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10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 22:09

 

 

 

Le Conseil constitutionnel, très largement acquis au néo-libéralisme (Giscard d'Estaing a participé à la délibération sur le TSCG - voir note ci-dessous), vient de faillir à sa mission de protecteur de la Constitution de la République.

Le TSCG contient des dispositions qui affaiblissent le pouvoir de la représentation nationale, puisque les dispositions du TSCG doivent, dit le texte, être transcrites dans le droit national par des "dispositions contraignantes et permanentes" .

Le Conseil constitutionnel estime que le TSCG « ne comporte pas de clause contraire à la Constitution. »

Au-delà de la forme juridique qui sera finalement retenue (dans une loi organique, grâce au feu vert du Conseil constitutionnel), c'est pourtant bien d'une pratique nouvelle dont il s'agit : imposer de manière contraignante et permanente l'absence de déficit.

Il s'agit donc bien d'enlever aux élus une prérogative du Parlement telle qu'elle est inscrite aux articles 24, 34, 47 de la Constitution qui confient à la loi, donc aux élus, les choix budgétaires. Avec le TSCG, les choix des élus seront désormais limités. Une démocratie qui ampute les choix des représentants du peuple n'est plus une démocratie.

Il s'agit bien d'une amputation nouvelle de la souveraineté nationale. Et celle-ci n'est compensée en aucune façon par un accroissement des compétences du Parlement européen, seule institution européenne issue du suffrage universel dont les élus sont, eux aussi, très largement amputés dans leur liberté de choisir.

Ce qui confirme une fois de plus que ce qui s'appelle la "construction européenne" est en réalité une destruction démocratique.

Le candidat Hollande s'était engagé à "renégocier" le TSCG. C’est sur cette promesse qu’il a été élu. Aujourd’hui, le Président Hollande soumet le TSCG à la ratification sans que la moindre virgule ait été modifiée par rapport au texte voulu par Merkel et Sarkozy.

On savait que le PS n'était digne d'aucune confiance dès qu'il s'agit de l'Union européenne. Ses engagements n'engagent que les naïfs qui y croient. Ainsi, Jospin avait-il promis en 1997 de renégocier le traité d'Amsterdam. Il ne l'a pas fait. Hollande s'était engagé en 2007 à ce qu'il n'y ait pas de nouveau traité sans référendum. On se souvient que le PS a apporté en 2008 son indispensable soutien à la ratification du traité de Lisbonne.

Aujourd'hui, une institution dominée par les néo-libéraux vient en aide à un Président qui avait promis de donner une nouvelle orientation à l'Europe. On voit ce qu'il en est : plus ça change, plus c'est la même chose.

Avec le PS, pas plus qu'avec l'UMP, la correction démocratique et sociale des politiques européennes n'est pas pour demain.

rmj

Note :

Ont participé à la délibération du  Conseil constitutionnel dans sa séance du 9 août 2012, où siégeaient : M. Jean-Louis DEBRÉ, Président, M. Jacques BARROT, Mme Claire BAZY MALAURIE, MM. Guy CANIVET, Michel CHARASSE, Renaud DENOIX de SAINT MARC, Valéry GISCARD d'ESTAING, Mme Jacqueline de GUILLENCHMIDT, MM. Hubert HAENEL et Pierre STEINMETZ.

 

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10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 21:53

Certains chiffres balayent tous les discours. Selon une étude de la CNAF (Caisse nationale des allocations familiales) parue cet été, 35 % des bénéficiaires potentiels du “RSA socle” (l’ancien RMI) ne le demandent pas. Le taux grimpe à 68 % pour le “RSA activité” (le complément de salaire proposé aux travailleurs pauvres). Pour Martin Hirsch, ancien Haut commissaire aux solidarité actives et père du RSA, « ces chiffres clouent le bec à tous ceux qui pensent que la France est un pays d’assistés ». De tels pourcentages montrent cependant que le RSA a largement manqué sa cible.

 

Le figaro magazine, juin 2011 
Le figaro magazine, juin 2011

 

La faute au discours alors tenu par certains ministres, comme Laurent Wauquiez, qui avait parlé de l’assistanat comme du « cancer de la société » ? Martin Hirsch, qui a fait partie des gouvernements Fillon de 2007 à mars 2010, en est persuadé. Il estime que « la seule chose qu’on a pu entendre sur le RSA, c’est ce parasitage avec l’assistanat. À côté de ça, l’accent a seulement été mis sur le fait que cela remplaçait le RMI. Comme si le RSA n’était pas assumable ».

Martin Hirsch avoue qu’au lancement du RSA-activité, il tablait sur « un taux de non recours de 40 % au bout de 18 mois ». On en est loin. « Oui, mais il n’y a pas eu une campagne d’information en trois ans sur le RSA, depuis celle menée en juin 2009. Sur le service civique (Martin Hirsch préside l’agence du service civique –ndlr), il y en a une tous les trois mois. Un nouveau dispositif nécessite des informations régulières. »

Au-delà du discours politique, l’ancien Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté est persuadé que le gouvernement a opéré un arbitrage budgétaire. Selon l’étude de la CNAF, qui complète une enquête de la DARES, le taux de non-recours global au RSA représenterait en effet une économie de 5,2 milliards d’euros par an.

Pour y voir plus clair,  la CNAF a donc cherché à comprendre les raisons qui pouvaient conduire à ne pas demander son RSA. Plus de 3 000 personnes ont été interrogées.

Résultat : 11 % n’en ont jamais entendu parler. À l’inverse, 35 % des non-recourants ont déjà bénéficié du RSA par le passé, mais ne le demandaient plus au moment de l’enquête (souvent en raison de situations compliquées, de déménagements, de difficultés avec la Caf dans le calcul du droit, etc.)

Parmi ceux qui connaissent le RSA (ou plutôt pensent le connaître), 35 % sont certains, à tort, de ne pas y avoir droit.

Plus perturbant encore : parmi ceux qui savent qu’ils peuvent en bénéficier, 40 % disent se débrouiller financièrement. 28 % en font une question de principe : ils « n’ont pas envie de dépendre de l’aide sociale, de devoir quelque chose à l’État ».

 

 

Ces chiffres sont à prendre avec des pincettes. Comme toutes les enquêtes quantitatives, les réponses proposées ont déjà été formulées. Et il est impossible d’être certain de la sincérité des réponses données. Peut-être est-il plus facile de déclarer qu’on n’a pas besoin de cet argent que d’avouer ne pas avoir été capable de remplir le questionnaire exigé.

Cependant, de tels taux interpellent. La volonté de ne pas être stigmatisé l’emporterait dans bien des cas sur la possibilité de toucher un complément de revenus.

« Essayez donc de joindre certaines CAF au téléphone »

 

 

Martin Hirsch y voit un échec : « Les gens pensent qu’on est plus dépendants de l’État quand on demande 150 euros de RSA que quand on touche 150 euros d’allocations logement. Alors que c’est une aide comme une autre.»

Dominique Méda, ancienne directrice de recherches au Centre d'études de l'emploi (CEE), avait anticipé ces difficultés depuis longtemps : « Les gens ne veulent pas être transformés en demandeurs d’aide sociale alors qu’ils se considèrent comme des salariés normaux. Pour eux, il est hors de question d’aller quémander quelque chose. »

Son analyse rejoint celle, ancienne aussi, d’Evelyne Serverin, directrice de recherche à l'IRERP-Université Paris X Nanterre : « Ma seule surprise à la vue de cette enquête, c’est qu’on déploie autant d’efforts pour démontrer de telles évidences. Dès qu’on calibre une allocation sur une mécanique de demande, on crée un fort taux de non recours. »

Selon la chercheuse, « le RSA est une chimère de laboratoire. Pour toucher la prime pour l’emploi, il suffit de cocher une croix. Avec le RSA, il faut remplir un dossier extrêmement compliqué. Il y a les architectes qui construisent des bâtiments improbables et à qui on a envie de dire: “Habitez dedans pour voir !”. C’est pareil avec les fondateurs du RSA».

Antoine Math, chercheur à l’INED, explique : « Plus les prestations sont complexes et changeantes, plus le non-recours est élevé. Or le RSA-activité nécessite de réactualiser son dossier tous les trois mois. » Sans avoir fait Math-sup, difficile de calculer sa future allocation. Ni même de savoir si on y a bien droit.

« Certains renoncent aussi parce qu’ils savent qu’ils vont devoir y passer plusieurs demi-journées pour toucher au final quelques dizaines d’euros, explique Yannick L’Horty, directeur de la fédération de recherche du CNRS « Travail, emploi et politiques publiques » et membre du comité d’évaluation du RSA, aujourd’hui désintégré. Pendant ce temps-là, ils ne peuvent pas travailler ou rechercher un emploi ».

Des démarches chronophages donc, mais aussi complexes: «Dans les élites, on sous estime l’obstacle du langage écrit et administratif. Un cadre sup’ règle son problème en trois clics. Mais tout le monde n’a pas accès au numérique, et tout le monde n’a pas la même aisance. 9% de la population française est illettrée.» Dont 15% des chômeurs, selon une étude de 2005.

