Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 mars 2013 4 21 /03 /mars /2013 20:14

 

 

Rue89 -Entretien 20/03/2013 à 13h03

 Sophie Caillat | Journaliste Rue89

 

 


Irène Frachon, en août 2011 (Audrey Cerdan/Rue89)

 

La justice est remontée tout en haut de la pyramide de la santé publique dans l’enquête sur le scandale du Mediator, ce médicament du laboratoire Servier, prescrit comme coupe-faim, interdit en 2009, et qui aurait fait entre 500 et 2 000 morts.

Mardi, les juges d’instruction ont convoqué l’actuel directeur général de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM, ex-Afssaps), Dominique Maraninchi, en vue d’une mise en examen de celle-ci, en tant que personne morale, pour « homicide involontaire et blessures involontaires » s’agissant des fautes de négligence commises entre 1995 et 2009.

 


« Mediator 150 mg, combien de morts ? » de Irène Frachon, éd. Dialogues.fr, juin 2010 

 

Nous avons demandé à la lanceuse d’alerte Irène Frachon, la pneumologue du CHU Brest dont le livre a révélé le scandale, de nous livrer son analyse sur cette suite judiciaire inattendue et inédite, alors que les dossiers d’indemnisation des victimes patinent.

Rue89 : Trouvez-vous logique cette mise en examen ?

Irène Frachon : Pendant toute mon enquête, j’avais été stupéfiée par les erreurs de raisonnement monstrueuses des experts de l’AAgence, et par la tolérance du monde de la santé face à des pratiques inacceptables. Or, on disposait de suffisamment d’éléments depuis l’affaire de l’Isoméride, autre coupe-faim de Servier interdit en 1997 pour savoir que le Mediator est un « Isoméride-like ».

Est mise en examen la « personne morale » qu’est l’Agence : sans jeu de mot, l’Afssaps ne s’est pas comportée moralement. En effet, quand on voit qu’un laboratoire agit comme un gangster, quand on sait qu’il fait travailler des barbouzes pour le recrutement de son personnel, la morale élémentaire c’est de le considérer comme un interlocuteur plus que suspect.

Or, la façon dont l’Agence s’est soumise aux pressions et menaces procédurières de Servier est scandaleuse. Au début des années 2000 déjà, j’avais compris que c’étaient des gens pas fiables, qui mentaient comme des arracheurs de dents.

Aujourd’hui encore, Servier est-il un interlocuteur comme un autre pour les autorités sanitaires ?

Oui, ça continue. La Société française de cardiologie, la Société française de pharmacologie et de thérapeutique continuent de « dealer » avec Servier, qui est quand même mis en examen pour homicide. Les sociétés savantes et les médecins responsables de la santé publique ne devraient pas accepter leur argent, et couper les liens d’intérêt comme l’a fait le Leem, le syndicat des entreprises du médicament qui a suspendu Servier après le rapport de l’Igas en janvier 2011.

Le respect de la présomption d’innocence n’exonère pas des devoirs dictés par l’éthique médicale qui fonde l’exercice de la médecine sur la défense exclusive des intérêts des malades. Lorsque l’on voit comment Servier torture véritablement, par son déni farouche, les victimes lors des procédures engagées au civil, la prise de distance s’impose encore davantage.

Ne craignez-vous pas qu’il y ait un risque de mise en cause des experts en général, alors même que l’Agence a engagé une grande réforme après l’affaire du Mediator ?

Non, car c’est l’Afssaps de l’époque qui est visée. Dominique Maraninchi, qui est arrivé après, n’appartenait pas à ce système, mais doit assumer les responsabilités antérieures de l’Agence.

En justice

Ont également été mis en examen deux anciens responsables de l’Afssaps, Jean-Michel Alexandre et Eric Abadie, respectivement pour « participation illégale d’un fonctionnaire dans une entreprise précédemment contrôlée » et pour prise illégale d’intérêt.

 

Parallèlement, un responsable des laboratoires Servier, fabricant du Mediator, et une ancienne salariée du groupe ont également été mis en examen.

Cette mise en examen va permettre de poser enfin la question fondamentale, que la revue Prescrire avait posée en 2005 dans un édito à propos du Médiator :

« L’agence française de produits de santé est-elle avant tout au service des patients ou des firmes pharmaceutiques ? »

Cette mise en examen de l’Agence ne veut pas dire que les gens sont mauvais ou corrompus, mais elle va permettre de vérifier s’il y a eu ou pas un dévoiement des missions de l’Agence qui s’est trouvée à jouer un rôle de bureau d’enregistrement de l’industrie pharmaceutique.

Rappelons que l’Afssaps a été créée après le scandale du sang contaminé pour être garante de la sécurité sanitaire : pour protéger les patients.

La justice va-t-elle pouvoir expliquer pourquoi l’Afssaps a été « inexplicablement tolérante » face au Meédiator, comme le pointait le rapport de l’Igas ?

C’est l’occasion de faire enfin une autopsie de l’affaire. Le Mediator a révélé un problème systémique dont il faut démêler l’écheveau. Comment se fait-il que l’Afssaps se soit finalement considérée comme garante des intérêts industriels, comme me l’ont dit des experts ? Certains m’ont expliqué que quand ils avaient à étudier un médicament, les responsables de l’Agence tenaient compte des emplois en jeu, pensaient aux impacts sur les firmes...

Moi je voudrais comprendre comment certaines proximités ont été possibles. Je voudrais qu’on m’explique pourquoi un haut responsable de la phamacovigilance à l’Afssaps a pu me confier : « Vous ne vous rendez pas compte ce que représente Servier au sein de l’Agence ! Servier est au courant des nominations à l’Agence avant les membres de celle-ci. »

Tout cela est très inquiétant et j’espère que l’instruction permettra d’aller plus loin dans l’analyse de ces phénomènes de captation du régulateur, d’expliquer comment l’Agence était soumise à Servier.

Pensez-vous que la réforme du médicament, engagée par l’ex-ministre de la Santé Xavier Bertrand, soit capable de changer ce système ?

Depuis son arrivée, le nouveau patron de la nouvelle Agence du médicament, Dominique Maraninchi a bien conscience de la nécessité d’un changement de posture des experts. Mais il se heurte à beaucoup de résistance car nombre d’experts confondent conflit d’intérêts et honnêteté intellectuelle. Quand on leur dit qu’ils ne peuvent pas valider un avis car ils sont liés avec l’industrie, ils sont fous de rage, ils entendent qu’on les prend pour des pourris. Or il est évident, et la France a bien du retard par rapport aux Anglo-saxons sur ce point, que des décisions de santé publique doivent se prendre à l’abri de ces influences. Nier l’influence des firmes, c’est préparer le prochain Mediator.

Reste que, si plus d’attention est portée à la transparence, à la prévention des conflits d’intérêts, il va falloir former des experts indépendants en santé publique, comme le réclame par exemple le Formindep. Car pour le moment, toute la recherche est financée par l’industrie, le médicament n’échappe pas aux lois du marché, et l’industrie pharmaceutique structure le monde médical, des sociétés savantes aux groupes d’experts des agences en France mais aussi en Europe et dans le monde.

