Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 mars 2013 4 14 /03 /mars /2013 18:39

 

http://www.autrefutur.net/Pourquoi-est-ce-que-les-gens-ne-se

 

autrefutur.net

11 mars 2013 par Fabien D


Franck Poupeau a publié récemment Les mésaventures de la critique aux éditions Raisons d’agir, dont il s’occupe depuis le milieu des années 2000. Ce livre porte un regard sans complaisance sur les écueils d’une militance anticapitaliste qu’il considère actuellement peu en prise, trop souvent, avec le monde social et peu à même, en conséquence, de le transformer. Proche de Bourdieu dans les années 1990 alors qu’il était encore en thèse de sociologie, Franck Poupeau exprime par ailleurs un intérêt pour les luttes syndicales dans une perspective anticapitaliste et une critique des logiques de délégation politique qui ne pouvaient qu’intéresser AutreFutur. Cet entretien fait le point sur ses préoccupations, dont une caractéristique est de ne pas hésiter à trancher avec l’air du temps.

Autre Futur : Bourdieu considérait qu’une forme de pseudo-neutralité idéologique pouvait servir d’alibi au désengagement des sciences sociales, retranchées dans « les facilités vertueuses de l’enfermement dans leur tour d’ivoire ». Es-tu d’accord avec cette idée ? Comment situes-tu ta démarche par rapport à l’engagement politique et aux exigences des sciences sociales ? Comment considères-tu, de ce point de vue, le contexte actuel ?

Franck Poupeau : C’est une discussion très compliquée. Cette tension entre science et engagement ne peut pas vraiment être supprimée. Il faut défendre, d’une part, ce qu’on peut appeler l’autonomie des champs scientifiques, surtout dans le contexte actuel, où depuis une dizaine d’années, il y a une montée très forte des recherches appliquées, des recherches financées par les décideurs politiques et les services administratifs des ministères (Emploi, Éducation, etc.). Il faut maintenir une autonomie de la recherche, c’est-à-dire cette capacité de la recherche à se fixer elle-même ses problématiques, ses méthodes, ses modes d’évaluation (les jugements par les pairs, etc.). Même si ce n’est pas parfait et qu’il peut y avoir des dysfonctionnements. C’est une partie du problème.

En même temps, l’effet pervers des logiques actuelles de professionnalisation et de spécialisation des recherches dans des sous-disciplines, c’est de perdre de vue l’idée que, comme disait Durkheim, « la sociologie ne vaudrait pas une heure de peine » si elle ne servait à rien, si elle n’avait aucune répercussion. C’est une tension qui n’est pas facile à tenir. Je vois une façon de la tenir en réaffirmant le fait que plus on est scientifique, plus on est politique, au fond : plus on arrive à démonter certains mécanismes de domination - puisqu’il s’agit de ça en sciences sociales, sinon je n’en vois pas l’intérêt si c’est pour étudier des choses dans le vide ou sans intérêt politique -, plus on a des effets politiques. Une sociologie qui fixe de manière autonome ses problématiques et qui, par le même coup, arrive à démonter des structures de domination, structures symboliques, structures de domination au travail, etc., ne serait pas seulement un vœu pieux ou une figure de rhétorique : ce serait une façon de tenir ensemble cette dualité.

Le contexte actuel rend la tension encore plus difficile à supporter. Il y a aujourd’hui une pression très forte des financements de la recherche appliquée, en particulier des financements européens. Ces financements orientent totalement la recherche dans un sens d’ingénierie sociale, applicabilité pour les « décideurs ». Il faudrait étudier davantage les structures politiques, académiques de la recherche pour pouvoir répondre complétement. Il y a finalement une situation de double bind : contre la spécialisation de la discipline, il faut maintenir une exigence d’intérêt politique global, mais contre les demandes politiques extérieures, il faut maintenir une exigence d’autonomie. Il faut naviguer entre les deux, ce qui rend désormais la réponse compliquée...

AF : Tu as fréquenté Bourdieu à l’époque de sa plus grande exposition publique et politique. Je me souviens qu’on pouvait lire au début des années 2000 des textes de toi sur les luttes, le syndicalisme dans des revues comme Agone, Alternative libertaire, de même qu’aujourd’hui dans Autrefutur... Penses-tu qu’il y ait toujours quelque chose de pertinent, de façon générale, dans la tradition syndicaliste révolutionnaire, anarchosyndicaliste ou certains courants sociaux "libertaires" ? Est-ce que tu trouves dans le travail de Bourdieu (voire dans vos échanges de l’époque) quelque chose allant dans ce sens ?

FP : Pour faire le lien avec la question précédente : il faut se rappeler que Bourdieu s’est engagé politiquement dans les années 1990 de façon très publique, puisqu’il était professeur au Collège de France, avait publié la Misère du monde, puis est intervenu dans les grèves de décembre 95 - en fait, il a toujours fait des textes politiques depuis l’Algérie, il a pas arrêté d’en faire dans les années 1970-80 avec moins de notoriété, c’était moins visible. A partir de 1995, c’était un contexte où il y avait un matraquage médiatique, via les journaux, la télé, en faveur des politiques néolibérales menées par des intellectuels, journalistes... Au sommet de sa notoriété scientifique et sociale, Bourdieu les critiquait beaucoup car il considérait qu’ils détruisaient l’autonomie du champ scientifique, en particulier les « experts » et les économistes contre lesquels il se battait beaucoup. C’est pour ça qu’il investissait son capital scientifique dans la lutte. Il voulait rompre avec le schème suivant : l’économie, ce n’est pas la science contre les passions populaires, et donc il faut que les mouvements sociaux s’arment des acquis des sciences sociales en particulier pour pouvoir gagner la lutte face à cette expertise, qui s’imposait avec une violence symbolique extrême. Une partie des Les mésaventures de la critique est axée sur l’analyse de la violence symbolique qui est une notion fondamentale pour comprendre les enjeux de l’engagement de Bourdieu : sans sa perception de la violence symbolique du discours d’expertise économique par exemple, il n’aurait pas autant engagé sa notoriété scientifique, destinée à appuyer la dimension de « connaissance » des mouvements sociaux. S’il s’est engagé comme savant en faisant valoir les outils des sciences sociales, c’est pas du tout pour dire « c’est moi qui ai la vérité » (comme le prétend Rancière, qui plaque une critique un peu grossière façonnée sur Althusser au cas Bourdieu), c’est pour dire qu’il y a des modes de domination parfois invisibles qui sont très délicats à cerner, pas faciles à vaincre, que les sciences sociales permettent de dévoiler et de combattre. Il n’y a pas de privilège des sciences sociales, il y a juste des outils qui peuvent être utilisés dans les luttes sociales, si les mouvements daignent se les approprier... Quand Bourdieu disait ça, les gens qui étaient les plus proches de ces positions-là, qui le comprenaient le plus étaient souvent les fractions les plus cultivées, les plus savantes et les plus « intellos » du mouvement social : il y avait des gens de SUD, des gens de l’anarcho-syndicalisme, qui avaient une culture politique, qui faisaient de la socio, etc. Quand Bourdieu avait lancé le mouvement social européen, il y avait toute la gauche qui était présente, depuis les Verts jusqu’au PCF et tous les syndicats. A la fin de l’initiative, on a terminé juste avec les gens de SUD, quelques associations comme Droits Devants, etc. Ceux qui étaient les plus disposés à entrer dans une lutte non purement « organisationnelle ».

Un thème présent chez Bourdieu est celui des effets de la représentation politique que l’on retrouve dans sa critique, à partir des années 70, des organisations politiques et aussi des syndicats. Dans les textes, dès 82/83, on trouve une critique du PC et de la CGT. C’est aussi une déception sur l’évolution de la CFDT à l’époque. On trouve dans Interventions. 1961-2001 (Agone), un texte de cette période intitulé « Retrouver la tradition libertaire de la gauche ». Il a toujours dit être plus sensible à ces formes de luttes syndicales au mode organisationnel anti-hiérarchique qu’à l’idée de retrouver la figure de l’intellectuel « compagnon de route », associé à un parti, etc. En 2010, un texte a été publié dans Agone, à propos de la Pologne dans les années 1980. On le voit intervenir aux côtés de la CFDT sur ce sujet, tout en s’en distançant, voyant déjà son évolution dans le sens d’un syndicat non plus de lutte, mais d’accompagnement des évolutions du capitalisme. J’applique cette lecture, dans le premier chapitre de mon livre, à un certains nombres de dérives de l’« altermondialisme », où la spécialisation de certains porte-paroles ont des effets néfastes sur les orientations même du mouvement anti-capitaliste.

