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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 22:03

 

Marianne- Jeudi 20 Décembre 2012 à 14:00

 

 

 

FAYOLLE PASCAL/SIPA
FAYOLLE PASCAL/SIPA
Vous vous souvenez de 2010 ? Non, pas l’affaire Bettencourt, la réforme des retraites ? Le héros était le même – Eric Woerth – mais les conséquences autrement plus importantes. Des manifestations monstres, 2 à 3 millions de personnes dans les rues. Un président de la République, Nicolas Sarkozy, qui refuse de céder à la rue, se moque de ces professionnels de la contestation, qui piétine les corps intermédiaires…

Pour apprendre quoi, deux ans plus tard ? Ce que Marianne et d’autres n’ont cessé alors de hurler dans le désert : une réforme des retraites était certes indispensable, mais cette réforme-là n’était pas seulement socialement injuste, elle était aussi financièrement insuffisante ! En fait, elle n’avait de réforme que le nom.

 

Résultat, deux ans plus tard, on découvre le pot aux roses, en réalité un secret de Polichinelle : en 2020, c’est-à-dire demain, le régime des retraites sera déficitaire de plus de 20 milliards d’euros. En clair, la réforme Sarkozy-Woerth n’aura servi à rien. Pire : elle n’avait de réforme que le nom ! La preuve : dès aujourd’hui, il manque plus de 7 milliards d’euros. On a relevé l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans, mais l’on n’a rien réglé du tout. C’est sans doute l’un des plus gros mensonges du quinquennat précédent : cette pseudo réforme, censée réduire le déficit global à zéro en 2018, n’était pas financée. Etonnez-vous après cela que la parole politique soit délégitimée, décrédibilisée !

Le Medef demandera à nouveau que l’on travaille plus longtemps : 63, 64, peut-être 65 ans – quand un salarié sur 3 ne trouve pas de boulot après 55 ans. D’autres ne jureront que par l’augmentation des cotisations – quand les Français ont déjà le pouvoir d’achat dans les chaussettes. D’autres imaginent même de baisser les pensions, en tous cas de les augmenter moins vite que l’inflation… Ca promet !

Mais de ce marasme évident émerge cependant une bonne nouvelle : contrairement à l’exercice sarkozyste du pouvoir, tous les partenaires sociaux se retrouvent aujourd’hui autour de la table. Tous ont conscience qu’il faut agir rapidement pour sauver pour de bon le fameux modèle social français. Formulons ce vœux pour 2013 : que de ce dialogue accouche d’une solution capable de réunir l’ensemble des Français autour d’un projet commun qui, lui, ne jettera pas des millions de personnes dans la rue !
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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 21:43

 

 Marianne - Jeudi 20 Décembre 2012 à 12:00

 

 

WITT/SIPA
WITT/SIPA
Pour Pierre Moscovici, Marianne a tort. Loin d’être la «capitulation», comme le titre notre hebdomadaire cette semaine, et comme l’estime à la fois Finance Watch et bon nombre de spécialistes des banques, sa loi bancaire qu’il a fait adopter ce mercredi 19 décembre en conseil des ministres est « précurseur en Europe ». L’affaire est de la plus haute importance politique. Cette réforme doit être « l’acte fondateur de mon action », explique-t-il.

Celle qui donnera – enfin – sens et consistance à une politique qui en manque singulièrement. Devant les étudiants attentifs, réunis le 23 novembre dans le grand amphithéâtre de l’école supérieure de commerce, le ministre de l’économie et de finances célèbre « le retour du politique », et présente un contenu d’apparence fort volontariste : «identification et contrôle des risques », séparation des activités, suppression des activités « immorales ». Hélas, quelques jours plus tôt, l’entourage du ministre dévoilait aux journalistes le contenu réel du projet de loi quelques jours plus tard, où prédominait le sentiment de pusillanimité. En fait la loi défend d’abord le modèle de « banque universelle » à la française, ce à quoi tenaient d’abord la corporation bancaire.

Car si le texte prévoit bien de « séparer » toutes les activités à risques et de les cantonner dans une filiale particulière, il réserve cette obligation aux seules « trading pour compte propre », c’est à dire lorsque la banque joue avec son propre argent sur les marchés financiers. C’est peu de chose. Pour la plus active des banques spéculatives, Goldman Sachs, cela ne représente que 10% de son activité. Pour les françaises, hormis BNP Paribas et Société générale, presque rien ! Le projet de loi, un rien jésuite, permet à toutes les activités « utiles à l’économie » de demeurer dans la giron des banque de dépôts. Sauf le trading à haute fréquence ( opérations pilotées par ordinateurs générant des achats et des ventes à la nanoseconde sur els marchés ). Quasiment tous les autres instruments sont autorisés pour peu qu’ils soient utilisées en relations avec un client : spéculation sur les matières premières, tenue de marché, crédit hypothécaires à risques (subprimes), investissement dans des filiales pratiquant la « rehaussement de crédit », etc.

Un banquier d’affaires résume : « en fait, à part l’affaire Kerviel, cette loi n’aurait empêché aucune des gamelles que les banques françaises ont enregistrés pendant la crise : Natixis (groupe BPCE) aurait pu investir dans une filiale dangereuse aux Etats-Unis et perdre 10 milliards d’euros ou Dexia vendre des crédits pourris aux collectivités locales, et perdre encore davantage d’argent. En fait, il n’y avait qu’une solution pratique : cantonner toutes les activités de marchés dans une filiale, puisque dès qu’il y a marché, il y a un risque… ». On peut ajouter que pourvu qu’elle agisse pour un client, une banque pourra spéculer sur les matières premières alimentaires, au risque de créer des envolées de prix et des famines ! Quant à l’interdiction de posséder des filiales dans les paradis fiscaux ou réglementaires, elle est carrément absente du projet de loi. Même le prêt aux hedge funds, spéculateurs entre les spéculateurs est possible, sous certaines conditions…

Le texte fait donc le bonheur des banquiers qui ont fait, de juillet à décembre, le siège du gouvernement en défendant la « banque universelle ». Ils ont trouvé des défenseurs à Bercy où un haut et influent fonctionnaire soutient que « les banques qui ont fait faillite aux Etats-Unis, comme Lehman Brothers, ou au Royaume-uni comme la Northern Rock (ou RBS???) étaient des établissements spécialisées. Lehman Brothers était une pure banque d’affaires, Northern Rock une pure banque de dépôt. Cela n’a pas empêché des catastrophes d’arriver ». Fermez le ban.

D’ailleurs, selon Bercy les « larges consultations » organisées en amont auraient été unanimes : « les banques, leurs clients qu’ils s’agissent des entreprises ou des associations de particuliers ont eu ce message : ne détruisez pas notre banque universelle… »  Cet engouement pour le modèle « tout-en-un » est suspect aux yeux de Pierre-Henri Leroy, président du cabinet Proxinvest : « c’est l’offre coiffeur, explique-t-il. On voit l’avantage pour le coiffeur de fournir  à la fois le shampoing, la coupe, le brushing, la couleur et la manucure. Mais est-ce que c’est aussi l’intérêt du client ». Même Sébastien Busiris, secrétaire général  FO banques, pourtant partisan de la banque universelle au nom de l’emploi de ses adhérents, estime que pour sauver le modèle, il faudrait l’encadrer fortement : « lorsque nous avons été auditionnés, à la fin du mois d’octobre, on avait l’impression que les jeux étaient faits et qu’il s’agissait de vérifier que nous ne nous y opposerions pas. Nous avons demandé que la loi précise ce qu’étaient « les activités utiles à l’économie », et qu’on taxe la spéculation pour la décourager. Mais le projet de loi laisse la question sans réponse. »

En fait ce sera aux autorités de régulation, peuplées de banquiers, anciens, actuels ou futurs, de préciser le concept « d’utilité à l’économie ». Comme le dit Sébastien Busiris: « à la limite, la spéculation peut être présentée comme indispensable ! » Et c’est là que la modestie de la réforme permet aux banquiers de limiter les dégâts. Longtemps la profession a laisser dire que la séparation du « compte propre » n’impacterait que 2% de son chiffres d’affaires (le produit net bancaire). In extremis, Pierre Moscovici  a fait recalculer le chiffre « c’est en fait 10% » s’écrit-il dans l’espoir d’étoffer son dossier. 

