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17 août 2012 5 17 /08 /août /2012 13:01

 

 

LE MONDE | 16.08.2012 à 14h37 • Mis à jour le 17.08.2012 à 11h13

Par Yves Bordenave

 
Vue de la cité médiévale d'Aigues-Mortes dans le Gard où un homme a tiré sur un groupe de jeunes samedi soir 4 août.

Voilà près de deux semaines que William Vidal et Monique Guindon, 44 ans tous deux, sont en prison. Dans la nuit du 4 au 5 août à Aigues-Mortes (Gard), ils s'en sont pris à une dizaine de jeunes qui bavardaient devant l'épicerie Viva, à l'angle des rues du Vieux-Bourgidou et Jeanne-Demessieux, quartier du Bosquet, un endroit ni beau ni moche, situé un peu à l'extérieur de la cité fortifiée. Cette nuit-là, entre minuit et demi et 1 heure, alors qu'ils circulaient à bord de leur Citroën Xsara, William et Monique ont voulu "se faire des Arabes". Une ratonnade à eux tout seuls.

Lui était un peu alcoolisé - 1,8 gramme dans le sang - et elle, à jeun. Ils se sont arrêtés une première fois à la hauteur du groupe de jeunes gens. Lorsque l'un d'eux s'est approché pour demander s'ils voulaient un renseignement, ils ont démarré. Ils sont revenus dix minutes plus tard, armés d'un fusil de chasse. Ils se sont de nouveau arrêtés au même endroit et, sans sortir de sa voiture, William s'est écrié : "C'est pas un Arabe qui va me donner un renseignement !" Puis il a tiré une première fois en l'air.

Effrayés, les jeunes se sont enfuis, les uns à gauche vers le terrain de basket, les autres à droite dans un lotissement. William et Monique ont alors entamé la poursuite - "la chasse à l'homme", dira le procureur. Fenêtres de la voiture grandes ouvertes, William brandissait son fusil tandis que Monique criait : "On est en France ici. On est chez nous !"

La scène s'est prolongée pendant une vingtaine de minutes, le temps pour William de tirer au moins neuf coups, de blesser un jeune à l'épaule et au bras, de viser une dame et sa fille de 9 ans qui passaient en voiture. A ses côtés, Monique - la plus vindicative, selon les jeunes - rechargeait le fusil. Alertés, les gendarmes ont fini par intercepter le couple, qui a été condamné dès le 6 août par le tribunal correctionnel de Nîmes en comparution immédiate pour "violence avec armes et incitation à la haine raciale". William a pris quatre ans ferme et Monique, deux ans. Incarcérés à l'issue de l'audience, l'un et l'autre ont fait appel du jugement.

Par miracle, il n'y a eu ni mort ni blessé grave, mais l'affaire laisse un profond traumatisme et les victimes restent sous le choc : "On n'a jamais eu de souci avec personne. On est tous né ici. On est allé à l'école ici. Tout le monde nous connaît."

Agés de 20 à 25 ans, les uns sont étudiants en master à Montpellier, les autres ingénieur dans une société à Marseille ou vendeur en téléphonie, ou encore employé saisonnier dans la commune. Aucun d'eux n'a jamais eu affaire à la police, pas plus qu'ils n'ont eu "la moindre embrouille" avec leurs agresseurs. Lesquels, tous deux également habitants et natifs d'Aigues-Mortes, ne sont pas non plus des voyous. Certes, William a écopé d'une condamnation pour conduite en état d'ivresse, mais de là à brosser le portrait d'un dangereux délinquant, il y a un pas.

Depuis plusieurs années, William et Monique vivent ensemble dans cette petite ville du coeur de la Camargue où, l'été, les touristes se pressent par milliers le long des rives du canal et dans les rues étroites à l'intérieur des remparts. Lui travaille au cimetière où la municipalité l'emploie. Un honnête travailleur, qui boit sûrement plus qu'il ne faudrait mais sans déchoir pour autant. Probablement un brave type ! C'est en tout cas ce qu'assurent tous ceux qui, dans la ville, le connaissent et prennent aujourd'hui sa défense, n'hésitant pas, sur Internet, à fustiger la justice trop clémente "avec les Arabes" et trop dure "avec les Français".

 ATMOSPHÈRE LOURDE

"Ils oublient la gravité des faits", s'agace le procureur de la République de Nîmes, Robert Gelli, qui "n'avait jamais vu ça : un tel niveau de violence qui aurait pu tourner au carnage". Réaction identique du préfet du Gard, Hugues Bousiges, qui, tout en condamnant "avec la plus grande fermeté ces actes", regrette que "manifestement, des gens n'ont pas compris la gravité des faits et la sanction qui a suivi". Seul Cédric Bonato, maire (PS) d'Aigues-Mortes, refuse de commenter les faits, soucieux, selon ses proches, de "pacifier" une situation décrite comme explosive.

C'est que, loin de manifester la moindre compassion à l'égard des jeunes tirés comme des lapins, nombre de ses administrés ont choisi le camp des coupables avec d'autant moins de complexes qu'"il n'y a pas eu mort d'homme". Tout juste une sorte de jeu, peut-être un coup de sang qui, dans leur esprit, doit bien se justifier d'une manière ou d'une autre. "Pour eux, la justice est injuste. Ils sont en incapacité de comprendre", indique un responsable local qui souhaite conserver l'anonymat.

Les autorités administrative et judiciaire locales ne le dissimulent pas : une atmosphère lourde de menaces plombe ce coin du Gard où la population tend de plus en plus à se replier sur elle-même et où, à chaque élection, le Front national réalise des scores importants.

Gilbert Collard, l'un de ses représentants, a été élu député dans cette circonscription en juin avec le soutien tacite des élus de la droite locale. "Les propos qu'on tenait sous le manteau il y a quelques années émergent aujourd'hui dans la sphère publique", constate le procureur Gelli.

Ainsi, le 5 août, dans les heures qui ont suivi la ratonnade, des jeunes gens ont profité d'une course camarguaise au Cailar, à quelques encablures d'Aigues-Mortes, pour faire irruption dans l'arène au cri de : "On n'a pas de bougnoules chez nous ! On est des fachos !" La mairesse a aussitôt condamné cet acte et le parquet de Nîmes a ouvert une enquête préliminaire afin de retrouver les auteurs. Même le président (PS) du conseil général du département, Damien Alary, s'inquiète de ces dérives de plus en plus fréquentes. L'élu voit dans "cette escalade le résultat de dix ans de banalisation d'un discours de rejet".

Un Aiguemortais, impliqué dans les affaires de la commune, s'alarme également de ce passage à l'acte : "Quand les difficultés sociales et économiques pèsent sur cette terre camarguaise, il est de bon ton de rendre l'autre responsable. La haine de l'autre est exacerbée." Au premier trimestre 2012, le taux de chômage dans le département atteignait 13,1 %.

