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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 22:50

 

 

Marianne - Chronique

Mercredi 12 Décembre 2012 à 20:00

 

 

 

Michel Euler/AP/SIPA
Michel Euler/AP/SIPA

L’actualité offre parfois des télescopages qui donnent à réfléchir. Celui-là donnerait presque des envies de révolution. Pendant que certains, à droite notamment, daubent sur le plan de lutte contre la pauvreté présenté mardi par le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault, le cabinet Proxinvest vient de rendre public son rapport annuel sur les rémunérations des Pdg du CAC 40 pour l’année 2011. Elles donnent le vertige, pour ne pas dire la nausée. Elles prouvent, en tous cas, qu’il existe bien en France une catégorie de citoyens privilégiés – en réalité, les vrais assistés de ce pays – que la crise n’empêche pas de dormir.

Alors que la France est au bord de la récession, alors que le cap des 3 millions de chômeurs a été allègrement franchi et que les plans sociaux succèdent aux fermetures d’usines, les revenus de ces grands patrons, qui avaient déjà progressé de 34% en 2010, ont continué à augmenter en 2011 de 4,4%. Quelles que soient les performances financières de leur entreprise ! L’indice boursier du CAC40 a baissé de 17% en 2011, mais leurs salaires, eux, continuent de s’envoler comme si de rien n’était.

En moyenne, les patrons des 40 plus grosses capitalisations boursières gagnent 4,4 millions d’euros par an. Rappelons, à tout hasard, que le salaire net moyen en France est de 2082 euros et qu’il n’a augmenté que de 0,5%, c’est-à-dire 9 fois moins vite que celui de ces grands patrons ! Etonnez vous après cela que le sentiment d’injustice sociale fasse des ravages !

Pire, 13 de ces 40 dirigeants dépassent la barre – pourtant très haute - fixée par Proxinvest à 240 fois le Smic. C’est le cas, par exemple, de Bernard Arnault, le Pdg du groupe LVMH, (10,8 millions d’euros) qui s’apprête à s’installer en Belgique ! C’est le cas aussi de Carlos Ghosn, le Pdg de Renault-Nissan (13,3 millions d’euros) alors même que son entreprise connaît des difficultés majeures. Crise du secteur automobile ou pas, Carlos Ghosn empoche chaque année l’équivalent du salaire de 700 smicards.

Preuve qu’au grand casino de l’ultralibéralisme, une seule règle prévaut : quand tout le monde gagne, tu gagnes ; quand tout le monde perd, tu gagnes quand même ! Il n’est qu’à voir les bonus versés chez Carrefour ou GDF Suez pour comprendre que la part variable de ces salaires ne dépend même pas de la réussite des entreprises concernées. Mieux : en 2011, la bourse ayant baissé, les stock-options ne présentent plus le même intérêt financier pour leurs bénéficiaires ? Qu’à cela ne tienne, on a remplacé l’instrument par la distribution d’actions gratuites. Joyeux Noël… 365 jours par an !

Il est grand temps qu’une loi permette aux assemblées générales d’actionnaires de statuer sur les rémunérations fixes et variables de ces managers dorés sur tranche. Grand temps aussi d’en finir une bonne fois pour toutes avec la consanguinité qui règne dans les comités de rémunération et qui autorise – en toute impunité – des excès que la crise et le chômage n’ont même pas contribué à calmer.

 

 

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 22:35

 

 Marianne - Mercredi 12 Décembre 2012 à 05:00

 

Laurent Mauduit*

 

 

POL EMILE/SIPA
POL EMILE/SIPA

Début 2011, c'est une histoire qui a fait grand bruit. A l'époque, le secrétaire de la section CGT des employés communaux d'une petite bourgade de Moselle, Nilvange, avait annoncé qu'il rejoignait le Front national. Si l'affaire avait eu cet écho, c'est que le village est situé au cœur de ce qui était autrefois le premier bastion de la sidérurgie française et qui n'est plus maintenant qu'un champ de ruines.

On y avait donc vu un symptôme de la désespérance sociale. Et puis aussi un avertissement inquiétant. Un avertissement d'abord à Nicolas Sarkozy qui avait promis aux sidérurgistes de Gandrange - distant de Nilvange de moins de 20 km - que leur usine ne fermerait pas, avant de les abandonner à leur sort. Et puis aussi un avertissement aux partis de gauche, qui ont parfois, eux aussi, été contaminés par le virus libéral du laisser-faire.

Depuis, l'affaire a visiblement été oubliée. Pis que cela ! Ce que Nicolas Sarkozy a fait hier à Gandrange, François Hollande le refait aujourd'hui à Florange. Avec le même cynisme, la même rouerie, les mêmes mensonges. Oui ! les mêmes mensonges... Il y en a eu tellement ces dernières semaines qu'il n'est guère difficile de les recenser.

D'abord, il y a le mensonge proféré le 30 novembre par Jean-Marc Ayrault, quand, désavouant Arnaud Montebourg, il présente l'accord conclu entre le gouvernement et la direction d'ArcelorMittal comme une victoire. Bien qu'il s'agisse d'une pitoyable reculade. Qu'on en juge. Alors que, peu avant, le fougueux ministre du Redressement productif avait tonné contre le patron du groupe sidérurgique, affirmant que l'on ne voulait «plus de lui en France» - au motif qu'il n'avait respecté «aucun de ses engagements» - et le menaçant d'une nationalisation provisoire, voilà d'un seul coup que le Premier ministre se réjouit d'un accord... qui laisse totalement les mains libres au groupe Mittal.

Plus de menace de nationalisation ! Pas de remise en marche des hauts-fourneaux de Florange, à l'arrêt depuis quatorze mois ! Tout juste la direction promet-elle de réinvestir à terme 180 millions d'euros et de ne pas procéder à un plan social. Mais on sait ce que valent les engagements de Mittal : rien du tout. Déjà, en 2006, lors de son OPA sur Arcelor, le groupe avait promis de ne pas fermer Florange. C'était consigné noir sur blanc, avec cette précision : «Les sites français bénéficieront d'investissements dans un futur prévisible, afin de renforcer leur compétitivité.»

Le deuxième mensonge, aussi grave, est celui proféré par François Hollande, le 24 février 2012, quand, juché sur un camion à Florange, il promet aux sidérurgistes qu'il les défendra en prenant une loi obligeant un industriel à céder une usine viable promise à la fermeture. Car, depuis, cette loi n'a toujours pas vu le jour. Et, quand bien même le gouvernement serait-il de bonne foi et n'aurait simplement pas eu le temps de légiférer en ce sens, il avait un autre moyen d'honorer la promesse du candidat, c'était de reprendre à son compte l'idée avancée par Arnaud Montebourg d'une nationalisation transitoire, qui revenait exactement au même, mais qui a donc été rejetée. Comme dans le cas de Nicolas Sarkozy pour Gandrange, François Hollande n'a donc pas tenu sa promesse pour Florange.