Pour Thierry Philiponnat, ex-trader et directeur l’ONG européenne Finance Watch, créée à l’initiative de députés de gauche français, « combiner ces deux activités au sein d'une même banque a pour conséquence de permettre à l'activité de prêt d'argent et de collecte des dépôts de nourrir artificiellement l'activité de négoce d'instruments financiers. » En clair : l’argent des déposants sert toujours à faire des profits par la spéculation. 

Karine Berger, députée socialiste des Hautes-Alpes, et qui sera la rapporteure de la loi à l’Assemblée, en convient : « la réforme ne vise pas à corriger l’action des banques, à en transformer la structure. » Ce n’est pas si mal lorsqu’on regarde la revendication de départ des banquiers: « le message de Frédéric Oudéa, (patron de la Société générale et président jusqu’à l’été de la Fédération bancaire française FFB) était d’instituer une autorité de régulation à postériori ». Une chambre d’enregistrement, en somme. Pour la députée, l’esprit de la loi est donc : « on ne découpe pas les banques, mais on prépare la paire de ciseaux pour pouvoir le faire au cas où ». La véritable innovation de la loi Moscovici résiderait dans son deuxième volet, qui donne des nouveaux instruments à la puissance publique pour gérer une éventuelle crise bancaire.

« On pourra enfin débarquer le management incapable d’une banque à problèmes avant la cessation de paiement, contrairement à aujourd’hui », se réjouit un haut fonctionnaire de Bercy. Un fonds de résolution devra être constitué, qui permettra de ne plus faire appel à l’argent des contribuables en cas de pépin. « C’est la fin de la socilaisation des pertes », s’exclame le ministre. Mais une autre conclusion s’impose : les banques pourront donc continuer à faire leurs affaires comme auparavant, mais gare à la faute ! Ce volet de la loi heurte d’ailleurs davantage les banques mutualistes (Crédit agricole et Crédit mutuel),  très jalouses de leur indépendance vis-à-vis de l’Etat, que les banques privées. 

Pourquoi avoir capitulé si facilement ? Bien sur il y a la « proximité ». Des deux côtés de la négociation, on trouve des inspecteurs des finances; ceux de la direction du Trésor, comme Ramon Fernandez, qui a entièrement instruit le dossier pour le compte de Pierre Moscovici; Et les ex-de Bercy, comme Michel Pébereau, président d’honneur de BNP-Paribas, ou François Villeroy de Gallau, numéro 3 de la même banque, et ancien directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn et par là très au fait des réseaux socialistes. La consultation préalable a eu lieu dès le mois de juillet au sein, du Conseil de régulation financière et du risque systémique (Corefris) dont L’Expansion a dévoilé les principaux participants: « Outre le ministre des finances et des autorités de régulation et de supervision (gouverneur de la Banque de France, président de l'Autorité des marchés financiers notamment), s’y trouvent trois membres “indépendants” : Jean-François Lepetit, administrateur de BNP Paribas (et ancien directeur de la banque), et Jacques de Larosière, conseiller pendant plus de dix ans du président de BNP, un certain Michel Pébereau (ex-pdg de BNP Paribas. »

Par ailleurs, Notre banquier d’affaires observe qu’en « chargeant continuellement les banques de taxes, le gouvernement s’est affaibli devant elles quand il a fallu discuter réformes de structurelles. Les banquiers ont eu beau jeu de dire au ministre : vous voulez de l’argent ? Et bien laissez-nous en faire ! ».

Reste à franchir le niveau européen. Michel Barnier, commissaire au marché intérieur et aux services prépare lui aussi une directive (loi européenne) de séparation des activités bancaires. Il devait s’inspirer d’un rapport préparé par le groupe présidé par le finlandais Erkki Liikanen, dont les conclusions sont bien plus sévères que le projet Moscovici. Il recommande notamment de cantonner dans une filiale spécifique toutes les activités à risque (trading pour compte propre, tenue de marché, crédit aux hedge funds, véhicules d'investissement hors bilan, investissement dans le private equity…)

Michel Barnier qui s’en était entretenu avec François Hollande cet été avoue ne pas être au courant des détails. « Je n’ai pas eu connaissance du texte du projet de loi Moscovici. Mais l’important est qu’il soit compatible avec la future directive », explique-t-il devant l’association des journalistes économiques et financiers. A Bercy on ne cache pas le sentiment d’avoir bien manœuvré : « La France sera le premier pays en Europe à légiférer. Cela nous permettra de peser d’un poids particulier sur les contenus au niveau de l’Union. » Sous-entendu : les banques françaises seront bien défendues… 

Comme s‘il savait son texte est bien imparfait, Pierre Moscovici s’est dit ouvert à de nombreux amendements de la part des parlementaires : « sur les stocks options, sur la composition de l’autorité de contrôle prudentielle, sur les paradis fiscaux », et même «  sur la liste des activités déclarées ».
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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 22:41

 

 

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 19.12.2012 à 07h56 • Mis à jour le 19.12.2012 à 17h45

 
 
UBS a précisé qu'elle s'attendait à une perte au quatrième trimestre en raison des provisions pour litiges.

La banque suisse UBS a annoncé, mercredi 19 décembre, qu'elle allait payer une amende de 1,4 milliard de francs suisses (1,1 milliard d'euros) dans le scandale du Libor après un accord avec les autorités américaines, britanniques et suisses. La banque a précisé qu'elle s'attendait à une perte au quatrième trimestre en raison des provisions pour litiges.

Dans le cadre de cet accord, UBS a accepté de se reconnaître coupable en réponse à une accusation de fraude par voie électronique pour sa filiale japonaise, a-t-elle indiqué dans un communiqué. UBS a précisé qu'elle s'attend à une perte au quatrième trimestre en raison des provisions pour litiges.

Ce montant global de 1,4 milliard de francs suisses inclut des amendes à hauteur de 160 millions qui seront versées aux autorités britanniques et de 1,2 milliard de dollars au département de la justice américaine. La banque reversera également 59 millions de francs suisses à la Finma, l'autorité de surveillance des marchés suisse, qui a ordonné la confiscation de bénéfices indûment réalisés.
 

Le ministre américain de la justice, Eric Holder, a annoncé mercredi qu'une filiale de la banque suisse UBS au Japon a plaidé coupable de fraude dans le cadre d'une information judiciaire ouverte aux Etats-Unis et accepté de payer 1,5 milliard de dollars. Le ministre a également annoncé l'inculpation de deux anciens courtiers d'UBS.

 

 TRENTAINE DE BANQUIERS CONCERNÉS

"Trois douzaines de banquiers et de cadres haut placés seront impliqués dans la collusion présumée de fixation des taux d'intérêt sur le Libor lorsque UBS parviendra à un accord avec les régulateurs globaux plus tard dans la semaine", précisait, mardi, le Financial Times, se référant à des sources proches du dossier.

