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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 18:05

 

Les chiffres du chômage, publiés jeudi 27 décembre par le ministère du travail, sont un peu moins sévères que ceux des deux derniers mois. Mais ils restent dramatiquement élevés, après 19 mois de hausse consécutifs. En novembre, le nombre d'inscrits à Pôle emploi, n'ayant eu aucune activité au cours du mois (catégorie A), a augmenté de 33 000 personnes, DOM compris. En comptant les chomeurs ayant eu une activité réduite (catégories A,B et C), la hausse est de 34 100 personnes. En octobre, la hausse avait atteint 46 500 pour la catégorie A, 73 600 pour les catégories ABC.

 

Les records historiques bientôt tous atteints. Si la hausse s'atténue un peu par rapport à octobre, elle n'empêche pas le nombre de chômeurs d'approcher son record historique. Avec 3 103 300 personnes inscrites en catégorie A en métropole, le record absolu, qui date de janvier 1997 (3 205 300 personnes inscrites) n'est plus très loin, et devrait être franchi dans les prochains mois. Pour les catégories ABC, le record historique a été dépassé dès mars 2011.

 

 

Jeunes et seniors en première ligne. Une nouvelle fois, ce sont les jeunes et les seniors qui sont les plus touchés par la brutale dégradation du marché du travail. En novembre, la hausse a atteint 1,2 % pour ces deux catégories sur un mois, alors qu'elle a été contenue à + 0,8 % pour les 25-49 ans. Les chômeurs de longue durée, inscrits depuis plus d'un an, sont également fortement impactés (+1,2 %), contre seulement 0,3 % pour ceux inscrits depuis moins d'un an. Sur un an, le nombre de chômeurs de très longue durée (inscrits depuis plus de trois ans), progresse de près de 20 %

 

Baisse des incriptions, hausse des sorties. La timide décélération de la hausse est dûe à une petite baisse du nombre de nouvelles inscriptions, associée à une augmentation des sorties de listes. Le nombre d'inscriptions après une fin de CDD baisse ainsi de 7,5 % en un mois, celles après une mission d'interim de 7 % et celles après un licenciement économique de 4 %. La catégorie D, qui regroupe les chômeurs inscrits dans un contrat de sécurisation  professionnelle (CSP) après un licenciement économique, progresse toutefois de 2,6 % en un mois.

Côté sorties, les reprises d'emploi déclarées augmentent de 9 % en un mois, après avoir atteint en octobre un de ses niveaux historiques les plus bas. Les arrêts de recherche ont bondi de plus de 15 % en novembre, notamment en raison de l'entrée en vigueur du décret prévoyant un retour partiel de le retraite à 60 ans, qui a permis à un certain nombre de chômeurs de partir en retraite.

 

Hollande maintient son objectif de faire baisser le chômage d'ici fin 2013. En déplacement au marché de Rungis jeudi matin, le président de la République n'avait pas caché que le chômage devrait continuer à augmenter dans les prochains mois. "Mon objectif, c'est que le chômage qui progresse depuis maintenant près de deux ans continûment, recule", a toutefois promis François Hollande, réitérant son objectif d'inverser la courbe du chômage d'ici la fin de 2013, en promettant de faire de cette année celle "de la grande bataille pour l'emploi".

 

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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 18:59

 

Selon les statistiques publiées ce mercredi 26 décembre par le ministère du Travail, 1.017.484 ruptures conventionnelles ont été homologuées par l'administration entre août 2008, leur mois d'entrée en vigueur, et octobre dernier. A ce jour, on ne dispose pourtant d'aucune étude officielle sur les raisons de ce succès par temps de crise. On ne sait pas davantage si elle participe à la hausse du chômage, qui a encore explosé en décembre 2011. Certitude : cette rupture nouvelle génération cache bien des dérives et des abus, souvent passés sous silence par les salariés... qui acceptent un deal pas toujours à leur avantage.

Nous republions ci-dessous notre enquête du 25 janvier 2012.

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Quand elle est revenue de son congé maternité, Stéphanie Couzic (photo) a vécu un enfer. Son employeur, la succursale à Meaux (Seine-et-Marne) d'un célèbre opticien, lui a fait subir « toutes les humiliations possibles ». Remarques quotidiennes, horaires de travail avec des pauses à rallonge le midi, et enfin une « proposition » visant à baisser son salaire de 400 euros. « Si j'avais accepté, je me serais retrouvée à 1.100 euros net après dix ans d'ancienneté ! », dit cette mère de trois enfants, âgée de 35 ans. Deux de ses collègues, elles aussi jeunes mamans, subissent les mêmes pressions. Elles démissionnent. Stéphanie, elle, tient bon.

Son employeur lui propose finalement une rupture conventionnelle. Elle accepte de guerre lasse et part début 2011 avec l'indemnité légale : 1/5e de mois de salaire par année d'ancienneté. Elle a dû attaquer son employeur aux prud'hommes pour récupérer 1.600 euros de congés payés. « La rupture conventionnelle, c'est un moindre mal, car ça m'a permis de passer à autre chose. Mais dans mon cas, ça a été une arnaque : je n'avais pas le choix. » Depuis un an, Stéphanie est au chômage.


Stéphanie Couzic, chez elle en Seine-et-Marne. Décembre 2011.  
Stéphanie Couzic, chez elle en Seine-et-Marne. Décembre 2011. © Mediapart

 

L'histoire de Stéphanie n'est pas une exception. Instaurée en 2008 par la volonté des partenaires sociaux (patronat et syndicats représentatifs, hormis la CGT), la rupture conventionnelle connaît depuis un succès fou. Environ 800.000 de ces “ruptures à l'amiable” ont été homologuées par les directions départementales du travail. Auparavant, les conflits personnels se réglaient bien souvent par des démissions, par des licenciements économiques (dont le motif devait pouvoir être prouvé par l'employeur devant les tribunaux) ou bien par de faux licenciements pour faute.

« L'idée était avant tout de sécuriser les salariés », plaide Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT, chargé de l'emploi. « C'est l'alternative à la démission et aux licenciements pour motif personnel, souvent traumatisants, ajoute Philippe Louis, président de la CFTC, également signataire en 2008 de l'accord interprofessionnel qui l'a instaurée. Elle peut apporter an salarié une porte de sortie quand il veut quitter son emploi, lorsqu'il est mal. »

Par rapport à la démission, cette rupture offre des avantages : elle ouvre droit au chômage et s'accompagne d'une indemnité légale équivalente à celle d'un licenciement. Elle permet surtout de tourner la page. « Il y a beaucoup de haine contre ce dispositif, mais il correspondait à une nécessité, plaide le directeur général du travail, Jean-Denis Combrexelle. En la matière, il ne faut évidemment pas être bisounours. Mais il ne faut pas être manichéen non plus. Les DRH vous disent qu'il y a aussi nombre de cas où c'est le salarié qui impose la rupture conventionnelle à son employeur. Par ailleurs, le but d'un DRH n'est pas de contourner le droit du travail. »

Pourtant, en marge de ces « bons usages », le dispositif semble ouvrir la voie à une multitude d'abus et de dérives, sans compter toutes ses situations où les salariés n'avaient pas vraiment le choix, comme le révèlent une série de témoignages recueillis ces dernières semaines par Mediapart (voir plus bas). « Il y a évidemment des cas ou telle ou telle entreprise a abusé », admet du reste Jean-Denis Combrexelle, qui affirme toutefois ne pas être en mesure d'évaluer l'ampleur des abus.

À ce jour, il n'existe aucune étude rendue publique permettant de savoir dans quelle mesure la rupture conventionnelle a été détournée de son but, et dans quelle mesure elle a aidé les entreprises à réduire leurs effectifs pendant la crise. La CFDT a diligenté une enquête, dont les résultats restent confidentiels. La Dares, le service statistique du ministère du travail, est en train de lancer sa propre enquête, basée sur un très large échantillon. Mais les résultats ne seront pas connus avant la mi-2012.

Dès octobre 2010, au plus fort de la crise, une note du Conseil d'analyse stratégique, un organisme dépendant du premier ministre, signalait pourtant la progression « spectaculaire » des ruptures conventionnelles, alors que dans le même temps les démissions et les licenciements pour motifs personnels reculaient. Il pointait déjà des « risques de dérive » et la nécessité d'améliorer « l'effectivité du contrôle ».

Selon Pierre Ferracci, président du groupe Alpha spécialisé dans le reclassement et le conseil aux comités d'entreprise, la situation s'est encore détériorée depuis. « La rupture conventionnelle est en train de se substituer aux plans de sauvegarde de l'emploi [PSE, les plans sociaux] qui offrent des garanties supplémentaires en termes de reclassement et de revitalisation des territoires, s'alarme-t-il. Et elle risque de se substituer bientôt aux licenciements économiques, où l'accompagnement des salariés est aussi plus important. Le gros problème, c'est qu'il est impossible, faute d'informations, de dire combien de ruptures conventionnelles ont un motif économique, car on ne se donne pas les moyens de contrôler les abus. On est dans le flou le plus complet. »

Directeur général d'Alixio, le cabinet de conseil aux entreprises créé par l'ancien conseiller social de l'Elysée, Raymond Soubie, Xavier Lacoste a vu ces derniers mois les ruptures conventionnelles se multiplier dans la finance et la banque d'affaires. « Tous les outils à disposition des entreprises sont utilisés en ce moment pour réduire la voilure », explique-t-il. La rupture conventionnelle vient dès lors s'ajouter à la palette disponible, des licenciements économiques aux plans sociaux en passant par les plans de départ volontaires, ces charrettes de plusieurs centaines, voire milliers de salariés décidées par nombre d'entreprises qui anticipent une année 2012 exécrable.

