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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 20:37

 

 

Rue89 - Pierre Polard
Membre du Conseil National du Parti Socialiste - Motion 4
Publié le 28/01/2013 à 14h58

 

 

Alors que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a présenté en début de semaine son « plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale », deux informations ont retenu mon attention :

  • la première concerne un riche avocat américain, Tony Tolbert, qui a prêté pour un an sa maison à une famille de sans-abris ;
  • la seconde (JT de France 3, le reportage commence au bout de vingt minutes) nous apprend qu’un entrepreneur lyonnais, Alain Sitbon, a investi deux millions d’euros de ses deniers personnels pour construire des villages préfabriqués pour les plus démunis.

« Vous voulez les pauvres secourus... »

Que l’on ne se méprenne pas sur mon propos, je n’ai pas l’intention de critiquer ces deux initiatives. Je trouve cela formidable que des « riches » se préoccupent de la situation des plus pauvres… et surtout agissent !

Les deux millions d’euros d’Alain Sitbon sont mieux employés de cette façon que s’il avait investi dans un complexe hôtelier de luxe aux Seychelles, ou parié sur des produits dérivés sur les denrées alimentaires ! Mais combien faudrait-il de Tony Tolbert aux Etats-Unis et d’Alain Sitbon en France pour aider tous ceux qui en ont besoin ? Comment assurer que leurs initiatives individuelles ne sont pas redondantes ? Sur quels critères choisir les bénéficiaires de ces aides ? Même si elle traduit la prise de conscience de la gravité du problème de la pauvreté, cette nouvelle forme de charité ne peut le résoudre.

« Vous voulez les pauvres secourus, moi je veux la misère supprimée », écrivait Victor Hugo dans « Quatrevingt-Treize ». Là réside toute la différence entre la juxtaposition d’actions individuelles, si louables soient-elles, et l’action publique qui seule peut prendre en compte toutes les dimensions de la question.

Un plan qui va dans le bon sens

La première de ces dimensions est la façon dont sont perçus les pauvres. Le plan présenté par le gouvernement est très clair :

« C’en est fini de la dénonciation de la paresse ou de la malhonnêteté des ménages modestes. Les personnes en situation de pauvreté ou de précarité veulent s’en sortir, le sens des politiques sociales est de les y aider. »

On est loin des propos outranciers de Laurent Wauquiez, stigmatisant le « cancer de la société française » que constituaient à ses yeux « dérives de l’assistanat ». Certes, la fraude sociale existe, mais elle est sans commune mesure avec la fraude fiscale qui coûterait entre 60 et 80 milliards d’euros par an à l’Etat.

Il convient aussi de prendre en compte la nature et la dimension du problème de la pauvreté. Le plan est très clair à ce sujet :

« Face à l’ampleur et à la diversité des situations de pauvreté, on ne peut plus continuer à considérer les pauvres et les précaires comme une minorité marginale, peu ou prou responsable de sa situation. »

Selon la définition habituellement retenue (seuil de pauvreté à 60% du revenu médian), il y avait en France 8,6 millions de pauvres en 2010, soit 14,1% de la population française. Depuis 2008, plus de 780 000 hommes et femmes sont venus grossir leurs rangs.

Devant un phénomène aussi massif, comment peut-on imaginer qu’il puisse être le résultat de (mauvais) choix individuels ? Comment ne pas voir les tristes résultats de la crise, voire d’un système économique de plus en plus inégalitaire ?

On peut aller plus loin

Une fois ces principes posés, il faut agir en combinant mesures d’urgences et mesures de fond. La première des mesures d’urgence consiste à revaloriser le RSA socle, aujourd’hui de 475 euros par mois pour une personne seule. Le plan du gouvernement prévoit un rattrapage de 10%... d’ici 2017. Pourquoi ne pas faire ce rattrapage dès maintenant ?

Impossible en période de disette budgétaire, me répondront les gens « responsables » ! Au fait, combien cela coûterait-il ? 10% de 475 euros, cela fait 47,5 euros soit 570 euros par an. Appliqué aux 1,4 million de bénéficiaires, cela donne environ 800 millions d’euros. Finalement, ce n’est pas si énorme, comparé par exemple aux 20 milliards du pacte de compétitivité. Mais les minima sociaux français sont déjà les plus généreux d’Europe !

Pas si évident que cela, car selon une étude de la Drees de 2006 [PDF], la France était moins généreuse que ses principaux voisins européens. Et cela n’a pas dû s’améliorer car, alors qu’en 1988 le RMI représentait 50% du smic, le RSA socle n’en représente plus que 42% en 2012.

Voir la « misère supprimée »

Si la revalorisation des minima sociaux est nécessaire, elle ne saurait être suffisante. Il est nécessaire de renforcer les filets de sécurité, mais si l’on veut voir la « misère supprimée », il faut agir sur ses causes profondes.

La première de ces causes est bien sûr le chômage. Un emploi à temps plein au smic « suffit » à sortir de la pauvreté. Existe-t-il des solutions miracles pour créer des millions d’emplois en période de croissance faible ? Non, mais il serait intéressant d’explorer certaines pistes aujourd’hui balayées d’un revers de main. La réduction du temps de travail en fait partie. Comme le rappelle le mensuel Alternatives Economiques :

« Si on abaissait le temps de travail des Français au niveau de celui des Néerlandais, on pourrait espérer créer 15% de postes supplémentaires, soit quelque 3,4 millions d’emplois. »

Mais lutter contre la pauvreté, c’est aussi faire en sorte qu’elle ne se transmette pas au sein de la famille. Les enfants pauvres ont quatre fois plus de chance de connaître l’échec scolaire que les autres, et donc une plus grande probabilité d’entrer dans la spirale infernale de la pauvreté. Le système éducatif a donc un rôle important à jouer dans la lutte contre la pauvreté.

