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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 16:43

 

Rue89 - Le Yéti
yetiblog.org
Publié le 14/09/2012 à 15h54

 

 

La finance internationale, par les décisions récentes de deux de ses principales banques centrales – la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine (FED) – vient de basculer au-delà des limites du possible, dans l’abîme de terres inconnues, avec tous les dangers qu’une telle aventure insensée représente.

Après Mario Draghi (BCE) promettant un rachat « illimité » des dettes pourries d’Etats européens rincés, voici que Ben Bernanke (Fed) vient de lancer un troisième « assouplissement » quantitatif ( « quantitative easing ») qui ne dit pas son nom. 40 milliards par mois pour racheter des titres avariés. Jusqu’à ce que la machine économique américaine affiche « une amélioration soutenue ».

« No limit ! »

Autant dire « no limit ! » là aussi, parce que vu le succès des deux premières injections massives en dollars, Ben Bernanke a toutes les raisons de se faire un fichu souci d’encre. Et « raisons », façon de parler, parce que la planche à billets naît quand la raison trépasse, surtout quand elle est destinée à racheter de la camelote putride.

D’ailleurs, passée l’euphorie hallucinée de ces junkies de marchés, il est des opérateurs qui s’interrogent sur ce maintien d’une politique monétaire ultra-accommodante « pendant un temps considérable ».

Euh, s’interrogent en substance les experts du cabinet RDQ Economics, « terre inexplorée », là, isn’t it ? Pour les deux premiers « quantitive easing », on avait au moins « une connaissance assez concrète du montant total des achats et du délai », renchérit son confrère de Barclays Capital.

Perte de contrôle

Il en est qui remettent carrément en cause cette fuite en avant, beaucoup plus contrainte par des coups de pieds au cul venant de derrière que par la carotte promise à l’horizon. Boris Pilichowski, gestionnaire de fonds à Londres, est de ceux qui dessinent des murs vachards à l’infini proposé par nos zèbres financiers avec l’aval morveux des politiques.

« Ce procédé est aussi vieux que l’existence de la monnaie. Il s’agit d’imprimer de l’argent pour payer les dettes d’un Etat et de ses banques en faillite. »

Problème :

« Ce que l’Etat paye d’un côté avec de l’argent sorti de nulle part, il le reprend par l’augmentation des prix [...] L’inflation monétaire est une taxe lâche, puisque levée de façon détournée, et irresponsable, puisque non contrôlée. »

Les murs douloureux de l’infini

Premier mur :

« Les baby-boomers seront les grands perdants, mais à juste titre. Ce sont eux qui ont généré et accumulé les dettes du système depuis trente ans et prospèrent sans travailler sur des lauriers usurpés. »

Second mur :

« Les jeunes Européens ne vont pas tarder à comprendre que les solutions économiques proposées pour sauver l’Europe servent avant tout leurs aïeux. Ils auront alors perdu confiance dans des leaders discrédités et se tourneront vers des solutions politiques, certes alternatives, mais extrémistes et dangereuses. »

Vous rappelez-vous cette scène finale hallucinante du film de Kubrick, « 2001, l’odyssée de l’espace », quand les humains planétaires, à la quête de ce qu’ils ne comprendront jamais – la mégalithe noire – basculent au-delà des limites de l’infini (« beyond the infinite ») et sont ramenés aux mystères de leur propre existence terrestre : la naissance, la vieillesse, la mort ?

Eh bien c’est exactement ce qui est en train d’arriver à notre bonasse finance internationale prise de folie. Une plongée vertigineuse au-delà des limites du concevable. Une cavalcade démente vers sa propre fin. Mais à la différence près que les acteurs sont plutôt extraits de la série du Gendarme à Saint-Tropez.

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14 septembre 2012 5 14 /09 /septembre /2012 19:01

 

                                                                                                                                                                                                                         Lire aussi

 

                                                                                                                                                                                                                    Dans le monde patronal, Bernard Arnault a toujours été à part. Respecté pour son succès à LVMH, redouté pour sa fortune, il n’a jamais été très proche de ses pairs du CAC 40 : le milliardaire est trop froid, trop distant. Mais depuis samedi, les patrons lui en veulent énormément : le président de LVMH risque de leur coûter une fortune.

Comment a-t-il pu commettre une telle faute ? « Quand on est la première fortune de France, choisir de demander la nationalité belge, surtout au moment où la gauche revient au pouvoir, c’est avoir un sens politique proche de zéro », s’énerve l’un d’entre eux. « On n’avait pas besoin de cela, maugrée un des patrons de l’Association française des entreprises privées (AFEP). Cela ne pouvait tomber à un plus mauvais moment. »


Bernard Arnault 
Bernard Arnault© Reuters

 

Depuis plusieurs mois, les patrons du CAC 40 ont engagé un lobbying forcené auprès de l’Élysée et de Bercy sur la grande affaire, celle qui leur tient le plus à cœur depuis le printemps : l’impôt spécial de 75 % sur les revenus supérieurs à 1 million d’euros, annoncé par François Hollande en février, pendant sa campagne.

Cherchant à vider de son contenu la disposition ou au moins à en limiter le plus possible la portée, les dirigeants des grands groupes ont tout mis à œuvre pour convaincre le pouvoir de la nocivité de cette formule. Aucun moyen n’a été négligé. Ils ont prestement remplacé Maurice Levy, devenu gênant après la révélation de ses 17 millions d’euros de revenus différés, à la tête de l’AFEP, par Pierre Pringuet, directeur général de Pernod Ricard et, surtout, ancien membre du cabinet de Michel Rocard. Ils ont multiplié l'envoi d'émissaires auprès du pouvoir pour plaider leur cause. Cet été, les conseillers de François Hollande ont vu s’empiler sur leurs bureaux des notes alertant sur le risque d’exil à l’étranger de grands patrons, ou des sièges de leurs groupes. 

À chaque fois, les mêmes arguments ont été repris : il ne s’agissait pas bien sûr de défendre leur cause personnelle. Mais le pouvoir ne pouvait ignorer les contraintes propres aux grands groupes internationaux. Dans la compétition mondiale pour les talents, ils risquaient de perdre leurs collaborateurs étrangers, effrayés par ces projets de fiscalité confiscatoire. Tout cela ne pouvait que pénaliser les intérêts français.

