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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 17:33

 

 

Rue89 - Paroles de crise 24/01/2013 à 17h49
Kocila Makdeche | EDJ Sciences-Po
Emilie Tôn | EDJ Sciences Po

 

 

 

Ils s’enchaînent aux grilles de Matignon, envoient une délégation à l’Elysée : les syndicalistes d’ArcelorMittal n’ont pas lâché prise. Mais qu’en est-il des inquiétudes quotidiennes des ouvriers, premiers concernés par les turbulences que connaît actuellement le site de Florange ?

 

Alvaro Collebrusco, métallo chez ArcelorMittal depuis trente ans, est père de trois enfants. Il nous raconte son histoire, ses inquiétudes et ses perspectives pour l’avenir. Alvaro a grandit dans la vallée de la Fensch, ce bassin minier mosellan dont l’industrie du fer décore le paysage depuis la fin du XIXe siècle.

Il a signé en 1982 chez Sollac, l’ancien propriétaire du site de Florange, juste après son service militaire. Deux ans après son embauche, il participe déjà à ses premières grèves. Au fil des années, il voit se succéder les repreneurs. Des crises, il en a connues, mais jamais l’industrie sidérurgique lorraine n’a été aussi proche du déclin.

Soudeur de formation, Alvaro a multiplié les postes au cours de sa carrière : « J’étais en bout de chaîne, et maintenant je suis en début de chaîne ». Il a d’abord été employé dans la « filière froide », où l’acier brut est transformé, pour ensuite être muté dans la « filière chaude », celle des hauts-fourneaux. Jugée non rentable par le propriétaire indien Lakshmi Mittal, c’est cette dernière qui est menacée de fermeture.

 

 

Alvaro Collebrusco, métallo depuis 30 ans (1/3)

Ils sont actuellement 2 600 salariés, comme lui, à travailler à ArcelorMittal Florange. Les derniers hauts-fourneaux du groupe encore en activité en France sont à Dunkerque (Nord-Pas-de-Calais) et à Fos-sur-Mer (PACA), plus profitables du fait de leur proximité avec la mer ; ceux du site mosellan ont été arrêtés en décembre dernier.

« On ne sait pas où on va »

La menace d’un arrêt définitif de ces hauts-fourneaux hante les employés de Florange : « On ne sait pas où on va. Si la filière liquide ferme, il y aura à peu près 650 licenciements », dit Alvaro. Il espère que les emplois supprimés seront absorbés par les départs en retraite, comme l’a promis le gouvernement, mais rien n’est moins sûr.

 

 

Alvaro Collebrusco, métallo depuis 30 ans (2/3)

Après trente ans de boîte, ce n’est pas l’expérience qui manque à ce père de famille. Adepte du « do it yourself », Alvaro est bricoleur et autodidacte. Il n’a pas peur d’une éventuelle reconversion, loin de la chaleur ardente de l’acier en fusion :

« Si je dois finir ma carrière quelque part, même au Luxembourg ou à refaire les trois postes, je passerai par là. On a une famille à nourrir… »

L’expérience peut cependant être un handicap sur le marché de l’emploi. A 52 ans, il a tout de même conscience qu’il ne sera pas facile de signer un contrat dans une autre entreprise. Il espère pouvoir conserver son emploi jusqu’à la retraite : « Si ça tient encore quatre, cinq années, je serai peut-être un peu plus à l’abri ».

 

 

Alvaro Collebrusco, métallo depuis 30 ans (3/3)
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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 17:20

 

 

Rue89 - Panique 23/01/2013 à 18h55
Sophie Caillat | Journaliste Rue89

 

 

Des médecins mis en cause pour leur proximité avec les labos fabriquant les pilules de troisième génération annoncent une hausse des IVG. Mais rien n’est encore prouvé.

 


Plaquette de pilules (Blmurch/Flickr/CC)

 

La panique sur la pilule est-elle en train de déclencher une augmentation du nombre d’avortements ? Voulant aller plus vite que les statistiques, le Dr. Israël Nisand, célèbre chef du service de gynécologie-obstétrique à Strasbourg, dit avoir vu arriver, dans les deux centres d’IVG qu’il dirige, « des femmes qui ne savent pas bien si elles sont sous deuxième ou troisième génération, ont arrêté la pilule depuis l’annonce du déremboursement en septembre, et ont depuis peur de toutes les contraceptions orales ». Il ajoute :

« Quand on met la panique, il faut bien que quelqu’un paie l’addition. Et ce ne sont ni les médecins ni la ministre qui vont la payer, mais les femmes. »

Nous avons demandé au planning familial d’Alsace, en première ligne sur l’observation des IVG, s’il avait constaté une hausse ces dernières semaines. La réponse est négative.

Le Formindep, association pour une information médicale indépendante, fait remarquer que « ceux qui parlent d’une hausse des IVG ne font que se défendre après leur mise en cause ». Israël Nisand a ainsi été accusé de conflits d’intérêt avec les laboratoires pharmaceutiques fabriquant ces pilules.

De même que Marie-Noëlle Laveissière, qui déclarait la semaine dernière sur France Inter : « Nous voyons les taux d’IVG monter dans mon service de façon faramineuse depuis un mois, c’est tragique. » Cette gynéco vantait, il y a dix ans, les mérites de Jasmine, pilule troisième génération qui allait « permettre aux femmes de moins grossir ».

Le « pill scare » anglais, pas totalement clair

Pour éviter de tomber dans la controverse des chiffres, le Dr. Israël Nisand nous prévient que la vérité n’existe pas : on a « cassé le thermomètre des IVG, car près de 10% sont faits en ville, avec des médicaments, dans les cabinets des médecins », et ne rentrent pas toujours dans les statistiques de l’Ined. Ce que dément le cabinet de la ministre de la Santé :

« Depuis leur autorisation en cabinet en 2004 et, en 2009, en centre de santé, de planification ou d’éducation familiale, le nombre de remboursements d’IVG médicamenteuses réalisées hors établissement hospitalier est disponible auprès de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam). »

Le meilleur argument du Dr. Nisand est l’exemple anglais : le « pill scare » (la panique autour de la pilule) provoqué par l’alerte sur les pilules de troisième génération en 1995. S’en est suivi une hausse des IVG de 13,7% sur trois ans. Mais la hausse s’est ensuite poursuivie (+8% entre 2000 et 2010), ce qui veut dire que la panique sur un type de pilule ne peut pas être, sur la durée, la seule explication.