Or, selon le chercheur de l’INED, «les efforts de rationalisation par la RGPP (révision générale des politiques publiques) font que les travailleurs sociaux comme les personnes au guichet ont moins de temps pour aider les allocataires. Essayez donc de joindre certaines CAF au téléphone: commencez le matin, vous me direz le soir si vous avez eu quelqu’un en ligne!»

De plus, selon Antoine Math, l’administration ne serait pas toujours bienveillante. «Les agents des CAF ne sont pas vaccinés face au discours ambiant: on voit sur le terrain des cas de défiance vis à vis des «assistés». Des agents contestent des pièces, des revenus. Parfois, cela peut se traduire par une simple absence d’aide.»

Certains non recourant n’ont par ailleurs aucune envie de répondre aux questions formulées: «Personne ne peut vivre avec 470 euros par mois, témoigne Nicole Maestracci, ancienne présidente de la FNARS et ancienne membre du comité d’évaluation du RSA. On fait donc face à une population qui bricole, parfois de façon un peu limite en travaillant au noir. Ces personnes craignent une intrusion, des vérifications. De façon générale, plus les gens sont pauvres, plus ils sont méfiants vis à vis de l’Etat.

Martin Hirsch dit s’interroger: «Je ne sais pas si on peut faire un système simple et en même temps sécurisé, où on serait certain que personne ne touche le RSA indûment.»

Il n’empêche: la volonté, louable au  départ, d’individualiser les aides et de coller au plus près des situations, ne s’est pas montrée aussi efficace que prévu pour réduire la pauvreté. Alors qu’on s’attendait à une montée en puissance du dispositif, le nombre de bénéficiaires du RSA est stable depuis mi-2010, «ce qui n’exclut pas un fort turn-over des bénéficiaires», précise la CNAF.

 

EDF s'est résolu à agir

Martin Hirsch tempère : « Moi, le chiffre qui me frappe le plus dans cette étude, c’est le non-recours au RSA-socle, 20 ans après la mise en œuvre du RMI. C’est une allocation devenue familière, simple d’accès et on a encore un tiers de non-recours. Cela relativise le non-recours au RSA-activité. »

Ce taux d’un tiers se révèle à peu près similaire à celui observé au début des années 2000 pour le RMI. Mais le phénomène du non-recours, peu étudié, est en fait bien plus large.

«Aucun chiffrage global n’existe en France », regrette Philippe Warin, chercheur en analyse des politiques publiques et responsable scientifique d’Odenore (Observatoire des non-recours aux droits et services).

Pourtant, le montant des fraudes sociales aux prestations versées, qui a tant fait parler pendant la campagne présidentielle, ne représente chaque année, selon la Cour des comptes “que” 2 à 3 milliards d’euros (fraudes et erreurs mélangées). Soit beaucoup moins que les 5,2 milliards de RSA non versés.

En Grande Bretagne, le National Audit Office (équivalent de notre Cour des comptes) établit annuellement le montant du non-recours, qui se révèle plus de cinq fois supérieur à celui de la fraude : 16 milliards de livres contre 3 milliards.

Une étude de l’OCDE datant de 2004 montre que des proportions de non-recours à peu près comparables sont observées dans tous les grands pays européens. « La Belgique et les Pays-Bas ont commencé à mettre en place plus de procédures de versements automatisées pour réduire l’ampleur du problème », explique Philippe Warin.

En France, si les allocations logements et les prestations familiales sont très largement touchées, le (très) mauvais exemple est donné par l’ACS (Aide à l’acquisition d’une complémentaire santé). Cette aide est censée financer une partie de la mutuelle des foyers qui gagnent un peu trop pour bénéficier de la CMU (couverture maladie universelle). Mais le système est une telle usine à gaz que le non-recours concerne 78 % des bénéficiaires potentiels.

Face à de telles lacunes, il est pourtant possible d’agir. Fortement incité à le faire, EDF s’y est résolu. Résultat : alors qu’en mars 2012, seuls 650 000 usagers profitaient des tarifs de première nécessité sur 2 millions de bénéficiaires potentiels, la nouvelle procédure automatisée à fait grimper le chiffre à 950 000 aujourd’hui, selon EDF, « et sûrement 1,1 million d’ici la fin de l’année ».

Le changement a été rendu possible par la transmission de fichiers renseignant sur les ressources des usagers. « Si des transmissions de données étaient rendues possibles pour le RSA, comme nous l’avions envisagé au départ, il suffirait d’envoyer un courrier aux bénéficiaires potentiels, qui n’auraient qu’à confirmer l’exactitude des données », plaide Martin Hirsch, qui souhaite que le gouvernement Ayrault sorte le RSA de « l’inertie » dans laquelle il est tombé.

 

 

Mais en France, le non-recours n’a pour l’instant guère mobilisé les acteurs publics. « Vu les sommes en jeu, cela fait peur à l’État, explique Nicole Maestracci. Mais il faudrait aussi calculer ce que coûte à moyen terme à la société, notamment par les dépenses de santé publique, le fait laisser des personnes au bord du chemin. À coup sûr beaucoup plus. »


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9 août 2012 4 09 /08 /août /2012 20:38

 

 

 

Le mercredi 08 août, un homme de 51 ans, s'est rendu à la CAF de Mantes-la-Jolie dans les Yvelines, pour tenter de sauvegarder son RSA..., sa seule bouée de sauvetage... ! Bataillant pour une histoire de papier manquant depuis le mois de mai..., ce quinquagénaire a appris que son seul revenu de subsistance... - un RSA ne pèse pas lourd face aux dépenses pour le logement, des factures diverses qui explosent, et des déplacement puis la nourriture qui augmentent avec ce qu'il reste... - allait être suspendu... ! Dans un silence glacial et certainement du à un désespoir profond..., cette suspension incompréhensible d'un des droits fondamentaux de notre constitution..., a conduit ce pauvre, au sens stricte du terme, à envisager la pire des solutions..., soit..., il s'est immolé dans les locaux de cette administration, devant les employés(es) et d'autres tributaires de prestation, très choqués... !

Cette information a été largement diffusée sur l'ensemble des médias hébétant leur auditoires (chaînes d'info continue) à longueur de journée..., avec un tout fait de rien..., en ne présentant que l'impact psychologique tragique que les employés(es) et d'autres ont pu subir... ! Certes..., cet aspect des choses n'est pas négligeable et méritait d'être traité... ! Mais dans son développement et son approche réductrice..., de ce coté là du guichet..., il n'a fait que montrer une seule forme de souffrance, mais pas celle de la pauvre victime aujourd'hui hospitalisée avec un pronostic vital réservé... ! Mais pire encore..., c'est une forme d'autisme médiatique et peut être aussi politique (aucun des représentants du gouvernement et autres à cette heure se sont exprimés sur ce sujet..., bonnes vacances...?) plus grave qui s’installe dans cette manière d'aborder l'information... ! Il n'a été prononcé aucun mot, au cours des reportages visionnés, à l'encontre de la douleur de la famille de cet homme déchu de ses droits..., qui..., il est sur..., même si elle n'a peut être pas souhaité témoigner, devait être plus que peinée d'apprendre cet acte suicidaire... ! Par ce biais..., en tronquant, déformant..., un fait d'actualité..., en suscitant une compassion légitime mais réductrice, uniquement sur les employés(es) et autres personnes choqués(es)..., c'est l'ensemble des personnes se voyant radiée et/ou suspendues de la même manière, qui sont alors considérées comme secondaires, voir insultées, dans la hiérarchisation et l'agencement des mots..., de cette information bouleversante tout de même... !

Rappelons qu'en France, la pauvreté ne cesse de croître et d’après le rapport de 2011 du MNCP (voir bas de page 13), c'est plus de 2 millions de personnes qui vivent avec pas plus de 15 euros/jour... ! Là existe une notion du revenu minimum vital qu'il convient de revoir d'urgence surtout si on le ramène à l'autre bout de l'échelle, comme par exemple, le montant journalier de M. Bernard Arnault (LVMH) qui est de 24 658 euros/jour rien que pour la part salariale (sans les revenus du patrimoine et autres primes...)... ! Chercher l'erreur... !!!!

Je vous propose de vous forger votre interprétation en visionnant deux journaux comme exemple des propos que je vous présente.., et d'en tirer les conclusions qui en découlent ici et la... !

Je vous communique aussi un courrier du Mouvement National des Chômeurs et Précaires, le MNCP, qui a communiqué à ce sujet.

 

RSA : effroi et compassion après une tentative de suicide à la CAF

C’est avec effroi et compassion que le MNCP a appris la triste nouvelle de l’immolation par le feu d’un homme privé de son RSA dans les locaux de la CAF de Mantes-la-Jolie (Yvelines) ce mercredi 08 août. Nous lui exprimons notre soutien, en espérant de tout cœur son prompt rétablissement.