Chacun ici garde en mémoire un épisode tragique de l'histoire locale qui remonte au 16 août 1893. Ce jour-là, des ouvriers aiguemortais ont massacré des immigrés italiens venus pour échapper à la misère, et ouvriers comme eux aux Salins du Midi. Il y eut au moins 8 morts côté italien, et les autochtones, relayés par la presse locale, en profitèrent pour rivaliser de propos nationalistes et xénophobes contre "les ritals".

Yves Bordenave

Les atteintes contre les musulmans en hausse

 

L'un des indicateurs de mesure des actes racistes en France est le baromètre annuel de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), créé en 2009. Or, selon les derniers résultats de ce baromètre, communiqués en mars, il y a eu, en 2011, une "hausse de la méfiance à l'égard des musulmans&" : 51 % des sondés ont estimé que les musulmans formaient "un groupe à part" (+ 6 points par rapport à 2009) et 59 % qu'il y avait trop d'immigrés en France (+ 12 points).

Les actes racistes, antisémites ou xénophobes constatés par la police sont un autre indicateur. En 2011, ils étaient en baisse de 7 %. Une chute due, notamment, à la difficulté d'établir ces faits juridiquement. Mais cette moyenne cache de fortes disparités. Les actes racistes étaient en baisse (-2,4 %, 865 faits en 2011 contre 886 en 2010), les actes antisémites aussi (- 16,5 %, 389 faits en 2011 contre 466 en 2010). Mais les atteintes contre les musulmans ont augmenté de 33,6 % (155 faits en 2011 contre 116 en 2010).

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17 août 2012 5 17 /08 /août /2012 12:51

 

 

LE MONDE | 17.08.2012 à 10h51

Par Elise Vincent

 
Un "kwassa-kwassa" (canot de pêche à moteur) photographié en 2007 entre les Comores et Mayotte.

Un nourrisson âgé de deux mois est mort, dans la nuit du 15 au 16 août, au centre de rétention administrative de l'île de Mayotte, au large de Madagascar, après plusieurs heures de voyage en mer depuis les Comores. Une enquête judiciaire a été ouverte et une autopsie devait être réalisée, vendredi 17 août, "afin de vérifier l'existence ou non d'antécédents médicaux et de cerner l'impact éventuel des conditions éprouvantes" de la traversée, a indiqué le ministère de l'intérieur dans un communiqué.

D'après le parquet de Mayotte, le nourrisson et sa mère étaient arrivés avec l'une des nombreuses embarcations de fortune, les "kwassa-kwassa", dans lesquelles s'entassent la plupart des candidats à l'immigration. Le bébé et sa mère avaient été interceptés par la gendarmerie maritime vers 1 heure du matin dans ce bateau aux côtés de 26 autres passagers.

A leur descente à terre, comme le veut le protocole, le nourrisson, sa mère et les 26 autres personnes avaient bénéficié d'une visite médicale au centre hospitalier de Mayotte. Ils avaient ensuite été acheminés vers le centre de rétention administrative (CRA). C'est en se levant, le matin, vers 7 h 30, que la mère a constaté que son enfant ne se réveillait pas. Elle a alors alerté la police aux frontières qui surveille le centre. Les pompiers de la caserne située juste en face sont intervenus. Un médecin a tenté de ranimer l'enfant. Mais sans succès.

La mort du nourrisson intervient alors que le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a annoncé, en juin, vouloir améliorer les conditions de rétention dans le CRA de Mayotte, unanimement considéré, depuis dix ans, comme inadapté au transit de plusieurs milliers d'immigrés en situation irrégulière chaque année. La Place Beauvau et le ministère des Outre-mer ont, à ce titre, confié une "mission d'évaluation" au conseiller d'Etat Alain Christnacht.

Le décès du bébé fait aussi écho à la décision, le 7 juillet, du ministère de l'intérieur, de suspendre le placement en rétention systématique des familles avec enfants mineurs. Le champ d'application de la circulaire est toutefois limité à la métropole car Mayotte n'est pas soumis au régime commun en matière de droit des étrangers. Une restriction qui suscite la colère des associations de défense des étrangers.

 

Lire l'article du Monde sur la fin de la rétention des familles avec enfants mineurs


L'île de Mayotte comptabilise en effet à elle seule presque autant d'expulsions par an que la métropole. En 2010, il y a eu environ 26000 reconduites à la frontière depuis Mayotte –surtout vers les Comores– contre 28000 en métropole. Parmi celles-ci: 6 400 mineurs, contre 356 enfants placés en rétention en métropole.

Le CRA de Mayotte ne dispose cependant que de 60 places et est "quotidiennement" en surcapacité, avec 140 personnes retenues à la fois, selon le dernier rapport des associations qui interviennent en rétention. A la différence de la métropole, aucun espace pour les familles n'est non plus aménagé. Et c'est souvent sur des "nattes à même le sol" que doivent patienter les étrangers en instance d'expulsion. La construction d'un nouveau CRA avec un espace pour les familles est prévue pour 2015.

Elise Vincent

 

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16 août 2012 4 16 /08 /août /2012 21:31

 

+19,5 % d’augmentation du prix du maïs, +26 % pour le blé. En moyenne, le prix des denrées alimentaires a augmenté de 6 % entre juin et juillet, selon les chiffres publiés par l’administration fédérale américaine en charge de l’agriculture (USDA), en fin de semaine dernière.
Les principaux responsables sont connus : vague de sécheresse qui frappe l’Europe du sud et surtout les Etats-Unis, production excessive de bioéthanol, augmentation de la demande alimentaire mondiale. Mais au-delà de ces coupables tout trouvés, une zone d'ombre demeure : quel rôle peuvent jouer les spéculateurs dans ces mouvements soudains des marchés ?

La situation est à ce point inquiétante que le ministère de l’agriculture français évoque dans un communiqué, publié lundi 13 août, la possibilité de réunir le Forum de réaction rapide du G20. Créée en 2011, cette structure internationale, encore jamais réunie, est censée lutter contre la trop grande volatilité des prix des matières premières agricoles. Le risque est une nouvelle flambée incontrôlable des prix entraînant des millions de personnes vers l'insécurité alimentaire, voire la famine, comme ce fut le cas en 2008 lors de la dernière grande crise alimentaire et des émeutes de la faim.

Car du point de vue des marchés financiers, les matières premières restent une valeur refuge dans un contexte de récession mondiale. Ainsi, Le Monde, dans son édition du 14 août, affirme que la Deutsche Bank a réalisé ses meilleurs rendements sur les cinq dernières années sur l’or à égalité avec… le maïs.

Les spéculateurs disposent de plus en plus d’outils pour vendre et acheter sur les marchés de matières premières, notamment agricoles. Aujourd’hui, les produits financiers indexés sur les indices de matières premières sont devenus monnaie courante et s’achètent et se vendent à la BNP Paribas, au Crédit agricole ou encore chez Barclay’s. Le blé, le maïs, le café, le soja sont devenus un placement, au même titre que l’or.

