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6 août 2012 1 06 /08 /août /2012 21:17

 

 

Le Monde.fr | 06.08.2012 à 19h50 • Mis à jour le 06.08.2012 à 19h50

Par Mathilde Damgé

 

Place de la Bourse, à Paris.

Quand les enquêtes sur les manipulations de marché et fraudes bancaires se multiplient, peut-on surveiller les banques ? C'est le pari qu'a fait l'association Finance Watch, qui emploie des universitaires spécialisés en finance et des anciens banquiers reconvertis, explique l'un des créateurs de l'association basée à Bruxelles, Thierry Philiponnat.

Le lobby bancaire est-il en train de gagner ?

Il y a une interaction malsaine entre les banques et les Etats et l'on voit indubitablement la pression augmenter sur les responsables politiques. Mais chez nous, qui représentons 100 millions de citoyens européens, nous pensons que la finance ne peut pas se servir de la société sans rien rendre en retour.

On ne veut pas mettre le système à bas, car la finance a un rôle d'intérêt général fort... à condition qu'elle soit encadrée. Aujourd'hui, par exemple, les banques ont réussi à convaincre les politiques qu'elles étaient "too big too fail" ("trop importantes pour pouvoir disparaître") alors qu'en réalité, elles sont "too big too manage" ("trop lourdes pour être correctement gérées").

Par ailleurs, on sait que les banques ont reçu près de 1 000 milliards d'euros de la Banque centrale européenne (BCE), et quand BNP Paribas affirme avoir prêté 150 milliards aux entreprises (lien abonnés), il faut se souvenir que son bilan avoisine les 2 000 milliards et que, dedans, il y a 750 milliards de produits dérivés.

Qu'attendez-vous des promesses du candidat François Hollande, notamment sur la réforme bancaire ?

Qu'il la tienne ! L'arrivée de Pascal Canfin au gouvernement ne nous a pas particulièrement ouvert de porte mais, sur ce sujet, nous aimerions que celle du ministère de l'économie le soit à l'avenir. Le communiqué de Pierre Moscovici (PDF), annonçant qu'il lançait cette réforme avec une consultation "auprès des représentants des banques et de la place de Paris, afin de lui faire des propositions pour les modalités de mise en œuvre de cette réforme", nous a prouvé qu'il y avait du travail à faire pour ouvrir le débat. Ce sera un de nos thèmes de lobbying de la rentrée.

Nous voulons aussi que la position des superviseurs soit plus claire sur le rôle des banques françaises dans l'affaire du Libor : pour dire qu'aucune banque n'est concernée, il faut le déterminer par une enquête. Or, celle-ci n'a jamais été lancée... C'est dommage car près de la moitié des produits dérivés dans le monde sont des swaps de taux d'intérêt, dont le niveau a de lourdes conséquences sur les entreprises et les ménages.

Nous ne voulons pas interdire de produits en particulier, sauf les produits dérivés sur les matières premières alimentaires (voir le dessin animé sur le site de l'association), mais réglementer les pratiques. Quand on sait que les produits dérivés représentent 12 fois le PIB mondial, on peut en déduire intuitivement que 90 % de ces produits financiers, censés "couvrir" des risques, n'ont aucune utilité dans l'économie réelle.

Quel regard portez-vous sur les moyens déployés face à la crise ?

 Ce qu'on voit en ce moment, c'est la démonstration parfaite qu'on a une BCE qui ne permettra pas de sauver la zone euro. Elle dit, si l'on en croit Mario Draghi, vouloir faire tout ce qui est possible, mais "dans la limite de son mandat", qui est de combattre l'inflation. Or, l'inflation n'est pas un problème aujourd'hui : on se trompe d'ennemi.

Quant à notre monnaie, l'euro, elle est encore très incomplète : on ne peut pas faire tourner la planche à billets pour relancer l'économie, car on n'a pas d'union politique qui permettrait elle-même une union fiscale et budgétaire. L'union bancaire, qui autoriserait un contrôle plus important sur les quelque 6 000 banques de la zone euro – dont certaines sont à l'origine de la crise que nous connaissons aujourd'hui –, n'est pas envisageable sans tout cela. Pour mettre la finance au service de la société et relancer l'économie, il faut plus d'Europe.

Lire :  Finance Watch veut faire contrepoids au lobby de la finance à Bruxelles (lien abonnés)

Lire aussi : Réguler la finance : Londres et Washington en pointe

Mathilde Damgé

 

 

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5 août 2012 7 05 /08 /août /2012 18:21

 

Samedi 4 Août 2012 à 05:00

 

 

Classé noir. Le pire weekend de l'été sur les autoroutes de France est arrivé. Et les sommes à débourser aux péages restent le grand problème des automobilistes. A moins de trouver le système D.

 

(L'autoroute à Montélimar - RICLAFE / SIPA)
(L'autoroute à Montélimar - RICLAFE / SIPA)

Bison Futé a classé ce samedi 3 août noir dans le sens des départs et rouge dans celui des retours. Malgré les efforts du Bison pour vous orienter, les embouteillages sont là. 

Comme la expliqué à Europe 1  Patrick Benoît du Centre national d'information routière, le chassé-croisé habituel qui permet de classer rouge certains weekends est déterminé d'une année à l'autre grâce à « des données enregistrées (et) en prenant en compte une année de référence avec les jours fériés et les vacances scolaires positionnées sur les même dates. » Et les points de blocage seront les mêmes que l'été dernier.

Mais si votre trajet sur l'autoroute n'a pas changé non plus, vous le paierez probablement plus cher. Le 1er février 2012, comme chaque année, les sociétés d'autoroutes ont en effet révisé leurs tarifs à la hausse, de 2,5% en moyenne. C'est plus que le niveau de l'inflation, et cela représente une augmentation d'un euro sur un trajet Paris-Lyon. Parmi les sociétés ayant le plus augmenté leurs tarifs, la Société des autoroutes Paris-Normandie (3%), les Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (2,58%) et les Autoroutes Rhône-Alpes (2,55%).


Les vieux restes du foisonnement

A la manière des hausses qui varient en fonction des sociétés, les tarifs sont également différents selon les axes. Pour illustrer cette disparité, le site L'Internaute publiait début juillet un classement des autoroutes les plus chères de France pour les véhicules de classe 1, établi en fonction des tarifs aux péages en fin de parcours. Et c'est l'A65 (Langon-Pau) qui remporte la palme de l'autoroute la plus chère, avec un tarif de 13,80 centimes par kilomètre. Suivie par l'A19 entre Sens et Artenay (13,65 centimes par kilomètre) et l'A41 qui relie Genève à Grenoble (12,94 centimes par kilomètre).