Pour cela, il convient de mettre l’accent sur l’école maternelle et élémentaire où se décident pour le plus grand nombre l’échec ou la réussite du parcours scolaire. On ne peut que se féliciter que l’école élémentaire fasse partie des sept grands axes du projet de refondation de l’école présenté par le ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon. C’est une contribution importante à la lutte contre la pauvreté, qu’il faudrait compléter par un plan visant à rattraper le retard en matière de places d’accueil dans des structures collectives [PDF] pour les enfants de moins de 3 ans.

Transformer la société

Entre 1998 et 2008, le revenu global des ménages après impôts et prestations sociales s’est accru de 260 milliards d’euros. Les 10% les plus riches ont capté 31,7% de ce montant, les 10% les plus pauvres devant se contenter de 2,8%...soit 11 fois moins !

Logiquement, les 10% les plus riches sont les seuls à avoir vus leur part de la richesse nationale augmenter sur cette période. Et la tendance est la même en 2009 et 2010… Est-ce vraiment bon signe pour la lutte contre la pauvreté, et plus globalement pour la justice sociale ? N’est-il pas temps de remettre les « pendules à l’heure » avec une grande réforme fiscale qui corrige ces dysfonctionnements manifestes ?

La pauvreté touche aujourd’hui une personne sur sept. Elle fait en quelque sorte partie de notre société. On ne pourra pas lutter contre elle par des mesures isolées. Le plan du gouvernement va dans le bon sens en refusant de stigmatiser les pauvres et en s’attaquant à la pauvreté en tant que problème global. Mais la victoire contre ce fléau nécessite une transformation de fond de notre société qui ne pourra avoir lieu qu’en mettant en place des politiques novatrices dans de nombreux domaines : emploi, fiscalité, logement, éducation…

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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 20:31

 

 

Rue89 -Pataques 28/01/2013 à 07h05

  Zineb Dryef | Journaliste Rue89

 

 

Est-ce l’AFP qui est malintentionnée ou le ministre du Travail qui a laissé s’échapper une belle bourde ?

Ce dimanche, sur Radio J, Michel Sapin a parlé de la France en utilisant cette expression de façon tout à fait audible, « un Etat totalement en faillite ! »

Cette phrase, après voir fait l’objet d’une dépêche de l’AFP, a été démentie par le ministre. Que s’est-il donc passé ?

« Urgence sociale et urgence économique »

Le ministre du Travail en prononçant cette phrase répondait à cette question :

« Est-ce qu’il y a le feu aujourd’hui ou pas ? Vous vous souvenez de ce qu’avait dit François Fillon en 2007, “je suis à la tête d’un Etat en faillite” ?

Est-ce que vous dites aujourd’hui la même chose ? Est-ce que vous dites comme Michel Rocard qu’il y a le feu [dans une interview accordée au JDD en ce week-end alarmiste, ndlr] ? »

L’AFP a retranscrit :

« Mais, c’est un Etat totalement en faillite. »

Sa réponse exacte était la suivante :

« Dans tous les cas, il a laissé un Etat totalement en faillite. »

Il a continué :

« C’est la raison pour laquelle il a fallu mettre en place des programmes de réduction des déficits. Et aucune sirène ne doit nous détourner de cet objectif de la diminution des déficits !

C’est fondamental pour le financement de notre économie, le financement de nos entreprises et la création d’emplois.

Nous sommes à la fois dans l’urgence sociale et dans l’urgence économique. »

Justifier la rigueur (comme Fillon) ?

Si selon des proches du ministre, celui-ci se défend de reprendre l’expression de François Fillon et jure ne pas l’avoir utilisée pour décrire la situation actuelle, mais « pour ironiser sur la formule de 2007 de l’ancien Premier ministre UMP », il n’y a pas grande différence : si la droite a laissé un Etat totalement en faillite, la gauche le récupère totalement en faillite – même si les intentions ne sont pas forcément les mêmes.

En 2007, en déplacement en Corse, le Premier ministre, dont on sait aujourd’hui qu’il avait un peu forcé sur le rosé, avait lâché devant les caméras être « à la tête d’un Etat en faillite », suscitant les critiques de l’opposition et de de Nicolas Sarkozy, surpris d’un tel aveu d’impuissance. Le Président, lui, a toujours refusé d’employer ce terme.

 

 

François Fillon à la tête d’un Etat en faillite

A la fin 2011, François Fillon avait confirmé sa petite phrase de 2007 en affirmant « le mot faillite n’est plus abstrait » et en reconduisant sa politique d’austérité (« les Français doivent se serrer la ceinture »).

 

 

 

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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 20:12

 

La bouteille la plus chère, un vosne-romanée Cros Parantoux, premier cru de 1999, a été adjugée 4 800 euros à un acheteur asiatique (Laurent Fievet/AFP).

 

Signe de la crise économique, la municipalité de Dijon a mis la moitié de sa cave à vins aux enchères pour financer le service d'action sociale de la ville. Quelque 3 500 bouteilles de Bourgogne ont été vendues à des habitants de la ville, des négociants, des restaurateurs parisiens et des acheteurs américains et asiatiques. Au total, la ville de Dijon a récolté 151 620 euros.

"Nous avons cette année un bon budget global, mais celui du service d'action sociale de la ville est en constante augmentation, il y a de plus en plus de concitoyens qui font appel à l'aide sociale", a expliqué le sénateur-maire socialiste François Rebsamen. Parmi les trésors de cette vente de prestige, de grands noms du vignoble de Bourgogne, comme des batard-montrachet grand cru ou des meursault-genevrières premier cru. La bouteille la plus chère, un vosne-romanée Cros Parantoux, premier cru de 1999, a été adjugée 4 800 euros à un acheteur asiatique.

