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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 20:07
Rue89 - Tribune 11/02/2013 à 16h59
Corinne Lepage | Présidente de Cap21

 

 

Le nouveau scandale sanitaire que nous rencontrons avec la viande de cheval et Findus n’est que l’énième, après bien d’autres dont nous n’avons pas su tirer les conséquences. C’est du reste une question majeure et générale qui devient dramatique, comme l’a démontré le très récent rapport de l’Agence européenne de l’environnement. Dans le cas présent, il est clair qu’il s’agit d’une fraude dont il faudra déterminer l’ampleur réelle et les niveaux de responsabilité.

Néanmoins, les services vétérinaires ont été défaillants à constater cette fraude, et étant donné la longueur de la chaîne et le nombre d’opérateurs, les responsabilités de chacun des opérateurs seront difficiles à établir. Voici près de vingt ans, la crise de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) avait été un tournant pour les questions sanitaires, et avait conduit à la création de l’Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA).

Nous sommes aujourd’hui bien loin de la volonté exprimée à l’époque d’éviter toute nouvelle tragédie sanitaire aux citoyens européens quand on constate les dérives de l’EFSA, plus soucieuse de la sécurité des industriels que de celle des consommateurs, ou encore lorsque, sur la demande de la Commission européenne, une majorité du parlement européen vota pour la réintroduction des farines animales.

En France, le Conseil national de l’alimentation préconisait une réintroduction des farines avec une distinction des deux filières. Mais un tel système exige une capacité de contrôle strict que nous n’avons à l’évidence pas. L’affaire Findus prouve que nous ne sommes pas en capacité de garantir la traçabilité d’une viande destinée à la consommation humaine ; alors tracer une farine, il ne faut pas y penser.

En cause, le système de régulation, de contrôle et de sanction

Mais au-delà de l’affaire Findus, les scandales à répétition démontrent que la question de l’insécurité alimentaire est désormais posée, car la succession de fraudes et dysfonctionnements démontre que le système de régulation, de contrôle et de sanction est en cause.

Fin 2010-début 2011, l’Allemagne connaît un épisode de contamination d’œufs et de viande de porc par de la dioxine. Le 17 janvier 2011 à Strasbourg, devant le parlement européen, feu le commissaire à la santé John Dalli indiquait qu’il « a déjà commencé à réfléchir à l’instauration de mesures susceptibles de rendre plus efficace le système européen de sécurité pour les aliments pour animaux ». Il expliquait alors aux parlementaires qu’il étudiait :

« la possibilité d’imposer une séparation stricte entre les productions de graisses à usage industriel et de graisses utilisées pour la fabrication de composants alimentaires pour les animaux »,

et qu’il jugeait également « nécessaire de rendre obligatoires des contrôles renforcés aux différents stades de la chaîne alimentaire pour déceler une éventuelle contamination à la dioxine. »

Et depuis, évidemment plus rien ! La révision, en juillet 2011, du règlement sur l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires était largement insuffisante, en raison des réticences du Conseil à prendre les mesures parfaitement connues et identifiées qui auraient permis de réduire effectivement les risques.

Un match consommateurs/industriels déséquilibré

Certes, ce règlement imposait une mention obligatoire du pays d’origine, en particulier pour les viandes et volailles fraîches, les fruits et légumes frais et les poissons. Mais l’étiquetage d’origine des produits alimentaires transformés n’a été soumis qu’à une évaluation d’impact préalable par la Commission.

Nous fûmes minoritaires à souhaiter un autre système d’étiquetage que celui que l’industrie a voulu et su imposer. Le match consommateurs/industriels est bel et bien déséquilibré, y compris au sein du Parlement, où je me demande parfois par qui et pour qui certains de mes collègues ont été élus.

Les autorités françaises, fidèles à une position qui consiste à affirmer des principes et à se garder de mesures pratiques d’application, ont adopté la position d’un « maintien du principe actuel de l’indication de l’origine ou du lieu de provenance de la denrée alimentaire sur base volontaire, ou obligatoire en cas de risque de tromperie du consommateur. »

On attend toujours que les Etats réglementent cette information, à commencer par la France qui ne l’a pas fait. Depuis 2009, on a probablement connu avec l’épisode de la colle à viande les prémisses de l’affaire Findus. Je me suis battue pour que le Parlement s’oppose à un projet de la Commission européenne, qui souhaitait autoriser l’utilisation de la thrombine bovine et porcine comme additif, afin de lier des morceaux de viandes séparés et ainsi constituer un morceau unique.

D’autres cas concrets de relâchement

Et, pour une fois, nous avons gagné, à une voix près lors du vote final, face à une tentative de dissimuler la vraie nature du produit vendu. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un autre cas concret de relâchement en matière de sécurité sanitaire, avec l’autorisation récente du nettoyage de la viande à l’acide lactique.

Pourtant, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) a montré dans une étude récente que la proposition de la Commission n’était pas compatible avec le règlement (CE) n° 2073/2005, relatif aux critères microbiologiques.