À force de plaider leur cause, les grands patrons pensaient être sur le point de sérieusement amender le projet. La semaine dernière, il était question de porter le seuil d’imposition de 1 à 2 millions d’euros, d’inclure la CSG dans le calcul des 75 %. Comme les sportifs et les artistes doivent être inclus dans le dispositif fiscal, ainsi que l’a réclamé le patronat afin de ne pas pénaliser les seules fortunes d’entreprise, il était question aussi de distinguer les revenus réguliers des revenus irréguliers, ce qui devait permettre d’exclure ou au moins de lisser la fiscalité sur la partie variable des salaires des grands patrons. Bref, tout se mettait en place discrètement pour garder un affichage symbolique mais d'en limiter fortement les effets.

 

Un cadeau à François Hollande

L’affaire Bernard Arnault a tout fait capoter. « Après l’affaire Arnault, François Hollande ne pouvait pas politiquement faire autrement. Il ne pouvait que revenir à sa promesse électorale », reconnaît un banquier, déconfit. « Bernard Arnault ne pouvait pas rendre de plus grands services à François Hollande », ajoute un dirigeant d’un grand groupe industriel.

Un proche de François Hollande, suivant de très près les discussions et les conciliabules entre le pouvoir et le monde patronal, confirme : « On avait proposé de raisonner par couple, avec 2 millions d'euros. À ce niveau-là, personne ou presque n'était concerné. À part Bernard Arnault ! Mais Arnault, en demandant la nationalité belge, a obligé l'Élysée à durcir sa position », explique-t-il. Dimanche soir, dans son entretien télévisé, le président de la République a confirmé l'instauration d'un impôt exceptionnel de 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d'euros, pour une durée de deux ans.

Depuis le début de la semaine, les uns et les autres cherchent à aller aux nouvelles, qui à l’Élysée, qui à Bercy, pour savoir s'ils peuvent encore espérer quelques aménagements. Tous se disent dans la plus grande incertitude, tant le gouvernement reste secret sur ses arbitrages. Les grands patrons ont en revanche obtenu que le patrimoine ne soit pas inclus dans la taxe. Et il est toujours question d'inclure la CSG dans le calcul fiscal. Mais plus aucun patron ne se fait d’illusion : ils vont payer très cher, sur leurs deniers personnels, la faute de Bernard Arnault.

Certains espèrent que le gouvernement va au moins retenir la distinction entre revenus réguliers et revenus irréguliers, pour préserver les sportifs et les artistes. D’autres redoutent d’être soumis à la plus grande sévérité. À les écouter jongler avec les pourcentages, on devine que beaucoup ont commencé à faire des calculs serrés. « Si on ajoute les 75 %, la hausse de l’ISF et celle de la fiscalité sur le capital, cela finit par faire des revenus négatifs. Cela ne se peut pas. De toute façon, si cela dépasse les 100 %, tout sera attaqué devant le Conseil constitutionnel, qui ne pourra que sanctionner le dispositif », souligne un membre de l’AFEP. « On peut faire un effort pendant deux ans par patriotisme pour montrer que nous nous associons pleinement au redressement du pays. Mais cette mesure ne peut être que provisoire. À long terme, la fiscalité française ne peut pas dériver de la moyenne européenne », insiste un autre.

 

«Nous allons payer et en plus passer pour des traîtres»

« L’histoire Arnault, c’est une très bonne idée ! sourit un conseiller de l'Élysée, partisan de la mesure. C’est parfait ! Il a lui-même mis en scène ce qu’on voulait faire de cette taxe. » Et pour cause : avec les 75 %, Hollande veut envoyer un signe à l’électorat de gauche et… aux grandes fortunes. « Cette taxe, c’est une manière d’expliquer à des gens qui ont tendance à s’extraire de la société qu’ils en font partie », décrypte un proche du président.

 

François Hollande début septembre. 
François Hollande début septembre.© Reuters.

 

Or c’est précisément l’image d’un milliardaire “anti-patriote” et caricaturalement égoïste qu’a renvoyée Arnault en demandant à devenir belge. « Non seulement nous allons payer, mais en plus nous passons pour des traîtres », s’énerve un autre. C’est le deuxième reproche fait à Bernard Arnault. Par son attitude, il ramène tous les dirigeants des grands groupes à ce qu’ils estiment être des « caricatures », les présentant uniquement préoccupés par l’argent. Toutes les tentatives engagées par l’AFEP auprès du gouvernement pour tenter de réhabiliter les grands groupes se retrouvent réduites à néant. « Les socialistes ne comprennent pas l’entreprise. Ils font attention aux PME. Mais ils ignorent tout des grands groupes. Ils ne nous aiment pas. Avec cette histoire, cela ne va pas s’arranger », regrette un grand patron du CAC 40. Les milieux gouvernementaux s’amusent, mais s’irritent aussi parfois de cette « affectivité » des grands patrons, qui leur semble déplacée.

« Puisque son projet était éventé, Bernard Arnault aurait au moins dû l’assumer », poursuit ce grand patron. Les réponses alambiquées du patron de LVMH sur sa demande de changement de nationalité ont énervé le monde patronal. À la suite des révélations de La Libre Belgique, celui-ci a fait un communiqué de mise au point assurant qu’il continuerait à payer ses impôts en France, mais a laissé planer le mystère sur les motivations réelles qui l’ont poussé à entamer cette démarche. « Je suis sûr qu’il a fait cela pour les droits de succession », pronostique un patron. En Belgique, les transmissions et les héritages aux enfants ne sont pas imposés. « S’il avait expliqué que l’instabilité fiscale permanente en France faisait peser des risques sur son groupe et qu’il redoutait de le voir mis en morceaux, il aurait au moins rendu service à tout le monde. Le gouvernement aurait bien dû entendre qu’on ne peut pas changer les règles tout le temps. Là, il a préféré se taire. C’est pire que tout », résume un autre.

 

 

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13 septembre 2012 4 13 /09 /septembre /2012 17:42

 

 Face aux riverains 13/09/2012 à 19h28

Elsa Fayner | Journaliste Rue89

 

Nous avons posé vos questions au prix Nobel d’Economie. Il condamne l’Europe et son austérité, prône plus de sécurité pour les salariés, mais pas de protectionnisme.