Avec une économie proche de la récession, le boom des ruptures conventionnelles va-t-il encore se confirmer au cours des prochains mois ? Nul ne le sait. « De janvier à novembre 2011, nous avons homologué sur la région 13.600 ruptures conventionnelles, relève Marie-Claude Quilès, responsable du service études, statistiques, évaluation de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Direccte) d'Aquitaine. C'est 17,5 % de plus qu'en 2010. On pensait être arrivé à un palier, mais la progression a continué en 2011. »

Le rythme de la montée en charge du dispositif depuis 2008, dans un contexte de crise, est impressionnant. Au total, 740.000 ruptures conventionnelles avaient été homologuées en novembre 2011. Chaque mois, la direction du travail avalise 25.000 ruptures. La part des ruptures conventionnelles dans les sorties de l'emploi est passée de 7 % en 2009 à 13 % en 2011, selon le ministère du travail.

D'après l'assurance-chômage, les ruptures conventionnelles représentaient en juin 2011 une fin de CDI sur 4 ! Les petites entreprises, où le dialogue social est souvent inexistant, en raffolent: les trois quarts des ruptures à l'amiable sont signées dans des établissements de moins de 50 salariés… alors qu'ils n'emploient que la moitié des salariés du privé.

 

Couteau suisse

 

Chaque année, toujours plus de ruptures conventionnelles 
Chaque année, toujours plus de ruptures conventionnelles© Dares

Dès le lancement du dispositif, les plus de 55 ans en ont été très “clients”. Selon le ministère du travail, les seniors ne se voient pas proposer davantage de ruptures conventionnelles que de licenciements pour motif personnel. Il n'en reste pas moins que la rupture conventionnelle est devenue un moyen parmi d'autres de faire partir les quinquas, alors que le gouvernement affiche sa volonté de promouvoir leur emploi – notamment via des accords seniors dans les grosses entreprises.

« La rupture conventionnelle sert aussi à renouer avec les préretraites », confirme Evelyne Serverin, directrice de recherche au CNRS, qui travaille sur le sujet depuis trois ans et participe à l'enquête commandée par la CFDT.

Jean, représentant Unsa du personnel dans une caisse régionale d'une grande banque, voit depuis 2009 les ruptures conventionnelles s'accumuler. « On est désormais à un rythme de croisière de trois ou quatre par mois, raconte-t-il. Régulièrement, des collègues qui atteignent les 57-58 ans me demandent des renseignements. Beaucoup sont partis dans ce cadre-là : la direction les y encourage. C’est une façon de réduire de façon discrète les effectifs, de se débarrasser des plus anciens. Eux y trouvent un avantage puisqu'ils vont ensuite toucher le chômage jusqu'à leur retraite, et ne sont pas mécontents de partir, vu le niveau de stress auxquels ils sont confrontés. » Un deal entre employeurs et salariés qui se fait en l'occurrence aux dépens financiers de l'assurance-chômage.

Christian, 58 ans, employé dans une multinationale de services informatiques, s'est lui aussi vu proposer une rupture à l'amiable l'an dernier : « Pour eux j'étais trop vieux, trop payé, pas assez malléable. » « Cela m'a été présenté comme un choix. Le package octroyé par l'entreprise complétait les sommes versées pendant trois ans par les caisses de chômage. Devant mon étonnement à considérer les indemnités de chômage comme un revenu complétant celui accordé par l'entreprise, il m'a été répondu que tout le monde faisait de même et que c'était normal, écrit-il à Mediapart. J'ai décidé de partir, un peu comme on quitte un navire avec lequel on va couler, même si je n'avais aucune envie de m'arrêter de travailler. »

En théorie, la rupture à l'amiable était “bordée” par une série de garde-fous : la possibilité pour le salarié de se faire accompagner lors de l'entretien préalable ; un droit de rétractation pendant 15 jours après la signature; l'homologation par la direction du travail.

Mais les partenaires sociaux se sont aussi mis d'accord pour ne pas faire apparaître dans les formulaires transmis à l'administration le motif de la fin du contrat de travail. « Il y a une volonté de n'imputer juridiquement la rupture à aucune des deux parties, analyse Evelyne Serverin. En conséquence, les formulaires de demandes d'homologation sont insuffisants et les conditions de validité de la rupture sont en réalité très légères, malgré le formalisme apparent. Le motif de la rupture n'est pas stipulé. Les formulaires ne mentionnent pas non plus les dates, l'âge du salarié (seulement son ancienneté), les droits individuels à la formation, les congés payés dus… »

Les contrôles de l'administration se limitent donc bien souvent à quelques vérifications techniques (le délai légal est-il respecté ? Les dates sont-elles bonnes ? L'indemnité calculée est-elle juste ? etc.).

« Le dispositif n'est absolument pas contrôlé, déplore Jean-Yves Kerbourc'h, chercheur et coauteur de la note du Conseil d'analyse stratégique de 2010. Les partenaires sociaux pensaient que la rupture à l'amiable allait améliorer le turnover sur le marché de l'emploi qui est très figé en France, notamment en augmentant les chances de ceux pour qui il est exclu d'y accéder. Ils pensaient que le recours à la rupture conventionnelle resterait marginal. Mais la machine s'est emballée et le dispositif a été contourné. On se retrouve dans cette situation étrange : un bon dispositif dans certains cas, mais sans garde-fous, qui est en train de se substituer à d'autres formes de rupture du contrat de travail. »

« La rupture conventionnelle, c'est comme un couteau suisse : il permet tout, il sert à tout, explique la juriste Evelyne Serverin. Rien n'est vraiment interdit, même pas de signer des ruptures conventionnelles en parallèle à un plan de sauvegarde de l'emploi. Et c'est parce qu'il autorise tout qu'il présente un problème, car cela change la façon de concevoir la rupture du contrat de travail. »

La chercheuse énumère les cas rencontrés au cours de ses enquêtes : « De vraies démissions pour convenance personnelle ; des insuffisances professionnelles ; des licenciements qui n'auraient pas eu de motif réel et sérieux le salarié coûte trop cher, on ne pourrait pas le licencier. Des prises d'acte – le salarié aurait de toute façon quitté son entreprise. Des motifs économiques. Des préretraités amiante… »

Bref, un joyeux bazar. « La rupture conventionnelle est venue s'insérer dans le paysage et elle s'est mise à concurrencer les autres modes de rupture. Ce n'est pas vraiment une substitution, c'est plus subtil encore : en fait, c'est comme un jeu d'échecs sur lequel, en déplaçant une pièce, on aurait changé toute la valeur du jeu. Avec ce dispositif, on a créé de l'anomie [absence de règles] dans le droit du travail. On incite les salariés à accepter la situation qui leur est faite. Si on leur pose la question, 99 % des personnes interrogées trouvent que c'est un bon dispositif... mais pas forcément pour elles ! »

 

Faux CDD

 

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S'ils restent sans doute minoritaires (mais comment en avoir la certitude, faute de chiffres ?), il existe bel et bien des cas avérés de fraude, consistant à utiliser la rupture conventionnelle à la place de licenciements économiques ou de plans de sauvegarde de l'emploi. Des dispositifs qui offrent plus de protections au salarié – et notamment la possibilité de se retourner contre l'employeur, très limitée dans le cas de la rupture conventionnelle.

Le géant de l'informatique IBM a ainsi vu dès 2009 une série de ruptures à l'amiable retoquées, parce qu'elles avaient en fait un motif économique. Plusieurs dizaines de ruptures signées par le géant du transport Norbert Dentressangle ont également été contestées par la chambre sociale de la Cour de cassation dans un arrêt du 9 mars 2011 : les salariés auraient en l'occurrence dû bénéficier d'un plan de sauvegarde de l'emploi.

La rupture conventionnelle peut aussi compléter un plan de départ – en l'occurrence, avec l'aval de l'administration. Délégué syndical CGT chez Faurecia à Mouzon (Ardennes), un sous-traitant de PSA, Philippe Guillaume a vu une centaine de ses collègues partir en quatorze mois. La plupart dans le cadre d'un plan de départs volontaires, mais aussi une vingtaine dans le cadre d'une rupture conventionnelle. « Pas mal avaient entre 55 et 57 ans, mais il y avait aussi des jeunes. La direction a pu proposer de 40.000 à 80.000 euros en fonction de l'ancienneté. C'est vrai que ça a évité un plan social. Nous les syndicats, nous n'étions pas d'accord, mais beaucoup avaient envie de partir de toute façon, donc dans ce cas c'est l'appât du gain qui prime. Les postes supprimés ont été remplacés par des intérimaires. »

« Tous les inspecteurs du travail ont rencontré des entreprises qui contournaient l'obligation de plan social en faisant des ruptures conventionnelles éparpillées », affirme Pierre Mériaux, membre du bureau syndical du SNU-TEF, un syndicat d'inspecteurs du travail, par ailleurs conseiller régional Europe Ecologie-Les Verts en Rhône-Alpes.

Mais en pratique, les entreprises sont rarement inquiétées. Seules 3 % des ruptures conventionnelles sont refusées, et 6 % des ruptures ne passent pas le cap de l'homologation – essentiellement parce que les indemnités ont été mal calculées. Dans chaque région, deux ou trois agents administratifs (qui ne sont pas à temps plein) sont chargés d'homologuer des masses de formulaires. Auraient-ils d'ailleurs plus de temps que les vérifications resteraient sommaires, vu le peu d'informations à leur disposition.

« Croyez bien que si on laissait faire les collègues, ils iraient chercher plus loin ! », explique un cadre de la direction du travail en Ile-de-France. En 2010, le directeur général du travail a bien transmis à ses services une circulaire rappelant que « la rupture conventionnelle ne peut être utilisée comme un moyen de contourner les règles du licenciement économique collectif ». La circulaire mentionne les cas qui doivent éveiller l'attention : plus de dix demandes sur un mois émanant de la même entreprise, une demande faisant suite à une dizaine de cas dans le trimestre précédent…

Les services ont peu de marges de manœuvre pour détecter les abus, raconte Julien Boeldieu, inspecteur du travail et délégué CGT au ministère du travail à Paris. « Les inspecteurs du travail mènent systématiquement une enquête quand les ruptures concernent des salariés protégés, raconte-t-il. Mais c'est une masse infime de cas. Pour les autres, la grande majorité, les services se contentent plus ou moins d'enregistrer et n'ont pas de pouvoir d'enquête. En théorie, ils devraient saisir les inspecteurs du travail s'ils repèrent quelque chose de bizarre. Après, tout dépend des liens entre les services, qui ne sont pas toujours très étroits. »

Le directeur général du travail affirme travailler à une « amélioration de la procédure, afin d'automatiser par informatique certaines opérations et économiser du temps pour le contrôle ».

