités et sa production de voiture en France. Les sous-traitants, principalement ceux dont les carnets de commande dépendent exclusivement du groupe, risquent la surcapacité. Quand le constructeur éternue, c’est toute la chaîne industrielle qui tousse. A l'instar d'autres équipementiers comme Valeo, Faurécia a diversifié son activité et son portefeuille de clients. Le plan PSA aura un impact sur ses employés, mais les conséquences de la baisse des commandes devraient être moins graves qu'ailleurs. 
 
Pour Traoré Cherikhou (CGT), salarié de Lear, une entreprise spécialisée dans l’assemblage de sièges destinés aux usines d’Aulnay et Poissy, la casse dans les PME de rangs 1 et 2, dont son usine du Val d’Oise fait partie, est inévitable. «Notre direction nous a déjà annoncé qu’on allait passer de 350 sièges produits par jour à 250 à la rentrée, affirme-t-il. Chaque année on se dit qu’on va fermer, que ce sera la dernière. On a l’habitude de s'inquiéter. Mais là…» Traoré Cherikhou voit d’un très mauvais œil la baisse des cadences qui, selon lui, menace les 300 salariés du site, sans compter les intérimaires, les premiers à «trinquer» lorsqu'il s'agit de réajustement salarial.

«Nous sommes au bout du système»

C’est aussi ce que redoute un patron de PMI entendu à la conférence nationale de l’industrie, le 11 juillet. Devant un parterre de patrons, de salariés, de hauts fonctionnaires et de membres du gouvernement, sa remarque a sonné comme un cri d’alarme: «En 2008, les donneurs d’ordre demandaient de mettre en place les capacités nécessaires pour qu’ils puissent assembler 3,7 millions de véhicules par an. Aujourd’hui on est seulement à 2 millions. Nous sommes au bout du système.» En d'autres termes, les sous-traitants auto, qui employaient plus de 85 000 personnes, fin 2011, selon la Fédération des industries des équipements pour véhicules (Fiev), sont pris à la gorge. Les fournisseurs de PSA ont besoin, plus que jamais, de respirer.

«Le secteur est hyper concurrentiel, raconte posément Michel Beudin (CFTC), quadragénaire spécialisé dans la conception de vis et de boulons chez Agrati, dans le Nord. Ceux qui ne s’adaptent pas rapidement se font bouffer... J'attends des clarifications mais entre ce qu’on nous dit et ce qu’il se passe, il y a un monde.» La défiance à l’égard des dirigeants d'entreprises de sous-traitance est forte. Une année de mensonges et d’omissions de la part de PSA n’a fait qu’attiser malaise et angoisse. 

A la lisière des 165 hectares de l’usine d’Aulnay, les machines d’emboutissages de MA France, anciennement Magnetto, tournent à plein régime. C’est dans ce bâtiment que 390 ouvriers sous-traitants transforment des bobines de tôle en pièces de carrosserie pour C3. Tandis que le couperet est tombé pour les voisins de PSA, Abdelkader Bendjeraba (CGT) et ses collègues continuent de pointer sur les lignes, sans conviction, bien que la direction ait affirmé que l’activité serait assurée jusqu’en 2018, Poissy récupérant la production de la C3. «Ils disent que le contrat signé avec PSA nous garantit du travail jusqu’en 2018, mais ça fait des semaines qu’on demande à voir ce contrat et qu’ils refusent», s’emporte-t-il. «On a vu ce que ça donnait les belles paroles…»

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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 19:53

 

 

Le Monde.fr | 17.07.2012 à 13h51 • Mis à jour le 17.07.2012 à 15h24

 
 
L'UNEF dénonce notamment les universités de Grenoble II, Paris I Panthéon-Sorbonne, Ponts et Chaussées, Strasbourg, Toulouse 1, Mulhouse.

Trente universités pratiquent des tarifs illégaux pour leurs diplômes, dont six dans des proportions importantes, a annoncé, mardi 17 juillet, le syndicat étudiant UNEF, qui relève "une nette amélioration" des pratiques.

Les diplômes nationaux sont régis par des règles strictes : "Un diplôme, c'est 180 euros pour une licence et 250 euros pour un master", "tout frais supplémentaire est illégal, mis à part la médecine universitaire", rappelle Emmanuel Zemmour, le président de l'UNEF, qui publie mardi son rapport annuel sur le sujet. Or, "trente universités ont des pratiques illégales en matière de facturation universitaire, avec des frais de diplôme supplémentaires", selon le dirigeant syndical.