Des disparités en partie dues à des différences de trafic sur les axes : plus un tronçon est fréquenté, moins il est cher puisqu'il est compensé par un grand nombre de clients. Inversement, pour une route sur laquelle les voitures se font rares, le prix au péage serait plus élevé, histoire de compenser. Enfin, comme l'explique le Figaro d'après les explications du ministère des Transports, cette disparité s'explique également par la récence des axes comme l'A65 qui sont « plus difficiles techniquement » que d'autres comme celui de la vallée du Rhône.

Mais les disparités de péage à péage sont également un vieux reste d'une méthode appliquée par l'Etat pour fixer les tarifs de ses autoroutes alors qu'elles étaient encore publiques, et que les sociétés ont ensuite poursuivie, le « foisonnement ». Cette méthode consiste pour les sociétés d'autoroutes à négocier avec le gouvernement une hausse moyenne des tarifs sur l'ensemble du réseau, pour ajuster ensuite les hausses en fonction de la fréquentation des tronçons. Résultat, les autoroutes les plus fréquentées sont celles dont le prix augmente le plus vite.

Cette pratique critiquable l'a d'ailleurs été, critiquée, par la Cour des comptes, dans son rapport annuel de 2008. Pourtant, si les sociétés s'étaient engagées à y mettre fin, le rapport 2009 de l'institution rappelait encore à l'ordre les sociétés pour le même problème. Aujourd'hui, si le foisonnement ne se pratique plus, les hausses inégales de péage à péage n'ont jamais été compensées et les péages les plus fréquentés font toujours office de formidable machine à sous pour les sociétés.

Ainsi, comme l'expliquait Marianne  dans une enquête menée en 2010, même lorsque le trafic diminue, le chiffre d'affaire continue de progresser. Et entre 2005 et 2010, le prix au km s'était envolé de 16,4%.


Pour payer moins cher

La privatisation des autoroutes a été entamée timidement par la gauche de Jospin, avant d'être achevée par le gouvernement Villepin, en 2005. Marianne dénonçait alors la cession à un prix déraisonnable (14,8 milliards d'euros) d'une manne qui aurait pu rapporter bien plus sur le long terme. Seul François Bayrou s'était ouvertement opposé à la privatisation.

Alors que les tarifs s'envolent, serait-il possible aujourd'hui de renationaliser les autoroutes afin de faire profiter l''Etat de ces gains ? Cette proposition, soutenue par un Nicolas Dupont-Aignan  très critique envers le « racket autoroutier » n'est pas au programme de François Hollande. Le président préfère en effet parler de « contrôler »  et dit n'être « pas sûr » de l'efficacité que pourrait avoir une telle mesure.

En attendant, plusieurs solutions existent pour économiser autant que faire se peut sur les trajets sur autoroutes. Un site Internet, Autoroute-eco, se propose par exemple de recenser sur chaque axe les sorties auxquelles il est judicieux de quitter l'autoroute pour tourner à un rond-point et y retourner immédiatement. En effet, comme le prix payé au péage ne dépend pas seulement du trajet parcouru, cette méthode pourrait vous permettre d'économiser plus de 20% de frais de péages. Il suffit d'utiliser la carte interactive ou le moteur de recherche du site Internet pour trouver les sorties stratégiques de votre parcours. Une application mobile est aussi en cours de test.

Economiser sur d'autres postes de dépense peut également s'avérer intéressant, par exemple en sortant de l'autoroute pour faire le plein, ou en calculant son trajet en fonction des stations-essence les moins chères du parcours grâce à des applications mobile comme Mobicarbu ou Essence Eco. Et si vous n'êtes pas pressé par le temps, la solution la plus efficace reste encore de repartir à la découverte des routes nationales.
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4 août 2012 6 04 /08 /août /2012 16:20

 

 

Le Monde.fr avec Reuters | 03.08.2012 à 17h27 • Mis à jour le 03.08.2012 à 17h30

 
Des sans-abri arrivent, fin 2008, dans un gymnase mis à leur disposition par la Ville de Paris.

Deux demandes d'hébergement d'urgence sur trois n'ont pas été honorées en juillet en France. Elles étaient une sur deux à être refusées l'hiver dernier, d'après la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS). "C'est du jamais-vu depuis plusieurs décennies", explique le directeur général de la FNARS, Matthieu Angotti.

La FNARS, qui a mené cette étude dans 37 départements, s'oppose de longue date à la gestion saisonnière de l'hébergement d'urgence, qui prévoit d'adapter l'offre aux conditions climatiques. Dénonçant une "absence criante de réponses en été", la fédération demande la pérennisation des places hivernales encore ouvertes, la réouverture des quelque 2 500 places disponibles et fermées début juillet et la mise à disposition de nouvelles places dans les départements où les besoins sont les plus forts.

Lire notre décryptage, L'hébergement d'urgence, une affaire de saison

Aussi, en juillet, les demandes au 115, numéro d'urgence pour les sans-abri ont été aussi importantes que celles enregistrées entre les mois de décembre et de mars, mais elles ont moins abouti, du fait notamment de la fermeture des places hivernales, d'après l'association. Plus de sept réponses négatives sur 10 (72 %) étaient en effet dues au manque de places, soit huit points de plus qu'à l'hiver dernier.

 RECOURS AUX NUITS D'HÔTEL

Le recours aux nuits d'hôtel pour héberger les sans-abri a ainsi été plus important le mois dernier (30 % des orientations) qu'en hiver (18 % en février). Mais il n'a pas suffi à compenser la fermeture de places, souligne l'association.

La ministre du logement, Cécile Duflot, a déclaré fin juin vouloir "rompre avec un système saisonnier qui reproduit chaque année son lot de détresse", sans préciser les modalités d'une éventuelle sortie du dispositif d'hébergement hivernal. A son arrivée au ministère, elle avait annoncé le maintien des 2 500 places d'hébergement d'urgence hivernales alors ouvertes, dans l'attente d'un arbitrage budgétaire. Mais la plupart de celles-ci ont fermé le 1er juillet. Seuls trois centres situés en région parisienne, et qui représentent quelques centaines de places, sont restés ouverts sur décision de la ministre.

