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9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 18:25

 

Marianne - Samedi 9 Février 2013 à 12:00 |

 

Élodie Emery - Marianne

 

Recrutement, ton univers impitoya-a-ble ! Pour décrocher un emploi, un solide CV ne suffit plus. Il faut désormais en passer par des face-à-face sadiques ou farfelus avec des employeurs ou des chasseurs de têtes très imaginatifs.

 


JAUBERT/SIPA
JAUBERT/SIPA
Georges sent ses mains devenir moites, son regard de bête traquée vacille. Seul, face à un jury de quatre personnes qui le bombardent, il est sommé de faire son autocritique. On se croirait dans un tribunal soviétique ; ce n'est pourtant qu'un entretien d'embauche. «Vous êtes stressé, Georges ? Vous êtes impressionné d'être là ?» «Vous mettez toujours du temps à comprendre les choses ?» «Par quoi compensez-vous cette lenteur ?» «Où sont vos insuffisances, Georges ?» Une heure et demie d'humiliations pour espérer décrocher un poste de commercial au GAN payé au Smic : voilà ce que filme Didier Cros dans son documentaire intitulé la Gueule de l'emploi.

Pour le sociologue Vincent de Gaulejac (1), aucun doute, la «lutte des places» s'est désormais substituée à la lutte des classes, et ce n'est pas spécialement une bonne nouvelle : «Il y a un tel décalage entre le nombre d'emplois disponibles et le nombre de personnes actives en âge de les occuper que cela provoque forcément de la violence...» D'un côté, des candidats dans la galère, prêts à tout pour décrocher un job souvent vital : «On est là pour se taper dessus, pas de pitié !» affirme l'un d'eux - recalé dès le premier tour. De l'autre côté de la table, des employeurs convaincus d'être dans leur bon droit : c'est qu'il faut bien faire le tri ! Quitte à confier le recrutement à un cabinet de chasseurs de têtes aux méthodes un brin sadiques.

Le sociologue appelle cela la «violence innocente» : personne n'est malintentionné, et pourtant le résultat est digne de l'expérience de Milgram (2). Enjeu stratégique par excellence, le recrutement cristallise aujourd'hui toutes les tensions qui minent le marché du travail. Les CV charriés par la crise s'entassent par centaines sur les bureaux des chefs d'entreprise. Dépassés, certains préfèrent déléguer la sélection des profils à des tiers, sur qui ils pourront opportunément rejeter la faute en cas d'erreur de casting. Car le processus d'embauche est long, coûteux et risqué : «Si on se rend compte que ça ne colle pas à l'issue de la période d'essai, il faut tout recommencer depuis le début... C'est une perte de temps et d'argent considérable.

« Si on s'en rend compte après la période d'essai, c'est encore pire évidemment !» explique le patron d'une entreprise de nouvelles technologies. «Recruter quelqu'un de sain, c'est ce qu'il y a de plus difficile !» affirme carrément Jean-Claude Delgènes, directeur de Technologia, un cabinet de prévention des risques liés au travail. A en croire les employeurs, les 10 millions de Français au chômage seraient majoritairement des boulets, et les bons profils, une denrée rare ! Du coup, tous les moyens sont bons pour se rassurer en tentant de faire du recrutement une science exacte, objectivée par des tests, validée par de savants schémas.

«La sélection est devenue un enjeu sensible, les organisations ont inventé des dispositifs pour rationaliser, objectiver les choses, confirme Vincent de Gaulejac. Entre les chasseurs de tête et les officines de sélection, le recrutement est aujourd'hui un véritable marché.» Et tant pis si les méthodes de rationalisation sont parfois limites. Et si les entretiens flirtent souvent avec, au mieux, l'impolitesse, au pis, l'illégalité. «Après trois entretiens réussis chez Total, la responsable des RH a fini par m'avouer qu'en réalité le poste avait déjà été pourvu en interne, se souvient Patricia, 32 ans. Ils ne m'avaient fait venir que pour donner l'apparence d'un recrutement à plusieurs candidats, mais les jeux étaient faits depuis le début. J'ai trouvé ça gonflé.» Plus personne n'est gêné de faire déplacer quelqu'un deux, trois, dix fois...

Même pour un stage à 400 euros ou un CDD. «J'ai eu quatre entretiens pour un CDD de quatre mois, rapporte Marine, chargée de communication dans le domaine de la santé. Au final, on m'a expliqué que j'étais trop qualifiée pour le poste.» Pour sa part, Célia, 27 ans, diplômée d'une école de commerce, conserve un assez mauvais souvenir de ses entretiens dans un syndicat agricole : «Personne ne m'avait prévenue que les entretiens allaient durer toute la journée. J'étais en poste, et j'ai dû me faire porter pâle auprès de mon boulot... Deuxième surprise : c'était un entretien collectif. Les employeurs font ça pour gagner du temps, mais ils font semblant d'oublier que ça verrouille complètement les prétentions individuelles. On ne négocie pas son salaire quand on est six dans une pièce.»

Plutôt que de multiplier les tests et les mises en situation, certaines entreprises choisissent de déléguer la responsabilité du recrutement... à leurs salariés ! «Personnellement, je suis très favorable à la cooptation, affirme Jean-Claude Delgènes. Si vous avez un bon élément dans votre équipe, vous avez une excellente chance qu'il vous amène un autre bon élément, ça permet de limiter les risques.» Signe des temps, la «cooptation» - traduire : le piston - est aujourd'hui acceptée et revendiquée par tous. Chez Google, elle est même encouragée par une prime : 4 000 e sont versés à tout employé ayant recommandé un candidat recruté à son tour. Le sport maison consiste donc à entraîner son poulain pour qu'il ne se laisse pas déstabiliser par les questions tordues qui ont fait la réputation de l'entreprise : combien de balles de golf un camion peut-il contenir ?

Combien de fois par jour les aiguilles d'une horloge se chevauchent-elles ? «Le but, c'est d'évaluer les capacités de raisonnement de la personne, explique Sarah, employée chez Google. A moi, on m'avait demandé combien de poils possède un teckel ! J'avais estimé que le teckel était un cylindre d'une surface de 50 cm2, qu'il avait 400 poils par centimètre carré de peau, et puis j'avais rajouté 30 % pour la tête, les pattes, la queue...» Bonne nouvelle, les postulants peuvent désormais se faire la main en potassant le livre Etes-vous assez intelligent pour travailler chez Google ? (3), qui délivre trucs et astuces pour répondre avec panache à des questions absurdes. Mais, pour être embauché dans l'entreprise préférée des jeunes diplômés, être malin ne suffit pas : le candidat doit aussi faire l'unanimité chez ses futurs collègues. Même une personne située au-dessous de lui hiérarchiquement peut opposer son veto et faire dégager le prétendant. Mieux vaut donc être compatible avec l'«esprit Google» pour espérer faire partie de la famille.

