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22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 14:23

 

 

Marianne - Vendredi 22 Février 2013 à 11:15

 

Périco Légasse - Marianne

 

Quand j’étais gamin, Charles de Gaulle étant à l’Elysée et Georges Pompidou à l’hôtel de Matignon, l’arrivée du cirque Pinder dans un village de France ou un quartier de grande ville était toujours accueilli avec ferveur. Sur un autre registre, en ce début de XXIe siècle, le Salon de l’Agriculture participe des animations attendues par les familles de la région parisienne.

 

CHESNOT/SIPA
CHESNOT/SIPA

Quand j’étais gamin, Charles de Gaulle étant à l’Elysée et Georges Pompidou à l’hôtel de Matignon, l’arrivée du cirque Pinder dans un village de France ou un quartier de grande ville était toujours accueilli avec ferveur. Sur un autre registre, en ce début de XXIe siècle, le Salon de l’Agriculture participe des animations attendues par les familles de la région parisienne. On ira voir les vaches comme on allait voir les lions, étant entendu que les premières ont un caractère plus exotique que les seconds car beaucoup plus rares à la télévision. Il y aura bien quelques panneaux vantant les mérites folkloriques de nos terroirs et quelques stands où déguster un saucisson d’Auvergne et un fromage du Jura, mais, pour l’essentiel, ce sont les gigantesques panneaux à l’enseigne des groupes de l’industrie agro alimentaire qui constitueront LE MUST du décorum médiatique et financier de « la foire agricole », comme disaient ceux qui s’y croyaient chez eux. 
 

Fut en temps, quand l’instruction était encore civique et le suffrage universel entendu par la classe politique, l’agriculture était le pendant de l’industrie, à savoir que la première gardait un visage humain pour préserver les paysages de la France alors que la seconde brillait par la technologie de ses architectures. Les deux mamelles de la France contemporaine aurait dit Maximilien de Béthune alias Sully. Las, depuis une dizaine d’années, lorsque l’on franchit les portes du Salon, on est aussitôt submergé et happé par la signalétique enrubannée des grandes enseignes de l’industrie agro alimentaire. 


Ce n’est plus le forum des paysans cultivant la terre mais le symposium des fabricants de la malbouffe. On se croirait dans un hypermarché dont les rayons crèmerie, conserves, compote, plats cuisinés, produits surgelés etc, etc, occuperaient toute la (grande) surface du magasin. Comble du cynisme, jusqu’à l’an dernier, c’est « l’espace » Mc Donald, avec son clown jaune en effigie dominante, qui occupait tout le centre du pavillon élevage. Quand on sait l’impact désastreux que cette forme d’alimentation peut avoir sur les races bovines de tradition française on se dit que l’assassin revient toujours sur les lieux du crime.


Le cheese burger au cul du charolais et le big mac sous la mère, tel est le concept de la grande manifestation rurale, comme pour mieux convaincre le citoyen que l’industrie du fast-food soutient la cause paysanne. Et lorsque le visiteur arpente les allées du salon à la recherche d’un troupeau de moutons ou d’une gerbe de blé, il lui faut franchir des barrières estampillées Cassegrain, Bonduelle, Andros, Lactalis,, Elle-&-Vire, Charal, Fleury-Michon, Danone, Carrefour, Monoprix, Auchan et Géant Vert, avec la bénédiction vénale de la FNSEA, avant de parvenir à sa petite étable reconstituée. Traverser autant de merde pour trouver une bouse, le raccourci est tentant. 
 

Cette année, espérons que ce sera le patrimoine équestre roumain qui sera mis à l’honneur par les marchands de bonheur gourmand que sont Comigel et Spanghero. Dans le genre écurie des courses, gageons que Findus partira en pôle position. Si la terre ne ment pas, il y en a en revanche qui ne disent pas toujours la vérité. Messieurs les industriels de la ruralité humiliée, souillée, galvaudée, peut-être pourriez vous choisir un autre endroit que le salon de l’Agriculture pour montrer votre cul. Comme on dit par chez nous : « Allez faire ça ailleurs ».

 

1 commentaire

3.Posté par Sylvène GRIMONT le 22/02/2013 14:19
Non, ce n'est pas trop tard ! Merci à la montée du chomage qui va laisser du temps aux gens pour cuisiner ( parce qu'honnêtement, leur merde en barquette, ça coûte cher pour ce que c'est). Merci à l'envolée du prix du pétrole qui va rendre hors de prix la tomate qui a fait trois fois le tour de l'europe avant de tomber dans nos assiettes. Merci à notre gouvernement qui organise la décroissance pour tous et tout de suite : il faudra bien qu'on cultive nos jardins.

A ce propos, une initiative doucement révolutionnaire comme je les aime :
http://www.incredible-edible-freland.fr/?p=524

 


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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 18:13

 

Libération - 21 février 2013 à 18:58


Dans une agence Pôle emploi de Nice, en août 2012.
Dans une agence Pôle emploi de Nice, en août 2012. (Photo Eric Gaillard / Reuters)

Au rapport Le médiateur du service public a publié ce jeudi un rapport sur les 41000 radiations mensuelles et formule des recommandations pour rendre le système plus juste.