La FNARS souligne que 64 % des personnes qui ont appelé le 115 en juillet étaient "déjà connues dans le dispositif d'urgence", un chiffre équivalent à celui enregistré l'hiver dernier, signe d'après elle de la difficulté continue de ces personnes à accéder au logement.

Lire notre reportage Plus on reste dans la rue, plus c'est difficile de raccrocher

 


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2 août 2012 4 02 /08 /août /2012 21:15

 

Le Monde.fr avec AFP | 02.08.2012 à 09h18 • Mis à jour le 02.08.2012 à 13h25

 
Les clients de GDF recevront des factures rétroactives de 40 euros en moyenne.

GDF Suez a annoncé, jeudi 2 août, qu'il allait facturer aux particuliers 290 millions d'euros pour compenser le gel des prix du gaz au quatrième trimestre 2011.  Le Conseil d'Etat avait en effet donné raison début juillet au groupe dirigé par Gérard Mestrallet en annulant l'arrêté de septembre 2011 pris par l'ancien gouvernement Fillon, qui avait gelé les tarifs du gaz. Il avait imposé à l'Etat de réviser rétroactivement les tarifs appliqués pour la période allant du 1er octobre 2011 au 1er janvier 2012.

Dans la perspective de la campagne présidentielle, le gouvernement Fillon avait gelé les prix du gaz naturel pour les particuliers, au nom du pouvoir d'achat et, limité leur évolution pour les autres catégories de clients, alors qu'ils auraient dû augmenter de 8,8 à 10 % pour couvrir les coûts de l'opérateur gazier historique, en vertu d'une formule de calcul officielle.

ÉTALEMENT SUR DEUX ANS

Le groupe GDF Suez a ainsi assuré dans un communiqué que ce rappel serait étalé afin d'en limiter l'impact. Il devrait se traduire par un supplément à payer d'environ 38 euros en moyenne pour les sept millions de foyers chauffés individuellement au gaz. GDF Suez a précisé qu'en accord avec l'Etat, son premier actionnaire avec 36 % du capital, il étalerait ce paiement jusqu'à juin 2014 

Du fait de cet étalement sur deux ans, le surcoût sera inférieur à "2 euros par mois sur cette période pour les ménages qui se chauffent au gaz naturel", et "pour les clients qui n'utilisent le gaz que pour la cuisson et l'eau chaude, ce complément sera d'environ 20 centimes d'euros par mois en moyenne", a ajouté le groupe.

Tandis que le gouvernement prévoit de lancer à l'automne une réforme des tarifs de l'énergie, GDF Suez a dit poursuivre ses discussions avec l'exécutif "pour mettre en place un tarif progressif et étendre le tarif social afin de protéger les ménages en difficulté". "Il reste des incertitudes mais il y a deux principes qui sont très importants pour nous et qui sont acquis", a souligné son vice-président Jean-François Cirelli, lors d'une conférence téléphonique. "Tout d'abord le tarif doit couvrir les coûts et, deuxièmement, il y aura toujours une formule [de calcul] de prix."

GDF Suez, qui présentait jeudi ses résultats pour le premier semestre 2012, a enregistré sur la période une baisse de 15 % de son bénéfice net, liée à des effets comptables, mais une amélioration de ses résultats opérationnels.

Lire : Gaz : le Parlement saisi à l'automne pour modifier le système de calcul des prix

NOUVEAU CENTRE ET FN DEMANDENT À L'ETAT D'AGIR

 Jeudi, le Front national et le Nouveau centre ont tous deux protesté contre ce rattrapge et demandé à l'Etat d'agir.
 

"L'Etat stratège doit reprendre le contrôle des tarifs publics en se libérant des règles les plus absurdes de l'Union européenne. Il doit commencer par obliger GDF Suez à renoncer à son funeste projet de surfacturation", écrit le Front national dans un communiqué dénonçant "les règles ultra-libérales de l'Union européenne".

"Ce n'est pas aux ménages de payer la facture", proteste pour sa part le secrétaire général du Nouveau centre, le député Philippe Vigier. "Le Nouveau Centre exhorte enfin le gouvernement à prendre sans délai des engagements fermes sur une pause dans la hausse des tarifs et estime qu'il est urgent de réviser la formule de fixation des tarifs du gaz pour en terminer avec l'indexation de son prix sur celui du pétrole"

 

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2 août 2012 4 02 /08 /août /2012 20:56

 

Le Monde.fr avec AFP | 02.08.2012 à 20h12 • Mis à jour le 02.08.2012 à 22h03

 
L'administration Obama juge qu'une première ristourne, accordée en 2004, n'avait pas eu l'effet escompté, et reste hostile à un cadeau fiscal pour ces entreprises si elles rapatriaient leurs capitaux aux Etats-Unis.

Apple possède plus de 81 milliards de dollars dans des comptes hors des Etats-Unis, Microsoft 54 milliards, Google 43 et Cisco 42, et ils ne savent plus quoi faire de ces trésors de guerre.

Ces entreprises essaient de convaincre les autorités à Washington d'aménager le code fiscal pour pouvoir rapatrier ces fonds sans acquitter une trop lourde facture fiscale – c'est dans l'intérêt du pays, argumentent-elles, pour investir et créer des emplois aux Etats-Unis.

1 000 MILLIARDS DE DOLLARS PARQUÉS À L'ÉTRANGER

Les entreprises de hautes technologies, qui ont de très fortes marges, ne sont pas les seules dans cette situation : certaines estimations chiffrent à plus de 1 000 milliards de dollars la trésorerie des entreprises parquée à l'étranger.

Le phénomène est particulièrement répandu dans les groupes riches en actifs intangibles. "Toute entreprise qui a de la propriété intellectuelle, que ce soit des logiciels ou un brevet de médicament, a la possibilité d'en assigner la propriété à une filiale étrangère basée dans un paradis fiscal", explique Robert McIntyre, directeur de l'organisation militante Citizens for Tax Justice. Dans le cas d'Apple, "pratiquement tout l'argent qui est à l'étranger n'a jamais été taxé par qui que ce soit", assure M. McIntyre.

 2,9 MILLIONS D'EMPLOIS EN JEU ?