Mercredi, l'Autorité britannique des marchés financiers a publié des messages instantanés et des conversations accablants pour la banque. "Un haut 6M [taux Libor à six mois] Superman [...]. Sois un héros aujourd'hui", demande un trader d'UBS, dans un message instantané daté du 14 juillet 2009, à l'employé d'une société de courtage travaillant comme intermédiaire pour UBS. "Je vais essayer mon pote [...], comme toujours", répond ce courtier au trader d'UBS qui lui a fait en juillet 2009 39 requêtes du même genre.

Dans une conversation téléphonique, cette fois en septembre 2008, le même trader d'UBS explique à un autre intermédiaire d'une société de courtage : "Si tu maintiens le 6m [le Libor en yen à six mois] inchangé aujourd'hui... Je vais faire un putain d'énorme deal avec toi aujourd'hui". "Genre un deal à 50 000 dollars... J'ai besoin que tu le maintiennes le plus bas possible... si tu fais ça... je te paie, tu sais, 50 000 dollars, 100 000 dollars... ce que tu veux... Je suis un homme de parole", affirme-t-il.

 

"SUPERMAN" ET "LES TROIS MOUSQUETAIRES"

Ce trader et un de ses collègues effectuaient des opérations fictives leur permettant de dégager des sommes afin de corrompre au moins trois intermédiaires de deux sociétés de courtage pour les "récompenser de leurs efforts en vue de manipuler les soumissions [de taux] des banques du panel" qui fixe le Libor chaque jour, selon la FSA.

Outre "Superman", les traders et leurs intermédiaires s'appellent les "Trois Mousquetaires" ou "Capitaine chaos" dans ces messages, des termes prouvant leur "mépris" pour les règles, dénonce la FSA. Selon elle, au moins 2 000 demandes de manipulations ont été répertoriées dans ce qu'elle décrit comme un système généralisé de manipulation du taux Libor, mis en place par UBS. Au moins 45 collaborateurs de la banque suisse étaient impliqués ou conscients des pratiques visant à influencer les taux.

UBS avait été le premier établissement à dénoncer un mécanisme d'entente sur le Libor, taux qui définit les conditions dans lesquelles les banques se prêtent de l'argent entre elles mais qui sert également de référence à de nombreux produits financiers. En juin, Barclays, la seule banque effectivement sanctionnée à ce jour dans ce dossier, a versé aux autorités américaines et britanniques une amende de 453 millions de dollars pour manipulation du taux d'intérêt interbancaire offert à Londres.

 

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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 22:36

 

Lire aussi

Il y a des signes qui ne trompent pas. Alors que la réforme bancaire est présentée en conseil des ministres mercredi 19 décembre, le monde des banques affiche une sérénité étonnante. À l’inverse des discussions sur la banalisation du livret A par exemple, qui avaient donné lieu à de multiples débats et empoignades publiques, le projet de réforme bancaire est entouré d’un épais silence. Pas de campagne de presse, de tribunes ou autres pour exposer le point de vue des banques, pour défendre « la banque universelle à la française », ou dénoncer les projets « insensés du gouvernement ». Le monde bancaire n’en parle pas, étant plus préoccupé à retarder voire enterrer la réglementation dite Bâle III, qui vise à imposer des ratios de fonds propres et de liquidité renforcés pour les banques.

Pourtant, cette réforme bancaire est censée être une des lois emblématiques du gouvernement. Lors de sa campagne présidentielle, François

 


 

Hollande en avait fait un de ses marqueurs, désignant le 22 janvier, au Bourget, « le monde de la finance comme son véritable adversaire ». Il avait alors promis de tirer toutes les leçons de la crise financière et d’imposer une véritable séparation entre les banques de dépôts et les banques d’investissement. La réforme sera présentée avant la fin de l’année 2012, avait-il promis.

Le calendrier est respecté. Mais pour le reste ? « Cette réforme sera un vrai marqueur. Il y aura un avant et un après », a assuré le ministre des finances, Pierre Moscovici, en la présentant devant la communauté bancaire, lors d’une journée organisée par l’Autorité des marchés financiers et la Banque de France. « Ce sera la première traduction en Europe du rapport Liikanen (le rapport établi par la commission européenne sur le contrôle des banques) », avait-il assuré (lire notre article « La réforme bancaire est taillée en pièces par le lobby bancaire »).

Depuis, de nombreuses versions du projet de loi ont circulé dans les milieux bancaires. Ce que prépare le gouvernement ne donne guère le sentiment de les affoler. Car il n’y aura ni Glass Steagall Act, ni loi Vickers, ni loi Volcker, ni rapport Liikanen. En un mot, tous les projets discutés dans la plupart des pays occidentaux pour mieux contrôler les banques, pour séparer les banques de dépôts et les banques d’investissement, pour mieux circonvenir les risques imposés aux pays, ont été écartés. La banque universelle « à la française », modèle irréprochable victime de la crise plutôt que coupable, comme le disent ses défenseurs, restera intouchée.

« La réforme bancaire touchera à peine 2 % de notre activité », s’est félicité en petit comité Alain Papiasse, responsable de la banque de finances et d’investissement de BNP Paribas. Grand connaisseur du monde bancaire, Christian Nijdam, un des responsables de la société d’analyse indépendante Alphavalue a fait le calcul. « Rapporter à l’ensemble de la banque, cela signifie que la réforme va toucher à peine 0,5 % du produit net bancaire (PNB chiffre d’affaires) global de BNP Paribas. Si le rapport Liikanen avait été appliqué, cela aurait affecté 13 % de son PNB global », explique-t-il.  Autant dire que la réforme bancaire, à ce stade, risque d’être de l’épaisseur du trait.

 

« Nous leur imposerons la réforme structurelle dont ils ne veulent pas »

Nommée rapporteur du projet de loi devant l’Assemblée nationale, la députée PS Karine Berger essaie de désamorcer cette bombe chiffrée. « Quand le ministère des finances a vu les chiffres sur l’impact de la réforme chez BNP Paribas, il a demandé à la banque de les lui confirmer. Celle-ci lui a affirmé qu’elle n’était pas encore capable de faire un chiffrage pour l’instant », affirme-t-elle. « Les banquiers ont tort de se montrer confiants. La loi va instaurer une vraie séparation entre les banques de dépôt et les banques d’investissement. La bataille va se jouer au Parlement. Je fais les paris.  Nous leur imposerons la réforme structurelle dont ils ne veulent pas. »

Nombre d’observateurs aimeraient sans doute la croire. Pourtant, ils doutent que la représentation nationale puisse faire évoluer les choses : l’affaire a été bouclée, dans le plus grand secret et sans débat, au sommet du pouvoir par les responsables bancaires. « Dès le lendemain de l’élection présidentielle, les banquiers ont pris les choses en main et ont commencé un lobbying d’enfer auprès de l’Élysée et Matignon. À Bercy, Ramon Fernandez – puissant directeur du Trésor – veillait pour que rien de préjudiciable ne soit entrepris contre les banques. Dès la rentrée, les banquiers étaient rassurés », assure un conseiller gouvernemental.