Par MARIE PIQUEMAL

Radié du Pôle emploi ? Rien de plus facile. Tous ceux qui sont passés par la case chômage le savent bien. Il suffit de louper un coup de fil avec son conseiller, qu’un mail atterrisse dans les spams ou qu’un courrier se perde dans les méandres de La Poste, pour se voir couper les indemnités du jour au lendemain.

Le médiateur du Pôle emploi vient de rendre un rapport sur la gestion des listes des demandeurs d’emploi (en intégralité ci-dessous). En 2012, chaque mois 41 000 personnes, en moyenne, ont été radiées des listes dont 90% pour absence à une convocation. «Radier un chômeur est une décision grave, écrit en préambule le médiateur, Jean-Louis Walter. Factures et loyers impayés, problèmes bancaires, manger aujourd’hui, soigner les enfants demain — une épreuve que même un salarié socialement inséré ne saurait surmonter sans dommages.» La semaine dernière, deux drames à quelques jours d’intervalle sont venus rappeler l’urgence à agir. Deux chômeurs en fin de droit se sont immolés par le feu devant des agences du Pôle emploi à Nantes et Saint-Ouen. L’un est mort, l’autre a été sauvé.

Nourri d’exemples concrets, le rapport du médiateur pointe les anomalies du système et formule une série de recommandations.

Rendez-vous manqué = radiation

«J’ai raté l’appel, j’étais sous la douche. J’ai voulu rappeler mais le numéro était masqué. Quelques jours plus tard, j’ai reçu une lettre du Pôle emploi me disant que j’étais radié.» Des courriers comme celui là, le médiateur en reçoit en pagaille. Au 1er semestre 2012, 93% des réclamations reçues concernent des radiations. En majorité, elles sont motivées par une absence à un entretien (téléphonique ou à l’agence), considéré comme un refus de remplir les obligations qui conditionnent l’inscription sur la liste des demandeurs d’emploi1.

Si le médiateur répète qu’«il n’existe aucune politique délibérée de Pôle emploi en la matière», il recommande toutefois de mettre fin à la radiation systématique en cas d’absence à une convocation. «L’absence à un entretien ne constitue pas nécessairement un refus, au sens de la loi, de répondre à ses obligations et il n’est pas non plus le manquement le plus grave», écrit-il.

Jean-Louis Walter préconise l’instauration «d’un dispositif de graduation ou de sursis pour le premier manquement.» D’autant que nombre de demandeurs se plaignent de ne même pas avoir été informé de l’heure et la date du rendez-vous. Coups de fil manqués, courriers jamais reçus.... «Souvent, écrit le médiateur, les personnes n’habitent pas ou plus à l’adresse qu’elles ont indiquée, soit qu’elles n’en n’aient plus les moyens, qu’elles soient retournées chez leurs parents, voire qu’elles sont à l’étranger. Nombreux sont ceux qui veulent afficher une adresse à Paris, estimant que cela facilitera leur recrutement. Mais il suffit que le courrier ne suive pas comme prévu et c’est la radiation.» Avec des conséquences évidemment lourdes. Une radiation, c’est deux mois sans indemnité, le plus souvent. Pire, jusqu’au 31 décembre dernier, la radiation avait un effet rétroactif et du coup, les chômeurs se retrouvaient non seulement sans revenus mais avec des sommes indues à rembourser.

Concernant le téléphone, le médiateur recommande d’interdire les radiations pour absence à un rendez-vous téléphonique. Et de déclencher automatiquement dans ces cas là un entretien physique.

L’appréciation des «excuses légitimes», variable d’un conseiller à l’autre

Accident de la route? Mauvais temps? Problèmes de garde d’enfants? Quels motifs d’absence sont considérés comme recevables par Pôle emploi? Il existe bien une «base de connaissance» sur laquelle sont censés s'appuyer les conseillers Pôle emploi. Mais en pratique, comme le montre l’enquête interne menée par les services du médiateur, «les deux tiers des directeurs d’agence font une interprétation souple de la légitimité des motifs, en fonction de la situation spécifique de chaque demandeur d’emploi.» D’une région à l’autre, d’une agence à l’autre même, le traitement est différent. Certains directeurs de Pôle emploi sont plus sévères que d’autres. Ainsi, 17% d'entre eux affirment procéder à des radiations en cas de retard à un entretien.

Sur cette question des motifs légitimes, le médiateur reste plutôt prudent. «La définition de la légitimité d’une absence est un exercice délicat, qui relève davantage du bon sens et de l’opportunité que de la codification pure», se borne-t-il à dire. Sa proposition : «Plutôt qu’un catalogue de situations déjà qualifiées, ne vaudrait-il pas mieux lister des critères d’appréciation, plus universels et plus applicables à tous les cas de figures ?»

Courrier dématérialisé... les limites du mail

Toute dernière page du rapport, cette reproduction d’un mail envoyé par la directrice d’un Pole emploi:

 

 

Hormis ce problème récurrent du mail qui arrive dans les spams, le médiateur pointe une autre défaillance, d’information cette fois. Lors du premier entretien d’inscription, le demandeur d’emploi se voit proposer la dématérialisation de ses courriers pour «simplifier vos échanges avec Pôle emploi». Sauf que, subtilité souvent ignorée, un clic suffit à supprimer purement et simplement tous les courriers postaux... Le mail devient alors la seule source d’information. Dans ces conditions, le médiateur recommande «d’encadrer les conditions dans lesquelles les courriels produisent des contraintes pour les demandeurs d’emploi.»