«Dans un monde où ce ne sont plus les compétences qui priment, mais les qualités humaines, relationnelles, on sélectionne sur ce que vous êtes, et sur votre degré d'acceptation des normes du système», note Vincent de Gaulejac. Autrement dit, en 2013, l'employé modèle doit être adaptable, mobile, beau (mais pas trop non plus, sous peine d'être soupçonné d'incompétence), avoir la poignée de main ferme et la démarche assurée, être dépourvu d'accent et de bedaine... et avoir le travail pour seul horizon.

«Les boîtes essaient de trouver des "pattern 1", c'est-à-dire des gens surinvestis, qui adorent le travail, explique Jean-Claude Delgènes. Il existe des tests psychologiques qui permettent de les détecter.» Internet regorge de tests qui proposent de sonder l'âme des recrues potentielles, de démasquer les tire-au-flanc et peut-être de mettre la main sur le Graal : les «pattern 1», les maboules du boulot, ceux qui resteront jusqu'à 23 heures sans même quémander un sandwich. Résultat, le «marché» du recrutement est surtout un immense jeu de dupes. Les candidats à l'embauche deviennent des bêtes à concours, s'entraînent à déjouer les pièges et gonflent leur CV, parfois avec l'aide d'un coach ; et les recruteurs vont de plus en plus loin dans leurs techniques d'investigation. Quitte à fouiller dans la vie privée des postulants.

« Le traditionnel «Madame ou mademoiselle ?», par exemple, est avantageusement remplacé par un petit tour sur Facebook, comme le raconte Laure : «Au neuvième entretien chez Microsoft, on me dit que c'est bon, j'envoie mes photocopies de carte d'identité, de carte Vitale. On m'informe d'un dernier entretien avec le directeur marketing et commercial France qui ne sera qu'une "pure formalité". Le fameux directeur me dit "Tiens, je vais aller sur votre profil Facebook !" En voyant ma photo en robe de mariée, il me lance : "Ah, vous êtes mariée." Je réponds : "Oui, mais je n'ai pas l'intention d'avoir d'enfant dans les deux prochaines années, si c'est cela qui vous inquiète." Sur ce, le ton de l'entretien change du tout au tout pour devenir très froid. Quelques jours plus tard, la responsable des RH me rappelle pour m'annoncer que ma candidature n'avait pas été retenue parce que je n'étais "pas assez adaptable".»

Quand l'enquête façon inspecteur Derrick ne donne rien, reste la magie. Jean-François Amadieu, auteur de DRH, le livre noir (4), dresse le bilan des techniques les plus foutraques utilisées par les recruteurs, de la morphopsychologie (évaluation de la personnalité en fonction des traits du visage) à la «méthode intuitive», appellation sophistiquée d'une pratique connue sous le nom de «voyance». Catherine Bidan, coach sortie d'HEC, explique sans rire que «l'intuition est le plus élevé des sept niveaux d'intelligence» : «Je reçois des images, des mots, des scénarios qui répondent à ce qui se pose des sensations. Je peux ressentir la peine d'une personne. Je peux malheureusement voir le scénario d'un fait divers avant que la télévision n'en annonce son déroulement.»

Entre autres clients, le ministère de l'Economie et des Finances, Chanel ou PSA ont déjà fait confiance à Catherine Bidan et à ses dons. Jean-François Amadieu révèle aussi que «la France a le rare privilège d'être le pays au monde où se pratique le plus la graphologie». Scientifiquement, c'est prouvé, l'analyse de la personnalité par l'écriture ne vaut pas un clou. Mais peu importe : en 2007, la graphologie était pratiquée par 70 % des cabinets de recrutement. «Dans mon entreprise, on fait régulièrement appel à une graphologue pour départager des candidats qui nous intéressent, raconte Marie, qui travaille dans un cabinet de conseil. Mais, finalement, on utilise assez peu ses conseils, parce qu'on s'est aperçus que ses analyses sont toujours dithyrambiques !»

Dans le même registre, l'astrologie fait un malheur chez bon nombre d'employeurs. «J'ai été recrutée en stage dans un grand quotidien national parce que j'étais Capricorne ! raconte une journaliste. Le directeur avait reçu tellement de CV qu'il avait décidé de ne prendre que des Capricorne.» Un classique : Raymond Domenech n'a jamais caché que l'astrologie avait joué un rôle fondamental dans la sélection des joueurs de ses équipes de football. De son côté, le maire d'Issy-les-Moulineaux André Santini affirme se méfier des Poissons, et soutient que «les Verseaux manquent souvent de détermination».

A quand le recrutement par télépathie ? La lecture du CV dans les entrailles d'un poulet ou dans la forme des nuages ? Le sacrifice de jeunes vierges pour s'assurer d'embaucher le bon candidat ? Les charlatans qui pullulent dans les cabinets de recrutement ont encore de beaux jours devant eux. Dommage pour les responsables des ressources humaines qui essaient de faire leur boulot honnêtement. Dommage, surtout, pour les candidats qui espéraient faire valoir une qualité désormais désuète : la compétence. 


(1) Auteur de Travail, les raisons de la colère, Seuil, coll. «Economie humaine», 2011.

(2) Une expérience menée en psychologie dans les années 60, et visant à étudier la soumission à l'autorité : sur ordre, les participants devaient envoyer des chocs électriques à d'autres. A l'arrivée, une séance de torture.

(3) William Poundstone, JC Lattès, 2013, 378 p., 20 €.

(4) Seuil, 2013, 236 p., 19,90 €.

 
SOS JOB DATING

Pour recruter leurs ingénieurs, les entreprises d'informatique déclenchent de vastes opérations de séduction : dès lors, on ne parle plus d'«entretiens», mais de «job dating». «Les boîtes de SSII organisent des rencontres dans des bars, note Fabrice Mazoir, responsable éditorial des sites Régions Job. Le but, c'est de rendre le recrutement sexy, voire d'en convaincre certains de quitter leur job. Le mauvais exemple, c'est cette agence de pub qui avait organisé le recrutement de ses stagiaires via un tournoi de poker, ce qui est illégal. Mais il y a d'autres innovations. Par exemple, la société Akka Technologies invite chaque année des jeunes diplômés au ski pendant trois jours.» Et pendant ce temps, l'immense majorité des diplômés et des chômeurs lutte pour obtenir le plus petit CDD...