La seule chose dont on soit sûr depuis le déferlement médiatique – provoqué par le dépôt de plainte par une jeune fille victime d’un AVC causé par sa pilule Méliane –, c’est que les femmes se réinterrogent sur leur contraception. Et réinterrogent leurs médecins.

Au global, pas de baisse des pilules

Le Dr. Philipe Nicot, généraliste près de Limoges, voit surtout des « demandes de changement de génération de pilule dans un premier temps, car changer de contraceptif, c’est compliqué. »

En général très peu prescrites, les pilules de première génération ont vu leurs ventes progresser de 25% sur les dix premiers jours de janvier par rapport à la même période en 2012. Et, selon les chiffres de l’Ordre national des pharmaciens, les ventes de pilules de troisième génération ont reculé de 6%. D’après les chiffres de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, le volume global des deux générations observées n’a pas diminué.

L’affolement sur les pilules n’aurait donc pas, au vu des chiffres actuellement disponibles, conduit à des arrêts intempestifs faisant peser le risque d’IVG. Pour savoir ce qu’il faut faire si on est angoissée, nous avons interrogé Françoise Tourmen, gynécologue et ancienne responsable d’un centre de planification. Elle conseille :

« Dans un premier temps, vérifiez la génération de la pilule que vous prenez, puis, si c’est une troisième génération [un numéro vert a été mis en place par l’agence du médicament, ndlr], depuis combien de temps vous la prenez, car on sait que le risque est surtout présent sur les trois ou quatre premiers mois et sur la première année de prise de la pilule.

Si elle est prise depuis un an, il faut attendre le renouvellement pour faire un bilan. Lors du bilan, un bon interrogatoire sur les antécédents familiaux et personnels est nécessaire, car il faut savoir s’il y a déjà eu des cas de phlébites. Enfin, lors du passage de la troisième à deuxième génération de pilule, peut-être il faudra-t-il faire des bilans sanguins pour vérifier si le changement est sans danger. »

La bonne nouvelle, estime cette praticienne, c’est que « cette alerte est l’occasion de se rendre compte que la pilule n’est pas un bonbon, et qu’un bon interrogatoire est nécessaire. Si les prescripteurs jouent le jeu, ce sera bénéfique pour les femmes. »

 

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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 16:36

 

Le Monde.fr avec AFP | 24.01.2013 à 17h05


 

Jean-Marc Ayrault a annoncé, jeudi 24 janvier, au Sénat, le rétablissement, par une prestation d'un même montant, de l'allocation équivalent retraite (AER), qui permet aux chômeurs âgés de faire la jonction entre la fin du chômage et la retraite, et qui avait été supprimée en 2011.

Le premier ministre a précisé lors de la séance des questions d'actualité au Sénat qu'un "décret simple" serait prochainement publié pour que cette nouvelle prestation entre en vigueur le 1er mars. Le rétablissement de l'AER était réclamé par toutes les organisations syndicales.

Cette allocation avait été supprimée au nom de la rigueur – son coût atteignant près de 500 millions d'euros par an –, mais aussi pour encourager les seniors à travailler, avant d'être partiellement rétablie à la fin de 2011 sous le nom d'"allocation transitoire de solidarité" (ATS). Sa suppression a plongé des milliers de seniors dans une situation financière difficile, accrue également par le recul de l'âge de la retraite depuis la réforme votée en 2010.

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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 15:50

 

 

Un joli coup Avec "Les Infiltrés", on ressent toujours un peu les mêmes sentiments ambivalents. L'émission sur Pôle emploi qui devrait être diffusée  vendredi soir 1er février sur France 2 ne déroge pas à la règle. A  grand renfort d'images floutées et sous-titrées, les journalistes de l'agence Capa, qui produit le film, réalisent d'abord un joli coup.

Incapacité des agents à faire leur métier Ils montrent de manière éloquente ce que  nombre de rapports écrivent depuis longtemps, mais qu'on n'a jamais vu aussi concrètement : l'incapacité des agents de Pôle emploi à faire leur métier, l'accompagnement des chômeurs. En cela, leur reportage est particulièrement efficace.

Les journalistes, qui ont infiltré deux agences en mai et mi-novembre, montrent des agents écrasés par l'explosion du chômage et par les rigidités administratives de l'organisme. Ceux-ci n'arrivent pas à suivre les chômeurs au moins une fois par mois, contrairement à l'objectif officiel tel qu'il était formulé jusqu'à peu.

Une demi-journée pour recevoir certains des 160 chômeurs de son "porte-feuilles" Il faut voir comment lors de l'entretien d'embauche de la conseillère-journaliste, le responsable RH explique crûment que son job sera notamment "d'écraser" les projets de formation des chômeurs qui souhaiteraient s'orienter vers des secteurs peu porteurs. Il faut voir comment la journaliste découvre que dans son planning, elle n'aura qu'une demi-journée par semaine pour recevoir certains des 160 chômeurs de son "porte-feuilles". Pour remplir les objectifs, on essaye de multiplier les contacts par téléphone, qui seront décomptés même si le chômeur ne répond pas.

Un gâchis Dans une des agences filmées, 600 chômeurs n'ont même pas de conseiller attitré et atterrissent dans un mystérieux "porte-feuilles tampon", celui du responsable, qui n'a bien sûr jamais le temps de les recevoir. Et cela tombe plutôt bien, car il s'agit des chômeurs souvent "incasables", plaisante le responsable. "Je ne pensais pas que Pôle emploi était dans cet état", confie la réalisatrice du reportage, avec qui on ne peut tomber que d'accord, face au gâchis qui transparaît de son film.

Une bonne image des conseillers Dans ce contexte, les conseillers des agences "infiltrées" (dont une à Marseille, à en croire la CGT, qui a écrit à la direction de France 2 pour dénoncer "un piège journalistique" et demandé de ne pas diffuser le reportage) semblent faire tout ce qu'ils peuvent. Contrairement aux craintes du syndicat, le reportage les montre plutôt sous une bonne image. Malgré le manque de moyens, ceux-ci semblent en effet toujours prendre le temps de chercher une solution de garde pour les enfants d'une chômeuse en larmes ou de réinscrire un chômeur qui dit n'avoir pas reçu sa convocation à un entretien. Et ce même si certains enchaînent les CDD depuis deux ans. Reste que la CGT estime que les salariés de l'agence pourraient être "mis en danger" par le reportage.