Récemment, un inspecteur du travail nous a raconté avoir eu à débusquer un hôtelier malveillant à Paris. Cet employeur faisait signer des CDI à ses employés, puis les rompait en utilisant les ruptures conventionnelles (façon low-cost de faire des CDD en ne versant pas la prime de précarité, mais seulement une indemnité légale de quelques dizaines d'euros). Des cas similaires de ruptures conventionnelles utilisées comme des CDD (et dans ce cas, antidatées) ont été recensés chez un sous-traitant d'EDF, affirme-t-on au pôle juridique de la CGT, qui va bientôt saisir les prud'hommes.

Rien n'empêche en théorie les ruptures conventionnelles au fil de l'eau, surtout dans les petites entreprises. Là encore, les sanctions sont rares. « Il n'y a pas forcément de fraude, dans la mesure où les deux parties sont bien d'accord et si le salarié donne son consentement éclairé. Bien souvent, on est plutôt dans un dispositif similaire à l'optimisation fiscale, compare Evelyne Serverin, la chercheuse du CNRS. Sauf qu'à la fin, quand l'optimisation fiscale est trop utilisée, ça devient de la fraude… »

 

Chiffonniers

Mais le plus marquant dans les témoignages recueillis ces dernières semaines par Mediapart, ce sont ces nombreux cas où les salariés disent avoir subi des pressions pour accepter une rupture conventionnelle. « Ce dispositif, reprend Evelyne Serverin, c'est un peu comme dans Les Voyages en train, ce slam où Grand Corps Malade dit à propos de sa rupture sentimentale : « On a décidé de rompre d'un commun accord, mais elle était plus d'accord que moi ». On postule que malgré la relation de subordination entre l'employeur et le salarié, l'employeur et le salarié sont à même niveau dans la même volonté de rompre. On cherche à faire adhérer les salariés aux ruptures. C'est là le caractère le plus vicieux de la rupture conventionnelle : on convainc le salarié qu'il l'a voulu lui aussi. »

Parfois, la souffrance au travail est telle que « c'est bien souvent une solution », souligne un responsable d'une direction régionale de l'emploi. Surtout lorsque le salarié se retrouve dans cet « état marécageux, où se mélangent problèmes économiques et pressions de la part de l'employeur, relève Jean-Yves Kerbourc'h. Les salariés savent bien qu'un jour ou l'autre, ils vont partir, de gré ou de force. Alors quand on leur propose de partir à l'amiable, même si c'est frauduleux, ils acceptent ».

Julie, jeune conseillère commerciale dans une banque, a ainsi été forcée d'accepter une rupture conventionnelle en 2011. « Alors qu'elle avait fait de moi sa secrétaire personnelle, ce qui nuisait à mes résultats, ma nouvelle responsable n'a pas hésité à dire que j'étais démotivée et que je produisais trop peu. Courant 2011, la DRH m'a convoquée pour me dire qu'elle comptait se débarrasser de moi. Mon étiquette syndicale lui enlevait tout pouvoir. A l'issue du premier rendez-vous, la proposition de rupture conventionnelle m'a été faite. Je ne comptais pas démissionner. Mais la DRH n'a pas pris de pincettes pour me faire comprendre qu'en cas de refus de ma part, je subirais un harcèlement terrible : coup de fil deux fois par jour pour connaître mes ventes, mutations à 300 kilomètres de mon domicile. Nous avons fini par tomber d'accord. » Une collègue de retour de congé maternité s'est elle aussi vu proposer une rupture conventionnelle.

Chef de projet dans l'audiovisuel dans une PME de Seine-Saint-Denis, Philippe, 41 ans, a été convoqué un matin d'octobre 2011 dans le bureau de son patron. « Je veux me séparer de toi. Ou bien on se fâche, ou bien on tombe d'accord », lui dit-il. Un peu avant, il lui avait lancé : « Les chevaux sont fatigués, il va falloir les changer. » Philippe propose un licenciement économique. Refus. Après une négociation de « chiffonniers », il obtient finalement six mois de salaire pour douze ans d'ancienneté. « On a antidaté les papiers envoyés à l'administration pour éviter le délai légal de rétractation. »

Pierre, 56 ans, ancien salarié d'une PME de cosmétiques allemande qui fait fureur dans les magasins bio a vu son service décimé par le directeur financier, à coup de CDD non reconduits et de ruptures conventionnelles. « J’ai subi des pressions énormes jusqu'à ce que j'accepte, témoigne-t-il. Au dernier entretien, c’était limite agressif, il m'a dit "vous foutez le camp !" Ils savaient qu'ils ne pouvaient pas me licencier pour faute, et pas davantage pour licenciement économique car la société marche très fort… »

« La rupture conventionnelle, c’est la mise en place d’un système ou l’on fait participer l’employé à sa propre éjection en ne lui permettant pas trop de se retourner, analyse PierreÇa permet de casser le CDI, de virer avec une facilité absolument déconcertante les gens du jour au lendemain. Je me rappelle que le directeur financier m’a dit "je vire n’importe qui quand je veux". »

Monique, 60 ans et demi, ancienne assistante de direction dans une grande entreprise du CAC 40, a elle aussi signé « à l'usure », l'an dernier. Elle évoque des pressions, des remarques dépréciatives lancinantes. « Il fallait que ça s'arrête, tout ce que j'ai subi m'avait rendue malade. » Elle a même signé une clause de confidentialité en partant. « On a acheté mon silence. La même chose est en train d'arriver à d'anciens collègues. Les prix sont très variables, en fonction des postes. »

« La rupture conventionnelle, elle ne l'est que dans un sens, reprend-elle. On peut la refuser, ce que j'ai fait pendant deux ans. Mais vous arrivez à un tel état de fatigue et de perte de confiance en vous qu'à la fin, vous acceptez de rompre. »

Même si la loi prévoit la possibilité de se faire accompagner lors de l'entretien avec l'employeur, le dialogue se réduit souvent à un face-à-face. En outre, les salariés sont mal informés sur leurs droits. « Ils pensent souvent que c'est un dû, alors que l'employeur peut refuser », raconte Monique Langlois, couturière et déléguée syndicale CGT chez Givenchy, maison de haute couture qui utilise fréquemment des ruptures conventionnelles. Ils ne savent pas forcément que si leur indemnité de licenciement dépasse le montant prévu par la loi, ils ne toucheront pas immédiatement le chômage. Ceux qui ont pris des assurances sur leur crédit immobilier sont parfois amèrement surpris de constater que l'assurance ne les couvre pas dans le cas d'une rupture conventionnelle comme c'est le cas lors d'un licenciement.

Malgré tout, les cas de contestation en justice sont très rares. Evelyne Serverin a dénombré environ 80 arrêts de cours d'appel depuis 2008, autant dire « quasiment rien ». Selon Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT, c'est la preuve que « les salariés trouvent que ce n'est pas un mauvais système », même si le leader syndical admet la nécessité « d'accroître les contrôles ».

Une interprétation contestable, selon la chercheuse. « Quand vous avez consenti, quand vous avez adhéré, vous dédire est un geste très compliqué. Par ailleurs, les contentieux sont techniquement très difficiles, car c'est au salarié de faire la preuve qu'il a subi des menaces ou n'a pas eu l'information suffisante, qu'il a été trompé ou forcé. » Ce qui est loin d'être évident.

« Ce qui est grave avec la rupture conventionnelle, c'est qu'on a suscité chez les salariés avec ce dispositif une forme de fatalisme, poursuit-elle. Quand il est aussi facile de rompre la relation, à quoi bon se battre pour son emploi ? Ce dispositif n'a fait qu'accompagner une forme de découragement des salariés, et de cynisme à l'œuvre dans les entreprises depuis plusieurs décennies. »

Quand des amis lui demandent son avis sur la rupture conventionnelle, Evelyne Serverin leur conseille de refuser systématiquement et de tenir bon. Ils ne peuvent en effet pas être licenciés s'ils n'ont pas commis de faute ou si l'entreprise ne connaît pas de sérieux problèmes économique : rupture conventionnelle ou pas, le droit du travail est toujours en vigueur.


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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 17:18

 

Le Monde.fr avec AFP | 26.12.2012 à 11h47

 

Une première extension des tarifs sociaux de l'électricité à certains ménages modestes est entrée en vigueur, mercredi 26 décembre, avec la parution d'un arrêté au Journal officiel, en attendant une mesure équivalente pour le gaz dans les jours à venir. Au total, 830 000 personnes supplémentaires doivent bénéficier de ces tarifs légèrement réduits chez EDF et GDF Suez avec ces mesures, selon la ministre de l'énergie, Delphine Batho, qui avait promis ce coup de pouce le 10 décembre.

En plus des personnes bénéficiant de la couverture maladie universelle complémentaire, les personnes éligibles à l'aide pour une complémentaire santé, soit un plafond de revenus 26 % supérieur, pourront également en bénéficier. Le "tarif de première nécessité" pour l'électricité, ou TPN, instauré en 2005, permet d'obtenir une réduction de facture de 90 euros par an en moyenne. Le "tarif spécial de solidarité" du gaz, ou TSS, a, quant à lui, été créé en 2008 et offre une réduction de l'ordre de 156 euros par an en moyenne.

Mais cette extension des tarifs sociaux ne répond que partiellement à la promesse du gouvernement de les étendre au total à plus de 4 millions de foyers (soit 8 à 9 millions de personnes). Celle-ci impose de passer par la loi, selon le gouvernement. Cette vaste extension figurait au départ dans la proposition de loi du député socialiste François Brottes sur l'énergie. Mais celle-ci a été retoquée par le Sénat à la fin d'octobre, et le gouvernement a voulu agir pour l'hiver.