Nous avons échoué en commission parlementaire de l’Environnement à s’opposer à cette décision de la Commission européenne, essentiellement prise pour faciliter les relations commerciales de l’UE avec les Etats-Unis. Un autre bras de fer est en cours dans le dossier « Nouveaux aliments », avec notamment le risque de commercialisation d’aliments issus de descendants d’animaux clonés en provenance de pays comme les Etats-Unis.

Pour l’instant, le Parlement a tenu bon pour refuser de céder aux pressions, là encore motivées par les intérêts commerciaux. Mais, dans l’intervalle, et en l’absence de réglementation, tout ce qui n’est pas interdit étant autorisé, rien ne prouve que des descendants d’animaux clonés ne soient pas consommés en Europe.

Le sommet de l’iceberg

D’autres exemples pourraient être donnés. L’affaire Findus n’est que le sommet de l’iceberg auquel nous conduit un choix constamment fait en défaveur du consommateur et au bénéfice des intérêts industriels de court terme. Car, évidemment, le préjudice pour les sociétés qui, comme Findus, sont prises la main dans le sac, est immense.

La solution est simple :

  • mettre un terme au choix fait en faveur de l’insécurité alimentaire ;
  • cesser de mettre en place des réglementations multiples mais sans effet, comme le prétendu étiquetage de l’origine des produits, qui n’est que volontaire ;
  • cesser de prendre des risques sanitaires pour complaire aux pressions américaines dans le cadre de l’OMC, en oubliant que l’action de classe et les dommages punitifs au Etats-Unis sont des armes très dissuasives ;
  • arrêter de sacrifier sur l’autel de la diminution des dépenses de l’Etat, au demeurant nécessaire, les services de contrôle de la DGCCRF et des services vétérinaires, tout en prétendant fonder une réglementation laxiste au niveau communautaire sur les obligations de contrôle nationales ;
  • disposer d’une justice digne de ce nom, en cessant de priver de moyens le pôle santé environnement, en dessaisissant de fait les magistrats trop enclins à poursuivre et en faisant en sorte que les scandales sanitaires comme l’amiante ne soient jamais jugés, ce qui est un formidable espoir d’impunité pour tous les responsables des scandales sanitaires passés, présents et futurs.

Les solutions sont simples et connues. Il ne manque qu’un élément : la volonté politique. Mais la société civile ne restera pas éternellement passive devant une situation qui fait d’elle une victime physique et financière de choix indéfendables

 

 

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 19:50

 

 

LE MONDE | 11.02.2013 à 11h52 • Mis à jour le 11.02.2013 à 15h26 Par Editorial du "Monde"


 

L'Europe découvre avec stupéfaction qu'une viande de cheval roumain, vendue par des négociants chypriote et néerlandais, se change en boeuf entre Bucarest et les supermarchés de Londres, Oslo et Paris – qui croyaient naïvement vendre des lasagnes "pur boeuf". Elle avait découvert en 2008 avec la même horreur que les prêts hypothécaires américains à haut risque, les subprimes mitonnés par de petits génies de la finance, entraient dans la composition de produits financiers "toxiques" vendus par de respectables banques à des clients ignorant tout de leur dangerosité.

La complexité croissante des marchés sous l'effet de la mondialisation qui se rit des frontières, la concurrence exacerbée et l'entrelacs des systèmes de production créent de plus en plus d'incertitudes. Chaque pièce de chaque puzzle repose sur un savoir de plus en plus pointu et détenu par un nombre de plus en plus réduit d'individus. En dépit de l'accumulation des connaissances, la maîtrise des risques que nous créons apparaît de plus en plus hasardeuse.

Ce qui est vrai dans l'agroalimentaire ou la finance l'est aussi dans l'aéronautique, où une merveille technologique comme le Boeing 787 est cloué au sol parce que ses énormes batteries lithium-ion se révèlent défaillantes. Quelques mois avant sa certification, un directeur de recherche au CNRS alertait dans ces colonnes sur l'instabilité thermique de ce type d'accumulateurs : la connaissance du risque existait bel et bien. L'avionneur et son autorité de certification ont préféré nier l'incertitude.

Face à ces comportements dangereux, deux attitudes sont exclues. L'idéalisme, d'abord. Le protectionnisme réclamé par une députée conservatrice britannique souhaitant interdire toute importation de viandes en provenance du continent est impraticable. L'architecture de l'économie mondiale et la généralisation des chaînes de valeur rendent invivable la fermeture des frontières : l'interdépendance est si avancée qu'une telle mesure se retournerait contre son initiateur.

Mais le laisser faire ne serait pas moins redoutable. Les lasagnes mensongères, les produits financiers toxiques et les batteries aléatoires minent la confiance, sans laquelle il n'y a pas de croissance. Pas de croissance sans confiance, et pas de confiance sans réglementations et sans contrôles. On croyait ces codes de conduite en place et respectés. Il n'en est rien.

Le directeur France de Findus a déclaré qu'il ne pouvait "contrôler chaque ingrédient", et Benoît Hamon, ministre délégué à la consommation, qu'il ne pouvait "mettre un fonctionnaire derrière chaque pain de viande". Il leur faudra pourtant renforcer la traçabilité des produits, car la mondialisation des risques appelle une mondialisation des surveillances, pour éviter que malfrats, cupides et inconscients ne se défaussent de leurs responsabilités sur leurs contemporains.

