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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 15:03

 

 

Médiapart - Blog

 

 

La déviance, sous toutes ses formes. Déviance par rapport aux règles de base de la morale politique et à celles de la morale individuelle. Les connivences discrètes et tenaces, à Marrakech, à New York, à Marseille, et ailleurs. Les groupes de pression organisés, depuis des années, depuis peut-être des décennies, groupes de pression encadrés et soutenus par les moyens professionnels de la « communication ». La communication politique, qui n'est somme toute que de la triche, triche construite et pensée pour égarer le journaliste et le citoyen. L'appât du gain comme moteur de l'engagement politique, et tant pis si on saccage ce qui reste de l'un des plus beaux idéaux de l'histoire humaine. Le fric via le pouvoir, le fric/le fric/le fric, qui salit le socialisme presque autant que le stalinisme a souillé le communisme. Le cynisme de tous ces gens, qui savent ce qu'ils font.

Ce qu'ils font, et faisaient ? Chercher à imposer au pouvoir, si possible au pouvoir suprême, un homme qui leur assurerait protection et liberté de gain.

Et nous, nous les citoyens, nous qui sommes loin de ces bandes-là, qu'en savons-nous ? Je vais écrire ici ce que je sais, ce que je pressens, ce dont nous ne voulons plus. Puissent ces quelques lignes engager ceux qui en ont les moyens à poursuivre et approfondir les enquêtes, pousser des langues à se délier. Pour qu'enfin ceux dont nous ne voulons plus disparaissent du champ politique de notre République. Avant qu'ils ne nous emmènent tous à la catastrophe.

Pourquoi a-t-on partout entendu dire que Strauss-Kahn et Cahuzac ont « proposé leur démission », alors qu'ils y ont été contraints, l'un par Jospin, l'autre par Hollande ? Qui a donné cette « information » ? Je voudrais qu'on retrouve les traces des communiqués.

Pourquoi est-ce la même personne (Anne Hommel), qui a collaboré de si près et si longtemps avec Jean-Christophe Cambadélis dans bien des structures, puis a conseillé pendant des années Dominique Strauss-Kahn, qui depuis quelques jours est chargée de la communication de Jérôme Cahuzac ? Quels sont ses liens avec Stéphane Fouks et son entreprise ? Il faut maintenant que nous sachions.

Une autre personne (Marion Bougeard), liée à la même entreprise de communication, fut conseil de Liliane Bettencourt avant d'être celui de Cahuzac. Il y a quelques semaines, elle menait une entreprise de déstabilisation personnelle de Fabrice Arfi particulièrement répugnante. Nous ne voulons plus de ces gens-là et de leurs méthodes.

Pourquoi a-t-on entendu la même antienne répétée à satiété, celle de « l'homme superbement intelligent », du « meilleur ministre », du « grand économiste » tant à propos de Strauss-Kahn que de Cahuzac ? Car derrière l'énergie, le culot sans borne et les talents de bateleurs de ces deux hommes, on cherche en vain les contributions, les idées nouvelles, les apports de l'un ou de l'autre aux terribles problèmes de l'économie. Oui, pourquoi ? Eh bien parce qu'il s'agissait, avec les méthodes communicantes, d'imposer un homme qui pouvait s'avérer utile au groupe, si on le mettait en situation de pouvoir.

Je voudrais qu'on examine les diplômes universitaires d'un certain nombre de personnes de ce groupe. Les hommes-clef ne sont pas si nombreux, ce devrait être possible. Et on se souvient du cynisme avec lequel Alain Bauer a cherché à imposer son propre domaine de recherche (sic) au monde universitaire, afin d'obtenir sa propre chaire. Tiens ! Avec l'aide de Sarkozy.

Je voudrais que l'on cherche vraiment à comprendre le comportement de Cahuzac depuis décembre dernier. Pourquoi ces mensonges si entêtés, pourquoi ces aveux soudains, pourquoi ce montant (600 000 €) auquel personne de sérieux ne donne crédit ? Tout laisse à penser que cet argent, ce montage, ne sont pas qu'une entreprise personnelle. Qu'il a menti, puis avoué, pour protéger autre chose. Quoi ? Qui ? Il dit vouloir revenir à l'Assemblée. Cela doit-il être entendu comme une menace voilée ?

Je voudrais que l'on enquête plus sur les liens, personnels, politiques, financiers, directs ou indirects, qui unissent par exemple Fouks, Strauss-Kahn, Cahuzac, beaucoup des « strauss-kahniens », certains des ex-« rocardiens », certains des ex-responsables de l'UNEF des années 80-90,  leurs « petites-mains », et bien d'autres... — et il semble nécessaire que Manuel Valls, ministre de l'intérieur, s'explique sur ses liens avec l'entreprise et les personnes qui ont assuré et assurent la « communication » de Strauss-Kahn et de Cahuzac.

Si on connait maintenant le comportement dégueulasse de Strauss-Kahn vis-à-vis des femmes, qu'en est-il de ses liens avec la droite – devenue la droite extrême – et l'argent ? Si on découvre les amitiés de Cahuzac avec les anciens du GUD, qu'en est-il des liens anciens et récents d'autres membres du groupe cité ci-dessus avec la droite extrême, et le fric ?

Je voudrais qu'on enquête sur les trains de vie de ces gens-là depuis les années 80, la taille de leurs appartements – que, pour certains, leurs revenus officiels ne sauraient expliquer. De la MNEF à Gbagbo, de Genève à Singapour, peut-être en passant par Taïwan, et bien d'autres lieux ou combines. Nous devons savoir.

François Hollande pourrait signer ce que je viens d'écrire. Il le sait, que ce groupe maîtrise l'art consommé de se mettre derrière le puissant du moment, tout en se préparant un abri sous le possible président à venir : « mitterrandiens » sous Mitterrand, puis « rocardiens » avant de soutenir Jospin, ils sont devenus les promoteurs zélés de Strauss-Kahn. Et ont rallié Hollande dès qu'il est devenu clair que Strauss-Kahn n'avait plus d'avenir politique. Leur intérêt et leurs intérêts leur servent de boussole, de principes et de convictions politiques.

Oui, François Hollande le sait. Pourquoi donc a-t-il laissé en place ces réseaux (dont il ne fait pas partie), comme d'ailleurs les réseaux du régime précédent ? Parce qu'il pensait ne pas avoir les moyens d'agir autrement ? Parce que la gangrène va plus loin que nous le pensons ? Quoiqu'il en soit, il n'a plus le choix. Il faut qu'il en débarrasse son entourage, son gouvernement, et la République. Il est temps, plus que temps, de faire barrage, de détourner le fleuve de la corruption. Nous n'en voulons plus, la démocratie n'en peut plus.

 

 

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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 14:47

 

 

Marianne - Lundi 8 Avril 2013 à 12:45

 

Emmanuel Maurel, Jérôme Guedj et Renaud Chenu

 


Prise de la Bastille, 14 juillet 1789 - ICONO/SIPA
Prise de la Bastille, 14 juillet 1789 - ICONO/SIPA
L’histoire nous sert sur un plateau d’argent un scénario rêvé. Nous pouvons prouver à tous ceux qui attendent de nous le redressement du pays, qui espèrent que nous fassions de la France le lieu où se nouera la contre-offensive à la plus formidable entreprise de déstabilisation de l’Etat providence qui se sert de la crise comme prétexte, nous pouvons leur prouver, enfin, que le 6 mai ne fut pas un malentendu, que le retour de la gauche au pouvoir dans ce pays peut correspondre à un véritable basculement.