L'agence de notation Moody's Investors Service estimait en juillet que 22 groupes américains du secteur des technologies gardaient 70 % de leurs liquidités à l'étranger fin mars, et que le total pourrait passer de 289 à 400 milliards de dollars dans les trois années qui viennent. Moody's relève que les sociétés sont réticentes à rapatrier ces fonds, qui pourraient être taxés à 35 % en arrivant aux Etats-Unis.

Depuis l'an dernier, le géant des logiciels Microsoft et l'équipementier télécoms Cisco, ainsi que le laboratoire Pfizer, ont lancé une campagne en faisant valoir qu'une exemption pourrait entraîner la création de 2,9 millions d'emplois aux Etats-Unis, mais ce groupe a suspendu ses efforts avec l'intensification de la campagne présidentielle, disant avoir l'intention de les reprendre après novembre.
 

"LE SYSTÈME DE L'IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS EST CASSÉ"

"La fiscalité actuelle dissuade fortement les sociétés américaines, qui autrement pourraient rapatrier une part substantielle de leurs liquidités", faisait valoir il y a quelques mois le directeur financier d'Apple, Peter Oppenheimer.

Mais l'administration Obama juge qu'une première ristourne, accordée en 2004, n'avait pas eu l'effet escompté, et reste hostile. Le candidat républicain à la présidentielle, Mitt Romney, propose un nouveau système "territorial", dans lequel les bénéfices seraient taxés dans les territoires où il sont réalisés, faisant valoir que le système actuel "encourage les multinationales américaines à garder indéfiniment leurs bénéfices à l'étranger".

Mais pour Seth Hanlon, du centre de réflexion de gauche Center for American Progress, ce plan reviendrait à "renforcer les encouragements à délocaliser emplois et investissements". Pour le fiscaliste Christopher Bergin, le problème c'est que "le système de l'impôt sur les sociétés est cassé". Selon lui, il est tellement plein de niches que "les grosses entreprises peuvent employer des armées d'avocats et d'experts pour réduire leurs impôts". "Apple ne fait rien de mal en tirant avantage des règles telles qu'elles sont écrites", note-t-il, "ce qui est injuste c'est le code fiscal".

 

 

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2 août 2012 4 02 /08 /août /2012 20:41

 

Jusqu'où les Etats vont-ils pousser leur quête effrénée de ressources naturelles ? Dernière étape en date, relatée par le Guardian : l'Europe cherche à ouvrir une nouvelle frontière, en explorant les glaces encore vierges du Groenland, à la recherche de minerais – or, fer, uranium, zinc, terres rares et autres diamants.

 

Dans un monde où le prix de l'énergie flambe, poussant les pays à rechercher toujours plus loin et plus profond de nouvelles sources d'approvisionnement en hydrocarbures et minerais, les immenses ressources du sous-sol du Groenland, largement inexploitées, attirent les convoitises. Et ce, d'autant plus fortement que l'accélération de la fonte de la calotte glaciaire de la plus grande île du monde – 97 % de la surface de l’Inlandsis avait dégelé à la mi-juillet, selon les dernières données satellites – ouvre la possibilité d'accéder à ces richesses dans les décennies à venir.

Le forage d'hydrocarbures autour des côtes de l'île, longtemps impossible, en est ainsi aujourd'hui à l'étape exploratoire, mené par la plupart des grandes compagnies pétrolières, telles que Exxon Mobil, Cairn Energy, Dong Energy ou encore EnCana. L'exploitation minière, auparavant inenvisageable du fait d'une couverture de glace atteignant 150 mètres d'épaisseur, est par ailleurs étudiée. Si une seule mine d'or est actuellement exploitée, cinq autres sont sur le point d'être ouvertes, et 120 sites sont en cours d'exploration, comme le montre cette carte réalisée par le Guardian :

La province autonome du Danemark possède enfin certains des plus importants gisements du monde en terres rares, métaux stratégiques indispensables à la production de la plupart des produits de haute technologie, dont la Chine dispose d'un quasi-monopole.

L'Union européenne, du fait de ses liens privilégiés avec le Groenland, via le Danemark, s'est positionnée très vite sur ce marché. "Le Groenland est extrêmement important en termes de ressources naturelles. Nous travaillons activement avec le premier ministre de l'île sur ce point", explique Antonio Tajani, vice-président de la Commission européenne, cité par le Guardian.

Mais l'Europe n'est pas la seule en lice. La Chine, notamment, a d'ores et déjà manifesté son intérêt. Selon le Guardian, le projet d'extraction de minerais le plus avancé est mené par la London mining, une entreprise minière britannique soutenue par des compagnies chinoises. En juin, le président chinois Hu Jintao a par ailleurs mené une visite au Danemark, analysée par les experts comme le signe de visées de Pékin sur les minerais du Groenland. Et d'autres pays, comme les Etats-Unis, le Canada ou la Russie, sont aussi intéressés.

Depuis le référendum de 2009, qui a vu la population se prononcer massivement en faveur d’une plus grande autonomie, l’attribution des licences d'exploration et d'exploitation des ressources naturelles est aux mains des Groenlandais. L'île, qui ne compte que 57 000 habitants, y voit une opportunité pour mettre un terme à sa dépendance économique vis-à-vis du Danemark – qui lui verse chaque année près de 700 millions de dollars. "Le gouvernement aimerait disposer d'une autre source de revenu car actuellement il y a juste la pêche, et un peu de tourisme", indique Henrik Stendal, du département d'extraction minière du gouvernement, interrogé par le Guardian.

Cette ruée vers les ressources groenlandaises inquiète les ONG. "Les conséquences pour l'environnement pourraient être très importantes : les températures glaciales et les conditions climatiques extrêmes constituent de sérieux obstacles aux interventions de dépollution", prévient Jon Burgwald, expert de l'Arctique pour Greenpeace, qui a lancé fin juin une campagne pour la protection de l'Arctique et contre le début des forages de Shell dans cette zone.

Mikkel Myrup, président du groupe de défense de l'environnement du Groenland Akavaq, estime quant à lui que le traitement des déchets des mines serait une préoccupation majeure, ainsi que la manipulation des produits chimiques toxiques utilisés par l'exploitation minière : "L'exploitation minière ne présente pas les mêmes risques que le forage pétrolier, mais elle peut néanmoins s'avérer dangereuse pour l'environnement. C'est un vrai souci, d'autant que nous ne pensons pas que le gouvernement groenlandais sera en mesure de réglementer cette activité de manière suffisante face au poids et à l'influence des multinationales."