Editorial du "Monde"

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 19:30

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 11.02.2013 à 16h55

 

Confrontation entre Greenpeace et les thoniers, en juin 2010.

 

 

L'association écologiste Greenpeace a été condamnée lundi 11 février par le tribunal correctionnel de Montpellier à des amendes, dont une partie avec sursis, pour avoir dégradé en juin 2010 des filets de thoniers sétois au large de Malte.

Le tribunal a suivi les réquisitions du procureur de la République Patrick Desjardin, en infligeant 10 000 euros d'amende, dont 5 000 euros avec sursis, à Greenpeace en tant que personne morale, et 5 000 euros d'amende, dont 2 500 euros avec sursis, contre deux responsables britanniques de l'organisation, William James Mackenzie, 42 ans, et Adam Oliver Knowles, 38 ans.

Sur l'action civile, le tribunal, qui a réfuté la nullité de la procédure plaidée à l'audience le 14 janvier, a nommé un expert afin de déterminer le montant du préjudice subi par les pêcheurs, en l'occurrence l'armateur Avallone (qui estime sa perte totale entre 90 et 95 tonnes) et a demandé à la partie civile le paiement d'une provision de 2 500 euros.

 

 UN BLESSÉ DANS UNE ALTERCATION

Le 4 juin 2010, au premier jour de pêche (les bateaux avaient été bloqués quinze jours en raison des conditions météorologiques), à 62 milles (environ 115 km) au sud de Malte, les activistes de l'organisation non gouvernementale avaient coupé et fait couler les filets des pêcheurs travaillant sur trois bateaux. Une altercation avait opposé les deux camps, faisant un blessé, un caméraman, qui n'a pas porté plainte.

 

 

Selon Greenpeace, la réaction des pêcheurs avait été disproportionnée. Une plainte a d'ailleurs été déposée avec constitution de partie civile. Pour les pêcheurs, il s'agissait seulement de défendre leurs filets et deux camarades, qui se trouvaient dans l'eau au moment de l'attaque. L'action de Greenpeace avait permis à une soixantaine de tonnes de thons de recouvrer la liberté. Les dégâts causés aux filets avaient, ajoutent-ils, ensuite nécessité une journée de réparation pour l'un des bateaux.
 

"Il est nécessaire de distinguer ce qui est moralement juste et ce qui est juridiquement autorisé", avait remarqué le procureur Desjardin, rapporte le quotidien régional Midi libre. "Aviez-vous conscience que ces pêcheurs travaillaient dans la légalité ?", avait demandé le président du tribunal Philippe De Guardia. "Nous contestons la légitimité des règles de pêche qui ont failli conduire à la disparition du thon rouge", avaient rétorqué les prévenus, absents lors du rendu du jugement.

 

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 19:22

 

Le Monde.fr | 11.02.2013 à 18h08 • Mis à jour le 11.02.2013 à 18h09 Par Catherine Vincent

 

 
Elevage de poules pondeuses en batterie.

C'est une première en France, et ce n'est pas un poisson d'avril. A dater du 1er avril, tous les œufs des marques Monoprix seront certifiés issus de poules élevées en sol, en plein air ou en agriculture biologique. "Les quatre références d'oeufs issus de poules élevées en cage à marque Monoprix disparaîtront donc des rayons de l'enseigne ", précise la chaîne de supermarchés française dans un communiqué datant du mardi 5 février. Soit dans les 300 magasins de l'enseigne en France, selon la volonté "de promouvoir une consommation responsable".

En Belgique, aux Pays-Bas ou en Allemagne, de nombreux distributeurs ont déjà fait une croix sur les oeufs de poules élevées en cage. Ailleurs, d'importantes chaînes de supermarché s'y mettent : Coop en Italie, Sainsbury's au Royaume-Uni. En France, rien jusqu'à présent.

"Monoprix sera donc la première chaîne de supermarchés française à exclure un produit de sa marque du fait des souffrances animales générées", souligne l'association L214, pour qui cet engagement "est un pavé dans la mare pour les autres enseignes et les grandes marques d'œufs". Une victoire qui est aussi la sienne, puisque cette association, spécialisée dans la protection des animaux utilisés pour l'alimentation, bataille depuis près de deux ans auprès de l'enseigne pour la convaincre de prendre cette décision.

 

 DÉGUISÉS EN POULETS GÉANTS

Militants déguisés en poulets géants, panneaux montrant des élevages de poules en cages, tracts et pétitions : ces quinze derniers mois, dans toutes les grandes villes de France, L214 a multiplié les actions à l'entrée des magasins Monoprix, et recueilli dans la rue plus de 27 000 signatures de clients demandant à la chaîne d'en finir avec les œufs de batterie.

Comme ailleurs dans le monde, il semble en effet qu'un nombre croissant de Français se sensibilisent à la condition animale et aux méthodes cruelles de l'élevage intensif. Selon un sondage Ifop réalisé en 2010 pour le compte de l'ONG Compassion in World Farming (CIWF), 75 % de nos concitoyens seraient prêts à payer leurs oeufs plus cher s'ils avaient la garantie qu'ils ne proviennent pas de poules élevées en cage.