Mais de quoi parle-t-on précisement ? « Un marché de matières premières, c’est comme le marché du dimanche matin, explique Benjamin Louvet, responsable à Prim’Finance, société de gestion de matières premières. Sauf que vous allez voir votre maraîcher ou votre fruitier, vous lui achetez des kilos de pêches mais pour dans trois mois. Vous payez une partie tout de suite et le reste à la livraison. Vous paierez un peu plus cher que le prix du marché parce qu’il y a des frais de stockage. Mais si entre temps, le prix augmente, vous conservez le prix d’origine et réalisez une marge. » C’est ce qu’on appelle un contrat à terme.

À l’inverse, un agriculteur, qui sent que les prix vont baisser, va vouloir vendre au plus vite, alors que ses clients industriels préféreront attendre. « C’est là qu’interviennent les marchés financiers, explique Benjamin Louvet, et c’est pour cela qu’on les a autorisés à intervenir car le rapport de force entre agriculteurs et industriels n’était pas équitable. Pour l’agriculteur, ils vont jouer le rôle d’assureur. »
« Un agriculteur cherche un bon prix pour gagner sa vie. Un industriel cherche un bon prix pour faire des marges supplémentaires. Un financier porte le risque à la place du producteur », conclut-il.

Sauf, qu’entre temps, la dérégulation des marchés financiers des années 1980 est passée par là. « Aujourd’hui, ces produits de garantie ne sont plus vendus à des fins de garantie mais à des fins spéculatives », affirme Juliette Renaud, qui a participé à l’élaboration du rapport de l’ONG les Amis de la Terre intitulé Farming money : How European bank and private finance profit from good speculation and land grabs, publié en janvier 2012.

Selon la FAO, seuls 2 % des acheteurs de contrats à terme se font effectivement livrer de la marchandise. Autrement dit, 98 % des acheteurs de blé ou de soja sur ces marchés à terme n’en voient jamais la couleur. Il reste cependant difficile de connaître les montants de ces contrats. En 2007, ce marché s’élevait à 7 500 milliards de dollars, contre 770 milliards en 2003, selon Olivier De Schutter, le rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation. Même tendance exponentielle constatée à la FAO, qui estime que les contrats à terme ont explosé de 40 à 80 % depuis 2008.

Benjamin Louvet reconnait un « appétit des investisseurs » et un « potentiel de performance énorme ». Preuve de cet appétit, les marchés de matières premières se retrouvent inondés de produits dérivés. La BNP Paribas a d’ailleurs créé une filiale en mai 2011, entre autre destinée aux placements sur les marchés de matières premières, Theam.

En ce qui concerne les matières premières, la banque française affiche clairement ses intentions : « doubler le chiffre d’affaires des commodités dérivées sur les trois prochaines années. » Amine Bel Hadj Soulami, directeur des matières premières dérivées de la BNP évoquait, en 2009, 500 millions de dollars de chiffre d‘affaires sur les matières premières dont 8 % dûs aux matières premières agricoles.

Aujourd’hui, la BNP gère une petite dizaine de fonds, qui impliquent des cocktails de produits alimentaires avec tantôt un peu plus de blé, tantôt un peu plus de café ou de sucre. On trouve ainsi le Parvest World Agriculture index fund, le THEAM Harewood Oscillator Commodities, leTHEAM Harewood Oscillator Commodities Core ou encore le BNP Paribas L1 World Commodities. Des fonds aux noms barbares qui représentaient 1,6 milliard d’euros en 2011, dont 380 millions placés sur les marchés de produits agricoles (hors bétail).

Sans compter que quand les autres marchés mondiaux sont en berne, « les matières premières contribuent à atténuer la volatilité globale d’un portefeuille », peut-on lire sur le site de la BNP. Un produit dérivé tel que Easy ETF S&P Ultra-Light Energy, lancé en 2006 par la BNP et composé à 38 % de matières agricoles, s’est apprécié de près de 28 % en 2010.

 

L'orge de brasserie cotée en bourse

  Alors que les contrats à terme sont censés garantir un revenu pour un agriculteur face aux aléas des récoltes, ils se retrouvent à garantir l’argent d’un épargnant face aux risques des marchés. Dans ses placements, Benjamin Louvet ne conseille pas d’aller au-delà de 15 % de placements dans les matières premières, dont seulement 2 % dans les produits agricoles. Il affirme que les banques appliquent ces mêmes proportions. Petit à petit, ces produits financiers se distillent dans les capitaux des investisseurs et dans les épargnes des particuliers.

Malgré un effondrement relatif de ces marchés en 2010, ces produits dérivés ont le vent en poupe. Euronext a par exemple créé un nouveau produit sur l’orge de brasserie, désormais cotée en bourse depuis mai 2011.

Ces produits financiers sont souvent montrés du doigt comme étant responsables de la hausse des prix. Pour les financiers, il n’en est rien. Benjamin Louvet de Prim’Finance assure que « les matières premières agricoles restent marginales aujourd’hui dans les placements financiers ». En effet, les 380 millions placés sur les marchés agricoles ne représentent que 0,2 % des 2 000 milliards d’actifs que possède la BNP Paribas. « L’impact de la spéculation sur les marchés financiers est ridicule », affirme-t-il.

Les financiers le savent, bien malin serait celui capable de dire dans quelles proportions les spéculateurs influent sur le prix des denrées alimentaires. Car la transparence n’est pas de mise. Les chambres de compensation centralisent les échanges de telle façon qu’il est difficile de savoir qui est qui.

« Les conséquences de la financiarisation sur les prix agricoles, c’est le problème de l’œuf et de la poule. On ne sait pas si c’est la hausse des prix qui entraîne de la spéculation ou l’inverse, explique Françoise Gérard, chercheuse au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Comme ces marchés sont instables, c’est plus intéressant pour les investisseurs. Un marché avec des prix stables n’intéresserait pas les spéculateurs. »

« On pense que dans le futur, les marchés seront plus instables car l’équilibre offre/demande va changer, poursuit Françoise Gérard. La population va augmenter et on ne sait pas si le progrès technique continuera à faire augmenter l’offre. » Il manquera 56,4 millions de tonnes de céréales, dont 20,4 millions de tonnes cette année pour satisfaire la demande mondiale. Les perspectives de tensions toujours plus grandes sur les marchés alimentaires laissent déjà entrevoir de nouvelles hausses des prix.

Reste à espérer que les nouvelles règles de régulation mises en place aux États-Unis tempéreront les effets de la finance sur les prix agricoles. Depuis 2010, il est devenu impossible d’acquérir au-delà d’un certain montant de produits dérivés et d’acheter ou de vendre à haute fréquence.

Pour Juliette Renaud, de l’ONG Amis de la Terre, pour éviter que les crises alimentaires soient récurrentes, il faut aller plus loin, en interdisant les acteurs purement spéculatifs ainsi que certains produits purement financiers comme les ETF. En préalable, l’ONG réclame une plus grande transparence des marchés.