Cet acte illustre de façon dramatique le désespoir d’un grand nombre de chômeurs. Le manque de réponse des pouvoirs publics à l’urgence sociale, partout en Europe, se traduit par une vague de suicides sans précédent.

Dans son rapport 2011 sur la situation des chômeurs et précaires, le MNCP attirait l’attention sur cette situation. On pouvait lire notamment :

« Le suicide au sein des entreprises privées ou publiques est devenue une question de société que les médias prennent désormais en compte surtout depuis l’affaire France Télécom. Les suicides de chômeurs n’ont pas cette visibilité. On meurt encore du chômage dans le silence de la presse, des pouvoirs publics et des responsables politiques. »*

Bien entendu, il n’est pas question pour le MNCP d’encourager des tels actes de désespérance. Nous appelons les chômeurs et précaires à l’action et à la solidarité contre le chômage, ce qui est la manière la plus efficace pour que de tels drames ne se reproduisent pas.

Mais le MNCP constate que face à la profondeur de la crise les pouvoirs publics ne répondent pas à la demande de soutien réclamé par les associations de chômeurs et que la situation exige.

 

L'organisation d'un mouvement national de solidarité et de soutien..., une marche blanche par exemple..., envers cette victime et toutes les autres victimes d'un système et d'une philosophie qu'il devient urgent de corriger..., permettrait de prouver notre forte mobilisation et notre vive émotion ressentie, ainsi que notre désir d'être bien entendu et compris dans la perceptive des prochaines négociations au cours du sommet social de la rentré.. !

 

 ! Pensez à suivre le nombre de signataires et les 15 mesures d'urgences du manifeste roosevelt 2012... !

 

 

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9 août 2012 4 09 /08 /août /2012 20:28

 

 

Mercredi 8 août, un allocataire de 51 ans s’est immolé dans le bureau de son conseiller CAF à Mantes-la-Jolie, deux mois après avoir perdu son RSA. Selon la préfecture, ses brulûres « ne seraient pas mortelles ». Aussi spectaculaire soit-il, cet événement pose la question du lien entre précarité, chômage et suicide. Pourtant, avec 4,4 millions de chômeurs en juillet 2012, contre 4,1 millions il y a un an, rien n’est fait au plus haut niveau pour prévenir ces drames.

Surtout, selon les associations de défense des chômeurs et précaires, la tentative de suicide de Mantes-la-Jolie serait l’arbre qui cache la forêt : « Une immolation se produit toujours en public pour prendre d’autres personnes à témoin et faire de ce geste une contestation, analyse Michel Debout, psychiatre, médecin légiste et spécialiste du suicide. Cela témoigne de la situation de beaucoup d’autres car s'il avait été le seul, il n’y aurait eu aucune résonance sociale. »

Le drame de Mantes-la-Jolie ne surprend pas Robert Crémieux, membre et ancien président du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP) pour qui « cela confirme notre intuition sur la question du suicide des personnes précaires et chômeuses. On a toujours été confronté à ce genre de choses depuis 25 ans (date de la création du MNCP  ndlr). C’est ce qu’on constate dans nos associations de façon empirique ».

Michel Debout, quant à lui, n’hésite pas à dénoncer une « non-assistance à personne en danger ». Le 23 mai 2011, il tire la sonnette d’alarme en publiant dans Libération, avec 44 personnalités, un appel demandant la création d’un observatoire des suicides, dont le rôle serait de collecter les données relatives au suicide et de préconiser des actions de prévention. « L’observatoire permettrait qu’on ne soit pas deux fois abandonné. »

« Nous avons bien un observatoire de la délinquance, c’est très bien car la délinquance provoque aussi des souffrances humaines. Mais, si on raisonne en terme de mortalité, les crimes font 900 morts par an, les suicides 11 000. C’est une incohérence en matière de santé publique », affirme Michel Debout.

Le professeur, ainsi que le Mouvement national des précaires et chômeurs, plaide pour l’accent soit mis sur la prévention. Ils réclament la mise en place d’une « médecine des chômeurs », car « quand on a du travail, on a une médecine du travail, on est suivi médicalement. Mais, quand on perd son travail, on perd la médecine qui va avec».

 

En Grèce, en Italie...

« A minima, le gouvernement devrait lancer des enquêtes épidémiologiques pour qu’on connaisse mieux le phénomène », affirme Robert Crémieux. Car de façon officielle aucune statistique, ni même étude n’existe sur le sujet des suicides liés au « mal-travail » ou au « non-travail », bien moins retentissants que les suicides liés au travail comme ceux de France Télécom en 2010. Sans avoir non plus de chiffres précis, SOS détresse amitié « constate effectivement une augmentation des appels de personnes suicidaires pour des raisons économiques ».

Le seul organisme récoltant ces données en France est l’Institut national de santé et de recherche médicale (Inserm). Mais Michel Debout explique qu’il faut deux ans à l’institut pour récolter les données, le temps que les informations remontent de chaque département. « On ne peut donc pas suivre correctement l’évolution », déplore-t-il.

Pour prendre les devants, le professeur Michel Debout a bricolé une méthode statistique pour mesurer l’ampleur du phénomène. En calculant le nombre de chômeurs supplémentaires entre 2009 et 2011 en France et en lui appliquant l’indicateur de taux de suicide de l’observatoire de la santé, le psychiatre estime que 750 suicides ont été liés à ce qu’il appelle « l’effet chômage ». Cette estimation reste cependant très partielle car « ce calcul ne prend en compte que l’effet chômage et en tient pas compte de l’effet précarité, surendettement, bref de l’effet crise globale », précise-t-il.

Dans une Europe en crise soumise à l’austérité et au chômage, ce n’est pas la première fois que des personnes qui ne peuvent plus joindre les deux bouts, celles pour qui tout s'écroulent, se donnent la mort en public. En Italie, en mai 2012, un maçon, poursuivi pour fraude fiscale à Bologne et un salarié de Vérone, qui n'était plus payé depuis des mois, s’étaient immolés. Un mois auparavant, un retraité s’était tiré une balle dans la tête au milieu de la place Syntagma à Athènes, un geste qui avait choqué toute l’Europe. Dans une lettre laissée dans sa poche, il disait : « Je ne m’abaisserai pas à faire les poubelles pour me nourrir. »

« Cette crise est certes financière et économique, mais elle est aussi sociale et humaine, affirme Michel Debout. C’est la même chose qu’en 1929. La crise avait provoqué une augmentation des suicides, notamment aux USA, mais avec un effet différé. Le pic avait été observé en 1932. » Le taux de suicide était en effet passé de 12,3 pour 100 000 en 1920 à 21,3 en 1932. L’histoire semble se répèter, notamment en Grèce. Alors que la crise frappe le pays en 2008, le nombre de suicides explose de 40 % rien qu’entre le premier semestre 2010 et le premier semestre 2011. « C'est pour cela qu'on aurait dû agir en France dès 2009 », déplore Michel Debout.

Après l’immolation de cet homme dans les locaux de la CAF de Mantes-la-Jolie, les associations attendent que le gouvernement réagisse. Tandis que le Mouvement national des chômeurs et précaires « demande une rencontre avec les pouvoirs publics pour qu’ils mettent d’urgence en place un filet de sécurité au niveau de la santé des chômeurs », le professeur Debout sera reçu à la rentrée par le conseiller social du premier ministre.

 

 

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8 août 2012 3 08 /08 /août /2012 21:44


Il n’y a pas que l’industrie automobile et PSA, la rentrée sociale et la rentrée scolaire, qui animeront le mois de septembre. Pris dans des coupes budgétaires toujours plus importantes, le personnel des hôpitaux public pourrait rejoindre la danse. « Le personnel hospitalier se trouve dans une situation de tension importante. Et si les attentes sont déçues, cela pourrait déboucher sur un mouvement de colère », prévient Christophe Prudhomme, médecin urgentiste CGT santé et porte parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF). « Nous sommes en train de réfléchir à des moyens d’action pour la rentrée », confirme de son côté Henri Lelièvre, chirurgien orthopédiste au Centre hospitalier sud-francilien (CHSF) et président de l’association Sauvons notre hôpital public.

Le centre hospitalier sud francilien (CHSF) 
Le centre hospitalier sud francilien (CHSF)
Car « si on vous met dans une situation où vous ne pouvez pas traiter correctement vos patients» c'est certes pénible pour les malades, mais pour les praticiens aussi «c’est dur psychologiquement et les arrêts maladie se multiplient, poursuit le chirurgien se remémorant l'infarctus de son collègue chirurgien orthopédique. C’est le même mécanisme que le harcèlement. Les gens essayent de compenser le manque de personnel en travaillant plus dur. On aboutit à une situation de souffrance aigüe au travail.»