Problème : ces œufs issus de poules "heureuses", comment les reconnaître ? Des paysages bucoliques figurant bien souvent sur les boîtes d'œufs de batterie, nombre de ces consommateurs de bonne volonté doivent cependant rester perplexes face aux offres de leur supermarché... Car 60 % d'entre eux, selon le même sondage, admettent ne pas savoir "lire" un œuf.

 

 LES CODES DU BIEN-ÊTRE

Selon les règles de marquage et d'étiquetage de l'Union européenne, sur chaque œuf mis en boîte doit en effet figurer un "code producteur", donnant des informations sur sa provenance. Dans le code 3FRWFB02, par exemple, FR indique que l'élevage est français et WFB02 permet d'identifier le producteur et le bâtiment de ponte. Mais le chiffre important à retenir, c'est le premier. Plus il est bas, plus la poule est élevée dans des conditions de bien-être : 0 signifie un élevage bio, 1 un élevage en plein air, 2 un élevage au sol, 3 un élevage en cage.

 

Action de l'association L214 devant un magasin Monoprix de Lyon, le 1er février 2013.

 

Pour soutenir les poules, le code 3 est donc à bannir... Ce qui est plus facile à dire qu'à faire, puisque, sur les 46 millions de poules qui constituent l'élevage français, 80 % pondent des œufs appartenant à cette catégorie. En attendant une éventuelle évolution de cet état de fait, L214 n'exclut pas de diriger ses actions vers d'autres chaînes de supermarchés. Et annonce qu'elle poursuivra sa campagne en direction de Monoprix.

Son objectif : que tous les œufs de batterie, y compris ceux des grandes marques nationales, soient définitivement retirés de ses rayons. "Parce que des milliers de poules continueront de souffrir en cages tant que des marques nationales écouleront des œufs de batterie, nous appelons Monoprix à s'engager pour un rayon 100% sans œufs de cage, en fixant par exemple une date-cible pour y parvenir", demande l'association. Pari à tenir ?

Catherine Vincent

 

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10 février 2013 7 10 /02 /février /2013 19:31

 

 

Marianne - Dimanche 10 Février 2013 à 16:00
Comment peut-on être allemand ?

 

BERTRAND ROTHÉ

 

Rédacteur en chef d'"Alternatives économiques", Guillaume Duval pulvérise les idées reçues sur la réussite d'un modèle très prôné, dont les failles sont pourtant peu enviables.

 

David Hecker/AP/SIPA
David Hecker/AP/SIPA

Si vous avez des doutes sur les discours des éditocrates à propos de la réussite de nos voisins d'outre-Rhin, vous devez lire cet essai. Le rédacteur en chef du mensuel Alternatives économiques nous y raconte le «modèle allemand au-delà des mythes».

Une vraie claque pour Dominique Seux, le chroniqueur matinal de France Inter : oui, il y a une alternative au marché, et d'ailleurs la réussite industrielle allemande en est la preuve. Son succès est dû à de «fortes traditions de coopération entre entreprises au sein des branches professionnelles... alors que ce qui plombe l'industrie française aujourd'hui», c'est «un libéralisme trop poussé». Il fallait oser l'écrire. C'est fait. L'Allemagne a aussi la chance d'être «aujourd'hui parmi tous les pays capitalistes celui où l'on considère le moins les actionnaires comme les seuls propriétaires légitimes de l'entreprise». Deuxième mandale.

Même choc pour le patron de l'Express, Christophe Barbier, surpris par «la sensiblerie face à la contrainte des ouvriers» à propos de Florange. Pour l'auteur de Made in Germany, la force de l'industrie allemande tient moins au «savoir-faire de ses ingénieurs qu'à la fierté des ouvriers et au respect que la société marque à leur égard».

Il y a aussi des revers à ce modèle. La réussite industrielle tient aux «services bon marché produits par des femmes mal payées». Car les Allemandes sont en effet bien moins rémunérées que nos salariées et dans des proportions très importantes. Il n'y a pas de salaire minimum chez nos voisins, les employées des entreprises de services peuvent être payées 7 € l'heure, voire moins. Seule contrepartie, le prix des logements est moins élevé qu'en France.

L'économiste passe aussi un chapitre à détricoter le discours sur Gerhard Schröder, ancien chancelier et nouveau héros du Medef. Dans «Anatomie d'une mystification», il explique ainsi que «l'effet principal de sa politique a été le développement de la pauvreté et des inégalités en Allemagne, ainsi qu'une hausse sensible de l'endettement public». La première des lois Hartz a permis de «favoriser le recours à l'intérim, jusque-là très peu développé en Allemagne, ou encore de libéraliser davantage les petits boulots rapportant moins de 400 € par mois». La quatrième loi Hartz a «ramené l'indemnisation du chômage de trente-deux à douze mois» et elle «impose également d'accepter n'importe quel type de poste même sans rapport avec [l']ancienne qualification ou [la] rémunération passée».