Audrey Garric

Suivez mon blog sur Facebook et sur Twitter : @audreygarric.

Photo : Michael Kappeler/AFP/Getty Images

 

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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 14:48

 

Il reste une cagnotte, à l’Assemblée, dont personne ne parle. Alors qu’un débat public s’est ouvert sur l’indemnité censée couvrir les frais professionnels des députés (trop souvent détournée), aucun média ne s’est encore penché sur les fonds attribués aux « groupes politiques ». Aujourd’hui au nombre de six, ces structures partisanes organisent le travail collectif entre élus d’un même camp, recrutent des conseillers pour produire notes et amendements, gèrent la communication, etc. Or ces groupes sont gourmands : l’an prochain, l’Assemblée nationale devrait leur distribuer quelque dix millions d’euros de subventions pour leur permettre de fonctionner.


Après plusieurs semaines de négociations très politiques, la répartition a été actée par le bureau de l’Assemblée avant le départ en vacances des députés : d’après nos informations (communiquées par la nouvelle majorité), le groupe PS encaissera environ 350 000 euros tous les mois, l’UMP 250 000 euros, tandis que les « petits » groupes (les centristes de Jean-Louis Borloo, les écologistes, les radicaux de gauche et le Front de gauche) toucheront 45 000 euros chacun.


Ces chiffres ne sont jamais détaillés dans le rapport annuel sur le budget de l’Assemblée. Jusqu’à présent, le Palais Bourbon faisait de la rétention. Surtout, aucune information ni aucun contrôle n’existe sur la manière dont ces subventions sont dépensées par les groupes politiques, favorisant les pires soupçons (emplois fictifs, financement caché de campagnes, etc.). Dotés d’un statut extrêmement flou, ces groupes n’ont aucune obligation légale de publier leurs comptes, à l’inverse des partis politiques.


Alors qu’ils absorbent 50 millions d’euros sur une législature, impossible de savoir précisément où passe cet argent public : combien le groupe UMP, présidé par Jean-François Copé jusqu’en 2010, a-t-il par exemple dépensé en sondages ? Combien de salariés ont-ils travaillé sous les ordres de Jean-Marc Ayrault, patron du groupe PS de 1997 à mai 2012 ? Pour quels salaires ? Quels honoraires ont été versés à tel ou tel expert pour rémunérer ses précieux conseils ? À telle agence de communication ? Dans chaque groupe, seule une poignée de députés ont accès aux chiffres et au coffre. Début 2010, l’UMP Christian Vanneste, en guerre avec Jean-François Copé, avait ainsi exigé des explications sur le budget de son propre groupe, sans le moindre succès.


Un épisode, jamais raconté jusqu’ici, prouve que certains groupes réussissent, en économisant sur plusieurs années, à se constituer des réserves conséquentes, sinon une cagnotte. D’après nos informations, lorsque le gaulliste Jean-Louis Debré a quitté la présidence du groupe RPR, au lendemain des législatives de 2002, il restait plusieurs millions d’euros dans la tirelire. Dans la plus grande discrétion, il a décidé de les reverser à la trésorerie du Palais Bourbon. Une exception. Les services de l'Assemblée s'étaient habitués à voir les présidents de groupe transmettre leur cagnotte à leur successeur sans se poser de question. Contacté par Mediapart, Jean-Louis Debré, actuel président du Conseil constitutionnel, confirme avoir signé ce chèque, sans plus se rappeler du montant. Il se souvient, en tout cas, que des amis politiques lui en ont tenu rigueur.


Alors combien d’argent dort aujourd'hui dans les caisses des groupes UMP ou PS ? Mystère. Surtout, comment une telle opacité peut-elle exister au cœur même de l'Assemblée ? Dans un rapport remis au conseil de l’Europe en 2009, le Groupe des États contre la corruption (le Greco) avait mis le Parlement français à l’index, s'étonnant que la législation sur la transparence de la vie politique « ne s’applique pas (…) au financement des groupes parlementaires ».

 

Conscient de ces lacunes, le trésorier du groupe PS se déclare pour la première fois favorable à l’instauration d’un contrôle : « Je propose que tous les groupes aient désormais l’obligation de produire des comptes certifiés par des commissaires aux comptes, avance Christian Bataille, député du Nord, interrogé par Mediapart. Les services financiers de l’Assemblée (des fonctionnaires – ndlr) les contrôleraient une fois par an, et nous serions tenus de conserver des justificatifs pour toutes nos dépenses. » Alors que le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone (PS) prétend améliorer rapidement la transparence au Palais Bourbon, l’idée de Christian Bataille mériterait d’être relayée à la rentrée. Le sera-t-elle ?

 

Les petits groupes au rabais

Sous la précédente législature, le groupe PS faisait figure d’exception, avec son statut d’association loi 1901, qui l'obligeait à faire certifier ses comptes. « C'est déjà ça, souligne Christian Bataille. Si on nous demandait nos livres de comptes, nous pourrions les produire. Mais personne ne les demande, nous ne sommes soumis à aucun contrôle externe. » Ailleurs, à l’UMP ou au Nouveau centre, « la comptabilité est encore plus souple », glisse le trésorier socialiste, dans un euphémisme. Contacté, le président du groupe UMP, Christian Jacob, n’a pas souhaité répondre à nos questions. Pas plus que son prédécesseur, Jean-François Copé, ne l'avait souhaité par le passé.


Cette opacité est d’autant plus insupportable que les sommes manipulées par les principaux groupes sont conséquentes. À côté des fonds alloués par l’Assemblée, ils complètent en effet leur budget avec des cotisations de leurs députés. Au PS, par exemple, le barème est progressif : plus les élus cumulent de mandats, plus ils versent (une centaine d’euros par mois pour un « non-cumulard », environ 400 euros pour un député conseiller général, et jusqu’à 1 200 euros pour un président de collectivité locale). Soit environ 5 millions de recettes collectées entre 2007 et 2012, d’après nos calculs. En plus des 15 millions d'euros de subventions…


Les quatre « petits » groupes, eux, vivent bien plus chichement, avec 45 000 euros par mois seulement (chiffres inchangés depuis 2008). Début juillet, il était même question, à la demande du PS, que cette somme plancher soit encore rabaissée : pour des raisons budgétaires, les socialistes voulaient que les « petits » se partagent à quatre la même dotation globale que sous la législature précédente, où ils n'étaient que deux. Sous la pression de ses partenaires, écologistes et radicaux de gauche, le PS a finalement lâché du lest.