Le moment est dramatique ? C’est donc maintenant qu’il faut l’écrire, ce roman du rêve français, de la République retrouvée, du rétablissement des valeurs auxquelles nous croyons. C’est dans la tempête qu’on mesure la valeur des capitaines ? Alors allons-y, tous sur le pont !

L’évasion fiscale est un acte félon pour le citoyen, c’est un crime de lèse vivre ensemble, une outrance à la première des dignités collectives : la volonté partagée de nous construire un destin commun, de nous élever au dessus des barbaries quotidiennes produites par l’égoïsme. Un récent livre très documenté d’Antoine Peillon affirme qu’il manque 600 milliards à la France ? La voilà, notre Bastille ! Et tout cœur français sait ce qu’il a à faire face à la Bastille. Chaque époque a la malice de nous désigner ses Bastilles. Etre au rendez-vous de l'Histoire consiste à les prendre...

Une bonne nouvelle dans ce bordel. Le projet « Offshore leaks ». Il vient comme une main tendue à ceux qui cherchent à sortir par le haut de cette séquence politique détestable. Il désigne les cibles. Honorable et salutaire travail. C’est là le rôle des journalistes d’investigation qui ont fondé ce collectif à la manière des groupes de scientifiques qui mettent en commun et en réseau leurs moyens et leurs connaissances pour trouver des solutions aux problèmes de l’infiniment grand et de l’infiniment petit.

Ne vient-on pas d’établir une photographie de l’Univers à sa naissance, il y a treize milliards d’années ? N’avons-nous pas deux robots sur Mars qui représentent le génie de la collaboration humaine, transcendant tout ce que les carcans nationaux peuvent imposer comme limites ? Il devrait en être du ciel au dessus de nos têtes comme de la réalité bien matérielle qui nous préoccupe. La collaboration entre les nations peut révéler les mystères de notre univers ? Elle doit aussi pouvoir permettre de révéler les mystères des paradis fiscaux. C’est une exigence démocratique : le politique doit l’imposer.

Nous savons où est l’argent. La volonté politique doit désormais prendre le relais pour le récupérer. Nous devons nous mettre en place avec nos partenaires tous les moyens possibles pour empêcher que ce fléau continue de miner les finances publiques. L’austérité, déjà indécente par bien des aspects ne peut être moralement défendue et justifiée dans un tel contexte. Les politiques ne peuvent plus accepter d’être les grooms du fric mondialisé.

Les écarts de richesses entre ceux qui ont le plus et ceux qui ont le moins sont les même qu’à la mi-temps du XIXe siècle. Le repli sur soi fait des ravages, les tensions s’exacerbent partout, le communautarisme progresse, les ghettos de riches narguent de leur opulence les ghettos de pauvres. Le corps social est excédé.

Cette exaspération, nous ne devons pas seulement l’entendre et la relayer, nous devons lui donner une forme politique. Elle doit inspirer la cohérence de notre action. Nous avons tant aimé nos rêves de fraternité et de progrès social. A ces rêves ont toujours correspondu des défis. Relevons-les, une fois encore. Notre modèle social, notre idéal commun, produit des Lumières, la France, l’Europe, le méritent. Sinon, à quoi bon s’être tant battu pour revenir au pouvoir ?


Emmanuel Maurel, membre du Bureau national du PS, animateur du courant Maintenant la gauche.
Jérôme Guedj, député et président du conseil général de l’Essonne, membre du Bureau national du PS.
Renaud Chenu, essayiste. Dernier ouvrage paru : Antimanuel de guérilla politique (avec Jean-Laurent Lastelle), Ed. Gawséwitch, mars 2012.

 

 

 

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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 14:43

 

 

Marianne - Lundi 8 Avril 2013 à 10:39

 

Laurent Mauduit*

 

L'ex-chef de l'Etat travaille à un autre scénario que son retour en politique : il tente de mettre en place un fonds d'investissement réservé aux très grandes fortunes. Baptisé Columbia Investment Company, ce fonds, s'il voit le jour, sera implanté au Luxembourg, avec une antenne à Londres. Récit d'une reconversion dans les affaires, les vraies.

 

 

Le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, reçoit à Bruxelles l'ancien président, Nicolas Sarkozy, - SIERAKOWSKI/ISOPIX/SIPA
Le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, reçoit à Bruxelles l'ancien président, Nicolas Sarkozy, - SIERAKOWSKI/ISOPIX/SIPA
Quand, le 21 janvier dernier, Mediapart a révélé que Nicolas Sarkozy projetait de créer un fonds d'investissement doté de 500 millions à 1 milliard d'euros, la presse n'y a guère prêté attention. Il a suffi que son ami Alain Minc explique que tout cela n'était qu'une «construction intellectuelle» pour que l'information soit étouffée.

Puis, quand le Financial Times, le 9 mars, a indiqué que le Qatar avait, de son côté, approché l'ancien chef de l'Etat pour lui proposer de prendre la direction d'un autre fonds d'investissement abondé à hauteur de 500 millions d'euros, l'annonce a fait un peu plus de bruit.

Mais, cette fois encore, il a suffi que l'entourage de l'ex-président souligne qu'il recevait effectivement des «propositions» mais n'était «engagé dans aucune», pour que l'information tourne court, elle aussi.

Si l'information du Financial Times concernant l'opération Sarkozy-Qatar est sans doute à manier avec des pincettes - selon de bonnes sources, c'est en fait Nicolas Sarkozy qui a sollicité l'émirat, mais pour l'instant sans parvenir à ses fins -, il est acquis, en revanche, que l'autre projet, celui dont Alain Minc est un des architectes, est avancé. Il a même été couché sur le papier, dans un document confidentiel qui en présente les contours, document que Mediapart et Marianne se sont procuré. Précisons toutefois qu'aujourd'hui, dans l'entourage de l'ex-président, certains veulent remiser Columbia Investment aux oubliettes, affirmant que la création de ce fonds interdirait tout retour en politique. Le projet n'en est pas moins avancé...


Un filon à exploiter

 

Nicolas Sarkozy arrive à l'hôtel Astoria Waldorf, à New-York, pour donner une conférence - BEHAR ANTHONY/SIPAUSA/SIPA
Nicolas Sarkozy arrive à l'hôtel Astoria Waldorf, à New-York, pour donner une conférence - BEHAR ANTHONY/SIPAUSA/SIPA
Baptisé Columbia Investment Company, ce fonds d'investissement serait implanté au Luxembourg - pays dont la fiscalité est accommodante - et disposerait d'un bureau à Londres. Son objectif : draguer l'argent des fonds souverains des pays asiatiques ou du Moyen-Orient ainsi que celui des family officies, c'est-à-dire les structures financières qui gèrent les fortunes de familles richissimes.

Mais attention ! Pas n'importe lesquelles... Seulement le gratin : les «first class family officies», dit le projet dans une formule d'un snobisme achevé. En clair, pas les riches, non, les supermégariches... Brocardé pour avoir été le «président des riches», Nicolas Sarkozy a donc l'intention d'exploiter le filon. Et, cette fois, pour son bénéfice personnel.