A l'heure actuelle, environ un million de foyers bénéficient des tarifs sociaux de l'électricité ou du gaz, selon le médiateur de l'énergie. Même si, en théorie, plus de deux millions peuvent déjà en bénéficier, l'attribution automatique lancée en mars se faisant progressivement. Ces tarifs réduits sont financés grâce à une taxe sur les factures, mais leur impact est très faible pour le consommateur.

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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 16:39

 

http://lienenpaysdoc.com/index.php?option=com_content&view=article&id=334:peut-on-sortir-de-la-fracture-du-numerique-sans-rechercher-a-combler-la-fracture-entre-les-ditsqelites-de-la-nationq-et-le-peuple-&catid=13:agenda&Itemid=59

 

 

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Projets fertiles adaptés à une France citoyenne engagée: est-ce possible?

  avec un système fermé sur des politiques plus préoccupés à préparer la prochaine élection garantissant leur carrière et leur salaire que conduire des projets avec et pour le peuple?  accéder à la rubrique

Croissance de la misère, guerre des chefs,  on nous annonce le triple A et la responsabilité de la dette publique.

En imposant aux citoyens :  le traité de Lisbonne, le MES et le TSCG lesquels modifiant en profondeur les attributions et les compétences de l’Union européenne , les confits d'intérêts et la corruption, peut-on inverser le naufrage dirigé vers  la faillite collective  ?

Les services publics sont-ils condamnés?
http://www.laligue-alpesdusud.org/associatifs_leblog/?2012%2F06%2F07%2F3368-les-services-publics

Promouvoir la fonction des médias libres citoyens pour une démocratie évolutive
http://lienenpaysdoc.com/index.php?option=com_content&view=article&id=287:promouvoir-la-fonction-des-medias-libres-citoyens-pour-une-democratie-evolutive-&catid=13:agenda&Itemid=59

Demain ça ira mieux, la crise est derrière nous... voici des propos tenus par «nos élites politiques » pour rassurer le peuple.

Demain toujours demain, les promesses sont belles comme des images , dommage qu'elles ne soient pas tenues ou qu'elles laissent la place en complément à des supercheries.

Les promesses sont belles comme les images qui illustrent les belles plaquettes au coût considérable, les belles images sur les publicités partant aux poubelles, le recyclage s'ajoutant à la facture payée par les consommateurs, autrement dit les petits contribuables car les mauvais affairistes eux s'arrangent toujours pour être subventionnés ou gagnants dans ces opérations . Le peuple a été grandement dépossédé de la liberté de produire à son propre compte, comme bien souvent le mouvement qui se veut alternatif, tant le système capitaliste et spéculatif s'est rendu maître des règles de la production intensive,

La réalité est tout autre que les discours tenus par nos élites, quand eux mêmes se trouvent totalement dépassés par un système dans lequel les outils dit publics interviennent très peu, voire jamais dans la vie concrète de nos concitoyens pour leur permettre de développer leur projet de vie de « créatifs », les sortir de leurs précarités voire de leurs misères .

Au bout du compte chacun de nous devient à son tour : tôt ou tard dans ce système «pensé pour nous mais sans nous »  : ce fameux pigeon qui contribuera à payer la lourde facture de la dette dite "publique"  alors qu'elle devrait se nommer la dette des partis incompétents ou impuissants montés au pouvoir .

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Dans ce système ruinant peu à peu la vie de l'Humanité et de ses projets , la question se pose : si un élite de la politique ou grand patron d'une entreprise est condamné à verser une somme de réparation pour une faute commise quelles sont les principales victimes ? Celles qui payent réellement ? Qu'un Etat soit condamné à payer une faute à une communauté d'Etats ( comme c'est le cas avec la CE ) et tous les contribuables sont sollicités . Comment éviter la misère et le développement du chômage dans de telles conditions si toute l'économie devenue gaspi est entre les rouages d'un système incapable de produire autrement que par des lobbys industriels privés corrompus dirigeant toutes les commandes y compris celles des Institutions se nommant publiques ?

Les partis de la politique professionnalisée servent ou finissent par servir ( malgré eux) cette corruption des grands lobbys industriels financiers prédateurs, car les règles ne sont jamais fixées par ceux qui disent les combattre ( être contre finit toujours par rapprocher) . Cet état d'asservissement politique dans lequel ils se sont professionnalisés pour des salaires de dupes, ne peut en aucune façon nous délivrer de cet enchaînement individuel à ce système verrouillé. La force de tout chef de parti est de donner avant tout l'illusion pour se faire élire ou rester en place, qu'il est capable de mieux les combattre que les autres chefs des autres partis. Pendant tout le temps perdu à croire l'impossible : les réels projets tournés vers l'avenir social, écologique, culturel et économique en faveur de l'être humain piétinent ou sont la plupart du temps oubliés. Les élites quant à eux conservant tout leur temps pour chercher les combines qui leur permettront de rester à leurs places de dirigeants à vie ou prendre celles qui l'ont déjà.

Comment sortir de cet esprit de guerre économique permanent et de bluff enseigné depuis plusieurs décennies par l'esprit de la Vème République ?

L'esprit de guerre économique de  nos dirigeants successifs « les uns contre les autres » mais très proches ensemble de leurs intérêts personnels  s'est incrusté dans l'école de la république. Cette école est devenue le véhicule depuis des décennies de la réussite personnelle afin  que chacun devienne le meilleur ou le plus fort selon une seule façon de Pouvoir concevoir le Monde .

Servir l'Etat ou servir le peuple ? http://www.franceinter.fr/emission-la-bas-si-j-y-suis-ena-promotion-ubu-roi

Pas étonnant que certains se trouvent écrasés pendant que d'autres recherchent la philosophie pure quand d'autres la dénigrent . Dans tous les cas « cet esprit de guerre permanent » a détrôné la philosophie apprenant à penser par soi-même en restant critique, le meilleur moyen de ne pas devenir les perroquets répétant les potins d'un système basé sur le bluff, le mensonge et la manipulation.

Sortir de ce «mode de pensée inculquée » demande beaucoup de travail de réflexion citoyenne, il demande à se forger à ne plus croire à cette pensée globale prédéterminée pour tous .

Contribuer à former des réseaux sociaux pour se libérer de la machine à penser le pouvoir au-dessus de la masse réduite à consommer est la pratique fondamentale pour commencer à construire une nouvelle société. Cette nouvelle société avec ses différences et ses complémentarités est la logique sociale nécessaire à la mise en pratique du respect de la biodiversité , de la différence des cultures.

Or comment peut-on réaliser ce projet quand les fondements nationaux et européens liés ensemble ne le permettent pas ? Quand les constitutions ne sont pas établies par ceux-là même qui portent les projets innovants et indispensables à la demande des consommateurs citoyens ?

Sans penser la consommation en relation directe avec la production citoyenne pour y répondre, peut-on imaginer un réel développement durable ? une réelle évolution de l'Economie Sociale et Solidaire dégagée des subventions des pouvoirs administratifs encore sous le joug des entreprises monstrueuses privées, et de leurs actionnaires tirant les ficelles des Institutions dites publiques ?

Seule la démocratie réelle dite aussi évolutive : penser et agir  sans barrière constante entre les deux sera capable d'assurer le fonctionnement d'une nouvelle société écologique, sociale, culturelle et économique.

Les mouvements sociaux citoyens doivent repenser 'leur réel pouvoir ouvert sur le monde 'afin de trouver la relation la plus juste entre le mieux produire et le mieux consommer , et donner la place à la machine pour servir l'être 'humain plutôt que servir les intérêts des actions des spéculateurs . Inverser les constitutions actuelles en mettant les bœufs devant la charrue.

Avant d'être lâchement assassiné, le socialiste Jean Jaurès recherchait déjà la République sociale

http://www.cairn.info/revue-cahiers-jaures-2004-4-page-55.htm mais aujourd'hui qu'en reste-t-il ?

La Vème République (avec son  enseignement pour garder un pouvoir stable) n'a-t-elle  pas donner aux élites de l'Etat  le pouvoir d'y  rester  à vie?  n'a-t-elle pas réussi à faire perdre au parti dit socialiste les sens même du nom  qu'il porte encore ?

Peut-il y a avoir une société humaine sans EQUITE , sans justice avec le seul mépris d'être au-dessus de la masse populaire ? car c'est bien de cela qu'il s'agit, quand l'étude pour garder ce pouvoir consiste actuellement à tromper le peuple ou le briser quand il ose penser d'autres moyens de vivre que dans la luxure, la corruption et les conflits d'intérêt. Et ce,  avec l'appui des forces publiques armées qui sont sensées défendre les citoyens?

L'avenir social et humain de nos villages , de nos territoires passe fatalement par l'évolution d'une démocratie aujourd'hui en péril afin de transformer la mécanique binaire ( droite ou gauche) du pouvoir de cette Vème République combiné à celle de la CE qui ne rassure pas davantage puique ce sont des chefs d'Etat aux commandes. L'avenir social à partir du local à seul, la possibilité de rendre à la démocratie son Humanité du penser et de l'agir  et par conséquent abordable par  tous, à condition que les habitants locaux s'engagent. Une refonte de la vie politique nationale est toutefois  indispensable,  si nous voulons sortir de ce politiquement correct endormant « vendant cette image superficielle que seule une minorité aurait la faculté de bien penser », le résultat réveille nos consciences car il prouve tous les jours  le contraire pour ceux qui veulent chercher à comprendre.

Le partenariat réel est toujours possible à condition qu'un travail basé sur la réflexion de mettre en œuvre un revenu équitable devienne une priorité de la vie politique . Une redistribution doit dépasser les grands discours, et les indignations pour les relier aux actes et changer les règles dirigées par le pouvoir actuel que dans le sens de la descente .....le remontant avec le peuple en associations devient indispensable si nous voulons ensemble éviter le fond du gouffre ! Alors pourquoi ne pas répondre dès maintenant aux besoins d'existence de chaque frère humain ?