La ville de Dijon, capitale régionale de la Bourgogne, s'était constituée cette cave au fil du temps depuis les années 1960. "C'est ici une tradition", explique François Rebsamen en citant ses prédécesseurs, comme le chanoine Félix Kir ou encore Robert Poujade. Cette cave est également alimentée par les vignobles appartenant à la municipalité. "Ces grands crus sont généralement servis à l'occasion des dîners de prestige donnés par la ville de Dijon, mais également offerts aux ambassadeurs, maires des grandes villes et autres visiteurs de marque accueillis à Dijon", précise le maire.

Malgré cette vente importante, le patrimoine communal de Dijon n'est pas en voie de disparition. Le maire a prévu de renouveler la cave, expliquant que 10 % du produit de la vente réalisée sera alloué à l'achat de nouvelles bouteilles.

 
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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 19:52

 

Le Monde.fr | 28.01.2013 à 18h05 Par Jérôme Porier


 

 
Le recours au microcrédit peut permettre à certains artisans de se mettre à leur compte.

L'Association pour le droit à l'initiative économique (ADIE) a accordé 13 157 microcrédits en 2012, soit une augmentation de 8 % du nombre de personnes bénéficiant d'un financement et d'un accompagnement pour développer leur propre projet professionnel.

Autre satisfaction, 68 % des entreprises créées grâce au soutien de l'ADIE sont pérennes après deux ans. Pour 2013, l'association vise une croissance "comprise entre 10 % et 15 %". Elle va faire passer le plafond de ses crédits de 6 000 à 10 000 euros et porter à 48 mois leur durée maximum. Une attention particulière sera accordée aux seniors, une population particulièrement touchée par le chômage de longue durée.

Organisée par l'ADIE, la semaine du microcrédit se déroule du 4 au 8 février dans toute la France. L'objectif de cette manifestation est de promouvoir ce mode de financement encore méconnu auprès du grand public.

Jérôme Porier

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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 19:34

 

Rue89 - Antonin Iommi-Amunategui
Fondateur de Vindicateur.fr

 

Publié le 27/01/2013 à 20h05

Fusil et vin rouge (AIA/Rue89)

 

Aux Etats-Unis, un site de vente spécialisé dans le vin, le NRA Wine Club, finance le lobby des armes : pour chaque bouteille vendue, une partie des bénéfices atterrit dans les caisses de la National Rifle Association (NRA), cette puissante organisation qui défend le droit constitutionnel de chaque Américain à posséder un ou deux fusils d’assaut.

Le message du vice-président de la NRA, Wayne La Pierre, est clair :

« Votre achat contribuera directement à l’effort permanent de la NRA pour préserver le droit américain de posséder et de porter des armes à feu, et autres libertés essentielles de la culture américaine. »

D’ailleurs, il n’est pas nécessaire d’être membre de la NRA pour acheter du vin, il suffit de résider aux Etats-Unis.

40 vins français vendus au profit de la NRA

Vendredi, quelque 450 vins étaient ainsi proposés à la vente : issus principalement des Etats-Unis, d’autres proviennent d’Italie, d’Espagne, d’Australie... Mais le deuxième pays en termes de références, c’est la France.

On a en effet pu dénombrer autour de 40 vins français, dont des marques bien connues (Tariquet, Georges Duboeuf ou William Fèvre), et surtout une importante sélection de champagnes.

 


« Champagne canon » (AIA/Rue89)

 

Les grandes maisons ou marques champenoises – Bollinger, Moët & Chandon, Henriot, Veuve Clicquot, Taittinger ou encore Roederer et son fameux Cristal à 200 dollars – travaillent-elles avec la National Rifle Association ? Non.

En fait, la NRA a établi un partenariat avec le vendeur californien Vinesse, qui tient une boutique en ligne tout ce qu’il y a de plus ordinaire.

Et c’est bien la sélection de Vinesse qu’on a pu consulter sur le site de la NRA. C’est encore Vinesse qui gère les livraisons.

Les domaines concernés sont-ils au courant qu’une partie de leurs vins présents sur Vinesse alimentent in fine les caisses du lobby pro-armes américain ? Non plus. Ils ignorent même que leurs vins sont disponibles sur ce second site.

« On préfèrerait ne pas vendre du tout que faire ce genre de ventes »

Contactée, une responsable export de la maison Henriot (également propriétaire de la marque William Fèvre) répond que c’est leur filiale Henriot Inc. qui « a la main sur toute la commercialisation aux Etats-Unis ». Eux ne sont « au courant de rien ».

La marque Moët & Chandon (groupe LVMH) préfère ne pas communiquer. En off, une phrase ou deux : « On y est pour rien. Si on parle, on prend position et donc on reconnaît être lié au sujet alors que non. » Bollinger n’a pas donné suite non plus.


T. Liger-Belair, capture d’écran du film « La Clef des Terroirs » (Guillaume Bodin)

 

Seul Thibault Liger-Belair, vigneron à Nuits-Saint-Georges (21) dont l’un des vins était aussi visible sur le site de la NRA, a accepté de réagir :

« Ça m’embarrasse. Ce n’est pas agréable de penser que la vente de mes vins va soutenir un lobby qui va contre mes convictions.

On préfèrerait ne pas vendre du tout que faire ce genre de ventes qui soutiennent des causes qu’on ne cautionne pas. »

Comment expliquer la présence de son vin sur le site de la NRA ?