 


Joseph Stiglitz dans les bureaux de son éditeur à Paris, le 11 septembre 2012 (Audrey Cerdan/Rue89)

 

Il profite de quelques minutes entre deux rendez-vous pour consulter ses e-mails. Concentré derrière sa petite table, dans le bureau de son éditeur en France, il ne répond pas au « bonjour » lancé. Ce n’est pas le moment sans doute.

Dès que l’heure de l’interview sonne, Joseph Stiglitz relève la tête et change de mode. Il va répondre aux questions que les riverains de Rue89 lui ont posées durant deux jours sur le site. Ses petits yeux bleus s’allument. L’homme s’installe dans le canapé moelleux de l’hôtel particulier et se prête au jeu de la séance photo, tout sourire.

D’un ton calme, précis, sans digression, il déroule son discours et les 509 pages de son livre, « Le Prix de l’inégalité » (éd. LLL, paru le 5 septembre 2012), dont il vient faire la promo à Paris pendant trois jours. Inutile d’essayer de l’interrompre tant qu’il n’a pas terminé une réplique. C’est calibré : ni trop long, ni trop court.

Sur le ton d’un médecin bienveillant, il égraine son discours d’« Indigné » : l’Occident passe de l’industrie aux services et doit revoir la structure de son économie pour accompagner cette révolution. L’Etat doit réorienter, mais également renforcer ses interventions. Surtout, il faut arrêter avec cette austérité assaisonnée à toutes les sauces. Ça ne fait qu’entretenir la crise.

Pour Stiglitz, c’est toujours « possible »

Joseph Stiglitz a également pensé à apporter son kit de solutions :

  • harmonisation financière ;
  • harmonisation fiscale ;
  • harmonisation des dettes dans la zone euro ;
  • lexisécurité du marché du travail ;
  • séparation des activités des banques ;
  • etc.

Pas de protectionnisme en revanche. Mais pourquoi pas une sortie de la zone euro si on galère vraiment trop.

Facile à suivre, pédagogue, le prix Nobel d’économie ne s’aventure pas sur le terrain du très concret, de la mise en place de ces réformes qui impliquent des changements de paradigmes. Pour lui, c’est toujours « possible ».

Quand on lui demande cependant s’il est vraiment possible de faire évoluer le système de l’intérieur, l’ancien conseiller de Bill Clinton, qui a démissionné de la Banque mondiale, marque un temps d’arrêt. Il n’a plus de réponse.

Poliment, il disparaît pour un autre rendez-vous. Sans avoir touché au gâteau qu’il aime tant, constate une éditrice navrée. Ce sera la seule information un peu personnelle que nous aurons à nous mettre sous la dent.

  1. Changer la structure de notre économie
  2. L’austérité n’est pas la solution
  3. Les décisions européennes sont trop limitées
  4. Mutualiser les dettes, harmoniser les impôts
  5. Et si l’Allemagne quittait la zone euro ?
  6. La fin de l’euro n’est pas la fin du monde
  7. Le protectionnisme serait une erreur
  8. L’emploi industriel décline, c’est le prix du succès
  9. Flexibiliser le marché du travail n’est pas la solution
  10. Un monde sans Goldman Sachs est possible
  11. Séparer les activités de dépôt et d’investissement des banques
  12. Difficile de changer le système quand on est à l’intérieur

MeMyselfAndI  : Quelles sont, selon vous, les causes de la crise économique mondiale ? Est-ce simplement une crise de surproduction « classique » ?

Joseph Stiglitz : Ce n’est pas une crise de surproduction. Le problème, c’est le manque de demande. Mais derrière, il y a un autre problème : les Etats-Unis et l’Europe vont avoir besoin de changer la structure de leur économie. Ça devient urgent.

Au XIXe siècle, nous sommes passés de l’agriculture à l’industrie. Il s’est trouvé plus de travailleurs agricoles que nécessaire. Il a fallu qu’ils fassent autre chose et cette autre chose, ça a été l’usine. Nous nous retrouvons aujourd’hui dans la même situation.

Nous passons de l’industrie aux services. Nous avons une industrie qui marche très bien, qui est très productive. Mais qui fournit du coup moins d’emplois qu’avant. D’autant moins que certains partent dans les pays émergents. Les marchés ne font pas un très bon boulot par rapport à ça. Il y a là une place à prendre pour les gouvernements.

*Pour accéder aux liens, appuyer sur la touche "Ctrl" de votre clavier + cliquer gauche sur la ligne du lien désirée

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13 septembre 2012 4 13 /09 /septembre /2012 16:17

 

 Pan sur les doigts 13/09/2012 à 15h47

Martin Untersinger | Journaliste Rue89

 

 


Un petit poisson (Michael Budde/Flickr/CC)

Le tribunal de police de Belfort a condamné ce jeudi un homme d’une quarantaine d’années à 150 euros d’amende pour téléchargement illégal.

C’est le premier contrevenant à la loi dite Hadopi qui est présenté devant un tribunal. Il a été condamné pour « défaut de sécurisation de son accès Internet », une des dispositions de la loi.

C’est en effet sa femme, avec qui il est en procédure de divorce, qui a avoué à l’audience avoir téléchargé illégalement.

Un des défauts de la loi Hadopi, longtemps dénoncé par ses opposants, est apparu au grand jour : ce n’est pas la contrevenante « téléchargeuse » qui a été punie, mais son mari. Ce dernier n’a pas, au sens de la loi, pris les mesures nécessaires pour empêcher son ex-compagne de télécharger illégalement.

Le tribunal, une procédure devenue rare

Mais cette comparution reste un cas isolé.

Dans sa conférence de presse de rentrée du 5 septembre, l’Hadopi nous a appris que seuls quatorze dossiers d’internautes ont été transmis à la justice : une portion infime du million d’e-mails qui ont été envoyés en guise de premier avertissement.

D’autres outils que la loi Hadopi sont à disposition des ayants droit, comme le délit pénal de contrefaçon, encore en vigueur, qui prévoit trois ans de prison et 300 000 euros d’amende. Mais en France, ce délit est utilisé afin de poursuivre les services qui mettent à disposition des œuvres, et non plus les internautes individuellement.

Le tribunal, pas le bon outil

Les poursuites contre des internautes ayant « simplement » téléchargé sont rares et assez anciennes : une en 2004, l’autre en 2005.