Les porteurs de projets qui savent économiser réellement les biens publics sans demander de subventions doivent avoir la parole dans notre société dans l'impasse : autant en France, qu'en Europe et dans le Monde. Des projets qui ne remontent jamais notre condition de 'créatifs pour tous ' pour servir nos besoins sociaux d'existence doivent être prioritaires et servis par une politique nationale et européenne pour sortir de cette imposition faite aux peuples d'être dévorés malgré eux par les prédateurs financiers corrompus qui imposent une alimentation , une science que le peuple engagé ne veut plus parce qu'il a pris conscience de la supercherie devenant de plus en plus criminelle.

Aborder un partenariat réel équitable en faisant la différence entre les porteurs de projets dans les petites associations investissant le matériel avec leurs fonds personnels et leur temps bénévoles et les animateurs et chefs de projet publics salariés des Espaces Publics Numériques qui ont été subventionnés nous éclairera sur l'économie réelle .

-Retrouver la liberté de la réelle économie piégée par un politiquement incorrect ,

-se libérer de la pensée répétitive mécaniste du pouvoir sans partages et de ses habitudes de rester au-dessus de la masse populaire sont des bases fondamentales à une Nouvelle Politique.

Tant que deux mondes sont en parallèles ; ils ne se rencontrent pas et pour explorer des pratiques nouvelles et les adopter dans une nouvelle forme de vie sociale ; la rencontre est fatalement nécessaire. Afin d' y parvenir dans les meilleures conditions pour la démocratie un espace plaçant l'échange réel des idées mais aussi des projets réels au centre du débat doit être aménagé dans ces périodes troublées par la fracture entre les élites politiques et les citoyens engagés.

Des efforts humains de mise au même niveau d'écoute et d'entente mutuels : entre élites au pouvoir avec de très gros salaires  et petits citoyens engagés bénévoles ayant des revenus de plus en plus ponctionnés pour assurer les salaires des premiers sont inévitables pour garantir une paix sociale.

Les élites se succédant au pouvoir sont incapables de trouver des solutions durables puisqu'ils ne sont jamais responsables des problèmes qui ont été placés par ceux d'avant. Comme nous les avons en alternance droite ou gauche depuis des décennies , nous constatons que les problèmes s'ajoutent aux problèmes mais sans apporter de transformation concrète.

Si nous voulons sortir de cette répétition : des uns comme des autres continuant  à faire valoir des droits depuis des décennies d'un pouvoir devenu aujourd'hui illégitime puisqu'il ne consiste qu'à préparer de prochaines élections, il nous faut un autre modèle , une refonte de la politique.

Le travail de la Constituante permet de mutualiser le travail afin de dépasser cette fausse image plaçant les élites  au dessus du peuple et ce droit à vie de les diriger vers la faillite collective en leur expliquant que c'est une fatalité.

Alors à quand la mise en place d'un revenu de base inconditionnel et équitable pour porteurs bénévoles de projets d'associations de biens communs financés par leurs propres petits moyens , chefs de projets et animateurs salariés des espaces publics subventionnés et politiques élus et pour tous les citoyens ?

Dans un pays perdu dans les méandres du chômage, de la misère, de la corruption d' « élites nationaux et européens », une constituante citoyenne au-delà de tout parti ; est seule capable de laisser émerger une constitution adaptée à la mise en œuvre de réelles propositions innovantes orientées vers des projets écologiques, économiques, sociaux et culturels .

Conclusion :

Les Techniques de l'Information et de la Communication ouvrent de réelles possibilités pour les échanges du penser et de l'agir avec le Monde : du local au global et inversement avec toutes les bonnes volontés souhaitant construire un monde meilleur indispensable pour la survie de l'Humanité , de la biodiversité et des espèces animales.

Les animateurs des Espaces Publics du Numérique peuvent devenir des partenaires ( puisqu'ils gèrent des outils capables de faciliter la mise en œuvre) des projets et doléances de tous les mouvements citoyens pensant et agissant pour une démocratie évolutive universelle. Cependant une condition est indispensable pour que les prises de décision ne soient pas faites par les actionnaires privés aux commandes des « dits élus » imposés à notre fonctionnement politique national et européen actuel parce qu'eux seuls ont ce temps de faire de la politique. Le temps des citoyens a été quant à lui confisqué pour la recherche de logement , de terres , de travail devenus de plus en plus rares puisqu'ils ne donnent plus de salaires ou de sens moral, dans nos pays européens devenus spéculatifs . La nouvelle politique monte des doléances, elle est la meilleure manière , relayée par des Espaces numériques destinés au public de lui permettre à se cultiver dans cet esprit de recherche « d'une pensée juste pour le mieux de tous » .

Cette transition ne peut se faire qu'avec une constituante prévue et déjà organisée pour le développement des cercles locaux. Chaque cercle ( ou si il n'est pas encore formé, tout citoyen porteur d'un projet innovant ) a la possibilité de faire des doléances. Cette organisation formée pour faire remonter de la base des propositions citoyennes est la seule manière de sortir du pouvoir pyramidal archaïque ( nous ne sommes plus au temps des pharaons) et des couches successives de ce fameux mille-feuilles qu'un grand nombre dénonce. Ce fameux mille-feuilles on en parle , on en parle mais cependant il continue à nous perdre dans la confusion des conflits d'intérêt, de la corruption et de la déliquescence de notre société nationale dite des droits de l'Homme. Les devoirs de nos dit élites se font oublier et la faillite des idées nationales démocratiques se profile à l'horizon.

Cette proposition liée à la démocratie du numérique en lien avec les Espaces Publics du Numérique vient s'ajouter aux débats sur la question de la démocratie locale qui ont déjà eu lieu avec l'association pour une constituante .

L’Association pour une Constituante a beaucoup débattu et publié sur la question de la démocratie locale. Nous poursuivons ce débat fondamental dans le texte ci-joint http://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article635 Il ne clôt évidemment pas le débat, mais, au contraire, est un élément pour approfondir cette réflexion essentielle.

Cette réflexion essentielle se tournera bien évidemment sur cette question faut-il scinder les banques ?

Faut-il rendre les banques économiques alternatives libres des banques spéculatives, quand aujourd'hui les peuples souffrent de ces pouvoirs ?

Voici un débat déjà bien engagé que nous ne manquerons pas avec la constituante de suivre. En venant rejoindre l'association pour une constituante, vous aurez ainsi la possibilité de faire entendre votre voix dans  un réel débat de vie démocratique élevé au dessus de tout parti et de tout gouvernement.

Réformes bancaires des promesses non tenues?

http://www.alternatives-economiques.fr/page.php?controller=article&action=html&id_article=61746&id_parution=633

La constituante a les moyens de mettre en oeuvre au-delà de tout parti et pour l'intérêt de tous des projets concrets pour sortir des pièges scandaleux des pouvoirs financiers.

Le revenu d'existence et les monnaies locales complémentaires

Voir Formons et développons des Groupes d'Instauration de Revenu d'Existence Inconditionnel pour tous

http://lienenpaysdoc.com/index.php?option=com_content&view=article&id=252:developpons-des-groupes-dinstauration-de-revenu-dexistence-&catid=13:agenda&Itemid=59

Yoland Bresson un moyen de faire le lien entre le besoin urgent d'une Monnaie Locale Complémentaire et la mise en place progressive d'un Revenu d'Existence Inconditionnel pour tous   http://www.youtube.com/watch?v=mLqkCJuyauc&feature=relmfu

Nous pouvons prévoir sans trop nous illusionner que le travail des engagés pour la démocratie continuera en France, en Europe et dans le Monde.  N'est-ce pas la meilleure réponse de croire en l'Humanité et en ses possibilités de penser et de vivre avec les différences et les complémentarités, surtout lorsqu'elles nous permettent concrètement d'éviter ce gouffre creusé par les faux prophètes et autres bonimenteurs que nous subissons en permanence dans la vie politique. 

L'année 2013 peut avec vous devenir le début de cet  autre monde possible et indispensable déjà engagé en 2012.

Bonne Année, cordialement René Chaboy

 

 

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21 décembre 2012 5 21 /12 /décembre /2012 22:54

 

 

 

Le monde bancaire et financier a depuis longtemps oublié l’ampleur des aides mobilisées par les Etats pour le sauver pendant la crise financière. La commission européenne vient opportunément le lui rappeler. Selon un rapport publié ce vendredi 21 décembre, le volume des aides publiques en faveur du secteur financier entre octobre 2008 et le 31 décembre 2011 s’est élevé à 1 616  milliards d'euros, soit 13 % du PIB de l’UE. A titre de comparaison, l’enveloppe budgétaire européenne censée soutenir la croissance dans l’Union ne dépasse pas les 110 milliards d’euros

Ces aides ont pris deux formes, soit un soutien aux trésoreries des banques – celles-ci sont représentées 1 174 milliards d’euros au titre de garanties publiques et autres pour assurer le financement des banques –, soit  des recapitalisations. Les Etats ont dépensé 442 milliards d'euros pour les mesures de recapitalisation et le traitement des actifs dépréciés. « Trois États membres ont bénéficié de près de 60 % de l'ensemble de l'aide utilisée: le Royaume-Uni (19 %), l’Irlande (16 %) et l’Allemagne (16 %)»précise l’union européenne.

Enfin, pour éviter un assèchement du crédit, les Etats se sont substitué partiellement aux banques afin de soutenir l’économie réelle. Ils ont accordé des subventions aux entreprises, leur ont consenti des prêts à taux bonifiés et des garanties. Entre décembre 2008 et le 1er octobre 2011, les États membres ont ainsi débloqué 82,9 milliards d'euros dans ce cadre de soutien temporaire à l’économie.

Pour faire bonne mesure, il faudrait encore ajouter les 1.000 milliards d’euros de crédit à taux zéro, accordés par la Banque centrale européenne entre novembre 2011 et mars 2012.  Autant de subventions que les banques souhaitent taire,  préférant mettre l’accent sur les politiques budgétaires laxistes des Etats.