AF : N’est-ce pas une limite que de constater que cette critique, dont tu donnes un exemple avec le mouvement social européen, ne va toucher que des gens qui sont plus cultivés, etc ?

FP : Oui, c’est une limite évidente. Elle tient à des lois sociologiques, le lien direct entre la possession de capital scolaire et la propension à entrer en politique. Si des grosses organisations politiques font du travail militant de diffusion sans faire du travail d’éducation populaire, d’éducation politique, les gens ne peuvent pas accéder à ce discours non plus. Ce n’est pas un discours très facile à tenir et à soutenir concrètement, il ne faut pas se voiler la face. Bourdieu critiquait beaucoup le PC et la CGT pour avoir cassé le mouvement ouvrier notamment par anti-intellectualisme. Par rapport à ça, quelques organisations, quelques associations, quelques syndicats n’ont pas développé cet anti-intellectualisme ouvriériste qui a traversé le mouvement ouvrier français au vingtième siècle, dont on trouve l’écho jusque chez Rancière aujourd’hui ou chez d’autres intellos qui reprennent les vieux arguments de l’anti-intellectualisme pour conforter leur position intellectuelle. Cela peut séduire ceux des intellectuels qui sont souvent intellectuellement dominés. C’est sans doute un peu simple de dire ça (Rancière a une vraie œuvre à côté), mais ce n’est pas faux... Ce type de position « anti-intellectuelle » est en revanche très « esthétique », car la façon de dépasser tout ça, c’est l’esthétique. T’es contre l’intello académique, contre le savant, mais t’es un intello, alors qu’est-ce que tu fais, t’écris sur le cinéma. Tu n’as plus que ça à faire. C’est vite dit mais voilà... Je vois ça souvent, chez des gens à prétention intellectuelle (tout à fait légitime) mais qui n’ont pas accès à des postes académiques ou à des consécrations académiques : le refuge dans des formes de contestation culturelle.

AF : Pour revenir aux questions de positionnement politique à partir de Bourdieu, on pourrait aussi aborder la question de l’État...

FP : La question de l’État a été reposée par un camarade anarchiste, Thierry Renard, d’Alternative libertaire et de Sud. Il disait « les libertaires n’ont jamais affronté véritablement la question de l’État ». Récemment, j’ai eu une très bonne critique de mes Mésaventures dans je ne sais plus quelle revue libertaire. Mais je n’avais effectivement pas mis « mort à l’État, mort aux vaches », donc même si le livre était très bien lu et le critique d’accord avec plein de trucs, il disait quand même que j’avais une vision « léniniste » des choses... Je n’invente pas, c’est le mot employé… Cela renvoie de toute façon au fait que la question de l’État est compliquée à poser, même dans le cadre de la sociologie de la domination de Bourdieu. Il montre du reste dans son cours Sur l’État, que l’on a publié l’an passé, que l’État est une réalité ambivalente. C’est un vecteur d’universalisation, donc, à certains égards, de libération mais, en même temps, un vecteur de domination ; il unifie et en même temps produit une division du travail de domination : l’envers de cette libération, c’est la colonisation de tout ce qui est non-universel - aussi bien la réalité béarnaise que la réalité kabyle. L’État écrase tout ça au nom de l’universalité, et en même temps l’universalité contribue à produire de l’émancipation, paradoxalement. C’est ce qui est compliqué à comprendre : ce n’est pas parce que, dans les années 70, Bourdieu critique la reproduction des inégalités scolaires, via le système d’enseignement, en tant que c’est une institution d’État, qu’il ne va pas dire que l’État peut être la garantie d’un certain nombre de libertés, d’accès à des processus plus universels, et défendre l’État social en décembre 1995. Ce n’est pas parce qu’il faut critiquer le démantèlement de l’État social depuis les années 90 qu’il faut prôner le retour à l’État tel qu’il fonctionnait auparavant non plus, ce même État dont on critiquait la fonction de reproduction des inégalités. Le problème, c’est d’inventer des formes de garantie du « public », du service public, de l’espace public, de la protection sociale universelle, etc., sans retomber dans le même type d’État qu’auparavant. C’est une question que Bourdieu posait. C’est une question, je le note dans mon introduction, que la gauche n’arrive pas à se poser. Une des grosses erreurs des mouvements sociaux depuis les années 90, c’est d’avoir défendu les services publics en ne posant pas la question de la forme d’État qui doit accompagner les services publics. Si c’est pour revenir à l’État social précédent, que les mêmes militants critiquaient fortement dix ans plus tôt, on peut effectivement se demander si cela en vaut la peine. Les réformes de l’État ont précédé la réflexion des gens de gauche (il y a eu des numéros récents des Actes de la recherche sur « Le conseil de l’État ») et ont produit une transformation interne de l’État qui prend le contre-pied des solutions qu’on pourrait proposer : dans un sens managérial, complétement évaluateur, d’une destruction de l’État social, au profit de l’État pénal, de l’État fiscal, etc.

AF : Ton livre Les mésaventures de la critique remet en question les discours de critique sociale pratiquant l’idéalisation, en quelque sorte, des résistances populaires spontanées, qui empêchent, à ton avis, de poser clairement la question de la construction de mobilisations collectives. Peux-tu préciser cette idée ? Comment conçois-tu, en conséquence, la possibilité d’une mobilisation collective émancipatrice ?

FP : Ces idées sont liées à mon expérience bolivienne, où j’ai vécu ces dernières années. Il faudrait mettre cela en perspective en France avec l’histoire du mouvement ouvrier, des structures d’encadrement, des comités locaux d’entreprise, des cellules locales du PC... Je partirai plutôt de choses que je connais plus directement. Je suis en train de finir un livre sur les guerres de l’eau en Bolivie, souvent présentées comme une sorte de rébellion anticapitaliste : l’image du brave bolivien, plus ou moins d’origine indienne, donc spontanément rebelle, spontanément anticapitaliste parce que, soit disant, il a une relation plus proche avec la Terre Mère... On trouve ça aussi bien dans le discours indianiste local bolivien que dans l’idéalisation, depuis l’Europe ou les USA, de ces conflits environnementaux. J’ai vu ça par exemple chez les anthropologues étasuniens. Or, la guerre de l’eau n’a rien à voir avec une mobilisation spontanée. Pendant des décennies, les agriculteurs se sont organisés, notamment par rapport aux problèmes de sécheresse et aux politiques publiques promises mais qui n’étaient pas menées. Quand la privatisation est survenue et que, en plus, elle les empêchait de récolter l’eau de pluie, ça a été, si je puis dire, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Tous les groupements qui étaient prêts sur place, y compris en liaison avec des travailleurs de la ville, se sont mobilisés rapidement – d’autant que c’est une zone où il y avait déjà eu la révolution nationale dans les années 50, il y avait une vieille tradition militante, renforcée par l’arrivée des militants mineurs expulsés des mines dans les années 80. Tout cela a généré un ensemble explosif qui a produit une mobilisation sans précédent et expulsé une grosse entreprise anglaise. Cela n’a rien à voir avec une sorte de mobilisation spontanée, dont le très beau film, du reste, Même la pluie, donne une image très idéalisée. Tout d’un coup les gens se dressent contre l’entreprise parce qu’il n’y a plus d’eau dans le robinet... Ce n’est pas du tout comme ça que ça se passe... La preuve, qu’est-ce qui a fait que, au même moment, dans d’autres endroits où l’eau était privatisée et où les conditions étaient peut-être plus dures, les gens ne se rebellaient pas ?

Les sciences sociales n’ont pas pour vocation d’exalter les mouvements sociaux. Or beaucoup d’intellectuels s’engagent de façon non armée sociologiquement. Il ne s’agit pas de faire l’éloge des dominés qui se révoltent, c’est-à-dire de faire des papiers super spécialisés d’un côté, et, ensuite, des interventions dithyrambiques sur les dominés, que ce soit les femmes, les homos, les indiens ou n’importe qui d’autre. Le problème est de se demander, au contraire, pourquoi est-ce que, dans la plupart des cas, les gens ne se mobilisent pas, lorsqu’ils auraient tout intérêt à se mobiliser... C’est un peu l’équivalent de la question que posait Thomas Franck à propos des États-Unis quand il se demandait pourquoi les milieux populaires votent à droite. Bourdieu apporte des éléments de réponse qui ne sont jamais discutés, ni par les sciences politiques ni par les militants, notamment avec le lien qu’il établit entre capital scolaire et politisation. Dans quelle mesure est-ce que ce lien fonctionne, comment se fait-il que des gens qui n’ont pas de capital scolaire se politisent ? Comment expliquer les exceptions ? D’où l’idée de « capital militant », qui se réfère à des formes de capital scolaire qui sont acquis à l’intérieur des organisations. Quelles sont les conditions de possibilité de cette mobilisation ? On est sur une relation précise, observable, discutable, réfutable. Il y a une relation statistique qui est établie dans des contextes sociaux donnés, étudiés par Bourdieu. Est-ce que c’est vrai, quelles en sont les limites ? Quand la « loi sociologique » est rompue, arrive-t-on à en rendre compte ? C’est ça qu’il faudrait poser comme question au lieu de lancer des anathèmes politiques. Ce n’est jamais discuté alors que c’est un des points les plus importants de l’œuvre de Bourdieu, je trouve. Cela se trouve dans La distinction, qui est aujourd’hui l’œuvre de sciences sociales la plus citée au monde.

