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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 19:47

 

Marianne - Chronique

 Vendredi 7 Décembre 2012 à 16:25

 


PRM/SIPA
PRM/SIPA
Les négociations sur la « nouvelle gouvernance d’EADS », la maison-mère d’Airbus, ont accouché certes d’une nouvelle répartition du capital entre les actionnaires, mais surtout sur d'un formidable cadeau pour le groupe Lagardère, dont le président, Arnaud Lagardère est aussi le président actuel du conseil de surveillance de EADS… 

Selon l’accord dévoilé mercredi 5 décembre au soir par communiqué, pour accompagner la sortie de Lagardère du capital, EADS va puiser dans sa trésorerie pour racheter 15% du capital. Entre un tiers et la moitié du programme (entre 5,5% et 7,5%) est réservé au rachat d’actions détenues par Lagardère Group, un des membres (avec Daimler et l’Etats français) du pacte d’actionnaire qui gère actuellement l’entreprise. Lagardère va donc avoir droit à un « golden parachute » estimé entre 1,2 milliard d’euros et 1,7 milliard d’euros. L’entreprise s’appauvrit donc pour que Lagardère la quitte, puisque la réorganisation est justement faite pour lui permettre de sortir, ainsi qu’à l’allemand Daimler. On aura tout vu dans le monde de la finance sans vergogne !

De plus Lagardère actionnaire n’a pas rendu d’éminents services à l’entreprise aéronautique. Le scandale de l’Airbus A380 en 2006, et la dommageable affaire de soupçons de délits d’initiés qui s’ensuivit est, entre autres, dû, à l’incapacité d’Arnaud Lagardère à la concurrence entre hauts cadres venus de Lagardère, Noël Forgeard et Philippe Camus. A l’époque Arnaud Lagardère avait dit : « je préfère passer pour un incompétent que pour un malhonnête… »

Voici donc l’incompétent (la justice a tranché : il n’est pas malhonnête) Arnaud Lagardère couvert d’or par EADS. Sa prime de départ va lui permettre de d’améliorer le bilan désastreux de son propre groupe de médias et de distractions sportives, Lagardère Active.

Pour rappel, le programme de rachat d’actions, au total, représente près de 30% de la trésorerie de l’entreprise. Or cette trésorerie est nécessaire, car elle qui permet de payer les fournisseurs, voire aussi, de leur faire crédit quand les banques se retirent, ce qui avait été le cas en 2009.

Le plus étonnant de cette histoire est le silence du gouvernement français, qui a tous les moyens de s’opposer à un tel fric-frac légal auquel la gauche est, par doctrine, opposée ! Il sera intéressant d’entendre l’avis de Pierre Moscovici. Il paraît qu’il est ministre de l’économie… A moins que Bercy se soit fait embobiné par le petit susucre glissé dans l’accord à son intention. Il est écrit que la Sogepa (société qui porte les actions de l’Etat dans EADS), aura droit elle aussi de profiter du rachat des actions, pour près de 400 millions d’euros.

On voit venir l’argument : l’Etat comme Lagardère profitera du pactole d’EADS, et comme les temps sont difficiles…. Certes, mais il ya une différence de taille : l’Etat demeure au capital pour soutenir le développement de l’aéronautique européenne. Lagardère, lui, se barre, avec une partie de la caisse. 

— Mise à jour vendredi à 16h20 : À la lecture de certains commentaires, je crois n’avoir pas été assez clair. L’opération de réorganisation du capital d’EADS était nécessaire. La sortie de deux actionnaires, Daimler et Lagardère Group, qui clamaient depuis six ans au moins qu’ils n’avaient plus rien à faire à cet endroit ne peut qu’être bénéfique à l’entreprise. Que Lagardère récupère son capital,  héritage de feu Jean-Luc qui doit se retourner dans sa tombe, c’est son droit. Mais il existe un endroit pour cela : la bourse. Que l’actionnaire sortant vende son paquet à  d’autres investisseurs privés, au prix du marché. S’il est « collé », c’est son problème. Mais ce n’est certainement pas à l’entreprise, responsable devant d’autres « stakeholders » (salariés, clients, collectivités locales, États…),  de s’appauvrir de plusieurs milliards d’euros pour servir ce que j’affirme être un « golden parachute », ou plutôt un « golden goodbye » absolument immérité, et tout aussi scandaleux que les « primes de départ » de certains grands patrons.  
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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 19:40

 

 

Marianne - Document

Vendredi 7 Décembre 2012 à 15:00

 

Grand reporter au journal Marianne En savoir plus sur cet auteur

 

Redémarrer les hauts fourneaux de Florange en épaulant un repreneur, c'était, pour l'Elysée et Matignon, mettre en péril le site sidérurgique de Dunkerque et ses 3000 emplois. Mais s'en remettre à ArcelorMittal pour assurer l'avenir de la sidérurgie tricolore, comme le prouve un document confidentiel (en anglais) signé en 2009 que «Marianne» met en ligne, est à moyen terme, un choix plus risqué qu'il n'y paraît...

(Mathieu Cugnot/AP/SIPA)
(Mathieu Cugnot/AP/SIPA)
Redémarrer les hauts fourneaux de Florange en mettant le pied à l'étrier à un repreneur capable de concurrencer ArcelorMittal dans l'hexagone, c'était, dans un contexte de crise, mettre en péril le site sidérurgique de Dunkerque et ses 3000 emplois. Au delà des arguments de coût ( 600 millions d'euros publics), de difficultés juridiques, de philosophie – un État impécunieux doit-il ou non jouer les entrepreneurs dans un secteur en crise ? –, voilà le raisonnement qui a convaincu  le président François Hollande et son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, de ne pas réquisitionner l'ensemble des activités de Florange, comme le souhaitait Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif.

Quitte à se satisfaire des engagements de Lakshmi Mittal d'investir (180 millions d'euros) et de ne pas licencier dans la vallée de la Fentsch. Un choix, à moyen terme, beaucoup plus risqué qu'il n'y paraît. Voici pourquoi.
 
L'aveu subi, le 6 décembre, de difficultés techniques pour justifier le retrait temporaire à Bruxelles, du projet Ulcos (une technologie de captage de CO2 qui pourrait donner un sursis à la coulée de Florange) en donne une nouvelle illustration: le PDG du numéro un mondial de l'acier est un joueur de flûte de niveau international.

L'accord confidentiel, à durée indéterminée, que Marianne met en ligne, permet même d'apprécier toute sa virtuosité. En effet, ces dix pages ont été paraphées, le 2 novembre 2009 par le directeur financier d'ArcelorMittal, Gonzalo Urquijo, et Michel Wurth, alors responsable des aciers plats Europe du groupe, poste occupé aujourd’hui par le fils du PDG, Aditya Mittal. Tel un conte de Noël, elles visaient à rassurer tous les salariés européens du groupe représentés par la FEM, la Fédération Européenne de la Métallurgie, huit mois après la fermeture de Gandrange.