 

 

 

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8 février 2013 5 08 /02 /février /2013 21:53

 

Rue89 - RDV manqué 08/02/2013 à 18h09
Elsa Fayner | Journaliste Rue89

 

 

C’est un secteur qui perd [PDF] 20 000 emplois par an en France. C’est un secteur subventionné par l’Union européenne. Très subventionné même : les soutiens agricoles et le développement rural représentent 40% du budget européen. Ce dernier est discuté les 7 et 8 février à Bruxelles. Et la France est le premier bénéficiaire de la PAC.

Alors, plutôt de se questionner sur l’enveloppe qui sera finalement accordée à l’agriculture, pourquoi ne pas se demander comment la somme – même amoindrie – pourrait être mieux répartie, de façon à créer de l’emploi par exemple ?

La France, premier bénéficiaire de la PAC

Ministre chargé des Affaires européennes, Bernard Cazeneuve, vendredi 8 sur RMC, se voulait rassurant alors qu’un accord sur le « cadre financier » européen 2014-2020 n’a pas encore été trouvé. Concernant la Politique agricole commune :

« Nous demandons d’épargner la PAC. Pour l’instant, nous sommes à peu près garantis que, pour la France, les intérêts de l’agriculture seront préservés. »

Mais de quelle PAC parle le ministre délégué chargé des Affaires européennes ? De la même qui a prévalu jusqu’ici, depuis sa réorientation en 1992 ?

Les céréaliers vont bien, merci

En France, 663 807 exploitations de toutes tailles étaient recensées [PDF] en 2000. Une dizaine d’années plus tard, plus d’un quart d’entre elles ont disparu

Mais ça ne va pas mal pour tout le monde. Et les distinctions se sont même accentuées en 2012, d’après les chiffres [PDF] de la commission des comptes de l’agriculture :

  • Les céréaliers et producteurs d’oléoprotéagineux ont vu leur résultat courant augmenter de 48% ;
  • tandis que ceux des producteurs de lait et de viande bovine baissaient de 10%. »

Pour Agra Press Hebdo, ces résultats s’expliquent par « la hausse persistante des prix des grandes cultures qui avantagent le revenu des agriculteurs en pénalisant celui des éleveurs. » Quand les prix des céréales s’envolent, comme l’an dernier, c’est bon pour les céréaliers, beaucoup moins pour les agriculteurs qui ont besoin de céréales pour nourrir le bétail. Mais pas seulement.

C’est la taille qui compte

Réagissant à la publication de ces chiffres, le ministre de l’Agriculture a pris acte, le 12 décembre 2012, « de cette évolution et des disparités historiquement marquées entre filières ».

Selon Stéphane Le Foll :

« Ces résultats me confortent dans l’idée que la répartition des crédits de la PAC doit être rééquilibrée en faveur des filières d’élevage. »

Car l’aide européenne est calculée, notamment, en fonction de la taille de la ferme. Et 80% des subsides vont toujours à 20% des agriculteurs. Sachant que leur montant n’est pas plafonné, cela peut aller jusqu’à plusieurs millions par an pour une exploitation.

La réforme de la PAC : le RDV manqué

Le budget de la PAC est discuté jusqu’à vendredi soir à Bruxelles. Mais, plus largement, la Politique agricole commune va être réformée.

La réforme tarde, elle a été reportée à 2015. Mais, d’ores et déjà, dans le projet, pas une ligne ne suggère de prendre en compte l’emploi dans l’attribution des subventions. La crise est passée par là, mais rien n’y fait.

La Commission européenne a bien proposé de plafonner le montant des aides à 300 000 euros par exploitation, mais une majorité de pays membres s’y opposent.

La France, quant à elle, demande à ce que ce budget soit redistribué plus équitablement, en accordant notamment une surprime aux 50 premiers hectares, pour les petits agriculteurs. Le projet est dénoncé par les producteurs de grandes cultures, « très inquiets », selon leur syndicat français, la FNSEA.

 

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8 février 2013 5 08 /02 /février /2013 21:45

 

Marianne - Vendredi 8 Février 2013 à 05:00

 

 

« Marianne » s’est procuré la note rédigée par Jean-Louis Nadal, procureur général près la Cour de cassation, sur l’affaire Tapie-Adidas. Où l’on découvre que Christine Lagarde, ex-ministre de l’Economie et actuelle patronne du FMI, est à portée de fusil d’une probable mise en examen pour « abus d’autorité » et peut-être même pour « complicité de détournement de fonds publics ». L’enjeu : plus de 400 millions d’euros versés à Bernard Tapie !

 

DUENAS CASTANEDA/EFE/SIPA
DUENAS CASTANEDA/EFE/SIPA
Après Dominique Strauss-Kahn, Christine Lagarde pourrait bien être le deuxième secrétaire général du FMI (Fond monétaire international) à avoir des ennuis avec la justice de son pays durant son mandat.

Pas d’histoire grivoise cette fois, mais une affaire de fric : les millions empochés par Bernard Tapie au terme d’une sentence arbitrale contestée, lui qui s’estimait floué par son ancienne banque, le Crédit Lyonnais, lors de la vente d’Adidas.

Celle qui était ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie à l’époque des faits risque, au mieux, une audition comme témoin assisté. Au pire, une mise en examen pour complicité de détournement de fonds. C’est du moins ce qui ressort des documents auxquels Marianne a eu accès. 

 

Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Le scénario judiciaire de cette chute a en effet été consigné noir sur blanc, dès le mois de mai 2011, par le procureur général de la cour de Cassation de l’époque, Jean-Louis Nadal, l’homme par qui le scandale pourrait bien de nouveau rebondir.

Voilà ce qu’il écrivait notamment dans ce document consulté par Marianne :  

« L’examen des pièces communiquées par le ministère des finances traduit la constance et l’intensité des interventions ministérielles pour conduire à la solution ayant finalement amené l’Etat à verser (à Bernard Tapie) une somme nettement supérieure à celle qui pouvait découler des sentences judiciaires qui venaient d’intervenir ».

 

Près de deux ans plus tard, le piège est en train de se refermer sur Christine Lagarde. Pourquoi ? Comment ? 

L’intégralité de notre enquête est à lire dans le n°825 de Marianne disponible en kiosque ce samedi et en version numérique dès cet après-midi sur le site Relay  (Mac et PC) et celui du Kiosque  (Mac, PC et Linux).

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8 février 2013 5 08 /02 /février /2013 21:16

 

Le Monde.fr | 08.02.2013 à 10h40 • Mis à jour le 08.02.2013 à 17h55

 

 

 

Selon Vicki Huddleston, ex-ambassadrice des Etats-Unis au Mali, la France a versé 17 millions de dollars à AQMI pour libérer ses otages enlevés en septembre 2010 sur le site minier d'Arlit au nord du Niger. Quatre otages qui sont pourtant toujours détenus. "Les rançons, comme toutes les rançons, ont été payées indirectement. Elles ont terminé entre les mains du gouvernement malien et ensuite elles sont retournées, du moins en partie, aux salafistes", a-t-elle précisé.