Le troisième mensonge - à moins que ce ne soit de l'incompétence - a été énoncé le 19 octobre par Jean-Pierre Jouyet, président de la future Banque publique d'investissement, quand il a accablé le site de Florange, en le rangeant au nombre des «canards boiteux». Car, au contraire, si la conjoncture est déprimée, le site de Florange n'en est pas moins l'un des fleurons qui symbolisent l'excellence technologique de la sidérurgie française. Et c'est bien pour cela qu'en 2006 Mittal a aussi voulu mettre la main sur ce site, et non pas le fermer comme Arcelor l'avait prévu : pour disposer de ce savoir-faire, quitte ensuite à organiser des transferts de technologie et des délocalisations de production.

Et on approche ici du quatrième mensonge. Car François Hollande avait pris aussi cet engagement : «Notre ennemi, c'est la finance.» Or, s'il y a un groupe industriel qui symbolise les perversions de la finance dérégulée, c'est ArcelorMittal. Cornaqué par la plus sulfureuse des banques, Goldman Sachs, criblé de dettes (22,5 milliards d'euros) à cause d'une course folle à la mondialisation, mais servant à ses actionnaires des dividendes hallucinants (2,8 milliards d'euros en 2011, soit plus que son résultat net), disposant d'une réputation sociale détestable, ArcelorMittal est une caricature des excès auxquels peut conduire la financiarisation de l'industrie.

Alors, pourquoi avoir rendu les armes contre un pareil «ennemi», sans même avoir combattu, sans même oser une nationalisation, fût-elle partielle et seulement transitoire ?

La question risque de hanter longtemps la gauche. Pour une raison que Trotski avait formidablement détaillée dans son célèbre opuscule Où va la France ? : «Quand le peuple ne trouve pas de solution dans l'espoir révolutionnaire, il peut être tenté de la chercher dans le désespoir contre-révolutionnaire.» Traduction en langage contemporain : quand la gauche n'assume pas sa mission de transformation sociale, elle prend le risque de renforcer l'extrême droite et d'attiser le vote protestataire.

laurent.mauduit@mediapart.fr


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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 22:26

 

Elsa Fayner | Journaliste Rue89
Yann Guégan | red. chef adjoint Rue89

 

 

Rue89 s’est plongé dans dix ans de bilans sociaux. Résultat : augmentation des absences pour maladie à tous les échelons. En cause : la baisse des effectifs, et trop peu d’accompagnement. La preuve en courbes.

Depuis 2002, La Poste a vu un quart de ses effectifs partir, son organisation revue en profondeur, ses métiers évoluer. En mars dernier, après trois suicides en six mois, le PDG de La Poste, Jean-Paul Bailly, avait annoncé des « ajustements » dans les réorganisations.

Un rapport sur les conditions de travail a en effet été remis. La direction a annoncé en septembre un « allègement de la pression sur les effectifs » avec 5 000 recrutements supplémentaires d’ici à 2014.

Pour les syndicats, la manière même dont les réorganisations sont menées aggrave le malaise.

Une plainte collective pour harcèlement

Le 31 octobre, un salarié de La Poste mettait de nouveau fin à ses jours sur son lieu de travail. Des salariés se sont rassemblés et préparent une plainte commune pour harcèlement institutionnalisé.

Mardi 11 décembre, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a reçu les représentants syndicaux pour faire un point sur les conditions de travail.

Contactée, La Poste n’a pas répondu à notre demande d’entretien.

 

  • -24%

    Depuis 2002, pic des effectifs, La Poste a perdu plus de 77 000 emplois, soit 24% de son effectif, avec une accélération de la décrue en 2006.

    Tous les métiers sont touchés : courrier, services financiers, tri, etc. Mais pas tous les statuts : la baisse du nombre de fonctionnaires atteint 40%, alors que le nombre de CDI croît de 33%.

    Un rapport a été commandé par la direction à Jean Kaspar pour évaluer les conséquences de cette réduction des effectifs, suite à plusieurs suicides de postiers. Constat : « Le sentiment général est qu’il faut “faire plus avec moins”, au détriment de la qualité de services et de la santé des agents. »

    D’autant plus que les réorganisations se sont succédées « sans transparence », déplore Pascal Panozzo, de Sud PTT : « La Poste n’a jamais affiché d’objectif d’ensemble des réductions et n’a pas non plus précisé de calendrier. Les réductions ont été opérées site par site, années après années. »

  • +11%

    Le taux d’absentéisme pour maladie a augmenté de 11% en cinq ans. Il a progressé pour les fonctionnaires comme pour les contractuels. L’écart entre eux devient minime en la matière.

    Il a également augmenté pour des catégories habituellement peu exposées : les cadres supérieurs voient leur absence pour maladie progresser de 66% (contre une augmentation de 9% pour les cadres).

    Le syndicat professionnel des médecins de prévention de La Poste s’inquiétait déjà en 2010, dans une lettre envoyée au président du groupe, d’un taux d’absentéisme « sans précédent », de maladies professionnelles et accidents du travail « en très forte augmentation », mais également de « suicides ou de tentatives de suicide, dont on peut penser qu’ils sont exclusivement liés à des situations de vie professionnelle ».

    Pour ces médecins, la réduction des effectifs n’est pas seule en cause, la manière dont elle a été menée a joué : « une communication trouble et à deux vitesses », des reclassements impossibles, des agents placés « en sureffectif au gré des réorganisations », des organisations du travail « en décalage avec la réalité du terrain », etc.

    Les médecins vont plus loin : « La Poste crée des “inaptes” physiques et psychologiques ».

  • +7%

    La masse salariale a peu évolué depuis 2005. C’était le but : le président de La Poste, Jean-Paul Bailly, expliquait en mars 2011 que le groupe avait « accompagné la décroissance des activités » y compris « dans la maîtrise de la masse salariale ».

    Pourtant, dans le même temps, le groupe perdait 57 000 postiers. Comment expliquer que la masse salariale n’ait pas baissé ? Pour Jean Kaspar, à qui la direction a commandé un rapport, aujourd’hui « les effectifs sont moins nombreux, plus qualifiés, plus stables et mieux rémunérés ».