« Arcelor Mittal a l’intention de préserver l’ensemble des outils et usines qui sont mis sous cocon ou temporairement arrêtés afin de les remettre en marche pourvu que le marché le permette, » lit-on sous l’intitulé « Principe général ».



Ce flamboyant paragraphe est complété par l’engagement de « renouveler machines et outils et de les remettre à niveau.» pendant ces arrêts. Hissant le dialogue social au rang d’art de « maîtriser le présent tout en anticipant le futur », le premier sidérurgiste mondial souffle le chaud en jurant ne pas envisager de licenciements obligatoires. Puis mentionne  plus bas, au détour d’une phrase, que si des départs doivent toutefois avoir lieu, « ce serait dans le cadre d’une solution négociée de bonne foi, dans le respect des lois, traditions et cultures nationales. » Formulation quasi anthropologique aussi fumeuse, d’un point de vue juridique, qu’une cheminée d'aciérie !

Une gestion financière qui pèse sur la fiabilité des outils

Car depuis 2009, l’hécatombe des sites européens d'ArcelorMittal n'a connu aucune pause. Outre la coulée à chaud de Florange, le groupe est en passe de fermer deux haut fourneaux en Wallonie et une fonderie à Liège ( 795 postes de travail supprimés). Il n’a promis de réinvestir sur place 138 millions d’euros qu’après un long conflit social. En Espagne, son aciérie de Madrid est également à l’arrêt. Au Luxembourg, à Schifflange et Rodange, 282 salariés ont été condamnés au désœuvrement subventionné...

« Lors de notre dernière réunion, l’un de nos responsables industriels a été très clair, confie un ancien de la maison. Les trois axes stratégique  du groupe ArcelorMittal, plombé par son endettement, sont désormais : désinvestir en Europe, baisser ses coûts et augmenter sa rentabilité. »

Pour ce faire, le groupe revendrait à bon prix à ses activités sidérurgiques, le minerai qu'il extrait puis transporte. Tout en défendant mordicus ses marges sur ses tôles, au risque de faire fuir ses clients chez ses concurrents.« Selon un rapport d'expertise, cette politique de prix élevés nous a déjà fait perdre 2,5 millions de tonnes de vente ! » s'indigne un élu du personnel. 2.5 millions de tonnes: l'équivalent de la production d'acier de Florange ! La crise a le dos large. Et ce n'est pas tout. 

Lancé en 1974, le site de Fos-sur-Mer a beau être récent, ses hauts fourneaux depuis leur rachat par Mittal, ont été fatigués par une exploitation en dents de scie et une maintenance chiche. A tel point que certaines des bobines à chaud d'acier électrique que livre Fos au site de Saint Chely d’Apcher (Lozère) – seule installation du sidérurgiste à avoir profité en 2012 d'un investissement de 100 millions d’euros, ont posé des problèmes de qualité. Alors que ces matériaux sont destinés aux moteurs de TGV, de voitures, tous constructeurs exigeants.
 
Du Sud au Nord de la France, cette gestion financière pèse sur la fiabilité des outils : « Nous vivons sur nos acquis, » se désole  Philippe Verbèke, de la CGT ArcelorMittal Mardyck. Pire encore, le géant de l’acier ayant depuis 14 mois gelé ses embauches, en prévision des divers reclassements à réaliser, il peine à assurer la transmission de ses compétences, alors qu'il va bientôt être confronté à des départs massifs à la retraite.

Ainsi à Fos-sur-Mer comme à Dunkerque, des centaines de postes ne sont pas pourvus. Ce qui n'empêche pas le groupe, cette semaine, de refuser d'accorder toute augmentation générale à ses personnels en 2013. Ce manque de perspectives décourage des jeunes qui partent tenter leur chance dans la pétrochimie. Et si les jeunes s’en vont voir ailleurs, à moyen terme donc, François Hollande et Jean-Marc Ayrault peuvent légitiment s'inquiéter pour une sidérurgie tricolore...
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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 19:03

 

Rue89 - « Thelma et Louise » 07/12/2012 à 17h32
Pascal Riché | Redchef Rue89

 

La « fiscal cliff » a envahi le débat américain, alimentant incompréhension et peurs. Cette expression imagée (« falaise fiscale ») renvoie à la conjonction, le 31 décembre 2012 à minuit, d’une augmentation des impôts programmée et d’une réduction des dépenses publiques elle aussi « automatique ». Ce double choc sur la demande risque de pousser l’économie vers la récession. Comment éviter la chute ?


1 La « fiscal cliff », c’est comme dans « Thelma et Louise »

 

Les journalistes, les experts, s’arrachent les cheveux pour l’expliquer.

Paddy Hirsch, de Market Place, dessine sur un tableau [attention « spoiler »] une voiture fonçant vers une falaise, avec deux femmes à l’intérieur : la mythique scène finale du film « Thelma et Louise », de Ridley Scott (1991).

  • L’une, Thelma, était bénéficiaire des allègements d’impôts de George W. Bush.
  • L’autre, Louise, est fonctionnaire au ministère de la Défense.

Affiche du film « Thelma et Louise », de Ridley Scott, 1991 

 

La seconde, Louise, risque de perdre son boulot. Lors de la négociation, avec le Congrès il y a un an, d’un nouveau relèvement du plafond autorisé pour la dette publique, l’administration Obama s’était engagée, en échange, à couper massivement dans les dépenses publiques, à compter de la fin de l’année 2012. Le Département de la défense fait partie des administrations les plus concernées par ces coupes « automatiques ». Pour Louise, une grosse perte de pouvoir d’achat se profile donc.

L’autre femme, Thelma, va aussi voir son pouvoir d’achat chuter, car les cadeaux fiscaux de Bush, dont elle bénéficiait, arrivent à expiration.

Les deux femmes, comme des millions d’Américains, vont donc brutalement moins consommer. Et la voiture, dans laquelle les deux femmes roulent, c’est l’économie américaine. La falaise approche. Vous saisissez l’image ?

 

 

Paddy Hirsch explique la « fiscal cliff »

Market Place, (en anglais)

Evidemment, l’accident aura lieu si le calendrier de cette rigueur programmée est suivi. D’où le débat qui fait rage : ne faut-il pas repousser la fin des cadeaux fiscaux de Bush ? Des cadeaux qui profitent principalement aux riches... D’où l’autre présentation de la fiscal cliff, celle des Simpsons.