« En-dessous de 45 000 euros par mois, on n’aurait pas pu fonctionner, juge la co-présidente du groupe écologiste, la députée Barbara Pompili. On était d’accord pour dire que l’Assemblée doit faire des économies, mais des économies intelligentes ! S’attaquer aux moyens des groupes, c’était s’attaquer au cœur du métier législatif. Heureusement, les socialistes ont fini par nous entendre… » À l’arrivée, grâce aux cotisations mensuelles de 1 500 euros de ses députés, le groupe écolo devrait pouvoir « se payer » huit collaborateurs à la rentrée, mais pas un de plus.


« On ne risque pas de faire des extras, souffle aussi Gérard Charasse, le représentant au bureau de l'Assemblée du groupe « radicaux de gauche et apparentés » (constitué in extremis grâce au ralliement d’Olivier Falorni, le tombeur de Ségolène Royal à La Rochelle). On devrait fonctionner avec quatre collaborateurs maximum… » Des moyens humains ridiculement bas, qui feraient mourir de rire le Sénat américain.


À l'arrivée, la masse globle des subventions accordées aux groupes va gonfler l'an prochain de près d'un million d'euros par rapport à 2011. Une augmentation qui n’arrange pas le président du Palais Bourbon Claude Bartolone, soucieux d'afficher un budget de l'Assemblée « en recul » pour 2013.


« Pour compenser, il nous a demandé de faire des économies sur le train de vie, annonce Bernard Roman, le nouveau questeur socialiste (grand argentier de la maison). Des décisions seront donc arrêtées cet été, en particulier sur les transports. » En avion, plus aucun député ne devrait voyager en première classe. Et le nombre de « groupes d’amitié » avec des pays étrangers (parfois prétextes à voyages exotiques) sera revu à la baisse, de même que le nombre d’élus autorisés à s’y inscrire. D’ores et déjà, celui des Maldives a été supprimé.

 


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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 14:35

 

Marianne - Mardi 31 Juillet 2012 à 13:18

 

Laurent Pinsolle
Porte-parole du parti Debout la république dirigé par Nicolas Dupont-Aignan, ce républicain... En savoir plus sur cet auteur

 

Alors que la part des profits des entreprises dans le PIB des Etats-Unis n'a de cesse d'augmenter, notre blogueur associé Laurent Pinsolle revient sur une observation mise en lumière par The Economist qui souligne que les records d'aujourd'hui pourraient favoriser le conservatisme des entrepreneurs américains, demain.

 

(Liasses de dollars - PURESTOCK/SIPA)
(Liasses de dollars - PURESTOCK/SIPA)
Non, il ne s’agit pas d’un jugement de l’Humanité ou de Jean-Luc Mélenchon, mais d’un article de The Economist  qui se penche sur la remontée fulgurante des profits des entreprises aux Etats-Unis, déjà 20% plus hauts qu’en 2007, point le plus élevé depuis la Seconde Guerre Mondiale.
 
Le graphique représentant la part des profits des entreprises dans le PIB des Etats-Unis  est sidérant. En 2007, ce chiffre avait rejoint les records de 1929, au-delà de 12% du PIB. Ce chiffre avait progressé de 3 à 6% dans les années 1980, avant d’atteindre 9% dans les années 1990. La grave crise de 2008 a fait plonger ce chiffre à 7% (soit encore davantage qu’au début des années 2000) avant de rebondir à près de 15% du PIB cette année, 20% de plus que le pic précédent.
 
L’hebdomadaire anglais souligne que ce sommet aura du mal à être battu car les prévisions de profits des entreprises sont moins fortes pour les trimestres à venir et elles ne parviennent plus à battre aussi facilement les prévisions des analystes. Il y a des raisons structurelles. Tout d’abord, les entreprises se sont adaptées très rapidement à la crise, n’hésitant pas à licencier massivement. Ensuite, il y a la pression des pays émergents qui limite les revendications salariales.
 
Mais The Economist souligne qu’en principe, cette rentabilité devrait pousser à une vague d’investissement, plus de compétition et du coup, moins de profits. Sauf que les entreprises gardent aujourd’hui l’argent qu’elles gagnent. Le journal y voit trois explications. La 1ère serait la crainte d’un excès de réglementation à la veille des élections présidentielles. La 2nde est la faiblesse de la demande, étant donné que les consommateurs se désendettent  et la faible croissance des exportations.

Le journal souligne enfin le cercle vicieux où la hausse des profits diminue automatiquement la part des revenus et déprime donc par conséquent la demande, accentuant le conservatisme des entreprises. Enfin, il insiste sur le rôle néfaste des stock-options dans les choix des dirigeants d’entreprise, qui préfèrent les actions augmentant le résultat court terme des entreprises (et les rachats d’action) aux investissements à long terme, qui tendent à réduire les profits dans un premier temps.

dysfonctionnement

Cette troisième raison est confirmée par une récente étude la Réserve Fédérale de New York qui explique elle aussi que la structure des bonus des dirigeants d’entreprise a une forte influence sur leurs décisions et les pousse aujourd’hui à favoriser les résultats à court terme aux investissements à long terme qui ne tendent à rapporter que pour leurs successeurs… Idem pour les fonds d’investissement dont les résultats sont trop souvent jugés chaque trimestre en oubliant le long terme.
 
The Economist pousse l’audace en concluant  qu'il est bien meilleur « que les profits diminuent parce que les entreprises investissent massivement plutôt que parce que la prudence des leurs dirigeants pousse l’économie en récession. Les dirigeants d’entreprises font partie des avocats les plus fervents de la baisse des déficits publics, mais si les entreprises dépensaient davantage, et embauchaient plus, cela ferait baisser les déficits de leur propre gré ».
 
C’est tout le paradoxe souligné par ce journal, pourtant absolument pas hostile au monde de l’entreprise. La montée des profits des entreprises aux Etats-Unis révèle un profond dysfonctionnement de l’économie, qui entretient même les difficultés dans lesquelles nous sommes.
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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 14:03

 

Rue89 - Jeff Jarvis

Presse sans presse 01/08/2012 à 12h24

 

Twitter a finalement restauré le compte du journaliste Guy Adams, un temps suspendu pour avoir publié dans un tweet l’adresse e-mail professionnelle d’un responsable de la chaîne américaine NBC.

