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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 18:39

 

Rue89 - Tribune 04/03/2013 à 16h59
Richard Bloch | conseiller du salarié

 

 

 

Tous les intervenants en droit du travail, à commencer par les salariés eux-mêmes, peuvent aujourd’hui constater qu’il n’existe aucune possibilité de recueillir ni d’assembler les différentes condamnations en matière de respect du droit du travail.

Making of
Richard Bloch est conseiller du salarié à Paris. A ce titre, il a assisté à environ 400 entretiens préalables au licenciement et participé à 30 ou 40 ruptures conventionnelles. Il anime également une permanence juridique au sein de son organisation syndicale, la CGT, et il défend des dossiers devant les prud’hommes. C’est ce qui l’avait amené à contacter une première fois Rue89, pour publier une tribune sur les ruptures conventionnelles. Elsa Fayner

Au mieux, il est possible en s’adressant à chaque tribunal de prud’hommes d’obtenir une copie des jugements mais uniquement de son ressort et sur les une ou deux dernières années.

Il est ainsi curieux de constater que toutes les lois pénales et civiles se sont durcies, que l’on a créé de nombreux fichiers sur les individus – il suffit par exemple d’être témoin dans une affaire pour se voir mettre son ADN dans un fichier – sauf en droit du travail.

La France couvre ses routes de radars et archive le moindre point de permis de conduire perdu et dans le même temps ignore les infractions et délits quotidiens lorsqu’ils sont le fait de personnes (pas toujours) morales.

Pourtant, en 2009, 228 901 affaires ont été traitées par les conseils de prud’hommes, alors que dans le même temps les conduites en état d’ivresse on donnée lieu à 126 800 condamnations.

Tout est fait pour sécuriser les délinquants

Pire, et le dernier « accord » signé par trois organisations syndicales et le Medef l’atteste, tout est fait pour abaisser le niveau des sanctions encourues, pour dissuader, voire empêcher le recours aux juridictions compétentes en la matière, bref, pour sécuriser juridiquement les éventuels délinquants qui risquent ainsi de moins en moins d’être punis pour des pratiques qui frisent parfois le banditisme.

Interrogeons-nous sur ce qui se passe pour un salarié à qui on n’a pas versé son salaire et dont l’employeur fait une faillite frauduleuse pour comprendre mon propos. Voici comment ça se passe pour lui (je suis conseiller du salarié, et je vois ça régulièrement) :

  • le salarié paie 35 euros de timbre fiscal pour assigner son employeur ;
  • il devra attendre quelques semaines qu’une décision prise en référé intervienne ;
  • ensuite il devra la faire exécuter, éventuellement par un huissier (coût variable en fonction de la somme, mais en tout état de cause, il lui faudra avancer au moins 150 euros).

Pendant ce temps l’employeur organise son insolvabilité, et se trouve en faillite.

Rien ne l’empêchera cependant de recommencer le même manège dans un autre département sous un autre nom et le salarié volé ne recouvrira probablement jamais sa créance.

Pour un fichier des entreprises fraudeuses

Le Medef nous l’assure à longueur d’ondes et de pages : l’énorme majorité des entreprises ne fraudent pas et respectent parfaitement le droit du travail. L’infime minorité qui y contrevient est une exception.

Alors disons chiche ! S’il est vrai que les délinquants sont vraiment une infime minorité, il ne devrait pas y avoir d’opposition à la création d’un fichier national de ces derniers.

Pas une voix ne devrait manquer pour soutenir une telle proposition, ni la présidente du Medef Laurence Parisot qui nous jure ses grands dieux que les employeurs sont proches de la sainteté, ni les syndicats de salariés, ni nos députés de gauche, puisqu’ils sont de gauche, ni nos députés de droite toujours prompts à vouloir punir les actes délictueux.

Voilà une proposition qui pourrait faire l’objet d’un accord unanime de nos édiles, et qui pourrait donc être rapidement transcrite dans la loi sans que personne ne s’y oppose.

Les fraudes répétées et organisées à grande échelle pourraient ainsi être facilement repérées. Par exemple lorsque qu’une entreprise pratique le « travail dissimulé » en utilisant des « sans-papiers » en-dehors de toute législation sociale.

Aujourd’hui, on ne peut que très difficilement croiser les informations sur des chantiers du bâtiment de la même entreprise. Pour peu qu’ils se trouvent dans différents départements, ces chantiers sont traités par des inspecteurs du travail différents et font l’objet de différentes sanctions sans que personne puisse faire de recoupement entre les différentes affaires.

Une note de « bon citoyen » aux entreprises

Afin que les choses soient encore plus claires, le ministère du Travail pourra attribuer une note de « bon citoyen » à chaque entreprise. Cette note serait le produit de la division du nombre de procès prud’homaux perdus par le nombre moyen de salariés sur les trois dernières années (c’est le seuil retenu par le législateur pour retrouver l’ensemble de ses points au permis de conduire).

Ainsi, et à l’instar de tout citoyen, l’entreprise récidiviste pourra se voir appliquer des peines aggravées en fonction de ce critère. Tant qu’à modifier le code du travail par le biais d’un accord, il faut y introduire cette procédure qui est un réel besoin.

 

 

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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 18:36

 

 

Rue89 - Swissinfo 05/03/2013 à 17h24
SwissInfo"

Peter Siegenthaler, traduction Isabelle Eichenberger

 

 

 


Ulrich Thielemann (Swissinfo

 

Le verdict des citoyens suisses sur l’initiative contre les salaires abusifs des managers aura des répercussions bien au-delà des frontières helvétiques, pronostique l’éthicien suisse de l’économie Ulrich Thielemann. Pour lui, ce texte est même dangereux, car il finira par donner trop de pouvoir aux actionnaires.

Près de 68% des électeurs et l’ensemble des cantons ont approuvé l’initiative populaire. Malgré ce résultat clair et net, le combat contre les salaires abusifs ne fait que commencer.

Economiesuisse, le Medef suisse, n’est pas la seule à penser que le texte ne parviendra pas à lutter contre les abus de manière convaincante. Ulrich Thielemann, professeur pendant dix ans à l’Institut pour l’éthique de l’économie de l’Université de St-Gall, fait la même prévision.

Mais ce spécialiste, fondateur en 2010 à Berlin de « Me’M – think tank sur l’éthique de l’économie », donne des raisons très différentes de celles avancées par la fédération patronale suisse.

swissinfo.ch : Deux Suisses sur trois ont accepté l’initiative contre les salaires abusifs. Ce résultat plutôt clair est-il selon vous une expression de colère ou de calcul ?

Ulrich Thielemann : Le mot colère implique une connotation d’irrationalité. Lors de la votation, il est vrai que l’irrationnel avait sa part dans ce qui était décidé en réalité. Mais l’impulsion, la raison profonde qui a décidé cette majorité des deux tiers n’a rien d’irrationnel, puisque c’est la conviction d’une grave disproportion entre boni et bonne gouvernance qui a motivé les électeurs.

« Signal négatif » pour la Suisse

Economiesuisse, le Médef helvetique, qui avait investi 8 millions de francs suisses (6,5 millions d’euros) dans la lutte contre l’initiative, ne croit pas que le texte empêche les salaires abusifs. « Nous avons toujours dit qu’elle ne pourra pas tenir sa promesse. Elle ne fait que déplacer le pouvoir des conseils d’administration vers les actionnaires », indique Ursula Fraefel, cheffe de la communication de la campagne. Au lieu de cela, ce sont les conditions cadres de la place économique suisse, en particulier son droit des sociétés libéral jusqu’ici, qui seront affectées. Les actionnaires auront à l’avenir le pouvoir de décision final en ce qui concerne la rétribution des managers. Economiesuisse ne peut donner d’instructions ni aux entreprises, ni aux actionnaires. « Mais nous pensons qu’il faut en appeler au sens de la mesure et au bon sens des patrons de l’économie », ajoute Ursula Fraefel.

Economiesuisse explique sa défaite en disant que la colère des citoyens a été encore accrue par le fait qu’on se trouvait en période de négociation de conventions collectives et que les « partis bourgeois » n’ont pas su convaincre leur base de rejeter l’initiative.

Pour l’éthicien que vous êtes, ce plébiscite constitue-t-il un pas en direction de plus ou de moins d’éthique dans l’économie ?

La question serait plutôt : de quelle éthique parlons-nous ? Ici, d’un point de vue impulsif, il s’agit d’un pas vers plus de justice.

Beaucoup de gens sont indignés par les primes disproportionnées par rapport aux prestations. Ils sont surtout en colère d’entendre que des cadres reçoivent des rétributions de plusieurs millions même quand l’entreprise enregistre des pertes.

Et qu’est-ce qui est irrationnel, dans le résultat de la votation ?