En juin 2012, le personnel du service orthopédique du CHSF avait déjà sonné la sonnette d’alarme. Tandis que des aides soignantes absentes pour congés ou arrêt maladie n’avaient pas été remplacées et que la direction annonçait que le service orthopédique perdra trois infirmières dès la rentrée, la colère explose et le service se met en grève. Le docteur Lelièvre entame une grève de la faim. Trois heures de jeûne auront suffit pour que le service obtienne le maintien des infirmières, l’ouverture d’un bloc supplémentaire, l’ouverture de 8 lits à la rentrée ainsi que l’embauche de 2 chirurgiens pour novembre. Mais le chirurgien reste sceptique quant à ces annonces.« Pour ouvrir de nouveaux lits, il faut avoir prévu assez d’infirmières ce dont je doute et pour embaucher des chirurgiens, il faut prévoir des salles sinon ils s’en iront, comme d’autres avant », affirme-t-il en précisant que depuis la création du CHSF 9 chirurgiens ont démissionné. « La plupart sont allés dans le privé », déplore-t-il.

L’engagement du gouvernement pris à la fin du mois de juillet d’allouer aux hôpitaux publics une partie des 10 milliards d'euros du grand emprunt laissés vacants par l’ancien gouvernement ne rassure qu’à moitié. Le montant précis de ce coup de pouce reste à déterminer mais une chose est sûre, il ne saura endiguer les déficits des hôpitaux publics qui ne cessent de se creuser. Ils ont en effet triplé en 10 ans pour dépasser aujourd’hui les 24 milliards d’euros. L’hôpital public a vu son nombre de lits passer de 305 000 en 2003 à 270 000 en 2010, selon les données collectées par l’Insee. En attendant des engagements forts de la part du nouveau gouvernement, le malaise dans la fonction publique hospitalière demeure entier.

« Le service orthopédie est le service qui ramère le plus d’argent à l’hôpital. Il n’y a même pas d’argent pour les activités qui rapportent de l’argent. La direction y a pourtant intérêt », déplore Henri Lelièvre selon qui « les économies faites ont coûté de l’argent ».
Loyer de l'hôpital: 51 millions d'euros en 2013

Le cas de l’hôpital sud-francilien, à cheval sur les communes de Corbeil-Essonne et d’Evry, illustre à lui seul les conséquences en terme d’offre de soin des problèmes de financements des hôpitaux publics et de la « privatisation du service public de santé », dénoncé par les syndicats.

Aujourd’hui, sur les 1000 lits prévus lors de sa construction en 2011, environ 900 sont ouverts et seuls 8 blocs opératoires sur 20 sont en état de fonctionner. Des parties entières de cet hôpital démesuré reste inutilisées alors qu’elles sont déjà équipées. Ainsi, une partie de ce qui devait accueillir le service de radiographie, est actuellement occupée par les permanences syndicales. Selon le docteur Lelièvre, l’ouverture des lits et blocs restant permettrait de générer davantage d’activité et donc de renflouer les caisses de l’hôpital, selon le principe de la T2A (tarification à l’activité). C’est d’autant plus vrai qu’en orthopédie, les opérations sont souvent coûteuses.

Mais le fiasco de son démarrage est à l'image du gigantisme du projet.

 

Une salle de réveil du CHSF, équipée mais pourtant inutilisée 
Une salle de réveil du CHSF, équipée mais pourtant inutilisée


Flambant neufs, les 110 000 m2 du CHSF se dressent à côté du Génopole d’Evry et couvrent un territoire de santé de 600 000 personnes. Né pour accueillir la fusion des hôpitaux d'Évry-Courcouronnes et de Corbeil-Essonnes, la construction du CHSF s'est fait dans le cadre du plus gros partenariat public-privé (PPP) dans le milieu hospitalier. Signé en 2006 par le ministre de la santé de l’époque Xavier Bertrand, le contrat qui lie l’hôpital au constructeur, une filiale d'Eiffage, prend la forme d'un bail emphytéotique, ce type de baux immobiliers de très longue durée qui confère au preneur, un droit réel sur la chose donnée à bail: Ainsi dans le cas de cet hôpital, le contrat d'origine prévoit que l’hôpital verse, sur son budget de fonctionnement, 30 millions d’euros par an pour le loyer et la maintenance des locaux. Au bout de 30 ans, l’Etat devient propriétaire des lieux.

Sauf qu’à la livraison en janvier 2011, entre la légionelle retrouvée dans l'eau et les gainages des tuyaux de gaz qui n'avaient pas été séparés, 8000 malfaçons ont été relevées, rendant impossible l’ouverture de l’hôpital au public. Prévu pour l'être au printemps 2011, le CHSF n’a été opérationnel qu’au début de l’année 2012. De nouveaux travaux ont entre temps été effectués, ce qui a engendré un surcoût de 175 millions d'euros répercuté par Eiffage sur le loyer annuel. Ainsi, en 2011, l’hôpital a dû débourser 38 millions d’euros alors que les locaux du CHSF étaient encore vides. En 2012, il s’apprête à payer 46 millions et on parle déjà d’un loyer à 51 millions en 2013. Avec 230 millions euros de budget, l’hôpital, malgré la suppression en cours de route de certains services, comme la radiographie, reste en déficit. Il s’éleverait à environ 20 millions cette année.

Par ailleurs, le contrat prévoit que ce soit Eiffage qui prenne en charge les travaux et réparations à réaliser dans l’hôpital, sans appel d’offre. Résultat : des prix prohibitifs sont pratiqués et viennent alourdir le loyer en fin d’année. Ainsi, au rez-de-chaussée, les deux fenêtres installées pour donner de la lumière à un bureau de secrétaires ont chacune été facturées 26 000 euros. « Eiffage a déjà la rente sur les autoroutes et maintenant sur les hôpitaux avec des marges honteuses, sur le dos de la sécurité sociale », s’indigne Christophe Prudhomme de la CGT. « Le problème du PPP, est que c’est à la fois un produit construit mais aussi un produit financier qu’il s’agit de rentabiliser », ajoute Claude Combrisson, représentant des usagers au sein de l’association Sauvons notre hôpital public.

La cour régionale des comptes estime, dans un rapport de septembre 2010, que le PPP coûtera au final 1,188 milliard d’euros, pour un coût de construction de 344 millions.

 

Interimaires remerciés, salles fermées

Le docteur Henri Lelièvre explique que la situation financière du CHSF pousse la direction de l’hôpital à « faire des économies de bout de chandelle ». La direction a en effet mené une politique de réduction des dépenses et a ainsi économisé 14 millions d'euros en 2010, 20 en 2011 et 29 en 2012, selon les chiffres de la cour régionale des comptes. Cela s'est traduit par la suppression de 160 postes ces trois dernières années.

Les économies touchent notamment le service d’orthopédie. A l’heure actuelle, deux chirurgiens se partagent deux blocs opératoires pour 28 lits ouverts (sur 44 prévus lors de la construction) et trois équipes de trois infirmières se relaient en 3x8.

« Quand il y a eu la fusion des hôpitaux de Corbeil et d’Evry, il devait y avoir trois salles pour opérer, raconte-t-il. C’est ce que l’Agence régionale de santé avait calculé selon l’activité des deux services fusionnés. Il y avait une salle d’opération pour chaque service et nous devions partager une autre salle pour la traumatologie et les urgences. Par la suite, on nous a dit que nous faisions moins d’activité que prévu –forcément avec une salle en moins–, donc la salle n’a pas été ouverte. »

L’activité de l’orthopédie a subi une autre coup de frein avec la suppression des postes d’intérimaires qui travaillaient dans les blocs opératoires. « Donc à  présent, si vous avez une urgence, comme une péritonite, on se débrouille pour vous trouver une place mais si vous avez une opération considérée comme moins importante, comme une fracture de la jambe, vous n’avez pas de salle », explique Henri Lelièvre.

Résultats pour les patients, les délais pour se faire opérer s’allongent. « Si on ne peut pas vous donner de rendez-vous au bout de deux jours, la réaction normale c’est d’aller voir les cliniques privées, nombreuses autour du CHSF, affirme Claude Combrisson, le représentant des usagers de l’association Sauvons notre hôpital public. Mais la majorité des gens qui vont à l’hôpital public ne peuvent pas faire autrement pour des raisons financières. Un gouvernement de gauche se doit de faire quelque chose.»

Les 10 milliards d'euros annoncés seront-ils suffisants ?

 


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8 août 2012 3 08 /08 /août /2012 21:32

 

Les marins naviguant dans les mers tropicales connaissent parfaitement ce moment et le redoutent : cet œil du cyclone où les éléments s’apaisent, annonçant non pas l’accalmie mais le déchaînement à venir. Et il semble que l’économie mondiale est à ce moment-là. Tout paraît suspendu. Les vacances d’été, les jeux olympiques offrent une distraction, tandis que les responsables politiques sont partis en vacances, laissant accroire que tout est sous contrôle. On ne parle de rien. Pourtant, c’est l’été de tous les dangers. Le dérèglement de la crise ne cesse de s’approfondir.

Chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles. La plus importante de la journée est la confirmation d’une situation que les Européens ont anticipée depuis plusieurs semaines : l’Europe dans son entier entre en récession. Après la Grèce, l’Espagne, l’Italie , le Portugal, ce sont désormais les économies centrales européennes qui sont atteintes.

La France, selon les estimations de la Banque de France, devrait connaître un recul de 0,1% de son PIB au  deuxième et troisième trimestre. La Banque d’Angleterre a dû reconnaître ce jeudi 8 août, que ses prévisions passées étaient erronées :  après deux trimestres de recul de l’activité, l’économie britannique ne peut plus espérer finir 2012 en croissance, comme la banque centrale l’avait escompté auparavant.

Les statistiques du commerce extérieur allemand, publiés aussi ce jeudi, sont venus confirmer les appréhensions : le moteur allemand, censé entraîner le reste de l’Europe, est lui aussi en train de s’étouffer. Si l’Allemagne enregistre encore un  excédent commercial de 16,2 milliards d’euros au mois de juin, l’essentiel provient d’une chute de plus de 3% de ses importations, alors que ses exportations commencent à baisser. Un ralentissement que connaissent aussi les exportations françaises, accentuant encore le déficit commercial  ( 34,9 milliards d’euros) de la France au 1 er semestre.

Le plus surprenant est que cette dégradation semble prendre tout le monde de court. Des banques centrales aux instituts de statistiques, ils se sont tous trompés depuis le début de l’année, n’anticipant pas la récession, et surtout la vitesse à laquelle elle s’opère. Ainsi le gouvernement français bâtissait il y a un an un budget 2012 sur une prévision de croissance de 2,25% . Celle-ci a été revue quatre fois à la baisse , une dernière fois en juin : il n’était plus question que d’une croissance de 0,3% . Pas sûr que ce chiffre puisse être tenu. En tout cas, les hypothèses de croissance ( 1,2%) sur lesquelles le gouvernement a bâti son projet de loi de finances pour 2013 paraissent déjà hors d’atteinte.

De même, à la mi -2011,  la banque d’Angleterre prévoyait encore une croissance de 2% en 2012. Fin mars, elle avait abaissé ses prévisions à 0, 8% . Maintenant, elle dit croissance zéro et ne s’aventure pas pour 2013.  La banque d’Italie prévoyait encore une récession de 1,4% en 2012 et un rebond de la croissance en 2013. Elle parle désormais d’une chute de  2%  en 2012 et d’une récession qui se poursuit en 2013. Et que dire des prévisions du gouvernement grec ? Au début de l’année, il s’attendait à une récession , la cinquième consécutive, de 4,5%. Les chiffres donnent déjà l’image d’un effondrement de plus 7%. Si cela se confirme, plus de 20% du PIB grec aurait été effacé en cinq ans.

baisse de la production industrielle, de la consommation , hausse du chômage

Toutes ces prévisions pourraient encore être trop optimistes, au vu de la chute économique  en Europe. A plus de 11, 5%, le chômage n’a jamais été aussi élevé dans la zone euro, depuis sa création. Et ce n’est qu’une moyenne qui permet de masquer les 25% de chômage en Espagne les 22% de la Grèce, les 15% du Portugal et de l’Irlande.

La confiance a disparu chez les Européens, hantés par la crise et tétanisés par l’exemple de la Grèce.  La consommation est partout en recul. Symbole : les immatriculations de voitures neuves, secteur industriel encore prépondérant en Europe, ont  chuté de plus de 11% en juin, avec des pointes de plus de 22% en Italie. La production industrielle s’anémie. En Espagne, elle  est en baisse pour le dixième mois consécutif, enregistrant une chute de 12,8% en juin pour les biens d’équipements, et de 11,9% pour les biens de consommation. La production industrielle française était en recul de 2% en mai, celle de l’Allemagne de 0,9% en juin.

Tout cela  laisse anticiper de lourdes conséquences sociales dès la rentrée. Les plans sociaux, qui se sont à peine interrompus en août, risquent de reprendre très vite, au vu de la dégradation économique. En présentant leurs résultats du premier semestre, les grands groupes n’ont d’ailleurs pas caché leurs intentions. Ils renoncent à tout investissement, ont déjà commencé à lancer de nouveaux plans d’économie. Ils ont même commencé à se retirer, au moins partiellement, de l’Espagne , qu’ils jugent pour l’instant sans grande perspective.

La crainte de voir l’économie européenne entraînée dans une spirale totalement récessive n’est même plus un scénario de science-fiction. D’autant que l’Europe, ne tirant aucune leçon de l’effondrement actuel, nourri par les politiques d’austérité appliquées partout en Europe à la fois, a décidé d’en rajouter.

Pour tenter d’éviter la mise sous tutelle du pays, le gouvernement espagnol, qui avait déjà lancé un plan d’économie de 65 milliards d’euros, entend le pousser à 102 milliards, au moment où les régions espagnoles font faillite, où des hôpitaux et des fonctionnaires ne sont plus payés, où des écoles ne pourront peut-être pas rouvrir à la rentrée. En Italie, le gouvernement vient de faire voter un programme de 4,5 milliards d’euros supplémentaires tout de suite. La France veut trouver plus de 12 milliards d’euros d’ici à la fin de l’année. Au terme d’un neuvième plan consécutif de réforme, la Grèce cherche à nouveau 11,5 milliards d’euros de réductions budgétaires, et est prête, pour donner les gages attendus à ses créanciers européens, à briser le tabou du non-licenciement des fonctionnaires, au risque de mettre en péril la fragile coalition gouvernementale, issue des élections de juin.

Loin de rassurer, cette politique  d’austérité généralisée, imposée avec des relents de moralisme, finit par inquiéter : l’Europe n’ouvre aucune perspective à ses concitoyens et suscite de plus en plus le rejet. Même le très orthodoxe FMI en arrive à  émettre des réserves. Dans sa dernière note sur la zone euro, il soutient  la nécessité de ne pas oublier des mesures pour soutenir la croissance , parallèlement aux réformes à entreprendre, sous peine de voir les menaces sur le système bancaire  et sur la zone euro s’intensifier.

Alors que les flux financiers  mais aussi économiques sont en train de se renationaliser au sein du marché unique, l’éclatement de la monnaie unique est désormais une option sur la table, le président de la BCE, Mario Draghi tentant de la conjurer par antiphrase en assurant que l’euro est irréversible. Le président de l’Eurogroup, Jean-Claude Juncker, lui fait un pas de plus dans cette direction, en suggérant que la « sortie de la Grèce de l’euro n’était pas ingérable ».

 

Trois crises en même temps

Trois ans après les premiers problèmes grecs, l’Europe est toujours au même point, tournant en rond, refusant la moindre remise en cause de ses options qui se sont pour la plupart révélées de cuisants échecs, sans avoir rien régler : ni la crise du système bancaire, ni celle des dettes publiques – les taux espagnols , une semaine après l’intervention « décisive » de la BCE sont à 6,8%- , ni celle de l’Europe. On comprend la lassitude des partenaires extérieurs. « C’est une saga, qui continue, qui continue encore », a soupiré le gouverneur de la banque d’Angleterre,  Mervyn King, en assurant qu’il était prêt à faire tout son possible pour aider l’Europe, si elle se décidait à agir.

On comprend aussi la fébrilité d’un Barack Obama, qui multiplie les interventions et les appels auprès de tous les responsables européens. Car sa campagne présidentielle pour le deuxième mandat se joue pour une part en Europe. Un éclatement de la zone euro aurait des répercussions immenses sur l’ensemble de l’économie mondiale, américaine en premier. Le système financier américain, en dépit des précautions qu’il essaie de prendre,  serait le premier touché. Même une récession en Europe est un scénario catastrophe pour le président américain. Déjà, l’activité économique des Etats-Unis se ressent du ralentissement européen : chaque mois, la reprise donne de nouveaux signes d’essoufflement outre-Atlantique.

D’où les pressions de plus en plus affirmées de Barack Obama sur les dirigeants européens pour qu’ils trouvent une stratégie de sortie de crise. L’insistance du président américain est d’autant plus forte que les Etats-Unis ont leur propre crise, mise sous le boisseau grâce à la crise de l’euro. Mais , après l’élection présidentielle, il ne sera plus possible de cacher  la question des finances publiques et celle de fiscalité américaine, rendues encore plus aigues par la paralysie politique provoquée par les Républicains.

« Je pensais qu'il y aurait d'abord la crise européenne, puis la crise américaine. Et ces fous du Tea Party ont été capables de synchroniser la crise américaine avec la crise européenne. Deux crises en même temps » , expliquait l’économiste Robert Boyer dans un entretien à Mediapart , il y a tout juste un an. Sa relecture effraie : nous avons fait du surplace. Un an plus tard, ce sont les mêmes débats. Nous  en sommes toujours à l’austérité, à la règle d’or, à l’absence de vision des dirigeants européens, à la menace destructrice que fait peser la finance sur le monde. Aucune direction ne semble avoir été donnée, aucune mesure efficace prise.