2 L’explication de Mr Burns, des « Simpsons »

 

C’est une façon plus politique de voir l’affaire. Dans ce clip, on entre dans le quartier général du parti républicain de Springfield, la ville des Simpsons. Déprimé, Mr Burns (le propriétaire de la centrale nucléaire de la ville) a la confirmation que Mitt Romney a bien perdu l’élection présidentielle. « Il est temps que j’explique à ces braves gens ce qu’est la fiscal cliff », assène-t-il dans une atmosphère soudain dramatique.



Mr Burns explique la fiscal cliff

Animation on FOX, (en anglais)

On comprend tout de suite mieux les enjeux du débat américain, non ?

3 Que se passera-t-il si le Congrès ne fait rien ?

 

Si le Congrès ne change rien, le choc risque d’être très rude pour l’économie américaine.

La hausse des impôts et la baisse des dépenses permettront certes de réduire le déficit de moitié – d’environ 560 milliards de dollars, selon les calculs de Congressional Budget Office (CBO). Mais cette austérité se traduirait par un choc sur la conjoncture de 4 points de PIB en 2013 (et donc par une récession) et la perte de 2 millions d’emplois.

Dans le contexte actuel, une économie convalescence et un taux de chômage de 7,7%, ce n’est pas un remède très indiqué.

4 Les scénarios pour éviter le gouffre

 

Une bombe à retardement, tant qu’elle n’explose pas, n’est pas bien méchante. Et elle peut être désamorcée. La Chambre des représentants (à majorité républicaine) et le Sénat (à majorité démocrate) ont trois possibilités :

  • annuler une partie des augmentations d’impôts ;
  • renoncer aux coupes budgétaires exigées de l’administration Obama ;
  • un mélange des deux.

Ces solutions ont un inconvénient : la hausse du déficit budgétaire et l’accroissement de la dette publique. Ce qui placerait les Etats-Unis sur le chemin chaotique pris par les pays de l’Union européenne, qui se débattent dans leurs problèmes de « dette souveraine ».

Les deux partis souhaitent éviter la falaise, bien sûr. Mais avec des approches différentes :

  • les républicains, comme le petit film de Mr Burns le laisse deviner, sont contre les hausses d’impôts et en faveur des coupes budgétaires ;
  • les démocrates souhaiteraient une solution équilibrée : un peu des deux. Les impôts sur les plus riches seraient augmentés, pas ceux sur les classes moyennes.

Selon le CBO, il est encore possible d’éviter la catastrophe, mais pas la croissance molle. A trois semaine du choc prévisible, l’affaire se règle derrière des portes capitonnées, directement entre le président républicain de la Chambre John Boehner et le président Barack Obama,

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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 19:57

 

Marianne - Jeudi 6 Décembre 2012 à 16:00

 

par Jack Dion

 

 

PRM/SIPA
PRM/SIPA

Vous avez aimé le (faux) débat sur la «compétitivité» ? Vous adorerez celui sur la «flexibilité»... En éclaireuse des combats décisifs, Laurence Parisot a décrété qu'il était urgent de «détabouïser le mot de "flexibilité"». La patronne des patrons applique à la lettre le principe de base du sarkozysme : accoler l'étiquette de «tabou» à toute conquête sociale que l'on veut ébranler. Ici, c'est le droit à un emploi stable qui est visé. Il faut donc parer l'offensive des oripeaux de la modernité et convaincre que le travail doit s'adapter aux exigences vagabondes du capital comme le pied à la chaussure.  

Champion de la lutte contre les tabous, le Figaro pose cette question : «Et si l'on disait le mot en "f" ?» Drôle d'interrogation, puisque les trois quarts des emplois créés sont des emplois précaires, ce qui est le comble de la flexibilité.

>> Lire aussi : Le manège infernal du « toujour plus »

Pourtant, il faut procéder comme si telle n'était pas la réalité, afin de faire triompher l'idée selon laquelle rien n'est plus ringard que de vouloir disposer d'un minimum de sécurité dans sa vie de salarié. Ainsi, les mêmes qui ne cessent d'accuser la gauche (non sans raisons, d'ailleurs) de ne pas avoir pris en compte le besoin de sécurité dans la cité proposent de lever la plupart des barrières destinées à assurer la protection de l'emploi, ce qui déboucherait sur une insécurité professionnelle aggravée. Quand ces grands esprits citent en exemple la «flexisécurité» testée dans les pays du nord de l'Europe, ils omettent de rappeler que ces derniers tentent de combiner flexibilité et sécurité. Eux rêvent de la «flexisécurité» sans sécurité.

Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne, groupe de réflexion néolibéral, explique dans le Journal du dimanche qu'il faut en finir avec le CDD (contrat à durée déterminée) en rendant le CDI «plus simple». En vertu de quoi il propose d'instituer «un CDI ajustable qui correspondrait à une période définie de dix-huit, vingt-quatre mois, etc.».

Résumons. Pour se protéger du CDD, forme suprême de la flexibilité, on créerait un CDI à échéance variable, parfois très limité dans le temps, bref un CDI qui serait à l'emploi stable ce que le Canada Dry est à l'alcool. Le CDI relooké aurait l'odeur du CDI et le goût du CDD.

Si, par hypothèse funeste, un tel schéma entrait en vigueur, le chantage à la mode Renault pourrait être généralisé. En guise de cadeau de Noël avant l'heure, le PDG, Carlos Ghosn, a présenté aux salariés de l'ex-régie publique un plateau-repas avec le menu suivant : soit vous revoyez à la baisse certaines de vos conditions de travail et de rémunération, soit nous délocaliserons en Espagne, là où les ouvriers mettent de l'eau dans leur xérès et du riz de moindre qualité dans leur paella.

Le Monde en tire une morale exprimée par ce titre : «Compétitivité : l'Espagne défie la France». On pourrait aussi dire que le Portugal défie l'Espagne, que la Chine défie le Portugal, que le Vietnam défie la Chine, et que le Bangladesh défie le Vietnam, vu que l'on peut toujours chercher un pays où l'on accepte de travailler plus en gagnant moins. Quand on s'engage dans la course au dumping salarial, le pire est toujours possible.

 

 

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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 19:05

 

Rue89 - Vie de bureau 06/12/2012 à 10h54
Elsa Fayner | Journaliste Rue89

 

 

Diminué, vous êtes moins productif et coûtez plus cher à votre entreprise. Surtout, « une machine déjà abîmée finit par craquer »... et battre des records d’absentéisme.

 

 


Autoportrait au thermomètre (Audrey Cerdan/Rue89)

 

Paul exhibe d’un geste dramatique son doigt enturbanné dans un gros pansement. Le quadragénaire travaille à la plonge dans un hôtel-restaurant pour hommes d’affaires, à Lille. Il s’est coupé profondément avec une boîte de conserve dans une poubelle. Il s’en veut, il aurait dû bien la fermer avant de taper dessus pour qu’elle prenne moins de place, on le lui a toujours dit.