Les conséquences macroéconomiques de ces lois furent évidemment désastreuses pour l'Allemagne : «Entre 1998 et 2005, le PIB par tête ne s'est accru que de 7,6 %, contre 11 % en moyenne pour la zone euro et 10,6 % en France.» En sept ans seulement, le social-démocrate Schröder a donc réussi «l'exploit de faire de l'Allemagne, qui était nettement moins inégalitaire que la France au moment où le démocrate-chrétien Helmut Kohl l'avait laissée, un pays nettement plus inégalitaire encore. Chapeau, l'artiste !» Voilà quelques-unes des informations effarantes que l'on peut glaner dans ce livre très bien documenté, écrit par un amoureux de l'Allemagne.

Made in Germany, le modèle allemand au-delà des mythes, de Guillaume Duval, Seuil, 240 p., 17 €.

 

 

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10 février 2013 7 10 /02 /février /2013 19:14

 

Marianne - Dimanche 10 Février 2013 à 05:00

 

Nicolas Domenach - Marianne

 

Impossible de dissiper ce sentiment de honte. Poisseux. Ecoeurant. Les ministres ont beau se succéder aux micros pour tenter d’expliquer, après François Hollande, que l’accord sur le budget européen est « un bon compromis » et qu’au fond « c’est moins pire que si c’était pire », ça ne passe pas

 

MONASSE/CHINE NOUVELLE/SIPA
MONASSE/CHINE NOUVELLE/SIPA
Impossible de dissiper ce sentiment de honte. Poisseux. Ecoeurant. Les ministres ont beau se succéder aux micros pour tenter d’expliquer, après François Hollande, que l’accord sur le budget européen est « un bon compromis » et qu’au fond « c’est moins pire que si c’était pire », ça ne passe pas. Ce lâche soulagement des dirigeants politiques trop heureux de ne pas avoir ajouté une crise de la Communauté à la Crise économique, c’est le triomphe de la myopie et du « court-termisme ». Sans compter la faute morale qui consiste à accepter une diminution de l’aide alimentaire pour les plus pauvres, il y a dans cette réduction –une première !- des moyens accordés à l’Europe une erreur économique et une démission insupportable de ceux qui ont en charge le destinée de la Communauté, à commencer par la France. Même contrainte, celle-ci n’en a pas moins accepté, enfin son Président, que triomphent les égoïsmes nationaux plutôt que l’intérêt et le rêve européen.  Et sans même qu’on s’autorise un éclat, une divergence symbolique, une charge au panache…

Le commandant en chef de la Nation tout auréolé du succès de sa geste guerrière,  avait pourtant l’opportunité de faire claquer les mots et le drapeau. « Papa hollande », le libérateur de Bamako pouvait parler fort au nom du peuple africain mais aussi français de l’impérieuse nécessité de faire croître une Europe puissante dont le besoin se fait si cruellement sentir non seulement dans le Monde mais sur notre territoire national. Il en avait d’ailleurs pris l’engagement pendant sa campagne électorale, puis après sa victoire électorale, lorsqu’il assurait que la rigueur en France serait compensée par une relance européenne à laquelle il accrochait son destin et le nôtre. Son silence ensuite face aux tergiversations de Merkell, puis aux provocations libérales de Cameron ne pouvait être qu’une promesse de fermeté future dont il ferait démonstration à Bruxelles. Le mâle du Mali serait celui de l’Europe qui n’attend qu’un projet ferme et une voix forte pour se ressaisir et stopper sa dégringolade aux abîmes de l’impopularité. La défense des seuls intérêts particulier mine toujours plus le collectif dont le principe même est atteint par des dirigeants qui devraient en être les garants et les pédagogues aup^rès des peuples déboussolés.
 Car la Communauté réduite aux aguets et aux acquis du seul marché n’est plus qu’un machin techno monstrueux dont on voudrait qu’il fut protecteur mais qui ne cesse d’inquiéter chaque jour davantage. Or ce recul budgétaire fait passer de l’inquiétude à l’angoisse. En s’avouant sans projet, sans dessein, en se repliant au lieu de se déployer, les européens creusent leur propre tombe. Et que celui qui s’est toujours présenté comme le fils spirituel de Delors et quasi comme un fédéraliste européen consente à cette mise en bière anglo-allemande est plus cruel encore. Car cela montre que face aux antieuropéens nationalistes d’un côté qui ne cessent de se renforcer et de l’autre face aux euro-libéraux stricts il n’y a plus rien. Ou plus grand chose hélas : les références à une Europe sociale solidaire, à une civilisation humaniste commune ne semblent plus que des vieilles lunes célébrées par quelques boy scouts attardés le soir à la veillée. Sans même qu’ils puissent espérer qu’une croissance commune un jour ravive les couleurs de leurs chants et de leurs feux de camp !