 

Partager cet article
Repost0
21 mars 2013 4 21 /03 /mars /2013 19:06

 

Le Monde - Blog

 

Une employée d'Audi, à Ingolstadt, le 11 mars. CHRISTOF STACHE/AFP

 

Pour la sixième année consécutive, l'Allemagne a célébré ce 21 mars l"Equal Pay Day", (le jour de l'égalité salariale), avec environ 700 manifestations à travers tout le pays. Pourquoi le 21 mars ? Parce qu'en moyenne les Allemandes sont payées 22% de moins que leurs collègues masculins. 15,21 euros/heure pour elles, 19,60 euros/heure pour eux. Pour gagner ce qu'un homme a gagné en 2012, une femme devait donc travailler du 1er janvier 2012 au 21 mars 2013. Ces 22% constituent un des écarts les plus élevés de l'Union européenne, où la moyenne se situerait à 16%.

 

 

Certes, une partie des économistes contestent ces chiffres et estiment qu'à qualification égale et emploi similaire, la différence de paie entre un homme et une femme n'est "plus que" de 7%.

Toujours est-il que les Allemandes sont particulièrement discriminées sur le marché du travail, reléguées le plus souvent aux emplois à temps (très) partiel dans le secteur des services.

 

 

Le parti social-démocrate (SPD) qui se veut le parti de la justice sociale – et qui doit impérativement combler son écart auprès de l'électorat féminin souvent favorable à Angela Merkel – profite de cette journée pour mieux mettre en valeur ses propositions, notamment une loi sur l'égalité salariale. Le SPD critique le gouvernement qui refuse la mise en place de quotas (40%) de femmes dans les instances dirigeantes des entreprises, mais donne aussi un coup de griffe à ses alliés écologistes. "Les Verts ne comprendront jamais comment pense une vendeuse de chez Aldi", explique Sigmar Gabriel, président du SPD dans un entretien à Die Zeit. Vous avez dit démagogie ?

 

 

Partager cet article
Repost0
20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 16:13

 

Rue89 - à lire sur Minisphère du chômage 20/03/2013 à 11h50

 

 

Un cadre dirigeant de Pôle emploi se suicide en Languedoc-Roussillon. C’était le 5 mars dernier. Il avait 53 ans. Ce geste est-il en lien avec ses conditions de travail ? Personne au sein de Pôle emploi ne se risque à répondre à cette question. Personne ne s’en donne le droit, par respect pour le disparu, et sa famille. Mais des questions se posent. Des doutes surgissent. Et un climat délétère s’installe. Récit du blog Minisphère du chômage et des idées reçues.

 

Lire sur Minisphère du chômage(*voir ci-dessous)

 

 

http://www.chomage.gouv.org/2013/03/info-suicide-dun-cadre-dirigeant-de.html

 

20/03/13

[Info] Suicide d'un cadre dirigeant de Pôle emploi en Languedoc Roussillon

 

Le minisphère a appris le suicide d'un cadre dirigeant de Pôle emploi en Languedoc Roussillon. C'était le 5 mars dernier. Il avait 53 ans. Ce geste est-il en lien avec ses conditions de travail ? Personne au sein de Pôle emploi ne se risque à répondre à cette question. Personne ne s'en donne le droit, par respect pour le disparu, et sa famille. Mais des questions se posent. Des doutes surgissent. Et un climat délétère s'installe. 
«Omerta», «chape de plomb», «volonté évidente d'étouffer l'affaire». Dans les rangs de Pôle Emploi en Languedoc Roussillon, le décès brutal de ce cadre, qui travaillait à Montpellier, commence à peser lourd. Trop lourd.
- «Tout le monde a été prudent et respectueux», nous confie une source syndicale. «Personne n'a cherché à instrumentaliser ce geste désespéré. Mais ça a créé une onde de choc et nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir en parler. Si ce suicide est lié à des problématiques personnelles, ça ne nous regarde pas. Mais s'il y a, ne serait-ce qu'un pour cent de problématique professionnelle, on se doit de la prendre en compte.»
A l'heure actuelle, selon nos informations, aucune enquête n'a été diligentée en interne, par le CHSCT. Et certains le regrettent, et le réclament. C'est le cas de cet agent, qui a accepté de nous répondre :
- «Nous souhaitons une enquête pour savoir s'il y a un lien entre cette disparition et une souffrance au travail. Nous avons l'impression que c'est une information que la direction cherche à étouffer. Elle nous a mis en garde, elle ne veut pas que l'on remue des choses...» 
Quelles choses ? Pourquoi ces prétendues mises en garde de la direction ?
«Vous savez très bien que le climat est tout sauf serein à Pôle emploi», répond cet agent. «Suicides ou tentatives de suicide de demandeurs d'emploi, personnel sous tension, le contexte est très pesant. Et pardonnez moi, mais ce suicide fait tâche en interne, parce que c'est un cadre qui avait été écarté de hautes fonctions.» 
L'homme avait effectivement changé de poste. Il avait été nommé directeur régional adjoint de Pôle Emploi en 2008, puis trois ans plus tard, quand la direction régionale a changé, il est devenu "directeur de production". 
- «Il a clairement été déclassé» affirme une source syndicale, qui ajoute qu'il avait aussi très récemment quitté les locaux de la direction régionale de Montpellier : 
- «On l'a mis dans un autre bâtiment, dans un autre quartier de la ville, et il s'est retrouvé dans un bureau au sous sol  ! Je ne suis pas en train de vous dire qu'il travaillait dans une cave, mais la symbolique est là : passer du 4ème étage de la direction régionale, à ce bureau éloigné...c'était peut être difficile à vivre...»
Contactée par le minisphère, la direction régionale confirme le changement de fonction et le récent déménagement :
-«Ce poste de directeur de production, il l'avait accepté. Et il était excellent dans son travail. Quant au changement de bureau, c'était pour rejoindre le bâtiment où étaient ses équipes. Il encadrait 200 personnes, chargées de soulager le travail des agences Pôle emploi.» 
Travaillait-il réellement dans un bureau en sous sol ?
-«Pas de commentaire sur les interprétations des uns et des autres.»
Pas de commentaire non plus sur le geste mais une mise au point sur «l'omerta» dénoncée :
«C'est faux, il n'y a aucun blocage de l'information. Tous les représentants du CHSCT ont été informés le soir même du décès. Nous avons aussi mis en place des cellules d'écoute sur le site où travaillait ce cadre. Les gens ont été reçus. La situation est tellement tendue, nous faisons attention à tout évènement...»
Pôle emploi semble craindre  un "effet d'entraînement". Que ce terrible passage à l'acte n'en entraîne d'autres. 
- «Tout le monde pense évidemment aux suicides chez France Télecom», conclut un syndicaliste de Pôle emploi. «Mais ça, la direction ne veut ni en parler, ni en entendre parler.»
Une chose est certaine : ce décès attriste tout le monde, à la direction comme au sein du personnel.  C'est un choc pour tous. Mais entre les silences pudiques ou embarrassés des uns, et la volonté des autres de parler franchement d'un sujet sensible, la frontière est colossale. 
Et le dialogue, encore bien mince.