1 Les radiations pour insuffisance de recherche d’emploi ou pour refus d’offre raisonnable d’emploi sont rares.

 

 

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 22:44

 

 

Lire aussi

Les factures d’électricité des Français vont encore gonfler dans les années à venir : une hausse d’environ 30 % est à prévoir sur la période courant de 2012 à 2017, a annoncé la commission de régulation de l’énergie (CRE), lundi 18 février, dans son rapport sur le fonctionnement des marchés de détail (à lire en cliquant ici). Un tel bond représenterait une augmentation annuelle d’environ 6 % du prix de l’électricité pour les consommateurs, un rythme qui semble difficilement acceptable pour les autorités politiques, en pleine explosion du chômage et des inégalités sociales (voir ici et là les notes de l’Insee sur ces sujets).

Comment expliquer cette course folle des tarifs de l’énergie ? Selon la CRE, cette inflation « est due pour plus du tiers à l’augmentation de la CSPE », à savoir la contribution au service public de l’énergie, qui « s’explique pour l’essentiel par le développement des énergies renouvelables ». Les autres causes détaillées par les commissaires sont la hausse prévisible du prix de l’énergie et les investissements nécessaires dans les réseaux.

 

Rapport de la CRE sur le marché de l'électricité. 
Rapport de la CRE sur le marché de l'électricité.

Les prix de l’électricité vont-ils exploser à cause de l’éolien et du solaire ? En quelques heures, ce raccourci s’est propagé à la vitesse de la lumière dans les médias et sur les réseaux sociaux, occupant les grands titres des journaux du soir et du lendemain matin.

Il est pourtant faux : depuis sa création en 2003, la CSPE a majoritairement servi à financer les énergies fossiles, pas du tout renouvelables, indiquent les calculs du Comité de liaison énergies renouvelables (Cler), un réseau d’experts indépendants. Entre 2009 et 2012, la part des énergies renouvelables n’a représenté en moyenne que 43 % des charges totales de la CSPE. Tout le reste, soit près de 2,5 milliards d’euros, a servi à financer les énergies fossiles. Ce n’est qu’en 2012 que, pour la première fois, la part des renouvelables a dépassé la barrière des 50 % de charges de la CSPE (à 52 %). Il est donc erroné de leur attribuer en priorité la responsabilité de l’explosion des coûts.

 

Evolution des charges de la CSPE ©Cler 
Evolution des charges de la CSPE ©Cler

 

Prélevée sur la facture des consommateurs, personnes physiques et morales, la CSPE doit couvrir toute une série de charges : les surcoûts liés aux obligations d’achat des renouvelables et de la cogénération (produire de la chaleur et de l’électricité en même temps), ceux liés aux appels d’offres (du fait de l’ouverture du marché à la concurrence), la péréquation tarifaire, le tarif de première nécessité, le fonds solidarité logement. Ces charges ont progressé avec le temps, mais le montant de la contribution n’a pas été suffisamment réévalué, créant un méga déficit de 4,9 milliards d’euros, dus par l’État à EDF. En janvier dernier, un accord a été trouvé pour le résorber d’ici fin 2018. La CSPE s’établit à 13,5 euros par mégawattheure (Mwh) au 1er janvier 2013, soit trois fois plus que lors de sa création dix ans auparavant.

 

Tableau de l'évolution des charges de la CSPE (©Cler) 
Tableau de l'évolution des charges de la CSPE (©Cler)

 

Cette « dette CSPE » s’ajoute aujourd’hui aux charges annuelles de la contribution et en renchérit le coût. Or, sur la première période de la CSPE, entre 2003 et 2009, la part des renouvelables n’a même pas atteint 10 % des charges globales – et fut d’ailleurs négative en 2008, analyse le Cler. Elle coûtait alors entre 1,5 et 2 milliards d’euros par an.

 

« À 90 % de l'énergie fossile »

À quoi a servi tout cet argent ? À payer la péréquation tarifaire, c’est-à-dire la continuité des tarifs d’électricité où que l’on se trouve sur le territoire au nom de l’égalité républicaine, y compris dans les îles, et la cogénération. À ce titre, EDF s’est ainsi retrouvée à payer de l’électricité fossile plus de 200 euros le Mwh (par comparaison, elle vend son électricité à ses concurrents 42 euros le Mwh). Les zones concernées sont les départements d’outre-mer, la Corse et quelques rares îles métropolitaines.

Le montant de ce soutien est passé d’environ 300 millions d’euros par an en 2003 à plus d’un milliard d’euros ces dernières années, pour un coût cumulé d’environ 9 milliards d’euros sur dix ans, ajoutent les experts du Comité. « C’est donc de l’énergie à 90 % fossile qu’ont alors financé les consommateurs, sans que personne ne s’en émeuve », commente Raphaël Claustre, directeur du Cler, qui s’interroge ouvertement : « La CSPE vient-elle en accompagnement de la transition ou en financement de la stagnation ? » 


 Saint-Denis, près des anciens gazomètres (JL).
Saint-Denis, près des anciens gazomètres (JL).