« Des milliers de sites vendent mes vins, je ne peux rien faire. Le marché du vin est très mondialisé, et le marché gris tourne aussi à plein... Ce serait mentir de dire qu’on contrôle la distribution à la bouteille près. Limiter ce genre de choses, c’est infaisable. Et encore, le marché américain est plutôt bien encadré par rapport à l’Asie, par exemple. Là, il n’y a aucun contrôle. »

Réactions en Australie et aux Etats-Unis

En Australie, le « winemaker » Robert Hill Smith a aussitôt pris ses distances avec le site de la NRA, où quatre de ses vins figuraient également. Il a indiqué à The Australian qu’il allait enquêter pour savoir comment ses vins avaient atterri là, et s’assurer que ça ne se reproduise pas. Il refuse que ses vins soient associés au « puissant lobby pro-armes (...) même si c’est légal ».

 


Capture d’écran du « NRA Wine Club »

 

Dans l’urgence, comme en témoignait la curieuse nouvelle URL du site dimanche matin, et certainement pour prévenir toute autre manifestation hostile de la part des producteurs, le NRA Wine Club a déjà procédé à des modifications : impossible désormais de consulter le catalogue des vins...

Et si toute mention explicite de la collaboration avec Vinesse a disparu, l’offre de la NRA correspond toujours bien à l’une de celles proposées par ce site.

Quant aux Américains, ils se demandent seulement pourquoi la NRA vend du vin mais pas de bière, et estiment que c’est sûrement pour « attirer les femmes », moins nombreuses dans l’organisation pro-armes.

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 22:58

 

 

Lire aussi

 

Mois après mois, à quelques heures de la publication des chiffres des entrées à Pôle emploi, le même plan de communication est déroulé. Le gouvernement prépare les esprits à l’annonce d’une nouvelle vague de demandeurs d’emplois, tout en insistant sur sa politique volontariste. Michel Sapin, le ministre du travail, rappelle l’héritage laissé par la droite, répète que « la bataille contre le chômage ne se gagne pas en un mois mais sur la durée ». Puis il égrène les outils activés pour inverser la courbe d’ici la fin de l’année 2013 : les contrats d’avenir, les contrats de génération, le crédit compétitivité emploi ou encore l’accord sur la sécurisation de l’emploi signé le 11 janvier.

C’est ce qu’il a fait ce vendredi 25 janvier au micro d’Europe 1 anticipant la mauvaise nouvelle du jour : la poursuite de la progression du chômage en décembre, soit le vingtième mois consécutif, selon les chiffres publiés par Pôle-Emploi (que vous pouvez télécharger ici). Cette hausse est néanmoins la plus faible de l’année 2012, contenue à 0,1 %. Le nombre de chômeurs en catégorie A (sans aucune activité au cours du mois) a augmenté de 3 700 personnes, DOM compris, au terme d’une année noire, marquée par une hausse de 10 % avec 270 000 demandeurs d’emplois. À noter également, le mois de décembre est marqué par une mystérieuse explosion des radiations administratives, en hausse de 24,5 % sur un mois, soit 9 200 personnes radiées de plus par rapport au mois de novembre.

En comptant les chômeurs ayant eu une activité réduite (catégorie A, B et C), la hausse est de 12 600 personnes en décembre, soit 0,3 %, des chiffres inférieurs aux mois précédents. Toutes catégories confondues, le nombre de demandeurs d’emploi augmente ainsi de 0,2 % en décembre (+10 200 personnes), et de 8,8 % sur un an. Soit 4 627 600 inscrits au total (4 917 500 avec les DOM).

 

 

« Cette stabilité en décembre est appréciable, s’est félicité le gouvernement dans un communiqué. Pour autant, elle ne marque pas une inversion de la tendance à la hausse observée depuis 2008 et particulièrement marquée depuis un an et demi. Ce n’est pas au mois le mois que les statistiques du chômage doivent être analysées, c’est la tendance sur plusieurs mois qu’il faut regarder. » Devant cette accalmie, la prudence est de rigueur, car le chômage va continuer à augmenter en 2013, qui pourrait être l'année de tous les records.

Selon les prévisions de l’Unedic, le nombre de chômeurs sans aucune activité (catégorie A) devrait ainsi augmenter de 185 500 cette année, après une hausse de 294 500 en 2012. Et Pôle emploi a d'ores et déjà prévenu qu'une importante correction statistique à la hausse serait opérée le mois prochain sur les chiffres de janvier.

En dépit des discours et des grandes envolées sur « la bataille du chômage », la situation ne s’améliore donc guère. Les plans sociaux continuent de se succéder dans tout le pays. Le Monde a annoncé ce vendredi la fermeture probable de la totalité de l’usine Goodyear Dunlop Tires France à Amiens (Somme) au plus tard fin 2014, où sont employés 1 250 salariés. Soit un séisme de plus dans une France sur le point d’égaler le record de janvier 1997 d’ici un à trois mois en matière de chômage (3,2 millions de chômeurs) et où plus d’un demi-million de personnes est au chômage depuis plus de trois ans.

Dans sa note de conjoncture publiée le 20 décembre (lire L’alarmante radiographie de l’échec économique), l’Insee fait valoir que la France devrait rester enlisée dans une situation de croissance zéro, fragilisant les prévisions économiques du gouvernement qui continue d’espérer atteindre les 0,8 %.

 

« Aller à la plage en attendant que la crise passe ? »

La politique menée par François Hollande est-elle crédible sachant que pour réduire le chômage, il faudrait entre 1,5 % et 2 % de croissance annuelle, rappellent les économistes ? La question fait bondir au sommet de l’Etat. « En dehors de l’économie, il n’y aurait point de salut ! Nous devrions tous aller à la plage en attendant que la crise passe ? » s’agace un proche du président.