AF : L’intérêt de ton bouquin est d’inciter à faire un bilan "militant" de ces dix dernières années. Tu portes ton analyse critique sur, par exemple, l’orientation socio-libérale d’une certaine "gauche", les mouvements épisodiques ne vivant que de leur médiatisation, les grèves défensives sans soutien populaire d’ampleur, le retrait des logiques d’implantation militante syndicale au profit d’activités plus culturelles de contestation, l’absence de jonction entre différentes luttes "minoritaires" et des mouvements sociaux liés au travail, les logiques de construction de petite communauté utopique au détriment des logiques collectives de construction de mobilisations plus massives. Peux-tu revenir sur ces différentes questions ? En quoi cette conjoncture te parait-elle problématique et quels en sont les enjeux importants ?

FP : Pour faire le lien avec la question précédente, la gauche critique, la gauche radicale, en général, ne voulant pas poser ce genre de question, reste dans le présupposé de l’autonomie des dominés. Elle occulte donc la question des conditions sociales d’accès à la politisation. C’est la critique que je porte et cela rapproche, selon moi, des courants aussi disparates que le postcolonialisme (surtout dans sa forme militante française), ce que j’ai appelé le « populo-ouvrièrisme » à la Rancière, le postmodernisme, etc. Cela amène un autre constat. Ne se posant pas cette question-là, qu’est-ce qu’ils font ? Il n’y a pas d’analyse précise des conditions actuelles de la politisation. Qu’est-ce qui avait fait la force du mouvement ouvrier, parmi les luttes les plus dures et les plus intéressantes, aussi les plus réprimées, aux alentours du XIXème-XXème siècle aux Etats-Unis, comme en France et en Europe ? C’étaient des luttes sur le lieu du travail. La critique que fait quelqu’un comme Ben Michaels, auteur de La diversité contre l’égalité, même si elle est un peu raide, qui dit que « voilà, maintenant vous privilégiez les luttes culturelles, les luttes pour la diversité, les luttes de défense des minorités sur les luttes du travail et en ça vous faites le jeu des dominants », demeure un impensé très fort, elle rend les gauchistes complètement dingues. La question qu’il faut se poser, ce serait alors la suivante : à partir du moment où une des conditions principales de la politisation était que les luttes, parce qu’elles étaient menées sur le lieu de travail, fournissaient le plus d’encadrement direct possible, que ce soit un syndicat, un parti, etc., comment les remplacer ? Comment fournir des formes d’encadrement à la fois efficaces et émancipatrices ? Bien sûr, je sais que plein de gens n’aiment pas le mot « encadrement », je ne dis pas de « contrôle ». Je parle d’éducation politique, d’éducation populaire, de formation militante. Ce dernier terme évoque plutôt le côté intellectuel, mais la politique c’est aussi des routines, des techniques, c’est aussi savoir être membre d’une assemblée, parler en public, rédiger un tract, etc. Quelles sont les forces sociales qui pourraient permettre de retrouver des conditions de politisation, sinon équivalentes à ce qui a existé dans le passé dans le milieu du travail, en tout cas mobilisatrices par rapport à des milieux populaires en déshérence ?

Je ne l’ai pas écrit comme ça dans le livre car je ne le voyais pas aussi clairement. Mais de ce côté-là, les gauches critiques et radicales se réfugient dans des pis-aller. On va dans des associations pour les immigrés : c’est très bien, il faut le faire, mais c’est pas avec ça qu’on va mobiliser plus largement. On fait des petites communautés utopiques, c’est très bien aussi, mais c’est pas ça qui va mobiliser plus largement puisque ces petites communautés n’existent que par opposition avec le reste. C’est un des grands désaccords avec des amis libertaires par exemple. En gros, c’est bien beau d’agiter le panier de légumes bio, etc., mais ça résout pas le problème de la grande distribution, à partir du moment où 98% des gens n’ont pas accès à ces formes de panier bio... Je caricature peut-être un peu... Je ne dis pas qu’il ne faut pas mener de luttes culturelles, de luttes identitaires, et je pense qu’elles sont tout à fait compatibles avec les luttes du travail. Mais il faut faire en sorte que, dans tous les sens, ce soit compatible. Le mouvement ouvrier ne les a pas forcément rendues compatibles auparavant. Mais, inversement, les mouvements gays, pour les immigrés, pour les femmes, etc., se présentent un peu sans faire le lien avec le reste ou en ne faisant que des liens rhétoriques. On a de la conscience mais on n’a pas plus d’efficacité politique. Après c’est un peu vite dit et je ne suis pas le mieux placé pour parler de tout ça, loin de là. C’est ça qui est dur, parler de ces questions là sans donner l’impression de faire la leçon à tout le monde ! Je livre une analyse, après ce que font les gens dans les luttes pour les sans-papiers, etc., je serais incapable de mener le même niveau d’engagement et elles sont nécessaires. Mais il faut mener une réflexion globale, se demander comment créer du global à partir du particulier. Par contre, ce qui est difficilement supportable et qui nuit à ces luttes c’est la bonne conscience qui va avec tout ça.

 

Propos recueillis par Fabien Delmotte

 


Partager cet article
Repost0
14 mars 2013 4 14 /03 /mars /2013 17:57

 

  • Rue89 - Publié le :
    14/03/2013 à 18h14

 

 

 

Isabelle Hay, 56 ans qui vit à Vouthon (Charente), a menacé de s’immoler, jeudi 7 mars, devant une conseillère Pôle emploi. Les cadres de l’antenne du Champ-de-Mars à Angoulême ont paniqué, probablement à cause de l’immolation d’un chômeur le 13 février à Nantes.

Isabelle Hay s’est retrouvée internée pendant trois jours en soins psychiatriques et placée en garde à vue.

Elle a contacté un journaliste de La Charente libre, Kevin Cadioch, qui a écrit un article et tourné cette vidéo mardi. Isabelle y reprend l’histoire depuis le début :

« [J’ai dit à la conseillère que] si je n’avais pas un rendez-vous avec le directeur de Pôle emploi auquel j’ai écrit trois semaines auparavant, et qui ne m’a pas répondu, je viendrai avec une jerricane et des allumettes, tout simplement. »

« Mieux vaut prendre plus de précautions que pas assez »

Puis elle raconte qu’elle a été internée, de façon abusive.

« J’ai eu une violation de domicile par huit policiers [...]. J’ai eu huit personnes chez moi, qui ont envahi ma maison et là je n’ai pas compris. Parce que dans l’après-midi, enfin à 12h15, le directeur de Pôle emploi m’avait donné un rendez-vous vendredi à 15 heures et donc j’étais satisfaite[...]. Et donc on m’a emmené de force évidemment, on m’a emmené à Girac [l’hôpital de Girac, ndlr], pour faire un suivi psychologique.

On m’a déshabillée, mise au lit comme si j’étais malade. Je ne suis pas malade, ni suicidaire d’ailleurs. Comme ils n’ont pas trouvé de solution, ils m’ont emmenée de force à Camille-Claudel [centre hospitalier Camille-Claudel, ndlr] toujours, on m’a internée, c’est internement abusif parce que j’avais dit de simples mots, alors que je n’avais aucune intention de faire quoi que ce soit. J’ai été reçue par un psychiatre qui voulait absolument me donner un traitement de gré ou de force.

A la fin des 72 heures de garde à vue, j’ai été réexaminée par un psy et qui a peut-être conclu que cela ne servait à rien de me garder plus longtemps ici. Ces gens-là ont dû porter plainte, et moi aussi je vais peut-être porter plainte.