Cécile HAUTEFEUILLE

 

Partager cet article
Repost0
20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 15:55

 

 

 

 

Par un étrange retournement de vocabulaire, les procédures que l’on appelait autrefois  « plans de licenciements » se sont muées en plans dits «  sociaux » puis, depuis 2002, en « plans de sauvegarde de l’emploi ». L’Accord national interprofessionnel (ANI) de « sécurisation de l’emploi » procède du même retournement sémantique. L’accord signé par la CFDT, la CFTC et la CGC (et non pas FO comme écrit initialement par erreur), plutôt que de favoriser la sécurisation des emplois,  « libère » le patronat de nombre de ses obligations légales et rend possible une flexibilité jusque-là inconnue.

Pour résumer une perspective curieusement désignée comme « sécurisant l’emploi », les entreprises gagnent en flexibilité interne (mobilité géographique et professionnelle obligatoires, baisse des salaires ou variation du temps de travail en période de conjoncture basse, CDI « intermittents ») et externe (simplification des procédures de licenciement collectif) tout en voyant leurs risques juridiques reculer (les salariés n’auront plus que deux ans pour saisir les prud’hommes contre cinq actuellement ; l’intervention des juges en cas de licenciement sera très limitée).

La contrepartie pour les salariés est une sécurisation individuelle constituée par des droits « rechargeables » (un salarié qui reprendrait un emploi temporaire ne perdrait plus ses droits antérieurs ; un compte personnel de formation est créé).

Selon les termes que nous venons de résumer, il paraît difficile de considérer l’accord comme équilibré et on peut s’interroger sur les raisons qui ont poussé certaines centrales syndicales à accepter de le signer. Nous pensons que l’entrée d’un ou deux représentants des salariés au Conseil d’administration des entreprises de plus de 5 000 salariés ou la refonte annoncée des procédures de consultation ne sont pas de nature à rééquilibrer les termes d’un accord qui profite principalement au patronat et qui s’inscrit dans une conception du travail comme un coût ou une contrainte.

Mais il y a peut-être plus grave encore du point de vue du respect de la démocratie.  La signature de l’accord a été présentée par le gouvernement comme l’expression même d’un dialogue social devant servir à produire la future loi.

Comme le rappelait récemment sur Mediapart un ancien conseiller à la Cour de cassation (http://blogs.mediapart.fr/blog/marie-laure-morin/160113/le-patronat-et-le-dialogue-social-une-approche-etriquee), en fonction de la loi du 20 août 2008, les syndicats signataires d’un accord doivent être « représentatifs ». Pour être qualifiés ainsi, les syndicats concernés doivent avoir réuni au moins 30% des suffrages exprimés par les salariés lors des élections professionnelles. Leurs opposants doivent, pour leur part, ne pas atteindre la barre de 50% de ces mêmes suffrages.

Or les résultats des élections professionnelles, pourtant connus, restent sous le coude du ministre du Travail. La question que nous posons ici est simple : pourquoi ?

Il y a tout lieu de penser que la réponse est évidente : les syndicats signataires de l’accord n’ont pas réuni les 30% de suffrages nécessaires et ne sont donc pas représentatifs.

L’accord, dans ce cas, serait illégitime et ne pourrait en aucun cas être transposé dans une loi.

Si tel n’est pas le cas et que cette hypothèse est erronée, le ministre a un moyen simple de le démontrer et un seul : publier enfin, tout de suite, les résultats des élections professionnelles !

S’il ne le fait pas, la suspicion ne pourra que se transformer en certitude : le gouvernement triche et le soi-disant dialogue social est une fable destinée à faire croire en la légitimité d’un accord qui sous-tendrait sa légalité.

Une question annexe pour conclure : comment se fait-il que la question que nous avons posée, celle du motif de la non-publication des résultats des élections professionnelles, n’ait pas fait l’objet de davantage de commentaires de la part des medias (hors Mediapart ou le Canard Enchaîné) ou de protestations du côté des syndicats non-signataires de l’accord ?

 

Partager cet article
Repost0
20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 15:27

 

 

 

Dernière émission de l'année, toujours en direct et en vidéo depuis la rédaction de Mediapart, ce vendredi 14 décembre. Retour sur l'affaire Cahuzac avec l'ensemble de la rédaction, puis débat d'experts sur la fraude fiscale.

Les vidéos seront mises en ligne dans la soirée.

1/ Jérôme Cahuzac et son compte suisse

Animé par Frédéric Bonnaud et Edwy Plenel

Avec Fabrice Arfi, Lénaïg Bredoux, Dan Israël et Mathilde Mathieu.

 

 

Lire à ce sujet : 
Le compte suisse du ministre du budget Jérôme Cahuzac
Cahuzac: l'aveu enregistré
Affaire Cahuzac: le gestionnaire de fortune qui sait tout
Florange, Cahuzac: l'effroyable semaine de l'exécutif
Le ministre n’est pas «impressionné» mais sa défense prend l’eau
Cahuzac: c’est quoi une communication de crise

2/ La fraude fiscale, un sport… international

Animé par Frédéric Bonnaud et Martine Orange

Avec :
- Antoine Peillon, auteur de Ces 600 milliards qui manquent à la France (éd. Seuil, mars 2012) (Lire Fraude fiscale : comment le pouvoir protège UBS) ;
Thomas Coutrot, économiste membre d'Attac et des « économistes atterrés », spécialiste des questions du travail, de l'emploi et de la démocratie ;
- Catherine Gaudard, responsable du playdoyer à CCFD France Solidaire ;
-  Xavier Harel, auteur de La grande évasion – le vrai scandale des paradis fiscaux (éd. LLL, 2010).

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 19:57

 

« Après 1981, je demandais à François Mitterrand : Pourquoi maintenant que tu as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avait promis ? Il me répondait qu'il n'avait pas le pouvoir d'affronter la Banque Mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu'il avait gagné un gouvernement mais non pas le pouvoir. J'appris ainsi qu'être le gouvernement, être président, ne sert pas à grand chose dans ces sociétés sujettes, soumises au capitalisme. J'ai vécu l'expérience directement durant quatorze ans. En France, on élit, et les élus font des lois qu'ils n'ont jamais proposées et dont nous avons jamais voulu. La France est-elle une démocratie ? Une puissance mondiale ? Je le dis en tant que Française : cela ne veut rien dire ». Danielle Mitterrand

 

« Après 1981, je demandais à François Mitterrand : Pourquoi maintenant que tu as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avait promis ? Il me répondait qu'il n'avait pas le pouvoir d'affronter la Banque Mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu'il avait gagné un gouvernement mais non pas le pouvoir.