Alex Macgillivay, avocat de la société californienne, a présenté ses excuses et s’est expliqué dans un post sur le blog officiel.

L’entreprise découvre ainsi une règle que les quotidiens américains ont apprise quand ils ont commencé à accepter la publicité sur leurs pages : quand votre succès dépend de la confiance que le public place en vous, il faut proposer des services et mener ses affaires en respectant les principes à la base de cette confiance.

Un peu comme on a séparé les églises et l’Etat, les journaux ont ainsi bâti un mur entre le contenu rédactionnel et la publicité, pour bien montrer que le premier n’était pas influencé par le second.

Twitter a besoin d’un tel mur, comme toute entreprise hi-tech se présentant comme une plateforme. Sinon, les internautes ne pourront pas lui faire confiance, elle ne sera pas utilisée et perdra de la valeur – c’est comme ça que fonctionne un modèle économique basé sur la confiance.

Adams râlait contre la couverture des JO

Le fait d’avoir supprimé le compte de ce journaliste aurait pu être un tournant dans l’histoire de Twitter, comme le blogueur Dan Gillmor le pressentait.

Les tweets de Guy Adams, journaliste indépendant qui travaille pour le quotidien britannique The Independent à Los Angeles, étaient très critiques sur la couverture des Jeux olympiques par NBC – comme les miens et ceux de beaucoup d’autres, qui se servaient du hashtag #nbcfail [« NBC se plante », ndlr] pour regrouper les plaintes et leur donner de l’écho.

Adams a fini par publier l’adresse e-mail professionnelle du responsable des JO à NBC, Gary Zenkel, ce qui a entraîné la suspension de son compte. Mais cette information n’était pas vraiment secrète : l’adresse avait déjà été diffusée en ligne, et est construite sur le modèle prenom.nom@nnbcuni.com.

Le fautif n’a jamais été informé d’un quelconque problème à propos de son tweet, on ne lui a même pas donné la possibilité de le supprimer comme le prévoient pourtant les conditions d’utilisation. En fait, il a découvert que c’est Twitter lui-même qui est à l’origine de ce blocage, et pas NBC.

Quel est exactement le dommage subi par NBC ? Le fait que les téléspectateurs puissent leur écrire ? La chaîne devrait s’en féliciter. La vague de protestation qui a suivi cette décision a de toute façon entraîné la diffusion de l’adresse e-mail de Zenkel à une échelle bien plus large que le tweet original.

Un partenariat stratégique Twitter-NBC

Non, le vrai souci, c’est que Twitter a passé un partenariat stratégique avec NBC et sa maison-mère, Comcast, portant précisément sur les Jeux olympiques. Ce qui place la firme dans une position de dépendance. Les utilisateurs de Twitter doivent-ils désormais s’abstenir de mordre la main qui nourrit Twitter ?

J’ai demandé à plusieurs reprises aux responsables de la société leur position sur ce sujet, attendant leur réponse pour publier cette note [en fait, sa version originale, ndlr]. J’avais bon espoir qu’ils reprennent leurs esprits, se rétractent, s’excusent, et tirent la leçon de cette séquence.

Evidemment, l’incident en lui-même n’a pas grande importance, et le combat peut sembler futile. Qu’on puisse ou non se plaindre sur Twitter des retards de diffusion des épreuves des JO sur NBC et de l’incompétence de ses commentateurs, ça ne va pas changer le monde.

Sauf que Twitter, c’est un peu plus que ça. C’est une plateforme utilisée par des révolutionnaires pour communiquer, se coordonner, s’organiser pour changer le monde, justement. C’est une plateforme utilisée par les journalistes pour informer. C’est une plateforme qui doit pouvoir être utilisée par n’importe quel utilisateur à n’importe quel but, qu’il soit encouragé ou non, interdit ou non par Twitter. C’est ça, une plateforme.

Twitter exemplaire lors du printemps arabe

D’un point de vue politique, Twitter s’est plutôt bien comporté jusqu’ici, allant jusqu’à décaler une opération de maintenance pour rester accessible alors que les révoltes du printemps arabe abordaient un moment crucial. La société s’est battue contre les recours juridiques engagés par différents gouvernements, qui tentaient d’obtenir des informations sur les activistes inscrits sur Twitter ou encore sur Wikileaks.

Mais quand il s’agit de business, ses responsables agissent de façon suspecte, ce qui est inquiétant pour cette société et davantage encore pour ses utilisateurs.

Twitter doit décider de principes clairs sur lesquels se baser. Je pense que la plateforme a besoin de nous prouver qu’elle n’est dépendante ni de ses sponsors, ni des gouvernements. Elle doit se battre pour garder notre confiance, ou bien elle perdra de sa valeur à nos yeux et à ceux de ses actionnaires.

C’est pour ça que Google a décidé qu’il ne nous ferait pas de mal [« don’t be evil » est le slogan officiel du moteur de recherche, ndlr], et d’un point de vue business, c’est une bonne décision.

Dans cette optique, que nous dit la décision de Twitter de finalement réactiver le compte de Guy Adams ? Sur le blog de la société, Macgilivray donne l’impression de considérer qu’Adams n’a pas respecté les conditions d’utilisation, ce qui est faux selon moi, pour les raisons que j’évoque plus haut.

Il tente d’argumenter en expliquant que les adresses e-mail professionnelles peuvent avoir un usage personnel. Si on part de ce principe, Twitter devrait interdire la diffusion de toute adresse de courrier électronique, ce qui semble idiot.

La relation commerciale l’a bien emporté

Dans ce texte, le juriste aborde aussi le problème du mur de séparation que je décris plus haut :

« Nous souhaitons nous excuser pour ce qui s’est passé ensuite. Les employés qui travaillent sur les Jeux olympiques en association avec NBC ont identifié un tweet en violation avec les règles de Twitter, et suggéré à notre partenaire de le signaler auprès de l’équipe chargée de la sécurité, comme cela a déjà été rapporté.