Dans une circulaire [PDF], le ministère de la Justice incitait dès 2007 à la clémence et à la modération pour les internautes qui ne faisaient « que » télécharger :

« Les auteurs de téléchargements se situent indiscutablement à un niveau moindre de responsabilité que ceux qui, à la source, permettent à ces faits de se réaliser. [...] Ils profitent et même alimentent un système prohibé d’échange sans être à l’origine de celui-ci. L’acte de téléchargement est assimilable à un acte de consommation illicite permis par des fournisseurs [...] qui leur offrent cette opportunité délictueuse et qui se situent donc à un niveau de responsabilité supérieure. »

Les affaires de téléchargement devant la justice ces dernières années concernent, de fait, des individus gérant de plateformes de téléchargement ou ayant mis à disposition de grandes quantités de contenus, comme celui d’« eMule paradise ».

Audrey Lefevre, avocate spécialisée dans la propriété intellectuelle :

« Ce qu’on voit, c’est que les grosses affaires de téléchargement ne sont pas forcément traitées par l’Hadopi, elles font l’objet d’un procès en contrefaçon, les ayants droit font leur propre action. »

Cédric Manara, professeur à l’Edhec business school, pointe également cette « nouvelle politique pénale » :

« Dans la première moitié des années 2000, il y a une stratégie d’actions multiples, plusieurs centaines en France. Mais c’était long, ça ne marchait pas toujours, il y avait des problèmes de procédure.

Depuis, les ayants droit comptent sur l’Hadopi et attaquent les forums par exemple, ceux qui mettent des fichiers à disposition. L’idée, c’est de bien différencier le contentieux individuel et ceux qui font de l’argent avec ça. »

L’Hadopi en a d’ailleurs fait un des arguments pour son maintien. Selon elle, si on supprime la riposte graduée, cela fera peser la menace de poursuites pénales beaucoup plus sévères sur les internautes.

Cela n’a pas empêché l’Alpa – l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle – de poursuivre un Bordelais, accusé d’avoir mis à disposition sur Internet seulement dix-huit films.

 

 

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12 septembre 2012 3 12 /09 /septembre /2012 16:49

 

Marianne - Mercredi 12 Septembre 2012 à 08:00

 

Pierre Levy
Rédacteur en chef de Bastille-République-Nations, mensuel progressiste radicalement eurocritique. En savoir plus sur cet auteur

 

Les sages de la Cour constitutionnelle ont rendu leur décision, ce mercredi 12 septembre, autorisant l'adoption par Berlin des derniers mécanismes de sauvetage de la zone euro. Pour notre blogueur associé, Pierre Levy, nous voilà revenus à l'époque où personne n’avait la folie de prétendre laisser à chaque peuple le sentiment d’avoir voix au chapitre...

 

(Les juges de la court de Karlsruhe, le 10 juillet 2012 - Ronald Wittek/AP/SIPA)
(Les juges de la court de Karlsruhe, le 10 juillet 2012 - Ronald Wittek/AP/SIPA)
La Cour constitutionnelle allemande a rendu son arrêt portant sur le Traité européen dit de « stabilité, de coordination et de gouvernance » (TSCG), ainsi que sur le mécanisme de renflouement, ce mercredi 12 septembre. Dans l’immédiat, dirigeants européens et marchés financiers crient victoire, puisque les juges n’ont pas bloqué ces projets. Sous réserve d’une analyse détaillée, cette décision rappelle celle rendue le 10 août par le Conseil constitutionnel français sur le même sujet.
 
Ce verdict estival des Sages français méritait d’être chaleureusement salué. Ces dernières années, ceux-ci avaient eu, de temps à autres, la faiblesse d’ergoter en pointant quelques menues retouches à la Constitution française rendues soi disant nécessaires par les traités européens successifs.
 
Cette fois, ils ont eu le courage d’énoncer l’évidence : l’injonction faite aux parlementaires de voter un budget en équilibre structurel ; la vérification par la Cour européenne qu’une telle obligation est bien effective ; la soumission dudit budget à l’aval préalable des instances européennes ; la mise en place d’une batterie de sanctions quasi-automatiques, voire préventives ; la perspective de pouvoir placer un pays sous tutelle directe, en cas de dérapages économiques persistants – tout cela, c’est parfaitement limpide, n’écorne en aucune manière quelque parcelle que ce soit de souveraineté nationale.
Ce courage est d’autant plus remarquable que des personnalités pourtant éminentes s’étaient laissé aller à de bien étranges déclarations dans la préparation ou après la signature dudit Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance. Ainsi, le président de la Commission européenne avait-il étourdiment exprimé ainsi son enthousiasme : « les Etats-membres ont accepté – j’espère qu’ils ont bien compris ce que cela signifie, mais ils ont accepté – d’accorder de très importants pouvoirs supplémentaires aux institutions européennes en matière de surveillance et de contrôle strict des finances publiques ». Au point que José Manuel Barroso n’avait pas hésité à évoquer une « révolution silencieuse », puis un « grand bond en avant ». Pour sa part, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, confiait au Wall Street Journal : « les pays renoncent à leur souveraineté nationale afin d’intégrer des règles budgétaires communes, particulièrement contraignantes, dans leur législation constitutionnelle ».
 
Quant à Nicolas Sarkozy, que son légendaire sens des convenances a retenu de participer aux délibérations du 10 août, il avait estimé qu’en « transférant plus de compétences aux institutions européennes », les dirigeants européens prenaient une décision proprement « historique » visant à « refonder l’Europe ». Enfin, la présidente du Medef, interviewée en anglais sur le site de son organisation, ne dissimulait pas son enthousiasme : pour Laurence Parisot, « les Etats-Unis d’Europe – ce qui a toujours été notre objectif de long terme – ne sont plus une utopie ».
 
Il faut en outre être infiniment reconnaissant aux membres du Conseil constitutionnel pour avoir une nouvelle fois implicitement rappelé que le principe selon lequel « toute souveraineté réside essentiellement (c’est-à-dire par essence, NDLA) dans la nation » est bel et bien caduc. Une avancée remarquable, si l’on veut bien considérer combien cet article III de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen (que certains considéraient stupidement comme toujours intégrée au « bloc de constitutionnalité » français) a provoqué de dérives nationalistes, de dérapages populistes, et pour tout dire de guerres et de haines depuis plus de deux siècles.
 