Il est très ennuyé, il ne veut pas s’arrêter de travailler, même si son doigt n’est pas cicatrisé. Il a mis cinq ans à trouver un emploi, et ce n’est pas maintenant qu’il va le laisser filer.

Ça s’appelle du « présentéisme » : venir travailler même quand on sent que son état de santé nécessiterait de rester chez soi. Ses motivations sont diverses :

  • sentiment d’être indispensable,
  • peur des représailles,
  • respect d’une échéance,
  • refus de voir son revenu baisser.

Pratiquement quatre travailleurs européens sur dix sont allés travailler alors qu’ils étaient malades en 2010, selon l’enquête européenne sur les conditions de travail. Cette pression concerne particulièrement les soignants, les enseignants et les travailleurs sociaux. Le phénomène n’est pas nouveau mais se répand, constate Michel Vézina, chercheur en santé publique à Québec.

Une bonne nouvelle ? Pas si sûr. Ni pour l’entreprise, ni pour le salarié.

 

Des salariés moins productifs

Claire travaille par missions, dans la publicité. Quand elle doit répondre à un appel d’offres un vendredi soir ou se remettre à l’ouvrage un dimanche, elle a droit à des jours de récupération. Et pourtant :

« Je repousse le moment de les prendre, me disant qu’il faut que je termine les projets commencés, pensant que je vais tenir, et j’arrive à un moment où je n’en peux plus physiquement, mais surtout mentalement. Je n’ai plus envie de rien. Et j’ai du mal à me motiver pour bosser, je deviens lente, déprimée, et j’ai du mal à repartir. »

Au point d’être moins efficace au travail ? Tout à fait, répond l’Institute for Health and Productivity de l’université Cornell aux Etats-Unis, qui a compilé les études menées sur la productivité au travail en lien avec différentes maladies (asthme, arthrite, allergies, migraines, etc.).

 

Ça coûte cher à l’entreprise

Les chercheurs américains ont ensuite essayé de savoir si ces travailleurs au nez bouché – ponctuellement moins productifs – apportaient malgré tout quelque chose à l’entreprise, en se penchant sur le cas de 375 000 salariés.

Comment savoir si l’on fait du présentéisme ?
Les symptômes suivants peuvent vous alerter, selon Michel Vézina : perte de concentration, de mémoire et d’attention (oublis, erreurs), diminution du rythme de travail, sentiment de fatigue intense au travail, problèmes de ponctualité, relations difficiles avec les collègues, irritabilité, isolement, diminution de la qualité des services.

Résultat : un salarié malade et présent ne rapporte en moyenne rien à son employeur. Au contraire, il lui coûte.

Un salarié affaibli s’avère en effet moins concentré sur sa tâche, effectue un travail qui doit parfois être refait, communique mal... Il fait ainsi perdre du temps à ses collègues et, au final, à l’entreprise.

La recherche a été publiée en 2004, et depuis de nouvelles études ont vu le jour. Michel Vézina, responsable d’une enquête québécoise [PDF] sur les conditions de travail, les a compilées :

« Le présentéisme coûte minimalement de deux à trois fois plus cher que l’absentéisme. Certaines études font même état de dix fois plus ! »

Quand le salarié est présent, c’est l’entreprise qui le paie, en salaire, mais quand il est absent, c’est la Sécurité sociale qui verse des indemnités journalières.

 

Ça rend encore plus malade

Sur son blog, Docteurmilie, médecin généraliste en Seine-Saint-Denis, raconte à quel point elle doit se battre avec ses patients pour leur coller des arrêts maladie. Elle évoque par exemple « Mme B., gardienne », qui est venue la voir le coude en tendinite :

« Elle a refusé à de nombreuses reprises mes arrêts, que pourtant j’avais rédigés et lui avais donnés. Elle ne veut pas s’arrêter, son travail c’est toute sa vie, elle est hyperactive. Elle a tenu le coup jusqu’à ce que le tendon se déchire et maintenant, cela fait plus d’un mois qu’elle est en arrêt. »

C’est le problème : quand « on utilise une machine déjà abîmée, elle finit par craquer », prévient Michel Vézina. Les salariés qui pratiquent le présentéisme sont plus largement sujets aux maladies de long terme, qui les empêchent durablement de reprendre le travail. Et battent des records... d’absentéisme, selon une étude [PDF] du National Institute for Working Life, en Suède.

Ils sont également davantage concernés, d’après la même enquête, par :

  • les troubles du sommeil ;
  • les problèmes digestifs ;
  • les douleurs dans le dos ou la nuque ;
  • un sentiment de déprime.

Enfin, les salariés qui font du présentéisme ont deux fois plus de problèmes coronariens sérieux (type infarctus), comme l’ont démontré des chercheurs américains.

Ecouter ce que dit le présentéisme

Pour Michel Vézina, spécialiste en santé publique, il faut donc considérer le présentéisme comme un indicateur de santé important dans l’entreprise :

« Le présentéisme n’est pas l’animal à traquer… Quand il est élevé, il faut s’interroger sur l’organisation du travail. »

Pas facile en France, remarque Alexis Motte, qui a réalisé pour son cabinet Mobilits, avec OpinionWay, une enquête sur la mobilité au travail dans l’Hexagone :

« En France, il faut montrer qu’on est là, nettement plus qu’en Europe du Nord, et beaucoup plus que dans les groupes anglo-saxons où c’est une marque d’incompétence que d’être encore là à 21 heures. »

Alors venir travailler quand on est malade...

Et vous, vous arrive-t-il de venir travailler alors que vous sentez qu’il faudrait mieux resté alité ? Pour quelles raisons ? Pouviez-vous faire autrement ?

 

 

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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 18:50

 

 

Rue89 - Jackpot 06/12/2012 à 11h19
François Krug | Journaliste Rue89
 

 

 

Pour la première fois, l’Assemblée nationale révèle à quels partis exactement les députés décident d’accorder des aides publiques. Dans la liste, plusieurs petites formations dont l’activité se limite parfois... à recevoir et redistribuer ces aides.

Cette liste inquiétait beaucoup l’UMP la semaine dernière. Les députés avaient en effet jusqu’à vendredi pour choisir leur « rattachement » – en clair, le nom du parti auquel chacun d’entre eux souhaitait voir attribuée l’aide publique.

Chaque « rattachement » d’un parlementaire apporte plus de 42 000 euros au parti choisi. Les dissidents fillonistes en priveraient-ils l’UMP ? Certains y étaient favorables, mais l’idée avait été jugée trop radicale.