Cette dernière ne savait pas ce qui s’était passé précédemment, et a traité cette demande comme n’importe quelle autre demande. »

Résumons : l’équipe commerciale, travaillant avec un partenaire en affaires, a agi dans l’intérêt de ce partenaire et non dans celui des utilisateurs, censé être sur une plateforme ouverte, fiable et digne de confiance. J’appelle ça un plantage.

Je suis cependant content que Twitter ait rétabli le compte de Guy Adams. Mais la société ne tire pas complètement les conséquences de cette affaire. Macgillevray présente des excuses parce que des employés ont activement surveillé le contenu produit par les utilisateurs, plutôt que d’attendre que quelqu’un s’en plaigne.

C’est voir l’affaire par le petit bout de la lorgnette : il faudra bien discuter des principes que Twitter adopte, et du respect de la confiance dont les utilisateurs font preuve.

Les journalistes, pas vraiment des exemples

Arrivé là, je perçois mieux l’ironie dont le début de ce texte est empreint. J’ai dit que Twitter devait s’inspirer des quotidiens américains et de leur pratique du journalisme.

Pourtant, notre industrie a peu à peu perdu le lien de confiance avec ses lecteurs. Pas tellement à cause de l’influence directe de la publicité, mais davantage à cause de choix économiques à courte vue :

  • en privilégiant le people, le sensationnalisme, une prétendue objectivité [ce que Jay Rosen appelle « the view from nowhere », l’information sans point de vue, ndlr] pour mieux plaire au grand public tel que nous le percevions, et renforcer ventes et trafic au détriment de la qualité du contenu ;
  • en dévaluant nos produits à force de mauvais choix quand nous étions confrontés à la concurrence et qu’il fallait supprimer une partie de notre activité ;
  • en manquant d’une vision stratégique à même d’adapter sereinement le journalisme à l’économie numérique.

J’ai bien peur d’être en train de dire à Twitter : « Faites ce que je dis, pas ce que je fais. »

Tout le monde peut travailler ensemble

Alors que je discutais de Twitter avec l’entrepreneur Dave Winer, nous nous sommes demandé si les entreprises hi-tech devaient se transformer en médias journalistiques, ou bien si, à l’inverse, ces derniers devaient se transformer en entreprises hi-tech. Je ne suis pas sûr de ce que l’avenir nous réserve.

Je vois des sociétés comme Twitter, Tumblr, Google, Facebook et d’autres embaucher des journalistes. Je vois des journalistes utilisant et s’appuyant (parfois trop) sur les services de ces sociétés.

Je pense que tout le monde peut travailler ensemble, en bâtissant un mur protégeant la confiance des pressions du business, en établissant les principes selon lesquels ces plateformes – et, en fait, Internet dans sa globalité – doivent vivre.

Faire des affaires, je n’ai rien contre, y compris dans le domaine du journalisme. Je pense qu’il faut en faire, si on veut que les médias puissent vivre durablement. Mais il faut le faire de façon responsable, et donc en confiance. Renoncez à cette confiance et vous perdrez tout.

Traduit de l’anglais par Yann Guégan


MERCI RIVERAINS !


 


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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 12:54

 

 

Le Monde.fr | 01.08.2012 à 09h48

Par Didier Cozin, ingénieur de formation professionnelle


 

Autrefois de nombreuses entreprises arboraient en France le fier qualificatif d'"import-export". En ces temps - pas si reculés - le commerce consistait en un échange de produits et services réalisés dans son propre pays contre des biens ou des services réalisés ailleurs du fait de la géographie, des économies spécialisées ou des conditions du marché.

Aujourd'hui en France tout concourt à faire de notre pays une "grosse économie" paresseuse et dépendante des créanciers qui se contente d'importer tout ce qu'elle n'a pas (plus) le courage et l'envie de produire.

Prenons simplement trois exemples emblématiques de notre économie de la consommation :

- la téléphonie mobile : jadis (il y a moins de 15 ans) lors du lancement de ce service des constructeurs français étaient présents (Sagem ou Alcatel) et vendaient des téléphones de qualité, produits souvent en France, aux côtés de Nokia ou de Siemens, autres marques européennes qui produisaient sur le continent. Aujourd'hui la téléphonie mobile compte pour 5 milliards d'euros dans le déficit du commerce extérieur, plus aucun téléphone n'est fabriqué en France depuis des années (Alcatel signant des téléphones low cost produits en Chine). Pis encore, si on fait le compte des équipements professionnels de télécommunication, des applications téléchargées sur les différents "markets" par les utilisateurs et évidemment de la vente des téléphones, on peut dire que cette activité est devenue une source massive d'évasion de richesses et de perte d'indépendance pour notre pays (ne parlons pas d'Internet non plus).

- l'automobile : il y a 10 ans encore l'automobile participait à hauteur de 10 milliards d'euros au solde positif de notre commerce extérieur. Aujourd'hui le solde négatif est d'environ 5 milliards d'euros - mais combien dans les prochaines années ? Si Renault, malgré la conjoncture morose, gagne encore de l'argent c'est à la fois sur des marchés étrangers (hors Europe) mais aussi et surtout parce qu'il produit à bas coût hors de France. Avec un taux d'occupation des usines de 60 % en France on peut estimer que les droits à polluer permettent d'assurer les paies des salariés qui produisent (et produiront) de moins en moins. A un moment ou à un autre il faudra bien fermer nos usines - ou alors accepter qu'elles ne servent plus que de musées du XXe siècle industriel.

- l'alimentation : c'est toujours un secteur porteur et qui apporte un excédent annuel (en 2011) de près de 11 milliards à notre commerce extérieur. Mais attention : nos produits sont bien peu positionnés sur l'air du temps : bio, sans engrais ni pesticides. Là encore nous n'avons pas pris les bonnes décisions il y a 10 ou 15 ans et le coût de la main d'œuvre agricole pèse de plus en plus sur nos prix.

Qu'en déduire sinon que notre pays n'aime plus guère produire, qu'il se croit encore en position dominante d'Empire pouvant dicter ses lois économiques au monde entier et que si nous n'abandonnons pas très vite le mythe de relance keynésienne par la consommation nous deviendrons collectivement un pays d'assistés, dépendant du crédit des autres, visité comme un musée des XIXe et XXe siècles mais certainement pas comme une nation capable de fournir des solutions ou des services pour l'avenir - qui avec 7 milliards de terriens sera laborieux ou ne sera pas.

Didier Cozin, ingénieur de formation professionnelle

 

 

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