    Les salaires inférieurs à 1 200 euros par mois ont en effet disparu en 2011. A l’autre bout du spectre, le montant brut des dix plus grosses rémunérations a également augmenté depuis 2005, ainsi que leur part dans la masse salariale.

  • -8%

    « L’accompagnement des mobilités professionnelles, l’adaptation et le développement des compétences des postiers et des postières » se trouvent au « coeur de la politique de ressources humaines », assure La Poste dans son Document de référence 2011. C’est nécessaire pour l’entreprise « dans un environnement fortement évolutif, où l’ensemble des métiers connaissent ou connaîtront des évolutions profondes ».

    Et pourtant. Le nombre de jours de formation a chuté de près de 8% entre 2002 et 2011. Surtout, la part des formations d’adaptation au poste – et à l’évolution des emplois – a diminué.

    Les plus touchés par cette baisse se trouvent au bas de l’échelle hiérarchique.

    Dans sa lettre du 20 mai 2010, le syndicat des médecins de prévention dénonce « une très forte pression commerciale individuelle et quotidienne (...) sur les guichetiers, sans formation, et surtout sans analyse des impacts sur les individus ».

  • x2

    En dix ans, le nombre de promotions a explosé. Le taux de promotion a plus que doublé.

    Ce sont les agents de maîtrise et d’exécution qui ont été le plus massivement promus. Viennent ensuite les cadres, qui détiennent un record : les promotions au sein de la catégorie des cadres ont été multipliées par cinq.

    Pour Pascal Panozzo, de Sud PTT, il s’agit de « faire passer la pilule », de donner de « petites responsabilités » pour « ne pas avoir de résistance » face aux réorganisations successives.

    Depuis 2009, le nombre de promotions connaît une baisse sensible.

  • +23 %

    Le chiffre d’affaires de La Poste a augmenté de 23% entre 2002 et 2011. Depuis l’arrivée de Jean-Paul Bailly à la tête du groupe, la Poste s’est « métamorphosée », constate Jean Kaspar dans son rapport : le groupe a été réorganisé (par métiers), la Banque postale a été créée, une démarche plus commerciale adoptée, les équipements modernisés, les effectifs réduits, etc. Enfin, en 2010, La Poste est devenue une société anonyme.

    Pour Jean Kaspar : « D’un point de vue économique, on peut affirmer que cette stratégie a été couronnée de succès : elle a d’abord permis une augmentation du chiffre d’affaires et engagé la progressive montée en puissance du colis et de la banque dans la composition des résultats du groupe. »

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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 19:53

 

objectifgard.com

 

 

En cette période de crise, les commerçants rivalisent d’imagination pour proposer des produits à bas prix à leurs clients.

Quarante centimes le pain au chocolat ou la baguette … Vous êtes preneur ?

Depuis quelques semaines, une boulangerie d’un nouveau type s’est ouvert à Nîmes et on peut dire qu’elle fait le buzz !!! Toute la presse nationale en parle …

La raison : depuis la fin novembre, l’enseigne installée au début du boulevard Gambetta (près du bar “Le Rio”) propose des produits à moitié prix, avec une petite astuce : les aliments sont rassis, comme l’indique le nom de l’enseigne, “Au pain de la veille”.

Le propriétaire revendique ce fonctionnement un peu particulier : “quand on sait la misère qu’il y a, jeter ces produits me paraissait inadmissible“. A la tête d’une entreprise approvisionnant une vingtaine de boulangeries de Nîmes, il a décidé de recycler ses invendus dans ce magasin. “On a de la peine, quand on sait le travail que cela représente pour toutes nos équipes (…), à jeter des produits qui sont de très bonne qualité.

www.objectifgard.com vous propose de découvrir en vidéo (par nos confrères de France Télévision) cette boulangerie, pas comme les autres :

 

Suivre ce "link"

 

 


http://www.youtube.com/watch?v=6L9Pen_mQ7c

 BFMTV 

 

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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 17:02

 

 

Rue89 - Antonin Iommi-Amunategui
Fondateur de Vindicateur.fr
Publié le 10/12/2012 à 14h58

Une carte électorale tachée de vin (AIA/Rue89)

 

Précisons d’emblée que les subventions en question ont été obtenues légalement, et que tous les chiffres mentionnés peuvent être consultés librement sur le site du ministère de l’Agriculture.

Néanmoins, comment expliquer qu’une société viticole comme Paul Mas, « le luxe rural depuis 1892 », qui a réalisé un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros en 2011 et enregistré une croissance à deux chiffres, perçoive dans le même temps plus d’un million d’euros de subvention publique ?

Plus surprenant encore, le cas de Nicolas Feuillatte : la marque de champagne bien connue, présente dans presque tous les supermarchés, méta-coopérative aux 22 millions de bouteilles annuelles, a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 200 millions d’euros en 2011 – « pour un résultat net de 14 528 000 euros et un résultat d’exploitation de 19 433 000 euros » – et a obtenu, dans la même période, près de 1 500 000 euros de subvention.

Trois millions pour le « n°1 mondial »


Détournement de label européen (AIA/Rue89)

Quant au groupe Castel et ses 640 millions de bouteilles vendues par an, « le n°1 mondial des vins français », propriétaire notamment de la chaîne de commerces de proximité Nicolas et de plusieurs négoces bordelais ou bourguignons, il a touché plus de trois millions d’euros de subvention en 2011.

Ces cas de figure se reproduisent en effet chaque année dans le cadre des subventions accordées au sein de la Politique agricole commune (PAC), au titre du Fonds européen agricole de garantie (FEAGA) et du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) :

  • le FEAGA intervient dans le soutien des marchés agricoles, notamment par le biais d’aides directes aux agriculteurs ;
  • le FEADER finance quant à lui les programmes de développement rural.

Voilà donc d’importants fonds publics qu’on distribue à des entreprises privées, déjà largement bénéficiaires par ailleurs, au prétexte de « soutenir » les marchés (qui ont l’air de très bien se porter, en l’occurrence) ou d’encourager le « développement rural » – une formule plutôt vague et fourre-tout.

Parallèlement, en France et ailleurs, des bassins viticoles entiers subissent des crises ponctuelles, auxquelles on accorde une attention financière dix fois moindre (comme dans le Beaujolais récemment, où 200 000 euros ont été débloqués pour l’ensemble de la région).

Des grands crus dans le besoin ?


Capture d’écran d’un site de vente de vin

Mais l’exemple le plus surprenant est probablement cette aide à hauteur de 1 400 000 euros, accordée à l’Union des grands crus de Bordeaux (UGCB).