A cette fin, Alain Minc et quelques autres ont donc mis au service du projet leur carnet d'adresses et constitué un comité d'investissement, comprenant des personnalités européennes du monde des affaires, dont beaucoup ont travaillé avec Minc, au début de sa carrière, lorsqu'il était directeur financier de la compagnie Saint-Gobain : le président du conseil de surveillance du groupe allemand ThyssenKrupp, Gerhard Cromme ; l'ancien patron de Rolls-Royce ou encore de Goldman Sachs Europe, administrateur d'une ribambelle de sociétés britanniques, dont The Economist, Simon Robertson ; ou encore l'ancien PDG du groupe d'énergie italien ENI, Paolo Scaroni, qui est actuellement au cœur d'un scandale financier, celui de la société nationale des hydrocarbures Sonatrach, qui a d'importantes répercussions en Algérie et en Italie.

Après avoir conduit tout au long de son quinquennat une politique fiscale très favorable aux plus grandes fortunes, l'ancien chef de l'Etat attend donc, en quelque sorte, de ses amis très fortunés qu'ils lui renvoient, aujourd'hui, l'ascenseur. En venant investir dans son fonds d'investissement. Cela transparaît dans les cibles qui sont présentées dans le projet Columbia Investment Company.

Il est par exemple mentionné que le secteur du luxe figurera parmi les priorités d'investissement de la société - un secteur qui est la spécialité de plusieurs grandes fortunes proches de Nicolas Sarkozy, dont naturellement Bernard Arnault, le témoin de son deuxième mariage.

Un autre projet d'investissement est mentionné dans ce document : Courchevel 1850. Ce n'est sans doute pas un hasard : Stéphane Courbit, proche de Sarkozy et de Minc, est en effet le propriétaire d'un hôtel de luxe à Courchevel, Les Airelles, très prisé des oligarques russes. L'homme d'affaires pourrait donc être intéressé à participer par ce biais aux projets immobiliers de la station de sports d'hiver.

On aurait, certes, pu penser que Stéphane Courbit, mis en examen dans le cadre du scandale Bettencourt et incapable de rembourser les 143 millions d'euros que lui avait apportés l'héritière de L'Oréal, ne participerait pas au projet de Nicolas Sarkozy. Pourtant, nous avons obtenu, de très bonnes sources, confirmation que Stéphane Courbit a bien prévu de s'intéresser au dossier.

Selon nos informations, l'ancien chef de l'Etat a même élargi ses prospections pour rechercher de l'argent : il a sollicité des fonds souverains du Proche-Orient non seulement pour abonder son fonds d'investissement, mais aussi pour venir financièrement en aide à Stéphane Courbit. L'homme d'affaires et son entourage démentent nos informations.

Ce mélange des genres transparaît aussi dans la liste des investisseurs internationaux que Nicolas Sarkozy a démarchés depuis son départ de l'Elysée. Car, à l'évidence, les portes auxquelles il est allé frapper à l'étranger ne doivent rien au hasard. A chaque fois, on y retrouve des Etats ou des groupes financiers qui, sous son quinquennat, ont obtenu d'importants contrats.

Certes, cela a été discrètement mené, et les médias, le plus souvent, n'ont parlé que du motif officiel du voyage de l'ancien président, à chaque fois, la tenue d'une conférence. Mais systématiquement, à chacun de ses déplacements, Nicolas Sarkozy a prospecté pour le fonds d'investissement.

On l'a ainsi vu une première fois, jeudi 11 octobre 2012, tenir une conférence à huis clos devant un parterre de clients de la banque d'affaires brésilienne BTG Pactual, rassemblés dans les luxueux salons de l'hôtel Waldorf Astoria, à New York. Puis, le 22 octobre, Nicolas Sarkozy va pour deux jours à Sao Paulo, au Brésil, pour une nouvelle conférence qu'il donne, à huis clos, devant un parterre d'hommes d'affaires rassemblés par la même banque d'investissement BTG Pactual.

Ensuite, dans les premiers jours de novembre, Nicolas Sarkozy donne une conférence à Singapour sur la situation économique internationale devant un parterre de banquiers et d'hommes d'affaires, toujours sans que la presse puisse y assister. Quelques jours plus tard, le 13 novembre, il refait surface à Moscou, où il a une brève rencontre avec Vladimir Poutine mais où, surtout, il participe en qualité d'invité d'honneur, avec son épouse, Carla Bruni, à une cérémonie de remise de prix récompensant «les meilleurs investissements en Russie» organisée «par le groupe d'un milliardaire russe, Mikhail Fridman» (Alfa Bank).

Un mois après, c'est à Doha que se rend Nicolas Sarkozy, le 11 décembre, à l'invitation de l'émir du Qatar, où il prend la parole à l'occasion d'une nouvelle conférence qui porte sur les enjeux économiques du sport, et dont l'organisateur est Richard Attias, l'époux de... Cécilia, ex-Sarkozy.

Or, à chacun de ses déplacements, Nicolas Sarkozy a recherché discrètement de l'argent pour son fonds d'investissement. De très bonnes sources, il a par exemple profité de son déplacement à Singapour, lors de sa conférence, pour y nouer un contact avec les dirigeants de Temasek, l'un des deux fonds souverains de la ville-Etat.

Selon des informations précises que nous avons pu recueillir, Nicolas Sarkozy aurait ainsi demandé aux dirigeants de Temasek d'investir dans le fonds qu'il veut créer. Le schéma qu'il leur a présenté prévoit que de gros investisseurs entrent dans son fonds d'investissement, en souscrivant chacun un «ticket», si possible d'environ 200 millions d'euros. Pour les convaincre que son projet prenait bonne tournure, Nicolas Sarkozy a ainsi suggéré aux dirigeants de Temasek que les Emirats arabes unis - où l'ancien chef de l'Etat avait décidé d'implanter une base militaire française - pourraient apporter environ 200 millions d'euros. Il leur a suggéré de faire de même.

Assez peu convaincu, selon une très bonne source, Temasek a signifié à son interlocuteur qu'il aurait des difficultés à persuader des investisseurs s'il n'apportait pas lui-même des fonds. Nicolas Sarkozy a alors fait savoir aux responsables financiers singapouriens que c'est bien comme cela qu'il voyait les choses. Il leur a donc indiqué qu'il se faisait fort de trouver lui-même une centaine de millions d'euros. Enumérant des grandes fortunes qui lui sont proches, il a ainsi indiqué que différents hommes d'affaires français pourraient appuyer son projet.

Course à l'argent

 

Stéphane Richard arrive à l'Elysée, à l'occasion d'un dîner organisé en l'honneur de Dilma Roussef, présidente du Brésil, décembre 2012 - CHAMUSSY/CHESNOT/SIPA
Stéphane Richard arrive à l'Elysée, à l'occasion d'un dîner organisé en l'honneur de Dilma Roussef, présidente du Brésil, décembre 2012 - CHAMUSSY/CHESNOT/SIPA
Dans le cas du Brésil, le mystère de la relation entre Nicolas Sarkozy et la banque BTG Pactual, pour laquelle l'ancien chef de l'Etat français a donc donné deux conférences, est difficile à percer. Mais des signes multiples suggèrent que des réseaux d'affaires anciens ont fonctionné. Sorte d'aventurier de la finance, spécialiste des coups de poker aventureux dans la vie des affaires, le patron de l'établissement, André Esteves, a fait dans sa carrière d'innombrables culbutes.