 

 
© Reuters
Dans une très longue enquête, L’Expansion décrit l’intense lobbying des banquiers pour désamorcer la bombe de la réforme bancaire. Rien n’a été laissé au hasard. Ainsi, la « large consultation », mise en avant par Pierre Moscovici, a été menée par le biais du Conseil de régulation financière et du risque systémique (Corefris). L’Expansion rappelle opportunément les noms de ceux qui y siègent :

« Outre le ministre des finances et des autorités de régulation et de supervision (gouverneur de la Banque de France, président de l'Autorité des marchés financiers notamment), s’y trouvent trois membres “indépendants” : Jean-François Lepetit, administrateur de BNP Paribas (et ancien directeur de la banque), et Jacques de Larosière, conseiller pendant plus de dix ans du président de BNP, un certain Michel Pébereau (ex-pdg de BNP Paribas. » C’est ce qui s’appelle un comité élargi. Comment s’étonner que la réforme bancaire ait été vidée de sa substance, comme le reproche l’organisation Finance Watch.

L’affichage, pourtant, se veut sévère. « Le trading haute fréquence, la spéculation sur les matières agricoles, les prêts aux hedge funds  seront interdits aux banques », avait annoncé dès novembre le ministre des finances. « Même sur ces points, l’examen du projet de loi se montre beaucoup moins dur qu’il n’y paraît », souligne Christian Nijdam. Le diable, une fois de plus, se cache dans les détails.

Ainsi, l’interdiction du trading à haute fréquence se réfère aux opérations taxables. Dans le cadre de la loi sur la transaction financière, le code général des impôts les a définies à partir du critère de 0,50 seconde. Depuis, tous les ordinateurs ont été réglés sur 0,51 seconde. De même, les prêts aux hedge funds sont interdits que s’ils sont non garantis. « Connaissez-vous un seul banquier qui accorde un prêt sans garantie ? » demande l’expert financier.

« À ce stade, la liste est limitée. Mais rien n’empêche de compléter. Il suffit d’ajouter un amendement dans le projet de loi », dit  Karine Berger, qui dans son blog assure que la France va avoir la « paire de ciseaux » nécessaire pour séparer les activités bancaires.

Est-ce si sûr ? Se ralliant totalement à l’argumentaire des banquiers, Pierre Moscovici a décidé que les banques conserveraient  « tout ce qui est utile à l’économie ». Les banquiers ont vite fait la liste. Tout est utile ! Les dérivés ? Indispensable pour offrir des produits de couverture aux clients. Le capital investissement ? Comment en exclure les banques au moment où le gouvernement milite précisément pour aider les PME. Les activités de négociations de dettes pour compte propre ? Veut-on vraiment voir la négociation des dettes souveraines aux mains des seuls JPMorgan et Goldman Sachs ? Les activités de tenue de marché ? Impossible de ne pas aider les clients sur les marchés financiers. En oubliant de préciser que cette activité est une des plus profitables et aussi une des plus risquées pour les banques.

 

Géants bancaires

« Le glissement sémantique “d’activité de crédit” à “activités utiles”, notion très subjective, permet des interprétations qui vont à l’encontre des objectifs initiaux », critique l’organisation Finance Watch dans une lettre publique, en pressant le gouvernement de revenir à une définition qui corresponde à la réalité économique et technique des banques. C’est-à-dire la banque de dépôts et la banque d’investissements.

« On confond séparer et supprimer. Dans notre esprit, il ne s’agit pas de supprimer les activités de marché, mais de les cantonner. Car elles n’ont pas à bénéficier de la garantie des États », poursuit Aline Farès, membre de Finance Watch. « Le contrôle des banques doit passer par des structures simples », ajoute-t-elle.

Le projet de loi ne prévoit rien de tout cela. Tout au contraire, il demeure complexe, opaque, illisible. Les divers accidents bancaires – de la fraude par Jérôme Kerviel, aux 80 milliards d’euros de produits toxiques détenus par Natixis en passant par l’explosion de Dexia – prouvent que les banquiers eux-mêmes ne parviennent ni à connaître ni à maîtriser leurs positions en interne. Croire qu’un renforcement des autorités de contrôle permettra de mieux appréhender les risques relève, de l’avis des experts critiques, de l’illusion.

Dans une longue étude sur les banques publiée en juin (consultable ici), le cabinet indépendant Alphavalue avait mesuré, en reprenant les seuls critères admis par les marchés financiers, comme la création de valeur, les mérites comparés de la banque universelle et des banques séparées. Son analyse était sans appel : en s’en tenant au seul point de vue financier, la séparation des banques de dépôts et des banques d’investissement était de loin la meilleure garantie pour les actionnaires. « Maintenir l’opacité n’est que pour le seul bénéfice des managers des banques et des traders », assène aujourd’hui Christian Nijdam.

Mais s’il n’y avait que cela... « Est-ce qu’au moins le projet nous protège, nous contribuables, d’avoir demain à combler des pertes de marché de BNP Paribas ou de Société générale : non bien sûr, Pierre Moscovici affirme même encore plus clairement que c'est toutes leurs activités que la collectivité doit protéger », s’indigne Jérôme Cazes, ancien directeur  général de la Coface et ancien membre du comité exécutif de Natixis, dans une tribune dans Les Échos.

Ce risque est souligné par nombre d’experts. En refusant d’organiser une stricte séparation des offres, le gouvernement offre une garantie étatique sur l’ensemble des activités des banques françaises. L’aléa moral, si souvent dénoncé pendant la crise financière, n’est en rien brisé. En dernier recours, l’État, c’est-à-dire les contribuables, devront répondre de tout.

Les banquiers français répètent à loisir qu’ils ont traversé sans encombre la crise financière. Pourtant, l’État a dû leur accorder 380 milliards de garanties dans la panique qui a suivi la faillite de Lehman Brothers en 2008. La FED, au même moment, leur a apporté des centaines de milliards de dollars de liquidités pour éviter qu'ils ne s'effondrent. Plus récemment, les banques françaises ont été, après les banques espagnoles et italiennes, celles qui ont le plus sollicité les prêts à long terme (LTRO) distribués par la Banque centrale européenne fin 2011 et début 2012. Elles ont alors emprunté 180 milliards d’euros, à un moment où le marché interbancaire était à nouveau totalement asséché.

Les risques existent donc. Et ils sont immenses, compte tenu de la taille de nos banques. « Les trois plus grandes banques françaises ont un total de bilan cumulé égal à 2,5 fois le PIB du pays », rappelle Finance Watch. À elle seule, BNP Paribas totalise plus de 2 000 milliards d’euros d’actifs. C’est la banque la plus grosse du monde. La France a-t-elle les moyens de soutenir un tel géant ?  (Lire notre article « BNP Paribas est-il trop grand ?  »)

En refusant d’organiser une séparation claire, le gouvernement accepte de se porter garant de tout, et met l’ensemble du bilan de la France en risque. La crise financière a démontré que cela n'était plus une hypothèse théorique. L'Espagne et l'Irlande sont là pour le prouver. Ne pas vouloir circonscrire les engagements pris et accepter de faire vivre un pays sous une telle menace financière relève, à ce stade, de la faute politique.


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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 22:33

 

 

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En novembre, la France a largement plus importé d’électricité d’Allemagne qu’elle n’en a exporté. Son solde déficitaire s’établit à 870 gigawattheures (GWh), soit presque l’équivalent de ce que peut produire un réacteur de la centrale de Fessenheim, révèle l’aperçu sur l’énergie électrique de Réseau de transport d’électricité (RTE), la filiale d’EDF qui gère le flux d’électricité sur le réseau.