Ou encore le quasi-million d’euros perçu par la seule Société civile du Château La Fleur Saint-Georges, qui appartient à Hubert de Boüard, notamment propriétaire d’un premier grand cru classé de Saint-Emilion – le Château Angélus – vendu plus de 300 euros la bouteille. Même James Bond en boit, c’est dire si c’est le gratin des domaines bordelais.

Ces gens-là sont-ils dans le besoin ? Ces grands châteaux ont-ils vocation à percevoir des subventions publiques ?

Si tout est légal, si les montages et dossiers ont été réalisés en bonne et due forme, on peut en effet légitimement s’interroger sur le bien-fondé de ces subventions : les deniers publics européens n’ont-ils rien de mieux à faire ?

Des millions d’euros de subventions


Capture d’écran du site de la PAC (ministère de l’Agriculture)

Voici une sélection de subventions perçues au titre des exercices 2010 et 2011 de la Politique agricole commune :

En 2011 :

  • Castel Frères : 3 244 578,60 euros
  • Centre vinicole Champagne N.Feuillatte : 1 448 099,03 euros
  • Les grands chais de France : 1 855 016 euros
  • S.A Paul Jaboulet Aine : 1 096 702,46 euros
  • S.A.R.L domaine Paul Mas : 1 142 758,74 euros
  • Société civile Château La Fleur Saint-Georges : 969 744,54 euros

En 2010 :

  • Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux : 5 895 609,05 euros
  • Union des grands crus de Bordeaux : 1 399 100 euros

Aucune des sociétés concernées contactées (Castel, Nicolas Feuillatte, S.C Château La Fleur Saint-Georges) n’a donné suite, à l’heure où nous écrivons ces lignes.

Grands châteaux et Restos du cœur logés à la même enseigne


Capture d’écran du site de la PAC (ministère de l’Agriculture)

A titre de comparaison, les Restaurants du Cœur et le Secours Populaire Français ont perçu en 2011 de ces mêmes subventions, dans le cadre de leur activité de distribution de nourriture aux plus pauvres, autour de 20 millions d’euros.

Rappelons enfin l’un des engagements fondateurs de la PAC :

« Dans l’ensemble de l’Europe, les revenus de l’agriculture restent en moyenne inférieurs à ceux du reste de la population. Dès lors, l’Union européenne a choisi de soutenir ses agriculteurs. »

Les agriculteurs aux revenus « inférieurs », qui sont effectivement légions, apprécieront ces soutiens à quelques-unes des structures les plus puissantes du vin.

Quant au ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, qui se démène actuellement pour que l’enveloppe allouée à la PAC dans le budget 2014-2020 de l’UE ne fonde pas, il serait peut-être bien inspiré de se pencher sur ce type de subventions.

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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 16:10

 

 

LE MONDE | 11.12.2012 à 10h50 • Mis à jour le 11.12.2012 à 12h58 Par Catherine Rollot

 

 

 
Le RSA a été conçu pour que chaque heure travaillée apporte un complément de revenu au bénéficiaire, mais ses effets à court terme ne seraient pas si avantageux selon une étude du Centre d'études de l'emploi.

Le RSA a été conçu pour que chaque heure travaillée apporte un complément de revenu au bénéficiaire, mais ses effets à court terme ne seraient pas si avantageux selon une étude du Centre d'études de l'emploi. | AFP/JEAN FRANCOIS MONIER

La mission était difficile. Proposer un "pacte de solidarité", pendant social du "pacte de compétitivité" destiné aux entreprises, alors que les caisses de l'Etat sont vides. Mardi 11 décembre, à l'issue de la conférence de lutte contre l'exclusion et pour l'inclusion sociale, Jean-Marc Ayrault a présenté les grandes lignes d'un plan quinquennal, qui donne des gages aux associations sans plomber les finances publiques.

  • Relèvement du RSA-socle dont bénéficient 1,39 million de personnes

Pour endiguer la montée de la pauvreté, les annonces sur les minimas sociaux, le logement et les jeunes étaient les plus attendues mais aussi les plus coûteuses. Le gouvernement a tranché : la question de la revalorisation des minimas sociaux, qui avait été écartée de la Conférence sociale de juillet 2012 au grand dam des associations, passera seulement par le relèvement du RSA socle (1,39 million d'allocataires).

D'ici à 2017, cette allocation, qui a remplacé le RMI en 2009 sera augmentée de 10 % en plus de son indexation annuelle. Une première revalorisation est annoncée dès 2013. Estimée à 1 milliard d'euros, cette mesure sera étalée dans le temps ce qui permettra de ne pas trop peser sur le budget 2013.  Le RSA-activité, qui offre un complément de ressources aux travailleurs pauvres, ne bénéficie pas de ce coup de pouce, mais sa remise à plat est annoncée pour le premier semestre 2013.

Autre source de dépenses, le logement. 50 millions d'euros seront débloqués pour créer 4000 places pour les sans-abri et 4 000 autres pour les demandeurs d'asile. 50 millions supplémentaires serviront à financer différentes mesures destinées à la prévention des expulsions ou encore à la création de logements adaptés. Le gouvernement s'engage aussi à réitérer en 2013 l'effort exceptionnel (42 millions) accordé à l'automne 2012 aux associations qui aident les sans-abri.

  •  Le Civis renforcé

Le secteur social attendait beaucoup des annonces sur les jeunes, particulièrement touchés par le chômage. Le gouvernement a choisi de s'appuyer sur un dispositif existant, le contrat d'insertion dans la vie sociale (Civis). Désormais, celui-ci pourra être assorti d'une "garantie jeunes" pour les moins de 25 ans les plus éloignés de l'emploi. Géré par les missions locales, ce "Civis renforcé", d'un an renouvelable, permettra à son signataire d'être mieux accompagné mais aussi de bénéficier d'une allocation équivalente au montant du RSA-socle (475 euros par mois pour une personne seule) pendant ses périodes d'inactivité.

Cette mesure sera d'abord expérimentée à partir de septembre 2013 dans dix territoires. A terme, le gouvernement vise 100 000 bénéficiaires par an. Sur une année pleine, et à plein régime, ce dispositif, d'après les premières estimations, coûterait autour de 500 millions d'euros. Mais en choisissant là aussi une montée en charge progressive, le gouvernement en limite le poids financier, du moins pour 2013.

Pas de réforme en revanche pour le RSA-jeunes, sur la sellette depuis quelques mois, même si dans l'entourage du premier ministre, on laisse entendre que son sort pourrait être scellé à moyen terme. Bénéficiant seulement à 9 000 jeunes, il ne représentait pas un gain d'économie important. En revanche, son arrêt brutal aurait pu être perçu comme un mauvais signal de la part d'un gouvernement qui a fait de la jeunesse sa priorité.