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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 19:13

 

 

 

Rouen, de notre envoyée spéciale

Les oreilles des policiers anti-terroristes français ont dû siffler ce 6 février 2013. Charles Torres, 28 ans, comparaissait mercredi devant le tribunal correctionnel de Rouen pour avoir refusé un prélèvement ADN lors de sa garde à vue dans les locaux de la police anti-terroriste. Le 23 février 2012, à 7 h 45, le jeune homme, forgeron de son état, avait été interpellé, dans le cadre de l’affaire de Tarnac, par une vingtaine de policiers de la sous-direction antiterroriste (Sdat) accompagnés du juge Fragnoli, alors en charge du dossier.

Colocataire à Rouen d’une maison où habitent deux des dix mis en examen dans l’affaire de Tarnac, l’ancien étudiant en histoire était soupçonné d’avoir fabriqué les fameux fers à béton posés sur une ligne TGV en Seine-et-Marne, dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008.

Des milliers d'heures d’écoutes téléphoniques, une perquisition en règle du domicile de ses parents et une garde à vue de 34 heures plus tard, Charles Torres quittait les locaux de la Sdat à Levallois-Perret sans aucune charge et sans même avoir été entendu par le juge d’instruction. À un détail près : un refus de prélèvement de ses empreintes digitales et génétiques qui lui vaut d’être jugé ce 6 février. Une capitaine de police de la Sdat a pris soin, dans un procès-verbal daté du 24 février 2012 transmis aux magistrats rouennais, de déplorer ce refus en précisant combien ce prélèvement ADN « aurait utilement permis de déterminer le profil génétique de l'intéressé aux fins de comparaison avec les empreintes génétiques à ce jour non identifiées ».

Comme l’a révélé mercredi Le Monde, cette même enquêtrice de la Sdat a cependant omis de préciser un petit détail aux magistrats : ses subordonnés ont réussi à prélever l’ADN de Charles Torres à son insu, le deuxième jour de sa garde à vue. Anticipant son refus, « un usage chez les mis en cause successifs dans la présente procédure », note un enquêteur, les policiers ont procédé, à l'aide d'une solution hydro-alcoolique, à « un nettoyage intégral du bureau » où le jeune homme devait être entendu pour la quatrième fois. Il ne leur restait plus, après l'audition, qu’à récupérer « les prélèvements de traces de contact sur la surface du bureau » où il « a apposé ses mains », ainsi que les cheveux jonchant le sol « à l'aplomb du siège où Charles Torres s'est assis ».

Selon ses avocats, la comparaison des empreintes génétiques réalisées ensuite n’a rien donné. Et pour cause : « Sur les fameux crochets, il n’y a aucun ADN, si ce n’est celui de deux gendarmes, et je ne pense pas qu’on me soupçonne d’être gendarme », a raillé Charles Torres devant le tribunal. 

Les policiers de la Sdat se sont bien gardés de mentionner ou de transmettre ce PV de recueil de traces génétiques au procureur ainsi qu’aux magistrats rouennais qui jugeaient Charles Torres jeudi. Les avocats du jeune homme, Me Marie Dosé et Me William Bourdon, ont donc eu beau jeu de crier mercredi à « l’escroquerie au jugement ». « On vous fait croire que ce refus (de prélèvement - ndlr) a causé un préjudice terrible pour l’affaire de Tarnac, et on apprend à travers la presse que ce prélèvement a été fait ! De qui se moque-t-on ? » s’est indignée Me Marie Dosé.

« Les policiers, noir sur blanc, mentent au tribunal de Rouen », a repris son confrère Me William Bourdon, brandissant d’une main le procès-verbal de la policière de la Sdat regrettant l’absence de prélèvement, et de l’autre celui de recueil d’ADN effectué par le même service, le même jour. Procès-verbal qui n’a jamais été transmis aux magistrats rouennais, tout comme les quatre auditions sur les faits du jeune homme. Pour l’avocat, ce nouvel épisode de l’affaire de Tarnac n’est qu’une preuve de plus de « la déloyauté au cœur de la stratégie de la Sdat » et du « mépris de ce qui devrait être la fine fleur de la police française envers les juges ».

« Un innocent peut être fiché sans le savoir »

Face au tribunal, le jeune forgeron, à la plume mordante, s’excuse de ne pas être aussi à l’aise à l’oral et retrace le contexte « kafkaïen » il a cherché un autre mot « moins café du commerce », il n'a pas trouvé – de son interpellation. Dès sa première audition, les policiers l'ont bombardé de questions sur ses convictions politiques et ses fréquentations : est-il militant d'un mouvement ou d'un parti politique ? Membre d'une association quelconque ? Que peut-il exprimer de la nature de ses idées politiques ? Quelles sont les causes qui méritent d'être défendues selon lui ? Est-il satisfait du système politique et social auquel il appartient ? Que pense-t-il de l'ordre économique en place, à savoir l'économie de marché ? Se sent-il proche des thèses défendues par l'extrême gauche française? À son avis, le recours à la violence est-il justifiable quand il permet de lutter pour des idées ? Connaît-il le mouvement anarcho-autonome français ou son histoire ? Etc.

Autant de questions auxquelles Charles Torres a refusé de répondre ou qu'il a mouchées de son ironie. À un enquêteur qui lui décrit avec force détails l'effet de fers à béton sur des caténaires, il conseille : « Je pense que vous devriez éviter de donner autant de détails à des gens qui sont des criminels potentiels. » Au même qui lui demande, en lui présentant une photo de crochets, s'il saurait les fabriquer, il répond de lui amener les pièces en question pour qu'il fasse un devis. 

Le souffle court, Charles Torres souligne devant le tribunal l’absurdité de la loi sur l’ADN. « Le juge me libère de la garde à vue sans même m’interroger, j’en déduis que ses soupçons ont disparu, et au même moment, on me remet en garde à vue pour refus de prélèvement, s’étonne-t-il. Ce qui justifiait la demande de mon ADN a disparu, mon ADN a déjà été prélevé, et pourtant je suis devant cette salle ! » Prenant plusieurs fois à partie le policier de la DCRI « en blouson de motard » qu’il affirme avoir repéré dans la salle, Charles Torres provoque les rires et applaudissements du public, où se pressent amis et militants rouennais.

Selon la loi, les officiers de police judiciaire doivent, a minima, disposer « d’une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner » qu’une personne a commis une infraction pour pouvoir prélever son ADN. Or, pour Me Marie Dosé, au vu du peu d’éléments transmis par la Sdat au tribunal de Rouen, « au moment où Charles Torres refuse le prélèvement ADN, vous ne pouvez pas savoir s’il y avait des éléments contre lui ». 