Après avoir créé la banque en 1983, il l'a vendue 3 milliards de dollars en 2006 au géant bancaire suisse UBS, puis la lui a rachetée quelque temps plus tard pour 600 millions de dollars, avant d'ouvrir son capital à des fonds souverains (Chine, Singapour et Abu Dhabi), ainsi qu'aux familles Rothschild et Agnelli. Dans ces deux derniers cas, il s'agit donc d'investisseurs qui font partie de la galaxie d'affaires dont Nicolas Sarkozy est lui-même proche.

Selon des sources bancaires auxquelles nous avons eu accès, cette banque BTG Pactual a en outre été associée aux tractations auxquelles a donné lieu le projet de vente des avions Rafale au Brésil. Bref, même s'il est membre du Conseil constitutionnel et entretient la rumeur d'un possible retour en politique, Nicolas Sarkozy, dans un invraisemblable mélange des genres, est en train de faire exactement ce qu'il avait annoncé.

Remettant la Légion d'honneur le 23 octobre 2006 à son ami Stéphane Richard (l'ancien patron de Nexity puis directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy et actuel patron de France Télécom), Nicolas Sarkozy, qui était à l'époque ministre de l'Intérieur, avait étonné - et même choqué - l'auditoire rassemblé ce jour-là, pourtant habitué aux fastes de la vie parisienne, en avouant l'attrait qu'il avait pour l'argent. «Tu es riche, tu as une belle maison [...], tu as fait fortune. Peut-être plus tard y parviendrai-je moi-même. C'est la France que j'aime», avait-il dit en public. Avant de lâcher : «Un jour, je ferai comme toi...»

Nous y voilà !


* laurent.mauduit@mediapart.fr
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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 14:33

 

 

Marianne - Lundi 8 Avril 2013 à 05:00

 

Maurice Szafran - Marianne

 

 

Maurice Szafran, président-directeur général, directeur de la publication Marianne - BALTEL/SIPA
Maurice Szafran, président-directeur général, directeur de la publication Marianne - BALTEL/SIPA
On peut s’agacer de Jean-Luc Mélenchon et de son vocabulaire. Il faut s’agacer de Jean-Luc Mélenchon et de son vocabulaire.

On peut s’inquiéter de Jean-Luc Mélenchon et de ses intonations à la Chavez. Il faut s’inquiéter de Jean-Luc Mélenchon et de ses intonations à la Chavez.

On peut s’irriter de la violence verbale à répétition de Jean-Luc Mélenchon et même estimer qu’elle le dessert. Il faut s’irriter de la violence verbale à répétition de Jean-Luc Mélenchon qui, en effet, le dessert au plan électoral (voir les derniers et récents résultats du Front de Gauche, par exemple à la législative partielle de l’Oise — calamiteux).
Une fois tout cela constaté et répété à l’envi, une fois avoir l’esprit collectivement apaisé après s’être livré à une séance de Mélenchon bashing (aussi à la mode que le Hollande bashing), comment ne pas revenir sur cette semaine cauchemardesque qui a sali l’ensemble de la classe politique — et en cela Mélenchon a raison ?
1. Où l’on découvre que les aveux de Cahuzac ne sont pas si spontanés que ça....
Une remarque, essentielle me semble-t-il : une fois encore, une fois de plus, avocats et communicants ont voulu « crétiniser » les citoyens en tentant, en vain, de leur bourrer le mou. Car dans ses aveux, il y a eu deux périodes. D’abord le mensonge : rongé par le remords, Cahuzac a fini par avouer ; et les médias de raconter tant et plus cette sornette. Cahuzac, un personnage romantique. Il fallait oser ; ils ont osé !

Il aura fallu quarante-huit heures aux Français pour comprendre qu’il n’en était rien, qu’on les baratinait comme à l’accoutumée, que l’ex-ministre du Budget était allé rendre visite et compte au juge Van Ruynbeke parce que, stratégiquement il n’avait plus le choix, parce que le magistrat disposait de toutes les preuves, et savait tout, quasiment dans le moindre détail. Voilà tout.

2. Où l’on découvre que Cahuzac a longtemps vécu dans un milieu... d’extrême droite...
C’est un saisissant article du Monde, sans doute le plus retentissant de la semaine, mais passé (relativement) inaperçu : Jérôme Cahuzac, non pas adolescent, mais bel et bien adulte, baignait dans un entourage d’extrême droite.

Convenons au moins qu’un tel grand écart n’est pas courant, qu’on peut s’interroger sur un tel contresens idéologique : d’un entourage GUD, ce groupuscule étudiant à la droite du FN, au Parti Socialiste. On peut donc avoir des doutes, au moins des doutes, quant à la sincérité politique de Cahuzac.
Et que dire des militants socialistes de Villeneuve-sur-Lot, ceux qui distribuaient des tracts sur les marchés en faveur de Cahuzac, sinon qu’ils furent et sont les cocus de cette duplicité politique ?

3. Où l’on découvre que le conseiller politique de Marine Le Pen organisa la fuite fiscale de... Jérôme Cahuzac...
« Tous pourris », laisse entendre Jean-Luc Mélenchon. Et nous tous, médiateurs à la fois convenables et par définition modérés, de condamner cette hasardeuse — et dangereuse — généralisation. Mais en l’occurrence, dans le cas précis, au cours de la semaine qui vient de s’écouler, comment désavouer sans aucune gêne le chef du Front de gauche ? Car tout de même...

C’est le même personnage, un ex du GUD qui, aujourd’hui, influe sur Marine Le Pen et, hier, ouvrit le compte suisse de Jérôme Cahuzac. Rien à voir ? Deux « activités » différentes ? Mais dans l’esprit des Français — et pourquoi leur donner tort ? — c’est le même monde financiaro-politique dont il s’agit allant de l’extrême droite à la social-democratie, c’est la défense des  mêmes intérêts par des individus interchangeables qui est en cause — on sait que les Le Pen eux aussi ont disposé de fonds (abondants) en Suisse. Et les citoyens, apprenant tout ça, n’auraient pas la nausée ?

Dans leur for intérieur, ils désavoueraient forcément Mélenchon, même ceux qui ne votent pas en sa faveur ? Que les tenants du cercle de la raison continuent de se rassurer entre eux en espérant que « ça passe »...

4. Où l’on découvre que CNN en fait des tonnes sur l’affaire... Augier.
Patientant dans un aéroport ce week-end, je regardais en boucle CNN, la grande chaine américaine d’infos en continu. Sujet d’ouverture des principaux JT ? Jean-Jacques Augier, trésorier de la campagne présidentielle de Francois Hollande, exerce des activités off-shore aux Îles Caïmans.

Pour les journalistes de CNN, aucun doute : voici les germes d’un scandale politique. Non pas que les pratiques d’Augier soient illégales, expliquent-ils ; elles ont toutes les formes de la légalité ; non pas que Hollande soit soupçonné d’avoir tiré quelque bénéfice que ce soit de ces montages, précisent-ils ; nul ne met en doute sa scrupuleuse honnêteté personnelle.