La grande irrationalité est que, au fond, ce ne sont pas les salaires abusifs qui vont être rognés, mais ce sont les droits des actionnaires qui seront renforcés. M. Minder (l’auteur de l’initiative référendaire, ndlr) croit apparemment que l’injustice que lui-même et la majorité des citoyens ont ressentie est identique aux intérêts des actionnaires qui se voient privés de beaucoup d’argent en raison de boni millionaires.

Si le management encaisse plus, il reste moins d’argent pour les actionnaires. Qu’y a-t-il de faux à cela ?

La pratique des primes de plusieurs millions ne s’explique pas seulement par l’avidité des managers, mais aussi par celle des actionnaires. Le problème provient des grands fonds de placement qui n’ont absolument rien contre des primes élevées, bien au contraire.

Le management argumente de la manière suivante : nous augmentons votre plus-value, le cours des actions de quelques milliards. Et vous, vous nous laissez quelques pour cents.

Pour l’actionnariat, cela n’a aucune importance si les managers empochent quelques dizaine de millions, ce sont des « peanuts » en comparaison avec les milliards que les gros actionnaires encaissent. Ils étaient déjà la cause principale des salaires abusifs, et voilà qu’ils sont encore plus puissants.

« Les boni ne baisseront pas »

Voulez-vous dire que le peuple n’y a vu que du feu et qu’il s’est tiré une balle dans le pied ?

Les boni ne baisseront pas. Au contraire, ils vont continuer d’augmenter. L’initiative est très dangereuse dans son résultat même.

Si on prend au sérieux la colère exprimée par le résultat du vote, on arrive à un résultat différent, c’est-à-dire que les managers ne doivent plus être rémunérés de manière aussi démesurée et que la modération et la responsabilité doivent reprendre leur place au sein des entreprises.

Mais pour cela, il ne faut pas renforcer encore plus le pouvoir du capital, mais au contraire le limiter.

Equilibre entre la rétribution et la production

En quoi les citoyens sont-ils concernés par les salaires payés par une entreprise ?

Cela fait longtemps que les entreprises ne sont plus une affaire privée. Et les primes des hauts-dirigeants encore moins puisqu’elles touchent justement à une question de justice et, donc, à la coexistence sociale.

D’une part, il y a la question de l’équilibre entre la rétribution et la production. Les 72 millions que le président de Novartis, M. Vasella, aurait dû recevoir auraient été payés par d’autres personnes, c’est-à-dire par les patients qui doivent payer trop cher leurs médicaments. Et M. Vasella se voit récompensé pour avoir, avec d’autres entreprises pharmaceutiques, fait du lobbying pour prolonger la protection des brevets. Cela a permis aux actionnaires de gagner des milliards.

D’autre part, cette situation fait naître un esprit mauvais au sein de l’entreprise, à savoir l’avidité. Il ne s’agit plus de rétribuer le travail selon les critères d’une profession donnée. Au contraire, on fait tout ce qu’on peut pour s’enrichir le plus possible.

La direction ne dirige plus l’entreprise en encourageant le sens des responsabilités, et donc une attitude correcte envers toutes les personnes concernées, mais avec l’objectif de maximiser les boni. Ces incitations corrompent la direction et toute l’entreprise. C’est là le problème, et cela concerne notre vie à tous.

Limiter la part variable des rémunérations

Vous prétendez que l’initiative Minder ne permettra pas de diminuer les inégalités. Mais que faut-il faire alors pour mettre un terme aux abus ?

Il faudrait prendre les rênes des mains des actionnaires et détourner complètement les entreprises de leur quête insatiable des bénéfices. Cela signifie qu’il faudrait limiter la part variable des rémunérations. C’est la direction prise par le Parlement de l’UE, qui prévoit que la part variable des salaires des banquiers ne puisse dépasser la fixe.

Ce serait au moins un début. Ce ne serait pas une intervention insupportable dans la liberté de contrat. Car l’actionnaire pourrait encore verser des millions aux cadres, mais plus sous forme d’incitation. Ensuite, cela contribuerait à responsabiliser la direction d’entreprise. L’esprit de modération était déjà une évidence pour les entrepreneurs classiques.

Abstraction faite de la question de savoir si l’initiative atteint son but ou pas, celle-ci aura-t-elle des effets aussi au-delà de nos frontières nationales ?

Je crois que cette votation pourrait déclencher une sorte de raz-de-marée, et pas seulement en Suisse. Elle a un rayonnement global. On en a parlé dans le monde entier. Certains pensent que c’est dû au fait qu’elle est un peu bizarre dans le monde d’aujourd’hui. Mais la raison principale, c’est que ce ne sont pas les seuls citoyens suisses qui en ont assez des salaires abusifs.

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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 18:28

 

Rue89 - Le Yéti

  voyageur à domicile

Publié le 05/03/2013 à 17h08

 

 

C’est à n’y pas croire : après le Front de gauche qui anime (et comment !) la présidentielle française 2012, Syriza en Grèce qui frôle l’exploit, le Mouvement cinq étoiles (M5S) qui le crée en Italie, voilà que ce sont les petits Suisses qui, contre l’avis de leur establishment médiatico-politico-financier, parviennent à imposer un référendum par lequel ils mouchent à plus de 67% les bonus des voyous.

Le Printemps européen qui s’annonce risque de réserver quelques surprises, non seulement dans les urnes, mais aussi par la rue. On n’oubliera pas les Indignados précurseurs d’Espagne, les manifs de masse à répétition en Grèce, en Espagne, au Portugal...

Avec des mots d’ordre de plus en plus radicaux et sans détour : dégagez, foutez le camp, on vous a assez vu ! Oh bien sûr, par période de gros temps, on ne peut jurer de rien. Balloté dans le roulis d’enfer de la « Grande perdition », le navire démocratique peut verser aussi bien à tribord qu’à bâbord. En attendant, eh eh, ce n’est plus des percées de l’extrême-droite dont se repaissent nos médias microcosmiques un brin déroutés.

Quelle tête pourra-t-il avoir, notre Printemps européen, pour peu que la chance démocratique donne du gîte du bon côté ? Eh bien, c’est au « populiste » Beppe Grillo [rire] et à son acolyte du M5S, le « richissime » Gianroberto Casaleggio [re-rigolade], que je vais laisser le soin de longuement vous répondre...

En guerre

« Nous sommes en guerre : une guerre entre deux mondes, entre deux conceptions différentes de la réalité. Elle peut nous sembler lente, presque imperceptible, mais non, elle est féroce et va toujours plus vite, caractérisée en permanence par une alternance d’embuscades et d’avancées soudaines.

Les médias tentent de la dissimuler, les politiques la craignent, les organisations internationales la combattent, les multinationales la haïssent. Cette guerre totale, qui a des répercussions dans notre vie à tous les niveaux et remet en question des structures économiques et sociales données pour acquises depuis des siècles, est due à la propagation d’Internet.

Les journaux sont en train de disparaître, après ce sera au tour des télévisions, puis des livres. Dans dix ou vingt ans, tout cela sera considéré comme des espèces disparues, à l’instar des dinosaures. Toute l’information convergera sur le Réseau et nous serons tous des Produconsommacteurs, à la fois producteurs et consommateurs d’information. »

Participation directe des citoyens aux affaires publiques

« Partout émergent des mouvements spontanés pour remplacer les partis : le parti des Pirates en Islande, en Suède et en Allemagne, les Indignados espagnols, les jeunes d’Afrique du Nord qui donnent naissance au Printemps arabe, et jusqu’au Mouvement 5 Etoiles en Italie, ignoré par les médias…

La participation directe des citoyens aux affaires publiques prend la place de la délégation des pouvoirs en blanc. De nouvelles valeurs économiques telles que la réputation et les idées gagnent de plus en plus d’importance face à l’argent. A l’avenir, les ressources primaires telles que l’eau ou l’électricité seront gérées par des réseaux de citoyens pour satisfaire leurs besoins, puis redistribuées.

Le Réseau a ses propres lois, qui se manifestent constamment. L’une d’entre elles est l’élimination des activités sans valeur ajoutée… Le Réseau est partout, il suffit de s’arrêter un instant pour l’observer. »

Les citoyens dans les palais du pouvoir

« Donc dans cette guerre le vieux monde périra, mais avant de quitter la scène il usera de TOUTES les ressources à sa disposition pour conserver ses anciens privilèges et ses rentes de situation. La guerre durera longtemps. En Italie, les partis contrôlent la société, l’économie, l’information, le commerce, les transports, les lois et leur application : TOUT.

Ils sont la quintessence du vieux monde. Pour tenter de se défendre, ils ont rédigé des quantités industrielles de lois contre le Réseau. Ils se croient invulnérables, mais grâce à Internet, les citoyens sont sur le point de pénétrer dans les palais du pouvoir. »

Vous avez vu, ça déménage, n’est-ce pas ? Ce texte est extrait d’un livre publié en novembre 2011 par les deux acolytes. Qui osent même se réclamer des Indignados espagnols, du parti des Pirates et des mouvements arabes, plutôt que des Chemises noires de feu l’ex-socialiste Mussolini. On aura tout vu !