Représentant des ONG écologistes dans le groupe de travail n°3 du débat sur la transition énergétique – dédié aux renouvelables et au développement des territoires –, Claustre reconnaît la justification du principe de péréquation tarifaire, mais constate : « Il est regrettable que depuis dix ans, le coût réel élevé de l’électricité dans ces zones n’ait pas été le déclencheur de politiques ambitieuses visant à mettre en œuvre une transition des énergies fossiles vers les renouvelables et la maîtrise de l’énergie. »

Quant à la cogénération, généralement considérée comme une technologie écologiquement valable puisqu’elle est récupère la chaleur produite par une centrale électrique, elle est souvent d’origine fossile (en général, le gaz). Le tarif moyen d’achat de la cogénération atteint 130 euros par MWh en 2012, pour un impact sur les charges de service public d’environ 800 millions d’euros par an, soit 8 milliards sur dix ans. « On peut s’interroger sur la pertinence de cet achat », ajoute Raphaël Claustre. 

 

Dans la Manche, en 2007 (©Terfili) 
Dans la Manche, en 2007 (©Terfili)

C’est dans ce contexte de coûts substantiels et pérennes des hydrocarbures que les charges liées aux énergies renouvelables ont, elles aussi, beaucoup augmenté depuis 2009, passant de 21 % de la CSPE à 52 % en 2012. C’est essentiellement le photovoltaïque qui a coûté cher à la collectivité, du fait de tarifs d’achat surestimés à la fin des années 2000, qui ont créé une véritable bulle spéculative. Ce mauvais calage de prix a conduit Nathalie Kosciusko-Morizet, alors ministre de l’écologie, à geler les tarifs avant de les revoir à la baisse, sous la précédente mandature. « Ces erreurs de pilotage ont eu des conséquences dramatiques pour de nombreuses PME, mais aussi pour les charges de service public », analyse Raphaël Claustre.  

Même si les coûts de production de l’éolien terrestre, en pleine baisse, deviennent aujourd’hui compétitifs de ceux de l’EPR de Flamanville (entre 90 et 110 euros le Mwh), les énergies renouvelables restent globalement beaucoup plus chères que l’énergie de l’atome. La part d’éolien, de photovoltaïque ou encore de biomasse à la charge de la CSPE est donc promise à grossir encore, au fur et à mesure que leur parc s’étendra. Ce coût ne sera supportable à terme que si, parallèlement, les charges des énergies fossiles baissent. C’est l’objectif de la transition énergétique que le gouvernement dit vouloir défendre. Il est pourtant contredit par un épisode récent : l’autorisation de la construction de la centrale à gaz de Landivisiau, dans le Finistère, que doit financer la CSPE (voir ici notre article) à hauteur de 40 millions d’euros par an pendant vingt ans. 

C’est encore au nom de leur coût supposé exorbitant que les sénateurs ont bataillé contre les éoliennes la semaine dernière, lors de la discussion sur les bonus malus énergétiques, et rétabli un seuil de trois mâts aux parcs éoliens autorisés à bénéficier du tarif d’achat (voir ici notre article). La bataille du juste prix est ainsi la première épreuve à réussir pour les participants au débat national sur la transition énergétique.

 


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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 22:00

 

Marianne - Mercredi 20 Février 2013 à 15:07

 

Laurent Neumann - Marianne

 

Un mensonge, fut-il répété dix fois, cent fois, mille fois, ne fait pas pour autant une vérité. Depuis des mois – en réalité, dès le lendemain de l’élection de François Hollande - de purs esprits nous expliquent que le matraquage fiscal infligé aux riches par la gauche se traduit par un exil massif des plus fortunés à l’étranger.

 

BAZIZ CHIBANE/SIPA
BAZIZ CHIBANE/SIPA

Un mensonge, fut-il répété dix fois, cent fois, mille fois, ne fait pas pour autant une vérité. Depuis des mois – en réalité, dès le lendemain de l’élection de François Hollande -  de purs esprits nous expliquent que le matraquage fiscal infligé aux riches par la gauche se traduit par un exil massif des plus fortunés à l’étranger. Dans la série « les pleurnichards vous enfument », rappelons-le, nous avons eu droit successivement au feuilleton Bernard Arnault – le Pdg de LVMH qui voulait abriter sa royale succession sous le ciel bleu de Belgique ; puis à l’épisode des « pigeons » - ou comment nous faire prendre des rapaces du « toujours plus » pour des colombes de la paix fiscale ; et enfin, au psychodrame Gérard Depardieu – qui voulait rejouer « Astérix chez les Belges », qui finit en Quentin de Montargis chez Poutine et à qui on a envie de dire : « Tais-toi » !


Sans parler de ces cohortes d’avocats fiscalistes, de conseillers en patrimoine et autres experts en optimisation fiscale qui défilaient complaisamment sur tous les plateaux de télévision pour faire la pub de leur petit business et nous jurer, la main sur le cœur, que la politique fiscale de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault était confiscatoire et que jamais, ô grand jamais, ils n’avaient vu dans le secret de leurs cabinets autant de candidats – blindés de chez blindés, évidemment – au départ.
 

Or, voilà qu’au détour d’un petit article publié sur le site internet du « Figaro » - ça ne s’invente pas ! – la supercherie est enfin éventée. Titre de l’article dont, n’en doutons pas, le quotidien de Serge Dassault ne fera pas sa Une : « Bercy a recensé 250 déclarations d’exit tax être mars 2011 et décembre 2012 ». La fuite, l’exil, que dis-je, l’exode fiscal dont on nous a rebattu les oreilles pendant des mois, se résume donc au départ de 250 personnes. 
 