Ce n’est pas normal, quelqu’un qui veut travailler, quelqu’un qui a besoin de travailler, on l’agresse sans arrêt avec des courriers, avec des menaces, de l’humiliation. »

Joint par La Charente libre, Laurent Coppin, directeur territorial de Pôle Emploi, justifie son appel à la police :

« La dame a réitéré ses menaces. Nous avons donc pris la décision de prévenir les services compétents. Mieux vaut prendre plus de précautions que pas assez. »

Le journaliste a pu vérifier toutes les informations, nous dit-il, et il est en train d’écrire un article pour l’édition de vendredi.

 

 

Partager cet article
Repost0
14 mars 2013 4 14 /03 /mars /2013 17:47

 

Marianne - Jeudi 14 Mars 2013 à 12:00

 

Clotilde Cadu - Marianne

 

Entre la Sécu qui se désengage, les mutuelles qui augmentent et les toubibs qui multiplient les dépassements d'honoraires, certains patients ont appris la leçon et n'hésitent plus à négocier le prix des soins.

Marchander chez son médecin, c'est possible !
Une ristourne de 150 € sur une prothèse de hanche, - 50 % sur une opération de l'épaule. Bientôt, pourquoi pas, une cataracte offerte pour une achetée... La santé n'a pas de prix, dit-on, mais elle se négocie ! Puisque les patients sont aujourd'hui pris pour des clients par leur toubib, ils n'hésitent plus à discuter, voire à marchander. Dans les cabinets médicaux, entre la description des symptômes et le plan de traitement, on parle gros sous. «Ça fait moche de réclamer, reconnaît Patricia, une retraitée bordelaise. Mais...» Fin 2012, son époux subit une opération de la prostate. Le chirurgien lui facture un dépassement d'honoraires, ainsi qu'une très subjective «prime de notoriété», estimant que son simple nom vaut bien 300 € de plus.

Parce que «ça tombait mal à ce moment-là», et parce qu'elle en voulait à son mari de ne pas avoir refusé en amont, Patricia écrit un mail au chirurgien pour lui détailler sa situation financière et lui demander de surseoir à son dépassement. Commencent alors des pourparlers que ne renierait pas un marchand de tapis. Patricia conteste une première fois. Le toubib propose un paiement échelonné. Patricia conteste une seconde fois. Le toubib annule ses compléments d'honoraires. «Ça vaut le coup de discuter, glisse la retraitée. Les médecins sont des êtres humains, ils peuvent comprendre.»

Il y a quelques années déjà, la même Patricia avait obtenu, au culot, un tarif moindre chez un médecin, en faisant remarquer que le patient précédent, avec qui elle discutait dans la salle d'attente, avait payé moins cher. «Les patients savent maintenant que les tarifs des médecins qui exercent en secteur 2 ne sont pas figés. Ils comparent les prix de plusieurs médecins, osent négocier, note Marc Paris, du Collectif interassociatif sur la santé (Ciss). Chez les dentistes, ils négociaient déjà depuis quelque temps. Il semble que, désormais, avant une opération chirurgicale, quand la somme est importante, les patients discutent aussi.»

La crise est passée par là. Entre une Sécu qui se désengage toujours plus, des franchises qui se multiplient et des médecins «dépasseurs» qui ont eux-mêmes fait de la santé une marchandise en tirant sur la corde des honoraires, les Français sont à la peine pour se soigner. En 2010, un médecin sur quatre facturait un complément d'honoraires. La grande majorité des chirurgiens (85 %) et la moitié des ORL, ophtalmos et gynécos pratiquent des tarifs libres. Leur dépassement moyen est passé de 25 % du tarif de la Sécurité sociale en 1990 à 54 % en 2010, sous le regard bienveillant des pouvoirs publics qui n'ont pas revalorisé certains actes médicaux depuis trente ans, préférant se décharger sur les ménages. De quoi peser lourdement sur le budget santé des Français et les pousser à adopter une approche consumériste. Selon une étude de l'UFC-Que choisir, «quand une personne consacrait 407 €€ à se soigner en 2001, elle en consacrera 618 € sept ans plus tard».

«En trente ans d'exercice, c'est la première fois que la crise économique a un retentissement sur mon activité, assure le Dr Jacques Caton, chirurgien orthopédique à Lyon. Les patients retardent leurs soins, hésitent à se faire opérer, voire annulent leur opération. Ils demandent à payer en plusieurs fois, nous disent qu'ils n'ont pas les moyens. C'est devenu une pratique courante et relativement nouvelle. On s'adapte à leur situation, sinon ils renoncent à se soigner.»

«Il y a un changement dans le comportement des patients. Depuis quatre ou cinq ans, quand j'envoie un malade chez un confrère, il me demande combien ça va lui coûter, quel sera son reste à charge», confirme le Dr Jean-François Rey, gastro-entérologue et président de l'Union nationale des médecins spécialistes confédérés (Umespe). Longtemps taboue, la question de l'argent fait désormais partie intégrante de la consultation médicale. Les malades n'ont plus peur d'être moins bien soignés s'ils protestent. Ils osent rappeler à leur toubib qu'il s'est engagé, une fois paré du stéthoscope, à prodiguer son art avec «tact et mesure», en fonction des moyens de chacun.

«Des négociations sur les tarifs d'un médecin de secteur 2, ça a toujours existé. Mais le phénomène se renforce, il y a un vrai mouvement», note le Dr Michel Chassang, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Des médecins qui exercent en secteur 1 incitent désormais les malades à refuser les suppléments. «Les dépassements d'honoraires ne sont pas un gage d'excellence», rappelle le Dr Bernard Coadou, généraliste à la retraite et instigateur d'un mouvement de résistance à Bordeaux.

En ville, dans les cliniques, et même à l'hôpital public, où le secteur privé peut atteindre des sommets d'indécence, les patients discutent donc. Chacun sa technique. Un petit arrangement pour faire passer un acte non pris en charge par la Sécu et la mutuelle pour un autre mieux remboursé, un prix moindre en payant une partie en dessous-de-table, une opération au tarif secteur public pour une au tarif secteur privé, une remise fidélité... Pour cinq séances d'ostéopathie payées, à 80 € l'unité, Norbert* a ainsi négocié la gratuité de la sixième. «L'ostéopathe m'a dit : "Vous êtes gonflé !" quand j'ai commencé à discuter. Mais, quand les honoraires sont libres, ça veut dire qu'on peut, non ?» Chez le psy qui suit son fils, Norbert se flatte d'avoir obtenu un rabais de 25 % sur le prix de la séance, en faisant valoir la régularité des visites. «Les médecins ne sont pas si choqués quand on ose demander», remarque-t-il.

Comme chez le garagiste

Autre nouveauté préopératoire : les patients exigent désormais un devis avant d'engager des soins. Comme chez le garagiste ! Ils fouillent sur le site de la Sécu, ameli.fr (389 267 visites en septembre 2012), pour trouver un médecin moins cher, font le tour des cabinets avant de passer sur le billard du moins-disant, demandent une analyse de leur(s) devis à leur mutuelle. Lle service dédié de Santéclair, société spécialisée dans la gestion du risque santé, a ainsi explosé. En 2012, 9 000 devis papier et 55 000 en version numérique lui ont été transmis, contre respectivement 5 000 et 45 000 en 2011. Des devis pour des travaux dentaires et, de plus en plus, pour des opérations chirurgicales. A l'issue de l'analyse, le patient se voit remettre une fiche de conseil, avec calcul du reste à charge, afin de renégocier le devis auprès du médecin. «Votre reste à charge est très élevé, nous vous invitons à en informer vos professionnels de santé, ils pourront, s'ils le souhaitent, revoir à la baisse leur dépassement», peut-on ainsi lire au bas d'une analyse.

«Les gens font attention à leurs budgets, y compris à celui de la santé. Ils sont plus décontractés et ont compris qu'ils ne seraient pas moins bien soignés s'ils négocient. Dans deux cas sur trois, le prix baisse quand on discute», assure Marianne Binst, directrice générale de Santéclair. L'accès aux données de santé que garde jalousement l'assurance maladie pourrait permettre une plus grande transparence sur les tarifs des médecins et les inciter à s'aligner sur leurs confrères voisins. Pour l'instant, la Sécu fait de la résistance (lire l'encadré), afin de ne pas se fâcher avec des médecins peu enclins à une mise en concurrence et à une médecine consumériste... qu'ils ont pourtant contribué à instituer.

* Le prénom a été changé.