Le procès aurait pu être l’occasion d’un toilettage de la loi sur le fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg), uniquement destiné aux violeurs lors de sa création en 2008 et aujourd’hui étendu à la quasi-intégralité des délits. « C’est devenu le fichier des voleurs de tranche de jambon plutôt que celui des violeurs, lance Charles Torres. Ils ont transformé l’adage populaire “qui vole un œuf vole un bœuf” en “qui vole un œuf viole un bœuf”. »

Mais la question prioritaire de constitutionnalité déposée par ses avocats a été écartée par le tribunal au motif que l'article visé avait déjà été examiné par le Conseil constitutionnel.
La loi prévoit qu’en cas d’impossibilité de procéder à un prélèvement biologique, l’identification ADN puisse être réalisée à partir « d’un matériel biologique qui se serait naturellement détaché du corps de l’intéressé ». 

Pour Me William Bourdon, cette disposition contrevient au principe de libre disposition du corps ainsi qu’au droit de ne pas s’auto-incriminer. En effet, les officiers de police judiciaire peuvent effectuer un prélèvement à l’insu de la personne sans même l’avertir de cette possibilité, et ensuite sans lui notifier ce prélèvement. « Un innocent peut donc être fiché sans qu’il le sache », relève Me Marie Dosé. De plus, l’officier peut effectuer ce prélèvement sans vérifier que la personne n’est pas déjà fichée, ce qui risque de conduire à des prélèvements inutiles en série.

Le procureur, Isabelle Poidevin, a requis un mois d’emprisonnement avec sursis, la décision a été mise en délibéré au 6 mars 2013. De leur côté, les avocats envisagent de déposer une plainte pour faux en écriture publique et tentative d'escroquerie au jugement, visant les enquêteurs de la Sdat. « On a une capitaine de la Sdat qui suit l’enquête, qui sait que le prélèvement génétique a eu lieu, et qui signe un procès-verbal non daté expliquant combien le refus de prélèvement est préjudiciable pour son enquête ! » relève Me Marie Dosé.

Une pierre de plus dans le jardin des policiers de la Sdat déjà visés par une information judiciaire ouverte à Nanterre, après une plainte pour « faux en écritures publiques ». Cette dernière remet en cause leur compte rendu de filature de la nuit du 7 au 8 novembre 2008, truffé d'incohérences. Une autre information judiciaire a également été ouverte le 3 janvier 2012 à Brive-la-Gaillarde, à la suite d'une plainte de Benjamin Rosoux, l'épicier de Tarnac, pour « interception de correspondances » et « atteinte à l'intimité de la vie privée ».


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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 18:46

 

Marianne - Jeudi 7 Février 2013 à 05:00 | Lu 4961 fois I 7 commentaire(s)

 

 Laurence Dequay - Marianne

 


FRED SCHEIBER/20 MINUTES/SIPA
FRED SCHEIBER/20 MINUTES/SIPA
Pôle emploi a beau avoir radié de ses listes, en décembre dernier, 10 000 chômeurs de plus qu’en décembre 2011 – un bond qui relativise la stabilisation officielle des demandeurs d’emplois de catégorie A (+300) ! – ces directeurs d’agences ne biffent pas leurs inscrits, sur instruction politique, pour faire baisser opportunément le chômage dans l’Hexagone comme le soupçonnent d’aucuns.

En revanche, révèle son chaleureux médiateur Jean-Louis Walter, ces cadres outrepassent largement leurs droits en considérant à 81% que l’absence d’un demandeur d’emploi à un entretien physique constitue un refus de ce dernier de remplir ses obligations. Alors que la loi n’édicte pas formellement cette appréciation. Voilà ce qui s’appelle mettre les pieds dans le plat !

 
En effet, ces chômeurs ont pu ne pas recevoir leur convocation, notamment  lorsqu’ils se font héberger administrativement chez un tiers afin de maximiser leurs chances de décrocher un job ( à Paris notamment plutôt qu’en banlieue); être en retard suite à un problème de transport, voiture ou train, ou même de bonne foi avoir tout bonnement oublié ce rendez vous.

Or quelques soient les circonstances de leur absence à leur convocation, ils encourent deux mois de suppression d’indemnités, c'est-à-dire deux mois sans revenus ! Une sanction bien trop lourde qui contredit toute la jurisprudence du Conseil d’Etat selon laquelle les sanctions doivent être proportionnées. « Un dispositif de radiation qui réponde aux réalités de terrain et laisse aux demandeurs d’emploi une première chance ou le bénéfice d’un avertissement avec sursis est donc encore à inventer. » prêche avec raison Jean-Louis Walter, ancien président de la CFE-CGC. Car pour l’heure, les chômeurs ne peuvent que s’en remettre, en la matièr,  qu’à la bienveillance de leur directeur d’agence Pôle Emploi…
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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 17:51

 

 

Rue89 - Le Yéti voyageur à domicile

 Publié le 07/02/2013 à 15h51

 

 

Eh non, la grande guerre, menée désormais aux quatre coins de la planète pour la maîtrise des ressources naturelles et la conquête de positions géostratégiques considérées comme cruciales, ne saurait faire oublier que la crise de la « Grande perdition » continue aussi ses ravages. En première ligne à nouveau, comme en 2008, les banques.

Voyez un peu, braves gens (et innocents épargnants), ce petit état des lieux européens façon « destroy ».

                                                                                                                                                                                                                             1 Des pertes historiques pour le Crédit agricole

 

En France, celle qui déguste un max, après les déroutes de Dexia et du Crédit immobilier de France, c’est le Crédit agricole. La banque « verte » cumulait déjà une perte de 2,48 milliards d’euros sur les trois premiers trimestres 2012.

Or, sans attendre la publication de ses résultats définitifs, sa direction annonce déjà une dépréciation record de 2,64 milliards rien que pour le dernier trimestre. Autant dire qu’il y a du roussi dans l’air.

                                                                                                                                                                                                                              2 Deux banques européennes nationalisées en urgence

 

En Europe, pas mieux. Deux banques viennent d’être nationalisées en urgence pour échapper à la déroute.

  • La première, BPN, est portugaise. Salement mouillée dans un scandale éclaboussant le pouvoir socialiste et à deux doigts d’une faillite frauduleuse qui coûtera la bagatelle de 7 milliards d’euros aux contribuables lusitaniens ;
  • La seconde, SNS Reaal, est néerlandaise. Victime de la crise immobilière qui frappe le pays et dans l’incapacité de se refinancer. Coût de l’opération pour éviter un risque systémique jugé majeur : 10 milliards d’euros.