« Nous avons les deux pieds appuyés sur le frein du camion engagé dans une pente vertigineuse. Il faut un mix des deux : une relance de l’investissement en Europe mais aussi une dynamique à l’échelle hexagonale en matière d’emploi », insiste-t-il. Et de louer chacun des outils mis en place : du contrat d’avenir calibré pour les jeunes les plus éloignés du marché du travail sans qualification, au compromis sur l’emploi signé par les partenaires sociaux, dont l’une des «vertus» sera de permettre aux entreprises de passer un cap difficile grâce à des dispositifs de chômage partiel, aux accords dits de maintien de l’emploi.

Cet optimisme n’est pas partagé par les économistes interrogés par Mediapart. L’observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui a rendu à l’automne ses prévisions pour les deux ans à venir dans une étude intitulée « la débâcle de l’austérité » (que vous pouvez relire ici), est très critique. Mathieu Plane ne tient pas les mêmes statistiques que le gouvernement à propos des contrats d’avenir, variante des emplois jeunes, destinés uniquement aux jeunes sans qualification et au secteur non-marchand, et des contrats de génération pensés pour tous les jeunes, quelle que soit leur qualification, dans le public et le privé.

Quand le gouvernement table sur 100 000 signatures de contrat d’avenir et autant de contrats de génération en 2013, l’OFCE considère que les deux dispositifs ne permettront que 90 000 créations d’emplois réels, 70 000 pour les contrats d’avenir et 20 000 pour les contrats de génération. « Car nous avons anticipé les effets d’aubaine notamment sur le contrat de génération », explique Mathieu Plane. D’après lui, les différents dispositifs sont « insuffisants ». Du fait d’une austérité « surcalibrée » et d’une croissance zéro, « il n’y aura pas d’amélioration avant 2014 ». 

L’économiste Jérome Gautié partage la même analyse : « Les mesures mises en place par le gouvernement avec des calendriers très différents auront très peu d’effet à court terme. Le contrat d’avenir peut aider, car des jeunes vont pouvoir sortir du chômage, mais pas le contrat de génération. La demande en entreprise est faible. Même si l’état subventionne un peu l’emploi, cela ne veut pas dire que les employeurs vont embaucher. »

Quant au pacte de compétitivité prévoyant un crédit d’impôt de 20 milliards d’euros aux entreprises et à l’accord sur l’emploi que le gouvernement veut transposer au plus vite, « ils ne vont pas bouleverser la tendance » : « Ces mesures peuvent soulager les entreprises mais difficilement inverser la dynamique. Il faut un retournement conjoncturel plus important au niveau européen. Avec une croissance de zéro, il n’y a pas de miracle. »

 

Les limites des contrats aidés

L’économiste Jacques Rigaudiat, ex-conseiller de Rocard et Jospin, qui a claqué la porte du Parti de gauche en juin dernier, membre de la fondation Copernic, est « catastrophé » devant cette politique de l’emploi qu’il juge « absurde, sans queue, ni tête ». « Ce n’est ni le lamentable accord sur l’emploi, ni les emplois d’avenir et de génération qui vont résoudre le chômage. Il manque une vraie politique volontariste de l’emploi comme le lancement de la transition énergétique, source d’emplois et d’indépendance énergétique. » Et il va plus loin : « sans réduction du temps de travail, pas de création d’emplois conséquente. »

Dans le rang des trois principaux syndicats de salariés, la CFDT, principal signataire de l’accord sur l’emploi du 11 janvier, est la plus nuancée. Patrick Pierron juge «positifs» la détermination du gouvernement pour inverser la courbe du chômage et les premiers outils mis en en place: « Les différentes mesures vont dans le bon sens. Mais je n’ai pas de boule de cristal et je ne saurai dire s’ils vont permettre de diminuer le chômage ».

Stéphane Lardy de Force-ouvrière qui a refusé de parapher l’accord sur l’emploi, ironise sur ce compromis qui « va faciliter le licenciement et la flexibilité, pas faire baisser le chômage ». Concernant les contrats d’avenir et de génération, il estime leurs effets insuffisants : « Tous les gouvernements utilisent les contrats aidés de manière prophétique, mais c’est du stop and go. Nous n’avons pas de réflexion structurelle sur ce que peut être un contrat aidé. »

Même vision à la CGT. Maurad Rabhi, chargé des questions d’emploi, estime la politique conduite par Hollande en matière de lutte contre le chômage « insuffisante, pas assez ambitieuse » : « Ce n’est pas avec des contrats aidés dans le public et le privé et avec un accord de flexibilité en pleine crise que l’on relance l’emploi. » Pour lui, « on a changé de gouvernement, mais les méthodes restent les mêmes » : « c’est la même doxa libérale qui prévaut, plus de rigueur, de flexibilité, soit plus de précarité, d’instabilité pour les salariés ».

Comme son homologue de FO, il craint que le gouvernement ne suive la Cour des comptes, qui épingle, dans un rapport très critique sur les politiques de l’emploi, publié mardi, la mauvaise gestion de l’Unedic. Les Sages estiment que le régime d'assurance-chômage, plongé dans un déficit « insoutenable » de près de 18 milliards d'euros, court à sa perte et préconise une baisses des indemnités de chômage. Au micro de RTL, mercredi, Michel Sapin a affirmé qu’il « faudrait prendre des mesures sur les indemnités chômage » et que « les partenaires sociaux doivent négocier pour trouver une solution raisonnable et responsable ».