Pourquoi s’intéresser aux échanges frontaliers franco-allemands, alors qu’au total, la balance commerciale électrique de novembre est largement plus exportatrice qu’importatrice ? Parce que depuis la décision de la chancelière Merkel d’arrêter huit réacteurs nucléaires, en mars 2011, beaucoup en France espéraient en tirer profit et vendre outre-Rhin les lucratifs électrons que ses tranches atomiques ne produiraient plus.

 

©RTE©RTE

 

Ce fut vrai quelques mois, puis le rapport s’inversa dès octobre 2011. Depuis, chaque mois, Paris achète plus à Berlin qu’elle ne lui vend. Cela fait 14 mois que cela dure. Pour Hervé Mignon, directeur économie, prospective et transparence à RTE, plusieurs raisons expliquent ce déficit. D’abord, l’année 2012 est plus fraîche que 2011 – année la plus chaude depuis un siècle, ce qui augmente la consommation des ménages et du tertiaire français (chauffage et lumière). Surtout, l’Allemagne « a une moindre thermosensibilité que la France » pour son électricité, puisqu’on s’y chauffe davantage au gaz.

Mais c’est aussi parce que ses énergies renouvelables, essentiellement photovoltaïques et éoliennes, atteignent désormais des prix extrêmement compétitifs. En fonction du niveau d’ensoleillement et de la force du vent, certains jours, à certaines heures, elles sont moins chères que l’électricité nucléaire française.

Or le marché européen de l’électricité est régi par le principe du « merit order », autrement dit de la préséance économique, qui consiste à faire appel aux unités de production en fonction de leurs coûts marginaux croissants. Concrètement, quand une demande d’achat est envoyée sur le marché, les premières unités de production appelées sont celles qui fabriquent de l’électricité dite « fatale », c’est-à-dire perdue si elle n’est pas utilisée à un instant donné (puisque l’électricité ne se stocke pas en grande quantité). Il s’agit de l’énergie d’origine hydraulique au fil de l’eau, éolienne et solaire, qui passe devant le nucléaire, lui-même précédant les centrales à charbon, gaz et fioul.

 


« Le parc installé photovoltaïque allemand a progressé de 7,5 GW l’année dernière, décrit Hervé Mignon, c’est une dynamique importante. Si bien que, les jours de fort ensoleillement, quand l’ensemble de la production photovoltaïque est injecté sur le réseau, la quantité d’électricité produite outre-Rhin est largement supérieure aux besoins locaux. Elle est alors mise sur le marché européen à des prix très attractifs. »

RTE n’est pas en mesure d’identifier les principaux acheteurs de cette énergie allemande. Mais tous les acteurs du marché de l’électricité en sont potentiellement consommateurs : GDF-Suez, Eon, Direct énergie, les traders, les industries… et même EDF. Concrètement, des consommateurs français se retrouvent, sans le savoir, à bénéficier à certains moments d’électricité allemande moins chère que l’hexagonale (alors que le prix du kWh à l'unité est plus cher pour les ménages allemands du fait de la structure tarifaire). Et ils s'en rendront d'autant moins compte que, mercredi, le ministère de l'écologie et de l'énergie a annoncé que le prix de l'électricité va augmenter de 2,5 % au 1er janvier en raison de la hausse d'une taxe qui finance notamment les énergies renouvelables.

Tous les bouleversements du secteur énergétique sont susceptibles d’influencer le marché européen. Par exemple, selon RTE, la forte poussée du gaz de schiste aux États-Unis s’est traduite par une hausse des exportations américaines de charbon bon marché vers l’Europe. Ce qui contribue également à rabaisser le coût de l’électricité produite en Allemagne. Un phénomène accéléré par le faible niveau de la tonne de CO2 sur le marché européen des quotas, qui n’est plus en mesure de pénaliser les sources thermiques classiques, très émettrices de dioxyde de carbone. « Mais les flux évoluent toute la journée, ajoute Hervé Mignon, depuis dix ans, on constate une plus grande variabilité des flux dans les échanges transfrontaliers, la fréquence d’inversion quotidienne entre le statut d’importateur et d’exportateur est deux fois plus élevée qu’il y a dix ans. »

 


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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 22:15

 

Marianne - Mercredi 19 Décembre 2012 à 18:42

 

Par Ariel F. Dumont notre correspondante à Rome

 

 

LUCA BRUNO/AP/SIPA
LUCA BRUNO/AP/SIPA

C’est une première au niveau mondial qui risque de faire jurisprudence! Le tribunal de Milan vient de condamner quatre établissements financiers - UBS, J.P.Morgan, Deutsche Bank et sa filiale Depfa Bank- pour avoir trompé la mairie de la capitale de la mode dans une affaire de produits dérivés. L’affaire remonte à 2005. A l’époque, les quatre banques avaient conseillé à la municipalité (dirigée par un proche de  Berlusconi) de restructurer sa dette en investissant dans des produits dérivés de type Swap 30 ans sur le prêt obligataire qu’elle avait souscrit. Un prêt dont le montant s’élevait à 1,68 milliards d’euros. Au lieu d’améliorer son endettement, la mairie s’était au final surendettée.
 

Les établissements incriminés ont écopé chacun d’une amende d’un million d’euros et neuf banquiers ont été condamnés à des peines d’emprisonnement allant de six à huit mois de prison. Les accusés qui ont toutefois bénéficié du sursis ne pourront pas signer de contrat avec l’administration publique pendant un an comme l’avait requis le procureur de la République. Le tribunal a aussi saisi 87 millions d’euros, soit le profit réalisé par ces établissements financiers dans le cadre de l’affaire concernant la mairie de Milan. Un montant nettement supérieur à celui qui avait été réclamé par le procureur du tribunal Alfredo Robledo qui s’élevait à 72 millions d’euros. 
 

Ce procès qui s’est tenu au pénal aura duré deux ans. Un premier volet s’était déroulé auparavant au civil après que la Mairie de Milan ait porté plainte contre les quatre établissements financiers. Mais en mars dernier, la municipalité avait passé un accord de transaction d’un montant de 445 millions d’euros avec les banques. Selon les termes de cet accord, la mairie  s’engageait à  abandonner toutes les poursuites. Estimant toutefois  qu’il  y avait eu malversation de la part des banques,  le parquet a décidé d’aller de l’avant. 
 

« Ce verdict est historique.  Pour la première fois, on a reconnu le  principe essentiel de la transparence dans les relations entre les instituts financiers et l’administration publique » a estimé Alfredo Robledo,  procureur adjoint de Milan. Pour leur part, les établissements financiers ont annoncé qu’ils feront appel. UBS, première banque helvétique a publié un communiqué mercredi après-midi exprimant  « sa déception, la conduite de la banque et de ses employés ayant toujours été conformes aux lois en vigueur ». 
 

Le recours en appel permettra aux  quatre  banques d’éviter de verser un million d’euros dans les caisses de l’état italien, c'est-à-dire le montant de l’amende. Mais reste que le verdict du tribunal de Milan va maintenant faire jurisprudence. Une mauvaise nouvelle pour les autres banques impliquées dans des affaires de dérivés, à commencer par Unicredit. Le premier établissement italien a été en effet renvoyé  devant les tribunaux en octobre 2011 pour avoir provoqué la faillite du groupe Divania, le géant du divan transalpin,  après lui avoir vendu des produits dérivés toxiques. La première audience  aura lieu en 2014. 