L’interrogation de nos confrères américains porte sur un autre point, crucial dans leur esprit : comment le président français, alors candidat, a-t-il pu être aussi imprudent, ne pas davantage se renseigner sur le business de son ami Augier alors qu’il s’apprêtait à lui confier une mission aussi importante ?

Négligence ? Naïveté ? Manque de professionnalisme ? Francois Hollande sait pertinemment que les Français, dans leur immense majorité, se posent les mêmes questions que les journalistes de CNN. Ça ne devrait pas le rassurer...

5. Où l’on découvre que le député UDI Jean-Christophe Lagarde aurait mieux fait de ne pas intervenir à l’Assemblée Nationale...
Non sans talent, il fut impitoyable envers le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et le ministre de l’Économie et des Finances, Pierre Moscovici. Porte-parole de l’opposition, le député de Drancy (Seine-Saint-Denis) fut plus allant et habile que les UMP Bernard Accoyer et Christian Jacob. Las...

Quelques heures après, ses administrés apprenaient qu’il était empêtré dans une affaire de fonds publics à l’utilisation contestée et contestable, que Lagarde, bientôt, a rendez-vous au tribunal, bref qu’il aurait mieux fait de passer son tour au Palais Bourbon.

Arrêtons-la l’énumération de cette série hebdomadaire de déconvenues politiques, républicaines et démocratiques. Elles donnent mal à la tête.

Ça ira mieux demain ? Rien n’est moins sûr.
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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 12:57

 

 

Rue89 - En images 08/04/2013 à 13h35

 Renée Greusard | Journaliste Rue89

 

La photo est devenue virale sur les réseaux sociaux. On y voit Wilfred de Bruijn, le visage tuméfié, rouge de sang et des coups qu’il a reçus dans la nuit de samedi à dimanche, dans un quartier populaire de Paris. Il a accompagné cette photo d’un mot d’explication :

« Désolé de vous montrer ça. C’est le visage de l’homophobie. La nuit dernière, dans le XIXe arrondissement à Paris, Olivier et moi nous sommes fait violemment agresser, simplement parce que nous marchions bras dessus, bras dessous.

Je me suis réveillé dans une ambulance couvert de sang. Une dent me manquait et j’avais des os cassés autour des yeux. Je suis à la maison maintenant. C’est très triste. Olivier prend soin de moi. J’ai un arrêt de travail pour au moins dix jours. »


La photo et le texte diffusés par Wilfred de Bruijn, sur Facebook, en avril 2013 (DR)

Au téléphone, Wilfred raconte avec un sourire élégant dans la voix qu’il boit désormais avec une paille. Il ne se souvient de rien. Olivier, si :

« On sortait d’un dîner arrosé avec des amis.On marchait bras dessus, bras dessous vers le métro Ourcq. Pas de “façon homo”. On avait passé une très bonne soirée, on en parlait. Un peu fort peut-être. Là, j’ai entendu : “Ah des homosexuels !” Je me suis pris un premier coup dans les yeux. Je me suis protégé, mais en tout, je me suis pris six coups.

[...] Ça a été une déferlante de haine. Très violente. J’ai vu mon compagnon à terre, sa tête était devenu un ballon de football, j’ai hurlé “Dégagez !”, ils sont partis en courant. »

Puis les ambulances arrivent, puis les policiers. Ils expliquent au couple qu’à une heure aussi tardive, « il vaut mieux prendre un taxi ». Ce qui a beaucoup énervé Olivier.

Ils ont hésité à poster cette image sur Facebook, mais Wilfred explique :

« On est rentrés des urgences vers 10h30. On s’est tout de suite pris en photo. On a douté, parce que ce n’est pas de très bon goût, mais c’était un moyen de prévenir nos amis. »

« On montre ça “in your face” »

Ils ne cachent pas que pour eux, cette photo est surtout un geste politique. Wilfred a milité pendant longtemps au centre LGBT, et Olivier avait monté une association de lutte contre l’homophobie dans son école ce commerce. Wilfred dit :

« C’est un acte politique. On montre ça “in your face” [au grand jour, ndlr]. »

Avant de développer :

« Si c’est un fait divers banal, il s’inscrit dans un contexte. Je suis hollandais. Je vis en France depuis 2003 et je suis très choqué de ce que je vois depuis cet été, avec le débat sur le mariage pour tous. Des responsables religieux, politiques, ont tenu des propos extrêmement violents. »

Un propos qu’il tient de suite à nuancer :

« Il faut toujours être prudent. Nos agresseurs n’ont peut être pas été au courant des ces propos et chacun est responsable de ses actes. »

« Dès qu’on baisse un peu la garde... »

Tous les deux expliquent que normalement, ils font attention. Dans la rue, il ne se tiennent que très rarement le bras comme ça, la main presque jamais.

« On se conditionne. Et dès qu’on baisse un peu la garde, voilà ce qui arrive. »

Olivier et Wilfred vont porter plainte, mais ils aimeraient d’abord voir avec l’association SOS Homophobie s’ils peuvent récupérer des vidéos. Leur agression a eu lieu près d’un magasin de voitures. Ils aimeraient avec l’association récupérer des bandes s’il en existe, puis porter plainte.

« Sinon, ce sera une plainte contre X. »

D’autant que ni Wilfred, ni Olivier n’ont pu voir le visage de leurs agresseurs.

Le 10 avril, une manifestation contre l’homophobie aura lieu à Paris, à 20 heures dans Le Marais (IIIe et IVe arrondissements). Début 2013, les associations Le Refuge et SOS Homophobie disaient avoir reçu trois fois plus de témoignages de victimes d’homophobie en 2012 qu’en 2011.

Sur son blog, Jean-Christophe Cambadélis, député de Paris, s’est dit horrifié de ce fait divers et l’a lié à l’action contre le centre LGBT du mouvement du « Printemps français » :

« Je suis absolument horrifié [...] Je condamne cette agression homophobe qui fait suite à plusieurs exactions intervenues ce week-end notamment au “ Printemps des assoces ” organisé par l’inter LGBT. Je demande à ce que toute la lumière soit faite sur ces actes inqualifiables. »

 

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7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 18:18

 

 

Médiapart

Lire aussi

« Circulez, il n'y a rien à voir. » Tel est le ton de la réponse du ministère de l'intérieur au rapport du Défenseur des droits Dominique Baudis qui dénonçait en novembre 2012 un véritable harcèlement policier des migrants transitant dans la région de Calais (Pas-de-Calais).

À la suite de ce rapport, le ministère a confié une étude à l'IGPN (inspection générale de la police nationale) sur « les relations police-population dans le Calaisis ». Celle-ci n'est pas jointe à la lettre du ministère, mais paraît ne pas avoir corroboré les abus policiers décrits par le Défenseur des droits. Dans sa réponse du 6 mars 2013, Thierry Lataste, le directeur de cabinet de Manuel Valls, juge en effet « non vérifiables » et « anciens » ces faits révélés par le Défenseur des droits. « Les faits annoncés dans votre décision reposent essentiellement sur des déclarations de responsables d’associations rapportant des propos non vérifiables et concernant des faits anciens qu’aucun élément objectif ne peut soutenir aujourd’hui », balaie le haut fonctionnaire.