  Refus du service de presse de laisser Capa filmer Capa a pris le soin de multiplier les plans où l'on voit le service de presse refuser à la réalisatrice de venir faire un reportage dans une agence. Refus qui constitue la condition que Capa dit s'imposer pour justifier une infiltration. "S'ils avaient accepté de nous laisser filmer librement dans une agence, nous n'aurions pas fait une émission infiltrée", promet le rédacteur en chef de l'émission, Jean-Paul Billault.

"Nous n'avons pas pu recevoir la journaliste parce qu'elle avait des demandes trop fluctuantes et parce que Capa a toujours une histoire préécrite en tête avant de faire son reportage", assure-t-on en réponse à la direction de Pôle emploi."Les salariés des agences infiltrées sont morts d'inquiétude", glisse-t-on pour critiquer la méthode.  Ce à quoi répond, M. Billault, cinglant, "je ne vois aucune raison qui justifie qu'un service public ne permette pas à la presse de suivre son travail".

Fin du suivi mensuel personnalisé pour tous Les invités en plateau devraient permettre de prolonger utilement le reportage avec notamment la réaction de Michel Sapin, ministre du travail, ou de Jean Bassères, directeur de Pôle emploi, s'ils acceptent toutefois de venir s'exprimer. Les deux infiltrations ont en effet eu lieu en pleine période de transition pour le suivi des chômeurs. A partir de cet hiver, Pôle emploi a mis fin au suivi mensuel personnalisé pour tous, remplacé par un "suivi différencié" (lire à ce propos : "Les conseillers de Pôle emploi pourront suivre jusqu'à 350 chômeurs"), qui devrait permettre de concentrer les moyens sur les chômeurs qui en ont le plus besoin. Réalisé bien avant cette transition, le reportage de France 2 ne permet pas de savoir si cette réforme soulage un peu les agents.

 

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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 15:40

 

 
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Licence CC

 

Tout le monde sait que, pour obtenir un billet de train pas cher, il faut s'y prendre à l'avance. Mais beaucoup d'internautes nous font part de leur surprise, lorsqu'ils voient les prix augmenter d'une minute à l'autre.
Claire ouvre ainsi son ordinateur pour acheter un billet de train, sur le site Voyages-sncf.com. La machine a un bug, et Claire doit tout recommencer à zéro.  
« Entre-temps, le prix de mon train avait augmenté de 10 % ! », proteste-t-elle. Nombre d'internautes font la même remarque à propos des billets d'avion, suspectant le logiciel d'avoir augmenté le tarif à dessein. Que s'est-il passé ?

Ni magie noire, ni mauvaises ondes, seulement du « yield management », nous explique la SNCF. Plus le train se remplit, plus les prix montent. Par exemple, un Paris-Marseille, dont le prix de référence, fixé par l'Etat, s'élève à 88 euros, va être proposé, trois mois avant le départ, à 25 euros, sur un nombre de places limité. Une fois ces places vendues, la SNCF propose des billets un peu plus chers, au tarif loisir, qui commence à 57 euros, soit 35 % de moins que le plein tarif. Mais ce prix augmente à l'approche du départ du train. Les derniers sièges sont les plus chers. C'est d'ailleurs écrit en toutes lettres sur son site.

 

Licence CC Jean-Pierre Bazard Jpbazard

 

Si Claire découvre que le montant de son billet a augmenté pendant sa déconnexion, c'est sans doute que, durant ce laps de temps, d'autres voyageurs ont fait des réservations, et qu'un « palier » tarifaire a été franchi. C'est possible, surtout s'il s'agissait d'un horaire très demandé, comme un vendredi soir ou une veille de pont.

Sur les trains moins demandés, la SNCF propose plus de places à petit prix, afin de garantir le remplissage. Sur le Paris-Marseille, elle propose par exemple des billets Prem's « du début jusqu'à la fin ».

En plus des déductions prévues pour les porteurs de cartes, le « yield management » (ou optimisation de la recette tarifaire) explique que, dans le train, deux voyageurs aient rarement payé leur billet au même prix. (Pour retrouver les repères tarifaires, cliquer ici)

 

Licence CC Andy Mitchell

 

Le "yield management" vient de l'aérien. Notre confrère Jean-Michel Normand a fort bien expliqué (Le Monde du 9 avril 2011) comment cela se passe chez Air France :

« Des catégories de prix, il y en a autant que de lettres dans l'alphabet : jusqu'à vingt en économique et six en business. Sans compter la première classe. Tout l'art des experts d'Air France consiste à anticiper la demande en scrutant le rythme de remplissage des vols. Il s'agit d'allonger ou d'abréger la durée de vie de telle ou telle catégorie de prix.

«Lorsque la demande augmente fortement, nous limitons le nombre des places les moins chères, explique Nathalie Stubler, directrice du département revenue management chez Air France. Mais si la période se révèle plus creuse que prévu, les catégories à prix bas seront prolongées.»

Pour se guider, les services d'Air France se fient à l'historique des vols précédents et ils intègrent aussi certains événements (salons professionnels, compétitions sportives, enneigement des stations de ski) et, à plus court terme, la météo du week-end.


Licence CC G36


Pour «sentir» le marché, les spécialistes -dont les plus compétents peuvent être débauchés à prix d'or par la concurrence- gardent également un oeœil sur la politique commerciale des concurrents (promotions des compagnies à bas coûts mais aussi de la SNCF) et sur les sites de réservation par Internet. "

Sur Air France, le prix d'un aller-retour Paris-Madrid en classe économique peut donc aller de 50 à 450 euros, selon sa date de réservation.

Un seul conseil : prenez-y vous de bonne heure pour réserver - trois mois à la SNCF. Si votre billet était non échangeable et non remboursable et que vous ne pouvez pas l'utiliser au dernier moment,  essayez de le revendre sur des sites comme Kelbillet.com, Trocdestrains.com ou Zepass.com.

 

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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 17:47

 

LE MONDE | 22.01.2013 à 10h44 • Mis à jour le 22.01.2013 à 12h52 Par Jean-Baptiste Chastand


 
Entrée de la Cour des comptes à Paris en octobre 2010.