  •  Un meilleur accès aux droits

Le plan contient aussi un certain nombre de mesures réclamées par les associations mais qui peuvent être relativement contenues financièrement. Pour favoriser un meilleur accès aux droits, le gouvernement va renforcer des campagnes de promotion des droits sociaux. Un effort de domiciliation sera aussi entrepris, pour permettre aux exclus de bénéficier d'une adresse et donc de toucher, le cas échéant, une prestation sociale.

La création d'un Observatoire de l'inclusion bancaire et d'un réseau de Points conseils budget pour accompagner dans leur gestion les personnes très modestes pourra se faire à moyens quasi constants par le redéploiement de travailleurs sociaux.

Enfin, certaines dispositions sont encore dans le flou budgétaire. Le relèvement du plafond de la CMU-complémentaire pour couvrir 500 000 personnes de plus, n'est pas bouclé financièrement. Actuellement, 4,5 millions de personnes pauvres bénéficient de cette prestation qui garantit la prise en charge à 100 % des soins médicaux. Mais le plafond de ressources pour en bénéficier a été réévalué moins vite que les salaires. Le financement de ce rattrapage pourrait se faire en mettant davantage à contribution les mutuelles privées.

D'autres dossiers ont été repoussés, notamment la réforme de l'allocation de soutien familial et le complément familial. Les détails de ce plan devront être finalisés avant son adoption par un comité interministériel de lutte contre l'exclusion prévu le 22 janvier 2013. Sa présentation en conseil des ministres est programmée le lendemain.

Lire aussi : Nouvelle recrudescence des cas de surendettement

Catherine Rollot

 

 

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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 16:08

 

C’est une foule hétéroclite de SDF au long cours, de punks en vadrouille et de personnes désocialisées en attente de logement. Situé dans une petite rue excentrée, l’accueil de jour des Restos du cœur de Carcassonne grouille de visiteurs ce midi-là, comme tous les jours. Que l’endroit ne désemplisse pas depuis son ouverture, fin novembre, n’est pas une surprise. Ce qui l’est plus, c’est la présence, dans ce local théoriquement réservé aux sans-abri (à qui est offert un repas chaud), de "plus en plus de personnes vivant en appartement", explique-t-on. Ainsi Anne, 56 ans, une ancienne archéologue touchant le RSA, mais ne vivant qu’avec 150 euros une fois ses factures payées : "Quand ça devient dur, je viens ici", confie-t-elle, au milieu d’habitués dont elle s’est fait des amis.

 

L'accueil de jour des Restos du coeur, théoriquement réservé aux aux sans-abris, est désormais fréquenté par personnes vivant en appartement. (Photo Ulrich Lebeuf/Myop pour Le Monde)

 

Le lieu est emblématique de la pauvreté à Carcassonne, ville moyenne (50.000 habitants) dont nul ne soupçonnerait qu’elle soit si bien placée sur la carte de France de la paupérisation. Les élus n’en avaient guère plus conscience avant que Maryline Martinez, première adjointe au maire, ne lance une enquête il y a un an. Censée établir un "diagnostic santé" de la population, l’étude a fait apparaître des taux de chômage (20,4%), de pauvreté (19,9%) et de bénéficiaires du RSA (11,3%) nettement supérieurs à la moyenne. La municipalité (PS) a du coup décidé de décupler, ou presque, les subventions qu’elle accorde aux cinq principales associations caritatives. Jusque-là comprises entre 1000 et 2000 euros, elles s’élèveront, en 2013, entre 10.000 et 14.000 euros. "Il y a urgence. Il faut cautériser, justifie Mme Martinez. La découverte de cette détresse nous a surpris. Nous sommes dans un milieu mi-urbain mi-rural où les solidarités familiales font que les choses se voient moins."

Située entre deux agglomérations à l’essor galopant (Toulouse et Montpellier), Carcassonne paie le prix d’un développement économique ralenti notamment par l’absence de grandes entreprises. La population s’est appauvrie lentement au fil des décennies. Aux chômeurs longue durée et aux petits retraités se sont ajoutées des familles monoparentales, des routards attirés par le soleil, des demandeurs d’asile issus des pays de l’Est et, depuis peu, des Espagnols d’origine maghrébine fuyant la crise. Loin des remparts illuminés de sa célèbre cité, Carcassonne compte deux zones urbaines sensibles, cinq quartiers en contrat urbain de cohésion sociale et un lot de squats et d’habitat insalubre.

 

(Photo Ulrich Lebeuf/Myop pour Le Monde)

 

A entendre les associations, la "situation" se serait accentuée à la rentrée. Les Restos du cœur s’attendent à accueillir entre "10% et 30%" de public supplémentaire cet hiver. Au Secours populaire, c’est une chute importante du "reste à vivre" (une fois que le loyer et le coût de l’énergie ont été retirés des revenus) qui est observée:  "Nous inscrivons des personnes à qui il ne reste que 3 euros par jour pour manger, voire zéro euro parfois", indique-t-on. Chez Emmaüs, les effectifs se garnissent "de gens qui travaillent, mais n’arrivent pas à joindre les deux bouts".

Visible depuis deux ans, un indicateur en dit long : les associations sont persuadées de l’existence d’un "marché parallèle" de produits alimentaires distribués par leurs soins. Peu friands des marchandises de base de l’Union européenne (huile, sucre, farine, surgelés…), les bénéficiaires les troqueraient entre eux, quand certains ne les vendent pas lors de vide-greniers.

 

 

Réfugié politique de nationalité arménienne, Mher Missakyan, 49 ans, est arrivé en France en 2006. Chauffeur-routier, ce père de trois enfants a pour seul revenu le RSA. Habitué du Secours populaire, il y est également bénévole. (Photo Ulrich Lebeuf/Myop pour Le Monde)

Conformément aux statistiques nationales, les jeunes en difficulté sont aussi plus nombreux. Et… de plus en plus jeunes. A la mission locale, les mineurs représentent 23% des 4.000 inscrits, contre à peine 10% il y a huit ans. Les trois quarts des jeunes fréquentant l’établissement vivent chez leurs parents et seule une minorité a le permis. Une forme de repli sur soi semble s’être propagée, selon un sondage maison indiquant que 95% ne sont pas prêts à quitter la ville pour trouver du travail.