 
"OPEN DATA" EN SANTÉ

La Sécurité sociale dispose d'une manne de données sur la santé (tarifs, qualité de la prescription, consommation de soins...). Mais elle refuse de partager. Pour «libérer» ces données et permettre aux citoyens d'accéder à une information plus transparente, une pétition* a été lancée, entre autres, par des associations de consommateurs et Fourmi Santé, un site comparant les tarifs des médecins... mis en demeure par la Sécu de ne plus utiliser ces fameuses données.

* www.opendatasante.com

 

 

 

Partager cet article
Repost0
13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 15:25

 

Médiapart

 

 

Qui est l’auteur du rapport sur le vieillissement de la population remis ce lundi à Jean-Marc Ayrault et à la ministre déléguée Michèle Delaunay ? Un ancien représentant des maisons de retraites à but lucratif ? Un homme d’affaires avisé qui dirige plusieurs journaux spécialisés sur ces questions ? Le directeur d’une société de conseil et de formation qui a facturé son expertise aussi bien à des établissements pour personnes âgées qu’à des collectivités ? Ou bien encore le « Monsieur Personnes âgées » de François Hollande pendant sa campagne présidentielle ? Le conseiller spécial de l’association des départements de France, toujours sur ces mêmes questions de vieillissement ?

Luc Broussy est tout ça à la fois. Le ministère explique avoir fait appel à lui en tant qu’« expert reconnu du secteur ». Connu, oui. Mais « reconnu », c’est moins sûr. Ses nombreuses casquettes ne peuvent que brouiller le discours de celui qui dirige également le masters gérontologie de Sciences-po. À partir de 1997, sa société EPHA a construit un mini-groupe de presse qui édite trois journaux professionnels (environ un million d'euros de chiffres d'affaires en 2011). Puis Luc Broussy s'est agrandi en créant EPHA Formation, qui réalise des missions de conseil auprès des maisons de retraite et des collectivités locales (980 000 euros en 2011).

 

Page d'accueil du blog de Luc Broussy 
Page d'accueil du blog de Luc Broussy

 

Luc Broussy assume : « Je suis dans une schizophrénie totale. Je fais plein de choses qui se sont empilées avec les années, mais je suis d’une honnêteté scrupuleuse. C’est une obligation que je me suis fixée car je suis dans une situation à risques. » Comme toutes les personnes en situation de conflit d’intérêts qui se défendent de l’être, Luc Broussy explique qu’il cloisonne ses différentes activités. Et il a l’air de penser que n’en dissimuler aucune suffit à lever les doutes.

Il vient cependant de reconnaître les limites du genre. La semaine dernière, il a annulé un séminaire monté par sa société EPHA qui devait se tenir le 27 mars, à la Maison de la recherche à Paris. Il y avait convié les professionnels du secteur à réfléchir à la protection sociale et complémentaire, en présence de la ministre Michèle Delaunay et du conseiller social à la présidence de la République Michel Yahiel. Le prix pour assister à la journée ? 1 500 euros. L’affaire a fait jaser. La proximité entre la date de remise du rapport et du séminaire donnait vraiment trop l’impression que Luc Broussy faisait fructifier pour son propre compte une mission supposée d’intérêt général. « Il pouvait y avoir confusion », admet-il. Avant d’assurer que la raison principale de l’annulation est le manque de participants.

Quatre inscriptions auraient pourtant suffi à amortir les frais. La facture pour la location de la salle et des repas pour 50 personnes s’élevait à moins de 6 000 euros. Au ministère, on prend d’ailleurs bien soin de préciser que Michèle Delaunay « ne connaissait pas du tout » le prix d’entrée demandé aux « invités ».

En revanche, la ministre ne voit pas de problème de neutralité à confier le rapport à cet homme embauché au PS en 1989, à tout juste 23 ans, aujourd’hui conseiller général et membre du conseil national du parti après avoir été délégué national du PS aux personnes âgées entre 2000 et 2008.

« Oui, on fait de l'argent avec des petits vieux. Tant mieux ! »

De 1993 à 2005, Luc Broussy a pourtant été délégué général du Syndicat national des maisons de retraité privées (Synerpa), poste auquel sa sœur lui a succédé. Le Synerpa, interlocuteur direct des pouvoirs publics et des médias, défend notamment les intérêts des plus grandes chaînes de maisons de retraite comme Orpea, Medidep ou Domus Vi. Alors que les chiffres d’affaires, les marges de ces établissements et les conditions d’accueil des pensionnaires étaient mis en cause après la canicule de 2003, Luc Broussy déclarait dans L’Express « Oui, on fait de l'argent avec des petits vieux. Tant mieux ! Si c'est le résultat d'une bonne gestion... »


 

Certes, le rapport commandé à Luc Broussy sur « l’adaptation de la société au vieillissement de sa population » ne porte pas sur la réglementation et la tarification des établissements pour personnes âgées. Mais concrètement, que vont bien pouvoir écrire les trois journaux professionnels édités par Luc Broussy (le Mensuel des maisons de retraite destiné aux directeurs d’établissements, le Journal du médecin coordonnateur et le Journal du domicile et des services à la personnesur les recommandations émises par leur patron ? « La rédaction ne traite pas de ce rapport », explique-t-il d’abord. Même si « bien évidemment », elle traitera de ses effets. Charge au lecteur de s’y retrouver…

En même temps, la rédaction de Luc Broussy a l’habitude. Elle a bien expertisé les programmes des candidats à la présidentielle sur les questions de dépendance, dont celui de François Hollande, élaboré par Luc Broussy lui-même.

Luc Broussy, qui encadre l’équipe rédactionnelle, se défend un peu dans tous les sens : il dit à la fois que sa rédaction est « indépendante », et que son journal est « militant ». Cependant, il explique n’avoir pas donné de consigne de vote en 2012 car ses lecteurs qui viennent de tous les bords n’avaient pas apprécié que le journal prenne position en 2007.

Pour preuve de son indépendance, Luc Broussy raconte que suite à un article qui avait déplu à la ministre, celle-ci lui a demandé un droit de réponse, à l’occasion d’un rendez-vous concernant le rapport. Certains y verront plutôt un impossible mélange des genres. Cet ancien membre du cabinet Teulade (ministre des affaires sociales en 1992 et 1993), aujourd’hui proche de Pierre Moscovici, assure également qu’une place en cabinet lui a échappé en 1999 à cause du titre d’un article dans une de ses publications…

Peu lui importe. Luc Broussy se dit désintéressé. Il assure « gagner beaucoup moins d’argent » depuis qu’il fait de la politique, et ne plus facturer depuis 2011 de conseils aux établissements. S’il organise des assises, certes payantes, c’est avant tout, dit-il, pour que puissent discuter entre eux « des professionnels du secteur, qui, en temps normal, ne se parlent pas ».

La vie est bien faite : on peut être désintéressé et gagner pas mal d'argent. En tant que gérant de sa société EHPA Presse (dont il est l’actionnaire très largement majoritaire), il perçoit, au titre de son salaire, 99 000 euros par an. Il touche également 68 400 euros pour EHPA Formation (sa femme, actionnaire également, touche 42 000 euros).

Si de nombreux acteurs du secteur se déclarent choqués, bien peu osent en parler ouvertement. Joëlle Le Gall, présidente de la FNAPAEF (Fédération nationale des associations de personnes âgées et de leurs familles), résume cependant un sentiment très partagé quand elle déclare : « Il est juge et partie. Quand on décide de s'engager politiquement, il faut le faire à temps complet, pour ne pas se retrouver en situation de glisser des idées commerciales, de tout confondre. Et ce qui me gêne un peu, c'est la défense des gros groupes. » Le ministère, lui, n’a pas l’air gêné.

 

 

Partager cet article
Repost0
13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 15:03

 

Rue89 - demonte-rumeur 12/03/2013 à 19h33

 

Mieux vaut être au RSA que travailler, selon un tableau posté sur Facebook et partagé 100 000 fois en deux jours. Sauf que le tableau est truffé d’erreurs.

L’auteur du tableau, « Reynald Pais », précise qu’il l’a réalisé « à partir d’infos brutes trouvées sur le site du gouvernement ».

 


Le tableau comparatif

 

Il compare la situation financière d’une famille de cinq personnes gagnant un très petit salaire à une autre famille de même taille vivant du RSA. Sa conclusion : la seconde famille, celle qui vit du RSA, s’en tire mieux, avec 500 euros par mois de plus.

Une connerie pour faire rire les copains

Le tableau a été fait sans réfléchir, il est donc complètement faux, comme on va le voir plus loin. Mais apparemment tout le monde s’en fiche : les idées reçues sur le RSA se sont offertes une belle pub grâce à « une connerie destinée à faire sourire quelques amis Facebook », selon l’auteur de cette campagne de désinformation, premier surpris de son succès.