En matière d'assurance-chômage, la Cour des comptes dit tout haut ce que beaucoup craignent tout bas. Dans un rapport très critique sur l'efficacité des politiques de l'emploi, publié mardi 22 janvier, la Cour détaille la difficile équation que va devoir résoudre le régime d'indemnisation du chômage dans les prochains mois et les coupes auxquelles il va inévitablement falloir procéder. L'Unedic accumule en effet les déficits, aggravés par l'ampleur de l'explosion du chômage. L'organisme qui gère l'assurance-chômage devrait ainsi perdre 5 milliards d'euros en 2013, alors qu'il accumule déjà 13,7 milliards d'euros de dette fin 2012.

 

Lire aussi : L'assurance chômage prévoit 178 000 chômeurs en plus en 2013


"Une telle tendance apparaît insoutenable", résume Didier Migaud, le président de la Cour des comptes, en demandant aux partenaires sociaux, qui doivent négocier une nouvelle convention d'assurance-chômage en 2013, de prendre des mesures correctrices. Il ne fait pas de doute pour la Cour que ces mesures doivent d'abord concerner des économies sur l'indemnisation. "Si le régime a bien joué son rôle de maintien du revenu des demandeurs d'emploi, il voit désormais son efficacité se dégrader et son équité se fragiliser", estiment les rapporteurs.

 

DES SEUILS PARMI LES PLUS GÉNÉREUX D'EUROPE

Dans la ligne de mire de la Cour des comptes, les règles d'indemnisation, jugées particulièrement généreuses en comparaison avec les autres Etats européens. "La France figure parmi les pays d'Europe offrant l'un des accès les plus ouverts à l'indemnisation du chômage", précise ainsi le rapport.

Il suffit, par exemple, d'avoir travaillé quatre mois sur une période de référence pouvant aller jusqu'à vingt-huit mois pour pouvoir être indemnisé. Et la durée d'indemnisation peut aller jusqu'à deux ans pour un chômeur de moins de 50 ans. Des seuils parmi les plus généreux d'Europe.

 

Infographie "Le Monde"

 

Le système français "couvre les salariés les plus précaires, mais réserve aussi le plus haut niveau de protection aux salariés les mieux insérés dans l'emploi", estime la Cour, qui pointe justement dans son rapport l'inéquité de l'ensemble des politiques de l'emploi en France, souvent plus favorables aux personnes les plus proches de l'emploi au détriment des jeunes et des précaires qui ont nettement plus pâti de la crise.

Selon la juridiction, les indemnités chômage sont, de surcroît, insuffisamment dégressives. Ainsi, un salarié français qui touche le salaire moyen, soit environ 2 000 euros, bénéficiera d'un taux de remplacement, toutes prestations sociales confondues, de 66,4 % de son salaire, un niveau inférieur à celui d'un salarié gagnant 4 000 euros (68,3 %) ! Or, dans la plupart des autres pays européens, le taux de remplacement est plus faible pour les salaires les plus élevés. De plus, en France, l'indemnité maximum peut aller jusqu'à 6 161,29 euros par mois, un record absolu en Europe, ce qui "pose question en terme d'équité".

Sans parler du régime des intermittents du spectacle, "sans équivalent à l'étranger", qui creuse le déficit de l'assurance-chômage d'un milliard chaque année. Ou de celui des travailleurs intérimaires (1,7 milliard d'euros de déficit en 2011) et dont les règles favorisent, selon le rapport, le dualisme du marché du travail entre CDI et précaires. La Cour demande des réformes d'urgence de ces deux régimes spécifiques et l'instauration de cotisations plus élevées pour les contrats précaires – une évolution prévue dans l'accord sur l'emploi conclu le 11 janvier, que la Cour n'a pas été en mesure d'évaluer.

Pour ne rien arranger, Pôle emploi, absorbé dans sa fusion, a été inefficace pour favoriser le retour à l'emploi, et donc faire baisser les indemnités à verser. "La crise est intervenue sans qu'une réflexion suffisante ait pu être entreprise sur les moyens propres à accélérer la vitesse de reclassement des demandeurs d'emploi", résume diplomatiquement la Cour en notant toutefois que l'organisme prévoit désormais de concentrer ses efforts sur l'accompagnement des chômeurs qui en ont le plus besoin.

 

PRÉVOIR UN SYSTÈME SIMPLIFIÉ

Le constat de la Cour est d'autant plus sévère qu'en parallèle elle estime que l'assurance-chômage n'a pas forcément bien réagi face à la crise. La part des chômeurs indemnisés est ainsi passée de 48,5 %, en 2009, à 44,8 % en 2011, même si le chiffre est contesté par l'Unedic dans sa réponse, qui s'appuie sur une autre définition. Le développement de l'activité réduite des chômeurs a pu également être favorisé par la possibilité de cumuler l'indemnité chômage avec un salaire, estime la Cour.

 

Lire aussi : Un tiers des chômeurs exercent une activité à temps réduit


Enfin, le système de minima sociaux (le RSA, revenu de solidarité active, et l'ASS, allocation spécifique de solidarité) est mal articulé avec l'assurance-chômage et trop complexe pour les chômeurs. "Ce système peut conduire à des ruptures de prise en charge des demandeurs d'emploi", relève le rapport, en notant que plus de 600 000 demandeurs d'emploi ne touchaient ni assurance-chômage ni minima sociaux en 2010.

La Cour se demande s'il ne serait pas possible de prévoir un système simplifié avec "un socle constitué de la prestation de solidarité auquel viendrait s'ajouter (...), pour une durée variable, une prestation d'assurance", versée par l'Unedic.

Une idée "séduisante en première analyse", estime le ministre du travail et de l'emploi, Michel Sapin, dans la réponse qu'il a adressée à la Cour. L'Unedic, jalouse de son indépendance, est nettement plus réservée, parlant de "dispositifs aux logiques différentes".

Jean-Baptiste Chastand

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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 17:28

 

Libération
21 janvier 2013 à 18:59 (Mis à jour: 22 janvier 2013 à 12:35)


Le centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne, en février 2012.
Le centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne, en février 2012. (Joël Saget. AFP)

Info Libé 36 800 étrangers en situation irrégulière ont été reconduits à la frontière l'an dernier, une hausse de 11,9% en 2012 par rapport à 2011. L'essentiel de l'augmentation s'est concentré sur le premier semestre.

Par FABRICE TASSEL

Les débuts d'années sont propices aux bilans chiffrés. Libération peut affirmer que 36 800 étrangers en situation irrégulière ont été expulsés en 2012, soit une hausse de 11,9% par rapport en 2011 (32 900). A titre de comparaison, le nombre d'expulsions était de 24 000 en 2006 et avait atteint 28 000 en 2010.