 

James Castellan, 21 ans, sans emploi, vit chez sa mère, bénéficiaire du RSA. (Photo Ulrich Lebeuf/Myop pour Le Monde)

 

"Tout dépend de quel travail il s’agit, nuance James Castellan, 21 ans, titulaire d’un BEP système électroniques numériques. Si l’on me propose un CDI à Paris, j’y vais en courant. Mais pour un CDD, je risque d’y laisser mon salaire. Même un apprentissage est devenu impossible à trouver. Plus aucun patron ne veut vous prendre si vous avez dépassé 20 ans, car vous coûtez plus cher que quelqu’un de 16 ans." James habite chez sa mère, bénéficiaire du RSA, et vivote avec les quelques dizaines d’euros que lui attribue la mission locale.

A l’autre extrémité de la pyramide des âges, le constat n’est pas plus réjouissant. Si les retraités pauvres ont toujours eu du mal à braver ce sentiment de "dignité bafouée" que provoque l’octroi d’une aide alimentaire, certains n’hésitent plus à franchir le pas des associations. "Notamment des personnes de plus de 80 ans qu’on ne voyait jamais avant", remarque-t-on au Secours populaire. A se demander si les collectivités arrivent encore à faire face, se demande Jean-Marie Jordy, le président de l’antenne des Petits Frères des pauvres : "On a l’impression que les services sociaux se tournent de plus en plus vers nous. La vocation de notre association est pourtant de visiter et d’écouter des personnes âgées isolées, pas de faire du social. Nous sommes du coup obligés d’en faire, en payant ponctuellement des factures d’eau et d’électricité."


Les bénévoles des Petits frères des pauvres font de plus en plus de "social" alors que la vocation de leur association est de visiter et d'écouter des personnes âgées. (Photo Ulrich Lebeuf/Myop pour Le Monde)

 

La situation s’est vraiment compliquée pour les sans-abri et les plus vulnérables. Sortir de la galère est devenu "encore" plus difficile. Dès qu’un lit se libère dans un foyer, il est attribué dans les jours qui suivent, "alors qu’on avait régulièrement des places vacantes jusque-là", souligne Bernard Botet, le directeur d’Aude Urgence Accueil, l’association ayant la gestion du 115 et faisant office de Centre d’hébergement et de réinsertion sociale.

Mais squats et trottoirs ne désemplissent pas non plus. On y voit échouer de nouveaux profils, en particulier des jeunes femmes et des familles. Un chiffre de l’enquête-santé réalisée par la municipalité a stupéfait les élus : en 2012, neuf enfants sont nés de couples vivant dans la rue à Carcassonne.

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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 15:15

 

20minutes.fr/

 Créé le 11/12/2012 à 11h11 -- Mis à jour le 11/12/2012 à 15h50
Le PDG de Publicis, Maurice Lévy, photographié le 31 août 2011 à Jouy-en-Josas près de Paris.

Le PDG de Publicis, Maurice Lévy, photographié le 31 août 2011 à Jouy-en-Josas près de Paris. Eric Piermont afp.com

ETUDE - Les rémunérations des grands patrons ont progressé de 4% en 2011, selon la dernière étude publiée par le cabinet Proxinvest...

Un coup frein mais toujours une belle progression. Après la forte hausse de 33% enregistrée en 2010, la rémunération annuelle totale* des patrons du CAC 40  a encore progressé de 4% en 2011 pour atteindre en moyenne 4,246 millions d'euros, dont 24% en fixe, 32% en variable, 16% d'autres avantages (jetons de présence dans les conseils d'administration, voiture de fonction...), 16% en actions gratuites et 12% en options, selon la quatorzième étude du cabinet Proxinvest publiée mardi. Elle se situe au sixième rang en Europe derrière l'Italie, la Suisse, l'Espagne, l'Allemagne et le Royaume-Uni où elle a diminué en moyenne de 5%.

 

Echec de l’auto-régulation

Cependant, hors indemnité de départ, en France, la rémunération a baissé de 3,2%. A comparer avec une réduction de 10% du bénéfice net cumulé des 40 plus grosses entreprises et une chute de 17% du CAC 40. L’an dernier 14 dirigeants contre 11 en 2010 ont vu leur rémunération totale atteindre ou dépasser le plafond socialement acceptable fixé par Proxinvest à 240 smic, soit 4,6 millions d’euros. Proxinvest n'hésite pas de nouveau à parler «d’échec de l’auto-régulation» des rémunérations.

Dans son code de gouvernement d’entreprises, le Medef et l’Afep (Association Française des Entreprises Privées) qui représentent l’essentiel des groupes du CAC, il est pourtant stipulé que: «La rémunération des dirigeants mandataires sociaux de l’entreprise doit être mesurée, équilibrée, équitable et renforcer la solidarité et la motivation à l’intérieur de l’entreprise.»

 

Maurice Lévy, le mieux payé

Dans le trio de tète du classement des patrons les mieux payés du CAC 40 on retrouve Maurice Lévy, PDG de Publicis avec 19,6 millions d’euros, Carlos Ghosn, le patron de Renault-Nissan à  13,3 millions d’euros,  suivi par Bernard Charlès de Dassault Systèmes avec 10,9 millions d’euros. Suivent dans l'ordre Bernard Arnault de LVMH (10,8 millions d'euros), Jean-Paul Agon de l'Oréal (7,7 millions d'euros), Christophe Vihbacher de Sanofi-Aventis (7,1 millions d'euros), Franck Riboud de Danone (6,1 millions d'euros).

En revanche,  les 80 autres présidents exécutifs des sociétés listées sur le SBF 120 auront vu leur rémunération totale reculé de 2% à 2,1 millions d’euros. Hors indemnités de départ, le repli a été de 2,2%.


*Les chiffres publiés par l’étude ne comprennent pas les éventuels compléments de retraite surcomplémentaire dont bénéficient certains dirigeants.

Mathieu Bruckmüller
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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 17:16

 

 

 

La Cour des comptes est têtue. Les faits aussi. Dans son dernier rapport sur le budget de l’Élysée paru vendredi 7 décembre (consacré aux dix-sept derniers mois de Nicolas Sarkozy), les magistrats financiers notent certes des « progrès » dans la « passation des marchés » de la présidence, mais dénoncent, une fois de plus, les contrats signés avec les deux gourous de Nicolas Sarkozy en matière de communication, Patrick Buisson et Pierre Giacometti, dont les sociétés ont encore avalé 722 000 euros d’argent public à elles toutes seules entre le 1er janvier 2011 et le 15 mai 2012.