 

 

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15 août 2012 3 15 /08 /août /2012 14:31

 

 Equilibre 15/08/2012 à 12h21

   Elsa Fayner | Journaliste Rue89


Au fond d’une piscine (ajari/Flickr/CC)

 

La croissance reste au fond de la piscine en France, pour ne plus remonter. Le PIB a fait du surplace entre le premier et le deuxième trimestre 2012, a annoncé mardi l’Insee.

En cause : les Français consomment un peu moins qu’au début de l’année, les exportations restent peu dynamiques, tandis que les importations s’accélèrent nettement.

C’est le troisième trimestre consécutif de stagnation. L’Hexagone n’entre pour autant pas en récession : il faut que le PIB recule durant deux trimestres de suite pour que le pays y plonge franchement.

Combien de temps la France tiendra-t-elle en équilibre ? La consommation des ménages – composante clé de la croissance – risque d’être encore un peu plus affectée par les mauvaises nouvelles de cette fin d’été.

1 Les prix à la caisse augmentent

 

Les prix ont certes globalement baissé en juillet. De 0,4%, selon les chiffres publiés mardi par l’Insee. Mais l’annonce est trompeuse. Car les soldes d’été sont passées par là.

Sinon, de juin 2011 à juin 2012, les prix ont crû de 1,9%. Et, dès la rentrée, les vêtements, le mobilier, l’électroménager vont voir leur prix repartir à la hausse. Finis les rabais. Les produits frais, qui sont moins chers en été, vont eux aussi devenir plus coûteux à la rentrée.

Enfin, avec l’envolée des cours des céréales sur les marchés internationaux, les associations de consommateurs craignent une hausse des prix dans les supermarchés, raconte l’AFP.

2 Tout ce qui fume s’envole

 

Les prix à la pompe ont poursuivi leur remontée la semaine dernière. Le diesel – 80% de la consommation française – est revenu à environ 3 centimes de son record absolu de la mi-mars (1,4584 euro), selon les chiffres du gouvernement cités par l’AFP.

Pour l’essence, la hausse a été un peu plus marquée encore. Interrogé mardi 14 sur Europe 1, le ministre de l’Economie a promis des « mesures appropriées ».

Le prix du gaz augmente de son côté de 2% pour le troisième trimestre 2012. C’est moins que les 7% prévus par les fournisseurs. Mais les neuf millions de Français qui utilisent le gaz vont également devoir régler une facture à laquelle ils ne s’attendaient pas.

Le Conseil d’Etat a en effet jugé illégal le gel des prix instauré par le gouvernement Fillon en 2011. Un rattrapage s’impose, étalé sur deux ans :

  • de 38 euros pour un foyer se chauffant au gaz ;
  • et de 5,10 euros pour ceux qui n’utilisent le gaz que pour chauffer l’eau courante, calculent les ministères de l’Economie et de l’Ecologie.

Les paquets de cigarettes, enfin, vont augmenter de 30 à 40 centimes à partir du 1er septembre, a confirmé fin juin le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, sur RMC/BFM TV. Ils vont tous coûter plus de six euros.

3 Pouvoir d’achat en baisse

 

Pendant ce temps, les salaires augmentent de 2,1%. A peine plus que les prix. Cette tendance au rapprochement entre salaires et prix, constatée depuis début 2011, se confirme.

Résultat : pour plus de la moitié des salariés, le pouvoir d’achat a baissé en 2012, selon le service statistique du ministère du Travail (Dares). Pas facile, dans ces conditions, de consommer plus.

4 Emplois en voie de disparition

 

Surtout, les emplois disparaissent depuis 2011. Près de 30 000 ont été détruits cette année, selon les estimations de l’Insee et de la Dares.

Ce trimestre, 10 200 postes ont coulé dans l’industrie. C’est le secteur le plus touché. Mais il n’est pas le seul. Plans sociaux, plans de départ volontaires, départs en retraite anticipée : LeMonde.fr a recensé 84 entreprises et près de 60 000 emplois menacés à travers toute la France.

Premières victimes : les intérimaires. Ce trimestre, plus de 20 000 postes intérimaires ont été rayés de la carte. La nouvelle n’est guère réjouissante quand on sait que l’intérim est considéré comme un indicateur avancé de l’état du marché de l’emploi.

5 L’immobilier bloqué

 

Depuis le début de l’année, le marché de l’immobilier est en chute libre, révèle mardi Le Parisien :

« Les biens à vendre, dans le neuf ou l’ancien, existent bel et bien, les acquéreurs potentiels aussi. Mais le prix du mètre carré et le raidissement des conditions d’obtention des prêts aboutissent à une chute des transactions. »

Des biens peuvent désormais rester jusqu’à un an sans trouver preneur. Dans les zones « tendues » le prix de l’ancien ne baissent pourtant pas.

Quelques bonnes nouvelles

Les prix décollent, les emplois disparaissent, les salaires augmentent à peine plus que les prix et les logements ne circulent plus : tous les éléments d’un blocage durable de la croissance sont en place.

Quelques éléments d’espoir quand même :

  • l’investissement des entreprises est reparti ;
  • les Français gardent des bas de laine bien remplis : en 2011, ils ont épargné 16,8% de leurs revenus, un taux record depuis 1983 d’après l’Insee. Et un niveau très supérieur à la moyenne de la zone euro ;
  • l’intensification des contrôles pour lutter contre la fraude de toutes origines (impôts, emploi, santé) a permis de détecter près de 4 milliards d’euros de fraude en France l’année dernière, selon LesEchos.fr. Des économies pour encourager l’investissement et l’emploi ?

 

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14 août 2012 2 14 /08 /août /2012 21:29

 

Mardi 14 Août 2012 à 19:37

 

Rehab Benchergui

 

L'incorrigible député européen Vert, Yves Cochet, est revenu sur son opposition projet du Gouvernement de bloquer temporairement les prix de l’essence. Entretien

 


 Vous écriviez  en Janvier 2012 dans Le Monde que la proposition de François Hollande – candidat PS à la présidentielle à l’époque – de bloquer temporairement les prix de l’essence constituait « un double mauvais message ». Avez vous changé d'avis?
 
C’est un très mauvais signe donné aux consommateurs,  mais aussi aux pays producteurs et exportateurs de pétrole car par ce blocage des prix de l’essence, on vient leur dire en quelque sorte : « même si le prix du baril augmente, ne vous inquiétez pas, c’est l’Etat et donc les contribuables qui vont payer ! ». Donc forcément, c’est une mesure qui ne les incitera pas à lever le pied.

Et ensuite, on ment aux Français car fatalement, les prix de l’essence sont voués à augmenter et pas seulement parce que crise il y a. A terme, c’est depuis plus de dix ans que les prix de l’énergie augmentent. En 2002, le prix du baril était de 20$ et en 2012, il en vaut cinq fois plus. Tendanciellement, il ne peut donc y avoir qu’une augmentation des prix de l’essence.
 
L’idée de parvenir à bloquer temporairement les prix de l’essence serait purement et simplement un mensonge ?
 