L'UNEF dénonce notamment la situation particulièrement préoccupante selon elle dans six universités où les "frais dépassent les 400 euros, et peuvent aller jusqu'à 800 : Grenoble II (diplômes allant jusqu'à 800 euros), Paris I Panthéon-Sorbonne (750 euros), Ponts et Chaussées (676 euros), Strasbourg (600 euros), Toulouse I (575 euros), Mulhouse (400 euros)". Selon le syndicat, la majorité de ces dépassements relèvent "de frais complémentaires obligatoire au titre de frais de dossiers, de frais de bibliothèque ou d'accès à l'informatique".

 

PARADES "LÉGALES MAIS ABUSIVES" 

"Ainsi, l'université Grenoble II exige des étudiants inscrits à l'IAE qu'ils s'acquittent de 800 euros pour bénéficier des ressources informatiques et multimédia, lorsque la loi impose à toute université un accès de tous à ces services sans frais supplémentaires", ajoute-t-il. Le syndicat note cependant "une nette amélioration" par rapport à l'an dernier. Dans son précédent rapport, l'UNEF avait pointé 40 établissements pratiquant des frais illégaux "et on était au-dessus de 400 euros pour treize d'entre eux. Cela s'explique par le fait qu'on a gagné pas mal de recours devant les tribunaux administratifs avec des universités obligées de rembourser", analyse M. Zemmour.

Il fustige toutefois les parades "légales mais abusives" trouvées par "de plus en plus d'universités pour faire payer cher leurs diplômes". A l'instar d'écoles de commerce ou d'établissements comme Sciences Po, elles mettent en place des diplômes qui ne sont plus nationaux, et ne sont donc plus régis par les règles de frais d'inscription maximum, explique-t-il. "On trouve ainsi un master de sciences à 9 000 euros à l'université d'Aix-Marseille, ou encore 15 000 euros pour le diplôme LLM (droit) à Paris II Panthéon-Assas", selon le syndicat.

L'UNEF "dénonce une tendance inquiétante des universités à aller prendre dans la poche des étudiants, l'argent que l'Etat refuse aux établissements". L'organisation juge "irresponsable de la part d'établissements du service public d'enseignement supérieur de pallier au manque de financements publics par l'instauration d'une sélection financière injuste" et demande à la ministre de l'enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, "de prendre ses responsabilités en faisant respecter la loi dans tous les établissements concernés afin que cessent ces pratiques illégales".

 

 

 

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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 19:47

 

Le Monde.fr avec AFP | 17.07.2012 à 06h19 • Mis à jour le 17.07.2012 à 07h18

 
 

 

Enseigne de la banque italienne Unicredit.

 

L'agence d'évaluation financière Moody's a annoncé, lundi 16 juillet, qu'elle avait abaissé la note de treize banques italiennes, dont UniCredit et Intesa Sanpaolo, quelques jours après avoir revu à la baisse la notation de la dette de l'Etat italien.
 

"L'abaissement de la note d'endettement à long terme de l'Italie [de deux crans, NDLR] implique une augmentation du risque que le gouvernement ne soit pas en mesure d'apporter son soutien financier à ses banques en grandes difficultés financières", a précisé l'agence dans un communiqué.

Dans le détail, l'agence a abaissé d'un à deux crans la note d'endettement à long terme et de dépôt de dix établissements financiers et la note d'émetteur pour trois autres. UniCredit voit notamment sa note baisser de deux crans, de A3 à Baa2, qui désigne un titre de qualité "moyenne inférieure", en raison de son "importante exposition" au marché intérieur. Egalement dégradée de deux crans, à Baa2, Intesa Sanpaolo pâtit de l'incertitude sur l'ampleur du "soutien systémique" que le gouvernement pourrait lui apporter en cas de tourmente financière.

Jeudi, Moody's avait déjà dégradé la note de l'Italie de A3 à Baa2 et maintenu la perspective négative en raison de la situation dans la zone euro et des "risques de contagion" émanant de l'Espagne et de la Grèce. Selon Moody's, il existe un risque que l'Italie "ne puisse plus se financer auprès des marchés financiers", en raison d'une croissance "faible" et un "chômage plus élevé", qui l'empêcheraient de remplir ses objectifs de réduction des déficits. Cette décision avait suscité une levée de boucliers dans le pays et un certain étonnement au sein de la Commission européenne, qui s'était interrogée sur le "moment" choisi par l'agence pour publier son évaluation.

 

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16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 17:19

 

 

 

Le Monde.fr | 16.07.2012 à 09h28 • Mis à jour le 16.07.2012 à 09h28

Par Denis Dupré, professeur de finance et titulaire de la chaire "Manager Responsable" à l'Université de Grenoble

 
 

Le sommet européen du 29 juin a permis de financer les Etats qui se réforment et recapitaliser les banques à un taux mutualisé via le Mécanisme Européen de Solidarité. Ce dernier est financé par les Etats et les marchés financiers. L'Europe serait solidaire pour "les bons élèves".