                                                                                                                                                                                                                                3 De quelques autres fleurons à la dérive

 

L’Allemagne et la Suisse, pays présentés comme des fleurons de la bonne santé économique ou financière, n’échappent pas au séisme.

  • La banque suisse UBS se mange une perte chiffrée à 2,5 milliards de francs suisses (2 milliards d’euros), avec une dégradation accélérée au quatrième trimestre 2012. En cause, les amendes résultant du scandale du Libor qui n’en finit pas de faire tomber des têtes ;
  • Les allemandes Commerzbank et Deutsche Bank prennent aussi un sacré bouillon. Avec des pertes évaluées respectivement à 720 millions d’euros pour la première, 2,6 milliards d’euros pour la seconde. Rien que pour le quatrième trimestre 2012.

Le « scud » du président islandais

 

Bon allez, je ne vous assomme plus avec ces chiffres pourtant plus réjouissants qu’il n’y paraît, sachant que la « Grande mutation », appelée à prendre le relais de la « Grande perdition », passe inévitablement par la chute de ces officines prédatrices.

Notre ministre Moscovici, « le partenaire des banquiers » (c’est lui qui le dit) gagnerait à méditer les phrases que prononça dernièrement à Davos, dans un silence médiatique assourdissant, le président islandais Olafur Ragnar Grimmson :

« Il faut penser davantage aux peuples qu’aux banques. Nous avons laissé les banques faire faillite et nous nous sommes occupés des citoyens, et ça a marché.

Pourquoi considère-t-on que les banques sont des saintes-chapelles de l’économie moderne, et pourquoi ne peuvent-elles pas faire faillite comme les compagnies aériennes ou les entreprises de télécommunication, si elles ont été gérées d’une façon irresponsable ? »

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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 17:07

 

 

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 07.02.2013 à 10h53 • Mis à jour le 07.02.2013 à 12h21


 
Le NHS, qui fournit des soins gratuits aux Britanniques les plus défavorisés, est une institution qui faisait encore il y a peu la fierté de la Grande-Bretagne.

La mort dans des conditions sordides de centaines de patients d'un hôpital anglais, privés d'eau, de nourriture et d'hygiène élémentaire, met en évidence l'urgence d'une remise en question du système de santé publique (NHS) en Grande-Bretagne, souligne un rapport publié mercredi.

Le scandale de l'hôpital de Stafford, dans le centre de l'Angleterre, où de 400 à 1 200 patients ont succombé à diverses privations entre janvier 2005 et mars 2009, est l'un des plus graves qui a affecté le NHS depuis sa création en 1948. "Certains patients étaient tellement assoiffés qu'ils buvaient l'eau sale des vases", a déclaré le premier ministre britannique devant le Parlement. Qualifiant les événements de Stafford de "catalogue ignoble de défaillances médicales et d'encadrement", David Cameron a présenté au nom du gouvernement et du pays tout entier ses excuses aux familles des victimes.

L'auteur du rapport de 3 000 pages, l'avocat Robert Francis, a de son côté déclaré que son enquête avait mis en lumière "les souffrances écœurantes et inutiles de centaines de personnes". Le NHS, qui fournit des soins gratuits aux Britanniques les plus défavorisés, est une institution qui faisait encore il y a peu la fierté de la Grande-Bretagne, au point d'avoir été placé au cœur de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres l'été dernier. Plus grand service public de santé au monde, le NHS, qui emploie 1,7 million de personnes, gère huit patients à la seconde et les Britanniques sont très attachés à ce système mêlant financement par l'impôt et gratuité des soins. Le gouvernement a entrepris une refonte très contestée de ses structures, allant de pair avec un recours accru au privé.
 

L'auteur du rapport a raconté que certains patients reposaient sur des draps souillés ou encore que les médicaments prescrits n'étaient pas administrés. "Il est difficile de croire que tout cela est arrivé dans un hôpital du NHS, a conclu Robert Francis. Les patients âgés et vulnérables n'étaient ni lavés, ni nourris, ni désaltérés. Ils étaient privés de dignité et de respect. Certains patients devaient se soulager dans leur lit quand personne ne les aidait à aller à la salle de bain."


CRÉATION D'UN POSTE DE CONTRÔLEUR DES HÔPITAUX

Robert Francis dénonce plus largement dans son rapport la culture du secret du système de santé et sa capacité à ignorer voire à faire taire tous ceux qui ont lancé des mises en garde ou ont posé des questions. Il décrit des directeurs hospitaliers tellement obsédés par les objectifs bureaucratiques et l'équilibre des comptes requis pour que leur établissement bénéficie du label "NHS Foundation Trust" qu'ils en négligeaient totalement la qualité des soins. Selon lui, c'est donc d'un changement de culture, et non de système d'organisation, que le NHS a besoin.

Robert Francis avait publié en 2010 un premier rapport édifiant sur l'hôpital de Stafford, où il décrivait des malades assis sur des pots de chambre pendant des heures ou qui n'avaient pas leur toilette faite pendant un mois. Les repas étaient souvent laissés hors d'atteinte des patients et beaucoup devaient se reposer sur l'aide de leur famille pour manger. Les proches étaient parfois obligés de jeter eux-mêmes les pansements usagés ou de nettoyer les toilettes. Quant aux médicaments pour soulager la douleur, ils étaient donnés avec retard, dans le meilleur des cas.

Parmi les 290 recommandations du rapport figure notamment l'adoption d'un "devoir de franchise" qui contraindrait médecins et infirmières a reconnaître quand une erreur a été commise et les exposerait à des poursuites pénales en cas de non-respect de cette règle.

David Cameron a annoncé la création d'un poste de contrôleur des hôpitaux et indiqué que des investigations allaient être menées pour comprendre pourquoi cette affaire n'avait donné lieu à aucune poursuite. Les familles des ex-patients de l'hôpital se sont félicitées d'un changement de culture au NHS, mais certaines réclament la démission des autorités de contrôle locales d'alors, qui occupent aujourd'hui d'autres fonctions.

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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 16:17

 

 

Le Monde.fr | 07.02.2013 à 11h37 • Mis à jour le 07.02.2013 à 16h21 Par Nicolas Chapuis


 

 

François Hollande et Angela Merkel assistaient tous deux au match France-Allemagne au Stade de France.

 

C'est un petit marathon qui commence. Les discussions sur le budget européen, qui s'ouvrent, jeudi 7 février, à Bruxelles, pourraient bien durer jusque dans la nuit de jeudi ou de vendredi. "Il y a urgence à trouver un accord", a prévenu Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen. Entre l'Allemagne, qui veut faire maigrir le budget, et la France, qui au contraire veut des investissements, la partie risque d'être serrée.