Dans cet entretien sur ce qu’il qualifiait la plus grave crise depuis 1929, Robert Boyer mettait en garde aussi sur l’illusion de compter sur les pays émergents. Il soulignait le danger chinois« Et puis il y a la Chine, confrontée à des déséquilibres considérables. Elle cherche à doper la demande des ménages. Mais pour cela, il faudrait qu'elle distribue du pouvoir d'achat. Or les salariés n'ont aucun pouvoir, et la concurrence entre les provinces est telle, qu'il n'est pas simple de relever le salaire de base. Chaque province cherche à attirer des capitaux, et les banques donnent des crédits aux entrepreneurs. Vous avez donc des paquets de mauvaise dette dans les provinces, que la Banque centrale pourrait décider de racheter, mais cela serait périlleux. La crise est rampante en Chine » assurait-il, en insistant sur cette situation totalement inédite – et explosive- des trois blocs économiques en crise en même temps.

 

Flambée du pétrole et du blé

Tout à sa crise, l’Europe ne prête guère attention aux nouvelles venant de Chine . Mais les prédictions de Robert Boyer semblent se confirmer. En dépit des nombreuses incertitudes pesant sur la fiabilité des statistiques chinoises, celles-ci montrent quand même la tendance : la croissance économique ralentit sec en Chine, tout comme les excédents commerciaux,  qui s’amenuisent au fur et à mesure de la baisse de la consommation en Europe. Les problèmes masqués resurgissent. La bulle immobilière qui a sévi dans tant de provinces est en train d’exploser partiellement. Surtout, la concurrence entre les provinces qui a amené à la multiplication d’usines et d’outils de production est en train de se transformer en crise de surcapacités, exacerbée par l’absence de débouchés extérieurs.

La banque centrale chinoise a pris plusieurs dispositions pour essayer de contenir les déséquilibres et relancer la machine économique. Elle a notamment choisi d’abaisser les réserves légales des banques afin de les inciter à financer plus l’économie. Des mesures pour tenter de temporiser et d’organiser un repli en bon ordre. Mais le gouvernement chinois pourrait être vraiment pris de court, si la dégradation s’amplifiait en Europe et /ou aux Etats-Unis.

Pour compléter ce sombre tableau, deux autres facteurs économiques, eux aussi passés sous silence, pourraient peser lourd dans les mois qui viennent : la hausse du pétrole et celle des matières premières agricoles. Le baril de brent est à nouveau en hausse,  à 112 ,55 dollars, en raison des conflits au Moyen Orient , la spéculation cherchant des valeurs refuges faisant le reste.  Les cours du blé, du maïs, du soja  se sont envolés à l’annonce des mauvaises récoltes américaines, liées à  la sécheresse qui frappent les Etats-Unis. Les spéculateurs se sont bien entendu précipités. Depuis la mi-juillet, ils  ont enregistré respectivement des augmentations de 52%, 35% et 15,9%.  Les augmentations de ces matières premières essentielles ne vont pas tarder à se répercuter très vite dans les prix alimentaires, frappant en premier les pays les plus pauvres.

Comment toutes ces données vont-elles évoluer ? Se combineront-elles ? Ou au contraire, certaines d’entre elles se dissiperont-elles ? Cinq ans après le début de la crise, celle-ci prend à nouveau des allures effrayantes.

 


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8 août 2012 3 08 /08 /août /2012 21:25

 

leparisien.fr

Mehdi Gherdane et Aurélie Ladet | Publié le 08.08.2012, 11h28 | Mise à jour : 20h31

LE PARISIEN

 

Un homme a été hospitalisé mercredi dans la matinée dans un état grave après s’être immolé par le feu dans les locaux de la caisse d’allocations familiales de Mantes-la-Jolie (Yvelines). L’homme, âgé de 51 ans, originaire de la commune voisine de Mantes-la-Ville, s’était présenté dans les bureaux de la Caf, situés dans la cité du Val-Fourré, peu avant 10 heures.

Au cours d’un entretien en tête-à-tête, un conseiller lui a alors appris que le RSA venait de lui être suspendu pour le mois de mai. Il s'agissait, selon la CAF, d'une suspension provisoire, en raison d'un manque de pièces justificatives.

Sans dire un mot, toujours selon un représentant de la CAF, l’allocataire a sorti une bouteille contenant un produit inflammable dont il s'est aspergé avant de mettre le feu. Il s'est aussitôt embrasé. Le personnel et d’autres allocataires présents lui sont venus en aide pour éteindre les flammes. Selon la préfecture, les blessures sont sérieuses mais les jours de la victime ne seraient pas en danger.

Une cellule psychologique a été mise en place pour réconforter le personnel et les témoins de ce drame qui sont en état de choc. Les bureaux de la caisse ont été fermés.

 

 

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6 août 2012 1 06 /08 /août /2012 22:13

De l’art de l’esquive. François Hollande a montré à la tête du PS tout son talent pour étouffer les polémiques dans une vaste synthèse. Il compte bien s’en inspirer à l’Élysée pour s’éviter de revivre la fracture de 2005. Dans quelques jours, le Conseil constitutionnel dira si le président doit passer par une révision de la Constitution pour faire adopter le traité budgétaire européen à la rentrée. Mais quelle que soit sa décision, François Hollande fera tout pour enterrer une polémique sur la “règle d’or” qui divise profondément sa majorité.

 

François Hollande à Bruxelles, fin juin. 
François Hollande à Bruxelles, fin juin.© Reuters.

Le conseil constitutionnel

Saisi par l’Élysée mi-juillet, en vertu de l'article 54, le Conseil constitutionnel devrait rendre sa décision au cœur de l’été, vers le 10 août. S’il juge que le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) au sein de l’Union européenne n’exige pas de modification de la Constitution, François Hollande pourra se contenter d’un simple vote des deux chambres, l’Assemblée et le Sénat. Dans le cas contraire, le Congrès (qui réunit l’ensemble des parlementaires à Versailles) devra être convoqué et la Constitution ne pourra être modifiée qu’avec 3/5e des votes. C’est ce qui s’était passé lors de l’adoption du Traité de Lisbonne, en 2008, celui d’Amsterdam, en 1999 ou bien le Traité de Maastricht, en 1992. Mais la procédure n’est pas automatique : la Constitution n’avait pas été révisée pour l’Acte unique en 1986.

Cette fois, si de nombreux constitutionnalistes jugent inévitable une révision de la Constitution, en raison des transferts de souveraineté budgétaire que concèdent les États membres, François Hollande espère l’éviter. « Il existe une possibilité juridique pour ne pas avoir besoin d’une ratification constitutionnelle », estime-t-on à l’Élysée. Par ailleurs, le Palais fera tout pour ne pas inscrire dans la Constitution  la “règle d’or” contenue dans le traité européen et qui impose aux États, sous peine de sanctions, de se limiter à terme à un déficit structurel de 0,5 % du Produit intérieur brut.

 

Le mic-mac de la loi organique

Lors du sommet de Bruxelles, fin juin, François Hollande s’est engagé à ratifier le traité négocié par son prédécesseur, en échange du pacte pour la croissance de 120 milliards d’euros et d’avancées sur la taxe sur les transactions financières, dans le cadre d’une « loi organique ». Une façon de donner plus de solennité qu’un simple texte législatif, tout en évitant son inscription dans la Constitution que le traité européen n’impose pas. « Les États membres devront intégrer cette “règle d'équilibre budgétaire” dans leur ordre juridique interne, de préférence au niveau constitutionnel », stipule-t-il. D’où le choix, plus neutre, d’une loi organique.

Mais le Conseil constitutionnel pourrait considérer que la loi organique, à mi-chemin entre une loi ordinaire et une loi constitutionnelle, n’est pas calibrée pour contenir des dispositions aussi lourdes. Hollande serait alors contraint de convoquer, malgré tout, le Congrès à Versailles pour élargir la définition des lois organiques. Un tour de passe-passe juridique et ultra-technique qui ne changerait rien au fond –avec le TSCG, la France renonce bien à une part de sa souveraineté budgétaire –, mais qui pourrait éviter au président de la République une polémique grand public. « Il va essayer de raccrocher au fait que le retour à l’équilibre des comptes publics est un engagement de campagne. Que c’est sa volonté et pas un engagement imposé par Bruxelles », décrypte une source diplomatique.

Car il est d’ores et déjà acquis que François Hollande, meurtri par sa défaite sur le Traité constitutionnel européen (TCE) de 2005, n’organisera pas de référendum. « Le président de la République a été clair depuis le départ, et avant même son élection, durant la campagne électorale, sur ce qu'il voulait et sur son intention de ne pas soumettre ce traité à référendum. (…) En choisissant François Hollande comme président de la République, les Français se sont prononcés pour cette approche. Lors du conseil des 28-29 juin, nous avons obtenu des avancées importantes sur ces points. Les engagements du président de la République ont donc été tenus, la volonté exprimée par les Français respectée », justifie le ministre délégué aux affaires européennes, Bernard Cazeneuve, dans un entretien à Mediapart. Hollande juge également que l’Assemblée, fraîchement élue, est suffisamment légitime.