Nous voilà revenus à des temps plus raisonnables, où l’on n’avait pas la folie de prétendre laisser à chaque peuple le démagogique – et funeste – sentiment d’avoir voix au chapitre. C’est du reste ce que décrypte habilement l’éditorial du Monde daté des 12-13 août, sous forme d’un ô combien légitime éloge du président Monti – « l’homme qui ose l’Europe », précise le titre. Ce dernier a la particularité de diriger le gouvernement italien, fort de son expérience et de ses soutiens bruxellois, sans jamais avoir trempé un seul orteil dans le suffrage universel. Il a récemment provoqué quelques remous après avoir confié à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel que « si les gouvernements se laissaient enfermer par les décisions de leurs parlements (…) l’explosion de l’Europe serait plus probable qu’une intégration plus étroite ». 
 
Ce que l’éditorial précité traduit ainsi : Mario Monti « regrette que les gouvernements soient les otages des parlements ». C’est vrai, si les parlementaires se mêlent désormais d’orienter et d’encadrer l’exécutif, la voie est ouverte aux pires dérives : pousseront-ils demain le ridicule jusqu’à exciper de leur mandat de représentant du peuple pour voter des lois et, qui sait, un budget à leur goût ? On n’en est certes pas là, Dieu soit loué, mais on frissonne rien qu’à imaginer Angela Merkel séquestrée par le quasi-soviet qui siège sous la coupole du Reichstag, puisque ce sont bien les députés allemands qui étaient spécialement visés par M. Monti.
 
Outre-Rhin, Klaus Zimmermann, un économiste réputé, mettait récemment en garde les juges de Karlsruhe contre une défense trop rigoureuse des prérogatives parlementaires : « le renforcement de la démocratie locale (c’est-à-dire ici : au niveau national) par le tribunal constitutionnel est contreproductif et peut accélérer la chute de l’Europe ».
 
Heureusement, entre la démocratie et l’Europe, les dirigeants ont choisi. Comme le notait Angela Merkel le 27 juin dans la cour de l’Elysée : « il faut plus d’Europe ; c’est ce que les marchés nous demandent ». Nous voilà rassurés.

Article actualisé mercredi 12 septembre, à 11 h 49.

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12 septembre 2012 3 12 /09 /septembre /2012 16:35

 

Mercredi 12 Septembre 2012 à 16:00

 

Régis Soubrouillard
Journaliste à Marianne, plus particulièrement chargé des questions internationales En savoir plus sur cet auteur

 

Mercredi soir à 19 heures, le PDG d'Apple, Tim Cook présente le nouveau joujou téléphonique imaginée par la firme de Cupertino. Un gadget qui devrait permettre à la croissance américaine de recommencer sa marche en avant. Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'économie américaine. L'humanité suivra...

 

Marcio Jose Sanchez/AP/SIPA
Marcio Jose Sanchez/AP/SIPA
La croissance des Etats-Unis c’est simple comme un coup  fil ! Passé sur un iPhone 5 dernier cri, acheté fissa, s’entend. Car faire la queue à la porte des Apple Store pour se procurer par millions les joujous dernier cri de feu Steve Jobs  ne relève plus simplement de la pulsion d’achat du client captif en société de consommation, c’est désormais un acte de patriotisme économique. Why not ? Un peu paradoxal pour un produit très majoritairement produit à l'étranger et dont Steve Jobs avait déjà prévenu que la relocalisation des emplois relevait de l'impossible.

La machine à laver les cerveaux tourne à plein régime, sur processeur quad core. Les experts des banques qui ont ruiné les américains et autres cabinets d’analyses qui n’ont rien vu venir de la crise le clament tous en choeur : l’iPhone sortira les States de la crise. En banquier dans le texte, les analystes de JP Morgan Chase –la banque accusée de complicité dans l’escroquerie de Bernard Madoff en 2011- « affichent un objectif "raisonnable" d'environ 8 millions d'unités au quatrième trimestre. Et ils relèvent que cela permettrait de doper le Produit intérieur brut (PIB) américain de 3,2 milliards de dollars, ce qui représenterait entre un quart et un demi point de pourcentage de croissance supplémentaire en rythme annualisé ».

Dans une analyse intitulée « Est-ce qu’un petit téléphone peut améliorer la croissance ? », Michael Feroli assure que le nouveau smartphone d’Apple devrait augmenter la croissance américaine de 0,33 points de pourcentage sur les trois derniers mois de l’année
Pour cet analyste, l’apport de l’iPhone 5 à l’économie des États-Unis pourrait même être encore plus significatif en raison de la « possibilité d’améliorations ou de nouveautés importantes dans ce nouveau modèle d’iPhone ». Michael Feroli table alors sur 0,5 points  de croissance en plus, négligeant toutefois un détail, dérisoire, l’état de l’économie américaine…

D’autres, encore plus enthousiastes, font du fondateur d’Apple un véritable Graham Bell de l’ère connectée hyper-festive… 

« Cela va être le plus grand lancement de téléphone jamais vu: ils vont en vendre des millions et des millions d'unités, quel que soit ce qu'ils présentent » sur le marché, a assuré à l'AFP Van Baker, un analyste du cabinet de recherche Gartner.
Huit, millions, 10 millions, 50 millions ! N’en jetez plus ! Ou seulement ceux victimes de l’obsolescence programmée…

Grâce aux économistes, banquiers, analystes et intermédiaires de tous poils –dont le présent article-, Apple a débuté sa campagne de communication massive sans débourser un centime. Il n’est plus désormais question d’acheter seulement des téléphones aux applications aussi superflues qu’indispensables. Acheter un iPhone 5 –fut-il fabriqué sur des chaînes de montage ultra-sophistiquées chinoises-, c’est désormais contribuer à sortir le pays de la dépression économique, autant dire sauver le monde ! Pauvres pays développés toujours autant soumis au verbiage inepte d'analystes qui ont maintes fois fait la démonstration de leur incompétence et réduits à vendre des téléphones pour grappiller des points de croissance.

Le succès assuré du nouveau joujou d’Apple fera surtout encore un peu plus bondir l’action de la société qui a déjà gagné 64% depuis le début de l’année.