C’est marrant, ce texte me rappelle un des tout premiers que j’ai mis en ligne sur le Net. C’était en octobre 2005. Il s’intitulait : « Début de panique dans le microcosme médiatique ». Tout arrive.

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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 17:50

 

Le Monde.fr | 05.03.2013 à 11h14 • Mis à jour le 05.03.2013 à 12h19 Par Jean-Pierre Stroobants - Bruxelles, correspondant


 

Le vice-premier ministre et ministre belge des finances, Steven Vanackere, lors de la conférence de presse pour annoncer sa démission, le 5 mars 2013 à Bruxelles.

Un coup de tonnerre a retenti, mardi 5 mars dans le ciel politique belge : Steven Vanackere, vice-premier ministre chrétien démocrate et ministre des finances a organisé une conférence de presse pour annoncer sa démission. Le chef de file du parti CD&V était cité dans un scandale financier lié à la banque Belfius, mais cette démission constitue une surprise. Il a demandé au président de sa formation, Wouter Beke, de le remplacer.

Diverses révélations ont été apportées au cours des dernières semaines concernant les liens entre l'ACW, le Mouvement ouvrier chrétien flamand, l'un des " piliers " du courant chrétien-démocrate belge, et la banque, créée après l'éclatement de l'établissement franco-belge de financement des collectivités publiques Dexia. L'Etat belge est le principal actionnaire de Belfius.

C'est l'Alliance néo-flamande (NVA), le parti indépendantiste de Bart De Wever, qui a lancé l'offensive, rapidement relayé par divers médias néerlandophones. L'ACW aurait été rétribué pour apporter des clients à la banque et lui aurait prêté 70 millions d'euros à un taux d'intérêt très élevé de 7,75 %. Belfius aurait également payé 40 millions d'euros à l'ACW pour que le mouvement contribué à préserver la "bonne image" de la banque. Et les milieux chrétiens démocrates, dont le pan syndical réclame régulièrement une plus grande justice fiscale, auraient également éludé une partie de l'impôt à l'aide de montages sophistiqués.

 

 "ACCORDS COMMERCIAUX"

M. Vanackere a déclaré mardi que les attaques dont ils faisaient l'objet avaient " dépassé [sa] capacité de résistance ". " Cela devait s'arrêter ", a-t-il expliqué, continuant à soutenir qu'il ignorait les accords passés entre la banque et l'ACW, un courant dont il est proche. Entendus récemment par les députés, des dirigeants de Belfius avaient exonéré le ministre, en indiquant qu'il n'était pas au courant des contrats conclus. Ils avaient évoqué des simples " accords commerciaux ". Pour divers observateurs, l'affaire pose toutefois la question de l'affectation d'argent public à une structure politico-syndicale.

Les partenaires gouvernementaux du ministre convenaient depuis quelques jours que sa communication était défaillante et une proposition circulait même, visant à confier la tutelle sur le dossier Belfius à l'un de ses collègues. Il avait, début mars, nié connaître un administrateur de Belfius. Pour finalement concéder que cet expert financier suivait, comme consultant extérieur, les dossiers liés à la banque Dexia et ses avatars au sein même de son cabinet... Un fait qui, ajouté à d'autres, faisait douter de la bonne foi, ou de la compétence, du ministre.

La commission des finances de la chambre des députés devait débattre, mardi, de la création d'une commission d'enquête, réclamée entre autres par la NVA. Les partenaires flamands de M. Vanackere au sein de la majorité fédéral (l'Open VLD, libéral et le Sp.a, socialiste) se montraient plus prudents, sans cacher leur agacement à l'égard de l'évolution de ce dossier.

La démission du chef de fil des chrétiens démocrates flamands va indéniablement affaiblir le gouvernement dirigé par le socialiste wallon Elio Di Rupo. Celui-ci doit se lancer très prochainement dans une nouvelle opération d'assainissement budgétaire et s'expose à des sanctions européennes s'il ne corrige pas rapidement la trajectoire de son endettement. Celui-ci pourrait être aggravé si l'Etat belge devait intégrer dans sa dette le montant des garanties apportées à la banque résiduelle (" bad bank ") Dexia, comme l'estiment des experts européens. Le gouvernement belge tente, en ce moment, de contester cette procédure.

Jean-Pierre Stroobants - Bruxelles, correspondant

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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 17:37

 

Le Monde - Blog

 
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Tous les quinze jours, Lui Président fait le point sur la mise en œuvre des promesses électorales annoncées par François Hollande. La quinzaine a été marquée par les prévisions pessimistes de la Commission européenne sur l'économie française, qui ont hypothéqué plusieurs engagements du président de la République. Alors que le chômage concentre toutes les attentions, Vincent Peillon poursuit sa refondation de l'école et des rythmes scolaires.

 

François Hollande tient une conférence de presse en marge du Salon de l'agriculture, le 23 février (AFP/THIBAULT CAMUS)

 Economie, industrie, fiscalité et finances publiquesCritiquées depuis plusieurs mois, les prévisions économiques du gouvernement ont été douchées le 22 février par la Commission européenne. Prédisant une croissance de 0,1% et un déficit de 3,7% du PIB pour 2013, Bruxelles exclut toute baisse du chômage avant 2015. La majorité n’a donc pas tardé à révoir ses ambitions à la baisse :

  • Retour à 3% de déficit Promesse brisée de François Hollande : l’objectif a été repoussé de 2013 à 2014.
  • Prévision de croissance pour 2013 : déjà ramenée de 1,7% à 0,8%, elle doit être prochainement révisée à la baisse par le gouvernement.
  • Pas de nouvelles augmentations d’impôts après 2013 Promesse en doute de François Hollande : la promesse de Jérôme Cahuzac pourrait tomber à la faveur d’un nouveau tour de vis. Pour 2014, le ministre du Budget veut trouver 6 milliards d’euros de recettes supplémentaires. "C'est d'abord par des économies et subsidiairement par des prélèvements supplémentaires que nous devrons atteindre nos objectifs", a lâché François Hollande au salon de l’agriculture.

À lire : Ces promesses économiques qui fondent comme neige au soleil

Conformément à la feuille de route de la grande conférence sociale de juillet 2012, une commission pour l’avenir des retraites a été installée par Jean-Marc Ayrault le 27 février. Une réforme des retraites Promesse en cours de réalisation de François Hollande figurait dans le programme de François Hollande. Sans s’engager sur les modalités, le candidat s’était toutefois dit prêt à allonger la durée de cotisation, à contre-courant de la ligne officielle du PS.

La nouvelle mouture de taxe à 75% Promesse en doute de François Hollande sur les hauts revenus prend du retard. Pierre Moscovici avait évoqué un nouveau texte “au plus tard fin février”, mais aucun dispositif n’a encore été présenté.

Coup d'envoi pour la BPI

La loi sur la séparation des activités bancaires Promesse en doute de François Hollande a été adoptée le 19 février par l’Assemblée. La réforme, qui devait originellement séparer les activités de dépôt et de marché, a été largement adoucie. Pas assez ambitieux à son goût, Eva Joly a allègrement critiqué François Hollande et son projet de loi sur RMC : “il n’a pas de dent, ne mord pas. [Hollande] veut combattre la finance avec un sabre de bois”.

Promise dans le premier des 60 engagements de François Hollande, la Banque publique d’investissement Promesse tenue de François Hollande a tenu son son premier conseil d’administration le 21 février à Dijon. Un premier rendez-vous éclipsé par la nomination de Ségolène Royal aux postes de vice-présidente et porte-parole de cette nouvelle banque des PME.

L'arsenal contre le chômage progressivement déployé

Social, travail, pouvoir d'achat et emploiOfficiellement, François Hollande vise toujours l’inversion de la courbe du chômage d’ici la fin 2013 Promesse en doute de François Hollande. Alors que le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté en janvier pour le 21e mois consécutif, le président a toutefois admis que l’objectif serait difficile à atteindre, lors de sa conférence de presse au salon de l’agriculture.

Les emplois d’avenir Promesse partiellement tenue de François Hollande connaissent un démarrage poussif : Michel Sapin annonce 10 000 contrats signés au cours de deux premiers mois de l’année, alors que le gouvernement en escompte 100 000 en 2013.

Encore au stade de l'expérimentation, 2 000 "emplois francs Promesse en cours de réalisation de François Hollande" devraient être par ailleurs subventionnés cette année par l’Etat dans les quartiers sensibles, selon une annonce de Jean-Marc Ayrault.

Pour valoriser l'action du gouvernement, le Premier ministre s’est lancé dans l’e-pédagogie. Dans une vidéo publiée sur Dailymotion et relayée sur Twitter, il a exposé au Français quelques mesures de son plan pour la compétitivité Promesse en cours de réalisation de François Hollande annoncé en novembre dernier, et absent du programme de son président.