Paradoxalement, après avoir écarté ces faits, le directeur de cabinet affirme que le ministère de l'intérieur était de toutes façons au courant de plusieurs d'entre eux depuis « plusieurs mois ». Et les avait à l'époque pris suffisamment au sérieux pour mener des enquêtes internes. Mais, selon Thierry Lataste, celles-ci n’avaient établi aucun « manquement aux règles disciplinaires et déontologiques » de la police et n'avaient donné lieu à aucune poursuite judiciaire. Pour preuve de la bonne foi du ministère de l'intérieur et de sa sévérité, le directeur de cabinet cite le cas d'un CRS sanctionné d’une exclusion temporaire (dont la durée n'est pas précisée) pour avoir en juin 2010 endommagé la caméra d’une militante lors de l’évacuation d’une usine désaffectée.

Le rapport dénonçait des expulsions de squat ou de campement « hors de tout cadre juridique » avec destruction des affaires personnelles des migrants en leur absence. Le ministère de l'intérieur dément : « Les expulsions sont réalisées dans un cadre juridique précis (réquisition, arrêté préfectoral, flagrance). Toutes les procédures ont d'ailleurs été validées par les juridictions, même en appel. »

Même déni concernant les contrôles d'identité et interpellations à répétition des migrants, qui plus est à proximité des lieux de distribution ou du point d’accès aux soins de santé. Le Défenseur avait ainsi fait état d'une interpellation par la PAF, dans la nuit du 9 au 10 janvier 2011, de plusieurs personnes conduites au commissariat de Coquelles, à sept kilomètres de Calais« Après un passage négatif au fichier des personnes recherchées et au fichier national des étrangers, elles ont été remises en liberté, relate le Défenseur des droitsAlors qu’elles regagnaient leur campement à pied, elles ont de nouveau été arrêtées et conduites au commissariat de Coquelles. »

« Les contrôles d’identité ne sont pas destinés à harceler les migrants », répond le ministère de l'intérieur. C'est le comportement des migrants qui est incriminé : « Ces derniers se déplacent beaucoup au cours d'une même journée et peuvent donc être l'objet de plusieurs contrôles par différentes forces de police. » Le directeur de cabinet affirme également que les contrôles à proximité des lieux de repas n'existent plus depuis 2010. La situation décrite ne serait « donc plus d'actualité ».

Et de conclure que le ministère de l'intérieur est « très attentif à la qualité des relations entre les forces de l'ordre et la population, et ce quelle que soit la situation des personnes concernées » mais qu'il est « également soucieux de lutter contre l'immigration irrégulière avec efficacité et humanisme ». Manifestement, le ministère de l'intérieur et le Défenseur des droits n'ont pas exactement la même conception de cet « humanisme ».

 

 

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7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 17:47

 

http://www.zintv.org/Eric-Toussaint-a-Tunis-Il-faut

 

 

Nous sommes face à un moment historique ! La coalition de partis tunisiens de l’opposition de gauche laïque, le Front populaire (qui regroupe 11 formations politiques), a organisé ces 23 et 24 mars 2013 une rencontre avec des représentants des partis politiques progressistes de la région méditerranéenne afin de réclamer conjointement une annulation des dettes odieuses et illégitimes des États du sud et du nord de la Méditerranée. Cette rencontre s’est déroulée sous la forme de deux demi-journées de travail qui ont débouché sur une déclaration finale. Le tout a été suivi d’une grande conférence publique réunissant 1000 participants et l’ensemble des forces de gauche présentes à la rencontre autour d’un combat désormais commun [1].

Voici un compte rendu de l’intervention d’Éric Toussaint à la rencontre méditerranéenne contre la dette, les politiques d’austérité et la domination étrangère, pour une Méditerranée libre, démocratique, sociale, solidaire, féministe et respectueuse de l’environnement.

Éric Toussaint, président du CADTM Belgique, a souligné que l’alliance politique qui est en train de naître s’inscrit dans la poursuite du combat entamé par Thomas Sankara, président du Burkina Faso, assassiné le 15 octobre 1987, après qu’il a appelé les peuples d’Afrique et du monde à s’unir dans le combat pour le non paiement de la dette illégitime. Le mouvement naissant prolonge aussi le combat entrepris par tous les martyrs du printemps arabe et par Chokry Belaïd, porte parole du Front populaire tunisien, assassiné le 6 février 2013. Sans oublier Ahmed Ben Bella, premier président de l’Algérie indépendante décédé en avril 2012 [2], qui, à la fin de sa vie, avait fait de la lutte pour l’annulation de la dette illégitime un de ses combats prioritaires.

Les organisations politiques réunies à Tunis à l’invitation du Front populaire sont confrontées à un enjeu de taille. Trop souvent, des partis de gauche se limitent à une dénonciation radicale de la dette au niveau rhétorique sans en faire réellement une de leurs priorités pour le travail quotidien en direction des citoyens et des citoyennes. Certains d’entre eux, une fois proches du pouvoir ou au gouvernement, abandonnent leur promesse de mettre fin à la dette illégitime et finissent par s’accommoder de son remboursement.

Éric Toussaint a énoncé la définition initiale de la dette odieuse, contractée par un régime dictatorial tel que le régime de Ben Ali. Selon le droit international, à la chute d’un tel régime dictatorial, cette part odieuse de la dette est nulle et ne doit donc en aucun cas être remboursée. Certes, il faut souvent se battre pour que le droit international soit pleinement respecté. Dans ce but, seule une forte mobilisation populaire peut convaincre un gouvernement de recourir à un acte de suspension et de répudiation de la dette odieuse. Il est donc fondamental de constituer un rapport de force favorable pour affronter les créanciers.

Au niveau de droit international, une dette odieuse correspond aujourd’hui à 3 critères [3] : l’absence de consentement de la population de l’État endetté ; l’absence de bénéfices pour la population de cet État endetté ; les créanciers savaient que les prêts qu’ils octroyaient ne servaient pas les intérêts de la population et n’avaient pas fait l’objet d’une approbation populaire.

Les dettes de pays comme la Grèce, le Portugal et l’Irlande à l’égard de la Troïka (Banque centrale européenne, Commission européenne, FMI) doivent être dénoncées parce qu’elles correspondent aux trois critères mentionnés plus haut : 1. les populations des pays concernés n’ont pas donné leur accord et nombre de gouvernements élus sur un programme anti-austérité finissent par se plier aux volontés de la Troïka une fois au pouvoir ; 2. ces dettes ne bénéficient pas aux populations, au contraire elles sont liées à des violations de leurs droits économiques, sociaux, civils et politiques (réduction des budgets sociaux et des salaires, licenciements massifs, dégradation de l’accès à la santé et à l’éducation, annulations de conventions collectives, non respect de la volonté des électeurs, soumission du pouvoir législatif au pouvoir exécutif…) ; 3. les créanciers, dont la Troïka et les banquiers, savent parfaitement que les crédits qu’ils octroient ne servent pas les intérêts des populations puisque ces crédits sont accordés afin de rembourser la dette et en échange de plans d’austérité drastiques. C’est la Troïka elle-même qui impose ces violations des droits humains et qui dicte ses conditions aux gouvernements et aux parlements des États endettés.