J'appris ainsi qu'être le gouvernement, être président, ne sert pas à grand chose dans ces sociétés sujettes, soumises au capitalisme. J'ai vécu l'expérience directement durant quatorze ans.

En France, on élit, et les élus font des lois qu'ils n'ont jamais proposées et dont nous avons jamais voulu.

La France est-elle une démocratie ? Une puissance mondiale ?

Je le dis en tant que Française : cela ne veut rien dire ».

Danielle Mitterrand

 


Partager cet article
Repost0
19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 19:42

 

Marianne - Mardi 19 Mars 2013 à 16:23

 

Journaliste à Marianne, entre société et culture En savoir plus sur cet auteur

 

Par deux fois, la justice l'avait déboutée. Mais ce mardi 19 mars, la Cour de cassation a donné raison à la salariée de la crèche Baby Loup qui avait été licenciée pour avoir refusé d'ôter son voile islamique. Sale temps pour la laïcité.

 

HALEY/SIPA
HALEY/SIPA

La Cour de cassation a tranché. Une crèche n’étant pas un service public, les principes de laïcité ne s'y appliquent pas. Une victoire pour la salariée qui avait été licenciée de la crèche Baby Loup pour avoir refusé d'ôter son voile islamique. Dans la bataille juridique qui l’opposait à son ancien employeur, Fatima Afif avait pourtant été déboutée non pas une, mais deux fois. A deux reprises, le conseil des Prud’Hommes, puis la cour d’appel de Versailles, ont considéré que le licenciement de cette femme était justifié, et qu'il ne présentait pas de caractère discriminatoire. « Ces enfants, compte tenu de leur jeune âge, n'ont pas à être confrontés à des manifestations ostentatoires d'appartenance religieuse », disait le jugement en appel. Dans le règlement intérieur de la crèche, il était clairement stipulé qu’une stricte neutralité religieuse devait être observée dans l’enceinte de ses murs. Fatima Afif le savait, elle a gardé son voile, elle a été licenciée en 2008. La directrice de la crèche avait à l’époque reçu le soutien appuyé et remarqué de Manuel Valls, Elisabeth Badinter et Jeanette Bougrab.

Mais voilà : aujourd’hui 19 mars, la cour de Cassation a estimé que le règlement de la crèche Baby Loup était contraire aux libertés fondamentales. « Le principe de laïcité n’est pas applicable aux salariés des employeurs de droit privé qui ne gèrent pas un service public », affirment les magistrats. Autrement dit, les signes religieux ostentatoires sont interdits à l’école, mais pas à la crèche. Retour à la case départ, la bien nommée cour de Cassation ayant renvoyé les parties devant la cour d’appel.

Un coup dur pour Natalia Baleato, directrice de la désormais célèbre crèche, sise à Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines. Depuis cinq ans, cette réfugiée politique chilienne fait face à toutes les attaques pour que survive ce lieu qu’elle a mis tant d’énergie à créer : une crèche ouverte 24h/24, sept jours sur sept. En gardant leurs enfants depuis 1991, Natalia Baleato a tout simplement offert aux femmes de son quartier la possibilité de travailler. A Chanteloup-les-Vignes, dont Mathieu Kassovitz avait filmé les tours et l’atmosphère désœuvrée en 1995 dans La Haine, une telle offre était inespérée. Pour perdurer, le service devait être absolument laïque, plus de cinquante nationalités différentes étant représentées dans la ville.

Aujourd’hui, la cour de Cassation a jeté une pierre dans le jardin de cette femme qui avait pourtant enregistré de beaux succès, là où toutes les politiques d’intégration avaient échoué. Manuel Valls a de son côté regretté cette « mise en cause de la laïcité », pendant que Sihem Souid, conseillère de Christane Taubira au ministère de la Justice, s’est fendue d’un tweet enthousiaste : « Affaire Baby loup : Habchi, Bougrab et Fourest qui avaient témoigné à la barre contre l’employé. Merci à la justice! Vive la justice ! ». Triste jour pour la laïcité.

 

Partager cet article
Repost0
19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 19:37

CADTM

 

 

CATDM - 18 mars par Éric Toussaint

 

 

« Les marchés sont devenus trop grands et complexes et ils évoluent trop vite pour être assujettis à la supervision et aux réglementations du XXe siècle. Il n’est pas surprenant que ce Léviathan financier mondial dépasse la pleine compréhension des acteurs du marché, fussent-ils les plus avisés. Les régulateurs financiers sont chargés de surveiller un système beaucoup plus complexe que ceux qui existaient quand on rédigea les réglementations régissant encore les marchés. » |1|

Cette affirmation d’Alan Greenspan, directeur de la Réserve fédérale de 1987 à 2006, a été reprise par tous les gouvernants des pays les plus industrialisés. Ils ont fait comme si les banques et les autres sociétés financières privées allaient s’auto-discipliner, tout en cherchant à satisfaire leurs intérêts particuliers, égoïstes. Alan Greenspan poursuit : « Le contrôle des transactions s’effectue désormais essentiellement grâce à la surveillance réciproque des traders. Pour protéger ses actionnaires, chaque prêteur tient à jour les positions des investissements de ses clients. Les régulateurs peuvent toujours prétendre qu’ils gardent l’œil ouvert mais leurs capacités sont très réduites. » |2|

La supposée capacité des banques et autres zinzins à s’autoréguler n’était que de la poudre aux yeux destinée à leur permettre de faire ce que bon leur semble. Alan Greenspan, l’ensemble des gouvernants des pays industrialisés, une armée d’experts et de commentateurs financiers, véritables illusionnistes prenant les citoyens pour des crétins, ont répété la fable de l’autorégulation des marchés jusqu’à la nausée. « Les marchés étant devenus trop complexes pour une intervention humaine efficace, les politiques anti-crise les plus prometteuses sont celles qui maintiennent une flexibilité maximale du marché : la liberté d’action pour les principaux acteurs du marché, tels que les hedge funds, les fonds d’actions privés et les banques d’investissements. » |3| Le cataclysme financier de 2007-2008 et ses effets dramatiques dans la durée ont opposé un démenti cinglant à ces incantations. Les acteurs des marchés financiers sont totalement incapables de s’autoréguler, ils n’en ont d’ailleurs aucunement le désir, encore moins la volonté. C’est une évidence démontrée par toutes les crises financières qui ont égrené l’histoire du capitalisme. Les gouvernants ont alors adopté un autre discours : « L’autorégulation pour régler tous les problèmes, c’est fini. Le laisser-faire, c’est fini. Le marché qui a toujours raison, c’est fini. » |4|. En réalité, six ans après le début de la crise, cinq ans après l’annonce d’un retour à davantage de réglementation, le bilan se réduit largement à des effets d’annonces. Acoquinés aux dirigeants des banques, les gouvernants et les législateurs ont pris très peu de mesures contraignantes à l’égard des sociétés financières.