Soyons précis : 128 départs de mars à décembre 2011 (donc, presque 13 par mois sur 10 mois) et 122 départs sur toute l’année 2012 (donc, 10 par mois sur 12 mois dont 5 mois sous la présidence de Nicolas Sarkozy). 
 

Soyons précis et… juste : depuis mars 2011, un nouvel impôt oblige les ménages détenant plus de 1,3 million d’euros en actions et qui décident de déménager hors de France à payer une taxe sur les plus-values latentes liées à leurs actions. Certes, cette exit tax ne donne pas une idée exacte de tous ceux qui quittent la France, mais c’est sans doute l’indicateur le plus fiable pour mesurer ceux qui, parmi les plus riches contribuables, choisissent de partir. Et la conclusion est implacable : depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir, il y a plutôt moins de candidat à l’exil fiscal que sous Nicolas Sarkozy – et ce, malgré tous les cadeaux fiscaux que ce dernier avait consenti à nos compatriotes les plus riches. Bref, le grand exode fiscal des riches, c’était bidon !
 

Question : tous ceux qui nous ont prétendu le contraire depuis le mois de mai dernier vont-ils venir sur les plateaux de télévision pour faire amende honorable ? Je vous parie que non et je ne prends guère de risque…

 

 

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 15:57

 

Rue89 - « Haute cuisine » 20/02/2013 à 11h19
Sophie Caillat | Journaliste Rue89

 

 

Picard surgelés « fait » ses plats, les « élabore », mais ne les fabrique pas. La nuance vous avait peut-être échappé.

L’alerte a été donnée lorsqu’on a appris que Picard était mouillé dans l’affaire de viande de cheval Findus. Eh oui, tous deux se fournissent auprès du même Comigel, lequel a acheté à Spanghero du cheval étiqueté bœuf, puis l’a cuisiné dans ses lasagnes et son chili con carne (n’allez pas traduire « carne » par viande, car il s’agit plutôt de « minerai de viande »).

L’affaire devait être close une semaine plus tard, lorsque Comigel, la PME lorraine sous-traitante du géant des surgelés, a reconnu une « erreur » :

« Cela n’aurait jamais dû se produire, Spanghero ne faisant pas partie des fournisseurs validés par Picard dans le cahier des charges signé entre Picard et Comigel. »

Tout va bien donc pour Picard, qui, en 20 ans de collaboration avec Comigel, n’avait jamais eu à faire face à ce type d’écart, indiquent les deux partenaires.

« Recettes élaborées en interne »

Cette affaire a le mérite de rappeler ce que le consommateur endormi aurait tendance à oublier, sous l’effet assoupissant des jolies photos du catalogue Picard (1200 produits dont 200 nouveaux chaque année) : à l’instar de toutes les marques de distributeurs, les « MDD » également embarquées dans cette affaire, Picard conçoit et distribue les produits, mais en sous-traite la fabrication. Son métier est d’élaborer les recettes et d’avoir des magasins.

Entre temps, le consommateur adepte de la marque au flocon, si douée pour faire passer ses plats préparés pour de la « haute cuisine », comme on dit haute couture, a découvert le visage du patron de cette entreprise florissante.

La vidéo digne de l’ère soviétique montre, centré sur fond blanc, un monsieur d’un certain âge dénommé Philippe Pauze et ayant la qualité de « président ». L’air navré, le patron vante les « recettes exclusives élaborées en interne par les équipes de recherche et développement »

 

 

Intervention de Philippe Pauze

Et le gastronome attentif a pu s’arrêter sur le terme « élaboré » : les plats incriminés sont les deux seuls « élaborés » par le fournisseur mis en cause.

« C’est fait par qui ? »

Naïvement, vous aviez cru que Picard fabriquait ce qu’il vous vendait, et non qu’il se bornait à concevoir des recettes et faire respecter un cahier des charges ? Vous aviez peut-être trop regardé la publicité, qui disait : « C’est fait par qui ? Par Picard, et Picard, j’en suis sûre ».

Mais accrochez-vous si vous voulez savoir qui « fait » vraiment les produits Picard et quels produits il met dans le plat préparé. Où est la liste des quelque 200 sous-traitants ? Impossible de mettre la main dessus.

A la rubrique « Entre nous » du site Picard, la transparence est de mise. Des questions fictives sont posées par des clients fictifs. Et à la question sur le risque de « confusion » sur l’origine des produits, il est simplement répondu :

« La mention “élaboré en France” figurant sur nos emballages signifie impérativement que le produit a été fabriqué dans un atelier de production situé en France ; en revanche, les ingrédients ne sont pas forcément tous d’origine française. Lorsque le produit et l’ensemble de ses ingrédients sont français, nous précisons “production française”. »

« Quand vous achetez une voiture... »

La marque, désignée en 2010 et 2011 gagnante du palmarès des enseignes de distribution les plus attractives par le cabinet OC&C, au nom notamment de la confiance que les Français lui accordent, tremble-t-elle ?