Lire l'éditorial du "Monde" : Le rituel désuet et indigne du budget européen

  • Qu'est-ce que le "cadre financier pluriannuel" ?

Il s'agit du cadre du budget de l'Union européenne (UE) pour la période 2014 à 2020. Le chiffre total représente moins de 1 % du produit intérieur brut (PIB) de l'UE. Comme Bruxelles ne prélève directement aucun impôt, l'ensemble des recettes provient de la contribution des Etats membres : il s'agit de la ressource "RNB" (0,73 % du revenu national brut versé par chaque Etat), des droits de douane aux frontières extérieures de l'UE, un prélèvement de 0,3 %, sur la TVA et des droits agricoles.

En 2011, le budget représentait une somme de 141 milliards d'euros engagés (dont 126 milliards réellement payés). Le budget défini sur une période de sept ans s'établit donc entre 900 et 1 000 milliards d'euros. Pour le cadre 2007 à 2013, le budget engagé était de 975 milliards d'euros.

  • Quels sont les postes de dépenses du budget de l'Union européenne ?

L'argent sert à financer des investissements d'avenir, destinés à créer des emplois (près de 10 % du budget en 2011). Mais une grande partie est surtout consacrée à la politique agricole commune, la PAC (43 %), et aux aides régionales (37 %). L'action extérieure (5,5 %) et le coût de fonctionnement de l'administration (6,3 %) viennent compléter le tableau.

  • Quelle est la position de la France ?

François Hollande est allé mardi devant le Parlement à Strasbourg pour défendre les vues de la France sur le budget européen. Le président français a défini sa ligne ainsi : "Faire des économies oui, affaiblir l'économie non !"

 Il s'agissait pour lui d'envoyer un message à ses partenaires britanniques et allemands qui souhaitent faire des coupes importantes dans le budget. Les chefs d'Etat n'avaient pas réussi à se mettre d'accord en novembre 2012. Trois mois plus tard, le consensus tarde à se dessiner. "Un compromis sur le budget européen est possible mais il faudra raisonner les pays européens qui veulent aller au-delà de ce qui est raisonnable dans les coupes", a estimé François Hollande.

Le président français aimerait que le budget se dote de véritables ressources propres et ne dépende plus quasi exclusivement de la contribution des Etats membres. La France est particulièrement attentive au budget de la politique agricole commune qui, dans le système actuel de subventions, est vital aux agriculteurs, qui ont un poids économique plus grand en France que dans le reste de l'Europe.

  • Quelles positions défendent les autres grands pays européens ?

Si le discours de François Hollande a été très applaudi à Strasbourg, le chef de l'Etat sait que le plus difficile commence. L'Allemagne et le Royaume-Uni sont décidés à obtenir un budget minimal. Herman Van Rompuy a mis une proposition sur la table proche des aspirations d'Angela Merkel et de David Cameron : un budget de 960 milliards pour les dépenses engagées dont 900 milliards de crédits de paiement (les dépenses effectives).

Cela représente une coupe substantielle de 43 milliards d'euros sur les crédits de paiement par rapport à la proposition étudiée à l'automne 2012. Londres aimerait effectuer des coupes dans les frais de fonctionnement des institutions, et ramener la PAC à un tiers du budget.

Le Parlement européen a déjà prévenu qu'il rejetterait cette proposition. Même les élus du Parti populaire européen, de droite, ont demandé à M. Hollande d'user de son droit de veto pour empêcher un budget au rabais. "Vous demandez à un socialiste d'empêcher les conservateurs de faire un mauvais budget", s'est amusé M. Hollande, qui penche lui pour un "compromis".

Il existe une marge de négociation entre la proposition basse de M. Van Rompuy – appuyée par l'Allemagne, le Royaume-Uni et les Etats scandinaves – et le budget plus tourné vers les dépenses, soutenu notamment par les Etats du sud de l'Europe.

José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, a aussi apporté une forme de soutien à la France : "Pour garantir une croissance soutenable, nous avons besoin d'investissement, et l'instrument pour ça c'est le budget de l'Union européenne."

  •  Y aura-t-il un accord ?

Ce n'est pas obligatoire. Si les chefs d'Etat n'arrivent pas à se mettre d'accord sur un cadre financier 2014-2020, l'Europe continuera de fonctionner avec un budget défini année après année. Mais l'absence de compromis serait un coup dur pour l'Europe, qui montrerait ainsi son incapacité à trouver une solution. La France, au contraire, pourrait y trouver son compte, car la PAC conserverait ainsi son niveau actuel.

En coulisse, Paris et Berlin ont tenté de rapprocher leurs positions. "Nous ne pouvons dire actuellement s'il y aura un accord. Les positions des uns et des autres sont encore assez éloignées", a pourtant déclaré Angela Merkel à son arrivée à Bruxelles. Mardi, l'entourage de François Hollande se disait pessimiste sur l'issue de la négociation. Le jeu de dupes a commencé.

Nicolas Chapuis

 

 

 

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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 22:53

 

 

Médiapart - | Par Carine Fouteau

 

 

La Ville de Paris n'est pas seule en cause. Que des familles roms dorment dans les rues de la capitale est aussi le résultat d'une politique d'État particulièrement répressive à l'égard de cette population. Les démantèlements de campements au-delà du périphérique ont des répercussions sur les communes avoisinantes, en premier lieu Paris. Délogés, les occupants cherchent refuge un peu plus loin. Et c'est ainsi que, parfois, ils échouent dans les cabines téléphoniques de la place de la Bastille ou sur les trottoirs de la rue du faubourg Saint-Antoine.

Pourquoi ce quartier ? En partie parce que s'y trouve l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii), où Roumains et Bulgares peuvent solliciter l'aide au retour. Problème : ce dispositif est victime de son succès... et de son inefficacité au point que le ministre de l'intérieur vient d'en abaisser drastiquement le montant. C'est la faillite d'un système qui a fait des évacuations et des reconduites à la frontière sa priorité

Lors de la campagne présidentielle, François Hollande s'était engagé à renoncer à la politique du chiffre inaugurée par Nicolas Sarkozy en 2002. Pourtant, même sans objectifs fixés, le bilan de l’année 2012 est plus élevé que jamais : 36 822 étrangers en situation irrégulière ont été expulsés, contre 33 000 en 2011 et 28 000 en 2010. Sous le gouvernement Jospin, en 2001, ce chiffre ne dépassait pas les 10 000. Ce record, Manuel Valls l'obtient grâce aux ressortissants roumains et bulgares, le plus souvent de la minorité rom, qui contribuent à hauteur d’un tiers environ aux retours.