Oui, très clairement. Même si une telle solution pourrait se faire pour les ménages les plus démunis (le député Verts Cochet avait proposé de plafonner de manière provisoire le litre d’essence à 1,50 euros pour les 20% de ménage les plus démunis même si les prix augmentent à la pompe), d’une manière générale, bloquer les prix de l’essence laisserait croire aux consommateurs que l’ivresse de la voiture sans limite de vitesse va pouvoir continuer tout en espérant une amélioration des prix à la pompe dans le futur. Un scénario improbable !

On devrait au contraire leur dire qu’ils doivent s’habituer à une telle augmentation parce que cela n’est pas prêt de changer. En bref, l’énergie et le pétrole bon marché c’est fini ! Il faut que François Hollande et son Gouvernement adoptent une politique de vérité… surtout lorsque l’on se trouve être en début de mandat.
 
En résumé, quelle est donc la politique que vous adopteriez et surtout que vous conseilleriez au Gouvernement de suivre ?
 
Mon avis est que tôt ou tard, il y aura une transition énergétique assez forte et il faut que la France s’en prémunisse. Non pas en diminuant les prix du pétrole mais tout simplement en réduisant sa consommation. 

                                                              Propos receuillis par Rehab Benchergui
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14 août 2012 2 14 /08 /août /2012 21:17

 

 

LE MONDE | 14.08.2012 à 11h10 • Mis à jour le 14.08.2012 à 11h32

Par Jean-Baptiste Chastand

 

A croissance nulle, emploi en baisse. L'économie française a détruit 11 700 emplois salariés dans les secteurs marchands non agricoles au deuxième trimestre, selon l'estimation provisoire publiée par l'Insee, mardi 14 août. Logiquement, la croissance atone n'a ainsi pas permis de confirmer la hausse de 18 300 emplois intervenue au premier trimestre.

 

Lire aussi : L'économie française échappe de justesse à la récession


Cette baisse vient plutôt s'inscrire dans la mauvaise tendance amorcée aux deux derniers trimestres 2011, qui avaient vu les destructions d'emploi réapparaître pour la première fois depuis 2009 et la fin de la précédente crise. Sur un an, l'économie française a ainsi détruit 29 600 postes, soit une baisse de 0,2 %.

C'est d'abord la chute de l'intérim qui explique cette nouvelle baisse. Quelque 19 900 postes intérimaires ont ainsi été détruits en trois mois, après 700 au premier trimestre. "Les destructions d'emploi dans le secteur retrouvent un rythme proche de celui observé au second semestre 2011", rapporte l'Insee.

 

Lire aussi : Les missions locales privées de la bouffée d'oxygène des jobs d'été


Cette baisse vient également confirmer les mauvais chiffres publiés le 9 août par Pôle emploi, qui faisaient déjà état d'une diminution de 9 % pour juin, sur un an, du nombre d'intérimaires. L'intérim est habituellement considéré comme un indicateur avancé de l'emploi, ce qui laisse présager des lendemains difficiles sur le front du chômage.

Le reste de l'emploi salarié se porte moins mal, avec une hausse de 8 200 postes. L'industrie souffre toutefois toujours autant, avec 10 200 postes emplois détruits. La construction et les services restent de leur côté relativement stables.

 

PEU D'ESPOIR

Sur le front de l'emploi, tous les feux sont désormais au rouge. L'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss), qui regroupe l'ensemble des Urssaf, avait ainsi fait état en juillet d'une baisse des embauches de plus d'un mois de 9,8 % sur trois mois, et d'une baisse de 0,2 % de l'emploi salarié, avec une base de calcul qui diffère de celle de l'Insee. Ces mauvais indicateurs ne laissent que peu d'espoir de voir le chômage baisser dans les prochains mois. La publication du nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi doit intervenir le 17 août, mais il est peu probable que ce chiffre traduise une amélioration.

Le gouvernement ne semble d'ailleurs pas y croire. Michel Sapin, le ministre du travail et de l'emploi, n'avait ainsi pas caché, fin juillet au micro de RTL, que le taux de chômage atteindrait "sûrement" 10 % en France métropolitaine avant la fin de l'année. Un taux déjà atteint au premier trimestre, si l'on prend en compte les départements d'outre-mer.

"La croissance lente pénalise le marché du travail", résume Philippe Waechter, économiste en chef chez Natixis. "Et à court terme, on ne voit pas quels facteurs permettraient d'inverser la tendance. L'ajustement fort sur l'intérim traduit cette situation économique très volatile", estime-t-il.

 

Jean-Baptiste Chastand

 

 

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13 août 2012 1 13 /08 /août /2012 14:00

 

Marianne - Lundi 13 Août 2012 à 15:48

Anne Marie Le Pourhiet

 

C’est osé ! Telle est la réaction qu’inspire la décision rendue le 9 août par le Conseil constitutionnel concernant le Traité sur la
stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire, dit «pacte budgétaire». Anne Marie Le Pourhiet, professeur de droit public, estime l'appréciation des juges constitutionnels «astucieuse et audacieuse».

 

(Le Conseil constitutionnel, à Paris - DR)
(Le Conseil constitutionnel, à Paris - DR)

Contrairement à ce qu’ont indiqué certains commentaires trop rapides et superficiels, le Conseil constitutionnel n’a pas du tout «validé» le traité (ce n’est pas son rôle en la matière), mais n’a pas non plus indiqué que sa ratification ne nécessitait aucune révision constitutionnelle. 

Il a seulement interprété le pacte budgétaire comme offrant aux États une alternative dont une branche, contraignante pour les finances publiques, nécessiterait une révision constitutionnelle, tandis que l’autre branche, non contraignante, n’impliquerait pas de révision. C’est ce que l’on appelle, dans le jargon des juristes, une « interprétation neutralisante ». Mais, en l’espèce, son raffinement quelque peu pervers se discute et il n’est pas certain du tout que l’interprète officiel des traités européens que constitue la Cour de justice de l’Union européenne se laisse séduire par cette duplicité.

Le Conseil constitutionnel juge donc que si le gouvernement français retient la première option hard il faudra réviser la Constitution française, mais que s’il retient, en revanche, la seconde version soft ce ne sera pas nécessaire. Le traité nous laisserait donc, en quelque sorte, le choix entre Docteur Jekyll et Mr Hyde.

absence de garantie véritable

Cette décision est à la fois astucieuse et audacieuse. Le Conseil y exploite habilement une ambiguïté rédactionnelle du traité mais le résultat reste d’une logique douteuse et l’interprétation de la Constitution elle-même est légèrement forcée. Quant à la stratégie poursuivie par le Conseil, elle paraît, en revanche, fort claire : il s’agit évidemment de faciliter une ratification rapide d’un traité signé par Nicolas Sarkozy et confirmé à la virgule près par François Hollande.
Pour tenter de ménager tous les systèmes constitutionnels et juridiques en vigueur dans l’Union, la disposition phare du pacte budgétaire dite « règle d’or » concernant  l’équilibre des finances publiques a été rédigée de façon ambigüe dans l’article 3 qui stipule qu’elle prend effet «au moyen de dispositions contraignantes et permanentes, de préférence constitutionnelles, ou dont le plein respect et la stricte observance (…) sont garantis de quelque autre façon».