L'Europe solidaire bancaire travaille au bénéfice de qui ? La progression des valeurs bancaires ce 29 juin est une piste. Martin Wolf dans Le Monde du 26 juin, pose un diagnostic  amer sur les bénéficiaires d'une union précipitée : "L'Espagne engage une enveloppe de 100 milliards d'euros pour sauver ses banques mais hélas, ce plan profite aux créanciers desdites banques au dépens de la solvabilité du gouvernement". Avec l'union bancaire proposée, Il faut simplement remplacer "solvabilité du gouvernement" par "solvabilité de l'Europe".

Les banques continueront-elles à être sauvées avec de l'argent public sans rien exiger des actionnaires et créanciers des banques ?

Gavin Davies dans le Financial Times du 29 juin montre que cette question va conduire à des guerres d'intérêt. En effet, l'Allemagne aura intérêt à rincer les actionnaires et créanciers des banques espagnols pour obtenir une plus forte propriété par euro investi. L'intérêt de l'Espagne sera l'exact opposé.

En France, les spécialistes financiers et professeurs de finance interviennent peu, laissant la parole aux économistes. Pourtant ils sont au cœur des mécaniques complexes de la finance moderne. Souvent par peur d'ennuis professionnels, ils se font discrets, mentent par omission.

Chaque plan de "sauvetage" des banques a permis un cadeau aux actionnaires concrétisé immédiatement dans un bond du cours des actions bancaires le jour de l'annonce.

Ce qui était tabou il y a deux ans, est devenu la version officielle de la Commission Européenne en juin 2012. Ne plus utiliser l'argent du contribuable mais faire payer les actionnaires et créanciers de banques est énoncé dans un jargon plus technique en proposant de passer du renflouement externe ou bail-out au renflouement interne ou bail-in. Tous les outils sont décrits : "l'instrument de renflouement interne permettra de recapitaliser la banque en annulant ou en diluant ses actions, et en réduisant les créances détenues sur elle ou en les convertissant en actions."

Le commissaire européen chargé du marché intérieur reconnait enfin que "Nous devons doter nos pouvoirs publics d'instruments qui leur permettent de réagir de manière appropriée aux futures crises bancaires. Sinon, les citoyens paieront à nouveau la facture, tandis que les banques continueront à agir comme avant, en sachant qu'elles seront à nouveau renflouées si nécessaire."

La proposition de Directive Européenne du 6 juin 2012 est claire : "L'intervention des pouvoirs publics a coûté très cher au contribuable et a même compromis la viabilité des finances publiques dans certains États membres... Si la situation financière d'une banque devait se détériorer de manière irrémédiable, la proposition prévoit qu'il reviendra aux propriétaires et aux créanciers de la banque d'assumer les coûts de sa restructuration et de sa résolution, et non au contribuable."

Tout semble parfait dans le discours, mais l'hypocrisie est de tenir un discours qu'on ne veut pas mettre en acte. L'Europe joue la montre : "We're not dealing with the present crisis", a dit Barnier. "This is for the future." Insidieusement, la Directive Européenne annonce que l'argent des oligarques n'a pas le même poids que celui du mouton contribuable : "En même temps, les mesures de résolution pourraient empiéter sur les droits fondamentaux des actionnaires et des créanciers. Elles ne seraient donc appliquées que dans des cas exceptionnels, et dans l'intérêt général". Il n'est pas même envisagé un droit fondamental du contribuable, encore moins du citoyen !

Qu'enseignent les professeurs de finance à leurs étudiants ? Que le modèle de Merton calcule le taux d'intérêt du créancier de la banque. Ce taux est d'autant plus élevé que le risque des actifs détenus par la banque est fort. Il est d'autant plus élevé que la proportion de fonds apportée par les actionnaires est faible. Dans le modèle, le taux d'intérêt exigé par le créancier rémunère donc le risque de faillite.

Quels spécialistes financiers et quels professeurs de finance peuvent justifier que le créancier soit payé pour un risque qu'il transfère au citoyen quand il se matérialise ? Or, ce mécanisme jamais remis en cause même par ce sommet Européen, nous laisse une Banque Centrale ruinée pour aider les banques privées.

L'Europe est hypocrite. Son hypocrisie conduit à spolier les peuples et leurs fragiles démocraties. Les financiers ont la connaissance des mécanismes. S'ils continuent à se taire, ils partagent la responsabilité des désastres à venir. Ils ont le pouvoir de dénoncer les lenteurs délibérées de l'Europe et de défendre strictement le principe : faire payer les actionnaires et créanciers des banques avant les citoyens. Qu'en font-ils ? C'est une question que je pose à chacun d'eux.

Denis Dupré, professeur de finance et titulaire de la chaire "Manager Responsable" à l'Université de Grenoble

 

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