Wall-Street et les actionnaires historiques d’Apple en frissonnent déjà. De là à ajouter dans la loi une procédure de déchéance de nationalité visant les citoyens récalcitrants à l’achat des derniers produits de la firme à la pomme, il n'y a qu'un pas…
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12 septembre 2012 3 12 /09 /septembre /2012 16:17

 

Le Monde.fr avec AFP | 12.09.2012 à 09h39 • Mis à jour le 12.09.2012 à 09h39

 
Les auteurs du rapport estiment "essentiel de trouver des solutions adaptées" : "plutôt accepter une pente plus raide à la place de deux marches que rechercher une application stricte de la norme et aboutir en pratique à une dérogation", écrivent-ils.

L'accessibilité des établissements recevant du public aux personnes handicapées, prévue pour être effective au début de 2015, ne le sera pas à cette échéance compte tenu de "l'ampleur des travaux à réaliser", souligne un rapport, qui prône "une révision rapide des exigences", mercredi 12 septembre.

L'accessibilité est une obligation nationale depuis 1975. La loi handicap de 2005 l'a renforcée et a rendu obligatoire au 1er janvier 2015, dernier délai, et ne prévoyant que de rares dérogations, la mise en accessibilité de tous les bâtiments recevant du public. Or, cette obligation ne pourra "en aucun cas être tenue", affirme un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), du conseil général de l'environnement et du développement durable et du contrôle général économique et financier, rendu public mercredi.
 

"Cette impossibilité résulte, au premier chef, de l'ampleur considérable des travaux à réaliser", et cela "dans un contexte de crise", écrivent les auteurs du rapport. A moins de trois ans de l'échéance, seuls 15 % environ des établissements recevant du public sont aujourd'hui accessibles, précisent-ils. Face à ce constat, ils jugent "indispensable de prendre une décision dès 2012, sans attendre la proximité de l'échéance".

 "MAINTENIR L'ÉCHÉANCE","TROUVER DES SOLUTIONS ADAPTÉES"

Selon eux, "il est hautement souhaitable de maintenir l'échéance de 2015", qui "permet de maintenir la pression sur tous les acteurs", tout en définissant "un objectif d'accessibilité intermédiaire pour 2015". Par exemple, pour les cafés et restaurants existants, les auteurs estiment "essentiel de trouver des solutions adaptées" : "plutôt accepter une pente plus raide à la place de deux marches que rechercher une application stricte de la norme et aboutir en pratique à une dérogation", écrivent-ils.

De même les mairies et les services de l'Etat pourraient, selon eux, "rendre accessibles leurs guichet, remettant à plus tard, par exemple, l'accessibilité de certaines salles de réunion". Concernant les logements neufs, le rapport suggère d'autoriser la livraison de logements dont l'aménagement intérieur ne serait pas immédiatement accessible mais pourrait le devenir sans modification du gros œuvre.

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11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 17:22

 

 Billet de retard 11/09/2012 à 13h24

Ramses Kefi | Journaliste Rue89

 

Proviseure débordée, profs en grève : au lycée Rousseau de Sarcelles – le plus grand du Val-d’Oise –, les élèves n’ont toujours pas repris les cours. Récit.

 

 


Devant le lycée Rousseau de Sarcelles, ce mardi matin (Ramsès Kefi/Rue89)

(De Sarcelles) C’est le plus grand lycée du Val-d’Oise. Plus de 1 800 élèves et environ 180 profs, des classes préparatoires aux grandes écoles de commerce et de BTS. D’ailleurs, il y a un petit côté fac quand on se balade dans les couloirs.

A l’entrée, un panneau électrique indique que la rentrée a eu lieu. Sauf qu’une banderole accrochée à un grillage dit le contraire : les profs sont en grève.

Ils protestent contre la nomination, effective à la fin du mois, d’une proviseure qui était encore stagiaire l’an passé. Et contre la manière dont cette rentrée est gérée par l’administration.

Yvan Coutellec est professeur de sport à Rousseau :

« Le 3 septembre [rentrée des professeurs, ndlr], nous nous sommes rendu compte que les emplois du temps des profs et des élèves [déterminés par la proviseure, ndlr] étaient incomplets, voire impraticables.

Nous avons donc décidé, en concertation avec l’administration, de reporter la reprise des cours au lundi 10 septembre, au lieu du jeudi 6 comme c’était prévu. »

Tania Mirsalis, professeure de philosophie, précise :

« En plus des emplois du temps catastrophiques des profs et des élèves, il manquait plus d’une vingtaine de professeurs. Mardi et mercredi, nous avons fait des prérentrées dans le flou total. »

Pêle-mêle : des cours programmés sans mentionner les salles, des classes à qui il manquait des cours, des enseignants qui n’ont pas pu préparer leurs leçons à l’avance, ne connaissant ni les niveaux ni les sections des classes qu’ils auraient pendant l’année.

En outre, suite au report de la rentrée au lundi 10 septembre, les professeurs n’ont reçu leurs emplois du temps quasi définitifs que le dimanche 9, aux alentours de 23 heures.

Grève subite

Alors, les enseignants ont décidé de « débrayer ». Une grève subite, sans préavis, après avoir estimé, lors d’une assemblée générale lundi en fin de matinée, que les conditions n’étaient toujours pas réunies pour dispenser les cours aux élèves, qui s’étaient pourtant déplacés.

Yvan Coutellec commente :

« Ce n’est pas rendre service aux élèves que de continuer à colmater nous-mêmes les brèches. Un établissement aussi grand et important que celui-là ne peut se permettre d’improviser.

Le rectorat se moque de nous, tout simplement. Et nous voulons qu’il écoute ce que nous avons à dire parce que les courriers, ça ne fonctionne pas. »


L’entrée du lycée Rousseau à Sarcelles, le 10 septembre 2012 (DR)

Les élèves encore présents ce lundi après-midi se comptent sur les doigts d’une main. Dans la cour, une fille squatte un banc, tandis qu’un groupe de jeunes scrute l’écran d’un ordinateur portable.

Ce sont les profs les plus visibles. Ils potassent les courriers qu’ils enverront aux parents pour expliquer leur débrayage et ces emplois du temps « sans queue ni tête » qui reviennent systématiquement quand on leur demande d’exposer leurs griefs.

Cyril Melac, professeur de mathématiques :

« L’an passé, nous avons pu faire illusion grâce à la solidarité des profs. Mais ça n’allait pas d’un point de vue administratif. Le bac blanc avait par exemple été reporté de trois semaines, des e-mails d’information n’arrivaient pas aux enseignants...