 

François Hollande est-il sur le point de tenir une non-promesse ? Contrairement à ce qu’affirme le Front de gauche, l’amnistie sociale votée au Sénat le 27 février n’a jamais fait partie des promesses du candidat socialiste. Martelée par Jean-Luc Mélenchon depuis plusieurs mois, la revendication d’une amnistie des actes de violence commis depuis 2007 par les syndicalistes crée la polémique.

Au salon, des promesses pour l’agriculture

François Hollande au salon de l'agriculture, le 23 février 2013 (AFP/Kenzo Tribouillard)

» Améliorer la traçabilité Nouvelle annonce de mandat avec un étiquetage obligatoire, à termes, sur les viandes utilisées dans les produits cuisinés

» Soutenir les producteurs laitiers Nouvelle annonce de mandat en grande difficulté

La réforme constitutionnelle enterrée vivante

Institutions, vie politique et moralisationPour le Conseil d’Etat, le non-cumul des mandats Promesse en doute de François Hollande ne devrait pas s’appliquer avant 2017. Un avis motivé par le principe de non-rétroactivité, censé éviter l’application aux parlementaires d’une règle votée après leur élection.

Problème : François Hollande s’était fixé 2014 comme échéance. Quelques 39 députés socialistes défavorables à l’application stricte de sa promesse de campagne ont signé le 26 février une tribune dans Le Monde pour proclamer : “le non cumul, c’est maintenant”. Le gouvernement dévoilera sa position “au plus tard fin mars”, selon Alain Vidalies.

La réforme des élections locales a été adoptée à nouveau par l’Assemblée le 26 février, après un rejet au Sénat quelques jours tôt. Les cantonales, rebaptisées “départementales”, sont repoussées à 2015 et changent de mode de scrutin : les électeurs éliront désormais un binôme femme-homme Promesse en cours de réalisation de François Hollande.

Le texte prévoit également l’élection des conseillers communautaires Promesse en cours de réalisation de François Hollande au suffrage universel (par fléchage lors des municipales).

Alors que Le Figaro et Le Monde annonçaient la réforme constitutionnelle Promesse pas encore tenue de réalisation de François Hollande enterrée à défaut d’une majorité des 3/5e au Sénat, Christiane Taubira a assuré le 26 février que le gouvernement n’avait pas renoncé. Il préparerait plusieurs textes distincts, pour empêcher la droite et le centre de rejeter la réforme en bloc.

L'indépendance de la justice en retard

Le débat sur le mariage pour tous Promesse en cours de réalisation de François Hollande ne recommencera pas au conseil économique, social et environnemental : le CESE a rejeté la saisine des opposants au texte de loi, qui avaient réuni 700 000 signatures dans une pétition, au motif que l’institution ne saurait être saisie d’un projet de loi gouvernemental que par le Premier ministre. Une décision contestée par les anti-mariage pour tous.

Jean-Marc Ayrault a présidé le 26 février un comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme Promesse trop imprécise de François Hollande (Cilra). Le plan d'action 2012-2014 est renforcé avec neuf mesures contre la formation des préjugés (lutte sur internet, sensibilisation des futurs cadres de la nation, aide aux victimes...).

Police, justice et arméeContrairement à ce que prévoyait la feuille de route du gouvernement, le projet de loi sur l’indépendance des parquets vis-à-vis du ministère de la Justice n’a pas été présenté en conseil des ministres en février. Il était censé favoriser l’indépendance de la justice Promesse en retard de François Hollande.

Autre retard : le nouveau livre blanc sur la défense Promesse en retard de François Hollande, déjà repoussée à plusieurs reprises, n’a pas été publié en février.

Les vacances d'été pas (encore) allongées

Education, recherche, jeunesse, sportsAprès plusieurs semaines de débats houleux, Vincent Peillon a finalement publié le 26 février son décret sur la modification des rythmes scolaires Promesse en cours de réalisation de François Hollande. Chaque semaine, deux heures d'aide personnalisée seront notamment dégagées pour accompagner les élèves les plus en difficulté Promesse en cours de réalisation de François Hollande. De nombreuses municipalités ont repoussé à la rentrée 2014 la mise en place de la réforme.

Deux jours plus tôt, le ministre de l’Education avait proposé un raccourcissement des vacances d’été à six semaines, avec deux zones distinctes. Se remémorant peut-être que François Hollande n'avait jamais envisagé cette piste, Vincent Peillon a finalement indiqué quelques minutes plus tard qu'elle n'était “pas à l'ordre du jour", renvoyant la réflexion à 2015.

Une autre polémique pourrait naître avec sa loi sur la refondation de l’école, en discussion au Parlement : les députés PS ont décidé de lui déposer un amendement pour supprimer une disposition de la loi Carle Promesse pas encore tenue de réalisation de François Hollande de 2009 favorisant les écoles privées. François Hollande s’était bien engagé pendant la campagne à l’abroger, mais le gouvernement est pour l’instant hostile à ouvrir une nouvelle “guerre scolaire”.

Pour "faire que les jeunes vivent mieux en 2017 qu'en 2012", conformément à l’engagement prioritaire du président de la République, le gouvernement a présenté 47 mesures à l’issue du comité interministériel sur la jeunesse du 21 février.

Bon nombre d’entre elles reprennent des promesses de campagne, à l’image de la “garantie jeunes” – expérimentée à partir de septembre – ou l’encadrement des stages – prévu pour 2013. Parmi les nouvelles mesures figure par exemple la mise en place de classes prépas “égalité des chances” dans les écoles nationales de la police et de la justice.

Le très haut débit pour tous dans 10 ans

Culture, médias et numériqueLe gouvernement est passé à l’offensive sur le numérique à la fin du mois de février, en présentant une feuille de route de 18 mesures Promesse pas encore tenue de réalisation de François Hollande. Le plan prévoit notamment une loi sur la protection des données personnelles, la lutte contre l’évasion fiscale des Google et Yahoo! ou la promotion du numérique à l’école. François Hollande a choisi d’insister sur la généralisation du très haut-débit Promesse pas encore tenue de réalisation de François Hollande d’ici 2023. Pendant la campagne, le candidat socialiste avait formulé la même promesse pour le haut débit classique... à l’horizon 2022.

Le geste de François Hollande en faveur du livre numérique, dont la TVA a été abaissée à 5,5% Promesse tenue de François Hollande le 1er janvier dernier, pourrait valoir à la France une condamnation de la Cour de justice de l’UE. La Commission européenne y voit une distorsion de concurrence et a décidé, après plusieurs avertissements, d’entamer une procédure contre Paris. La ministre Aurélie Filippetti, pas décidée à céder, a indiqué qu’elle se défendrait devant la Cour de justice européenne.

 

 

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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 17:31

 

LE MONDE | 05.03.2013 à 10h57 • Mis à jour le 05.03.2013 à 15h41 Par Hélène Bekmézian et Claire Guélaud

 

 
Jean-Marc Ayrault, le 26 février à Paris.

Depuis que la France s'est engagée à ramener à l'équilibre ses finances publiques, les années se suivent et se ressemblent : elles sont, du point de vue de la discipline budgétaire, toujours plus redoutables. Les ministres et leur entourage attendent donc, avec un fatalisme teinté de lassitude, la lettre de cadrage de Jean-Marc Ayrault que Matignon devrait leur adresser à la fin de la semaine.

Ce document, le même pour chacun des ministres, précise les orientations qui permettront d'arrêter les grandes lignes du budget triennal 2014-2016 de l'Etat. Il réaffirme la nécessité de respecter la stabilisation en valeur des dépenses de l'Etat sur le périmètre du budget général, hors charges de la dette et des pensions.

 

 "DÉJEUNER TRÈS TENDU" 

Pour tenir cette norme de dépenses exigeante, introduite par le gouvernement Fillon, il serait demandé au gouvernement, selon nos informations, de faire des économies nettement supérieures aux deux milliards d'euros du "surgel" de crédits annoncé pour 2013 par le ministre délégué au budget, Jérôme Cahuzac. L'effort d'économies en 2014 pourrait même être de l'ordre de 4 milliards d'euros. Une manière, probablement, de rassurer la Commission européenne sur la détermination française.

L'annonce du surgel de 2013, quelques semaines seulement après le vote du projet de loi de finances, avait pourtant été mal vécue. "Le déjeuner était très tendu, ça a pas mal gueulé. Je pense que c'est pour cela que la question du non-cumul dès 2014 est ressortie, beaucoup disaient : puisqu'il faut faire des économies sur tout, alors laissez-nous au moins faire ce qui ne coûte rien, comme le non-cumul dès 2014", relate un ministre. "Je pense que c'est aussi la raison pour laquelle on en est venu à la question des allocations familiales. S'il faut faire encore plus d'économies, d'accord, mais alors il va falloir s'attaquer aux prestations familiales, car il ne reste plus que cela".