Le chiffre 2012 confirme les tendance pressenties à la fin de l'année dernière par le ministère de l'Intérieur, qui indiquait que le nombre des expulsions risquait d'être légèrement supérieur à celui de la dernière année où la droite était au pouvoir. A l'automne, devant la commission des finances de l'Assemblée nationale, Manuel Valls avait expliqué que sa politique «ne se traduira pas par des évolutions sensibles en termes de chiffres, s'agissant tant des régularisations que des reconduites à la frontière».

Le décompte dans le détail permet de nuancer le bilan des six mois qui ont suivi l'arrivée de Manuel Valls place Beauvau. En effet, l'augmentation de 2012 s'est concentrée sur les six premiers mois précédant l'élection de François Hollande. Ce premier semestre suivait la tendance de la fin 2011, marquée par un rythme d'expulsions très élevé, s'expliquant par l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy et sa volonté de séduire la frange dure de son électorat et de mordre sur les terres lepénistes. La loi sur l'immigration de mai 2011 avait permis aux préfets de mettre en musique cette volonté politique et de passer outre les freins souvent posés par les magistrats.

Une baisse au second semestre plus juridique que politique

Pendant le second semestre de 2012, le nombre d'expulsions a baissé mois après mois. Mais l'explication est plus juridique que politique. Même si la place Beauvau affiche toujours pour 2013 la ligne de «fermeté» édictée depuis le changement de majorité, même si officiellement les consignes chiffrées données aux préfets ont disparu. Si les expulsions ont diminué à partir de la mi-2012, c'est surtout en raison de l'application en droit français de la décision prise de la Cour de justice européenne de mettre un terme à la garde à vue des sans-papiers. La décision date de juillet dernier, mais avant son entrée en vigueur un certain nombre de procureurs et de juges des libertés et de la détention l'avaient anticipée dans la pratique, limitant le nombre de placements en garde à vue et, mécaniquement, celui des reconduites à la frontière. Depuis le 1er janvier est entré en vigueur le régime de la retenue des sans-papiers, qui limite à seize heures leur placement dans des locaux de police afin de vérifier leur identité.

Parmi les 36 800 expulsions de 2012, on note aussi une augmentation de 10% des retours aidés. Ceux-ci ont concerné en grande majorité des Roms roumains et bulgares. Ce dispositif, très critiqué en raison de son coût -y compris par les associations qui s'occupent des Roms- a été drastiquement limité par un arrêté pris samedi dernier. Parmi les dispositifs visés figure l’aide au retour humanitaire (ARH) : créée en 2006  pour les Européens en situation de détresse, elle a concerné plus de 10 600 personnes en 2011, en grande majorité des Roms. Selon cet arrêté, les aides seront désormais versées à des personnes d'un projet facilitant leur intégration dans leur pays d'origine. Jusqu'ici de trop nombreux demandeurs «encaissaient» l'aide avant de revenir quelques mois plus tard en France.

 

 

                                                                                    ***********************

 

36 822 sans-papiers expulsés en 2012, un record
Le Monde.fr avec AFP | 22.01.2013 à 17h43 • Mis à jour le 22.01.2013 à 18h02
 
 
Manuel Valls, le 12 janvier à l'Elysée.

La France a expulsé 36 822 étrangers en situation irrégulière en 2012, un record, a-t-on appris mardi auprès de l'entourage du ministre de l'intérieur, Manuel Valls, confirmant une information de Libération.fr "36 822 sans-papiers ont été expulsés en 2012 contre 32 912 en 2011, soit une hausse de 11,9 %", a déclaré cette source, expliquant que les deux premiers mois de l'année "furent sans précédent".

Ce record historique est toutefois inférieur à l'objectif visé par le précédent ministre de l'intérieur, Claude Guéant, qui avait tablé sur 40 000 expulsions si Nicolas Sarkozy avait été réélu à l'Elysée. "Nous sommes en route vers 40 000 reconduites d'étrangers en situation irrégulière", avait déclaré M. Guéant entre les deux tours de la présidentielle.

L'entourage de M. Valls explique la hausse de 2012 par le fait que les juges ont prononcé davantage de reconduites à la frontière, en anticipant une décision de la Cour de cassation rendue en juillet qui stipulait que le séjour irrégulier d'un étranger ne peut plus suffire à son placement en garde à vue. Le ministère ne fixe pas d'objectif pour 2013, a-t-on indiqué de même source.

Selon Libération, l'augmentation en 2012 "s'est concentrée sur les six premiers mois précédant l'élection de François Hollande". "Pendant le second semestre de 2012, le nombre d'expulsions a baissé mois après mois", ajoute-t-il.

 

 

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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 18:40

 

Et le vainqueur du concours des meilleurs placements financiers 2012 est… la dette souveraine de la République hellénique ! La banque d’affaires Exotix, spécialisée sur les « actifs non liquides », y voit « l’un des rallies les plus ahurissants dans l’histoire des bons d’État » (rallie : soit une reprise, au sens boursier du terme - ndlr). Entre le plus bas de juin de 2012, quand le « papier » grec valait en moyenne 12 centimes pour un euro « au pair » et le cours récent de 43, la hausse s’affiche à 274 %. En à peine plus de six mois. Qui dit mieux ?

Les marchés donneraient-ils raison à François Hollande qui affirme que le « pire de la crise de la zone euro est derrière nous ? ». Pas si simple, selon Exotix, qui estime d’ailleurs que la hausse a été bien trop loin, bien trop vite, et recommande à ses clients, amateurs de sensations fortes à coup sûr, de vendre la dette grecque. Cette flambée, écrit l’analyste Gabriel Sterne, « s’est appuyée principalement sur des données fondamentales, mais pas des données économiques fondamentales ; la probabilité d’une sortie (de la Grèce) de l’euro s’est réduite fortement, en dépit de perspectives plus dégradées pour la production et l’emploi en Grèce ». En fait, « les négociations marathons de novembre avec la Troïka (UE-BCE-FMI) ont donné à la Grèce de meilleures chances de parvenir à une situation d’endettement gérable en 2020… si le pays reste entier jusque-là », poursuit-il, en précisant qu’il réduit le risque d’un « Grexit » de 40 % à 33,3 %.