Apparemment pas. Au service de presse, on nous explique que « ça fait quinze ans qu’on essaie d’expliquer qu’on n’a aucune usine, c’est de notoriété publique, on ne s’en est jamais cachés ». Pour seule explicitation de ce processus, on nous propose ce schéma :


De la création à la mise en vente (Picard)

Où il faut comprendre que l’essentiel, à savoir la fabrication, échappe à Picard. Admettant que « ce n’est peut-être pas écrit », l’attaché de presse ose cette comparaison :

« Quand vous achetez une voiture, la liste des pièces et de leur provenance n’est pas mentionnée non plus. »

Ce qui me fait penser que décidément, quand Fabrice Nicolino dit qu’on « produit de la viande comme on fabrique des bagnoles », ça s’applique bien à toute la bouffe industrialisée, même la plus « haut de gamme », et pas seulement à la bidoche.

MERCI RIVERAINS ! Tilô, Pierrestrato
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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 15:54

 

Rue89 - Arrêt sur images 20/02/2013 à 09h45
Arretsurimages.net"
Daniel Schneidermann | Fondateur d'@rrêt sur images

 

 

Ce mercredi matin encore, elle laisse tout le monde sans voix. On lit et on relit la lettre adressée à Montebourg par le PDG de Titan, Maurice Taylor Junior, pour lui expliquer son refus de reprendre Goodyear. La voici :

« J’ai visité cette usine plusieurs fois. Les salariés français touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures. Je l’ai dit en face aux syndicalistes français. Ils m’ont répondu que c’était comme ça en France [...].

Monsieur, votre lettre fait état du fait que vous voulez que Titan démarre une discussion. Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ? Titan a l’argent et le savoir-faire pour produire des pneus. Qu’a le syndicat fou ? Il a le gouvernement français. Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, payer moins d’un euro l’heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin. Vous pouvez garder les soi-disant ouvriers. Titan n’est pas intéressé par l’usine d’Amiens-Nord. »

A noter que le scoop a été décroché par la même journaliste des Echos, Leïla de Comarmond, qui suit le dossier Goodyear depuis longtemps, et n’avait jadis pas de mots assez durs contre la CGT, coupable de bloquer pour des raisons purement politiques la reprise de Goodyear par Titan.

Candidat à la primaire républicaine de 1996

« Quand ce monsieur a visité l’usine, on était déjà en activité ralentie », expliquait ce mercredi matin sur France Inter le leader CGT de Goodyear, Mickaël Wamen, répondant vraisemblablement à une question sur les fameuses « trois heures par jour ». Et d’ajouter, quasi triomphant, qu’il espérait que l’on comprenne mieux maintenant, pourquoi la CGT avait bloqué le plan Titan. Bref, la vraie histoire de la négociation Titan-Goodyear reste à écrire, avis aux amateurs.

Pour son sens aigu des relations humaines, Maurice Taylor s’est auto-surnommé « The Grizz » (le grizzly). Hors du monde du business, son principal titre de gloire est de s’être présenté à la primaire républicaine de 1996, compétition où il a décroché 1% des voix. Pour le reste, si ses résultats économiques sont certainement remarquables, c’est un blogueur paresseux (dernier post en 2010).

Beaucoup d’autres Maurice Taylor Jr

Etrange sensation, de voir la réalité rejoindre et dépasser brutalement sa caricature. Comment, en lisant la lettre de Taylor à Montebourg, ne pas penser pêle-mêle à la World Company des « Guignols », et à son commandant Sylvestre, ou à un nouveau canular des Yes Men ? Mais non. Il y a bien, dans le vrai monde, un vrai Maurice Taylor Jr. Et il y en a beaucoup d’autres.

La crudité de ce discours, de cette pensée, est habituellement ensevelie sous le savoir-faire lénifiant des marchands de pommade, pardon, des communicants, et grâce à la complicité des blanchisseurs médiatiques officiels.

Que l’on pense à la manière dont Carlos Ghosn, par exemple, a réussi à faire passer pour un geste audacieux les quelques billets de Monopoly jetés aux salariés de Renault (on en verra encore un exemple ici). The Grizz se moque d’être aimé ou haï. Il dévoile la mondialisation comme elle est. Il est, pour ce faire, mille fois plus efficace que tous les films de Michael Moore. Thank you, the Grizz.

MERCI RIVERAINS ! Tilô

 

 

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 15:47

 

 

Le Monde.fr | 20.02.2013 à 12h17


 

 
Si cette volonté de mettre au jour les pratiques plus ou moins opaques des banques a le soutien de la Comisssion européenne, le lobby bancaire des Etats membres fait de la résistance.

L'éventualité fait déjà trembler les banques. Dans le cadre des accords de Bâle III sur la régulation bancaire, les établissements financiers pourraient être obligés de publier leurs résultats (impôts et bénéfices inclus) non plus de façon globale, mais pays par pays, écrit mercredi 20 février le Financial Times (FT). Cette mesure en faveur d'une transparence accrue s'ajoute à la pression du parlement européen pour que les bonus accordés aux banquiers soient plafonnés.

Par exemple, la britannique Barclays serait contrainte de publier ses résultats en fonction de chaque juridiction nationale, du Royaume-Uni au Zimbabwe, explique le FT. Cette nouvelle obligation serait alors le meilleur moyen d'attirer l'attention de l'opinion publique sur les astuces comptables et fiscales employées par chaque banque pour tirer au mieux parti de l'environnement réglementaire local. Et nul doute qu'elles se passeraient bien de ce type de publicité à l'heure où scandales financiers, comptables, délits d'initiés et règlements à l'amiable à coups d'amende record occupent encore les manchettes des journaux.