 

Jean-Marc Ayrault et Jérôme Cahuzac, le 20 février à Paris.

 

La mise en réserve de deux milliards de crédits supplémentaires, en plus des 6,5 milliards déjà gelés, a été d'autant plus critiquée qu'elle est intervenue après que les responsables des programmes budgétaires ont réparti les crédits. "Bercy a fixé un surgel tout en sachant qu'il serait extraordinairement difficile, voire impossible à respecter. Sauf, bien sûr, à ce que l'Etat recoure de plus en plus au procédé, pas très sain, des reports de charges", observe un conseiller sous couvert d'anonymat.

 

"ON EST À L'OS"

L'envoi de la lettre de cadrage va ouvrir une nouvelle séquence de la procédure budgétaire. Les cabinets ministériels, voire les ministres eux-mêmes, sont désormais invités à proposer à Bercy des économies, en particulier sur leurs crédits de fonctionnement et d'investissement. Des échanges doivent avoir lieu avec le ministre de l'économie et des finances, Pierre Moscovici, et avec M. Cahuzac. A l'issue de ces discussions, le premier ministre arrêtera les plafonds de crédits et d'emplois pour les années 2014, 2015 et 2016 avant le débat d'orientation des finances publiques prévu au Parlement en juillet.

"On est à l'os", entend-on de tous côtés. "Ce n'est pas le train de vie de l'Etat auquel on touche désormais, c'est aux moyens d'assurer les missions de service public." Forts de cette conviction, les ministères – Bercy compris – voudraient bien que l'on trouve des sources d'économies ailleurs que dans le budget de l'Etat. Peu désireux de tailler dans les crédits réservés aux mesures catégorielles, qui leur permettent de maintenir une certaine paix sociale malgré le gel du point d'indice de la fonction publique, ils lorgnent du côté des dépenses de protection sociale.

 

Pierre Moscovici, le 4 mars à Bruxelles.

 

Pour l'heure, toutefois, la modernisation de l'action publique (MAP), qui a pris le relais de la révision générale des politiques publiques (RGPP) et qui se veut plus respectueuse du dialogue social, n'en est encore qu'à ses débuts. Il faudra attendre le Comité interministériel pour la modernisation de l'action publique (Cimape) du mois d'avril pour voir préciser les premières pistes d'économies sur les aides aux entreprises et sur la politique familiale. Au cas où, Bercy a déjà évalué à "2 à 3 milliards" ce que rapporterait, dès la première année, la désindexation des prestations sociale.


Hélène Bekmézian et Claire Guélaud

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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 17:11

 

 

Rue89 - Explicateur 05/03/2013 à 15h34
Elsa Fayner | Journaliste Rue89

 

 

 


Manifestation du 5 mars 2013, à Marseille, contre l’accord emploi (GERARD JULIEN/AFP)

 

Michel Sapin, ministre du Travail, comptait sur un accord « historique ». C’est le cas si on s’en tient à la forme : l’accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013 [PDF] a été signé par six syndicats – de salariés et d’employeurs –, et sera sur la table du Conseil des ministres mercredi, avant de passer au Parlement. Le fiasco a été évité, qui risquait de devenir symptomatique d’un dialogue social impossible.

En revanche, sur le fond, c’est une autre affaire. L’accord, qui n’a guère été modifié par le gouvernement, introduit des modifications importantes en entreprise. Il promettait plus de « flexibilité » et de « sécurité », il prévoit finalement, à écouter les syndicats non-signataires, surtout de la flexibilité et de nouvelles rigidités.

D’où la mobilisation, mardi 5 mars, des syndicats de salariés qui n’ont pas signé l’accord, la CGT et FO – les frères ennemis –, et de ceux qui n’y ont pas été conviés, comme Solidaires ou la FSU.

                                                                                                                                                                                                                                1 La flexisécurité, qu’est-ce que c’est ?

 

L’esprit de la « flexisécurité » – ce concept qui nous vient des années 80 – est de permettre aux entreprises de ne pas se retrouver « pieds et poings liés » à des salariés en CDI quand la crise survient, ou quand le salarié n’est plus jugé à sa place, voire quand celui-ci veut bouger mais ne le fait pas, par crainte de se retrouver au chômage et de ne plus en sortir.

Avec l’accord, les entreprises devaient obtenir plus de « flexibilité » dans la gestion de leur main d’œuvre. En échange, les salariés devaient gagner plus de « sécurité » pour ne pas être transformés en simples variables d’ajustement à la conjoncture, et pour pouvoir se former, se reconvertir, ne pas se retrouver en difficulté après avoir quitté l’entreprise.

                                                                                                                                                                                                                             2 L’accord permet une gestion plus flexible de la main d’œuvre

 

L’accord prévoit effectivement que les entreprises puissent gérer de manière plus flexible leur main d’œuvre. A plusieurs niveaux.

  • Les « accords de maintien dans l’emploi » sont autorisés dans chaque entreprise. Il s’agit de demander aux salariés d’accepter des baisses du temps de travail ou des salaires en échange d’une garantie de maintien de l’emploi, en cas de difficultés dans leur entreprise.

Jusqu’ici, les entreprises qui le pratiquaient devaient obtenir l’accord des salariés, individuellement. Désormais, des accords d’entreprise rendent possible des modifications du contrat de travail individuel et des dérogations au droit du travail et aux conventions collectives.

Le texte prévoit cependant des garde-fous : les salaires de moins de 1,2 smic ne pourront pas être diminués, et pour être valables, ces accords devront être majoritaires à 50%. Ils ne seront par ailleurs valables que deux ans. Si le salarié refuse les conditions imposées par l’accord, il s’expose en revanche à un licenciement individuel pour motif économique.

  • Un droit à une « période de mobilité volontaire » dans une autre entreprise est prévu. Il sera accordé dans les entreprises de plus de 300 salariés et pour ceux ayant deux ans d’ancienneté. Il faut l’accord de l’employeur et un avenant au contrat de travail.
  • La « mobilité interne » est, de son côté, facilitée. Actuellement, le lieu du travail et le poste du travail étaient considérés comme parties intégrantes du contrat du travail. Dorénavant la mobilité interne peut être organisée sans bornes si un accord d’entreprise la stipule.

En échange, quelle sécurité prévoit l’accord pour le salarié qui refuse d’aller travailler à l’autre bout de la France – le licenciement pour motif personnel est alors autorisé – ou pour celui qui n’est pas vraiment volontaire pour changer d’entreprise ponctuellement ?

                                                                                                                                                                                                                             3 A peine plus de sécurité pour les salariés

 

L’accord sur l’emploi renforce certes les droits des salariés et plus marginalement des chômeurs, avec :

  • la généralisation de la complémentaire santé dans toutes les entreprises ;
  • le maintien des droits santé et prévoyance pendant douze mois au lieu de neuf pour les chômeurs ;
  • la possibilité de recharger ses droits à l’assurance-chômage entre deux emplois rapprochés ;
  • la possibilité de transférer et d’utiliser un compte personnel de formation pour les chômeurs.

Mais l’ensemble de ces avancées ne garantit pas une sécurité suffisante pour inverser la tendance actuelle, de sclérose. Olivier Passet, du Centre d’analyse stratégique, considère que seule la « flexirigidité » a avancé. Selon lui, dans un système qui assurerait une vraie flexisécurité,

« les syndicats cogèrent au plein sens du terme des systèmes de formation et d’assurance-chômage. Dans ce système, mobilité et sécurité constituent des biens collectifs que l’ensemble de la société garantit à travers un financement par l’impôt. Tout est fait pour que celui qui sort du marché –“l’outsider” – retrouve au plus vite sa place. »

                                                                                                                                                                                                                             4 Les travailleurs précaires laissés à l’extérieur

 

Or, l’accord ne prévoit pas grand chose pour aider les travailleurs précaires à entrer durablement en entreprise.

Pour favoriser l’embauche en CDI, le principe d’une taxation des CDD a certes été avalisé. Selon le projet, cette « surcotisation » atteindra trois points pour les CDD de moins d’un mois, 1,5 point pour ceux compris entre un et trois mois et 0,5 point pour ceux de plus de trois mois. Autrement dit, il ne s’agit pas de modifier la législation qui définit les circonstances autorisant le recours aux CDD ou de créer une procédure permettant de la faire respecter.

De la même manière, la durée minimale des temps partiels est fixée désormais à 24 heures par semaine.

Or, le problème sur le marché du travail, ce ne sont pas les CDD ni les temps partiels très courts en tant que tels, mais le fait qu’ils débouchent rarement sur un CDI ou un temps complet, pour ceux dont c’est l’objectif. Les questions à se poser renvoient là encore au niveau de sécurité qui doit être fourni aux travailleurs précaires pour respecter l’esprit de la flexisécurité : quel accompagnement leur proposer ? Avec quel financement ? Quelle formation mettre en place ?