De leur côté, depuis 2011, les gouvernements qui ont succédé aux dictatures de Ben Ali et de Moubarak ont eux aussi contracté des dettes qui ne servent nullement les intérêts de la population, mais bien ceux des créanciers. Ces gouvernements endettent leur pays pour rembourser les dettes odieuses des dictatures et pour mener des politiques qui augmentent la vulnérabilité de leur pays. Ces dettes sont donc illégitimes.

La Tunisie, tout comme l’Égypte, négocie actuellement un emprunt auprès du FMI [4]. Il n’y a aucune issue possible avec une telle démarche. Mais si ces prêts sont octroyés, ils seront illégitimes pour au moins deux raisons : ils serviront au paiement des anciennes dettes odieuses et ils sont liés à la poursuite de politiques contraires aux intérêts des populations.

D’autres éléments entrent en considération pour déterminer le caractère illégitime de la dette. D’une part, elles peuvent être des conséquences de politiques fiscales injustes. Concrètement, les États octroient des avantages fiscaux aux grandes entreprises (nationales ou étrangères) et aux ménages les plus fortunés, ce qui a pour effet de diminuer les recettes d’impôts et de creuser le déficit. Cela entraîne donc une augmentation de la dette publique car les États doivent recourir à l’emprunt pour financer leur budget. Des dettes contractées dans ces conditions sont marquées d’illégitimité car elles sont injustes socialement. D’autre part, elles peuvent provenir du sauvetage des banques. Depuis 2007, les gouvernements des États des pays les plus industrialisés viennent au secours des banques privées responsables de la crise en leur apportant des milliards d’euros sous forme d’injection de capital ou de garanties diverses [5]. Les dettes contractées pour financer ces sauvetages sont également illégitimes.

Les créanciers et les gouvernements affirment qu’il faut toujours rembourser ses dettes sans questionner leur origine, bien qu’elles soient illégitimes, et ils utilisent l’argument de la recherche de l’équilibre budgétaire pour imposer des politiques antisociales d’austérité. C’est dans ce contexte, qu’une partie croissante de la population des pays méditerranéens (et au-delà) rejette le remboursement de la dette illégitime. Dans certains de ces pays (Tunisie, Espagne, Portugal, Grèce, France, etc.), des audits citoyens sont mis en place afin de déterminer la part illégitime des dettes publiques contractées par les États. Ils cherchent à déterminer comment, pourquoi, par qui la dette a été contractée et si elle a réellement servi les intérêts de la population. Ces comités d’audit citoyen visent à convaincre le plus largement possible de la nécessité d’annuler la dette illégitime.

Désobéir face aux créanciers

Il est possible et nécessaire de désobéir aux institutions financières internationales et à la Troïka, de refuser les diktats des créanciers privés afin de retrouver une marge de manœuvre pour améliorer la situation des pays et de leur population. La fermeté paie ! Plusieurs exemples concrets de pays qui ont osé défier leurs créanciers le démontrent.

L’Argentine et la suspension du remboursement de la dette

Ainsi, l’Argentine, après trois années de récession économique (1999-2001) et dans le contexte d’une rébellion populaire massive qui a fait tomber le président De La Rua, a décidé de suspendre, fin décembre 2001, le paiement d’une grande partie de sa dette extérieure publique pour un montant d’environ 90 milliards de dollars. Une partie des sommes dégagées ont été réinvesties dans les secteurs sociaux, notamment dans des indemnités versées aux chômeurs organisés dans le mouvement des piqueteros. Certains affirment qu’en réalité la récupération économique de l’Argentine à partir de 2003-2004 est uniquement due à l’augmentation du prix de ses produits d’exportation (soja, minerais…). C’est faux car si l’Argentine n’avait pas suspendu le paiement de sa dette à partir de fin 2001, les recettes publiques générées par les exportations auraient été englouties par le remboursement de la dette. Le gouvernement n’aurait pas eu le moyen de relancer l’activité économique. Par ailleurs, grâce à la suspension de paiement des 90 milliards de dettes commerciales qui a duré jusqu’à mars 2005, l’Argentine a pu imposer à ses créanciers une réduction de la moitié de ce montant. Le CADTM ainsi que de nombreux mouvements sociaux et partis de la gauche argentine proposaient à l’époque d’aller plus loin vers l’annulation totale de la dette illégitime, non seulement à l’égard des créanciers privés mais également envers le FMI et d’autres créanciers publics. Le gouvernement argentin a refusé de suivre cette voie. Il est important d’ajouter que l’Argentine est en suspension totale de paiement de sa dette de 6,5 milliards de dollars envers le Club de Paris depuis 2001. On peut donc constater que depuis 12 ans déjà, ce pays tient tête au Club de Paris. Malgré les 44 procès devant la Banque mondiale auxquels l’Argentine doit faire face et malgré les menaces récentes de se faire expulser du FMI, Buenos Aires s’en tire. Depuis 2001, l’Argentine n’emprunte plus sur les marchés financiers et pourtant le pays continue de fonctionner ! Il est important de ne pas se méprendre sur l’expérience argentine, il faut éviter d’en faire un modèle, il est nécessaire d’adopter un point de vue clairement critique. Le gouvernement argentin a œuvré pour maintenir le pays dans un cadre capitaliste, aucune réforme structurelle n’a été entreprise, la croissance économique argentine est largement fondée sur l’exportation de produits primaires (soja transgénique de surcroît, et minerais). Il s’agit d’un modèle extractiviste-exportateur. Néanmoins, ce que l’Argentine a fait démontre qu’on peut parfaitement désobéir aux créanciers. Sous d’autres cieux, un authentique gouvernement de gauche pourrait s’appuyer sur ce précédent pour aller beaucoup plus loin.

Équateur : audit et suspension

Autre exemple : l’Équateur. Sept mois après avoir été élu, le président équatorien Rafael Correa a décidé en juillet 2007 de faire procéder à un audit de la dette du pays, et des conditions dans lesquelles celle-ci s’était constituée. À cette fin, une commission d’audit de la dette composée de 18 experts, dont le CADTM faisait partie, a été mise en place à partir de juillet 2007. Après 14 mois de travail, un rapport a été remis. Il montrait notamment que de nombreux prêts avaient été accordés en violation des règles élémentaires. En novembre 2008, le nouveau pouvoir, prenant appui sur ce rapport, a décidé de suspendre le remboursement de la dette constituée de titres de la dette venant à échéance les uns en 2012, les autres en 2030. Finalement, le gouvernement de ce petit pays est sorti vainqueur d’une épreuve de force avec les banquiers nord-américains détenteurs des titres de la dette équatorienne. Il a racheté pour moins de 1 milliard de dollars des titres valant 3,2 milliards de dollars. Le trésor public équatorien a ainsi économisé environ 2,2 milliards de dollars de stock de dette auxquels il faut ajouter les 200 millions de dollars d’intérêts par an pour la période 2008-2030. Cela a permis de dégager de nouveaux moyens financiers permettant au gouvernement d’augmenter les dépenses sociales dans la santé, l’éducation, l’aide sociale et dans le développement d’infrastructures de communication. Il a également intégré dans sa constitution l’interdiction de transformer des dettes privées en dettes publiques et l’interdiction de contracter des dettes illégitimes [6]. Il faut ajouter que l’Équateur ne reconnaît plus la compétence du tribunal de la Banque mondiale. Il a refusé de signer un traité de libre échange avec l’Union européenne et avec les États-Unis. Le président équatorien a annoncé son intention de lancer un audit sur les traités bilatéraux d’investissement. Enfin, les autorités de Quito ont mis fin à la présence de l’armée des États-Unis sur le territoire équatorien.