Parmi les petits secrets de la démocratie

Cette liste annuelle des « rattachements » faisait jusqu’ici partie des petits secrets de la démocratie. Chaque année, un décret recensait bien les partis bénéficiaires d’une aide, mais sans aucun détail sur les choix personnels des élus : seuls les initiés savaient.

Voir le document

(Fichier PDF)

 

C’est donc un progrès notable : pour la première fois, l’Assemblée nationale a mis en ligne cette fameuse liste des « rattachements ». Au Sénat, on nous précise que les « rattachements » des sénateurs seront eux aussi rendus publics mi-décembre.

Pour comprendre l’importance de ces listes, il faut se plonger dans les règles subtiles du financement politique. Des règles autant plus subtiles que les aides sont versées en deux parties, ou « fractions ».

L’option ultra-marine pour contourner la loi

La première « fraction », la moins difficile à obtenir, est calculée à partir du nombre de voix obtenues aux législatives. Pour en bénéficier, un parti doit avoir présenté au minimum :

  • cinquante candidats sur l’ensemble du territoire, chacun d’entre eux devant obtenir au moins 1% des voix dans sa circonscription ;
  • ou un seul candidat en outre-mer, avec le même seuil de 1% des voix.

La seconde option tient compte des particularités des partis ultra-marins, mais elle permet aussi aux métropolitains de contourner la loi. Rien ne leur interdit de domicilier un petit parti outre-mer, pour obtenir plus facilement la première « fraction » de l’aide publique.

Justement, seuls les partis ayant droit à cette première « fraction » peuvent prétendre à la seconde. Ils n’ont qu’à obtenir les fameux « rattachements » d’un ou plusieurs parlementaires.

Là non plus, la loi n’avait pas prévu que le mécanisme fonctionnerait aussi en sens inverse. Vous avez été élu député, mais votre parti n’a pas présenté assez de candidats et obtenu assez de voix ? Vous n’avez qu’à déclarer votre « rattachement » à :

  • un parti basé en métropole et ayant droit à la première « fraction » (comme Jean-Louis Borloo et les députés du Parti radical : après avoir quitté l’UMP, ils s’étaient provisoirement liés à un petit parti écologiste, Le Trèfle) ;
  • un vrai parti d’outre-mer déjà existant (une astuce longtemps appréciée des centristes) ;
  • un faux parti d’outre-mer, déjà existant ou que vous aurez pris le soin de créer vous-même au préalable.

Mettez-vous à la place du député-maire de Cholet...

Mettez-vous à la place, par exemple, de Gilles Bourdouleix, député-maire de Cholet (Maine-et-Loire). S’il appartient au groupe UDI à l’Assemblée, il est surtout président du Centre national des indépendants et paysans (Cnip), un parti qui se remet difficilement de la chute de la IVe République.

C’est à Saint-Pierre-et-Miquelon que le Cnip a créé sa doublure, les Indépendants de la France métropolitaine et d’outre-mer. Son candidat ? Tout simplement, un adjoint de Gilles Bourdouleix à la mairie de Cholet. Il a recueilli 98 voix, soit 3,84% : l’objectif a donc été plus que rempli.

Deux voisins vendéens de Gilles Bourdouleix, les députés villiéristes Véronique Besse et Yannick Moreau, se sont aussi « rattachés » au faux parti de Saint-Pierre-et-Miquelon. Pour le président du Cnip, ces astuces sont un mal nécessaire :

« J’ai un mouvement politique qu’il faut faire vivre. »

L’outre-mer passionne aussi Jean-Louis Masson, sénateur divers droite de la Moselle, fâché avec le RPR puis l’UMP. Son parti s’appelait autrefois Metz pour tous – un nom difficile à porter quand on présente ses candidats loin, très loin de la Lorraine.

Sous son nom actuel, Démocratie et République, il sert d’abord de tirelire à des parlementaires esseulés : une fois « rattachés » au parti, ils n’ont plus qu’à attendre que celui-ci reçoive les aides de l’Etat et les leur reverse. Quatre députés font aujourd’hui appel à ses services :

  • Jacques Bompard, député du Vaucluse, catalogué à l’extrême droite mais en froid avec le FN, qui peut ainsi financer son propre petit parti, La Ligue du sud ;
  • Jean-Pierre Decool, député du Nord, apparenté R-UMP (le groupe filloniste) ;
  • Maurice Leroy, député UDI du Loir-et-Cher ;
  • Gabrielle Louis-Carabin, députée apparentée socialiste de Guadeloupe, la seule client de gauche de Démocratie et République – et la seule à vraiment venir d’outre-mer.

« Celui qui dit que je profite... »

Un parti reversant les aides publiques à ceux qui n’ont pas le droit d’en bénéficier ? « Encore heureux qu’il y ait cette possibilité ! » s’agace Jean-Louis Masson. Le sénateur de la Moselle n’y voit « rien de scandaleux » :

« Ce qui est scandaleux, c’est que la seconde fraction [liée à l’élection d’un parlementaire, ndlr] est rattachée à la première [liée au nombre de candidats et de voix du parti, ndlr]. On essaie d’étouffer les petits partis [...].

Je suis non-inscrit et je ne vois pas pourquoi on me forcerait la main. J’ai la même légitimité qu’un sénateur d’un grand parti [...].

Sinon, il faut nous interdire d’être candidats ! Ce ne sont pas des petits partis qui cherchent à profiter : ce sont des petits partis qui ont fait la preuve qu’ils pouvaient battre les grands. Celui qui dit que je profite, il n’a qu’à venir payer mes campagnes ! »

Démocratie et République se contenterait donc de rendre service. En demandant tout de même une petite participation, selon les derniers comptes disponibles : en 2010, le parti avait conservé 2% des aides versées pour ses parlementaires « rattachés » (8 300 euros, sur un total de 394 700 euros). Pour « les frais de fonctionnement », explique Jean-Louis Masson.

Sous la précédente législature, ce système avait notamment profité à Nicolas Dupont-Aignan : son mouvement, Debout la République, ne remplissait pas encore les conditions légales pour bénéficier des aides. Le député souverainiste avait donc fait appel à Jean-Louis Masson.

Une vedette UMP auprès de Dupont-Aignan

C’est désormais inutile. Aux dernières législatives, Nicolas Dupont-Aignan a présenté assez de candidats pour pouvoir recevoir directement l’aide publique. Mieux : son parti a déjà gagné un « rattachement ». Et pas n’importe lequel.