 

Le clivage à gauche

Légitime peut-être, mais pas unanime. L’aile gauche du PS, qui compte une vingtaine de députés dans la nouvelle Assemblée, pourrait rejouer 2005. « Si l’esprit reste le même, je ne vois pas comment on pourrait voter le traité budgétaire… Et la probabilité que cet esprit change reste assez faible », expliquait récemment la députée Barbara Romagnan, lors d’une conférence de presse avec l’aile gauche du SPD. Une aile gauche qui a justement voté contre le traité budgétaire au Bundestag (lire notre entretien). « En l’état actuel, voter ce traité nous empêcherait de voter les politiques pour lesquelles on a été élu », ajoutait finalement Romagnan quand son collègue de l’Assemblée, Pouria Amirashahi exprimait de « fortes réserves » sur le pacte budgétaire. Ils rendront leur verdict à la rentrée.

Même chose pour les écologistes. Divisés en interne en 2005, ils s’étaient à nouveau opposés sur le Mécanisme européen de stabilité (MES) : les députés français avaient voté contre en février et provoqué la colère des eurodéputés écologistes, auteurs d’une tribune intitulée « Ni Merkozy ni Mélenchon ». Cette fois encore, les groupes à l’Assemblée et au Sénat penchent plutôt vers le non. Mais certains députés plaident au contraire pour un “oui” clair, comme Danielle Auroi, vice-présidente de la commission des affaires européennes de l'Assemblée. Leur position sera au cœur de l'université d'été de la fin août : l'eurodéputé Dany Cohn-Bendit doit y animer un débat qui promet d'être vif. 

 

Daniel Cohn-Bendit sort de l'Elysée, fin juin.  
Daniel Cohn-Bendit sort de l'Elysée, fin juin. © Reuters.

 

Tous seront, quoiqu’il arrive, sous la pression du Front de gauche qui a déjà annoncé qu’il s’opposerait au traité. Si Jean-Luc Mélenchon est resté silencieux jusqu'ici, digérant sa défaite électorale en soutenant Hugo Chavez en campagne au Venezuela, il effectuera sa rentrée politique lors d’un meeting organisé à Grenoble pour l’université d’été du Front de gauche. Sur son blog, il a déjà donné un avant-goût de l’offensive : « En vérité, ce pacte est une compilation de décisions dérisoires déjà prises sous l’ère Sarkozy, écrivait-il, fin juin, après la réunion du conseil européen à Bruxelles. Ce sommet est une pantalonnade pour les Français. L’événement tombe la semaine où les smicards viennent de recevoir le fruit de la victoire socialiste : un carambar par jour ! »

Pour Hollande, le scénario noir serait de voir se reformer une alliance allant de l’aile gauche du PS au Front de gauche, en passant par une partie des écologistes. Car, si elle n’empêcherait pas la ratification du pacte, elle prouverait qu’il n’est pas parvenu à dépasser le clivage de 2005 qu’il a tant rêvé de voir aboli. Et parce qu’elle l’obligerait à devoir compter sur les voix de la droite, y compris à l’Assemblée, pour ratifier le pacte budgétaire. L’UMP a déjà indiqué qu’elle voterait pour, car il s’agit, à la virgule près, du texte négocié par… Nicolas Sarkozy ! À l’Élysée, le conseiller spécial de François Hollande, Aquilino Morelle, “noniste” en 2005, se veut philosophe : « Si la fracture à gauche existe, on ne peut pas la faire disparaître d’un coup de baguette magique. Et si le problème se présente, on le résoudra au mieux, on essaiera de convaincre. Il faut être humble et pugnace en même temps. »


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6 août 2012 1 06 /08 /août /2012 22:01

 

Marianne - Dimanche 5 Août 2012 à 17:12

 

Philippe Murer

 

L'Allemagne ne joue pas les règles de la solidarité et de la fraternité économique au sein de la zone euro. C'est le point de vue de notre chroniqueur associé, Philippe Murer, professeur de finance à la Sorbonne. Il appelle la France à entamer un bras de fer avec l’Allemagne et menacer de sortir de l’euro avec l’Italie et l’Espagne si les règles ne sont pas changées.

 

(Gero Breloer/AP/SIPA)
(Gero Breloer/AP/SIPA)
L’Italie fait d’immenses efforts de rigueur et a un budget en excédent si l’on oublie les intérêts de la dette. Si son taux d’emprunt était comme celui de l’Allemagne de 1%, elle serait en excédent budgétaire. Avec les taux d’emprunt de 7% qu’elle doit supporter à cause des problèmes de la zone euro, l’Italie est en déficit budgétaire de 4% de son PIB et sa population doit souffrir des budgets de rigueur sans cesse renouvelés.

A l’exception de l’Allemagne, les grands pays européens souhaitent que l’on fasse baisser les taux d’emprunt de l’Italie et de l’Espagne en utilisant notamment l’argent gratuit émis par la Banque Centrale Européenne pour faire baisser ces taux d’emprunt. Les Etats-Unis pratiquent cette politique depuis 2009 et 80% des emprunts publics de l’Etat américain sont souscrits par la Banque Centrale américaine à des taux aujourd’hui proches de 1%. Si l’Italie avait sa banque centrale, elle pourrait faire de même et se retrouverait en excédent budgétaire. Mais l’Allemagne, sous prétexte de règles qu’elle a imposées (et que nous avons imprudemment acceptées) lors de la création de l’euro, refuse à l’Italie et à l’Espagne cette facilité. En revanche, grâce aux problèmes de ses voisins, elle sert de pays d’accueil à l’argent en quête de refuge et emprunte à taux très bas, proches de 1%.

L'hypocrisie allemande

Ces règles empêchent donc maintenant des pays comme l’Italie et l’Espagne de sortir de leur crise économique. Elles doivent être changées sinon cela signifierait que l’Allemagne ne souhaite aucunement aider ses partenaires à se sortir de leurs problèmes. Quels sens cela a-t-il de partager une monnaie entre pays s’il n’y a aucune volonté de s’entraider ? Il n’y a d’ailleurs pas de transferts budgétaires entre pays prospères et pays en difficultés (on rappellera que les prêts du FESF sont juste là pour se substituer aux prêts bancaires, les banques ne voulant plus prêter aux pays du Sud : ces prêts ne sont pas presque jamais de l’argent frais).

L’argument de l’Allemagne pour ne pas changer les règles est que le fait d’utiliser de l’argent gratuit de la BCE pour faire baisser le taux des emprunts espagnols et italiens créerait de l’inflation. Or, l’Allemagne a accepté que la BCE prête 1000 Milliards d’euros aux banques à un taux de 1% pour les aider. L’Allemagne n’a donc pas ce genre de considération d’inflation dans le cas de prêts aux banques avec l’argent gratuit de la BCE aux banques. D’autre part, la politique de prêt de la Banque Centrale Américaine n’a, semble-t-il, pas créé d’inflation depuis 2009.

Mario Draghi, le président de la Banque Centrale Européenne, sous la pression allemande, a élaboré un compromis bancal : la BCE accepterait de faire baisser les taux d’emprunt de l’Italie et de l’Espagne si et seulement si ces pays se mettaient sous la coupe de la Commission Européenne et faisaient appel au FESF. On demande donc à ces démocraties, après leur avoir demandé au nom de l’Euro à avaler des remèdes de cheval qui ne fonctionnent pas, à en avaler d’autres pires encore sous la direction de technocrates non élus ! Privatisations de services publics, paupérisation de la population, destruction de l’industrie par manque de demande seront au rendez-vous.

Egalité, fraternité

En fait, on peut suspecter l’Allemagne par le corset des règles qu’elles imposent aux autres pays de la Zone Euro, de chercher à renforcer son pouvoir sur l’Europe en imposant sa politique économique très libérale et en affaiblissant les autres pays. Un certain rêve de Grande Allemagne dominant l’Europe se dessine derrière cette politique de blocage de toutes solutions réalistes aux problèmes de l’Euro. (Une politique de relance avec l’argent gratuit de la BCE serait aussi possible mais est bien sûr empêché par les fameuses règles allemandes).

Notre pays n’a aucun intérêt à être la complice dormante de l’Allemagne dans cette politique qui tue peu à peu l’économie de l’Espagne et de l’Italie après avoir fini de ruiner la Grèce et le Portugal. Un quart de la population au chômage en Espagne et en Grèce, 50% des jeunes au chômage dans ces 2 pays : ceci est scandaleux et absolument injustifiable ; cela signifie que la théorie et la pratique économique de l’Europe sous la houlette de l’Allemagne est une catastrophe pour les populations.