 

 

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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 21:43

 

Rue89 - Le Yéti

  voyageur à domicile

 

Publié le 19/12/2012 à 15h45

 

Allez, je vous le lâche tout de suite mon bilan 2012. Parce qu’après ce sera bousculade rituelle au portillon, comme d’hab’. Et moi, à ce moment-là, permettez, je serai plus porté sur le bouchon que sur les constats ronchons. Sur ce, je vous jure que mon présent titre n’est pas inspiré par un excès prématuré de bulles.

Pourquoi un tel optimisme ? En fait pas vraiment de l’optimisme, mais un triple constat plutôt encourageant.

                                                                                                                                                                                                                             1 Un bulletin de santé jubilatoire du vieux monde

 

L’avènement politique du hollandisme fromage mou fut à la hauteur de ce qu’on n’osait pas attendre. Le nouveau pouvoir a implosé avant la fin même de sa première année d’exercice, sombrant dans le grotesque. Que dire aussi de la réélection pâteuse du farfadet Obama, dont la seule perspective est de se manger des « murs fiscaux » à la chaîne ?

L’autre bonne nouvelle, c’est l’état calamiteux des banques. La banqueroute du Crédit immobilier de France (CIF) et de Dexia, le Crédit Agricole qui affiche un résultat négatif au troisième trimestre, et les autres qui paniquent jusqu’au ridicule. Plus vite ces officines de voyous auront mordu la poussière, mieux ce sera. Elles sont l’obstacle majeure à la « Grande mutation ».

Enfin, les économies occidentales rentrent durablement en récession. Ce qui permettra aux populations de faire un peu moins de gras, au climat de souffler un peu, et aux partisans de la décroissance de sabler le mousseux.

Il n’y a plus guère que les bourses pour se réjouir, paraît-il. Mais les bourses, y a plus personne dedans, rien que des machines préprogrammées. Et des dingues coupés du monde en plein délire (se prendre +15% en pleine récession généralisée, faut le faire).

                                                                                                                                                                                                                                  2 La lente mais perceptible évolution des mentalités

 

Heureusement, l’année 2012 est aussi encourageante pour des raisons plus positives. Elle semble avoir ainsi consacré une rupture bien venue dans les mentalités. L’ébranlement profond de deux citadelles symboliques en est preuve.

  • La chute vertigineuse du marché de l’automobile, ce symbole de la toute-puissance individuelle, ne s’explique probablement pas par la seule baisse du niveau de vie des consommateurs, mais aussi par une désaffection croissante à l’égard du symbole même.
  • Le marché de l’immobilier, emblématique de toutes les spéculations, chancèle et s’apprête inévitablement à revenir dans des clous plus fréquentables.

Ce revirement des mentalités est flagrant chez les jeunes générations. Celles-ci, plus frappées par la crise que leurs aînés, sont déjà passés à autre chose. Ont coupé les ponts avec les vieilles lunes consuméristes. Leur indifférence ressemble à s’y méprendre à du désintérêt total pour toutes les valeurs faisandées qu’on a tenté de leur faire miroiter.

Contrainte ou volontaire, passive ou active, leur résistance s’organise peu à peu, avec de nouveaux modes de vie en marge du vieux monde moribond. Comme chez nos voisins grecs, espagnols, portugais...

                                                                                                                                                                                                                               3 La montée en puissance de nouvelles forces vives

 

On peut bien sûr mettre en relief les souffrances sociales subies par les plus défavorisés. Mais commençons d’abord par distinguer celles qui proviennent d’une réelle privation et celles résultant de la difficulté à faire le deuil du monde d’avant et de ces illusions forcenées.

On peut aussi s’alerter des possibles fuites en avant belliqueuses des moribonds détrônés, ou des mouvements de paniques (politiques) régressifs. Mais là, c’est comme sur les zones sismiques ou sous les volcans assoupis. On sait que ça peut péter, mais on n’y peut rien et en attendant, on continue d’essayer d’y vivre au mieux.

Ce que je retiens de 2012, c’est cette nette progression du deuil, cette rupture manifeste des classes populaires avec les tenants du désordre établi (mesurable à la hausse de l’abstention dans tous les scrutins, y compris présidentiel).

Les foyers de révolte se solidifient (Notre-Dame-des-Landes). Des mouvements politiques, des intellectuels montent en puissance, qui affichent des projets de plus en plus structurés. Des réseaux se créent.

Bon d’accord, rien n’est joué. Mais il y a comme des frémissements et quelques raisons d’espérer que la « Grande mutation » ne soit pas seulement un rêve pieux ou un cauchemar apocalyptique. D’ailleurs, tiens, j’ai changé de devise, abandonné la citation de René Char dévoyée par des branques, et opté pour cet extrait du film « Indian Palace » :

« Tout est bien qui finit bien. Et si ce n’est pas bien, c’est que ce n’est pas la fin. »

Bonne fin d’année à tous et tchin !

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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 21:37
Marianne - Mardi 18 Décembre 2012 à 16:00
Frédéric Ploquin - Marianne

 

Le parquet ne s'est pas intéressé aux implications politiques de l'affaire des ventes d'armes par la France.

 


SIRPA/SIPA
SIRPA/SIPA
C'est en janvier 2006 que la vie de Claude Thévenet, ancien de la DST devenu enquêteur privé, bascule dans l'enfer judiciaire, après une perquisition du fisc. Son officine travaille en direct pour la Direction des constructions navales internationales (DCNI), qui vend du matériel militaire sous le contrôle de l'Etat. On le soupçonne, derrière ses missions d'intelligence économique aux noms ronflants («Procuste», «Bonaparte»...), de facturer des prestations fictives. Lui affirme qu'il s'agit de protéger ses informateurs : il enquête à la confluence des affaires sensibles, des frégates de Taïwan aux sous-marins du Pakistan.

Six ans plus tard, l'ancien espion comparaît devant le tribunal correctionnel de Paris, à partir du 12 décembre prochain, en même temps qu'une brochette de cadres de la DCNI. C'est la partie émergée de l'iceberg des ventes d'armes françaises à l'export, dont le parquet semble avoir pris soin d'ignorer la face cachée. Comme si ces sociétés off-shore destinées à abriter l'argent de la corruption devaient rester hors d'atteinte au nom de l'intérêt supérieur de l'Etat. Certes, des poursuites ont été lancées, mais les juges ont été bien tenus durant toute leur instruction, comme si le parquet s'en voulait d'avoir ouvert les vannes.


Les comptes de la société Eurolux, pour ne parler que d'elle, ont été auscultés dans la limite du raisonnable, malgré la bonne volonté et la perspicacité de la police luxembourgeoise. Celle-ci précise dans l'un de ses rapports : «La DCNI transfère de fortes sommes d'argent vers le Luxembourg sur le compte de la société Heine ou de la société Eurolux dont le bénéficiaire économique est l'Etat français. Ces sociétés luxembourgeoises continuent [sic] l'argent vers des sociétés à l'île de Man. [...] Finalement, une partie des fonds qui sont passés par le Luxembourg revient en France pour le financement de campagnes politiques françaises. [...] Il faut se souvenir qu'une partie du "présent dossier" est classée "secret-défense" en France et que l'enquête se limite donc à certains faits.»


*Article publié dans le numéro 816 paru le 8 décembre 2012

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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 21:29

 

 

Rue89 - Edito 19/12/2012 à 16h38
Pascal Riché | Redchef Rue89

 

 

« Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance », clamait François Hollande dans une formule restée comme le marqueur de sa campagne. Neuf mois plus tard, que reste-t-il de cette volonté de réformer la machine infernale à l’origine des crises de ces dernières années ?