Ce n’est pas un député indépendant, mais une vedette de l’UMP, Lionnel Luca, député des Alpes-Maritimes. Il nous explique :

« C’est tout simplement pour apporter mon soutien à Nicolas Dupont-Aignan, notamment pour son combat courageux sur l’Europe. L’UMP, en la matière, ne fait pas de place aux thèses souverainistes. L’héritage pasquao-séguiniste y a largement disparu. Et c’est un petit parti, c’était aussi lui donner un droit à l’existence. »

A gauche, un autre député a lui aussi voulu manifester sa mauvaise humeur : Hervé Pellois, élu en juin dans le Morbihan et apparenté au groupe socialiste à l’Assemblée, ne s’est tout simplement « rattaché » à aucun parti.

Il a été exclu du PS au début de l’année pour s’être présenté contre le candidat officiel. « J’ai 39 ans de militantisme ! » proteste-t-il. Et tant qu’il ne sera pas réintégré, Hervé Pellois ne fera pas bénéficier ses anciens camarades de sa petite portion d’aide publique : 42 000 euros de perdu pour le PS... et autant d’économisés pour l’Etat.

 

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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 18:46

 

 

Rue89 - Le Yéti
voyageur à domicile
Publié le 06/12/2012 à 11h30

 

Il est de notoriété que la banque Goldman Sachs paria sur la chute du système en le dépeçant d’importance avant qu’il ne fut trop tard. Comme font d’ailleurs aussi conseils d’administration et actionnaires en vidant leurs propres entreprises de leurs substances (plan sociaux à la pelle, dividendes et primes obscènes). Et si nos dirigeants politiques procédaient de même avec les caisses publiques du pays ?

Oublis et reniements

Car enfin, on peut légitimement se demander ce qui pousse notre pépère pouvoir socialiste (pépère, juste en apparence) à s’obstiner sur un projet aussi mal foutu que Notre-Dame-des-Landes, à tricher ouvertement sur les chiffres même de l’étude de rentabilité pour le faire passer en force. Sinon à vouloir gonfler en douce les caisses de l’entreprise Vinci.

On peut encore s’étonner que notre tout frais gouvernement (tout frais, c’est vraiment façon de parler) reprenne le flambeau de l’aventure EPR qui a tout du coup foireux et du gouffre à finance. Sinon à vouloir engraisser les caisses d’EDF.

On peut toujours s’interroger sur ces projets de lignes ferroviaires à grande vitesse, mais à coût exorbitant et à utilité des plus incertaines, à conséquences sociales et écologiques désolantes. Sinon à assurer des lendemains juteux à la SNCF.

On reste perplexe devant la désinvolture avec laquelle le Premier ministre Ayrault moucha son ministre Montebourg en négociant précipitamment un accord cousu de fil blanc pas net avec Mittal sur le cas Florange.

Regardez encore la vidéo ci-dessous, regardez bien avec quelle sournoiserie proche du ridicule le ministre Moscovici, répondant à Joseph Stiglitz, enterre l’engagement présidentiel de séparer les activités bancaires en deux parties, banques de dépôt d’un côté, banques d’investissements spéculatifs de l’autre :

Dis moi qui te finance, je saurai qui tu es

Eh oui, vous êtes d’accord avec moi. Ça fait beaucoup ! Et un vilain soupçon s’installe. Qu’est donc un gouvernement qui travaille aussi manifestement contre l’intérêt public. En tout cas pas vraiment en sa faveur. Mais au bénéfice aveuglant d’intérêts privés bien compris ? On est là partagés entre impression de bêtise et suspicion de perfidie.

Bon, jouons nous aussi les faux-culs hypocrites. Allons-y avec le paravent rebattu, mais un peu usé, de la présomption d’innocence. Non, ministres intègres, serviteurs fidèles, non, nous ne vous soupçonnons pas, bien sûr, de je ne sais quelles sombres collusions intéressées. Mais admettez que nous soyons en droit d’exiger quelques explications.

Tiens, cet élément facile à fournir, par exemple, au nom de la transparence et de la démocratie : voudriez-vous, s’il vous plaît, nous communiquer la liste de vos principaux bailleurs de fonds, ceux qui vous permettent de battre campagne électorale pour vous amener là où vous êtes aujourd’hui ?

Vous pourriez ainsi, j’en suis persuadé, nous débarrasser promptement de nos doutes. Pas comme vos concurrents de l’UMP d’en face dont la liste des « généreux donateurs » a été révélée par le site Mediapart. Pas triste !

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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 18:24

 

LE MONDE | 06.12.2012 à 10h22 • Mis à jour le 06.12.2012 à 18h20 Par Franck Johannès


 
  •  Cellule de confinement de la maison d'arrêt des hommes.
 

Cellule de confinement de la maison d'arrêt des hommes.

Crédits : G. Korganow pour le CGLPL

L'équipe du contrôleur général des prisons en est sortie effarée. Par l'effroyable odeur d'ordures et d'urine, par les murs qui tombent en ruine, par l'eau qui ruisselle dans les bâtiments, par les rats qui pullulent au point que les surveillants tapent des pieds pendant les rondes de nuit pour les éloigner. Ils ont trouvé un scorpion dans une flaque et surpris un détenu qui lapait l'eau des toilettes, lassé de réclamer depuis trois semaines qu'on répare le robinet de sa cellule. Un autre a fini par leur murmurer, vert de peur, qu'il était l'esclave, y compris sexuel, de ses deux codétenus.

 

"VIOLATION GRAVE DES DROITS FONDAMENTAUX"

Jean-Marie Delarue, le contrôleur général des lieux de privation de liberté, a jugé le naufrage de la prison des Baumettes, à Marseille, suffisamment alarmant pour utiliser la procédure d'urgence, prévue en cas de "violation grave des droits fondamentaux". Il a publié, jeudi 6 décembre, "des recommandations" au Journal officiel. C'est la seconde fois depuis sa nomination, en 2008, après le cri d'alarme l'an dernier sur la terrible prison de Nouméa.

Les contrôleurs sont arrivés à vingt, pendant deux semaines, au centre pénitentiaire des Baumettes, du 8 au 19 octobre, et ont minutieusement exploré la détention. "Voici, par exemple, le constat que deux personnes détenues font de leur cellule, dont la véracité a été scrupuleusement vérifiée, écrit Jean-Marie Delarue. Absence de la partie supérieure de la fenêtre ; fil alimentation téléviseur coupé (absence de prise) ; pas de lumière (ampoule manquante), pas de veilleuse pour le surveillant de nuit ; pas d'interphone d'urgence ; WC récent mais non fixé au sol et chasse d'eau quasi inexistante ; pas de cloison d'intimité, lavabo bon état mais fuite au sol au niveau du siphon ; pas de miroir ; réfrigérateur très sale et infesté de cafards tant à l'intérieur qu'à l'extérieur ; murs sales, dégradés et presque couverts d'inscriptions en tous genres, nombreuses araignées et cloportes ; sol sale, nombreux détritus, pas de cabine de douche ni d'eau chaude ; aucun placard ni rangement, pas de quoi s'asseoir, pas de table."