La France n’a pas à participer à de telles politiques de répression économique et d’humiliation des peuples. François Hollande devrait en tirer les conclusions. Conserver l’Euro dans ces conditions, c’est faire souffrir les populations de façon absolument inutile. La France doit entamer un bras de fer avec l’Allemagne et menacer de sortir de l’Euro avec l’Italie et l’Espagne si les règles ne sont pas changées. En effet, l’Allemagne a tout à perdre d’une explosion de l’euro car elle souffrirait une baisse de son PIB de 7% : le Deutsche Mark se renchérirait de 25% par rapport au Franc et de 40 à 50% par rapport à la Lire ou la Peseta et les BMW, Mercedes et autres produits allemands se vendraient évidemment plus mal si leurs prix étaient augmentés entre 25 et 50%.

Egalité et Fraternité seraient-ils de vains mots de notre devise ? Ou bien l’Euro et l’Europe méritent-t-ils tous les reniements et toutes les infamies de nos représentants vis-à-vis des valeurs de la République?
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6 août 2012 1 06 /08 /août /2012 21:53

 

Marianne - Vendredi 3 Août 2012 à 17:42 
                                                                                                                                                                                                                             Balade dans le monde hallucinant des VIP. Le premier volet de l'enquête est consacré aujourd'hui aux cartes qui font de leurs bénéficiaires des super privilégiés. A partir de demain, nous décrirons les passe droits des journalistes vedettes ; les coupe files des puissants dans les meilleurs hopitaux ; et enfin les mille astuces des concierges de luxe pour riches. Du beau linge !

 

 

(PURESTOCK / SIPA)
(PURESTOCK / SIPA)
Vous connaissez probablement les cartes VIP des parfumeries qui vous donnent droit à des cadeaux le jour de votre anniversaire. Découvrez celles des conciergeries gratuites qui vous permettent d'avoir à votre disposition une équipe d'assistants pour mettre sur pied toutes vos folies ou les mystérieuses cartes Air France ou SNCF que même les employés connaissent mal. Des cartes VIP de tous types, de celles qui s'achètent à celles qui ne se demandent pas.

Pour les authentiques V.I.P. : les cartes qui ne se demandent pas

  • Infinite de VisaPlatinum d'American Express, Centurion d'American Express
La carte Infinite de Visa ne coûte «que» 320 € par an, mais elle n'est proposée qu'aux clients dont les revenus annuels atteignent entre 80 000 et 100 000 €, tout comme la carte Platinum d'American Express (590 € par an). Mais le top du chic, c'est la Centurion, une carte en titane réservée à moins de 2 000 clients dans le monde, triés parmi les détenteurs de cartes Platinum. Les heureux élus doivent s'acquitter d'un droit d'entrée au «club» de 3 000 €, en plus d'une cotisation annuelle de 3 000 €. En dehors de leurs plafonds de dépenses très souples, toutes ces cartes de prestige donnent accès à une politique d'assurance pour le moins extensive (Infinite rembourse jusqu'à 150 € par jour s'il n'y a pas de neige pendant vos vacances au ski), ainsi qu'à un service de «conciergerie». «Si notre client souhaite se faire ouvrir, en privé, les magasins les plus chic du monde, comme Saks 5th Avenue à New York ou envoyer un bouquet d'orchidées rares à sa fiancée, à n'importe quel moment à l'autre bout du monde, c'est possible, affirme Armand de Milleville, vice-président d'American Express France. S'il rêve de faire une partie de tennis avec le champion du monde, c'est encore possible...» Tout est possible, il suffit de pouvoir dépenser l'équivalent du PIB du Zimbabwe sur un coup de tête.

  • La carte One de la Fnac
Avoir une carte d'adhérent à la Fnac, c'est à la portée de tous. Mais avoir la carte One, c'est autre chose... dont le service communication ne dira pas un mot. Les critères d'attribution sont flous, les privilèges accordés, mystérieux, bref, c'est la classe. La carte One concernerait environ 40 000 personnes, soit 2 % des adhérents Fnac. Le peu que l'on sache, c'est qu'elle donne accès à une caisse prioritaire et à des événements privés.

  • La carte T SNCF
C'est un programme expérimental sur lequel nous ne communiquons pas» : voilà le seul message de la SNCF au sujet de la Carte T, envoyée en début d'année à environ 700 personnes. Dans les conditions générales d'utilisation, on apprend que, pour la recevoir, il faut «faire partie des groupes ou des milieux représentatifs suivants : la sphère médiatique, la sphère économique, la sphère européenne et internationale, des observateurs et experts, la sphère financière, les artistes et métiers de la création, la fonction publique, le secteur sportif, le secteur associatif, la sphère juridique, les très grands clients». Le membre «T» dispose d'un numéro de service client dédié qui ne lui fera jamais subir la musique d'attente très longtemps. On lui passera un coup de fil sur son portable si son train a un quart d'heure de retard, et on lui proposera de lui réserver une voiture à l'arrivée. Rien de transcendant, mais des petites attentions qui donnent le sentiment d'«en être».

  • Club 2000 d'Air France
Une carte réservée aux «huiles» d'Air France, les journalistes, les acteurs, les grands patrons, les personnalités politiques qui renforcent à l'étranger l'image de la compagnie. Ce n'est pas la fidélité qui est récompensée, mais bien un pouvoir, une influence. Impossible de savoir combien la détiennent, la direction d'Air France reste muette sur cette carte. Ses avantages : un traitement de V.I.P. sans forcément y mettre le prix. On s'enregistre au comptoir de la première, on est surclassé en business si la classe éco est bondée. A bord, le personnel se doit d'être aux petits soins. «Le Club 2000, c'est complètement opaque, on ne sait pas comment ça fonctionne, confie un steward sur long-courrier. Tout ce que l'on sait, c'est qu'en vol il faut les flatter, leur glisser un mot particulier devant les autres passagers pour montrer qu'ils sont importants.»

Les conciergeries privées

  • Carte Quintessentially, UUU, John Paul
Une envie subite de visiter le Louvre en dehors des heures d'ouverture ? De posséder le dernier sac Yves Saint Laurent avant Kate Moss ? D'aller bosser en hélicoptère ? «Une seule limite : votre imagination», annonce le site de John Paul, qui travaille à 95 % pour les entreprises. Comme celles offertes aux détenteurs de cartes bancaires V.I.P., ces conciergeries privées mettent à la disposition de leurs clients une équipe d'assistants personnels joignables vingt-quatre heures sur vingt-quatre (lire ci-contre). Les prix de l'abonnement varient de 1 200 € à plus de 30 000 € par an. Il faut bien entendu ajouter à ces sommes les montants des «petites folies» imaginées par les clients.

Les cartes de fidélité : cartes V.I.P. du pauvre

  • Marionnaud, Sephora, Carte VIP L'Oréal
Le sigle «V.I.P.» est aussi un argument marketing volontiers utilisé par les marques pour donner à leurs meilleurs clients le sentiment d'être au-dessus de la masse. La carte «M Prestige» de Marionnaud est distribuée aux 2 % de clientes les plus dispendieuses (600 € d'achats dans l'année), et donne notamment accès à des «ateliers beauté» au cours desquels elles pourront dépenser plus encore. Sephora, autre enseigne de cosmétiques et de produits de beauté, rivalise avec les cartes bancaires en proposant une White, une Black et une Gold. Pour bénéficier de la Sephora Gold, il faut avoir dépensé 1 500 € en un an - et pour la garder, il faut dépenser au moins 700 €, sous peine de revenir à la Black (l'humiliation totale). Ces programmes ont surtout pour objectif de fidéliser les clients en leur faisant miroiter quelques bons de réduction et une promotion valable le jour de leur anniversaire.

Les cartes qui s'achètent : pour les aspirants V.I.P. friqués

  • Carte Ritz Health Club, Carte Polo de Paris
Comme tout le monde, il arrive au V.I.P. de faire du sport, mais il ne crache pas ses poumons avec n'importe qui. Heureusement, il existe des lieux où l'on transpire chic, comme au Racing Club ou au Club Polo de Paris, vaste terrain de jeu de 9 ha au coeur du XVIe arrondissement où quelque 3 000 familles pratiquent polo, golf, natation, tennis ou équitation. Les droits d'entrée au Club Polo sont de 15 000 €, auxquels s'ajoutent une cotisation annuelle de 1 026 €, et un forfait de 400 € par activité sportive. Mais être riche ne suffit pas, il faut également être connecté : deux parrainages sont nécessaires pour espérer entrer dans la famille. C'est également le cas au Ritz Health Club, sis au beau milieu du palace parisien, et dont le nombre de membres est confidentiel (environ 500). Les droits d'entrée s'y élèvent à 2 000 €, plus 4 000 € d'abonnement individuel.

  • La Private Jet Card De NetJets
Pourquoi prendre l'avion quand on peut prendre un jet ? A 141 000 € les vingt-cinq heures de vol, les V.I.P. auraient tort de se priver. Un coup de fil, et en vingt-quatre heures votre appareil vous attend sur la piste. Et dire que certains s'enorgueillissent encore de voyager en classe affaires...

 

 

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