Une mesure contraignante dans un océan de laxisme

Depuis le 1er novembre 2012, dans l’Union Européenne, il est dorénavant interdit d’acheter un Credit Default Swap (CDS –voir encadré-) pour se protéger du risque de non remboursement d’une dette d’un État si on ne possède pas cette dette |5|. Les sanctions à prendre contre les sociétés et les personnes qui ne respecteront pas cette interdiction ne pas définies, elles sont de la compétence des États. Cela laisse une importante marge de manœuvre aux banques et autres sociétés financières qui voudraient contourner l’interdiction ou l’enfreindre. C’est à peu près la seule mesure significative prise par les autorités européennes pour mettre de l’ordre dans le secteur financier.

Qu’est-ce qu’un CDS ?

Le CDS est un produit financier dérivé qui n’est soumis à aucun contrôle public. Il a été créé dans la première moitié des années 1990 en pleine période de dérèglementation. Credit Default Swap signifie littéralement “permutation de l’impayé”. Normalement, il devrait permettre au détenteur d’une créance de se faire indemniser par le vendeur du CDS au cas où l’émetteur d’une obligation (l’emprunteur) fait défaut, que ce soit un pouvoir public ou une entreprise privée. Le conditionnel est de rigueur pour deux raisons principales. Premièrement, on peut acheter un CDS pour se protéger d’un risque de non remboursement d’une obligation qu’on n’a pas (sauf, depuis le 1er novembre 2012, dans l’Union européenne en ce qui concerne les dettes des États de l’UE). Cela revient à prendre une assurance contre le risque d’incendie de la maison du voisin en espérant que celle-ci parte en flammes afin de pouvoir toucher la prime. Deuxièmement, les vendeurs de CDS n’ont pas réuni préalablement des moyens financiers suffisants pour indemniser les sociétés affectées par le non remboursement de dettes. En cas de faillite en chaîne d’entreprises privées ayant émis des obligations ou du non remboursement de la part d’un Etat débiteur important, il est très probable que les vendeurs de CDS seront dans l’incapacité de procéder aux indemnisations qu’ils ont promises. Le désastre de l’entreprise nord-américaine AIG en août 2008, la plus grosse société d’assurance internationale (nationalisée par le président George W. Bush afin d’éviter qu’elle ne s’effondre) et la faillite de Lehman Brothers sont directement liés au marché des CDS. AIG et Lehman s’étaient fortement développées dans ce secteur.

Il faut souligner que l’interdiction d’acheter dans certaines circonstances des CDS, telle qu’elle a été décrétée à l’échelle de l’Union Européenne à partir de novembre 2012, ne concerne qu’une fraction minime du marché des CDS (le segment des CDS sur les dettes souveraines) : environ 5 à 7%.

La loi Dodd Franck aux États-Unis et les timides petits pas européens

Aux États-Unis, une nouvelle législation, timide en comparaison de la réglementation imposée par Franklin D. Roosevelt à partir de 1933 (voir encadré), a été adoptée pendant le premier mandat de Barack Obama. Il s’agit de la loi Dodd-Franck (qui inclut la règle Volcker |6|). Bien que la loi Dodd Frank ait été approuvée en 2010, son application tarde. Les banques et leurs lobbyistes, tout comme les parlementaires tant républicains que démocrates qu’ils influencent directement, ont réussi à limiter très fortement la mise en pratique d’une loi qui est pourtant timide |7|.

La séparation entre banques de dépôt et banques d’investissement pendant la présidence de F. Roosevelt

Une des mesures fortes prises par Roosevelt et par les gouvernements d’Europe (notamment sous la pression des mobilisations populaires en Europe après la Libération) a consisté à limiter et à règlementer strictement l’usage que les banques pouvaient faire de l’argent du public. Ce principe de protection des dépôts a donné lieu à la séparation entre banques de dépôt et banques d’investissement dont la loi américaine dite Glass Steagall Act a été la forme la plus connue et qui a été appliquée pendant des décennies avec certaines variantes dans les pays européens.

Avec cette séparation, seules les banques commerciales pouvaient recueillir les dépôts du public qui bénéficiaient d’une garantie de l’Etat. Parallèlement à cela, leur champ d’activités avait été réduit aux prêts aux particuliers et aux entreprises, et excluait l’émission de titres, d’actions et de tout autre instrument financier, réservée aux banques d’investissement qui devaient, quant à elles, capter leurs ressources sur les marchés financiers.

Au Royaume-Uni, la commission Vickers a remis en 2011 ses recommandations aux autorités qui doivent encore prendre une décision. A l’échelle de l’Union européenne, une commission animée par Erkki Liikanen, gouverneur de la Banque nationale de Finlande, a remis son rapport en octobre 2012. Les recommandations contenues dans les rapports des commissions Vikers et Liikanen |8| vont grosso modo dans le même sens que les lois Dodd Frank et la règle Volker : un début de cloisonnement des activités multiples des banques. Mais aucune ne propose de revenir à la loi Glass Steagall et aux règlementations adoptées à l’époque en Europe dans le même esprit. Aucune ne propose une séparation claire et nette entre banque de dépôt et banque d’investissement, c’est-à-dire le démantèlement de ce qu’on appelle aujourd’hui la banque universelle. Rappelons que la banque universelle (appelée également banque à tout faire ou banque généraliste) représente un grand ensemble financier regroupant et exerçant les différents métiers de la banque de détail, de la banque de financement et d’investissement et de la banque de gestion d’actifs. Cet ensemble intervient sur le territoire national mais également à l’étranger avec ses filiales. Le risque majeur de ce modèle bancaire consiste à faire supporter les pertes des activités risquées de banque de financement et d’investissement par la banque de détail et mettre ainsi en danger les avoirs des petits épargnants. C’est ce qui explique aujourd’hui l’actualité des mesures prises par Roosevelt et, dans sa foulée dans les années 1930 et 1940, par les gouvernements européens consistant à séparer radicalement les banques en deux catégories tout à fait étanches. La loi Dodd Franck, les propositions des commissions Vickers et Liikanen, le projet de loi sur la réforme bancaire déposé par le gouvernement français à l’Assemblée nationale en décembre 2012 |9| restent au milieu du gué et ne prévoient que des cloisons qui se révèleront (si un jour elles entrent en application) d’une efficacité très limitée, car la partie banques d’investissement et d’affaires n’hésitera pas à pomper dans les dépôts des clients et elle continuera à prendre des risques très élevés puisqu’aucune mesure contraignante sérieuse n’est mise en œuvre |10|. Qui plus est, banque de détail et banque de financement et d’investissement étant solidaires dans le cadre de la banque universelle, les pertes réalisées par la banque de financement et d’investissement seront supportées par la banque de détail (voir en France les pertes de Natixis supportées par les Banques Populaires et les Caisses d’Epargne au sein du groupe BPCE).