Car le fondement de la flexisécurité, c’est la formation continue. Un sujet qui reste très peu abordé dans l’accord national interprofessionnel du 11 janvier dernier.

 

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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 16:40

 

Libération
4 mars 2013 à 14:34
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault arrive à l'Elysée, le 4 mars 2013
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault arrive à l'Elysée, le 4 mars 2013 (Photo Bertrand Langlois. AFP)

Article + vidéo Les Suisses se sont prononcé dimanche en faveur d'une limitation des rémunérations abusives et contre les parachutes dorés.

Par AFP

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a estimé lundi que l’initiative suisse limitant les rémunérations abusives des patrons des sociétés cotées constituait une «excellente expérience démocratique» et qu’il fallait «s’en inspirer».

C’est «une excellente expérience démocratique où les Suisses montrent la voie et, personnellement, je pense qu’il faut s’en inspirer», a déclaré Jean-Marc Ayrault, à la sortie d’un séminaire sur l’emploi à l’Elysée. Un décret, présenté en juillet, plafonne déjà les rémunérations des patrons du secteur public. Le plafond brut annuel de rémunération est fixé à 450 000 euros

 

 

 

Les Suisses ont quant à eux largement plébiscité dimanche l’initiative limitant les «rémunérations abusives» des patrons des sociétés suisses cotées en Suisse ou à l'étranger et qui prévoit d’interdire leurs parachutes dorés, ces indemnités de départ de patrons ayant souvent défrayé la chronique dans la Confédération mais aussi en Europe et aux Etats-Unis.

En Suisse, les initiatives - un droit donné aux citoyens suisses de faire une proposition de modification de loi - doivent être approuvées par la majorité du peuple et des cantons.

L’initiative Minder, du nom de l’homme d’affaires et sénateur UDC (Union démocratique du centre, droite populiste) à l’origine de ce vote, a été très bien accueillie par les Suisses : selon la Chancellerie fédérale, elle a été acceptée avec un taux de participation de 46% par 67,9% des voix et tous les cantons ont dit «oui», ce qui est très rare.

 

 

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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 16:34

CADTM

 

 

4 mars par Jérémie Cravatte


La troisième rencontre du réseau international des initiatives d’audit citoyen de la dette (ICAN – International Citizen debt Audit Network) a eu lieu à Thessalonique, en Grèce, du 15 au 18 février 2013. Le cadre n’était pas choisi par hasard : la Grèce constitue l’épicentre des attaques menées en Europe contre les populations, attaques qui – au nom du remboursement d’une dette largement illégitime – entraînent la destruction des droits les plus fondamentaux de ces populations. Une délégation s’est d’ailleurs ensuite rendue à Athènes pour rencontrer une quinzaine d’initiatives de résistance à cette destruction systématique. L’événement était accueilli par ELE et No Debt No Euro.

Réunion ICAN :

Des membres d’organisations et de plateformes de sept pays différents se sont de nouveau retrouvé-e-s pour discuter des alternatives et stratégies à mettre en place pour lutter contre ce système dette et les mesures d’austérité et politiques néolibérales qu’il produit en Europe. La Grèce, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Belgique, l’Allemagne, le Royaume-Uni étaient représentés. Nos camarades de Tunisie, d’Egypte, d’Irlande, de Pologne et de France n’ont malheureusement pas pu être présent-e-s.

Après avoir expliqué la situation actuelle de nos pays respectifs, nous avons travaillé sur différentes thématiques à l’ordre du jour de cette rencontre. La première session concernait la notion de « dette illégitime » et a donné lieu à un échange sur l’avancée du débat dans chacun des pays et sur les différentes stratégies d’audit développées. Un consensus s’est dégagé selon lequel la dette illégitime doit bien entendu être définie selon les contextes et par les populations elles-mêmes. Cependant, nous sommes d’accord sur les contours de cette notion, de son utilisation comme élément mobilisateur et des messages communs à porter. Ensuite, nous avons discuté des objectifs d’ICAN, de ses « publics cibles », de nos stratégies communes, des activités à mener etc. La troisième session a trait à nos méthodes de communication et d’éducation populaire pour expliquer la dette et l’austérité, ce qui a permis un réel échange de pratiques et d’outils. Nous avons appris énormément les uns des autres durant cette session, et la suivante traitait d’un outil qui permettra de continuer cet échange riche en expériences, méthodes et outils. Il s’agissait de discuter la forme et le fond que prendrait notre site tout récemment créé (http://www.citizen-audit.net/) et l’utilisation qu’il en serait fait. Enfin, la dernière session concernait nos relations avec les autres réseaux de résistance et le calendrier de mobilisations, ainsi que nos prochaines activités pour 2013. En somme, trois jours très productifs et riches en contenu pour faire avancer la mise en pratique du slogan WE DON’T OWE, WE WON’T PAY !

Remarque : chaque journée s’est clôturée par un événement public traitant chaque fois d’une thématique liée à la dette |1| :
« Les raisons d’annuler la dette » avec Myriam Bourgy du CADTM (Belgique), Petros Cosmas d’ELE (Chypre) et Leonidas Vatikiotis d’ELE (Grèce).
« Qui profite de la dette ? Privatisations, réformes du travail et sauvetages bancaires » avec Nick Daerden de Jubilee Debt Campaign (Royaume-Uni), Costas Lapavitsas de No Debt No Euro (Grèce), Iolanda Fresnillo de la PACD (Espagne) et Jonathan Sugarman, ancien banquier (Irlande).
« La dette et l’exacerbation des inégalités : fascisme, racisme et patriarcat » avec Despina Haralambidou de Syriza (Grèce), Giorgos Katrougalos d’ELE (Grèce), Babis Kouroundis de KEERFA (Grèce) et Spyros Marchetos de No debt No Euro (Grèce).

http://www.flickr.com/photos/icanet...

Délégation à Athènes :

Sur la trentaine de personnes présentes à la rencontre ICAN, une dizaine a pu se rendre à Athènes pour participer à une délégation chargée de rencontrer une quinzaine d’initiatives de résistance, ceci dans le but d’échanger nos différentes expériences et de produire un documentaire relayant ces luttes et alternatives |2|. Nous avons également participé à la grève générale du mercredi 20 février et avons organisé un atelier public sur la dette |3|.

Ces témoignages |4| nous ont montré à quelle vitesse et avec quelle ampleur la dette illégitime peut détruire une société. Ils nous ont également montré avec quelle force la population peut parfois se mobiliser pour lutter contre cet instrument de domination et le pouvoir qui l’utilise. Quelques éléments clés peuvent être mis en évidence après ces rencontres :

Les fondements d’une société alternative par la résistance. L’exemple de la lutte des travailleurs de l’usine de matériaux de construction Vio.Me à Thessalonique est emblématique d’une sortie de crise par le haut. Avec des salaires non soldés depuis mai 2011 et un employeur qui a déserté les lieux malgré les bénéfices produits, les travailleurs ont fini par décider en assemblée générale (à 39 voix contre 1) de relancer la production. Après de nombreux pourparlers avec le Ministère du travail – qui n’a pas daigner libérer ne serait-ce que 1000€ de soutien à l’initiative – les travailleurs ont décidé de ne plus attendre plus longtemps et de ne pas laisser mourir leur outil de travail. "L’ancien propriétaire est endetté envers nous, mais nous avons décidé de payer la dernière machine commandée car elle nous permettra de diversifier notre production". Tout le profit dégagé de la production (reconvertie en partie en produits écologiques) sera dédié au réinvestissement et à l’aide aux familles dont les membres sont au chômage. Un besoin vital de réagir s’est donc traduit en lutte des plus politiques. Le mouvement de solidarité envers l’initiative a été énorme (fourniture de vivres, 8000 personnes à un concert de soutien, 400 personnes lors du premier jour de reprise de la production etc.), et celle-ci compte faire des petits. "Nous parcourons le pays pour faire passer notre message, partager notre expérience et exprimer la nécessité de se diriger vers une société libérée du capitalisme." Il y a un paradoxe énorme dans la société grecque actuelle : celle-ci a entre les mains une flopée d’entreprises prêtes à fonctionner mais toute la population manque de tout...Nous retrouvons d’autres exemples de fondements de cette société alternative par la résistance dans la lutte de « l’initiative 136 http://www.136.gr/article/what-init... » qui, elle aussi née après le début de la crise, se bat contre la privatisation de l’eau et pour la socialisation de celle-ci. Citons également la plateforme « solidarity for all http://www.solidarity4all.gr/ », créée par des membres de Syriza entre autres, qui essaie de soutenir toute initiative de solidarité, à différencier politiquement de la charité, et d’aider leur mise en réseau par secteurs d’activité. Les pharmacies et cliniques solidaires pour la santé, les cours et fournitures scolaires gratuits pour l’éducation, les supports légaux pour la justice, les cantines populaires et les circuits-court (comme le célèbre mouvement des patates) pour l’alimentation, le soutien aux immigré-e-s, l’économie sociale etc. Les gens ont peur, le pouvoir essaie de les isoler, empêcher le mouvement de solidarité de se répandre. Or, c’est une arme puissante contre le fascisme et ça politise les masses.