Hum... La réforme la plus simple, qui consisterait à séparer de façon étanche les activités de banque de dépôt et de banque d’investissement, est en train de passer à la trappe. Le candidat socialiste à la présidentielle proposait de « séparer les activités des banques qui sont utiles à l’investissement et à l’emploi, de leurs opérations spéculatives » (engagement n°7), mais depuis, le lobby bancaire n’a pas été inactif : la réforme présentée ce mercredi en Conseil des ministre n’est pas à la hauteur de la promesse.

L’idée était pourtant simple : une banque ne devrait pas pouvoir faire porter sur sa clientèle « classique » (les déposants, les épargnants, les emprunteurs) le risque de ses jongleries financières. Les pertes de Jérôme Kerviel n’ont rien à voir avec les dépôts ordinaires des clients de la Société générale. Il n’y a aucune raison que les épargnants ou les contribuables payent les pots cassés des activités spéculatives de leurs banques.

Ça serait un retour « vingt ans en arrière »

Cette idée poussée par la gauche avant qu’elle ne soit au pouvoir, et que partage de nombreux économistes dans le monde entier, est en passe d’être abandonnée. Dès le mois d’octobre, le ministre de l’Economie et des Finances Pierre Moscovici a pris ses distances :

« Je pense que si on sépare, on risque de fragiliser les deux activités. »

Pour finir par juger que ce serait un retour « vingt ans en arrière ».

L’idée n’est certes pas nouvelle : elle avait fait l’objet d’une loi aux Etats-Unis dès les années 30 (le Glass-Steagall Act) et servi de pierre angulaire bancaire aux Trente Glorieuses en France. Bill Clinton, pressé par les lobbies, avait abrogé la loi et le regrette aujourd’hui publiquement !

Plus récemment, la séparation a été prônée par un rapport britannique conduit par John Vickers et elle est étudiée dans de nombreux pays. La proposition de Vickers n’est pas radicale : il suggère de filialiser les deux types d’activités au sein de chaque établissement.

Mais les banques, qui ont peur d’être découpées et de maigrir, ont argué que la qualité de leurs services vient de la diversité de leurs activités. Les activités de marché les rendraient plus compétitives, ce qui aurait un impact favorable sur les conditions de crédit aux particuliers ou aux entreprises...

Pour un peu, à les écouter, Gordon Gekko, héros du « Wall Street » d’Oliver Stone, serait au service du bas de laine de madame Michu.

Un simple « pistolet à bouchon » pointé sur les banques

La vérité c’est que c’est le bas de laine de madame Michu qui sert d’assurance vie aux pirouettes et à la carrière des Gordon Gekko. En effet, si l’Etat, dans plusieurs pays, est intervenu pour soutenir les banques (Citigroup, Royal Bank of Scotland, Dexia..), c’est avant tout pour éviter le chaos général.

Séparez les activités et Gekko aura du soucis à se faire : en cas d’accident, la liquidation de ses activités sera alors possible sans trop nuire à l’économie. Le contribuable ne sera plus là pour lui sauver la mise.

Force est de constater que le projet présenté au Conseil des ministres est une reculade par rapport à ce qui était envisagé. La sanctuarisation des activités à risque est réduite à presque rien.

Exemple que nous fournit Christophe Nijdam, analyste bancaire chez AlphaValue : dans le cas de la BNP, il s’agit de cantonner 0,5% de son « produit net bancaire » (le chiffre d’affaires d’une banque) dans une filiale. « Ce qui n’est que l’épaisseur du trait. On ne peut pas appeler cela une réforme », commente-t-il abruptement.

Encore moins ambitieux qu’aux Etat-Unis


Un pistolet en plastique (Noisemedia)

 

On peut en revanche l’appeler un pistolet à bouchon, pour reprendre l’expression d’Olivier Berruyer, président de DiaCrisis. Même le trading haute fréquence a été épargné !

Le projet est moins ambitieux que ce qui a été engagé aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne. Et bien moins ambitieux que le projet de réforme bancaire européen à l’étude, connu sous le nom de rapport Liikanen. Pour reprendre l’exemple de Nijdam, l’application minimaliste de Liikanen cantonnerait, toujours dans le cas de la BNP, 13% de son produit net bancaire, soit 26 fois plus !

Pierre Moscovici avait promis qu’avec la réforme bancaire, il y aurait un « avant » et un « après ». Sauf si le gouvernement ou les députés se ressaisissent, il n’y aura en réalité qu’un « avant » qui perdure.

Pour le monde « d’après », celui dans lequel la finance sera remise à sa place, celle d’un outil au service de l’économie, il faudra attendre. Et hélas, probablement attendre la prochaine crise.

 

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 21:02

 

Marianne - Mardi 18 Décembre 2012 à 05:00

 

Gérald Andrieu et Laureline Dupont - Marianne

 

Anticor 06 a déposé plainte ce lundi contre le député-maire UMP de Menton, Jean-Claude Guibal, pour « délit de favoritisme ». L’association anticorruption s’interroge sur des missions confiées par la Ville, sans mise en concurrence, à deux sociétés, l’une dirigée par l’UMP Guillaume Peltier et l’autre par un proche de Jean-François Copé, Bastien Millot.

La mairie de Menton (PITAMITZ/SIPA)
La mairie de Menton (PITAMITZ/SIPA)
L’association Anticor 06  a déposé ce lundi une plainte auprès du procureur du Tribunal de grande instance de Nice pour « délit de favoritisme » contre Jean-Claude Guibal, député-maire UMP de Menton, évoquant même une possible « prise illégale d'intérêt ». A l’origine de cette plainte : les représentants locaux de l'organisation anticorruption, tous deux socialistes, Pascale Gérard et Renaud Marson. Le 6 septembre dernier, en fin de conseil municipal, ces derniers découvrent que la Ville s’est offert les services de deux entreprises : la société Bygmalion chargée de mener un « audit de communication accompagné de recommandations stratégiques » et la société COM1+ qui doit engager une « évaluation », un « accompagnement » et un « suivi des politiques publiques municipales ». Rien que de très classique. Sauf que plusieurs choses chiffonnent – et c’est un euphémisme – Pascale Gérard et Renaud Marson.
 
Tout d’abord, c’est le choix des prestataires qui les interpelle. La première entreprise, Bygmalion, organisatrice de nombreux meetings de campagne de Nicolas Sarkozy, a été cofondée par Bastien Millot. Ancien élu UMP, ex-directeur de cabinet de Jean-François Copé à la mairie de Meaux puis chef de cabinet de ce dernier au gouvernement, il fait partie du noyau dur des copéistes et continue à distiller ses conseils à « JFC ».

Quant à la seconde société, COM1+, elle est dirigée par Guillaume Peltier. A la tête du nouveau courant majoritaire de l’UMP, la Droite forte, celui-ci s’est fait connaître durant la campagne présidentielle 2012 en prêchant la bonne parole dans les fédérations UMP. Etudes d’opinion réalisées par sa société COM1+ à la main, ce proche de Brice Hortefeux et de l’ancien conseiller élyséen Patrick Buisson avait pour mission de rassurer des troupes désabusées par les scores toujours négatifs de Nicolas Sarkozy dans les sondages. « Il vend l’invendable », dit de lui le sénateur de Paris, Pierre Charon. Soutien de Jean-François Copé pendant la campagne UMP, Peltier attend désormais un poste à la hauteur de ses ambitions et du résultat obtenu par la Droite forte (28%).
 