En fait, « le rallie est le résultat de politiques de crise dans la zone euro tellement mauvaises qu’elles ont marché, bien que ce soit de manière perverse », explique-t-il. En résumé, en refusant d’assumer formellement leur part des dettes pesant sur les pays du Sud de la zone, l’Allemagne et ses alliés du Nord ont provoqué une accélération de la fuite des capitaux de la périphérie vers le centre. « Résultat, ce sont les engagements informels qui ont augmenté », comme reflété dans les comptes du système européen de compensation Target 2 et les injections contraintes de liquidité dans les banques chancelantes par la Banque centrale européenne. Et ce sont ces dettes informelles, menaçant l’Allemagne de très lourdes pertes en cas de disparition de la monnaie unique, qui ont conduit la chancelière Angela Merkel à opérer un virage sur l’aile pour décréter que la Grèce et tout ce que la zone euro comptait de canards plus ou moins boiteux faisaient bien partie de la famille. D’où, très certainement, ses déplacements éclairs à Athènes et Lisbonne, où elle n’avait pas trouvé le temps de se rendre en cinq années de crise.

 

« Trop tôt pour crier victoire »

Autre caricature du traitement de la crise, l’opération de rachat d’une partie de sa propre dette par la Grèce. Une opération de bonneteau dans laquelle « la dette a changé de mains entre les deux bras du même gouvernement (le gouvernement central et les banques nationalisées ou en passe de l’être) et a pu être effacée parce qu’un des bras du gouvernement (les banques) évalue à la valeur de marché et l’autre non », rappelle Exotix.

Ces manipulations comptables n’apportent pas de réponse sur le fond aux trois questions posées par le maintien de la Grèce à moyen et long terme au sein de la zone euro : l’économie grecque a-t-elle touché le fond, le système bancaire y est-il capable d’apporter sa contribution indispensable à un rebond économique, le système politique et social du pays peut-il tenir encore longtemps ? Réponses : peut-être, non, peut-être.

L’environnement européen de la Grèce demeure globalement défavorable alors que son sort est intimement lié à ce qui se passera dans les autres pays de la périphérie de la zone euro. Des signes encourageants viennent d’Irlande et du Portugal, deux pays sous assistance financière qui doivent en principe retrouver un accès direct aux marchés financiers fin 2013 ou début 2014. Mais ils sont fragiles. « Il doit y avoir un plancher à toute récession, même en Grèce », écrit l’analyste, faute de mieux. Les banques grecques ont retrouvé l’accès aux guichets de la BCE, qui accepte de nouveau les titres de la dette publique en garantie collatérale mais leurs capacités à prêter restent sévèrement limitées par des contraintes de solvabilité (fonds propres insuffisants) et de liquidité. Même si l’exode des déposants semble stoppé. Enfin, gouverne à Athènes une coalition fragile dont une des composantes, le PASOK, est en voie de désintégration et dont le ciment principal est la crainte d’une sortie de la zone euro.

À noter que lors de sa première conférence de presse de l’année 2013, le président de la BCE, Mario Draghi, s’est refusé à évoquer un quelconque scénario de « sortie de crise » pour la zone euro. La détente sur les marchés de la dette publique est indéniable, pour tous les risques et sur toutes les échéances. Un autre signe de baisse des tensions est le commencement de dégonflement du bilan de la banque centrale, qui avait plus que triplé depuis le début de la crise. Les investisseurs ont décidé de croire à l’engagement de la BCE d’acheter cette dette, si nécessaire et sous conditions. Mais le test de la matérialisation de ces OMT (Outright Monetary Transactions) est à venir. « Il est trop tôt pour crier victoire », a estimé le patron de la banque centrale.

Fin d'année 2013 à haut risque en Grèce

Les économistes de banque (sérieux) ne sont pas tenus à la réserve des banquiers centraux ni à l’optimisme de commande de certains politiques (surtout en France parce que le ton est bien différent en Allemagne). C’est pourquoi ils travaillent sur des scénarios alternatifs entre lesquels les investisseurs doivent choisir, à leurs risques et péril.

Pour la Grèce, écrit l’analyste, « à notre avis, la période à haut risque interviendra au dernier trimestre de cette année, avec la confluence de plusieurs éléments : le budget (2014), les élections en Allemagne, de possibles demandes pour une nouvelle restructuration de la dette officielle (détenue par les entités publiques comme la BCE) si l’économie continue à décevoir, et les effets cumulatifs d’une autre année marquée par le gel du crédit bancaire et où le chômage des jeunes franchit la barre des 60 % ». Ce qui sonnerait le glas de la coalition autour de Nouvelle-Démocratie. « En résumé, nous évaluons à 50 % les chances d’un gouvernement de Syriza au début de 2014. Et nous évaluons à 60 % la possibilité d’une sortie (de la zone euro) sous un gouvernement Syriza (en partie parce que son arrivée au pouvoir suppose une situation économique encore plus désespérée) et il y a une petite probabilité d’une “sortie accidentelle” sous un gouvernement dirigé par Nouvelle-Démocratie. Ce qui donne une probabilité moyenne de 33,3 %. »

Le scénario optimiste verrait un retour de la croissance en Grèce à partir des petites radicules qui tentent de sortir de terre (déclin des « pessimistes » sur l’avenir économique du pays de 80 à 71 % des personnes interrogées en octobre, meilleures perspectives touristiques). Il dépend essentiellement d’un climat amélioré dans le reste de la périphérie de la zone euro qui aurait un effet contagieux positif pour la Grèce (retour du crédit bancaire notamment). Le nettoyage du bilan des banques grecques progresse et la fragmentation politique régresse, prolongeant l’horizon du gouvernement actuel. Ce qui fait beaucoup de « si ».

Le scénario « central » serait conforme à ce qu’a été la gestion de la crise jusqu’à présent par les institutions européennes, à l’exception notable de la BCE qui a fait l’essentiel du travail de pompier mais n’est pas chargée de reconstruire la maison. On repousse les problèmes comme la poussière sous le tapis, en évitant les choix douloureux. L’économie européenne claudique dans la stagnation, la Grèce reste sous la menace d’une sortie de la zone euro mais cette perspective même tétanise les dirigeants européens. Les taux d’intérêts ne baissent pas, le « credit crunch » perdure sans pourtant que l’incertitude politique à Athènes conduise à trancher la question du « Grexit ».

 

Qui paierait le plus cher un « Grexit » ?