Le grand « Splach » il est là, le plongeon de la mort dans la double austérité. Ceux qui la voulaient déjà pour les pays en difficulté l’ont désormais imposée aussi pour l’Europe toute entière. C’est le ratiboisage à deux lames pour les peuples. Ceux qui n’auraient pas été complètement fauchés par la première seront rasés par la seconde. La recherche, l’innovation, les travaux d’infrastructures qui auraient pu, qui auraient du constituer la base d’une relance de croissance, sont, éventuellement, renvoyés à réexamen dans deux ans. Le temps qu’il faudra pour constater, comme l’esquisse le FMI, qu’on est allé trop loin dans la politique « austéritaire de fer ». Et ça ne méritait pas un clash ? Ou le coup de la chaise vide si on craignait de la leur mettre en pleine tête ? Au moins l’esquisse d’une épreuve de force ? Les anglais l’avaient bien tentée et réussie avec Thatcher autrefois. Mais de quoi donc a-t-on peur ? De Merkell ? De Cameron ? De notre ombre, Que le ciel financier nous tombe sur la tête ?...
L’esprit français, rebelle, généreux, d’Artagnan et Fan Fan la Tulipe ne serait-il désormais que par éclipses ? Ah certes, nous avons sauvegardé l’essentiel de la Politique Agricole Commune, ce qui pour les céréaliers, les gros et les petits aussi, est notamment une bonne chose. Mais ça n’enlève pas cette honte de ne pas être à la hauteur du défi, de l’histoire, de l’avenir, de nous-mêmes…
 
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10 février 2013 7 10 /02 /février /2013 19:08

 

 Marianne - Dimanche 10 Février 2013 à 13:53

 

Périco Légasse - Marianne

 

Après avoir appris qu’il vendait à son insu des tronçons de cheval dans ses lasagnes au bœuf, Matthieu Lambeaux, directeur de Findus, est en morceaux. Étendu depuis à d’autres enseignes, le scandale montre comment l’industrie de la malbouffe profite de l’Europe néolibérale pour faire ses choux gras.

 

Lasagnes au cheval : c’est ça, l’Europe libre et non faussée ?

Findus vend sans le savoir des lasagnes à la viande de cheval à des clients pensant acheter des lasagnes à la viande de bœuf.
Tavola, filiale de Comigel, fabrique sans le savoir des lasagnes à la viande de cheval qui devraient être au bœuf pour Findus.
Spanghero vend pour du bœuf de la viande de cheval à Comigel sans le savoir.
Spanghero, filiale de Pujol, propriété de la coopérative agricole Lur-Berri, achète sans le savoir de la viande de cheval à un trader alimentaire néerlandais ayant sous traité sans le savoir de la viande de cheval à un trader chypriote qui achète sans le savoir de la viande de cheval à des abattoirs roumains.

Dans le monde de la finance, ce genre de trafic s’appelle de la cavalerie… Très étonné par l’étonnement de l’importateur français, Sorin Minea, président de l’union patronale roumaine de l’industrie agroalimentaire, assure que « Spanghero savait que ce n’était pas du bœuf, car le cheval a un goût, une couleur et une texture spécifiques ». Outre le scénario précis de cette fraude plutôt inquiétante, dont les différentes enquêtes officielles révéleront la teneur, c’est le processus commercial qui donne froid dans le dos, ainsi que le circuit suivi par cette viande avant d’arriver dans l’assiette du consommateur. Ce qui nous hérisse le plus la crinière, c’est que, selon les premières infos fournies par Benoît Hamon, ministre de la Consommation, cette fraude est datée du mois d’août 2012.

Faut-il comprendre que cela dure depuis le mois d’août 2012 ou que la viande de cheval trouvée dans les lasagnes Findus a été promenée de Roumanie en France au mois d’août et commercialisée en 2013 ? Naguère filiale de Nestlé avant d’être revendu à Lion Capital, Findus, auquel il faut d’ailleurs reconnaître la révélation du scandale, a plutôt bonne réputation chez les consommateurs. Spécialisé à l’origine dans le cassoulet, la société Spanghero, fondée il y a trente ans par un célèbre rugbyman, est aujourd’hui une filiale de Lur-Berri, méga coopérative devenue l’un des géants de l’agroalimentaire, avec, entre autres marques, Labeyrie et Martiko, mais aussi des industries agrochimiques comme Agridis ou des réseaux d’abattages et distribution de viande comme Arcadie Sud Ouest et des semenciers spécialisés dans « l’expérimentation céréalière » comme Pioneer... Autrement dit toute la filière de la malbouffe.

L’affaire de la viande de cheval dans les lasagnes Findus est donc parfaitement révélatrice des dérives mercantiles et immorales du marché néolibéral soutenu et encouragé par la Commission de Bruxelles. À notre niveau national, il va sans dire que, par décision de Fillon et Sarkozy, le démantèlement orchestré de la DGCCRF, cette célèbre « répression des fraudes » qui aujourd’hui n’est plus que l’ombre d’elle même, ne peut que favoriser davantage ce genre de forfaitures. Espérons que le gouvernement de Jean-Marc Ayrault saura rétablir cette précieuse administration (divisée désormais en DDPP, Directions départementales de protection des populations, tu parles !) dans ses prérogatives anciennes. Entre ceux qui trichent, ceux qui mentent, ceux qui volent, ceux qui ferment les yeux et ceux qui n’ont plus les moyens de contrôler les premiers, il est grandiose le dogme de concurrence libre et non faussée qui fait les riches heures des voyous financiers de l’Union européenne.