Il faut convenir que cet énoncé n’est pas clair du tout et laisse entendre que les États pourraient adopter soit des normes contraignantes constitutionnelles ou en tous cas hiérarchiquement supérieures aux lois de finances, soit d’autres mesures qui ne seraient donc pas contraignantes mais dont le traité exige cependant que le plein respect et la stricte observance soient garantis.

Le byzantinisme au service d’une stratégie politique

Or, on voit mal comment l’on pourrait garantir le «plein respect» et la «stricte observance» d’une règle autrement que par des dispositions contraignantes placées au-dessus des budgets qu’elles ont pour vocation d’encadrer. Une circulaire comme celle du 4 juin 2010 relative à l’édiction de mesures fiscales ou encore une loi de programmation des finances publiques peuvent se révéler efficaces pour améliorer l’équilibre budgétaire mais ne peuvent sûrement pas le garantir pleinement et strictement. En l’absence de contrainte, donc de sanction, il ne peut y avoir de garantie véritable.

Or, précisément, toute la stratégie du Conseil constitutionnel a consisté à jouer sur l’alternative apparemment ainsi offerte par le traité. Il explique que si la France prend l’option de la norme constitutionnelle ou organique directe et contraignante il faudra évidemment une révision constitutionnelle, mais que si elle choisit d’adopter un système non contraignant, il ne sera alors pas nécessaire de réviser.

Le problème est que l’on ne voit pas du tout à quoi peut ressembler ce mécanisme non contraignant et que le Conseil s’abstient soigneusement d’en suggérer les contours. Curieusement cependant, alors qu’il indique dans son considérant n°22 que cette seconde option, non seulement ne suppose pas de norme contraignante mais n’implique même pas de recourir à une norme d’une autorité supérieure à celle des lois, il est quand même bien obligé de «dénicher» ensuite, dans son considérant n°24 la possibilité d’adopter une loi organique pour fonder ce simple encadrement non contraignant des
mesures budgétaires.

C’est dire qu’il finit par reconnaître au bout du compte, après l’avoir nié, la nécessité d’adopter quand même un texte normatif qui s’imposera au législateur financier. Tout cela n’est pas trés cohérent et l’on devine bien que ce byzantinisme obscur est mis au service d’une stratégie politique.

grosse Bertha germanique

A défaut de révision constitutionnelle, Il restait donc à trouver un fondement constitutionnel à l’intervention du législateur organique, car nul n’a jamais pensé que les dispositions traditionnelles des articles 34, 47 et 47-1 de la Constitution puissent à elles seules permettre d’encadrer sur le fond, fût-ce sans contrainte, les choix budgétaires des représentants de la Nation.
 
Le Conseil constitutionnel ne s’est pourtant pas embarrassé en interprétant ces dispositions constitutionnelles, initialement destinées à compléter simplement des articles de la Constitution gaullienne de 1958, comme permettant d’introduire une  règle d’or en forme de grosse Bertha germanique. 

Enfin, puisque le Conseil suggère ainsi au gouvernement une solution prétendument soft n’impliquant pas d’adopter de nouvelles normes constitutionnelles financières, il ne lui restait plus qu’à constater, dans le bouquet final, qu’un si délicat et inoffensif traité ne saurait compromettre non plus les conditions essentielles d’exercice de la souveraineté nationale. Le paradoxe est que, de l’autre côté du Rhin, la loi fondamentale allemande a dû être modifiée à la majorité des deux tiers du parlement fédéral pour permettre la ratification du même traité !

«Le pacte budgétaire est un projet allemand»

Il reste donc au Gouvernement français, s’il choisit l’option soft comme on peut s’y attendre, à préparer un projet de loi organique qui devra théoriquement s’inspirer des « conditions » définies par le Conseil constitutionnel, qui sont si peu précises et claires qu’il dispose en réalité d’une grande liberté pour réaliser notre mise au pas de l’oie budgétaire.
       
Dans une conférence-débat au parlement européen le 7 février 2012 le professeur allemand Dietrich Murswiek indiquait : «Le pacte budgétaire est un projet allemand. Le ministre des finances Schäuble et la chancelière Merkel ont eu l’ambition d’utiliser la crise de l’euro pour transformer l’union monétaire en union budgétaire complète». C’est bientôt chose faite.
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13 août 2012 1 13 /08 /août /2012 13:48

 

Marianne - Rédigé par Juan Sarkofrance le Lundi 13 Août 2012 à 08:20

 

Il y a quelques jours, le Figaro a publié un article assassin sur le coût des 35 heures. Au moins 22 milliards d'euros par an, expliquait l'auteur. L'argument était complété d'un constat: il faudra bien y renoncer et travailler plus.

Malheureusement, tout était faux.

 

Le Figaro ment sur les 35 heures.


Mensonge avoué...
Le titre de l'article est affirmatif, définitif, sans aucune ambiguïté:

« Les 35 heures coûtent au moins 22 milliards par an »

On cherche alors la preuve du propos, la justification de l'affirmation.
 
Puis, presque à la fin de l'article, on tombe sur cet aveu, un court paragraphe, qu'il vaut mieux citer in extenso pour éviter toute accusation de censure:

« Résultat, la France se retrouve aujourd'hui avec un chômage de masse et un coût du travail élevé (de 23 % supérieur à celui de l'Allemagne), en dépit des 22 milliards d'euros d'exonérations de charges sociales accordées chaque année aux entreprises pour «compenser» le passage de 39 heures à 35 heures sans perte de salaire. C'est le véritable boulet des 35 heures! Il représente, grosso modo, l'équivalent du budget annuel de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

La Cour des comptes elle-même a jugé que l'efficacité sur l'emploi de ces exonérations était «trop incertaine pour ne pas amener à reconsidérer leur ampleur, voire leur pérennité». Certes, la totalité de ces allégements n'est pas directement imputable aux lois Aubry. Les premières exonérations sur les bas salaires ont même été introduites par le gouvernement Balladur en 1993. Mais elles ont considérablement gonflé avec les 35 heures: passant de moins de 7 milliards d'euros en 1999 à 17 milliards cinq ans plus tard, et à plus de 22 milliards en 2010.»

Relisons ensemble: « Certes, la totalité de ces allégements n'est pas directement imputable aux lois Aubry. »
 
Et oui. L'auteur avouait son forfait à demi-mot, les 22 milliards d'euros qu'il nous jetait en titre n'étaient pas totalement imputable aux trente-cinq heures.
 
... 9 milliards de trop
D'ailleurs, l'ancien gouvernement avait déjà livré une estimation très précise des différentes exonérations de charges sociales dont bénéficient les entreprises. En juin 2011, répondant à la question d'un sénateur, voici que Xavier Bertrand fournit un tableau très exhaustif sur les exonérations de charges sociales. Un tableau que la journaliste auteur de l'article aurait pu consulté.
 