L’idée qu’on peut mieux s’en sortir « sans travailler » n’est pas nouvelle. Il y a deux ans déjà, Laurent Wauquiez déclarait sur BFM :

« Aujourd’hui, un couple qui ne travaille pas, qui est au RSA, en cumulant les différents système des minima sociaux, peut gagner plus qu’un couple dans lequel une personne gagne un smic. Ce n’est pas logique, c’est la société française qui tourne à l’envers. »

 

 

Laurent Wauquiez sur BFM

Et ça énerve Martin Hirsch, le père du RSA, auquel nous avons soumis le tableau :

« Ce sont toujours les mêmes conneries. Ça marche parce que les gens ont envie d’entendre ce genre de choses. Ça arme leur aigreur. »

Ça ne pas fait rire non plus Jean-Christophe Sarrot, de l’association ATD Quart-Monde. Il estime que l’on « tape sur les pauvres », leur infligeant ainsi une « double peine » :

« Ça fait souffrir beaucoup de gens. Ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts à partir du 15 du mois et on leur dit qu’ils gagnent plus que les gens qui travaillent. »

Jean-Christophe Sarrot prévient : il n’est pas facile de calculer le montant du RSA. C’est d’ailleurs un problème pour les familles. Mais il a essayé quand même, et nous aussi. Et sans surprise, les résultats ne sont pas les mêmes que ceux qui ont été partagés sur des dizaines de milliers de pages Facebook.

                                                                                                                                                                                                                             1 Les revenus

 

  • L’oubli du RSA activité

Première ligne, première erreur. Et elle est de taille : avec un salaire de 1 200 euros par mois pour un ménage de cinq personnes, la famille est en droit de toucher le RSA activité. Un revenu créé justement « pour que dans tous les cas, on ait un intérêt à travailler », explique Jean-Christophe.

La famille gagnerait donc 18 132 euros par an au lieu de 14 400.

  • Le RSA prend en compte les allocations familiales et logement

Les allocations, dans l’esprit de l’auteur, ce seraient donc le RSA + les allocations familiales. A noter aussi que l’allocation au logement entraîne une réduction de 143 euros du RSA.

La famille touchera donc 1 065 euros par mois de RSA , soit 12 780 par an au lieu de 14 496.

  • La prime de Noël est plus élevée que prévue

Il faut croire que la famille de « fainéants » a été sage, puisque ce n’est pas 154 euros qu’elle touchera à Noël mais 380 euros...

  • Allocations logement : un peu plus pour les uns, un peu moins pour les autres

L’allocation logement est relativement difficile à calculer, et d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une famille hypothétique dont on ne connaît ni le lieu d’habitation, ni la superficie du logement. Jean-Christophe Sarrot a quand même fait son estimation sur le site de la CAF, avec un logement en province au loyer de 500 euros (comme dans le tableau Facebook).

Pour la famille au RSA, ce serait donc 450 euros d’allocations logement (au lieu de 500 euros) et pour les salariés, 350 euros (au lieu de 200).

  • Au total, les revenus annuels de la famille salariée seront de 25 812 euros (au lieu de 20 280) et ceux de la famille au RSA de 18 560 euros (au lieu de 20 650).

                                                                                                                                                                                                                             2 Les dépenses

 

  • Loyer : 500 euros chacun. Pour cette donnée arbitraire, pas d’erreur.
  • La complémentaire universelle pour tous

Selon l’auteur du tableau, la famille de salariés payerait 50 euros par mois pour leur mutuelle santé. Pour la seconde famille, on leur offre la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), et donc, c’est gratuit.

Mais là encore, il n’a pas bien fait ses devoirs : la famille de salariés est en droit de demander la CMU-C puisqu’elle se trouve en dessous du plafond de 19 835 euros pour un foyer de 5 personnes (tous les revenus n’étant pas pris en compte).

C’est donc 0 euro pour les deux familles pour l’assurance complémentaire.

  • Impôts locaux et redevance télé

La famille qui touche un smic plus le RSA activité peut être exonérée de ces frais, puisqu’elle se situe en dessous du plafond de revenus.

0 euro encore, pour les deux familles.

  • Cantine des enfants et transports

Pas de frais de cantine, ni de frais de transport (« pas de boulot ! », précise l’auteur), pour la famille au RSA.

Là encore, les données sont arbitraires, et pas forcément justes. L’exonération des frais de cantine dépend non pas de l’attribution du RSA mais de la volonté d’une commission académique. Les deux familles sont donc susceptibles ou non de bénéficier d’un tarif. Pour notre exemple, nous avons donc gardé l’hypothèse d’une exonération totale de cantine pour les deux familles.

Quant au transport, même sans travail, il faut se déplacer : pour chercher du travail, pour accompagner ses enfants à l’école, pour faire ses courses... Nous avons donc rétabli une dépense transport pour la famille RSA.

 

  • Electricité, eau, gaz

Les tarifs sociaux pour l’énergie sont calés sur l’éligibilité à la CMU-C. Les deux familles en bénéficient de la même façon.

                                                                                                                                                                                                                             3 Conclusion

 

La famille vivant du smic et du RSA activité gagne 25 812 euros et ses dépenses contraintes (en considérant qu’elle ne paye pas la cantine) sont de 8940 euros environ par an. Il lui reste donc, après paiement des factures, 16 872 euros par an (1406 euros par mois) pour se nourrir, se vêtir et de divertir.

Pour celle vivant uniquement du RSA, le revenu annuel est de 18 560 euros pour les mêmes dépenses contraintes. Il lui reste donc 9620 euros (soit 801 euros par mois) pour les autres dépenses.

 


O/20 !

 

PS : Martin Hirsch a de son côté refait les calculs, à notre demande. Il arrive au résultat suivant, très proche de celui d’ATD Quart-Monde dans son versant « revenus » :

Famille salariés :

  • 26 256 de revenus ;
  • 12 910 de dépenses contraintes ;
  • 13 346 de dépenses autres.

Famille RSA :

  • 18 810 de revenus ;
  • 7300 de dépenses contraintes ;
  • 11310 de dépenses autres.

Voir le tableau détaillé ci-contre. Son commentaire :

Voir le document

(Fichier PDF)

« Le calcul est complètement faux :

  • la famille “ salariés ” a le droit à 300 euros par mois de RSA activité ;
  • le RSA de la famille “ RSA ” a été surévalué (oubli de la déduction du forfait logement) ;
  • l’allocation logement de la famille “ salariés ” est largement sous-évalué (j’ai vérifié en faisant des simulations sur le site de la CAF) ;
  • la comparaison part du principe que la famille “ salariés ” n’a droit à aucun droit connexe ; hors étant donné son bas niveau de ressources, elle ne paye surement pas la cantine à taux plein par exemple. »

 

Partager cet article
Repost0
13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 14:54

 

Rue89 - Témoignage 12/03/2013 à 11h54

 Bruno Asinus | Intérimaire dans l'agroalimentaire

 

 

Dans l’entreprise de plats préparés où Bruno était intérimaire, une chef d’équipe imposait le bonnet d’âne aux ouvriers coupables d’erreurs. Personne n’a moufté.

L’action se passe dans le nord des Deux-Sèvres.

Il y a bien entendu un lien indirect avec les plats préparés avec de la viande de « chœuf ou de bœuval ». Dans le sens où ce type d’entreprise est une caricature de la société de consommation néolibérale avec ce que ça engendre en terme de non respect de l’humain, de l’environnement, des clients et de tous les éléments de la chaîne.

Pour ne pas mourir intellectuellement (il est conseillé de laisser son cerveau chez soi pendant la période de travail) et quand le rythme le permettait, j’ai passé mon temps à essayer de comprendre le fonctionnement de l’unité mais aussi mon comportement, mon évolution intellectuelle et celle des autres employés.

Il y a aussi un lien indirect avec le « Indignez-vous » de Stéphane Hessel, dans le sens où le système broie les personnes qui y travaillent et finit par leur enlever toute prise de recul, toute analyse, toute critique exprimée. En résulte une espèce de léthargie dans laquelle la capacité à s’indigner, à réagir à des événements n’existe plus. Je pourrais en parler pendant des heures...

La violence des lieux

Je ne travaille plus dans cette entreprise puisque mon contrat (9 mois d’intérim à raison d’un contrat par semaine) n’a pas été renouvelé, en partie suite à cet événement. Ce qu’ils cherchent, ce sont des employés qui travaillent et qui ne disent rien. Et ça marche, c’est du management par la peur. L’entreprise s’appelle Gastronome.