Pour FO et la CGT, il est « impensable » de baisser les indemnités chômage. « C’est un rapport établi par des comptables qui mériteraient d’aller faire un tour dans une agence Pôle emploi du 93 (Seine-Saint-Denis). Quand la crise et le chômage augmente, vous ne baissez pas les indemnités, c’est anti-social, vous envoyez dans le mur, dans plus de pauvreté les chômeurs », dénonce Stéphane Lardy.

 

 

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 22:45

 

 

Rarement un accord national interprofessionnel aura entériné autant de reculs pour les salarié-e-s que celui conclu le 11 janvier 2013 entre le patronat et trois syndicats. La Fondation Copernic met à la disposition de tous un décryptage complet du texte de l'accord et appelle à la mobilisation tous les acteurs du mouvement social et syndical et les partis de gauche et de l'écologie politique.

Les « nouveaux droits » y sont, en effet, de portée très limitée, tandis que des revendications patronales de grande portée sont satisfaites. Quels sont donc ces nouveaux « droits »? La fameuse majoration de cotisation (incorrectement nommée « taxation ») des contrats à durée déterminée (CDD) courts est limitée : + 0,5 à + 3 points en fonction des types ou des durées de contrat, de moins d’un mois à trois mois. Elle peut aisément être contournée : en allongeant la durée des contrats les plus courts au-delà des seuils de majoration ; en recourant au CDD plus fréquemment pour le remplacement d'un salarié absent (pas de majoration) que pour un accroissement temporaire d'activité (majoration) ou en remplaçant les CDD par des contrats d’intérim, qui peuvent être conclus pour les mêmes motifs que les CDD et qui ne feront pas l'objet de majoration. Difficile de croire, par conséquent, à l’efficacité de cette mesure. Le coût de ce dispositif est estimé à 110 millions d’euros pour le patronat, mais il obtient en compensation une réduction de cotisations sociales de 155 millions d’euros pour les embauches en CDI de jeunes de moins de 26 ans.

On pourrait faire la même démonstration sur la quasi-totalité des conquêtes de papier de l’accord. Les droits rechargeables pour les chômeurs ? La discussion concrète se fera avec la renégociation de la convention UNEDIC, sans « aggraver le déséquilibre financier du régime d’assurance chômage ». Traduction : ce qui sera donné à certains chômeurs sera enlevé à d’autres. La couverture santé complémentaire généralisée ? Elle est renvoyée à la négociation de branche, et en cas d’échec, ce n’est qu’en 2016 que toutes les entreprises seraient tenues d’assurer la couverture d’un « panier de soins » limité, le tout financé à moitié par les salarié-e-s.

Le patronat, quant à lui, peut se féliciter de l’accord. Il gagne à la fois une plus grande flexibilité et une plus grande sécurité juridique. Tout d’abord la conclusion d’« accords de compétitivité-emploi » souhaités par Sarkozy, qualifiés d’« accords de maintien dans l’emploi », est rendue possible. Un accord pourrait, ainsi, prévoir une baisse de salaire en échange du maintien de l’emploi. Le salarié qui refuserait serait licencié pour motif économique. La « cause réelle et sérieuse » serait en fait l’accord lui-même et l’employeur serait exonéré de l’ensemble des obligations légales et conventionnelles attachées au licenciement économique.

De fait, le contrat de travail ne pourra plus résister à l’accord collectif, même si ce dernier est moins favorable au salarié. L’inversion de la hiérarchie des normes et la destruction du principe de faveur se poursuivent. Il devient également possible de déroger par accord d’entreprise aux procédures de licenciement économique collectif. L’employeur aura d’ailleurs le choix de rechercher l’accord ou de soumettre directement ses souhaits en matière de procédure et de contenu du plan social à l’homologation de l’administration.

Les délais de contestation seraient drastiquement raccourcis : 3 mois pour contester l’accord ou l’homologation (12 mois actuellement), 12 mois pour un-e salarié-e contestant son licenciement (5 ans actuellement). Tout est fait pour éviter que le juge judiciaire s’en mêle pour « sécuriser les relations de travail », comme le souhaite le MEDEF. Cerise sur le gâteau, l’article 26 limite l’accès au juge prud’homal : instauration d’un délai de 2 ans maximum pour une réclamation portant sur l’exécution ou la rupture du contrat de travail (sauf discrimination) et de 3 ans pour une demande de salaire en cours d’exécution du contrat (contre 5 ans actuellement).

Enfin, les prérogatives des comités d’entreprises sont réduites par diverses dispositions et un délai de trois mois est accordé aux employeurs pour organiser l’élection des délégués du personnel et des membres du comité d’entreprise une fois atteint l’effectif déclenchant l’obligation, ainsi qu’un délai d’un an pour respecter la totalité des obligations liées au dépassement des seuils d'effectif de 11 et de 50 salarié-e-s : un comble !

Cet accord ne fera pas reculer la précarité, ni le chômage, ne créera pas d’emploi, mais fera régresser un peu plus les droits des salarié-e-s, à commencer par les plus précaires d’entre eux, les femmes en particulier. Il a été signé par trois organisations syndicales n’ayant rassemblé aux dernières élections prud’homales que 38,7% des voix (et 28,11 % au récent référendum de représentativité organisé dans les TPE-PME). Si les règles de validité permettent actuellement de considérer cet accord comme « majoritaire », il apparaît éminemment problématique qu’il puisse être repris dans la loi, alors même qu’il n’est signé que par des organisations ne représentant qu’une minorité de syndicats et de salarié-e-s. La majorité de gauche au Parlement n’a pas été élue pour mener une politique d’inspiration aussi nettement libérale.

 

Ce texte constitue la synthèse du document de décryptage disponible sur notre site et en fichier attaché à ce billet (ci-dessous). Il est une version remaniée de la tribune publiée par Lemonde.fr le 18 janvier 2013.