 

À l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, le 18 décembre 2012, avant le départ d'un charter vers la Roumanie. © Sara Prestianni 
À l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, le 18 décembre 2012, avant le départ d'un charter vers la Roumanie. © Sara Prestianni

 

Via son « entourage » cité dans l’AFP, le ministre a adressé un double message : aux défenseurs d’une politique de « fermeté », il souligne que cette évolution représente une hausse de 11,9 % sur un an ; à ceux qui s’inquiéteraient d’un tel résultat, il précise que les premiers mois de l’année, lorsque la droite était au pouvoir, « furent sans précédent » et qu’une baisse a ensuite été amorcée.

Cette dernière information, invérifiable tant que les statistiques détaillées ne sont pas rendues publiques, en cache une autre : au second semestre, qui correspond à l’arrivée au pouvoir de la gauche, les indicateurs ne sont pas tous en recul. Car les démantèlements de campements mais aussi les rapatriements de Roumains et Bulgares se multiplient.

Selon les calculs de Philippe Goossens, membre du bureau de l’Association européenne pour la défense des droits de l’homme (AEDH) qui compile depuis plusieurs années des données sur les démolitions de campements, 11 803 personnes ont subi une évacuation forcée en 2012, dont 4 209 entre janvier et juin, et… 7 594 entre juillet et décembre. Là encore, c’est plus qu’auparavant. Ils étaient 9 396 à avoir été délogés en 2011 et 3 213 en 2010, l’année où Nicolas Sarkozy a violemment stigmatisé cette communauté.

Les charters collectifs suivent également une courbe ascendante : Philippe Goossens recense 220 personnes concernées par les vols groupés au cours de la première partie de l'année dernière, 1 293 lors de la seconde. Six fois plus ! Même tendance pour le nombre total d'éloignements de ressortissants roumains et bulgares, y compris les départs “individuels”. Dans son dernier bilan, l'Ofii en dénombre 8 713 en 2011. Selon un document interne de l'établissement public, ils seraient au moins un millier de plus en 2012, mais l'Ofii, tout comme le ministère de l'intérieur, refusent de communiquer l'évolution d'un semestre sur l'autre.

 

Un agent public, avec ses gants noirs, récupère les attestations de départ. © Sara Prestianni 
Un agent public, avec ses gants noirs, récupère les attestations de départ. © Sara Prestianni

En l’absence de résultats tangibles de la circulaire interministérielle du 26 août 2012 « relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites », l’orientation musclée adoptée par Manuel Valls l’emporte malgré les réticences de quelques collègues du gouvernement, comme Cécile Duflot ou George-Pau Langevin. Sa méthode, qui aurait provoqué des levées de boucliers lors du quinquennat précédent, ne rencontre plus guère d’opposition à gauche. Ses déclarations sur les Roms se raréfient : il n’a plus besoin de justifier sa politique comme il le faisait voilà encore quelques mois.

En fin de compte, le ministre de l’intérieur réussit le tour de force de faire passer ses options droitières comme les seules possibles. Il a banalisé les démantèlements et les expulsions aux yeux à la fois de l’opinion publique et des élus qui en appellent fréquemment aux services de police, et aux préfets et donc à lui, pour se débarrasser de cette population considérée comme indésirable.

 

En attendant d'entrer dans le terminal 3. © Sara Prestianni 
En attendant d'entrer dans le terminal 3. © Sara Prestianni

 

« Devenir xénophobe pour essayer d’être populaire »

Expulsions répétées de femmes enceintes et d’enfants à Marseille, refus de scolarisation dans le XVe arrondissement de Paris, classes ghettos à Ris-Orangis en Essonne et à Saint-Fons, près de Lyon, refus d’accès à la cantine à Deuil-la-Barre dans le Val-d’Oise… Manuel Valls fait des émules, aussi bien à droite qu’à gauche.

Les autorités européennes s’en émeuvent. Dans une décision du 21 janvier 2013, le Comité européen des droits sociaux du Conseil de l’Europe a condamné publiquement la France pour violations manifestes des droits des Roms en matière de logement, d’éducation et d’assistance sociale et médicale. Mais ces accusations de traitement discriminatoire, qui ne sont pas les premières, n’ont pas suscité de réactions de la part du gouvernement.

 

En file vers les guichets d'embarquement. © Sara Prestianni 
En file vers les guichets d'embarquement. © Sara Prestianni

Président du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), Stéphane Maugendre, dans une récente tribune à Libération, relève lui aussi la « brutalité » de l’exécutif à l’égard des étrangers et la « maltraitance » dont il fait preuve. « Manuel Valls peut en toute tranquillité s’affirmer l’héritier direct de Nicolas Sarkozy », souligne-t-il. Regrettant que les non-Français servent de nouveau de « monnaie d’échange » dans un contexte économique et social critique, il souligne le risque de « devenir xénophobe pour essayer d’être populaire ».

Pas sûr que le ministre soit sensible à ces mises en garde « droits-de-l'hommistes », selon son expression. Le coup de frein, paradoxalement, pourrait venir d'ailleurs. Le mécanisme auquel Manuel Valls doit sa popularité est dans un tel état de surchauffe qu'il revient cher à l'État. Avec près de 37 000 expulsions annuelles, le budget finit par exploser. Pragmatique, le ministre a sorti sa calculette et décidé de réduire le montant des aides au retour.

Proposée aux Européens dont les ressources ne sont pas « suffisantes » pour être autorisés à séjourner sur le territoire, l'aide dite “humanitaire” s'adresse, depuis sa création en 2006, principalement aux ressortissants roumains et bulgares. Mis en place par Nicolas Sarkozy, ce dispositif est inopérant, car les personnes reviennent, libre circulation oblige. Et coûteux : avec l’aide au retour dit “volontaire” prévue pour les ressortissants non-européens, les sommes dépensées ont atteint 20,8 millions d’euros en 2011 dont 9,4 pour le transport et 11,4 pour le pécule.

 

Une signature en échange de l'enveloppe contenant les billets de l'aide au retour. © Sara Prestianni 
Une signature en échange de l'enveloppe contenant les billets de l'aide au retour. © Sara Prestianni

Selon l’arrêt qui vient d’être publié au Journal officiel, la baisse est entré en vigueur le 1er février 2013. L’État continue à prendre en charge les frais de transport, mais l’aide financière est ramenée de 300 à 50 euros par adulte et de 100 à 30 par enfant. Conséquence prévisible : la chute du nombre de candidats au départ. En 2012, la politique du chiffre avait été boostée par les quelque 16 000 retours organisés par l'Ofii. Cette année, les reconduites à la frontière devraient, à l'inverse, diminuer. Enrayer les expulsions pour faire des économies ou polir la machine au risque d'aggraver les déficits, tel est le dilemme auquel est confronté Manuel Valls.

 

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