Les banques se livrent à de multiples pressions pour continuer à agir comme bon leur semble

Bien que les recommandations de Vickers et de Liikanen soient très conciliantes à leur égard, les patrons des banques privées organisent comme aux États-Unis un intense lobbying afin qu’elles ne soient pas suivies d’effet. Challenges, hebdomadaire financier français, rapporte des réactions du milieu bancaire de l’Hexagone à propos de rapport Liikanen. « Beaucoup de rapports de ce genre ont fini à la poubelle » déclare un des banquiers qui a confié sa réaction à Challenges. « Liikanen ? Il sait à peine ce qu’est une banque », ironise un autre. « En Finlande, il n’y a que des filiales d’établissements étrangers ». Challenges poursuit avec un autre son de cloche, en donnant la parole à Martin Wolf, éditorialiste au Financial Times : « Je crains que sous la pression des banquiers trop d’activités de marché (=trading) ne soient exclues du cantonnement (=cloisonnement). Ce rapport est un pas en avant, il ne faudrait pas que la prochaine étape soit un pas en arrière » |11|. Justement, le Financial Times a lui aussi mené sa petite enquête dans le milieu bancaire. Dans ses colonnes, Christian Clausen, le patron de la banque suédoise Nordea qui préside la Fédération bancaire européenne, déclare que le Rapport Liikanen a tout à fait tort en ce qui concerne le cloisonnement entre les activités de banque de détail et les activités de trading |12|. Les parlementaires étasuniens et européens, sans parler des hauts fonctionnaires, ont été soumis à d’intenses pressions. Les banques peuvent compter sur de solides alliés placés aux plus hautes fonctions, à commencer par Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, ex-dirigeant de la banque Goldman Sachs.

Au sein des autorités de contrôle, quelques voix isolées s’élèvent contre le laxisme

Du côté des autorités de contrôle, quelques voix isolées se font entendre pour critiquer l’absence de règlementation sérieuse du secteur bancaire. Andrew Haldane, directeur du département Stabilité financière de la banque d’Angleterre, a élevé la voix lors d’une réunion des milieux financiers à Londres en octobre 2012. Il critique le fait que les 29 banques systémiques (voir encadré) profitent du danger que représenterait leur faillite pour obtenir à bon compte de l’argent de la BCE, de la Fed, de la Banque d’Angleterre... Il considère que le crédit que ces institutions publiques leur octroient constitue une subvention annuelle de plus de 700 milliards de dollars.

Les banques systémiques selon le G20

Le G20 a établi en novembre 2011 une liste de 29 banques systémiques appelées en anglais SIFIs (Systemically Important Financial Institutions). A l’instar de Lehman Brothers dont la faillite a bouleversé l’économie mondiale en septembre-octobre 2008, ces banques sont considérées par le FSB (Financial Stability Board) comme trop importantes pour que les pouvoirs publics les laissent tomber (en anglais : « too big to fail »). Elles sont dites systémiques du fait de leur poids et du danger que la faillite de l’une d’entre elles représenterait pour le système financier privé au niveau international. En 2011, parmi les 29 banques systémiques, on comptait 4 banques françaises (Société Générale, Crédit Agricole, BNP Paribas et BPCE), 2 banques allemandes (Deutsche Bank et Commerzbank), 1 italienne (Unicredit), 1 espagnole (Santander), 1 belgo-française (Dexia), 1 hollandaise (ING), 4 britanniques (HSBC, Lloyds, Barclays et Royal Bank of Scotland), 2 suisses (UBS, Crédit suisse), 1 suédoise (Nordea), 8 états-uniennes (JPMorgan, Bank of America, Morgan Stanley, Goldman Sachs, Citigroup, Bank of New York Mellon, Wells Fargo, State Street), 3 japonaises (Sumitomo, Mitsubishi UFJ FG, Mizuho FG), 1 chinoise (Bank of China). En 2012, le G20 a retiré 3 de ces banques de la liste (Dexia, Commerzbank, Lloyds) et en a ajouté 2 (l’espagnole BBVA et la britannique Standard Chartered).

Andrew Haldane affirme que l’augmentation du ratio fonds propres par rapport au bilan des banques qui sera généralisé à partir de 2018-2019 est tout à fait insuffisant et n’est pas de nature à réellement diminuer les risques et les effets d’une faillite. Il recommande de réduire de manière drastique la taille des banques. Thomas Hoenig, de la US Federal Deposit Insurance Corporation, l’institution créée pendant la présidence de Roosevelt pour réguler le système bancaire, affirme que les cloisons mises en place pour séparer différents types d’activités des banques sont en réalité poreuses. Il plaide pour que soit adoptée une loi de type Glass-Steagall afin de séparer radicalement les banques de dépôts et les banques d’affaire. Il estime également que le niveau des fonds propres qui sera exigé à partir de 2018-2019 devrait être multiplié au moins par trois |13|.

Épilogue : Victoire des banquiers grâce aux autorités de contrôle

Début janvier 2013, le comité de Bâle |14| a renoncé à l’application d’une des exigences qu’il avait mises en avant à l’égard des banques. Elles ne devront pas constituer un amortisseur de chocs financiers sous la forme d’une réserve permanente de liquidités (liquidity coverage ratio, LCR), qui aurait dû leur permettre de faire face à une crise d’une durée de 30 jours. Il était prévu que la mesure entrerait en vigueur en 2015, elle est maintenant reportée à 2019 ! En première page, les périodiques financiers ont clairement souligné qu’il s’agissait d’une victoire des banques et d’un recul des autorités de contrôle. Le Financial Times titrait le 8 janvier 2013 : « Victoire des banques européennes après l’assouplissement des règles de Bâle. » |15| The Economist titrait : « Les régulateurs adoucissent leur position en matière de liquidités » |16|. Non seulement l’application des mesures est reportée à 2019, autant dire aux calendes grecques, mais en plus les banques pourront comptabiliser, dans la réserve de liquidités (LCR), des produits structurés et toxiques comme les « mortgage backed securities ». C’est du grand n’importe quoi.

Quelques semaines plus tard, d’autres bonnes nouvelles ont fait plaisir aux banques. Michel Barnier, commissaire européen en charge des marchés financiers, a déclaré qu’il ne suivrait pas la principale recommandation du rapport Liikanen concernant le cloisonnement entre activités de banque de dépôts et activités de marché. Le Financial Times a titré : « Reculade de Bruxelles à propos du cœur de la réforme bancaire » |17|. Le journal explique que la Commission européenne a battu en retraite en ce qui concerne l’obligation qui pourrait être faite aux banques de séparer leurs activités de marché (entendez, hautement spéculative et à risque) et leurs activités de banques de dépôt.