Ils sont même parvenus à faire pousser des cornes au cheval…

 

 

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10 février 2013 7 10 /02 /février /2013 18:30

 

arretsurimages.net

 

21h54 suivi
France / GB : réformes bancaires comparées
Par la rédaction le 05/02/2013

 


Mosco le tiède contre Osborne le dur? C’est en substance le message de la chronique de Philippe Lefébure ce matin sur France Inter. Le journaliste raconte qu’en plein débat à l’assemblée nationale sur le projet de loi de séparation et de régulation des activités bancaires, tandis que notre ministre de l’économie Pierre Moscovici soutient sa réforme sur un mode défensif, George Osborne, son homologue anglais, hausse le ton contre les banques. En effet, hier, Osborne a déclaré, depuis la banque américaine JP Morgan où il était invité, vouloir carrément installer une "clôture électrique" entre banques de détail et banques d'investissement. Ce qui tranche, en effet, avec la filialisation prévue en France dont on sait aujourd’hui qu’elle ne concernera pas plus de 2% de l’activité des banques. Histoire de nuancer, Lefébure précise néanmoins "qu'il ne s'agit peut-être que d'une question de ton, de posture" de la part d'Osborne. N'empêche. Le ton est donné.

Excepté Les Echos et Challenges, la presse française a été relativement discrète sur le coup de sang – et la menace – du ministre des finances britannique. En revanche, l’info a fait la une des journaux outre-manche qui n'en attendaient pas moins de la part de leur ministre après la vague de scandales financiers qu'à connu la Grande-Bretagne.

 

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"Le ministre des Finances y va doucement sur la séparation des banques" constate The Independent ce mardi 5 février en estimant qu'Osborne n'a repris que les mesures les plus timides proposées par le rapport parlementaire présenté fin 2011.

Comme le reste de la presse britannique, le quotidien rappelle que le sauvetage du Lloyds Banking Group et de Royal Bank of Scotland (RBS) a coûté aux contribuables 75 milliards d'euros.

RBS a, depuis, été mêlée au scandale de la manipulation du Libor qui fixe le taux interbancaire. RBS va donc devoir payer une lourde amende d'environ 600 millions d'euros selon certaines rumeurs.

Mais comme RBS est contrôlé par l'Etat depuis ce sauvetage, reste à définir si c'est le contribuable qui va encore payer ou si on prélèvera cette amende soit sur les bénéfices soit sur les bonus de sa direction. Certains dirigeants pourraient payer cette condamnation en perdant leur poste.

"Osborne veut que les banques paient les amendes pour avoir manipulé le Libor" titre le Guardian de ce mardi.

Osborne sait donc qu'il a le soutien de l'opinion britannique, favorable à un durcissement du contrôle des banques. Le gouvernement n'a en fait pas le choix et les banques non plus, selon Osborne qui semble vouloir éviter que la colère de l'opinion ne dégénère.

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"Je chatierai les banques. l'avertissement d'Osborne" titre le tabloïd Daily Star d'aujourd'hui

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"Osborne prévient les banques : respectez les nouvelles règles ou bien vous serez démantelées" titre le Guardian en bas de page, lundi 4 février.

Cité par The Independent, Anthony Browne, responsable de la British Bankers' Association, s'insurge : "Cela va inquiéter les investisseurs, rendant plus difficile pour les banques de lever des capitaux, ce qui signifie finalement que les banques auront moins d'argent à prêter aux entreprises."

"Nous n'allons pas répéter les erreurs du passé. En Amérique et ailleurs, les banques ont trouvé les moyens de saper et de contourner les règles" a aussi ajouté Osborne, cité par leWall Street Journal. Le ministre espère que la nouvelle loi soumise au parlement entrera en vigueur en février 2014.

(Anne-Sophie Jacques et Gilles Klein)


Pour tout savoir sur la réforme bancaire, plongez dans le dossier consacré aux banques, ces mastodontes incontrôlés.

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10 février 2013 7 10 /02 /février /2013 18:25

 

arretsurimages.net

 

Réforme bancaire : l'Allemagne aussi
Par Gilles Klein le 07/02/2013

 


La réforme bancaire fait débat aussi en Allemagne. En effet, comme La France et la Grande Bretagne, l'Allemagne souhaite que les banques séparent leurs activités de détail d'un côté et d'investissement de l'autre.

 

Le Conseil des ministres allemand a adopté mercredi 6 février un projet de loi visant à séparer les activités d'une douzaine de banques allemandes. C'est ce qu'a annoncé Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances.

Mais comme en Grande-Bretagne ou en France, les banques expriment leur inquiétude devant une législation censée nuire à leur crédibilité face aux investisseurs. Par ailleurs, certains jugent les projets trop timides par rapport aux propositions émises par les commissions consultatives qui ont précédé ces réformes.

Les deux plus grandes banques allemandes, la Deutsche Bank et Commerzbank seront touchées, et le président de la fédération allemande des banques privées (BdB) Andreas Schmitz, estime que cela va affaiblir la place financière allemande.


Allemagne, banques

Burghauser Anzeiger jeudi 7 février 2013

Le SPD (sociaux-démorates, gauche allemande) est très critique et parle même de "placebo à des fins électorales" note Burghauser Anzeiger. La loi prévoit pourtant des peines allant jusqu'à cinq ans de prison pour les banquiers qui feraient prendre des risques excessifs à leur établissement. C'est à partir de janvier 2014 qu'elle devrait s'appliquer, avec un délai de mise en conformité jusqu'à juillet 2015.