La répression, l’autoritarisme et la montée du fascisme.
L’autre pendant de cette crise est en la montée en puissance des groupes fascistes (dont le parti nazi Aube Dorée est le plus connu aujourd’hui) et du caractère autoritaire de l’État. Ce qui a choqué de nombreux membres de la délégation en arrivant à Athènes, ce n’est pas tellement la pauvreté apparente dans les rues sinon l’omniprésence policière et la tension permanente due à cette atmosphère répressive. Dans les rencontres que nous avons faites, de nombreux exemples témoignent de cette tendance autoritaire : le journaliste Lefteris Charalampopoulos du magazine indépendant « Unfollow » qui s’est fait menacer de mort après avoir écrit un article sur un cas de contrebande mêlant un proche du Premier Ministre ; les cas de tortures de prisonniers politiques que nous a compté l’avocat Giannis Rahiotis ; l’histoire de Capetanopoulos Petros, accusé de complicité de vol pour s’être opposé au passage à tabac d’un immigrés par des policiers ; ou encore ces derniers jour les menaces sur Moisis Litsis http://cadtm.org/Le-ventre-est-enco... de la part d’Aube Dorée et la publication dans leur magazine « Stohos » d’une biographie de celui qui est à l’initiative de la lutte du journal « Eleftherotypia » ; sans oublier les rafles d’immigré-e-s organisées par le gouvernement et le discours ouvertement xénophobe de celui-ci (qui joue avec la survie même de la société en utilisant allègrement la fonction politique du racisme), la vague de répression sur les centres sociaux, squats libertaires et tout espace libéré etc. Cependant, la lutte antifasciste s’organise et une des plus belles initiatives que nous avons rencontrées est la fédération des professeurs contre le fascisme dans les écoles. L’atmosphère sociale désespérée dans laquelle vivent les étudiants amènent de nouveaux conflits à l’école, des agressions ont lieu envers les élèves d’origine immigrée et ceux qui ont l’air « alternatifs ». "Le fascisme dans les écoles n’existait pas il y a trois ans, mais des facteurs historiques ont également permis cela : ceux qui ont collaboré pendant l’occupation, ou les responsables de la dictature des colonels, n’ont jamais été jugés, on ne retrouve rien dans notre système d’éducation comme effort de mémoire collective. On ne parle pas de la guerre civile, et on n’a jamais cultivé l’idée de solidarité, de résistance. C’est ce qu’on essaie de créer aujourd’hui." Comment ? Principalement en se rapprochant des familles en difficulté et en travaillant avec énormément de réseaux extérieurs. En fournissant du matériel scolaire ou de l’alimentation, un support psychologique, une aide logistique aux familles endettées, des soins médicaux en travaillant avec des médecins, l’accès à l’électricité pour 3000 écoles, en organisant des échanges de cadeaux entre élèves de différentes écoles, des soirées, en mettant à disposition une liste de contacts pour des supports techniques etc. "Il s’agit de dignité, pas de charité philanthropique, on implique les gens et leur demande un retour, une participation non monétaire. Je suis optimiste car il n’y a pas une seule école qui ne participe pas à ce mouvement. Si le fascisme dans les écoles est un phénomène récent, cette apprentissage de la solidarité chez nos jeunes est une tendance totalement nouvelle également. De quoi créer une nouvelle génération. Il ne s’agit pas de solidarité uniquement pour les enfants mais pour toute la société".

Le besoin d’un fleurissement des luttes en Europe.
Depuis le premier mémorandum de mai 2010 imposé à la population grecque pour – officiellement – assainir les budgets et diminuer le poids de la dette publique, celle-ci est passée de 120% en 2010 à 164% du PIB selon le FMI en 2013. Comme nous l’a rappelé Spyros Marchetos durant la conférence où il est intervenu :" la crise de la dette a un fort potentiel pour amener au pouvoir des régimes fascistes. Ce n’est pas nouveau dans l’histoire, il suffit de nous souvenir de la république de Weimar. Et aujourd’hui nous avons une nouvelle crise de la dette, qui est l’excuse utilisée pour imposer l’agenda néolibéral, l’austérité et la privatisation du pays entier. Ils ont choisi de suivre ces politiques quel qu’en soit le prix pour la population et la démocratie. Quitte à nous emmener à une guerre civile. Aujourd’hui, 10 % de la population supporte Aube Dorée. Ce serait évidemment bien moindre si la gauche avait des alternatives concrètes et radicales à apporter." Une représentante syndicale des fonctionnaires rencontrée le dernier jour nous exprimait la nécessité de la part des syndicats et partis de gauche de proposer l’annulation de la dette. Le niveau de conscience de la population concernant l’illégitimité de celle-ci est très élevé. De même, pour elle et pour tous-tes les acteurs croisés durant cette délégation, la crise questionne frontalement la démocratie comme on l’a connue jusqu’à maintenant. Les grecs ont fait plus de vingt-cinq grèves générales depuis le début des mesures d’austérité, le pouvoir en place n’a pas encore bronché. Il faut que les populations des autres pays d’Europe, dont la Grèce illustre le futur, se battent également sur ces questions centrales. Cette même personne conclût : Notre seul espoir est que les gens se battent aussi pour leurs droits ailleurs en Europe. Nous sommes les 99 %, nous avons le pouvoir, nous ne pouvons que gagner. Je suis optimiste pour l’avenir.

http://www.flickr.com/photos/icanet...

 

Notes

|1| Les vidéos de ces conférences devraient être prochainement disponibles sur le site d’ICAN.

|2| Dans l’ordre, nous avons rencontré : À Thessalonique, une représentante du collectif « Femmes contre la dette » ; « l’initiative 136 » ; l’usine autogérée « Vio.Me http://www.viome.org/ » ; un témoignage de la lutte contre l’exploitation minière par l’entreprise canadienne Eldorado Gold à Halkidiki ; un représentant des petits porteurs de la dette grecque ; le centre social « Mikropolis ». À Athènes, la plateforme « Solidarité pour tous » ; Javed Aslam (Président de la communauté Pakistanaise) ; Lefteris Charalampopoulos (journaliste du magazine indépendant « Unfollow ») ; Vicky Maglara (ancienne employée de l’entreprise de publication « Liberi » dont les travailleurs n’ont pas été payés pour leurs huit derniers mois de travail) ; une école en difficultés à Piraeus ; Akis Orphanos (membre du syndicat Triaina, un des employés des docks de Skaramaga, obligés de travailler quatre jours par mois et ne pouvant ainsi avoir droit au chômage) ; une fédération de professeurs contre le fascisme dans les écoles et de réseaux de solidarités ; Giannis Rahiotis (avocat d’activistes torturés en prison) ; la clinique solidaire d’Ellinikon ; Koutsoumpa Despina (membre du syndicat des fonctionnaires) ; Capetanopoulos Petros (accusé de vol après s’être opposé au passage à tabac d’un immigré par des policiers).

|3| Les prises de parole de cet atelier seront bientôt disponibles sur le site.

|4| Vous trouverez des articles détaillés pour chaque cas – ainsi que le documentaire dans un futur proche – sur le site d’ICAN.

Ce titre est un propos de Koutsoumpa Despina, une des personnes que nous avons interviewées durant notre délégation à Athènes.

 

 

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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 16:00

 

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À de nombreuses reprises, Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), a donné l’alarme sur les dangers de la politique d’austérité menée par les gouvernements de droite comme de gauche. Dès juillet, il livrait avec ses collègues une étude prémonitoire sur les risques encourus pour l’économie française à s’accrocher « coûte que coûte » à la règle des 3 % de déficit, choisie par le gouvernement. « La généralisation, la poursuite de cette stratégie (d’austérité) portera un sérieux coup de frein à la croissance économique : elle ne permettra ni un retour à l’équilibre des finances publiques à l’horizon 2017 ni une amélioration sur le front du chômage », avait averti l’OFCE, en en chiffrant déjà les effets. Le taux de chômage dépassera la barre des 11 % dès 2014, prédisaient les économistes.

Les faits viennent de leur donner raison. L’économie française est en récession, avec guère d’espoir d’amélioration sur l’ensemble de 2013. Le taux de chômage frise déjà les 10 % et l’objectif de 3 % de déficit public ne sera pas atteint fin 2013, comme le gouvernement s’y était engagé.