L’énergie que nous mettons à couvrir les erreurs de l’administration, c’est autant de temps que nous n’accordons pas à nos élèves. »

« Des personnes inexpérimentées »

Les professeurs pointent du doigt les changements opérés récemment à la tête de l’établissement. Christiane Amesland est proviseure du lycée depuis un an. Elle partira à la retraite le 30 septembre et sera remplacée par son adjointe, qui était seulement stagiaire l’an passé.

Et la nouvelle adjointe sera une professeure qui exerçait au lycée et qui sera elle aussi stagiaire. Yvan Coutellec poursuit :

« Pour un établissement aussi grand et important, c’est inimaginable de confier les rênes à des personnes aussi inexpérimentées.

Nous ne remettons pas en cause leurs qualités et nous ne les accablons pas, mais elles sont dépassées. Nous avons besoin de stabilité et de personnes confirmées à ce poste, pas de stagiaires. »

Il évoque les courriers au recteur de l’an passé pour souligner la précarité de la situation. L’épisode du bac blanc notamment. Contacté par Rue89, le rectorat nous renvoie vers le chef de cabinet de la direction académique du Val-d’Oise, Denis Christophoule :

« Chaque rentrée a ses aléas et ses emplois du temps provisoires. C’est fréquent. Nous faisons notre possible. Nous avons d’ailleurs trouvé les profs manquants assez rapidement. »

« Le rectorat nous a abandonnés »

Il dit ne pas avoir eu vent des soucis de l’an passé, réfute l’idée que le rectorat aurait abandonné le lycée Rousseau et rappelle qu’une proviseure chevronnée avait été nommée cet été à la place de Christiane Amesland, avant d’accepter un poste ailleurs :

« Nous avons donc opté pour une solution de continuité dans la mesure où il est difficile de trouver un proviseur en si peu de temps et que l’adjointe connaissait déjà l’établissement. »

Dans les couloirs du lycée, Manuel Alvarez, conseiller municipal, interpelle les enseignants. Il glane quelques informations, leur assure le soutien de la mairie, mais aussi de son incapacité à agir dans un tel cas de figure.

Près de lui, Marie-Pierre Damart, présidente de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves) du lycée. Elle a étudié à Rousseau il y a quelques années :

« [Cette rentrée 2012] est la pire à laquelle j’aie pu assister. Le rectorat nous a abandonnés parce qu’ici, on est à Sarcelles, en banlieue. Il n’y a pas de parents qui manifestent devant l’entrée, ni devant la fenêtre du recteur, tout va bien !

Comment être rassuré quand un établissement de cette dimension est géré par des stagiaires ? J’en veux au rectorat. »

« Nos enfants sont encore en vacances »

Elle déplore dans le même temps la communication de l’établissement, qui n’a rien dit « clairement » aux parents concernant le report de la rentrée. Ni aux journalistes d’ailleurs, puisque le secrétariat affirmait lundi, aux alentours de 15 heures, que les cours avaient repris. Marie-Pierre Damart :

« Il y a un site internet, pourquoi ne pas dire qu’il n’y a pas cours [la direction a mis en ligne un message lundi en début de soirée, ndlr] ? Résultat : après les prérentrées de mardi et mercredi, nos enfants sont encore en vacances.

Et les parents sont inquiets. Ils n’ont même pas les emplois du temps. Mettez-vous à la place d’un étudiant qui prépare le bac ou d’un élève de seconde qui découvre à peine le lycée. »

Quelques enseignants la « rassurent » : la communication est aussi difficile en interne. « Le lycée a bonne réputation et on essaye de sauver les apparences en masquant la réalité », sourit l’un d’entre eux, en m’indiquant le bureau de madame la proviseure.

« Rien de dramatique »

Celle qui, dans quelques jours, ne sera plus là mais à qui il incombe de faire la transition dans de bonnes conditions. Une grande femme, courtoise et élégante, qui me reçoit dans son vaste bureau :

« Le rectorat ne nous a pas abandonnés. Un inspecteur est là et observe ce que nous mettons en place […]. Les profs n’auraient pas dû amorcer ce débrayage. C’est irresponsable vis-à-vis des élèves. »

Elle reconnaît néanmoins les difficultés particulières de cette rentrée 2012-2013 à Rousseau. Les nombreux congés maternité des professeures qui ont tardé à être remplacées et la pénurie de professeurs chevronnés nécessaires pour un lycée de cette dimension. « Notamment pour nos prépas. » Les mutations, les mises en disponibilité de professeurs et sa remplaçante à la tête de l’établissement, qui n’est jamais arrivée.

Néanmoins, elle minimise :

« Les livres ont été distribués aux élèves, la prérentrée effectuée. Il n’y a rien de dramatique, nous pouvons travailler. »

Les profs ont rendez-vous ce mardi en fin d’après-midi avec le recteur. « Nous allons exiger de lui des personnes chevronnées aux postes de direction et de la stabilité », martèle Tania Mirsalis.

Ce mardi, il n’y a toujours pas cours. Les professeurs ont voté massivement pour ne pas les débuter. Devant le lycée, quelques élèves encouragent leurs profs, qui déploient une banderole pour annoncer leur décision de continuer. « Jusqu’à ce que le recteur nous entende », sourit Yvan Coutellec.


Des professeurs du lycée Rousseau déroulent une banderole, le 11 septembre 2012 (Ramsès Kefi/Rue89)

 

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11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 17:08

 

 

 Pas touche ! 11/09/2012 à 18h09

Elsa Fayner | Journaliste Rue89


François Hollande fait du tir à l’arc à Paris, le 16 juillet 2012 (CHARLES PLATIAU/POOL/AFP)

 

Vous êtes « ultrariche » ? Il est inutile de vous mettre au chant ou à la course à pied. Les artistes et les sportifs seront finalement eux aussi concernés par la taxe à 75% sur les très hauts revenus d’activité.