 

Les auteurs sont membres de la Fondation Copernic :

Denis Auribault, inspecteur du travail

Guillaume Etievant, expert auprès des comités d'entreprise

Laurent Garrouste, juriste en droit du travail

Pierre Khalfa, syndicaliste, membre du Conseil économique, social et environnemental

Patrick Le Moal, ancien inspecteur du travail

 

 

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 22:16

 

 

 Marianne - Vendredi 25 Janvier 2013 à 12:43

 

Bertrand Rothé

 

Interview exclusive de Frédéric Lordon. À propos du " Grand Retournement".

Exclusif

 

Rédigé par Bertrand Rothé le Jeudi 24 Janvier 2013 à 22:22

 

Le Grand retournement, est dans les salles depuis hier. Gérard Mordillat l'a réalisé à partir du livre de Frédéric Lordon « D’un retournement l’autre ». L'auteur du livre a bien voulu nous accorder un entretien.

 

affiche du Grand Retournement
affiche du Grand Retournement

Pourquoi avoir choisi de traiter de la crise en alexandrins ? N’est-ce pas suffisamment compliqué de faire comprendre la crise pour avoir besoin de rajouter cette contrainte ? 

 

Frédéric Lordon  : À l’origine il ne s’agissait pas tant de faire comprendre la crise que de la faire sentir – par une sorte de sensation de l’intellect s’entend car, la crise, les gens la sentent bien, il faudrait même dire : ils la sentent passer ! Mais il fallait en quelque sorte enrichir la conscience analytique, et partant politique, qu’ils peuvent en former, c’est-à-dire donner aux idées critiques le supplément de force qui contribue éventuellement à déterminer des mouvements de refus, et peut-être même de révolte. D’où l’idée du théâtre avec sa force sensible.

Et des alexandrins pour jouer des contrastes entre la langue grand siècle et les misérables bassesses de la finance contemporaine, pour restituer à la fois le comique et le tragique de toute cette affaire, et finalement pour produire un effet d’étonnement qui permet peut-être de capter l’attention d’une manière inattendue. Inattendu pour inattendu d’ailleurs, je me suis entendu dire que l’alexandrin avait la propriété de clarifier l’exposition des mécanismes macroéconomiques ! Pour le coup l’effet est assez inintentionnel, mais s’il est avéré, c’est tant mieux !

 

Pensez-vous qu’un OUvroir de LIttérature POlitique a du sens trente ans après la mort de Pérec ?

 

Frédéric Lordon : Disons que l’enjeu serait de faire passer le « po » de l’Oulipo de « potentielle » à « politique » – puisqu’à l’origine l’Oulipo ne visait qu’à déployer les potentiels de la littérature. Ou alors de créer un Oulipopo ! un Ouvroir de Littérature Politique Potentielle. En fait, j’ai le sentiment que, longtemps catatonique, cette littérature politique est en train de se réveiller. De plus en plus le roman et le théâtre s’emparent de thèmes politiques directement liés au néolibéralisme et à sa crise – mais en fait ce sont bien tous les secteurs de l’art qui quittent enfin leur Aventin pour entreprendre de dire quelque chose du monde actuel.

Or il nous faut bien toutes les machines affectantes de l’art pour produire la conversion collective du regard seule capable de renvoyer le néolibéralisme aux poubelles de l’Histoire – où la crise historique que nous vivons aurait dû suffire à l’expédier. Comme vous savez, l’échec monumental du capitalisme néolibéral et l’effondrement dans lequel il précipite les populations n’a nullement conduit à sa disqualification doctrinale et morale comme l’aurait voulu un monde réglé par des normes minimales de décence intellectuelle et politique. Il faut donc envisager d’autres moyens, et sans doute ce « passage au théâtre » procède-t-il de la maxime qui devrait nous servir de viatique politique pour une époque obscène : faire flèche de tout bois.

 

Frédéric Lordon, le film donne l’impression que la crise est uniquement financière. Jusque là dans le Monde Diplomatique vous avez répété à l’envi que la crise était due au système et non au dévoiement de quelques banquiers. Avez-vous changé votre fusil d’épaule ? 

 

Frédéric Lordon : C’est une pièce, pas une thèse ! On pouvait difficilement tout y mettre… Cependant, pour tout vous dire, l’actuel premier acte aurait dû être le deuxième, et je le voulais précédé d’un acte introductif où aurait été montré comment ce sont en fait les structures mêmes du capitalisme néolibéral qui ont produit ce désastre, et que la crise proprement financière n’en est que l’épiphénomène. Je voulais y montrer le contentement de soi d’une classe oligarchique, mêlant banquiers, experts et journalistes, tout à la satisfaction de l’ordre du monde qu’ils ont indéfectiblement promu… à la veille de son explosion. Mais le texte était déjà trop long…

 

La chute du film est surprenante. La révolution fait fuir un président qui ressemble beaucoup à Sarkozy. Estimez-vous comme Emmanuel Todd que François Hollande va se transformer en un chef révolutionnaire en plein milieu de son quinquennat ?   

 

Frédéric Lordon : Vous avez raison de noter que là où les personnages de banquiers sont réduits – délibérément – à des archétypes impersonnels, le président de la République (le premier ministre aussi) nous rappelle furieusement quelqu’un… Il faut dire qu’on avait là un spécimen dont les particularités caractérielles sont si épicées que ça aurait été dommage de se passer de son potentiel tragicomique. Mais il ne faut pas s’y tromper : le président de la République aurait lui aussi pu être transformé en personnage générique… comme en témoigne dramatiquement, dans la réalité, la consternante continuité de politique économique par delà la chose qu’on nomme par charité « alternance ». Les occupants se succèdent, mais c’est toujours le même qui remplace le même.