Sans surprise, si les instances européenne soutiennent le projet, les Etats membres en dénoncent la complexité et affichent leur préférence pour un règlement a minima : une directive comptable séparée qui ne s'aplliquerait même pas aux banques, mais aux grands groupes miniers et opérant dans le secteur de l'énergie.  

Lire : Les Etats occidentaux sont prêts à s'attaquer à l'optimisation fiscale (lien abonnés)

L'entrée en vigueur de l'ensemble des nouvelles règles contenues dans l'accord de Bâle III, prévue en janvier, a déjà pris du retard. Les résistances de part et d'autre, Etats ou lobbys bancaires, entament l'optimisme de l'Union européenne sur la possibilité d'un accord voté par le Parlement d'ici à la semaine prochaine.

 

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 15:32

 

 

Le Monde.fr | 20.02.2013 à 12h10 Par Louis Bulidon, actionnaire individuel

 


 

Le conseil d'administration de la structure cotée du groupe Crédit agricole, autrement dit CASA, est entre les mains des dirigeants des caisses régionales qui y siègent à tour de rôle. Avec 55 % du capital, celles-ci et leur tutelle détiennent 12 postes d'administrateurs sur un total de 18 élus. En dépit de son poids de 45 % dans le capital, l'actionnariat public n'est représenté que par 6 administrateurs extérieurs avec Xavier Fontanet, président d'Essilor, comme la personnalité emblématique pendant dix ans. Il n'est pas anodin de relever que ce dirigeant a quitté le navire fin 2011.

Ainsi, les actionnaires extérieurs ont été pris en otages par les caisses régionales qui ont largement démontré leur incurie dans la gestion de la croissance externe de CASA. Comment une banque mutualiste qui revendique des valeurs pour ses sociétaires a-t-elle pu pareillement sacrifier les intérêts de ses actionnaires sur l'autel des ambitions de ses dirigeants, en premier lieu le récipiendaire de tant d'honneurs, René Caron, président du conseil d'administration jusqu'en 2011 ?

Que penser encore de la performance de Georges Pauget aux commandes opérationnelles lors de l'acquisition en 2006 de la banque grecque Emporiki ! Où est la force d'engagement du groupe Crédit agricole au service de ses actionnaires quand ceux-ci ont subi une décote de 50 % sur leurs premiers achats de titres en 2001 ?

Si "le bon sens a de l'avenir" comme le formule le message promotionnel de la banque verte, l'annonce par ses dirigeants, à la veille de la clôture des résultats 2012, concernant les dépréciations des écarts d'acquisition, portées à 21,7 milliards d'euros, démontre bien que leurs prédécesseurs en ont beaucoup manqué depuis 2001, en investissant sans discernement dans des activités surpayées et peu rentables.

Ceci expliquant cela, CASA affiche une perte historique de 6,47 milliards d'euros pour 2012. Face à une telle dégradation de la situation financière, les actionnaires peuvent se poser trois questions : Sommes-nous à l'abri d'une défaillance comme celle qui a ruiné les actionnaires de Dexia ? Les caisses régionales détentrices d'un pouvoir absolu ne vont-elles pas retirer CASA de la cote en offrant un prix bradé aux minoritaires ? Si le choix des caisses régionales est le maintien de CASA en Bourse, quels sacrifices leurs "notables" sont prêts à consentir afin de prendre à leur compte une partie du fardeau des pertes en renonçant, par exemple, pendant plusieurs années à leur quote-part des futurs dividendes ? 

Louis Bulidon, actionnaire individuel

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 15:23

 

Le Monde - bigbrowser.blog

 

 

L'agriculteur Vernon Hugh Bowman, devant la Cour suprême des Etats-Unis, le 19 février à Washington.

C'est un fermier aux cheveux blancs de 75 ans. Il cultive du soja, du maïs et du blé dans l'Indiana, dans le Midwest américain, sur près de 120 hectares. Il dit qu'il "n'est même pas assez gros pour recevoir le nom d'agriculteur", relate le New York Times. Depuis 2007, il est poursuivi par Monsanto pour avoir cultivé des graines issues de la technologie de la firme, sans les lui avoir achetées directement. Mardi 19 février, son affaire est passée devant la Cour suprême, à Washington. Les juges ont laissé entendre qu'ils penchaient pour les arguments de Monsanto, qui réclame plus de 84 000 dollars au fermier. Lui a déjà déboursé 31 000 dollars de frais de justice, sans compter le temps qu'il a passé à faire des recherches sur l'ordinateur de la bibliothèque, faute d'en posséder un.

Tout commence en 1999, quand Vernon Hugh Bowman achète des semences de soja de seconde génération (issue d'une récolte, et non achetées directement à Monsanto) dans un silo à grains, pour faire des économies. Il les utilise pour une culture intermédiaire, avant de conserver les graines issues de cette récolte. Pour l'agriculteur, il ne viole donc pas la clause qui le lie à Monsanto, et lui interdit de conserver et replanter les graines issues d'une récolte qui est elle-même directement issue des semences achetées à la firme. Ce contrat l'oblige à mettre la main à la poche pour acheter de nouvelles graines chaque année – ce qu'il continue à faire pour sa récolte principale.