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21 décembre 2012 5 21 /12 /décembre /2012 22:42

 

 

 

Le prix de l’électricité augmentera de 2,5 % en moyenne le 1er janvier, a annoncé le ministère de l’écologie à la veille des fêtes de fin d’année. C’est la conséquence mécanique de l’augmentation de la Contribution au service public de l'électricité (CSPE), une taxe qui finance les tarifs sociaux, les énergies renouvelables, la cogénération et la péréquation avec l’outre-mer. La commission de régulation de l’énergie (CRE) pointe régulièrement la sous-évaluation de la CSPE, trop faible pour financer tous ces besoins. Le manque à gagner pour EDF pourrait, selon l'électricien, représenter jusqu’à 2 milliards d’euros.

Mais cette contribution ne constitue qu’une des composantes du prix de l’électricité, constitué de trois couches : les coûts de fourniture, les taxes et charges (CSPE, TVA…), ainsi que les coûts d’acheminement, couverts par les tarifs d’utilisation des réseaux publics d’électricité alias « le Turpe ». Depuis 2002, ce Turpe rémunère les gestionnaires de réseaux publics, essentiellement ERDF, la filiale d’EDF en échange de l’exploitation, de l’entretien et du développement des réseaux, et RTE qui gère le flux d’électricité. Il représente environ 11,4 milliards d’euros par an, dont 8,4 sont versés à ERDF.


Structure du tarif de l'électricité (source : CRE, ©graphique : Sénat). 
Structure du tarif de l'électricité (source : CRE, ©graphique : Sénat).

 

Or le Conseil d’État vient de rendre une décision aussi historique qu’inattendue à son sujet (à lire ici) : l’annulation pure et simple du Turpe mis en place pour la période allant de 2009 à 2013 – dit Turpe 3, car comme les « Die hard », ils fleurissent à intervalles réguliers. Motif de cette sanction spectaculaire : le mode de calcul est « erroné en droit », car il ne rend pas compte des coûts réels d’usage du réseau.

Plus précisément, pour le Sipperec, syndicat intercommunal d'Ile-de-France à l’origine du recours, le groupe EDF facture aux usagers des investissements qu’ils ont en partie déjà payés. Selon ses estimations, le Turpe est surestimé de plusieurs centaines de millions d’euros.

La ministre de l’écologie et de l’énergie Delphine Batho a réagi en déclarant  que « Le niveau du tarif d'utilisation des réseaux français est l'un des plus bas en Europe ». Mais pour la présidente du Sipperec, Catherine Peyge, maire communiste de Bobigny, il faut faire respecter le droit des autorités concédantes – les communes – et le « droit des usagers pour un service public de qualité, au juste prix ». Elle en appelle à « un débat démocratique sur les vrais coûts de l’électricité au moment où s’ouvre le débat sur la transition énergétique ». Si bien que si  l’avis du Conseil d’État est en apparence purement technique, les questions qu’il soulève sont en réalité très politiques.

 

Près d'1,9 milliard d'euros à restituer aux usagers

Concrètement, d’ici juin 2013, la CRE doit recalculer le tarif incriminé et établir de nouvelles factures pour tous les usagers, de manière rétroactive, depuis 2009. Le nouveau calcul devra être « non discriminatoire » et transparent. C’est un énorme travail, qui doit aussi servir à établir le Turpe 4, prévu pour 2014.

De son côté, EDF cherche à minimiser la portée de l’avis du Conseil d’État, considérant qu’il « ne porte pas sur les tarifs réglementés et n’entraîne donc aucun remboursement de la part d’EDF envers ses clients car ils ne sont pas concernés ». Sauf que par définition, le Turpe figure bien dans toutes les factures de tous les usagers branchés sur le territoire national, qu’ils soient clients d’EDF ou de ses concurrents (GDF Suez, Poweo-direct énergie, etc.).

ERDF bénéficie-t-il d’une surévaluation de ses coûts, profitant in fine aux finances d’EDF plutôt que servant à renforcer et développer les réseaux ? C’est la conclusion à laquelle est arrivé le Sipperec, qui représente la plus grosse autorité concédante du pays, à l’issue d’une investigation comptable pleine de surprises. Le problème à ses yeux est double.

 

Schéma du système électrique en France (©CRE). 
Schéma du système électrique en France (©CRE).

 

D’abord, ERDF se fait rémunérer des investissements en partie déjà payés. Selon la loi, le Turpe doit couvrir les charges d’ERDF. Mais quelles sont ces charges ? Tout dépend de comment on les calcule. En 2006, la CRE a modifié son mode de calcul du tarif. Auparavant, elle se basait sur l’examen des comptes réels d’ERDF, selon une méthode dite « comptable ». Désormais, elle utilise une approche économique « normative », basée sur les exemples d’autres distributeurs d’électricité en Europe. C’est cette nouvelle méthode qu’épingle le Conseil d’État dans son avis du 28 novembre dernier.

Le cœur du contentieux porté par les communes franciliennes concerne la rémunération des capitaux investis par ERDF. Selon la CRE, le taux de rémunération des fonds propres et de la dette de la société est de 7,25 %. « Mais c’est une convention, calquée sur ce qui se fait ailleurs en Europe, ce chiffre ne part pas de la réalité des comptes d’ERDF », note le Sipperec. En moyenne, sur la période 2009-2012, avec ce taux de 7,25 %, l’enveloppe à payer par les usagers s’élève à 2,2 milliards d’euros par an. La CRE considère par convention que le financement d’ERDF provient à 60 % de dettes. Sauf qu’aucun endettement n’apparaît dans les comptes de la filiale d’EDF. Il ne peut donc pas avoir besoin de se faire rembourser des frais financiers liés à ses dettes.

Selon les calculs du Sipperec, « au titre du dédommagement des frais financiers qui, dans une large mesure, n’existent pas, c’est à peu près 1,9 milliard d’euros qui doivent être restitués aux usagers ». C’est l’un des principaux fondements de son recours devant le Conseil d’État.

Surtout qu’ERDF finance son réseau au moyen de ressources en grande partie gratuites : la valeur intrinsèque du réseau lui-même, qui appartient aux collectivités locales concessionnaires, évaluée à 26,3 milliards d’euros par le Conseil d’État ; le montant des factures acquittées par les usagers. Les juges du Conseil insistent sur ce point : il faut « prendre en considération les comptes spécifiques des concessions »Le réseau électrique appartient aux communes qui, sur l'immense majorité du territoire français, en délèguent l’exploitation à EDF et ERDF.

« Gros travail de simplification à faire »

Dernier reproche adressé à la CRE, et non des moindres : le soupçon de surfacturation. Quand les usagers paient la partie Turpe de leur facture d’électricité, ils avancent des provisions permettant de renouveler le réseau. Cet argent est directement encaissé par ERDF. Selon le Conseil d’État, le montant de ces provisions non encore utilisées à ce jour atteint 10,6 milliards d’euros. Mais leur existence n’est pas prise en compte dans son calcul par la CRE, qui demande donc aux consommateurs de payer le transport de l’électricité, comme s’ils n’en avaient pas déjà payé une grande partie.

Selon le Sipperec, environ 300 millions d’euros par an devraient à ce titre être restitués aux usagers.

Les élus  des communes du Sipperec (une centaine de collectivités en Essonne, dans les Hauts-de-Seine, en Seine- Saint-Denis, dans le Val-de-Marne, dans le Val-d’Oise et dans les Yvelines) sont en litige depuis 2005 avec EDF et ERDF, à cause du manque de transparence de leurs rapports d’activité. L’annulation du Turpe en novembre fait suite à une autre décision spectaculaire du même conseil d’État, un mois plus tôt (lire ici à ce sujet) : l’annulation de l’arrêté de 2009 sur les tarifs réglementés de l’électricité, à la suite d’un recours du même syndicat de communes. Toutes les factures d’EDF éditées entre août 2009 et 2010 doivent être recalculées. « Les catégories tarifaires ne sont pas assez objectivées. Il y a un gros travail de simplification à faire », reconnaît un conseiller gouvernemental.

Les tarifs de l’énergie représentent depuis l'été un vrai casse-tête pour le gouvernement, pris entre les successives injonctions du conseil d’État à relever les tarifs du gaz et le blocage parlementaire de la proposition de loi Brottes sur les bonus-malus. Difficultés objectives au sujet desquelles l’exécutif reste étonnement silencieux alors que le débat sur la transition énergétique peine à démarrer.


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21 décembre 2012 5 21 /12 /décembre /2012 22:29

 

 

 

 

Nicolas Sarkozy a reçu le courrier dans sa boîte vendredi matin : la commission chargée de contrôler la régularité des comptes de campagne pour la présidentielle 2012 a rejeté le sien. « Il reste calme, assure Philippe Briand, son mandataire financier, que l’ancien chef de l’État a aussitôt appelé. Mais Nicolas trouve qu’il y a deux poids, deux mesures ! » Philippe Briand a d’ores et déjà annoncé un recours devant le Conseil constitutionnel, qui se retrouve du coup dans une situation insupportable : dans les prochains mois, les « Sages » vont devoir trancher le sort d’un des leurs, Nicolas Sarkozy étant membre de droit du Conseil (en tant qu’ancien chef de l’État). Il ne devrait pas siéger, fait tout de même savoir son cabinet au Parisien.

A Marseille, meeting du 19 février 2012 
A Marseille, meeting du 19 février 2012© Reuters

Dans sa décision, qui n’a pas encore été rendue publique, la commission a estimé que les dépenses engagées par le candidat Sarkozy, notamment dans la phase qui a précédé sa déclaration de candidature du 15 février 2012, avaient été minorées par l’équipe de campagne et qu’elles explosaient en réalité le plafond autorisé par la loi (fixé cette année à 22,5 millions d’euros). Les neuf membres de cette autorité indépendante, des anciens de la Cour des comptes, du conseil d’État et de la cour de cassation, ont arbitré après une phase d’instruction longue de plusieurs mois, au cours de laquelle Philippe Briand a déjà pu présenter sa défense.