On reste proprement sidéré de la reconduction à l’identique des stratégies d’austérité et d’approfondissement du néolibéralisme, sous couleur de compétitivité, au travers d’une élection ayant proclamé que le changement était maintenant.
 

Dans ces accablantes conditions, la question de savoir si François Hollande va se transformer en chef révolutionnaire n’a même pas lieu d’être. Révolutionnaire il l’est déjà : avoir entraîné le parti « socialiste » aussi loin et surtout aussi explicitement à droite, c’est en soi une petite révolution idéologique ! sans doute très prévisible, mais tout de même… Évidemment toute autre sorte de révolution attendue de François Hollande ne pouvait qu’être le produit d’une imagination fertile ou bien d’un rêve éveillé. J’entends bien que ma propre pièce se termine sur une insurrection qui vient pour de bon et chasse un président failli, au risque de me faire paraître prendre mon désir pour la réalité. Mais c’est que c’est une œuvre de fiction…

 

 

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 19:37

 

Le Monde.fr avec AFP | 25.01.2013 à 18h35


 
L'ancien patron de Barclays, Bob Diamond, s'explique devant une commission du Trésor britannique, le 4 juillet.

Le nom de l'ancien dirigeant de Barclays, Bob Diamond, est apparu dans l'enquête des autorités britanniques sur les manipulations du taux interbancaire Libor, selon des documents juridiques rendus publics vendredi. En tout 25 noms d'anciens et actuels responsables de la banque, dont M. Diamond et l'ancien directeur des opérations Jerry del Missier, figurent sur des documents des régulateurs ayant enquêté sur ce scandale.

Barclays avait demandé que l'anonymat des employés cités dans cette affaire soit préservé mais un juge a repoussé cette requête jeudi et a ordonné la publication des noms. L'affaire du Libor avait éclaté fin juin, lorsque Barclays avait révélé qu'elle allait payer 290 millions de livres pour mettre fin à des enquêtes des régulateurs britannique et américain sur la manipulation des taux interbancaires britannique Libor et européen Euribor entre 2005 et 2009. Le scandale avait conduit à la démission de MM. Diamond et del Missier.

Barclays a souligné vendredi que le fait que certaines personnes aient été citées dans le cadre du règlement de l'affaire ne signifiait pas nécessairement qu'elles étaient "impliquées dans des malversations". La banque est actuellement poursuivie en justice par un groupe de maison de retraite qui estime avoir perdu de l'argent à cause d'un produit financier indexé sur le Libor.

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 19:33

 

Le Monde - Blog

, par Jean-Baptiste Chastand

 

 

Le nombre de demandeurs d'emploi a de nouveau augmenté en décembre, mais cette fois-ci très légèrement. Selon les chiffres publiés vendredi 25 janvier par le ministère du travail et Pôle emploi, le nombre de chômeurs en catégorie A (sans aucune activité au cours du mois) a augmenté de 3 700 personnes, DOM compris. Cette hausse, la 20e consécutive, est ainsi contenue à 0,1 %, ce qui en fait la plus faible de toute l'année

 

271 200 chômeurs supplémentaires. En comptant les chômeurs ayant eu une activité réduite (catégorie A, B et C), la hausse est de 12 600 personnes, soit 0,3 %. Là aussi, un chiffre inférieur aux mois précédents. Reste que malgré ce ralentissement de la hausse, 2012 a bien été une année catastrophique sur le front du chômage, la pire aussi loin que les statistiques remontent, excepté 2009.

En 2012, 271 200 personnes sont venues supplémentaires sont venues s'inscrire en catégorie A, 374 200 en catégories ABC.  En 2009, c'était 347 000 pour la catégorie A et 524 000 pour les catégories ABC.

Le nombre de demandeurs d'emploi a bondi de 10 % depuis décembre 2011, pour s'établir à 3 389 400 en catégorie A, DOM compris. Et 4 917 500 personnes en comptant les chômeurs en activité réduite.

Les principales victimes de cette année noire auront été les 50 ans et plus, dont le nombre a grimpé de 16,9 % en un an. Les hommes (+11,7 %) auront été touchés plus durement que les femmes (+8,2 %). Le chômage de longue durée a explosé de 12,5 %, et même de 18,6 % pour les demandeurs d'emploi inscrits depuis plus de trois ans.

 

Mystérieuse explosion des radiations. Le ralentissement de la hausse en décembre est d'abord dû à un mystérieux bond des radiations administratives de 24,5 % en un mois, soit 9 200 personnes radiées en plus qu'en novembre. Les cessations d'inscription pour défaut d'actualisation progressent aussi fortement (+5,9  %). Le nombre d'inscription à Pôle emploi recule lui légèrement, en raison notamment de la baisse des entrées après fin de CDD ou de missions d'interim. Les licenciements économiques progressent de près de 10 % mais restent extrêmement marginaux dans l'ensemble des inscriptions (à peine 2,7 %).

Ces surprenantes variations des radiations poussent quoi qu'il en soit à prendre avec grande prudence les chiffres de décembre. Il serait notamment bien trop hâtif d'en déduire que le chômage ralentit enfin sa hausse. "Cette stabilité en décembre est appréciable. Pour autant, elle ne marque pas une  inversion de la tendance à la hausse observée depuis 2008 et particulièrement marquée depuis  un an et demi. Ce n’est pas au mois le mois que les statistiques du chômage doivent être analysées, c’est la tendance qu’il faut regarder sur plusieurs mois", constate d'ailleurs à raison le ministère du travail et de l'emploi dans son communiqué.

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