Xavier Timbeau revient sur la stratégie économique du gouvernement, qui semble totalement pris au dépourvu depuis l’annonce de cette révision du déficit. Pour l’économiste, le gouvernement paie sa stratégie de dénégation. Il a refusé d’assumer politiquement auprès des Français la politique d’austérité qu’il menait. Et il n’est même pas crédité des efforts « considérables » accomplis, l’Allemagne restant persuadée que la France n’a rien fait. Une double erreur politique et diplomatique qui risque de se payer cher, selon lui.

Mediapart. Une grande nervosité s’est emparée du gouvernement depuis l’annonce que la France ne respecterait pas la barre de 3 % de déficit budgétaire en 2013. Pourquoi une telle panique, selon vous ?

Xavier Timbeau. Ce n’est pas de la panique. C’est « la stratégie du choc » de Naomi Klein. La situation est dramatisée à l’excès. Le gouvernement semble avoir perdu toute capacité de raisonnement. On est dans l’auto-dénigrement complet. Commerce extérieur, niveau scolaire, fuite des grandes fortunes, tout y passe. Le discours ambiant est celui du déclin, de la faillite. C’est le choc.

Au fur et à mesure de la dégradation de l’économie française et européenne, il était prévisible que cet objectif des 3 % ne serait pas atteint, fin 2013...

Le gouvernement savait au moins depuis novembre qu’il n’obtiendrait pas le pourcentage de 0,8 de croissance retenu pour établir la loi de finances, et donc qu’il ne respecterait pas les 3 % de déficit. Mais plutôt que le dire, de négocier avec les autres européens, de s’expliquer, il a préféré s’en remettre à la commission européenne et ne rien assumer. C’est une faute majeure. Nous risquons de la payer lourdement.

Aujourd’hui, le gouvernement est totalement pris à contre-pied dans sa stratégie économique. Quand il est arrivé au pouvoir, il avait un plan qui s’est affiné au fil des mois. Il avait en tête de faire un budget d’austérité pour 2012-2013, afin d’atteindre un déficit budgétaire de 3 %, comme il s’y est engagé auprès de la commission européenne. Puis, après ces deux années d’effort, la croissance reviendrait. C’est ce schéma-là qui a été négocié avec Berlin en juillet 2013.

Ce scénario ne pouvait pas réussir

Il n’y a pas eu de débat sur son opportunité. L’Élysée ne l’a pas voulu. Toutes les velléités de discussion ont été tuées dans l’œuf. Il n’y a pas eu d’exclusion de ministres, mais au niveau des cabinets, la reprise en main a été très dure. Tous les membres de cabinet qui n’étaient pas dans la ligne ont été sortis.

Ce scénario ne pouvait pas réussir car il y a eu une erreur majeure, dont la commission européenne est en grande partie responsable. Cette erreur, c’est la sous-estimation des effets du coefficient multiplicateur. C’est-à-dire l’estimation des effets récessifs dans l’économie liés à la suppression des dépenses publiques. Les experts de la commission européenne ont jugé que ceux-ci étaient peu importants, contrairement à ce que nombre d’économistes soutenaient. Le FMI, qui pourtant n’est pas réputé pour son laxisme, les a alertés. Mais la commission européenne a maintenu ses positions, en disant qu’elle ne croyait pas à ces analyses. Elle était persuadée que les pays européens allaient parvenir au seuil magique des 3 %, sans que cela n’aggrave la récession en Europe. La réalité les a rattrapés.

Qu’aurait dû faire le gouvernement ?

Le gouvernement a pris les Français pour des imbéciles. Il a tenu un discours infantilisant, faisant de la rigueur sans le dire, niant les efforts demandés. À aucun moment, il n’a porté le discours de redressement des comptes publics. Il ne l’a jamais assumé, se réfugiant dans le silence. Les efforts faits, pourtant, sont considérables. Depuis 2010, le déficit budgétaire structurel a diminué de 5 %, ce qui correspond à peu près au budget de l’éducation. C’est du jamais vu dans l’histoire du pays, en période de paix.

Le pire, c'est que la France perd une grande partie des bénéfices politiques de ces efforts. Le gouvernement, n’assumant pas le discours d’austérité, n’est pas en position favorable face à l’Europe. À l’inverse de l’Espagne et de l’Italie, qui ont insisté sur leurs mesures prises, la France n’a rien dit. Faute de souligner ce qui a été entrepris, l’Allemagne est persuadée que la France n’a rien fait. C’est un gâchis politique et diplomatique majeure.

L’Allemagne justement exige que la France s’en tienne à ses objectifs de 3 %, malgré tout. Pourra-t-on résister ?

Difficilement si l’on s’en tient à l’attitude actuelle. Le coup, en tout cas, est parti pour 2013. On a entériné la récession. Il faudrait pouvoir dire qu’on arrête en 2014, que certains dossiers soient rouverts. Il faudrait notamment accepter de remettre de la dépense publique pour accompagner certains dispositifs comme le chômage partiel.

Mais, pour cela, il faut que le gouvernement ose tenir un langage clair et ferme. Ce qu'il ne fait pas. Il pourrait mettre en avant les chiffres et dire que maintenant il maintient le cap sur les déficits structurels mais refuse de prendre de nouvelles mesures d’austérité. Il ne le fait pas. Tout le monde au gouvernement donne le sentiment d’être tétanisé par l’Allemagne et la commission européenne.

La commission européenne s'arc-boute sur ses dogmes

Les élections italiennes peuvent-elles changer l’approche européenne ?

Ce serait souhaitable. Mais je crains que la commission européenne ne s’en tienne à son dogme. Elle porte une lourde responsabilité dans ce qui se passe en Europe en refusant de reconnaître son erreur d’analyse. Au lieu de souligner les efforts faits, d’encourager les uns et les autres, elle s’acharne au contraire sur le respect coûte que coûte de la rigueur, obsédée par la crédibilité vis-à-vis des marchés. Elle aurait pu avoir un rôle de médiateur, en aidant les pays en difficulté à expliquer leur situation, en appuyant leur position, en temporisant sur l’austérité à tout crin. Mais elle a choisi de se ranger dans le camp du dogme. Elle s’arc-boute sur ces 3 %, en ne voulant rien entendre. Et après, elle s’étonne des résultats des élections italiennes.

La Cour des comptes multiplie les propositions de réforme depuis plusieurs semaines. Que pensez-vous de ces suggestions ?

Des idées d’économie, de coupes budgétaires, la Cour des comptes en a plein les tiroirs. Mais sa réflexion ne dépasse pas celle d’un comptable. Elle est juste là à pointer un milliard ici, deux milliards là, sans se poser la question des conséquences. C’est ahurissant de voir que les solutions, telles qu’elle les propose, puissent émerger comme cela, sans discussion sur leur opportunité, sans hiérarchie dans leurs priorités, sans articulation avec un projet de société.

Dans ce contexte de choc où nous nous trouvons, quelque personne que ce soit, même en proférant des choses déconnectées de la réalité, apparaît comme porteuse de solutions. On arrive au point où de soi-disant experts, qui ne sont pas dépourvus de dogmatisme, ou qui représentent des intérêts particuliers bien compris, arrivent à faire basculer les situations.

Regardez ce qui s’est passé avec Louis Gallois et son discours pointilliste sur la compétitivité. Toute le monde a crié au génie, alors qu’il passe à côté d’une grande partie du problème. Il n’a pas parlé de l’austérité, de ceux qui la portaient ou devraient la porter, il n’a pas parlé de politique monétaire... Tout cela est trop complexe. On a préféré une idée simple, facilement vendeuse, qui, à force d’être simple, en devient simplissime.

Le gouvernement entend engager une nouvelle réforme des retraites. Comment jugez-vous ce projet ?

On repart dans des réformes de court terme, qui vont à nouveau peser sur l’activité, renforcer l’austérité. Il serait plus raisonnable de poser les problèmes tranquillement, que ce soit l’allongement de la durée des cotisations, de l’homogénéité des systèmes, et en étalant les mesures dans le temps, de façon à construire un système crédible. Mais non, on préfère gratter quelques milliards tout de suite, ce qui ne résoudra en rien le problème.

Vous avez le même jugement sur la réforme des allocations chômage ?

C’est encore pire. Alors que l’on sait que le chômage va s’aggraver en 2013, qu’il va falloir à la fois gérer les personnes de plus en plus nombreuses en chômage de longue durée et les nouveaux chômeurs du fait de la récession, ce n’est pas le moment de couper les allocations. C’est un des segments où, au contraire, il faudrait augmenter la dépense pour accompagner ce sinistre social. Ce serait d’autant plus justifié que ces dépenses sont réversibles.

Qu’il y ait besoin d’une réforme pour rendre le financement plus clair, uniformiser les régimes, plafonner peut-être certaines prestations, c’est incontestable. Mais encore une fois, ces efforts doivent se faire sur plusieurs années. Il faut veiller à ce qu’il n’y ait aucun impact sur 2013. La situation est déjà assez tendue, comme cela.

 

 

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