S’il était confirmé par le Conseil constitutionnel, le rejet du compte placerait l’ancien chef de l’État dans une situation financière délicate : Nicolas Sarkozy perdrait automatiquement le droit au remboursement de ses frais de campagne par l’État, ou plutôt au remboursement de ceux qu’il a engagés personnellement, soit 10,6 millions d’euros environ. Nicolas Sarkozy, qui attendait un chèque du ministère de l’Intérieur dans les prochaines semaines, devrait tirer un trait dessus, purement et simplement.

Sachant qu’il a emprunté cette somme à l’UMP (François Hollande a préféré contracter un prêt bancaire), Nicolas Sarkozy se retrouverait lourdement endetté vis-à-vis du parti. Lequel pourrait bien sûr faire cadeau à son « champion » de ces 10,6 millions d’euros, mais le coup serait dur à avaler pour la formation de Jean-François Copé : avec ses mauvais résultats aux législatives, l’UMP a vu ses subventions publiques diminuer et doit déjà faire face à d'énormes dettes.


 
© mediapart

 

D’ici peu, le Conseil constitutionnel devrait demander à la commission qu’elle lui transmette l’ensemble des cartons qui contiennent les factures du candidat Sarkozy, les récépissés de dons, etc, pour tout réexaminer. Suivra-t-il la commission dans ses appréciations ?

Si l’on en croit Philippe Briand, celle-ci a d’abord estimé que le candidat avait omis d’inscrire 1,5 million d’euros environ de dépenses survenues après sa déclaration de candidature officielle. Si on les réintègre, Nicolas Sarkozy dépasse de 350 000 euros environ le plafond autorisé. Parmi les frais « oubliés », rapporte Philippe Briand : 1 063 800 euros liés au gigantesque meeting de Villepinte de mars 2012 (qui aurait coûté en tout 3 millions), ou des dizaines de milliers d'euros de prestations du cabinet Giacometti & Peron  et de Publiopinion (l’une des sociétés de Patrick Buisson).

En fait, l’équipe de Nicolas Sarkozy a considéré que 50 % seulement des dépenses engagées par le président-candidat dans ses déplacements ou ses meetings devaient être imputés sur le compte du candidat, le reste devant être supporté par le budget de l’Élysée. Mais les « contrôleurs » contestent cette clef de répartition, jugée trop favorable à Nicolas Sarkozy. « Ils l’avaient pourtant acceptée en 2007 ! » croit savoir Philippe Briand. Une réflexion étrange, sachant que le président sortant de 2007, Jacques Chirac, ne s'était pas représenté…

Autres dépenses « omises » : celles liées aux meetings « personnels » d’Henri Guaino, plume et conseiller spécial à l’Élysée. Pour la commission, 17 552 euros de frais doivent être imputés au compte de Nicolas Sarkozy – ce qui fait sortir Philippe Briand de ses gonds. « Quand il a fait son petit tour de France, Guaino ne faisait pas la campagne de Nicolas, il se cherchait une circonscription où s’implanter pour les législatives ! » balance le mandataire financier.

En réplique à la commission, les éléments de langage élaborés vendredi par l’équipe de Nicolas Sarkozy lors d’une réunion de crise dans les bureaux de l’ancien chef de l’État rue de Miromesnil, pourraient se résumer ainsi : 350 000 euros de dépassement, c’est peu. « C’est 1,6 % des dépenses globales ! » ressasse Philippe Briand.

En réalité, l’affaire serait plus compliquée. Car la commission a contesté, semble-t-il, un autre aspect du compte de campagne : elle a estimé que tout un tas de déplacements ou manifestations de Nicolas Sarkozy antérieurs à sa déclaration (tardive) de candidature, le 15 février 2012, auraient dû être pris en compte parce qu’ils avaient un caractère électoral (au moins en partie). La liste est longue, d’une sortie du chef de l’État à la centrale du Tricastin en novembre 2011 (où Nicolas Sarkozy avait attaqué l’accord passé entre le PS et les Verts pour la présidentielle), jusqu’à son simple discours à l’occasion du troisième anniversaire du Fonds stratégique d’investissement, en novembre également.

 

Meeting du président Sarkozy à Toulon, en décembre 2011  
Meeting du président Sarkozy à Toulon, en décembre 2011 © Reuters

 

Ces dépenses-là ne sont pas chiffrées par la commission, si l’on comprend bien Philippe Briand (qui ne les aurait donc pas prises en compte dans son 1,6 %). « Il n’était même pas candidat ! » s’étrangle le mandataire financier.

Tant que l’ancien chef de l’État n’aura pas rendu publique la décision de la commission, dans ses détails, le commentaire objectif restera difficile. « Est-ce qu'un président a le droit d'être candidat à sa réélection ? peste déjà Nathalie Kosciusko-Morizet, l’ancienne porte-parole de Nicolas Sarkozy. Un sortant qui postule à nouveau à l'Élysée doit-il se mettre sur la réserve ?! » Ce qui reviendrait, selon elle, à « accepter l'idée que la France n'est plus gouvernée pendant les derniers mois d'un quinquennat ».

De son côté, le PS se frotte en tout cas les mains. « Nous avions pointé les confusions qu'il y avait entre le président Nicolas Sarkozy et le candidat Nicolas Sarkozy avant la déclaration officielle de campagne », rappelle David Assouline, le porte-parole du PS. Mediapart avait révélé en décembre 2011 que les socialistes avaient constitué une « task-force », chargée de scruter les frais engagés par le chef de l’Etat, assimilables à des dépenses électorales. Le PS avait ensuite adressé un gros dossier à la CNCCFP.

C’est désormais au Conseil constitutionnel de trancher. Il peut confirmer le rejet, valider le compte (en considérant que les manquements à la loi sont mineurs et involontaires) ou bien décider de sévir à moitié, en minorant le remboursement sans le supprimer pour autant.

« Le Conseil est composé de gens nommés par le Président de la République, de gens nommés par-ci, par-là, répond Philippe Briand, quand on l’interroge sur la composition très politique de l’institution de la rue Montpensier. Il y a des membres qui ne sont pas de la couleur de Nicolas Sarkozy, des gens proches de sa tendance qui ne sont pas forcément des amis… »

En 1995, le Conseil présidé par Roland Dumas avait validé les comptes truqués d’Edouard Balladur (comme Mediapart l’a raconté dans le détail, ici ou ), et accepté ceux de Jacques Chirac alors qu’ils dépassaient amplement le plafond des dépenses légales. Une décision prise en séance sur l’insistance de Roland Dumas, contre l’avis des rapporteurs qui avaient longuement instruit les dossiers.


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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 23:15

 

 

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C’est une « Note de conjoncture » en forme d’alerte que publie l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), ce jeudi 20 décembre en fin de soirée. Croissance zéro, effondrement du pouvoir d’achat, atonie de la consommation : tout indique que l’économie française est toujours au bord de la récession et que le pays en paye un tribut social de plus en plus lourd. Mais ce sont surtout les prévisions sur le front du chômage qui sont les plus alarmantes : le taux de chômage pourrait atteindre 10,9 % en juin 2013 (Dom-Tom compris), soit l’un des niveaux les plus élevés jamais atteints dans notre pays au cours de la période contemporaine.

Cette étude de l’Institut constitue donc une alarmante radiographie d’une politique économique qui est en train d’échouer. Une politique économique qui ne parvient pas à redresser la situation économique du pays et qui menace même de l’aggraver.

Le gouvernement se doutait certes que cette « Note de conjoncture », qui dessine les prévisions économiques possibles pour le 1er semestre de 2013, serait détestable. En vérité, le scénario de l’Institut est encore plus dégradé que prévu.

La première mauvaise surprise a trait à la croissance. Comme le révèle le tableau ci-dessous, qui présente la synthèse de prévisions de l’Insee, la France est en situation de quasi-croissance zéro depuis la fin du premier trimestre de 2011, avec des taux d’activité oscillant en permanence autour de zéro, tantôt légèrement au-dessus, tantôt légèrement en dessous. Et la tendance va rester strictement identique au premier semestre 2013, avec une croissance de + 0,1 % au cours de chacun des deux trimestres.

Le gouvernement est donc en train de perdre son premier pari, celui sur la croissance. Pour 2012, il avait adossé sa politique économique à une hypothèse économique de 0,3 % de croissance. Chiffre déjà très bas et qui pourtant ne sera même pas atteint ! Selon l’Insee, la croissance sur l’ensemble de l’année ne devrait pas dépasser 0,1 %.

Et pour l’année 2013, les perspectives sont aussi mauvaises. Le scénario de l’Insee aboutit à ce que « l’acquis de croissance » (ici la définition) ne dépasse pas 0,1 % à la fin du mois de juin. Or, le gouvernement a construit tout son budget de 2013 sur une hypothèse de croissance de 0,8 %. Pour que cet objectif soit tenu, il faudrait donc que la croissance accélère brutalement et atteigne des chiffres de l’ordre de 0,8 % au troisième trimestre et de 1,2 % au quatrième trimestre. Ce qui est proprement impensable.

 

 

Effondrement du pouvoir d'achat

Et c’est en cela que la prévision de l’Insee constitue, en creux, un double réquisitoire de la politique économique du gouvernement. Un réquisitoire parce que les chiffres de l’institut établissent que l’horizon économique ne s’améliore en rien et même que, en bien des aspects, il se dégrade, du fait de la politique d’austérité. Rien que de très logique ! Imposer de l’austérité renforcée (pour la politique budgétaire comme pour la politique salariale) à un pays en stagnation produit, de fait, un résultat qui n’a rien de surprenant : logiquement le pays se porte encore plus mal.

Mais du même coup, le gouvernement risque de se trouver pris au piège de sa propre politique. Car si la croissance stagne encore plus que prévu, les recettes fiscales vont encore plus se tarir et les objectifs annoncés de réduction des déficits publics (sous les 3 % du PIB pour 2013) et de dette publique ne seront pas atteints. Donc, il faudra encore un nouveau plan d’austérité. C’est, en somme, l’engrenage sans fin : encore et toujours plus d’austérité pour atteindre un objectif de réduction des déficits qui deviendra, de ce fait, de plus en plus… inaccessible !