Je ne sais pas si l’instigatrice du bonnet d’âne a été sanctionnée par la direction, mais elle a été absente 3 semaines peu après cet événement, soi-disant pour dépression.

Un petit témoignage de ce que peut être l’inhumanité. Cette aventure vécue ne se passe pas au temps de Germinal, non, non, nous sommes bien en 2012-2013. Quand je la raconte beaucoup me disent c’est une blague, c’est une image mais pourtant …

Employé en intérim comme manutentionnaire dans une usine agro-alimentaire, j’ai pu observer les comportements des personnes qui y travaillent et certains m’ont laissé sans bras.

L’usine est un environnement nouveau pour moi. J’y suis confronté à la violence des lieux : horaires décalés, lumière artificielle, bruit permanent, flot de viande ininterrompu, violence physique de tâches répétitives, etc. Je dirais que pour ça, et heureusement, le corps humain a une capacité d’adaptation extraordinaire.

Insupportable inhumanité

Octobre 2012, de mon poste à une vingtaine de mètres, j’aperçois une employée coiffée d’un bonnet d’âne en carton orange fluo. Je suis fou furieux. En retour de pause, l’employée recoiffe son bonnet d’âne. J’ai la chance d’être à un poste où je peux bouger et engager la conversation avec d’autres. Je questionne sur ce que je considère comme l’insupportable inhumanité de ce comportement.

La chef d’équipe sanctionnée

Contacté par Rue89, le groupe Gastronome a reconnu, après enquête interne, que cet événement s’était bien produit sur son site de Montcoutant (79) en octobre dernier. Un responsable a expliqué que l’entreprise n’a pas eu connaissance de cette règle du port du bonnet d’âne pour les salariés qui exécutaient mal leurs tâches. Au moment des faits, et jusqu’à la publication de ce témoignage, « ni le délégué syndical, ni le comité d’entreprise, ni la personne concernée par le port du bonnet d’âne » n’ont alerté la direction. L’entreprise a précisé que cette pratique était « inqualifiable » et « intolérable ». La chef d’équipe, instigatrice du bonnet d’âne, a été convoquée ce matin par un comité CHSCT-CE et serait sanctionnée par un avertissement. Cinq mois après les faits, 12 heures après nos appels. Rodolphe Baron

On me répond par un petit sourire désolé, un haussement d’épaules. Je finis par apprendre que la chef d’équipe personnel (qui gère une trentaine de personnes) vient d’instaurer le bonnet d’âne pour les personnes qui commettent des erreurs dans les tâches qui leur sont confiées. Je suis encore plus hors de moi et finit par interpeller une autre chef d’équipe et lui demande de faire cesser cette mascarade.

Apprenant ma révolte, l’instigatrice vient à ma rencontre en vociférant que je n’ai pas d’humour et l’altercation dure quelques minutes. Elle me proclame que tout le personnel est au courant, y compris la direction. Sentant ma détermination à ne pas laisser perdurer cette aberration, elle me quitte et dans la minute qui suit, le bonnet d’âne disparaît. Au fond de moi, la colère est toujours là, mais j’ai la satisfaction d’avoir œuvré pour la dignité humaine, même si cette personne a le pouvoir de mettre fin à mon contrat.

Le bonnet d’âne n’est jamais réapparu mais des questions se posent : pourquoi suis-je le seul à être intervenu ? Pourquoi le syndicat n’a, à ma connaissance, pas réagi ? La réponse est à mon avis que je n’avais pas encore été broyé, lobotomisé par le système.

Un soir, je finis de lire « L’Etabli » de Robert Linhart. Je fais des parallèles incessants entre son vécu et le mien. Le livre se termine par son licenciement. Ironie du sort, le lendemain, on m’apprend que ma mission n’est pas renouvelée. La chef d’équipe n’arrive pas à me faire évoluer et ne souhaite pas continuer avec moi.

 


Un âne (OxOx/Flickr/CC)

 

 

Partager cet article
Repost0
13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 14:27

 

Le Monde.fr avec Reuters | 13.03.2013 à 08h32 • Mis à jour le 13.03.2013 à 10h18


 

 

 
A l'usine Cycleurope de Machecoul, le 8 mars, où 175 salariés ont conservé leur emploi sur 254, après la reprise de l'entreprise par le groupe Intersport.

L'emploi salarié dans les secteurs marchands non agricoles a diminué de 0,3 % au quatrième trimestre 2012 en France, avec 44 600 postes détruits, soit le même rythme qu'au troisième trimestre, selon les chiffres publiés mercredi par l'Insee. Sur un an, les secteurs principalement marchands ont détruit 99 500 postes (– 0,6 %). Le chiffre du troisième trimestre a été révisé à – 46 000 postes (– 0,3 %) contre – 41 700 annoncés dans un premier temps.

Les destructions d'emplois marchands hors intérim s'intensifient au quatrième trimestre pour atteindre 35 300 postes contre 16 900 au troisième trimestre. L'emploi poursuit sa baisse dans l'industrie avec 9 400 postes supprimés au quatrième trimestre (- 0,3 %), soit le même rythme que lors des précédents trimestres de 2012.

 

 BAISSE ACCENTUÉE DANS LE TERTIAIRE

Sur un an, l'industrie a perdu 29 400 postes (– 0,9 %). Dans la construction, l'emploi a diminué de 7 000 postes (– 0,5 %) au cours du trimestre, portant la baisse sur l'ensemble de 2012 à 13 800 postes (– 1 %).

L'emploi accentue sa baisse dans le tertiaire, principalement sous l'effet du recul de l'intérim, dont les effectifs baissent cependant moins fortement qu'au troisième trimestre. Le secteur a perdu 28 200 postes après 35 700 postes au troisième trimestre, soit 56 200 postes perdus sur l'ensemble de 2012 (– 0,5 %) L'emploi intérimaire recule de 9 300 postes (– 1,8 %), soit une baisse de 61 000 sur un an. Hors intérim, l'emploi du secteur tertiaire recule de 18 900 postes au quatrième trimestre après – 6 500 au troisième trimestre. En un an, l'intérim a perdu 61 000 postes.

 

Pour aller plus loin : Salaires, emploi, précarité : l'impact de la crise (lien Abonnés)

Lire la synthèse : En 2012, un million d'emplois détruits en zone euro

 

Le cri d'alarme de Borloo en faveur des services à la personne et du bâtiment

 

 

Jean-Louis Borloo, président de l'UDI, a poussé mercredi sur France Info "un cri d'alarme" pour "deux secteurs qui représentent la moitié de l'augmentation du chômage : les services à domicile qui sont en train d'être littéralement massacrés ; et le secteur du bâtiment, le logement", "une exigence sociale, une exigence économique".

 

"C'est une catastrophe", a tranché l'élu de Valenciennes. "On est en train d'entrer dans une crise comme il n'y en a pas d'équivalent depuis 40 ans". Ce secteur "emploie un Français sur 12 en direct "et pratiquement le double avec les métiers d'appui. "Je demande au gouvernement de diviser par deux immédiatement la TVA, passer de 10 à 5 %, voire - produit de première nécessité - à 2,1 %", a poursuivi M. Borloo. - (AFP)


Partager cet article
Repost0
13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 13:51

 

 

Le Monde.fr | 13.03.2013 à 13h51 • Mis à jour le 13.03.2013 à 14h28 Par Benoît Vitkine - Strasbourg, envoyé spécial


 

 

 
A Strasbourg, 506 parlementaires européens contre 161 ont voté une résolution de "rejet dans sa forme actuelle" du projet de budget pluriannuel de l'Union, mercredi 13 mars 2013.

Les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept pensaient avoir fait le plus dur. Après deux sommets – l'un, raté, en novembre 2012 ; l'autre, en février 2013, conclu à l'issue de vingt-six heures de discussions –, l'épineuse question du budget de l'Union européenne pour la période 2014-2020 semblait régée.

Au rabais, certes, avec un budget global en recul pour la première fois dans l'histoire de l'Union, mais le compromis était là, accepté y compris par le Britannique David Cameron, partisan d'une réduction drastique.

Mercredi 13 mars, le Parlement européen a totalement rebattu les cartes en adoptant massivement une résolution très critique du compromis trouvé le 7 février. Cette résolution, adoptée par 506 voix contre 161, indique que le Parlement, auquel le traité de Lisbonne de 2009 confère un droit de veto sur le sujet, "rejette sous sa forme actuelle" le projet de budget concocté par le Conseil européen.