Le troisième scénario, « catastrophe » si l’on en croit le consensus mou européen, est l’abandon de la monnaie unique par la Grèce. Même si l’analyste accorde une probabilité égale aux trois scénarios, ce qui les distingue, c’est l’impact sur la dette grecque. C’est évidemment ce qui intéresse avant tout les détenteurs ou acheteurs potentiels de ces titres. La valorisation est bien sûr très différente selon le cours des événements. Elle varie de 64,9 (par rapport au pair de 100) dans le scénario optimiste à seulement 14 en cas de « Grexit », le scénario central maintenant à peu près le cours actuel (40,3 contre 43,4). On comprend bien l’intérêt des détenteurs officiels de la dette grecque. Une sortie de la zone euro, en acceptant le postulat discutable que le niveau « supportable » d’endettement du pays serait de 140 % du PIB, l’objectif non avoué de « l’aide » actuelle au pays, conduirait à un « haircut » (abandon de créances) de 68 % pour les créanciers d’Athènes, secteur public européen et secteur privé, soit l’effacement de quelque 200 milliards d’euros supplémentaires, l'équivalent du PIB de la Grèce calculé en euro.

 

Trois scénarios pour la dette grecque  
Trois scénarios pour la dette grecque © Exotix

 

Mais quid de l’économie et surtout de la situation sociale du peuple grec ? En prenant comme hypothèse, comme le fait Exotix, une dévaluation de 40 % de la monnaie hellène après le divorce de l’euro, le PIB nominal de la Grèce serait ramené à 133 milliards d’euros. Ceci venant après une contraction de près d’un quart depuis 2007. Mais, estime Exotix, « nous serions relativement optimistes quant à une reprise robuste après une phase initiale de profonde dislocation ».

Avec une monnaie aussi fortement dépréciée et compte tenu de la substantielle « dévaluation sociale » imposée depuis quatre ans, l’économie grecque serait formidablement compétitive. Et aussi, pour moralement déplaisante que soit cette perspective, parce que l’exode massif des capitaux, étrangers mais aussi grecs, enregistré sur la même période se transformerait en puissant ressac, afin de profiter des opportunités offertes par la dévaluation. Tourisme, investissements, privatisations : la Grèce assoiffée serait inondée de liquidités. Immoral ? Absolument. Mais pas plus que le traitement infligé à la population grecque par des élites politiques qui ont pris soin de se protéger. Et qui a toutes les chances de se prolonger encore plusieurs années. Ou que la facture que les gouvernements européens ne veulent surtout pas présenter ouvertement à leurs contribuables.

 

La ruée vers l'or des banques centrales

Ce qui, dès l’origine, explique le déni puis la tétanisation des élites européennes face au problème grec, c’est que la Grèce n’est pas une aberration. Seulement la déclinaison extrême d’un état quasi général. La vraie différence, comme argumenté déjà ici-même, tient plutôt à la nature de l’État grec, qui est en Europe mais pas de l’Europe. Car c’est le monde entier qui est submergé dans un océan de dettes, publiques, privées et bancaires. Le stock global était estimé fin 2011 par Hayman Capital Management à plus de 200 trillions de dollars (deux cent mille millions), pour un PIB planétaire de 70 trillions. Surtout, ce stock a doublé depuis 2003, en moins de dix ans.

 

Un océan de dette 
Un océan de dette© Themes

 

L’autre constat, c’est que le débouclage de cet énorme effet de levier (deleveraging) est un processus long, complexe et douloureux. Même chez les exemplaires Scandinaves, qui ont géré au mieux les turbulences financières du début des années 1990, il aura fallu une décennie pour que la croissance du crédit retrouve le rythme antérieur à la crise. « Dans le contexte d’une crise budgétaire majeure, il y a des chances pour que cela demande encore plus de temps », explique l’économiste Kenneth Courtis, fondateur de Themes Investment Management (qui a produit ces graphiques).

 

La longue convalescence du crédit  
La longue convalescence du crédit © Themes

 

Comme pour la Grèce, il est évident qu’une partie substantielle du stock global de dettes devra être annulé, par défaut négocié ou imposé, inflation ou rééchelonnement sur un horizon de temps indéfini (dette perpétuelle). C’est bien le message que font passer certaines banques centrales (pas toutefois celles des pays avancés adeptes de la planche à billets) en achetant en 2012 un montant net de 536 tonnes d’or, un record depuis 1964. Quand le papier n’est plus que du…papier.

 

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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 17:36

 

Nouvel Observateur - Créé le 17-01-2013 à 12h27 - Mis à jour le 20-01-2013 à 15h24

Pour la première fois en France, une grande école de management ose analyser les rémunérations des PDG de grandes entreprises.

 

 

L'enquête a passé 132 entreprises au crible. (DPA / MaxPPP)

L'enquête a passé 132 entreprises au crible. (DPA / MaxPPP)

"Quatre patrons français distingués parmi les 100 meilleurs PDG mondiaux", a récemment titré notre confrère "Le Monde". Un titre qui soulève une vaste question : qu’entend-on par "meilleur PDG" ? Celui qui a prouvé une judicieuse vision stratégique sur le long terme ? Qui innove ? Qui crée de l’emploi ? Celui dont l’entreprise a pris la plus grande valeur en bourse ? Ce dernier critère, très quantitatif, est celui du classement cité par Le Monde : il a été établi par l’Insead, une grande business school internationale, à partir des performances financières des entreprises sur plusieurs années. Les 100 meilleurs patrons ont accru la valeur de leurs entreprises de 40 milliards de dollars, les 100 moins bons ont fait baisser cette valeur de 14 milliards.

 132 entreprises passées au crible

Cette façon d’évaluer la performance des dirigeants incite à penser que leurs salaires, souvent exorbitants pour cause de primes sur résultats, sont indexés sur leurs performances. Sauf que cela restait à prouver. A ce jour, aucune grande école française de management n’avait osé publier un travail de recherche sur cette question. C’est désormais chose faite avec les trois études qu’ont publié deux chercheurs de  l’Ecole de Management de StrasbourgGéraldine Broye et Yves Moulin. Après avoir épluché manuellement les rapports annuels de 132 entreprises françaises cotées en bourse au SBF 120, ils ont publié trois papiers de recherche consacrés aux rémunérations des administrateurs, des présidents non exécutifs, et des P-DG (ou Chief Executive Officers - CEO -en anglais), ce dernier papier ayant été publié dans la revue de recherche Finance Contrôle Stratégie. 