Les contrôleurs ont découvert des cellules où les carreaux étaient cassés et les bouts de verre encore dans le châssis. Dans d'autres, il n'y a plus de châssis. "Il fait très chaud l'été, explique M. Delarue, les détenus enlèvent les fenêtres et les glissent sous un lit. Mais elles se cassent au fil des mois, et l'hiver, il n'y a simplement plus de fenêtres. Il arrive qu'il fasse très froid à Marseille."

On ne compte plus les lavabos arrachés, "les fils électriques qui font des feux d'artifice..." La commission départementale incendie a demandé, le 29 avril 2011, la fermeture des locaux. L'administration s'est assise sur le rapport. "Un incendie serait vraisemblablement catastrophique", s'inquiète le contrôleur des lieux de privation de liberté.

 

"C'EST FAIT POUR NOUS RENDRE FOUS"

Sur un échantillon de 98 cellules, 9 seulement n'appelaient "aucune observation sérieuse". "C'est fait pour nous rendre fous", dit un détenu. Il n'a pas tort : "Il existe des différences sensibles d'une cellule à l'autre, indique M. Delarue, l'affectation dans l'une ou l'autre détermine des conditions d'existence très différentes ; cela explique notamment la faiblesse du nombre de sanctions disciplinaires" : il suffit d'envoyer le récalcitrant dans une cellule encore plus dégradée – et il y a le choix.

Le traitement des déchets "est problématique", relève poliment le rapport, le réseau électrique "ne couvre pas les besoins actuels" : un surveillant a fait sa ronde, la nuit, dans un noir intégral, avec sa petite lampe de poche personnelle. Sept douches sur dix sont hors d'état. La cuisine a bien été restaurée en 1998, "mais les couloirs du sous-sol où elle est installée sont extrêmement sales". Quand les détenus ne sont pas remontés de promenade, on dépose les barquettes des repas devant les cellules, à la grande satisfaction des rats qui attendent l'heure des repas. La plupart des barquettes finissent par la fenêtre. "Il est miraculeux qu'il n'y ait pas eu d'épidémie, s'indigne le contrôleur, si un détenu était gravement malade, elle se répandrait comme une traînée de poudre."


 PAS DE MOYENS ET SURPOPULATION CHRONIQUE

Des travaux ont certes été entrepris. Un nouveau bâtiment a été construit en 1989, mais il pleut dedans, d'ailleurs le sol a bougé et "d'importants défauts de structure" le condamnent à terme. La prison des femmes, pourtant la moins dégradée, va être reconstruite, avec un autre nouveau bâtiment... en 2017. Mais les travaux de l'actuelle maison des hommes, la plus vétuste, ne sont pour l'heure pas prévus.

Surtout, les travaux d'entretien sont ridicules pour un établissement aussi ancien – les Baumettes ont été ouvertes en 1936. Les crédits de maintenance ont diminué de 26 % en deux ans. Les deux techniciens et leurs adjoints, "démobilisés, font ce qu'ils peuvent, au gré des urgences les plus criantes", mais "leur dévouement ne pallie pas ce qui devrait être fait et ne l'est pas". Le budget des Baumettes est d'ailleurs "en baisse très sensible" en 2012 par rapport à 2011 (- 7,2 %). La direction rogne sur les "fournitures et travaux" (- 36,7 %), ou sur "l'hygiène et la propreté des détenus" (- 58 %).

Pas moins de 1 769 personnes étaient incarcérées au 1er octobre, pour 1 190 places. Dans la seule maison d'arrêt des hommes, le taux d'occupation est de 145,80 % et ça ne s'arrange pas : les Baumettes récupèrent le trop-plein de détenus des établissements de la région en "gestion déléguée" – en partie gérés par le privé –, pour ne pas payer de "journées de détention" supplémentaires aux prestataires privés. Ces maisons d'arrêt sont elles-mêmes pleines à craquer, avec une surpopulation moyenne de 136,6 %.

 

GREFFIERS ET MAGISTRATS REFUSENT DE VENIR

Le personnel en revanche est rare, et compte tenu des conditions de travail, l'absentéisme est élevé : 2,6 jours par personne et par mois, a calculé le contrôleur. L'un des gardiens se souvient du jour où un rat lui a sauté sur la poitrine, et il en est resté durablement traumatisé. Il arrive qu'il n'y ait qu'un seul surveillant pour un étage, soit deux cents détenus. Les greffiers des juges d'application des peines refusent de venir en détention – du coup, les magistrats n'y vont pas non plus, tout comme les infirmiers du service psychiatrique (SMPR).

Il n'y a de surcroît strictement rien à faire aux Baumettes. Neuf personnes travaillaient en octobre en atelier, les activités culturelles sont menacées par les coupes du budget, il n'y a que deux moniteurs de sport. "Dans ces conditions, résume Jean-Marie Delarue, la seule activité est la promenade, jusqu'à six heures par jour."

Les surveillants ne surveillent pas la promenade – "parce qu'ils ont peur" –, ni d'ailleurs les douches, où se règlent des comptes sanglants. Depuis le début de l'année, les médecins ont recensé quatorze contusions multiples, huit plaies profondes, sept fractures diverses, trois traumas crâniens, un viol. C'est qu'en prison, tout se paie. Comme le téléphone. "J'ai deux prestataires de téléphone, dit un membre de la direction. Le concessionnaire et les caïds."

La communication se paie bien sûr, mais l'accès au téléphone aussi. Et "d'autant plus chèrement que la plupart des appareils installés dans les cours de promenade sont régulièrement détruits", indique le contrôleur, pour organiser la pénurie. Les détenus se plaignent de la désorganisation des cantines – la boutique interne – dont une grosse quantité s'évapore mystérieusement. D'autres biens se négocient sous le manteau – 1 200 téléphones portables ont été saisis en 2011.

Les plus pauvres, ou les moins forts, s'endettent (15 % en moyenne sont indigents), beaucoup n'osent plus sortir de leurs cellules, même pour la douche. D'autres passent au service des gros bras – ou cherchent à fuir. Les feux de cellule s'expliquent souvent par le besoin urgent d'échapper à un créancier. Ça ne résout rien, "on ne sait pas si on ne va pas mettre la victime entre les mains d'autres bourreaux", explique Jean-Marie Delarue, et la menace se porte tout aussi bien à l'extérieur, sur les familles des détenus. "L'état matériel, la pénurie d'activités, la violence : tout se tient. Et cela se passe à Marseille, en 2012."