Les semences en question contiennent un gène de Roundup Ready, qui rend les plants résistants au Roundup, un herbicide qui, aspergé sur les champs, peut donc tuer à loisir toutes les autres plantes en épargnant le soja. D'après le New York Times, ces semences pèsent désormais pour 90 % des cultures de soja aux Etats-Unis. Pas étonnant, donc, qu'elles se retrouvent dans le silo à grain où M. Bowman achète ses graines. Sauf que Monsanto, qui "a la réputation de protéger vigoureusement sa propriété intellectuelle", comme l'écrit le New York Times, s'est aperçu que le fermier avait une production supérieure à celle que les semences achetées pouvaient générer. Il faut dire que la firme envoie des inspecteurs vérifier leurs produits dans les champs, et a obtenu de fermiers américains plus de 23 millions de dollars de dommages et intérêts en 2012, dans 142 procès pour violation de brevet.

>> Lire l'éclairage : "La guérilla judiciaire des géants des semences contre les fermiers américains"

Dans ce procès, le gouvernement américain est venu défendre Monsanto. La firme peut aussi s'assurer du soutien d'universités, de laboratoires, de l'Association américaine du soja, ou encore de BSA-The Software Alliance, qui représente des sociétés comme Apple et Microsoft, craignant, elles, pour le piratage de leurs logiciels, d'après le New York Times. C'est dire si les forces sont équilibrées. Et si les enjeux du procès dépassent largement le cas particulier de Vernon Hugh Bowman.

Au point que Monsanto a créé un site, L'Innovation en jeu, sur sa bataille contre le fermier de l'Indiana. L'enjeu, donc, étant de "savoir si les brevets sur les semences, ou sur toute chose qui peut se répliquer, s'étendent au-delà de la première génération du produit", explique le quotidien américain. C'est donc la loi sur le brevet dans toute sa complexité qui déterminera l'issue de ce procès, avec des applications dans les domaines des biotechnologies, mais aussi de la médecine, de l'informatique, des sciences de l'environnement, etc..

Pour Monsanto, une victoire de M. Bowman "dévasterait l'innovation en biotechnologies". "Il est peu probable que les investisseurs réalisent de tels investissements s'ils ne peuvent empêcher les acquéreurs d'organismes vivants contenant leurs inventions de les utiliser pour en produire des copies illimitées", argumente la firme. Qui reproche donc à M. Bowman d'en avoir produit "des copies", en ayant fait pousser les graines achetées dans le silo. Sauf qu'en matière de plantes, on peut difficilement parler de "copie", car derrière ce terme repose tout simplement le principe de la reproduction du vivant.

Les critiques des biotechnologies pensent de leur côté qu'une victoire de M. Bowman affaiblirait la mainmise de Monsanto et des autres firmes agrochimiques sur les agriculteurs. Mainmise qui a eu pour conséquence la hausse des prix des semences et la disparition des variétés à haut rendement non créées génétiquement, rapporte le NYT. L'avocat de M. Bowman assure aussi que son client est dans "une situation désespérée", quand la défaite de Monsanto ne déstabiliserait pas outre-mesure ses affaires mondiales.

>> Lire la chronologie : "Monsanto, un demi-siècle de scandales sanitaires"


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19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 22:47

 

 

En poussant la Grèce à acquérir des frégates françaises pour explorer des gisements d’énergie fossile en mer Égée, François Hollande fait d’une pierre deux coups : il confirme que l’austérité est sélective et torpille un peu plus la crédibilité de son discours sur la transition énergétique 
Lors de son voyage en Grèce ce mardi 19 février, les appels de François Hollande à la «solidarité » envers la Grèce et ses critiques de l'austérité n’ont pas fait illusion : le Conseil européen vient d'amputer de 30% les aides structurelles à la Grèce dans le prochain budget européen et la France soutient fermement le mémorandum imposé au peuple grec par la Troïka (BCE, Commission, FMI).
Non, si François Hollande était présent en Grèce, c’était pour faire des affaires. « La Grèce a décidé un programme de privatisation. Les entreprises françaises seront présentes ».  
Car en Grèce tout est à vendre: les services publics et tous les biens communs à disposition - eau, énergie, œuvres culturelles, îles, fonds marins … Mais pendant ce temps le budget militaire continue à enfler avec l’augmentation des contributions à l’OTAN (+ 50% en 2012) et des dépenses courantes (+ 18% en 2012), pour atteindre un record mondial après les USA, 3% du PIB. C’est une des raisons pour lesquelles nous demandons, en Grèce et ailleurs, un audit des dettes.
François Hollande a aussi relancé la vente de deux frégates françaises pour rechercher du pétrole et du gaz dans la mer Égée. Loin des plages françaises pour lesquelles le gouvernement précédent avait dû reculer suite à une forte mobilisation. 
Alors que la conférence énergétique et le débat public annoncés s’enfoncent chaque jour un peu plus dans l'insignifiance, cette visite en Grèce confirme le cynisme qui imprègne les orientations du gouvernement français aussi dans ce domaine.
L’austérité pour la Grèce (et la France), l’expérimentation des gaz de schistes pour l'Algérie, le pétrole pour la mer Égée, la sécurisation militaire de l’uranium pour l'Afrique, les ventes d’EPR et d’avions Rafale pour l'Inde : le changement, c’est pour quand ? La grève générale ce mercredi en Grèce, et les mouvements sociaux qui montent en Europe et se retrouveront à Athènes pour un Altersommet les 8 et 9 juin, sauront remettre les pendules à l'heure.
                                                                                                                                                                                                                                                                   Attac France,
Paris, le 19 février 2013
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