 
 
 
Qu'apprend-t-on ?

1. En 2003, François Fillon, alors ministre du travail, fusionne tous les dispositifs d'exonération de charges, en unifiant les barèmes - ceux concernant les bas salaires et ceux instaurés en 1998 liés à la réduction du temps de travail (allégements « Robien », puis « Aubry »).
 
2. Les 22 milliards d'euros concernent bien toutes les exonérations et pas seulement ceux relatifs à la RTT.
 
3. En 2002, dernière année où les exonérations 35 heures étaient encore comptabilisées séparément, les aides Aubry (« I » puis « II ») représentaient un montant total de ... 10,4 milliards d'euros. Le Figaro se/nous trompait de près de 50% !
 
4. Pour compléter sa présentation, le ministre d'alors faisait préciser que les conclusions des rapports du Conseil d'orientation pour l'emploi et de la Cour des comptes « tendent à la reconnaissance de l'impact positif de la politique d'allégements de cotisations sociales sur l'emploi », et d'ajouter que « leur suppression totale aujourd'hui conduirait à détruire environ 800 000 emplois en l'espace de quelques années, sauf à revenir sur les fortes augmentations du SMIC horaire décidées et votées du fait de la RTT. » Quel paradoxe ! Supprimer ces fameux 22 milliards d'euros d'exonérations de charges - dont une partie couvrent la neutralisation du passage de 39 à 35 heures - coûterait 800.000 emplois ! Arroseur arrosé ?
 
Le retour de Sophie Roquelle ?
L'article, publié par le Figaro, est signé par Sophie Roquelle, rédactrice en chef au Figaro.
 
Ce nom ne vous dit peut-être rien.
 
En juin 2011, elle s'était fendu d'une longue enquête pour le Figaro magazine sur « la France des assistés ». Elle rebondissait sur les salves de Laurent Wauquiez contre le « cancer de l'assistant ». Son article avait débuté par un paragraphe fameux : « On les surnomme parfois «les canapés». Dans le milieu de l'insertion professionnelle, on connaît bien ces demandeurs d'emploi qui ne demandent plus grand-chose, sinon de rester chez eux devant la télévision. Le travail n'est plus qu'un vieux souvenir. Leur univers se résume à un gros sofa face à un immense écran plat qui ronronne en permanence pour meubler la solitude. » Rapidement, une belle fraction du Net s'indigna, jusqu'à cette interrogation de Daniel Schneidermann, d'Arrêt sur Images, dans un  article également publié par Rue89 :
 
« Peut-on écrire sur les « assistés » et être marié au n°2 de GDF ? »
 
Peut-on écrire sans vérifier ses chiffres dans la rubrique économique du Figaro ?

 

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13 août 2012 1 13 /08 /août /2012 13:35

 

Rue89 - Publié le 13/08/2012 à 14h39

  Aurélie Champagne - Journaliste

 


Philippe sort de la rue (Aurélie Champagne, Olivier Volpi)

Aujourd’hui, il porte son trousseau de clefs noué autour du cou. Il a les cheveux courts, se rase de près, porte des habits propres et sent bon « l’eau de Cologne à la lavande achetée chez ED ».

« Normalement, je dis bien normalement, la rue, c’est fini pour moi. A 95%, je pense que c’est fini. »

« Un déclic », la pugnacité d’une assistante sociale, l’association des Petits Frères des Pauvres et une bonne part de chance ont permis son relogement.

Tout n’est pas rose pour autant. Philippe doit « faire ses preuves » et résoudre des problèmes qu’il n’avait pas forcément anticipés.

110 euros par mois pour vivre

Après trois mois d’hôtel à la semaine, il est passé à « l’hôtel social au mois avec cuisine », où il vit actuellement. Sa chambre de 14 m2 coûte 610 euros au mois. Il touche 310 euros d’Aide pour le logement (APL) et 410 euros de RSA.

« Une fois le loyer payé, il me reste une centaine d’euros. Avec ça, tu vis pas. C’est nouille, riz et pas de folie. »

La CMU couvre gratuitement ses frais médicaux et sa carte « Transports solidarité » lui permet de se déplacer gratuitement. Pour se nourrir, il continue à fréquenter quelques associations, dont une banque alimentaire, deux fois par mois :

« Tu paies 5 euros et tu ressors avec l’équivalent de 20 euros de produits de première nécessité. »

Quand ses vêtements lâchent, il va à l’Armée du salut, « le meilleur vestiaire de Paris ».

« Un mec à la rue vit mieux que moi »

Ironique, il constate :

« A la rigueur, un mec à la rue vit mieux que moi. Il touche un RSA socle de 460 euros. Il peut vivre. Il n’a pas de loyer. Il ne peut pas cuisiner, mais il y a des associations et des distributions de nourriture. Moi, depuis que j’ai un logement, je ne peux plus bénéficier de certaines aides. »

La question du budget décourage parfois les sans-abri en réinsertion. Pas Philippe :

« Je ne ressens pas “ l’appel de la rue ”. Ce que j’y ai vécu pendant vingt ans n’a rien à voir avec ce que je vis depuis ma domiciliation. Je ne suis pas nostalgique. »

Ce qui reste : le bordel, la haine du gaspillage

« Il m’a fallu six mois d’adaptation, pour que je me sente vraiment “ADF” [avec domicile fixe, ndlr] », résume-t-il.

Les premiers temps, à l’hôtel, une sensation de claustrophobie le poussait à laisser toutes les fenêtres ouvertes. Elle a fini par passer.

Malgré tout, Philippe « garde encore des habitudes de la rue ». Sa plus grande obsession est le gaspillage :

« Je jette rien, surtout pas la nourriture. J’utilise les vêtements à fond, je collectionne les petits morceaux de sucre, quand il y en a un qui traîne, je le ramasse. Pareil pour le pain. Je préfère encore manger un morceau de pain rassi depuis deux jours que de le jeter. »

En ce moment, il collectionne les serviettes en papier.


Philippe et son patchwork « Brico Déco » (Aurélie Champagne, Olivier Volpi)

Même si les produits ménagers et produits de toilette représentent une part importante de son budget, Philippe éprouve une certaine difficulté à ordonner son lieu de vie :

« Le bordel, ça, ça me reste de la rue. »

Des services contre un petit billet

Pour arrondir les fins de mois, il a ses petits arrangements avec une paroisse qu’il fréquente de longue date. Il assure quelques heures de présence quotidienne dans une église et effectue des petits travaux d’entretien :

« Je rends aussi des services à des paroissiens contre un petit billet. »

Pour tout le reste, Philippe a appris à changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde. De temps en temps, il s’autorise « une petite folie » : « Un traiteur chinois ou un cinéma. »

« A la rue, je le faisais jamais : tu sais que tu sens pas la rose, t’as tes bagages avec toi. Aujourd’hui, j’ai plus ces problèmes. Je rentre partout. La semaine dernière, je suis allé voir “ Batman ”. »

Philippe évite de penser aux vacances :

« J’ai pas vu la mer depuis au moins dix ans. »

Il rit :

« Si j’ai besoin de flotte, je vais à la piscine. »

La solitude, « le manque des copains »

Aujourd’hui, Philippe parle du « clan SDF » et du « clan ADF ». Socialement, il est encore dans un entre-deux pas toujours très chouette à vivre. Côté ADF, les amitiés sont inexistantes et certains regards le renvoient encore à son ancienne condition. Côté SDF, ses anciens amis de rue lui ont tourné le dos :

« Certains me disent que je m’embourgeoise. Il y a une certaine jalousie. Ils ne comprennent pas : la rue est une famille et je l’ai désertée. Souvent, je ressens le manque des copains. »

Philippe, ex-SDF, à propos de son entourage ADF et SDF.