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9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 22:05

 

latribune.fr

Romaric Godin | 07/02/2013, 19:00 -

 

Copyright Reuters
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Dublin a vécu une nuit folle pour régler son problème bancaire. Un mouvement qui a conduit le pays à contraindre la BCE à accepter ses conditions.
Il y a eu cette nuit un parfum de crise de la dette à Dublin. Le gouvernement irlandais a lancé une procédure accélérée pour liquider l'Irish Bank Resolution Corporation (IBRC), qui regroupe les reste des banques Anglo Irish Bank et Nationwide qui avait été nationalisées en 2009 et 2010.

                                                                                                                                                                                                                                   Une nuit pour agir

Vers 17 heures, mercredi, les agences Reuters et Bloomberg commencent à évoquer une possible liquidation de la banque. Michael Noonan, le ministre irlandais des Finances, prend alors peur. Si cette nouvelle se répand, les déposants à l'IRBC vont vider leurs comptes et les détenteurs des obligations émises par l'IRBC vont chercher à solder leurs positions. La valeur de la banque risque de s'effondrer et le projet de liquidation en douceur, prévue selon lui depuis septembre, risque d'échouer.

En début de soirée, Michael Noonan lance donc le processus. Il faut parvenir à achever le processus avant l'ouverture des guichets, et des marchés. En début de soirée, les dirigeants de l'IRBC sont remerciés et le contrôle de la banque est confié au cabinet KPMG. Vers 20h30, un projet de loi de 52 pages est présenté au conseil des ministres. Il prévoit le transfert de tous les actifs de l'IRBC à la banque publique NAMA et l'émission par cette dernière d'obligations pour payer les créanciers. Le projet est présenté en urgence au Seanad, le Sénat irlandais, qui l'adopte, puis, vers 3 heures du matin, au Dail, l'assemblée nationale, qui l'accepte aussi. Aucun amendement n'était toléré. Vers 6 heures du matin, le président irlandais, Michael Higgins, revenu précipitamment de Rome, promulgue la loi. L'IRBC a cessé d'exister.

 

Le règlement du différend avec la BCE

L'affaire ne s'arrête pas là. Cet après-midi, le gouvernement annonce avoir trouvé un accord avec la BCE sur le règlement de la « reconnaissance de dettes » (promissory notes) de 30 milliards d'euros signée par l'Etat irlandais à l'IRBC en 2010 afin que cette dernière puisse se refinancer auprès de la BCE. Cette reconnaissance de dettes obligeait Dublin à rembourser chaque année en mars 3 milliards d'euros à l'IRBC afin que cette dernière puisse ensuite rembourser les sommes levées à la BCE. Evidemment, une fois IRBC liquidée, la question de cette procédure se pose. En réalité, Dublin a clairement piégé la BCE en la contraignant à trouver un accord alors qu'elle rechignait depuis des mois à conclure.

L'accord avec la BCE met fin au paiement annuel de 3 milliards d'euros. La reconnaissance de dettes du gouvernement irlandais envers l'IRBC est remplacée par le versement direct à la BCE d'une obligation d'Etat irlandaise de 40 ans de maturité et portant intérêt à 3%. Ceci fera économiser, selon le Taoiseach (premier ministre irlandais) Enda Kenny, un milliard d'euros par an au budget. « Ce sera autant de taxes et de coupes budgétaires en moins », a conclu le Taoiseach.

 

Fin d'un dossier empoisonnant

Avec ce mouvement précipité, l'Irlande en finit avec un dossier qui empoisonnait son retour sur les marchés. Désormais, l'ex-«tigre celtique» peut envisager l'avenir avec plus de confiance. D'autant que le rapport de la troïka publié ce jeudi ne tarit pas d'éloges sur le pays. Reste cependant deux questions. D'abord, l'économie de l'Irlande reste fragile. Elle repose uniquement sur les exportations, la demande intérieure restant des plus faibles. Mardi, les constructions de maisons neuves ont atteint le plus bas niveau depuis 1970. Pas sûr, donc, que l'Irlande puisse être un modèle pour le reste de l'Europe. Ensuite, l'accord trouvé avec la BCE pose problème : la BCE ne doit pas acheter directement des dettes émises par les Etats de la zone euro. Certes, ici, il s'agit d'une conversion d'une dette bancaire. Mais ceci a furieusement le goût d'un renflouement direct. Il est vrai que les dirigeants européens et la BCE avaient déjà affirmé voici quelques semaines que « l'Irlande était un cas particulier. » Comme la Grèce. De plus en plus, donc, l'Europe devient donc une addition de « cas particuliers » qui permettent aux dirigeants européens d'éviter leurs propres engagements.le principal enseignement de cette "folle journée" restera cependant que, pour la première fois depuis le début de la crise, un pays a fait céder ses créanciers et la BCE dans un mouvement rapide et inédit. C'est peut-être la plus belle réussite irlandaise.

 

 

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