François Hollande a pris sa grosse voix dimanche sur TF1 pour démentir les rumeurs qui évoquaient une taxe édulcorée. Mais il a confirmé qu’elle avait plusieurs limites :

  • seuls les revenus d’activité sont concernés : les revenus du capital (plus-values, dividendes, intérêts, etc.), qui souvent constituent plus de la moitié de la rémunération des très riches, échappent au couperet des 75%. Pourquoi ? Raison (étrange) invoquée par Hollande : il existe déjà l’ISF ; autre raison (bizarre) invoquée par le ministre du Budget Jérôme Cahuzac : le goût d’entreprendre ne doit pas être dissuadé. Or, les revenus du capital ne proviennent pas systématiquement d’une prise de risque. Les salaires ne représentent en moyenne que le cinquième des ressources de ceux qui gagnent plus de deux millions d’euros ;
  • la contribution est valable « pour chaque rémunération supérieure à un million ». Elle est individuelle : un couple peut donc gagner un million à deux sans être taxé à 75% ;
  • la CSG et la CRDS (soit 8%) sont incluses dans les 75%. Nous ne sommes en réalité plus très loin de la tranche marginale de 65% d’impôts sur le revenu pratiquée en 1985 ;
  • la durée de vie de cette taxe exceptionnelle est de deux ans.

Finalement, seules 2 000 ou 3 000 personnes seraient visées. Le chiffre pourrait même être inférieur tant la mesure, mal ficelée, permet des échappatoires. Pas forcément besoin de s’exiler pendant deux ans pour éviter la taxe Hollande : il existe cinq moyens de la contourner.

1 Se faire rémunérer en stock-options

 

La taxe ne concerne que les revenus du travail : le salaire, les primes, les bonus. Le cadre dirigeant peut négocier avec son entreprise – c’est-à-dire souvent avec lui-même – pour que son salaire ne dépasse pas le million d’euros en 2013 et 2014, mais pour qu’il reçoive en compensation des stock-options supplémentaires. Ce sont des options d’achat d’actions de l’entreprise, à une date et pour un prix (forcément intéressant) fixés à l’avance.

2 Emprunter de quoi (bien) vivre

 

Bernard Arnault, on l’a compris, entend continuer de payer ses impôts en France. Mais selon Le Nouvel Observateur, il aurait l’intention d’emprunter les 40 millions d’euros annuels dont il a, paraît-il, besoin, avec un nantissement sur actions LVMH.

Si l’opération se réalise bel et bien, le patron du groupe de luxe n’aura pas d’impôt à payer, puisqu’il n’aura plus de revenu...

3 Faire supporter la taxe par l’employeur

 

Le riche citoyen peut procéder également à un rapide calcul. Il lui suffit de déterminer quelle rémunération il souhaite toucher en net d’impôts, d’y ajouter le coût de la taxe, et de négocier avec son entreprise pour qu’elle lui verse le total.

Impossible ? C’est pourtant ce qu’a fait le nouveau joueur de foot du PSG Zlatan Ibrahimovic : ses conseillers se sont assurés que sa rémunération de 14 millions d’euros soit garantie nette d’impôts, quelles que soient les évolutions de la fiscalité.

Tout dépend de la capacité de l’ultrariche à présenter l’opération au conseil d’administration de son employeur, remarque le fiscaliste Jean-Marie Monnier :

« C’est une façon de faire assumer à l’entreprise le supplément d’impôt que les plus riches vont subir. C’est ce qui s’est passé avec le bouclier fiscal : les salaires des patrons ont augmenté, paradoxalement. »

D’après l’économiste, les grands patrons risquent de jouer sur les deux tableaux : se faire payer davantage en stock-options et augmenter leur salaire.

4 Attendre deux ans pour se rattraper

 

La nouvelle contribution est limitée à deux ans, bien moins que prévu initialement (elle devait initialement perdurer « le temps du désendettement », disait Cahuzac, qui prévoyait l’équilibre budgétaire en 2017).

Le cadre dirigeant peut donc s’entendre avec son entreprise pour ne pas augmenter sa rémunération en 2012-2014, avec la ferme intention de se rattraper un peu plus tard...

Cette année, l’entreprise peut ainsi déjà verser à son « golden salarié » une énorme prime, puis en 2013 et 2014 lui accorder une rémunération ramenée à 999 999 euros, et enfin l’augmenter franchement en 2015.

5 Lisser les revenus exceptionnels sur plusieurs années

 

Si des personnes touchent un revenu exceptionnel pendant les deux années de vie de cette taxe Hollande, que se passe-t-il ? C’est encore très flou. En mars, François Hollande avait indiqué qu’il serait possible, pour les footballeurs, de prévoir un « lissage » sur dix ans de leurs revenus, afin de tenir compte de la brièveté de leur carrière.

Une telle possibilité de lissage est déjà prévue dans le code des impôts, sur des durées plus courtes : c’est l’article 100 bis. Artistes et sportifs peuvent demander à être imposés sur la base d’un revenu égal à la moyenne des bénéfices de l’année d’imposition et des quatre années précédentes.

Si le ministère du Budget ne prévoit pas de mécanisme de ce type, les employeurs peuvent toujours prévoir eux-mêmes un tel lissage (retour au point 4).

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11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 16:59

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 11.09.2012 à 09h34 • Mis à jour le 11.09.2012 à 09h59


 
L'embellie n'aura duré qu'un trimestre, balayée par la forte dégradation de l'emploi intérimaire, qui voit disparaître 18 900 postes au 2e trimestre après un premier trimestre stable.

L'emploi salarié dans les secteurs marchands a perdu 22 400 postes au deuxième trimestre (- 0,1 % sur trois mois), pour une grande part dans l'intérim, selon les chiffres définitifs publiés par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), mardi 11 septembre.

Hors intérim, 3 500 postes ont été détruits dans ces secteurs sur le trimestre. Aucun secteur n'est épargné. Sur un an, les secteurs principalement marchands ont essuyé une perte de 39 500 postes (- 0,2 %), intérim compris.

 

 18 900 DISPARITIONS DE POSTES AU DEUXIÈME TRIMESTRE

Après un dernier semestre 2011 très mauvais pour l'emploi salarié, l'économie française avait recommencé à créer des emplois au premier trimestre 2012 (22 800, + 0,1 %, selon des chiffres révisés mardi). L'embellie n'aura duré qu'un trimestre, balayée par la forte dégradation de l'emploi intérimaire, qui voit disparaître 18 900 postes au deuxième trimestre, après un premier trimestre stable.

L'industrie essuie au deuxième trimestre une perte de 7 700 postes, du même ordre qu'au trimestre précédent (- 6 200) tandis que la construction et le tertiaire basculent eux dans le rouge avec respectivement 6 800 et 7 900 emplois détruits (+ 3 100 et + 25 900 au premier trimestre).

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