Franck Johannès

 

Christiane Taubira a "conscience des tensions"

Christiane Taubira, la garde des sceaux, a reçu Jean-Marie Delarue, le contrôleur général des lieux de privation de liberté, le 16 novembre, et lui a longuement répondu par écrit le 4 décembre. Elle ne conteste guère son accablant constat sur la prison des Baumettes : elle répète que les travaux de restructuration seront achevés en 2017, et qu'il est "envisagé" de construire une nouvelle maison d'arrêt des hommes, la plus dégradée.

Pour le reste, la ministre fait avec ce qu'elle a, c'est-à-dire peu. L'administration pénitentiaire "recense actuellement les travaux prioritaires" à étaler sur plusieurs années, et "des crédits permettant de sécuriser les biens et les personnes" seront débloqués. Des cloisons pour isoler les toilettes de 161 cellules sont prévues, ainsi que des travaux électriques ou d'étanchéité des toitures ; on a demandé à l'entreprise de dératisation d'accélérer le mouvement. 30 détenus seront recrutés pour le service général (les repas, le nettoyage), avec des moniteurs de sport et des agents de maintenance.

Quant à la surpopulation chronique, Mme Taubira compte sur sa circulaire de politique pénale pour freiner les entrées en prison. Elle "a conscience des tensions qui peuvent régner", et a demandé un audit de la sécurité à l'administration qui devra lui faire "des propositions précises". Le procureur et le procureur général sont sommés "d'apporter une attention toute particulière aux faits de violence", et la ministre envoie une inspection "établir un état des lieux" et "dégager des solutions concrètes".

Jean-Marie Delarue y a trouvé un "motif de satisfaction" : la ministre a lu son rapport et y a répondu. Pour le reste, sa réponse n'est "clairement pas à la hauteur des enjeux" estime-t-il.

 

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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 23:35

 

Rue89 - Pure player 05/12/2012 à 16h37
Nolwenn Le Blevennec | Journaliste Rue89

 

Selon nos informations, un plan de licenciements important est en préparation, et le site d’information Owni n’existera plus dans sa forme actuelle d’ici peu.

Le fonds d’investissement Avenport, qui contrôle la boîte depuis le printemps dernier, souhaite transformer le site en agence qui vendra des applications à des médias et des entreprises. Une activité classique de prestataire, plus facile à rentabiliser.

Pour cela, la société fusionnera avec la revue Usbek & Rica, dont le fondateur est Jérôme Ruskin. Un site vitrine sera peut-être conservé.

Dix-sept salariés, dont onze journalistes

Ce mardi, questionné par la rédaction, le président de la société, Didier Adès, a confirmé à demi-mot cette réorganisation accompagnée d’un plan de licenciements. Actuellement, la société compte dix-sept salariés dont onze cartes de presse. Les journalistes ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés et trouvent le comportement de la direction opaque.

Les postes conservés en priorité seront ceux des développeurs et des designers. Il pourrait ne rester qu’un ou deux journalistes. Un salarié :

« C’est la rédaction qui va y passer, mais on ne sait pas encore dans quelles proportions. Beaucoup de gens trouvent cette évolution logique, vu ce que coûte la rédaction et l’absence de business plan. On l’attendait depuis longtemps. »

La démission du directeur de la publication

Guillaume Dasquié, directeur de la publication, refuse lui ce plan : il a annoncé, en conférence de rédaction, sa démission. Mais il a dit qu’il ne partirait qu’une fois le plan de licenciements négocié et validé.

En mai dernier, quatre ans après sa création, la société 22 Mars avait annoncé la scission de ses activités en deux sociétés autonomes.
D’un côté, Owni, site d’information spécialisé dans le « data journalism » (journalisme de données), placé sous la responsabilité de Guillaume Dasquié.
Les activités de création d’applications pour tablettes avaient, de leur côté, été regroupées au sein de la société Tactilize.
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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 15:29

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 05.12.2012 à 08h55 • Mis à jour le 05.12.2012 à 09h31

 

 

La corruption continue de faire des ravages dans le monde et touche, notamment, dans la zone euro, la Grèce et Italie, dont le classement se détériore, indique Transparency International dans son rapport annuel, publié mercredi 5 décembre.

L'organisation constate que "la corruption continue de faire des ravages dans les sociétés partout dans le monde", et pointe un niveau de corruption "décevant" dans la zone euro, "dans les pays les plus affectés" par la crise économique et financière.

Transparency International classe 176 pays selon une échelle graduée de 0 (corruption perçue la plus forte) à 100 (corruption perçue très faible). Cette année, l'Italie et la Grèce sont respectivement 72e et 94e, n'obtenant que 42 et 36 points, et perdent respectivement 3 places et 14 places par rapport au classement précédent, indique Transparency, qui a son siège à Berlin.

L'Italie affiche ainsi un niveau équivalent à la Tunisie (41 points), tandis que la Grèce égale celui de la Colombie. Parmi les pays récemment frappés par la crise de la dette, l'Irlande (25e), l'Espagne (30e) et le Portugal (33e) obtiennent des scores supérieurs à 60 points.

Moins durement touchées par la crise, l'Allemagne et la France se classent respectivement 13e et 22e, avec des notes supérieures à 70. Transparency recommande une nouvelle fois à l'UE "d'accentuer les efforts pour prévenir la corruption au sein des institutions publiques".

Le Danemark, la Finlande et la Nouvelle-Zélande se partagent la première place des pays les plus vertueux avec des scores de 90. Japon et Royaume-Uni se classent 17e ex-aequo, juste devant les Etats-Unis, qui sont 19e.

 

"LES INSTITUTIONS PUBLIQUES DOIVENT ÊTRE PLUS TRANSPARENTES"

La plupart des pays du "printemps arabe" ont des scores inférieurs ou à peine supérieurs à 40 points. L'Afghanistan, la Corée du Nord et la Somalie occupent ex-aequo la 174e et dernière place du tableau avec seulement 8 points. La Russie (133e), avec un score de 28 points, figure toujours parmi les pays les plus corrompus au monde, selon Transparency, mais améliore une nouvelle fois légèrement son rang en gagnant 10 places depuis le précédent rapport.

Deux tiers des 176 pays évalués obtiennent des scores inférieurs à 50 points. Selon l'organisation, cet état de fait "démontre que les institutions publiques doivent être plus transparentes".

Pour construire son classement, qui ne reflète que la perception de la corruption, l'ONG s'appuie sur des données collectées par treize institutions internationales, parmi lesquelles la Banque mondiale, les banques asiatique et africaine de développement ou encore le Forum économique mondial. "Après une année au cours de laquelle la lutte contre la corruption a été privilégiée, nous attendons des gouvernements qu'ils durcissent leur position à l'égard de l'abus de pouvoir", a expliqué Huguette Labelle, présidente de l'organisation.

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