Les mots employés sont inhabituellement durs. Les parlementaires déplorent le "fossé entre les engagements politiques de l'Union européenne et ses moyens budgétaires". Ils accusent le Conseil d'avoir manqué de "transparence", et même d'avoir outrepassé son rôle en décidant de l'attribution de certains fonds pour obtenir l'assentiment de tel ou tel Etat membre – d'avoir organisé des "négociations de marchands de tapis", résume l'un des meneurs de la fronde, le président (UMP) de la commission des budgets Alain Lamassoure.

Les eurodéputés, qui prônaient depuis plusieurs mois l'adoption d'un budget ambitieux, à même d'apporter des réponses à la crise en terme d'emploi, d'innovation ou de formation, ne remettent pas en cause le montant de l'enveloppe globale, fixée à 960 milliards d'euros (1 % du revenu national brut de l'Union). Leurs revendications sont toutefois importantes avec, pour objectif, une utilisation optimale des ressources et une modification en profondeur de la façon dont le budget sera établi à l'avenir.

 

 "UN GRAND JOUR POUR LA DÉMOCRATIE EUROPÉENNE"

D'abord la question de la flexibilité, qui permet de transférer des fonds non utilisés d'une année sur l'autre et d'un programme à l'autre ; puis celle de l'utilisation intégrale des crédits de paiement qui contirubuerait à éviter que l'Union se retrouve en déficit, comme c'est le cas actuellement avec des impayés atteignant 17 milliards d'euros en 2013, notamment pour le programme d'échanges universitaires Erasmus.

Le Parlement demande surtout que la part des ressources propres – tirées d'une future taxe sur les transactions financières, d'une taxe carbone ou d'une partie de la TVA – augmente substantiellement, seul moyen à même d'éviter les marchandages entre Etats et de doter l'UE d'une souveraineté budgétaire.

Il demande enfin une révision à mi-parcours de ce cadre budgétaire établi pour sept ans, afin de s'adapter à l'évolution de la situation en Europe et de permettre au nouveau Parlement élu en 2014 d'endosser un budget qu'il aura contribué à élaborer.

La résolution adoptée à Strasbourg ouvre une phase de négociations avec les dirigeants des Vingt-Sept, censée s'achever en juillet. Mais la large majorité obtenue par le texte montre que la menace d'un veto du Parlement est bien réelle, puisqu'il faudra en juillet que 378 députés valident le cadre financier pluriannuel. Seule une partie du groupe majoritaire, celui de la droite (PPE), a tenté d'atténuer la vigueur de la résolution en en retirant le terme "rejet", mais la manœuvre a échoué.

Mercredi, après le vote, les parlementaires cachaient d'ailleurs mal leur satisfaction d'avoir réalisé un "coup", alors que leur institution est souvent critiquée pour sa faiblesse. Le président du Parlement, le socialiste allemand Martin Schulz, a évoqué "un grand jour pour la démocratie européenne".

"De toutes les grandes batailles que le Parlement a menées, celle-ci est sans doute la plus importante, estimait quant à lui le chef de file des libéraux, le Belge Guy Verhofstadt. A la fois pour obtenir un budget plus efficace dans la crise et pour changer en profondeur la nature de l'Union."

Benoît Vitkine - Strasbourg, envoyé spécial

 

Manifestation "contre l'austérité" jeudi à Bruxelles

 

Les syndicats européens ont appelé à manifester "contre l'austérité" jeudi 14 mars à Bruxelles pour envoyer un message aux chefs d'État et de gouvernement qui se réunissent pour un sommet consacré à "la relance". Quelque milliers de personnes sont attendues en début d'après-midi à ce rassemblement, qui n'est pas présenté comme une manifestation de masse, dans le Parc du Centenaire, à quelques centaines de mètres du bâtiment du Conseil européen, où se tient le sommet des 27 jeudi et vendredi. Plus de 200 salariés d'ArcelorMittal devraient se joindre au rassemblement pour défendre l'avenir de la sidérurgie en Europe, a annoncé David Camerini, un délégué syndical du site de Liège, fortement touché par les restructurations. (AFP)

 


Partager cet article
Repost0
12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 18:11

 

Le Monde.fr avec AFP | 11.03.2013 à 21h26


 
La ville de New York a décidé jeudi 13 septembre d'imposer une interdiction partielle des ventes de sodas de plus d'un demi-litre, une idée lancée par le maire Michael Bloomberg pour lutter contre l'obésité.

Un juge a décidé, lundi 11 mars, que la ville de New York ne pouvait pas interdire les sodas géants, comme elle s'apprêtait à le faire à compter de mardi pour lutter contre l'obésité. Quelques heures avant l'entrée en vigueur d'une interdiction de tous les sodas et boissons sucrées faisant plus de 47 cl, le juge Milton Tingling a qualifié cette mesure d'"arbitraire" et l'a bloquée "de façon permanente".

Cette décision est une défaite pour le maire, Michael Bloomberg, à l'initiative de cette mesure. Grâce à celle-ci, il entendait lutter contre l'obésité, qui touche plus de la moitié des habitants de New York. Ce problème d'obésité affecte environ 40 % des enfants des écoles publiques. La consommation de boissons sucrées, qui coûtent souvent moins cher que l'eau, est l'une des causes identifiées du problème.

Le maire avait annoncé en mai dernier son intention d'interdire les sodas géants, ce qui aurait été une première pour une ville américaine. Son annonce avait suscité un débat passionné, avec pétitions et campagnes de presse des deux bords. Certains avaient crié à l'atteinte aux libertés, estimant que ce n'était pas à la mairie de décider de ce qu'ils pouvaient boire.

 

 VICTOIRE DE L'ASSOCIATION AMÉRICAINE DES BOISSONS

L'interdiction devait concerner les enseignes de restauration rapide, les cinémas, les stades, les restaurants, qui n'auraient plus vendu des boissons de plus de 47 cl, les sodas étaient la première cible. Mais l'interdiction concernait aussi les boissons énergétiques, celles à destination des sportifs, les smoothies (frappés aux fruits) et mêmes certaines boissons géantes hyper-sucrées à base de café ou de thé.

Le département de la santé de la mairie de New York avait voté l'interdiction en septembre, mais un collectif mené par l'Association américaine des boissons (American beverage assocation), et impliquant notamment l'Association nationale des restaurants, avait porté l'affaire en justice en octobre, dénonçant une "mesure arbitraire". Le juge leur a donné raison ce lundi.

L'été dernier, un sondage avait montré que 54 % des New-Yorkais étaient opposés à cette interdiction, qui ne concernait pas les supermarchés et autres supérettes. 

 

Lire : L'industrie des sodas et boissons sucrées attaque New York en justice


Partager cet article
Repost0
12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 17:31

 

Marianne - Mardi 12 Mars 2013 à 12:00

 

Laurence Dequay - Marianne

 

Près de 6% des fonds collectés par l'association patronale qui gère les congés des intermittents du spectacle ne leur étaient pas reversés.

 

Les intermittents floués sur leurs congés payés

Délégué général depuis 2009 de l'association patronale qui gère les congés payés des intermittents du spectacle (300 millions d'euros de cotisations annuelles), Régis Braut, sosie de l'ancien ministre Eric Besson, le cheveu sur la langue en plus, avait trouvé un truc extra pour doubler ses augmentations, prétendument sur objectifs : il s'attribuait le montant maximal, en toute discrétion, puis faisait signer par son président, qui affirme n'y avoir vu que du feu, une rallonge du même montant !

Las, son salaire de ministre, plus de 14 000 euros par mois, ainsi que la fâcheuse propension de cette caisse, dirigée par les seuls employeurs, à ne pas redistribuer aux intermittents près de 6 % des fonds qu'elle collecte, a fini par lui attirer les foudres de tous les ministères et de la Cour des comptes.

Les pouvoirs publics songent aujourd'hui à supprimer cette structure qui justifie son taux d'impayés par sa pseudo-difficulté à identifier certains bénéficiaires, mais utilise les sommes non déboursées pour minorer les cotisations patronales des sociétés de production de l'audiovisuel, du cinéma et du spectacle vivant. Cotisations qu'elle fixe elle-même, un curieux héritage de 1936 ! Pour en finir avec ce piètre et coûteux service (9 millions d'euros par an en frais de gestion), la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, aimerait confier d'ici à avril le versement de ces congés payés à la caisse Audiens, déjà en charge de plusieurs prestations des intermittents.

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22