Ces travaux aboutissent à trois conclusions qui interpellent :

1 - Il n’existe pas de corrélation entre la rémunération des P-DG et les performances financières de leurs entreprises. 

2 - Le fait qu’une entreprise crée en interne un Comité des Rémunérations a plutôt pour effet de faire monter le salaire des dirigeants.

3 - La présence d’administrateurs indépendants au CA de l’entreprise ne garantit aucunement une modération du salaire du P-DG.

Géraldine Broye, spécialiste de la gouvernance des entreprises et professeur des universités à l’EM de Strasbourg, reconnaît : 

Ce sujet était jusqu’ici plutôt tabou en France, alors qu’il fait l’objet de nombreux travaux dans les pays anglo-saxons". 

L'étude de ces deux chercheurs montre que la mise en place de nouveaux mécanismes de gouvernance et de contrôle (notamment la Loi Breton de 2005 imposant plus de transparence dans les rémunérations) n'ont pas eu d'effet modérateurs sur les politiques de rémunérations des dirigeants. Ils montrent notamment que :  

Les P-DG français bénéficient de salaires moyens parmi les plus importants d'Europe, devant la Belgique, les Pays Bas, la Suède, mais derrière le Royaume Uni ou l'Allemagne. Les parts variables ne sont pas les plus fortes d'Europe, mais elles se sont fortement accrues".
L'audace d'une grande école universitaire

L’Ecole de Management de Strasbourg résulte de récente la fusion d’une grande école de commerce – l’IECS – et de l’IAE de Strasbourg. A ce titre, c’est la seule école de management française dépendant de l’université selon le modèle de beaucoup de grandes business schools anglo-saxonnes. Elle ne dépend donc pas des entreprises, contrairement aux grandes écoles comme HEC, l’ESSEC, l’ESCP et beaucoup d’ESC qui sont administrées et/ou financées par des Chambres de Commerce. Voilà sans doute ce qui explique que l’EM de Strasbourg a pu faire preuve avec ces travaux sensibles d’une audace que n’ont pas eu d’autres écoles.

 Le cas Sciences Po

De façon assez saisissante cette analyse semble s’appliquer à la lettre à l’affaire de la rémunération de Richard Descoings, le directeur décédé de Science Po. Le président de cette école, le financier Michel Pébereau, avait créé en interne un comité des rémunérations, création qui semble avoir eu pour effet de doubler la rétribution du directeur via des primes sans que les administrateurs soient vraiment au courant.  Un contre exemple de gouvernance transparente en milieu universitaire. 

 

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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 15:38

 

 

Le Monde.fr | 18.01.2013 à 15h49 • Mis à jour le 18.01.2013 à 16h31 Par Samuel Laurent et Jonathan Parienté


 
Les forces armées françaises mènent des raids dans le nord du Mali pour empêcher une offensive islamiste vers le sud du pays.

Combien coûtent à la France les guerres auxquelles elle participe ? Pour l'opération Serval, engagée il y a une semaine au Mali, il est trop tôt pour le dire, dans la mesure où l'on ne connaît pas avec précision tous les moyens qui seront mis en œuvre, ni, évidemment, le temps que resteront les forces françaises dans le pays.

A ce jour, les soldats français sont engagés sur une dizaine de théâtres d'opérations : Kosovo, Bosnie, Tchad, Centrafrique, Côte d'Ivoire, Libye, océan Indien, Liban, Afghanistan, Haïti et, désormais, Mali.

 

 

 

Selon le ministère, ces opérations engageaient, avant l'intervention au Mali, 4 750 militaires (sur 30 000 hommes "projetables" pour des opérations militaires).

 

Ces opérations ont un coût non négligeable. En moyenne, depuis 2000, la France dépense un milliard d'euros par an dans ces opérations extérieures, hors budget de la défense. Ce coût varie fortement suivant les années. Il est la somme de deux lignes budgétaires : d'une part, ce que la loi de finances initiale (LFI) prévoit en début d'année pour les missions en cours ou anticipées, et d'autre part, le "surcoût" engendré par les opérations non prévues au budget. Il était par exemple impossible au législateur de prévoir, fin 2010, au moment du vote de la loi de finances, le coût de la guerre en Libye, qui a commencé en mars 2011.

Le graphique ci-dessous montre l'évolution de ce budget "Opex" depuis 2000 :

 

On le voit, le coût total n'a eu de cesse d'augmenter, avec un pic en 2011, année où la France est intervenue à la fois en Côte d'Ivoire et en Libye, pour redescendre ensuite. L'année 2013 ne prend pour le moment en compte que le budget "opex" prévu dans la LFI.

Difficile de prévoir le surcoût qu'entraînera l'intervention au Mali. A titre de comparaison, l'action française en Libye a coûté 368,5 millions d'euros en 2011, pour environ sept mois d'action, avec beaucoup d'avions engagés, mais très peu d'hommes déployés sur le terrain. Interrogé par L'Expansion, le député UMP Guy Teissier, président de la commission de la défense jusqu'en 2012, explique : "L'opération Harmattan [en Libye] a été très coûteuse, elle était exceptionnelle de par son ampleur : 4 000 hommes plus 31 avions de l'aéronavale et de l'armée de l'air ont été impliqués. Ce qui est certain, c'est que l'opération Serval au Mali sera longue et coûteuse". 

L'armée française a pour le moment déployé 1 400 hommes au Mali, sur un total qui devrait atteindre, à terme, 2 500 soldats. Plusieurs dizaines de blindés légers – des chars Sagaie – et des véhicules de transport de troupes ont été acheminés. Dans les airs, quatre Rafale, six Mirage 200D, cinq avions ravitailleurs et deux Mirage F1 CR de reconnaissance ainsi que des hélicoptères de combat Tigre et Gazelle participeront à cette "guerre contre le terrorisme".

Selon les données d'un rapport parlementaire (PDF) de 2011 sur le budget de la défense rédigé par le député Jean Launay, une heure de vol d'un Mirage F1 coûte 10 000 euros, et ce montant grimpe à près de 27 000 euros pour un Rafale. Mais il faut bien garder à l'esprit que ce coût par heure de vol n'est pas un coût net pour le budget de l'armée. Guerre ou non, les engins aériens volent régulièrement, ne serait-ce que pour l'entraînement des pilotes.

Samuel Laurent et Jonathan Parienté

 

 

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