Modifiés plusieurs fois par simples « avenants », ces deux contrats « n’ont donné lieu ni à publicité ni à mise en concurrence », s’offusque le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud. En prime, la Cour tique sur un autre marché passé de « gré à gré » pour la remise à niveau du « système anti-intrusion » de l'Élysée, au bénéfice d’une société dont le nom n’est pas publié, mais que Mediapart a identifiée.

1.     La vidéosurveillance du Palais

Ce sont les lignes les plus cinglantes du rapport, les plus énigmatiques aussi. « Les conditions dans lesquelles des travaux (de remise à niveau du système anti-intrusion du Palais de l’Élysée) ont été confiés (…) à une société créée en 2009, dont le capital s’élève à 1 910 euros, qui n’a jamais déposé ses comptes et n’emploie qu’un salarié, peuvent surprendre. » Le nom de l’heureux gagnant est gardé secret (comme toujours avec la Cour), alors que ses gains s’avèrent considérables : 472 000 euros en 2011, après 486 000 euros en 2010. Les magistrats semblent regretter qu’aucun appel d’offres n’ait été lancé : « Il a été traité de gré à gré » avec cette entreprise, « dans un secteur pourtant concurrentiel ». Les auteurs veulent-ils suggérer que les services de l’Élysée ont été négligents ? Qu’il y a eu favoritisme ?

Baptisée SSIP, la société en question s’est immatriculée à Toulon en mars 2009, pour se consacrer officiellement à du « conseil pour les affaires et autres conseils de gestion » (sic). L'unique salariée déclarée, la gérante Yveline Martinez, répond un peu gênée : « Je ne m’occupe pas des contrats proprement dits, moi c’est uniquement la compta... »

 

Le responsable s’appelle en réalité Christian Guillard, et jure ne pas bien comprendre ce qui lui tombe dessus. « C’est un sujet confidentiel défense, explique-t-il. Nous avons effectivement mis à jour le système anti-intrusion du Palais, après avoir travaillé sur d’autres résidences présidentielles. On a un savoir-faire assez pointu en matière de vidéosurveillance, on fait des analyses d’images intelligentes, etc. » Est-ce que la société, qui apparaît dans la liste des fournisseurs officiels du ministère de la défense, compte un seul salarié ? « Absolument pas ! C’est des trucs un peu idiots, mais vous savez, moins on diffuse d’infos sur nous, plus on protège nos clients. Alors les données sur le staff ou les comptes, on ne les rend pas publiques, on préfère payer les amendes. » Dans une plaquette commerciale dénichée sur internet, SSIP revendique quatorze « personnes », sans compter les sous-traitants. SSIP a-t-elle détaillé sa situation aux magistrats financiers ? « La Cour ne nous a pas auditionnés, pas questionnés », jure Christian Guillard. Sollicités lundi matin par Mediapart, les services de la juridiction financière n'ont apporté, à cette heure, aucune précision.

Mais le marché avec la Présidence a-t-il été passé « de gré à gré » ? Sur ce point, les réponses de Christian Guillard se font plus sinueuses : « Ça n’est pas sans mise en concurrence », commence-t-il par répondre, avant de balayer : « On doit être trois en France à être capables de faire ça. » En l'espèce, quels étaient ses concurrents ? « Je ne sais pas. » « Pour la protection d’un site confidentiel défense, le client ne va pas faire un appel d’offres public ! ajoute le patron. Plus il y a de personnes consultées, plus il y a de personnes au courant des moyens de sûreté utilisés... »

Quand on l’interroge sur la manière dont il a réussi à décrocher ce contrat, Christian Guillard réplique : « Je n’ai pas de parent, ni d’ami au Palais ! Mais avec ma précédente société, IRIS, je m’étais occupé de TF1. » Et ? « Les gens qui font de la sûreté se parlent entre eux… »  

La Cour, en tout cas, n'en démord pas : il était possible d’organiser une mise en concurrence en imposant « aux prestataires des règles minimales de sécurité », en exigeant « d’eux le respect du secret ». « Nombre d’autres entreprises auraient pu satisfaire » à la condition d’« obligation de confidentialité », insistent les magistrats financiers

2. Les contrats de conseils en communication

La Cour relève que les sociétés de Patrick Buisson et Pierre Giacometti ont continué de conseiller Nicolas Sarkozy aux frais de l’Élysée, même après la déclaration de candidature de ce dernier le 15 février 2012 – comme Mediapart l’a déjà révélé. Entre le 16 février et le 30 avril, Publifact a continué d’engranger 2 390 euros par mois, Giacometti & Peron 7 900 euros. Leur gratification apparaît alors en baisse de 80 % par rapport aux mois précédents, pour prendre en compte le fait qu’ils servent le candidat Sarkozy bien plus que le chef de l’État français, mais l’addition reste salée pour le budget du Palais : plus de 10 000 euros mensuels à tous les deux.

Quels conseils, au juste, Pierre Giacometti a-t-il bien pu livrer à l’Élysée après le 15 février, qui ne concernaient nullement la campagne, mais la seule activité présidentielle ? Interrogé par Mediapart en mai dernier, le « spin doctor » répondait : « S’agissant des missions que nous remplissons pour nos clients, je suis tenu au respect de la plus grande confidentialité. Mais il est évident qu’un Président sortant n’abandonne pas toutes ses responsabilités de Président sous prétexte qu’il entre en campagne. Il continue d’assurer la totalité de ses fonctions. » Faute de traces écrites, la nature des travaux ainsi facturés au Palais s’avère impossible à vérifier. « La plupart des prestations de conseil étant orales », la Cour se déclare d’ailleurs incapable de « porter une quelconque appréciation sur leur coût au regard de leur contenu ».

3. Les contrats de sondages

Comme Mediapart le révélait en mai dernier (en publiant le listing des études d’opinion commandées par l’Élysée en 2010, 2011 et jusqu'en mai 2012), les dépenses de sondages ont bondi de 16,7 % en 2011, pour atteindre 794 383 euros. Trois instituts se sont partagé cette manne : OpinionWay, Ifop et Ipsos. La Cour se félicite que ces derniers aient été sélectionnés par appels d’offres en bonne et due forme, le cabinet de Nicolas Sarkozy ayant fini par régulariser sa situation après « l’affaires des sondages » – Patrick Buisson avait dans un premier temps joué les intermédiaires entre la présidence et certains instituts, en prélevant une grosse commission au passage.

La Cour regrette cependant que les résultats de ces études n’aient pu lui être transmis (« pas plus qu’au service financier ou au service des archives de la présidence »), lui interdisant de vérifier que ces dépenses se rattachaient bien « à l’activité présidentielle ».