Conclusion : Il faut rompre avec la soumission aux exigences des banques. En prenant un virage radical, il est possible de protéger les dépôts des épargnants, de financer des activités utiles aux biens communs, de garantir l’emploi et les conditions de travail du personnel du secteur. Pour cela, il faut un service public de l’épargne, du crédit et de l’investissement. Le métier de la banque (au sens de constituer un instrument pour collecter l’épargne et pour octroyer du crédit) est trop sérieux pour être confié à des banquiers privés qui par définition cherchent à maximiser le profit de la poignée de grands propriétaires privés (le 1%, comme le mouvement Occupy Wall Street les a appelés). Il faut interdire les activités spéculatives et tous les instruments financiers qui les soutiennent. De même, il faut interdire les transactions avec les paradis fiscaux. Vu qu’elles utilisent de l’argent public, bénéficient de garanties de la part de l’État et doivent rendre un service de base fondamental à la société, les banques doivent être socialisées et placées sous contrôle citoyen |18|.

Partie 1
Partie 2
Partie 3
Partie 4
Partie 5
Partie 6

 

Notes

|1| Alan Greenspan, Le Temps des turbulences, 2007, Jean-Claude Lattès, 2007, p. 620.

|2| Ibidem.

|3| Alan Greenspan, Le Temps des turbulences, 2007, Éditions Jean-Claude Lattès, Paris, 2007, p. 621.

|4| Discours de Nicolas Sarkozy, le 25 septembre 2008 à Toulon (cité dans Éric Toussaint et Damien Millet, AAA. Audit Annulation Autre politique, Seuil, 2012, p. 34).

|5| Source : RÈGLEMENT (UE) N o 236/2012 DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL du 14 mars 2012 sur la vente à découvert et certains aspects des contrats d’échange sur risque de crédit http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ...
Comme l’indique le titre du règlement, sont également visées les ventes à découvert. La vente à découvert consiste à vendre sur le marché un titre que l’on ne possède pas, dans l’espoir de le racheter plus tard à un prix inférieur. La règlementation sur les ventes à découvert est assortie d’une série d’exceptions qui offrent de nombreuses possibilités d’y échapper.
Voir aussi : http://www.lemonde.fr/economie/arti...

|6| Voir Daniel Munevar, “Un pequeño recordatorio de parte de JP : La importancia de la Volcker Rule”, 25 mai 2012, http://cadtm.org/Un-pequeno-recorda...

|7| Voir Matt Taïbbi, « How Wall Street Killed Financial Reform », Rollingstone, 10 mai 2012, http://www.rollingstone.com/politic.... Voir également Les Echos, « La réforme de Wall Street reste aux deux tiers inachevée », 12 décembre 2012, p. 28.

|8| Voir Erkki Liikanen (chairperson), High-level Expert Group on reforming the structure of the EU banking sector, octobre 2012. Onze experts composaient ce groupe de travail constitué par le Commissaire européen Michel Barnier afin de poser un diagnostic sur la situation des banques européennes et de proposer des réformes du secteur bancaire européen. Un des intérêts du rapport Liikanen, c’est qu’il confirme par une voie officielle, les turpitudes des banques, les risques ahurissants pris pour faire un maximum de profit. Voir le texte complet du rapport : http://ec.europa.eu/internal_market...

|9| Voir le texte complet : http://www.assemblee-nationale.fr/1...

|10| Voir l’excellente critique de Gaël Giraud au projet de loi sur la réforme bancaire en France ainsi que sur Dodd Franck, Vickers et Liikanen : http://www.lavie.fr/www/files/media.... Gaël Giraud montre que le projet de loi du gouvernement de François Hollande est plus favorable au statu quo et donc aux banques que la loi Dodd-Franck et les recommandations des commissions Vickers et Liikanen. Voir également : ATTAC, “Les 20 propositions d’Attac pour une véritable réforme bancaire”, 14 février 2013, http://www.france.attac.org/article...

|11| Challenges, « La cloison bancaire est bien fragile », 11 octobre 2012, p. 28.

|12| Financial Times, « Nordea chief takes a swipe at Liikanen », 30 octobre 2012.

|13| Le résumé des propos de Andrew Haldane et de Thomas Hoenig s’appuie sur : Financial Times, “Warnings over steps to reform biggest banks », 28-29 octobre 2012, p. 3.

|14| Le Comité de Bâle rassemble les banquiers centraux des pays du G20 sous l’égide de la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle. Il est responsable de quatre missions principales : le renforcement de la sécurité et de la fiabilité du système financier, l’établissement de standards minimaux en matière de contrôle prudentiel bancaire, la diffusion et la promotion des meilleures pratiques bancaires et de surveillance ainsi que la promotion de la coopération internationale en matière de contrôle prudentiel.

|15| Financial Times, « European banks gain after Basel rules eased », 8 janvier 2013.

|16| The Economist, « Bank liquidity. Go with the Flow. Global regulators soften their stance on liquidity », 12 janvier 2013, p. 60.

|17| Financial Times, « Brussels retreat on key bank reform », 30 janvier 2013.

|18| Voir Patrick Saurin, “Socialiser le système bancaire », 2 février 2013, http://cadtm.org/Socialiser-le-syst...

Éric Toussaint, docteur en sciences politiques, est président du CADTM Belgique (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde, www.cadtm.org) et membre du conseil scientifique d’ATTAC France. Il a écrit, avec Damien Millet, AAA. Audit Annulation Autre politique, Seuil, Paris, 2012.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 18:57

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 19.03.2013 à 11h30 • Mis à jour le 19.03.2013 à 19h48


 

Des manifestants chypriotes à Nicosie, le 18 mars.

 

Le Parlement chypriote a rejeté mardi soir à une large majorité le projet de loi sur la taxation des comptes bancaires, condition du déblocage d'une aide financière internationale de 10 milliards de dollars. Le vote a été accueilli par une explosion de joie des milliers de manifestants réunis devant l'Assemblée.

Face à la colère des épargnants, le gouvernement avait modifié son projet de taxe, exonérant les dépôts bancaires inférieurs à 20 000 euros et prévoyant de taxer à 6,75 % les sommes situées entre 20 000 et 100 000 euros et à 9,9 % les comptes de plus de 100 000 euros. Mais le Parlement, où aucun parti ne dispose de la majorité absolue des 56 sièges, s'est prononcé contre le projet de loi par 36 voix contre et 19 abstentions.

Le projet de taxe exceptionnelle sur les comptes bancaires chypriotes, une première dans les plans d'assistance financière aux pays de la zone euro en difficulté, avait été convenu lors des négociations des ministres des finances de l'Eurogroupe sur une aide à Chypre dans la nuit de vendredi à samedi à Bruxelles. Lundi soir, l'Eurogroupe avait recommandé à Chypre de ne pas taxer les comptes dont le solde est inférieur à 100 000 euros.

 

 LES BOURSES À LA BAISSE

Avant même que les parlementaires de l'île ne se prononcent, le parti majoritaire au pouvoir avait fait savoir qu'il s'abstiendrait. Les médias chypriotes avaient annoncé que les autres partis politiques pourraient faire de même et refuser de voter. Selon un membre du parti majoritaire, Disy, cette démarche "renforcera la position de la République de Chypre pendant les négociations".