En tout cas, le maire de Menton n’a pas dû être déçu de son choix de prestataire : le sondage réalisé courant juillet auprès des Mentonnais par l’Ifop pour le compte de COM1+, est tout à l’avantage de son équipe municipale. D’après le compte rendu qui a été fait par Nice-Matin dans ses colonnes fin octobre, « 94% des Mentonnais » se seraient dits « satisfaits par leur cité », « 71% d’entre eux pensent que les engagements pris en 2008 [lors de l’élection municipale] ont été respectés » et 84% considéreraient que « la municipalité » a accompli « du bon travail » ! Des résultats à faire pâlir d’envie un Jean-Marc Ayrault ou un François Hollande aujourd’hui bien à la peine dans les enquêtes d’opinion. Car seuls deux sujets, au final, auraient réunis une majorité de mécontents : le stationnement et la circulation.

Des contrats juste sous le seuil « contraignant » des 15 000 €

Contrats publics: un maire UMP accusé de favoritisme envers Guillaume Peltier et un proche de Copé
Au-delà même du choix des entreprises, le mode de désignation a aussi fait tiquer les deux représentants d’Anticor. Dans leur plainte, ils estiment qu’une certaine « opacité entoure l’attribution de ces deux marchés ». Car pour l’heure, aucun montant ne leur a jamais été clairement transmis. D'après les réponses qui ont été faites par courrier à Pascale Gérard par le maire de Menton et le sous-préfet des Alpes-Maritimes, Raymond Floc’h, il semblerait que les « deux contrats en question sont, chacun en ce qui le concerne, d’un montant inférieur à 15 000 € H.T. ».

Selon nos informations, le contrat de COM1+ s’élèverait en fait à… 14 800 € H.T., soit 200 petits euros en-dessous du seuil établi par le Code des marchés publics qui aurait obligé la Ville à faire paraître une publicité et à mettre les prestataires en concurrence ! Et celui de Bygmalion ? L’entreprise de Bastien Millot aurait facturé ses services 14 700 €…
 
Par ailleurs, il est légitime de se demander s’il n’y a pas eu « saucissonnage » du marché comme on dit dans le jargon. En clair, le marché a-t-il été fractionné en deux pour passer sous ce seuil si « contraignant » des 15 000 € ? A en croire Nice-Matin, le jour du conseil municipal du 6 septembre, le maire de Menton aurait expliqué à l’auditoire qu’il avait été « demandé à ces deux sociétés de bien vouloir faire un audit sur notre service de communication et sur la manière de l’organiser », laissant ainsi entendre qu’il s’agissait d’une seule et même mission. Plus accablant, encore : lors du conseil municipal qui a suivi, à la fin octobre, c’est Guy Alvès, l’autre fondateur de Bygmalion, qui a présenté les résultats du sondage réalisé… par la société COM1+ ! C'est à n'y rien comprendre de qui fait quoi dans cette histoire...

« J’ai parrainé François Fillon lors du dernier congrès » !

Interrogé par Marianne, le maire de Menton considère, lui, que cette plainte est tout simplement « grotesque » : « Anticor est une agence du Parti socialiste. Ses représentants locaux sont membres du PS. C'est le cas de Pascale Gérard qui conduit l'opposition ». L’élu estime que dans cette histoire tout s’est déroulé « dans les clous de la légalité » et explique, aujourd’hui, que les deux marchés n’avaient « rien à voir » l’un avec l’autre. Même son de cloche du côté d’Alain Riquet, le directeur général des services de la Ville : il y avait selon lui d’un côté une « enquête d’opinion » et, de l’autre l’« audit » d’un service municipal, celui chargé de la communication. De toutes façons, selon Jean-Claude Guibal, il est malvenu d’évoquer une quelconque proximité politique avec Bastien Millot et Guillaume Peltier pour une raison simple : « Je ne fais vraiment pas partie de l’entourage de Jean-François Copé. J’ai parrainé François Fillon lors du dernier congrès. Dire de moi que nous sommes proches, c’est méconnaître les relations au sein de notre parti ». On savait les « relations » entre UMPistes difficiles, mais à ce point là…
 
« On travaille avec toutes les municipalités confondues, qu’elles soient sous la houlette du Parti communiste, de l’UMP, du PS ou du Nouveau centre. Aujourd’hui, on a un contrat avec la mairie communiste de Bagnolet », se défend de son côté Guy Alvès, associé de Millot à la tête de Bygmalion et chargé de mener à bien la mission pour la municipalité de Menton. « On a été contacté par le directeur général des services de la Ville pour une mission de deux mois, on a répondu à l’offre. Je serais quand même étonné qu’il n’ait pas consulté d’autres boîtes. Il m’a demandé une étude d’opinion, j’ai proposé trois instituts : le CSA, l’Ifop, et la Sofres. Le maire a choisi l’Ifop qui travaille avec Peltier. Ce n’est pas mon problème, leur choix ne nous regarde pas. » 

Malgré ces dernières déclarations emberlificotées (on pensait que c’était seulement à COM1+ de réaliser un sondage et que Bygmalion n’avait rien à voir), Alvès estime qu’il ne s’agit pas d’une seule et même mission qui aurait été scindée en deux : « Ce sont deux démarches différentes et parallèles. Bygmalion a remis un rapport de 180 pages qui balaye tous, les points positifs comme les points négatifs. Le maire m’a ensuite demandé de venir présenter en conseil municipal la synthèse du rapport. J’ai présenté les travaux de Com1+ parce que c’est mon job de synthétiser et d’apporter des réponses à la Ville. »

« Guibal qui ? »

Guillaume Peltier, fondateur et directeur de Com1+, lui aussi, nie toute proximité avec le maire de Menton. Contacté par Marianne, il commence d’ailleurs par interroger : « Guibal qui ? » On lui rafraîchit la mémoire : « Jean-Claude Guibal, le maire UMP de Menton. » Il finit par voir... Mais ne sait rien sur l’existence d’un quelconque contrat le liant à la municipalité. « Soit ma société est en contrat avec la mairie, soit il s’agit d’une sous-traitance, ce qui me semble plus probable, hasarde Peltier. Souvent les agences de com’ comme Bygmalion nous appellent pour faire du décryptage de sondage. » 

Quant à la question de l’absence de mise en concurrence, en bon disciple de Patrick Buisson, stratège sarkozyste passé maître dans l’art de fourguer à l’Elysée des sondages commandés par sa société Publifact, le tout sans appel d’offres,    Peltier assure ne rien avoir à se reprocher : « Il existe un seuil de 15 000 € sous lequel les municipalités n’ont pas l’obligation de lancer un appel d’offres. Je m’arrange toujours pour être en dessous car nous sommes une petite boîte et répondre à un appel d’offres est compliqué pour nous. » Après quelques recherches, le sarkozyste Peltier finit par confirmer : « La mairie de Menton nous a bien confié une mission d’évaluation, d’accompagnement et de suivi des politiques publiques municipales pour un montant inférieur à 15 000 € »« D’ailleurs, pour remplir cette mission nous avons dû commander un sondage qui a dû nous coûter 12 000 ou 13 000 €, donc notre marge est très faible, fanfaronne le patron de COM1+. Tout est totalement cohérent ! » En effet.

Reste sa proximité partisane avec le maire de Menton. Là non plus, Peltier ne voit rien à se reprocher : « A partir du moment où nous sommes transparents… Ce n’est pas parce que mon dentiste est socialiste que c’est un mauvais dentiste. » A la justice donc, de déterminer maintenant si quelqu’un, dans cette affaire, ment… comme un arracheur de dents !

 

 

 

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