En mai dernier, lorsque Mediapart avait pu se plonger dans les cartons de sondages commandés par la présidence, il était apparu que nombre d’études de 2011 concernaient bizarrement la vie interne du PS ou les adversaires politiques de Nicolas Sarkozy. En juillet 2011, l’Élysée s'était par exemple payé un sondage pour mieux cerner l’électorat écologiste ; en avril 2011, un conseiller de Nicolas Sarkozy, Julien Vaulpré, avait aussi passé commande à OpinionWay d’une étude sur l’intervention de Dominique Strauss-Kahn au JT de France-2 (« À la suite de cette émission, diriez-vous que DSK se situe très à gauche, à gauche, au centre gauche,  etc. ? »), comme le prouve son mail que nous publions ci-dessous :

Est-il normal que le coût de ces sondages ait été supporté par le budget de l’Élysée, c’est-à-dire le contribuable ? En mai dernier, le militant écologiste Raymond Avrillier a saisi la commission nationale chargée des comptes de campagne de la présidentielle (CNCCFP) pour lui demander d’intégrer ces prestations au compte du candidat Sarkozy (lire son courrier ici). La CNCCFP doit justement boucler son instruction ces jours-ci.

 

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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 16:59

 

 

Rue 89 - Karima Delli

Publié le 10/12/2012 à 08h59

 

 

Le gouvernement organise lundi et mardi une conférence de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, mais depuis dix ans, le constat reste toujours aussi alarmant : le nombre de pauvres en France est passé de moins de 7,5 millions à plus de 8,6 millions. Un bond en arrière de plus de quarante ans dans la réduction des inégalités dans notre pays. Dix années au cours desquelles la droite n’a cessé de faire des cadeaux aux riches : bouclier fiscal, suppression des droits de succession, relèvement du plafond de l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF), etc.

Pendant la campagne présidentielle, la question de la pauvreté est restée au second plan. Le mot « pauvreté » n’apparaît pas une seule fois dans les 60 engagements de François Hollande pour la France. Ce qui m’avait conduite, à l’époque, à réclamer dans une lettre ouverte adressée au Président nouvellement élu, la création d’un ministère pour les pauvres. Mais les candidats préféraient miser sur les classes moyennes, plus rentables électoralement.

Aujourd’hui, il est plus que temps de s’attaquer à la question de la répartition des richesses et de la pauvreté. Non pas en faisant des cadeaux aux pauvres, comme on l’a trop souvent fait : un petit coup de pouce aux minima sociaux par-ci, une prime de Noël pour les bénéficiaires du RSA par-là. Mais plutôt en s’attaquant frontalement aux causes structurelles de la pauvreté et en y répondant de manière globale.

Où sont passés les engagements européens ?

Car nous n’avons plus le droit à l’échec : la paupérisation des quartiers populaires, mais aussi des zones rurales, l’explosion du chômage, du coût du logement, de l’énergie, de l’alimentation, la peur du déclassement, sont autant de facteurs qui détériorent la qualité de la vie et renforcent le rejet des politiques.

La France a pourtant pris des engagements clairs au niveau européen en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Après l’échec patent de la stratégie de Lisbonne, adoptée en 2000, qui s’était donné pour ambition d’éradiquer la pauvreté en Europe avant 2010, les Etats membres se sont accordés sur un objectif, certes peu ambitieux mais réaliste, de sortir au moins 20 millions de personnes de la pauvreté d’ici 2020. Mais encore faut-il s’en donner les moyens, et la France doit être l’aiguillon de cet effort de justice et de solidarité.

Si les Français sont particulièrement généreux, on ne peut plus fonder notre politique de lutte contre la pauvreté sur la charité et sur des solutions faites de bouts de ficelles. L’Etat vient de débloquer 50 millions d’euros pour renforcer le plan hivernal pour les sans-abri, c’était nécessaire mais c’est loin d’être suffisant pour répondre à l’urgence sociale aux besoins d’accompagnement. On ne peut plus se contenter de discours creux et d’effets d’annonce, il est temps de passer à l’action.

Quelques idées pour les sans-abri

La première des priorités doit être la lutte contre l’extrême pauvreté et la situation des sans-abri :

  • un vrai moratoire sur les expulsions locatives doit être décrété avant la fin de la trêve hivernale et les centres d’hébergement doivent être maintenus ouverts toute l’année, afin d’en finir avec « la politique du thermomètre » ;
  • une garantie publique des risques locatifs doit être mise en place sans tarder. Elle était promise par le candidat Hollande avant la rentrée universitaire pour les jeunes et n’a pourtant toujours pas été mise en place ;
  • enfin, les réquisitions annoncées depuis des semaines doivent réellement être appliquées : on ne peut pas continuer à loger des familles entières dans des hôtels aux frais de l’Etat (plus de 15 000 places) quand des millions de mètres carrés de logements restent inoccupés dans les grandes agglomérations de notre pays.

De même, il est inacceptable que des demandeurs d’asile soient obligés de se tourner vers le 115 faute de places suffisantes en Centres d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) et que des sans-papiers squattent des temples ou des églises alors que la plupart d’entre eux pourrait travailler et avoir un logement si on procédait enfin à leur régularisation.

Ni cadeaux ni privilèges mais des droits

Le vrai cadeau pour les pauvres serait, au-delà de l’urgence, de préparer aussi l’avenir de nos enfants. 23% des jeunes de 18 à 24 ans et plus de 2,6 millions d’enfants vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les enfants qui naissent dans la pauvreté ont très peu de chances d’en sortir, et la pauvreté est devenue héréditaire. L’école doit donc redevenir un rempart contre la misère et la fatalité.

La lutte contre l’échec scolaire doit être une priorité absolue et un revenu d’autonomie doit être mis en place pour garantir à chaque jeune une transition digne vers la vie indépendante, quels que soient son origine sociale et son parcours de formation.

Le vrai cadeau pour les pauvres serait de changer notre regard sur eux. Le discours de la droite sur l’assistanat a provoqué trop de dégâts. Les pauvres n’ont pas choisi d’être pauvres, ils ne réclament ni cadeaux, ni privilèges, mais ils ont des droits qui doivent être respectés : droit à un logement décent, droit à l’éducation et à la santé, droit à une vie digne et au respect.

Alors on nous dira que tout cela coûte cher et que l’Etat n’a pas les moyens, en cette période d’austérité. Mais réduire l’écart entre les annonces politiques et la vie quotidienne des gens, c’est aussi considérer la lutte contre la pauvreté non plus comme une charge pour la société mais, à l’avenir, comme un investissement.

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