Durée : 1’15

Ses anciens potes Paul et Daniel sont loin. Paul vivrait toujours au Maroc, « il a appelé la dernière fois pour que je l’aide avec son dossier de RSA ». Daniel serait parti le rejoindre :

« Il paraît qu’il s’est lancé dans un petit business de location de chameaux. Mais je ne sais pas le vrai du faux. Je ne les fréquente plus. »

« Peut-être que je deviens comme tout le monde »

Il reste silencieux un moment. Une pensée le taraude. Un changement s’opère en lui. Il peine à l’expliquer :

« C’est bizarre mais je l’ai remarqué : j’ai peut-être tendance à m’écarter des SDF maintenant. Bien que je l’ai été. C’est-à-dire que quand j’en vois un, je vais pas lui dire bonjour. Je m’écarte. Je crois que j’ai une autre façon de penser aujourd’hui. Je me dis : “ Ah, quand même, s’il voulait s’en sortir… ”

Pourtant, je sais d’où je viens. Je suis le premier à savoir que ce que les SDF vivent, été comme hiver, mais je crois que je ressens comme un manque d’amitié pour eux. »

Il conclut, avec une pointe d’angoisse :

« Quand tu m’as connu, j’étais SDF. Je parlais comme un SDF parce que je vivais une vie de SDF. Quelques années plus tard, je crois que je parle et que je raisonne plus comme un ADF. En fait, peut-être que je deviens comme tout le monde. »

Sa copine et Fred

Pour tromper sa solitude, il fréquente Fred, un ancien SDF comme lui, en passe de sortir de la rue :

« C’est mon frère, on rigole ensemble plus qu’on ne se parle. Il n’y a que lui. »

Dans sa vie, Philippe a aussi « une amie » :

« Je la connaissais du temps de la rue, elle savait que pour moi, il n’était pas question d’avoir une relation en étant dehors. »

Depuis, les choses ont changé. Elle lui confie ses histoires, il l’écoute et l’accueille de temps en temps dans sa chambre.

Le retour timide de la famille

En juillet dernier, Philippe a fêté son anniversaire :

« 52 ans. Je suis fier de les avoir, avec tout ce qu’il y a derrière. »

Après un long silence :

« Mon frère m’a appelé pour me le fêter… Chose qu’il n’avait pas faite depuis une bonne dizaine d’années. Depuis qu’il sait que je suis sorti de la rue et que je tiens la route, il a repris contact. Petit à petit. Pour moi, c’est une reconnaissance. »

Philippe est ému. Pour la première fois, il parle de ses filles de 22 et 26 ans :

« J’ai été un papa voyageur, c’est comme ça qu’elles disaient. »

L’une d’elle l’appelle plus souvent maintenant.

Beaucoup de choses ont changé

En un an, beaucoup de choses ont changé. « J’ai grossi », sourit-il. Il parle aussi d’une forme d’« amour propre » qu’il sent revenir :

« Avant, on me marchait sur les pieds dans le bus, je disais rien. Aujourd’hui, je gueule. C’est un détail mais il y en a plein d’autres comme ça. »

Il évoque « l’odeur de rue » dont il s’est défait et s’avoue heureux de « passer inaperçu dans la masse ».

« A la rue, ça me serait jamais venu à l’idée de m’installer en terrasse de café ou dans un restaurant pour manger comme on fait là. Je savais très bien que, du fait de mon manque d’hygiène, je ne sentais pas bon. C’est de l’exclusion dans l’exclusion, tu vois. Je m’excluais moi-même. »

Philippe, ex-SDF, à propos de ’l’odeur de la rue »

Durée : 1’

Il a cessé d’écrire de la poésie :

« A la rue, je crois que c’était un exutoire. »

Retomber à la rue, sa « plus grande peur »

Il répète :

« Je sais d’où je viens. Et j’espère que je sais où je vais. Je fais tout pour ne pas retomber : je paie mes loyers, je tiens à jour mes dossiers RSA, CMU. Je sais bien que sortir de la rue, se réinsérer, ça prend pas un mois, pas six mois, pas un an. Aujourd’hui, retomber à la rue reste ma grande peur. »


Philippe au resto L’Echappée (Aurélie Champagne, Olivier Volpi)

Niveau santé, vingt années de rue ont laissé des séquelles : les mycoses et maladies de peau sont derrière, mais « les pieds et les genoux sont abîmés, à force de marcher tout le temps et de porter des sacs. Et puis, je suis à la limite du diabète. Pendant les années de rue, on se dit que tout va bien, ça tient, mais quand on en sort, on se rend compte qu’on est pas indemne. »

 

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13 août 2012 1 13 /08 /août /2012 13:11

 

 

Le Monde.fr | 12.08.2012 à 19h55 • Mis à jour le 13.08.2012 à 07h57

En Grande-Bretagne, le secteur de la banque est au plus bas. Déjà mises à mal pendant la crise de 2008, les banques britanniques accumulent les scandales : l'affaire du Libor fait trembler Barclays, HSBC pourrait écoper d'une amende d'1 milliard de dollars par le Sénat américain, la filiale britannique JP Morgan Chase a dévoilé récemment une perte de près de près de 6 milliards de dollars...

Profitant du succès populaire des Jeux olympiques à Londres, le patron de la Banque centrale britannique, Mervyn King, a pris la plume pour demander aux banquiers de la City de prendre exemple sur les 10 000 bénévoles, sans qui la compétition n'aurait pas pu avoir lieu.

"Le secteur financier ne nous a pas rendu service en défendant la thèse selon laquelle des compensations financières importantes sont nécessaires pour motiver les individus, écrit-il dans le Mail on Sunday. Regardez le succès des bénévoles, dont la présence au Parc olympique et à Londres a tellement contribué à cette atmosphère de joie".

Outre-Manche, King n'est pas le premier à formuler un tel argument. Roy Hodgson, entraîneur de l'équipe nationale de football, a déclaré publiquement qu'il souhaiterait que les joueurs de football se comportent davantage comme les athlètes des JO, après ce qu'il a qualifié de "saison honteuse" pour son équipe, marquée par deux affaires de racisme qui ont fait couler beaucoup d'encre.

 

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