Avant même les résultats du vote, cette annonce faisait trembler les marchés : Paris a cédé 1,3 % à la clôture, Londres 0,26 %. Quant aux taux obligataires des pays les plus fragiles, ils accusent le coup également : la prime de risque espagnole sur dix ans est repassée au-dessus des 5 %, celle de l'Italie grimpe à 4,7 %.  

L'Eurogroupe avait pourtant mis beaucoup d'eau dans son vin, en assouplissant sa position sur les conditions d'octroi du plan, prévu à l'origine pour taxer tous les dépôts, même les plus faibles, à 6,7 % sous 100 000 euros et 9,9 % au-dessus. Le gouverneur de la Banque centrale chypriote avait néanmoins prévenu mardi que la version révisée du projet ne permettrait pas de lever les 5,8 milliards d'euros exigés par le plan d'aide.

 

 RENVOI DE BALLE

Alors que la paternité du plan annoncé samedi fait toujours débat, les responsables européens se renvoyant la balle quant à savoir qui a eu l'idée de taxer tous les épargnants, M. Schäuble a précisé que, "bien sûr", il avait insisté pour que les clients des banques chypriotes soient mis à contribution.

A Paris, le ministre des finances, Pierre Moscovici, a réaffirmé mardi à la presse avoir "plaidé l'exemption des dépôts sous 100 000 euros depuis le départ", au lendemain d'une nouvelle réunion, téléphonique, avec ses homologues de la zone euro, pour rectifier le tir.

"Ce que propose l'Eurogroupe, c'est une répartition différente des taux", avec un rendement inchangé de 5,8 milliards, a expliqué Pierre Moscovici. Selon lui, "le principe selon lequel les dépôts sont intouchables en-dessous de 100 000 euros est un principe très ancré en Europe" et "la taxe a été comprise comme une remise en cause de ce principe".

 

Manifestation devant le Parlement chypriote, mardi 19 mars.

 

 SOLIDARITÉ GRECQUE

Le ministre des finances grec, Yannis Stournaras, a affirmé que les principales banques grecques se tenaient prêtes à aider leurs voisines en rachetant les filiales grecques des trois banques chypriotes, qui sont fermées jusqu'à jeudi. La Grèce "est prête à acquérir l'actif et le passif des filiales [des banques] chypriotes en Grèce",   a indiqué le ministre à la suite d'un entretien avec le premier ministre grec, Antonis Samaras, sur les résultats de la téléconférence des ministres des finances de la zone euro lundi consacrée à Chypre.

Il a également indiqué que les agences des trois banques chypriotes présentes en Grèce – Bank of Cyprus, Cyprus Popular Bank et Hellenic Bank –, resteront fermées en Grèce jusqu'à jeudi, comme les banques de Chypre.  Les trois principales banques grecques, la Banque nationale de Grèce, première du secteur en cours de fusion avec Eurobank, Alpha Bank, la Banque du Pirée et Hellenic Postbank, toutes en voie de recapitalisation par les fonds de la zone euro et du FMI, auraient émis leur intérêt pour absorber les filiales chypriotes.

 

Partager cet article
Repost0
18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 19:29

 

Rue89 - Le Yéti - voyageur à domicile

 

Publié le 17/03/2013 à 20h50

 

Vu la vague de fond déclenchée par le brutal projet de taxation des dépôts bancaires à Chypre, il faut croire que ces voyous de la Troïka ont enfin touché juste : au tréfonds du porte-monnaie des frileuses classes moyennes. Du coup, c’est la révolution chez les petits (et gros) épargnants. Bien fait !

Que découvre-t-il soudain, l’épargnant transi ? Que son fric ne lui appartient pas, mais appartient à la banque qui le détient, qui lui lâche chichement la quantité qu’elle décide et peut même aller jusqu’à lui refuser l’accès à ses guichets en cas de coup dur.

Et le coup dur, il est là, tout proche ! Pourquoi croyez-vous qu’ils ont pris cette décision fatale un vendredi soir, à la veille d’un week-end prolongé, et qu’on ne sait même pas quand ils vont oser les rouvrir leurs banques chypriotes ?

Histoire de ressenti

L’épargnant marri vous jurera que tout ça, il le savait, il le pressentait. Mais c’est comme pour la météo : il y a les températures vaguement annoncées et les températures « re-ssen-ties ».

Et là, l’épargnant chypriote, il la ressent très très douloureusement la température taxeuse que les voyous troïkesques veulent lui imposer avec, évidemment, la complicité active des Moscovici locaux.

Et les épargnants des pays alentours, espagnols, italiens, français – oui, français ! –, ressentant dans leur chair que rien finalement n’arrêtera la bande des gredins (qu’ils idolâtraient il y a encore peu comme maîtres), commencent eux à sérieusement trembler dans leurs culottes. Ma cassette ! Ma chère cassette ! Où courir ? Où ne pas courir ?

Bien fait. L’épargnant, c’est le prototype même de l’électeur utile, qui vote pour une ganache hypocrite au prétexte qu’elle est moins teigne que le petit teigneux d’avant. Et qui, au prochain tour, votera pour le petit teigneux parce qu’il est supposé moins ganache que la ganache hypocrite, etc.

Il y a du « négationniste » chez notre petit épargnant neuneu. La crise, la « Grande perdition », la fin du système ? Pensez-vous, des lubies de complotistes, tout ça !

Enfin, jusqu’à ce qu’on touche à son bas de laine. Parce qu’aujourd’hui, faut voir comme ils s’émeuvent en chœur, nos neuneus déconfits. Bien fait, on les avait prévenus.

Personne n’y coupera

« Ho dis donc, Yéti ricaneur, à ce que je sache, tu ne fais pas particulièrement partie des fauchés, toi non plus ? »

Ah, ne m’en parle pas, canard boiteux ! Je viens précisément de vendre ma maison pour profiter d’une retraite bien méritée sous des cieux plus cléments. Et comme la masure valait tout de même encore bien plus de cent mille euros, c’est plusieurs milliers d’euros (9,9 % exactement du total) qui m’auraient été carottées si par malheur, j’avais été un retraité chypriote.

Mais je m’en fous ! Il y a un moment, faut savoir ce que l’on veut. L’inévitable « Grande mutation » en cours ne va pas se dérouler dans des orgies de foie gras et des dégoulinades de coulis de fraise.

Le coup de force de la Troïka a au moins le mérite de décanter les camps. Chacun va se retrouver vite fait au pied d’un sale mur lézardé et contraint de prendre des décisions tranchées pour ne pas se retrouver enseveli dessous. Personne n’y coupera.

Ma prochaine maisonnette – s’ils me laissent le temps de l’avoir ! – se trouve à moins de deux cents mètres de l’estran marin. A marée basse, ce serait bien misère que je ne trouve pas de quoi croûter pour ma petite meute à moi. Le temps que se réalise un jour, peut-être, mon programme de Yéti.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22