Et dans ce scénario catastrophe, c’est la demande intérieure qui s’avère totalement déprimée. Comment pourrait-il en aller autrement ? L’Insee révèle en effet que le pouvoir d’achat des ménages enregistre l’une de ses chutes les plus spectaculaires de ces dernières années.

Les chiffres de l’Insee méritent d’être décryptés pour bien mesurer leur gravité. Selon le tableau synthétique de l’Insee que nous avons consulté plus haut, la tendance est mauvaise, mais pas dramatique. En baisse de – 0,2 % en 2012, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages, qui est l’indicateur le plus souvent évoqué dans le débat public, afficherait un acquis de croissance de + 0,1 % à la fin du premier semestre de 2013. En somme, on serait sur 18 mois sur une pente de croissance zéro du pouvoir d’achat.

Mais en fait, la tendance est autrement plus grave, car ces chiffres prennent en compte des évolutions démographiques qui contribuent à augmenter le nombre des ménages. Pour bien mesurer le « ressenti » des ménages, l’Insee fait donc d’autres mesures, qui neutralisent ces évolutions démographiques. Or, ces autres mesures sont autrement plus alarmistes. Le pouvoir d’achat par unité de consommation accuse ainsi en 2012 une baisse de non plus – 0,2 % mais de… – 0,8 % ! Par habitant, la baisse serait de – 0,7 % en 2013 et par ménage elle serait de – 1,2 %, précise encore l’Insee.

Au travers de ces chiffres, on mesure donc que le gouvernement socialiste a fait le choix d’une stratégie économique de traversée de crise très particulière : c’est le social qui sert de variable d’ajustement. La récente décision de ne pas accorder de « coup de pouce » au Smic au 1er juillet vient de le confirmer.

L’ajustement n’est d’ailleurs pas que salarial. La principale variable, c’est celle du chômage. Car, c’est sur ce front que les perspectives de l’Insee pour les six prochains mois sont dramatiques.

D’abord, l’Insee relève que « malgré le léger regain d’activité au troisième trimestre 2012, l’emploi dans les secteurs marchands non agricoles a nettement reculé (– 42 000) » pendant l’année en cours. Et il ajoute : « Avec la faiblesse de l’activité, la situation sur le marché de l’emploi continuerait de se détériorer d’ici mi-2013 : en moyenne, 40 000 postes par trimestre seraient supprimés à l’horizon de la prévision. »

Du même coup, le chômage enregistrerait une envolée toujours plus spectaculaire. Chiffres terribles ! Après une hausse de 226 000 du nombre des chômeurs en 2012 (au sens du Bureau international du travail), la déferlante se poursuivrait aussi violemment au cours du premier semestre de 2013,  avec 109 000 nouveaux chômeurs.

 

 

 

L'envolée historique du chômage

 

Comme le met en évidence le tableau ci-dessus, la France est en passe de battre le record historique du taux chômage de 11,2 % de la population active qu’elle avait atteint dans le courant de l’année 1997. Après avoir atteint un point bas à 7,7 % au deuxième trimestre de 2008, ce taux de chômage (y compris Dom-Tom) est reparti vertigineusement à la hausse. Et selon l’Insee, il pourrait culminer à 10,5 % fin décembre 2012 avant d’atteindre 10,9 % à fin juin 2013. Soit tout près du sinistre record de 1997.

Et que fait le gouvernement pour amortir ce séisme social ? Rien. Il y a eu un « choc de compétitivité » en faveur des entreprises, mais pas de... « choc social » ! Et le gouvernement aura beau dire que les 20 milliards d’euros apportés aux entreprises auront de bénéfiques retombées, il n’est pas interdit d’en douter : comme le crédit d’impôt ne sera assorti d’aucune condition, ces sommes fabuleuses pourront tout autant venir gonfler les dividendes des actionnaires.

Pour ceux qui veulent prolonger cette lecture, voici ci-dessous cette « Note de conjoncture » dans sa version intégrale :


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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 22:57

 

Le Monde.fr | 20.12.2012 à 10h55 • Mis à jour le 20.12.2012 à 12h29 Par Blandine Milcent (Berlin, correspondance)


 
Jürgen Fitschen, le coprésident de la Deutsche Bank, le 23 novembre.

La direction de Deutsche Bank est plus que jamais dans la tourmente. Selon des informations du quotidien Süddeutsche Zeitung, jeudi, les perquisitions réalisées la semaine dernière dans les locaux du siège de la première banque allemande, à Franfort, ont été décidées parce que celle-ci n'avait pas collaboré avec le parquet dans le cadre d'une enquête en cours sur une supposée fraude fiscale. L'établissement n'avait pas fourni les documents exigés par la justice qui l'avait donc prévenu d'une possible razzia.

Mercredi 12 décembre à Francfort, 500 policiers avaient pénétré dans les locaux de Deutsche Bank, armés, accompagnés de chiens, tandis qu'un hélicoptère tournoyait au-dessus du bâtiment. Dans le collimateur de la justice : 25 salariés au total, accusés de fraude fiscale. Le parquet de Francfort leur reproche d'avoir aidé des entrepreneurs à frauder le fisc, par le biais d'un trafic sur les droits d'émissions de CO2 en Europe.

Cette affaire a donné lieu à un intense matraquage médiatique en Allemagne après que Jürgen Fitschen, qui assure depuis juin la codirection de la première banque allemande avec Anshu Jain, s'est plaint – par téléphone – au ministre président du Land de la Hesse, Volker Bouffier (CDU), de ces perquisitions musclées.

Jürgen Fitschen et son directeur financier, Stefan Krause, sont visés pour avoir signé une déclaration sur le chiffre d'affaires de 2009, comportant des incorrections liées à ce trafic. M. Fitschen a trouvé l'opération de police "exagérée" ; il a fait part de sa "stupeur" au ministre président de la région, face aux images de "razzia" qui ont fait le tour du monde et altéré, selon lui, l'image de sa banque à l'étranger.

 

"LE DROIT PASSE AVANT LE POUVOIR"

Mal lui en a pris. Le patron censé incarner, avec Anshu Jain, une nouvelle culture d'entreprise à Deutsche Bank après l'ère Ackermann est devenu la cible de toutes les attaques. "Le droit passe avant le pouvoir", a sèchement commenté le ministre de la justice de la Hesse.

"Un homme politique aurait déjà perdu son job s'il avait tenté ainsi d'empêcher le travail d'un parquet et de policiers", a estimé de son côté le président du SPD, Sigmar Gabriel, faisant allusion à la démission, en début d'année, du président de la République allemande, Christian Wulff.

Celui-ci avait cherché à joindre par téléphone le rédacteur en chef du quotidien Bild pour empêcher la parution de révélations le concernant. Selon M. Gabriel, le comportement de M. Fitschen donne l'impression que les banquiers se sentent au-dessus des lois - un thème de campagne électorale idéal pour le parti social démocrate.

M. Fitschen a donc dû faire marche arrière, s'excuser et souligner que l'indépendance de la justice constituait "un bien précieux". Mais c'est une épreuve supplémentaire pour Deutsche Bank.

Ainsi, on attend toujours outre-Rhin, le rapport du régulateur bancaire allemand BaFin sur le scandale du Libor. Cette fois, l'autre directeur, Anshu Jain, est concerné. Il dirigeait la banque d'investissement du groupe, au sein de laquelle les manipulations se sont déroulées.

Blandine Milcent (Berlin, correspondance)

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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 22:51

 

Le Monde.fr avec AFP | 20.12.2012 à 22h26 • Mis à jour le 20.12.2012 à 22h36


 
La faiblesse de ces perspectives risque de compliquer la tâche du gouvernement, qui mise sur une croissance de 0,8 % l'année prochaine.

 

L'économie française va commencer l'année 2013 sans aucun élan et elle continuera à détruire des emplois au premier semestre, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), qui a révisé à la baisse sa prévision de croissance pour 2012, mais ne prévoit pas de récession d'ici à juin.
 

"Notre prévision peut être résumée en trois mots : toujours pas d'élan", a déclaré le chef du département de la conjonture, Cédric Audenis, jeudi 20 décembre, en présentant la note de conjoncture de décembre, dont les perspectives vont jusqu'à fin juin.

Cette faiblesse risque de compliquer la tâche du gouvernement, qui mise sur une croissance de 0,8 % en 2013 pour tenir ses objectifs de réduction des déficits publics à 3 % du PIB à la fin de l'année. L'Insee, lui, prévoit un petit 0,1 % de croissance du produit intérieur brut (PIB) sur les deux premiers trimestres et a revu à 0,1 % au lieu de 0,2 % sa prévision pour 2012.

 

 RÉCESSION AU QUATRIÈME TRIMESTRE DE 2012

Pour le quatrième trimestre de cette année, l'Institut s'attend à une contraction de 0,2 % du PIB par rapport à celui du trimestre précédent. En revanche, la perspective d'une croissance positive début 2013 écarte l'hypothèse d'une récession (deux trimestres consécutifs de contraction).

Si le scénario de l'Insee se concrétise, il faudra au second semestre une croissance non négligeable de quasiment 1 % par trimestre pour atteindre la progression de 0,8 % de l'activité économique escomptée.

A la fin de juin, l'acquis de croissance pour l'ensemble de l'année 2013, c'est-à-dire le résultat qui serait constaté si le PIB devait stagner au cours des deux derniers trimestres, serait ainsi de 0,1 % seulement.

Avec une croissance en berne, le chômage devrait, lui, s'accroître. A 9,9 % au troisième trimestre 2012 (10,3 % départements d'outre-mer (DOM) compris), le taux de chômage devrait atteindre 10,5 % de la population active au deuxième trimestre 2013 en France métropolitaine (10,9 % DOM compris), selon l'Insee.

 

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