Dans le cas de l’Équateur, il faut également se garder d’ériger en modèle l’expérience en cours. Un regard critique est indispensable. Il n’en demeure pas moins que l’expérience équatorienne en terme d’audit et de suspension unilatérale du remboursement de la dette démontre qu’il est parfaitement possible de désobéir aux créanciers et d’en tirer avantage pour améliorer les dépenses publiques dans des domaines comme l’éducation et la santé publique.

L’Islande : le refus de payer la dette réclamée par le Royaume-Uni et les Pays-Bas

Enfin, suite à l’effondrement du système bancaire en 2008, l’Islande a refusé d’indemniser les ressortissants des Pays-Bas et du Royaume-Uni qui avaient placé des fonds dans des filiales de banques islandaises privées qui venaient de s’effondrer, pour un total de 3,9 milliards d’euros. Les autorités britanniques et hollandaises ont alors indemnisé leurs ressortissants et ont exigé de l’Islande qu’elle les rembourse. Sous la pression populaire (manifestations, occupations de places, référendums), les autorités de Reykjavik ont refusé. Cela a eu pour conséquence l’inscription de l’Islande sur la liste des organisations terroristes, le gel des avoirs islandais au Royaume-Uni et le dépôt d’une plainte de Londres et de La Haye contre Reykjavik auprès de la Cour de l’Association européenne de libre échange (AELE) [7]. Par ailleurs, l’Islande a bloqué totalement les sorties de capitaux du pays. Finalement elle s’en tire beaucoup mieux que d’autres pays d’Europe qui ont accepté les exigences des créanciers. Ici encore évitons de faire de l’Islande un modèle mais tirons des enseignements de son expérience.

Ces exemples nous démontrent que désobéir aux créanciers n’est pas une catastrophe et n’entraîne en aucun cas l’effondrement du pays.

Soulignons également que ces expériences ont été précédées ou réalisées dans un contexte de mobilisations populaires faisant pression sur le gouvernement. D’où l’importance, comme l’a rappelé Éric Toussaint, de toucher l’ensemble de la population au travers des moyens de vulgarisation de cette question parfois complexe. Le travail d’audit est donc un vrai travail de prise de conscience. Il s’agit de rendre visible l’illégitimité de la dette auprès de la majorité de la population.

En conclusion de cet atelier, Éric Toussaint a répété que les exemples cités ne sont pas des modèles politiques à suivre, mais que ce sont des expériences dont il est tout à fait pertinent de tirer des leçons politiques importantes !

Source : http://cadtm.org/Eric-Toussaint-a-Tunis-Il-faut

[1] Voir Pauline Imbach, « Tunis : Un front commun d’organisations politiques contre la dette est né », http://cadtm.org/Tunis-Un-front-commun-d,8959, publié le 25 mars 2013.

[2] Voir Éric Toussaint « En souvenir d’Ahmed Ben Bella, 1er président de l’Algérie indépendante, décédé le 11 avril 2012 à l’âge de 96 ans », http://cadtm.org/En-souvenir-d-Ahmed-Ben-Bella-1er, publié le 12 avril 2012.

[3] Voir notamment CADTM, http://cadtm.org/Droits-devant, et en particulier Stéphanie Jacquemont, « Que retenir du rapport de l’expert de l’ONU sur la dette et les droits humains ? », http://cadtm.org/Que-retenir-du-rapport-de-l-expert , publié le 25 janvier 2013.

[4] http://www.imf.org/external/french/...

[5] Voir Damien Millet, Daniel Munevar et Eric Toussaint, Les Chiffres de la dette 2012, Tableau 28 / Le coût des sauvetages bancaires en Europe, dette émise jusque 2011, en Mds d’euros, http://fr.scribd.com/doc/111894681/chiffresdeladette-2012

[6] Voir Eric Toussaint, « La Constitution équatorienne : un modèle en matière d’endettement public », http://cadtm.org/La-constitution-equatorienne-un , publié le 27 décembre 2010.

[7] La Cour de l’Association européenne de libre échange (AELE), qui n’a pourtant rien d’une association altermondialiste, a donné raison à l’Islande il y a deux mois. Voir CADTM, « Le tribunal de l’AELE rejette les réclamations « Icesave » contre l’Islande et ses habitants », http://cadtm.org/Le-tribunal-de-l-AELE-rejette-les, publié le 29 janvier 2013.

 

 


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7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 16:43

 

Le Monde.fr avec AFP | 06.04.2013 à 22h38 • Mis à jour le 07.04.2013 à 13h33

 


Lee Halpin, 26 ans, avait décidé de passer une semaine dans la rue, pour se mettre dans la peau d'un sans-abri. Il a été retrouvé mort mercredi.

La police britannique a indiqué samedi 6 avril enquêter sur la mort d'un jeune documentariste retrouvé sans vie dans la rue à Newcastle (nord de l'Angleterre), alors qu'il réalisait un projet télévisé sur les sans-abri.

Lee Halpin, 26 ans, avait décidé de passer une semaine dans la rue, pour se mettre dans la peau d'un sans-abri. Il a été retrouvé mort mercredi dans un bâtiment à l'abandon, trois jours après avoir commencé son projet. La police a annoncé avoir interpellé, dans le cadre de cette enquête, deux hommes âgés de 26 et 30 ans, soupçonnés de vendre des drogues disponibles sur ordonnance.

Un ami de Lee Halpin, Daniel Lake, a lui avancé, dans la presse locale, la possibilité que le jeune homme soit décédé d'hypothermie, les nuits ayant été glaciales cette semaine au Royaume-Uni. Dans une vidéo postée sur le site YouTube à la veille de se lancer dans son projet, Lee Halpin annonçait : "Je m'apprête à dormir dehors pendant une semaine, à faire la manche pour me nourrir et à utiliser les services auxquels ont recours les sans-abri".

 

 

Lee Halpin expliquait vouloir faire un documentaire qu'il comptait présenter à la chaîne de télévision britannique Channel 4. "Nous sommes attristés par la mort tragique de ce jeune journaliste en herbe. Nos pensées vont à sa famille", a réagi un porte-parole de Channel 4.

 

Reportage : Une journée dans la vie d'Eric, SDF à Paris

 

 

 

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7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 16:20

 

 

LE MONDE | 06.04.2013 à 10h20 • Mis à jour le 07.04.2013 à 17h39

 

 

Par Agathe Duparc

 

 

 

Le 22 mars, la justice genevoise a perquisitionné les locaux Reyl & Cie.

Genève, Correspondance

C'est l'histoire d'une petite société financière fondée par des Français en 1973 à Genève, et qui, grossissant au fil des années pour devenir un "groupe bancaire indépendant", se retrouve au cœur du scandale Cahuzac et sans doute d'autres à venir.

Le 22 mars, la justice genevoise a perquisitionné les locaux de la banque Reyl & Cie, installée rue du Rhône, l'artère chic de Genève. Jusqu'ici, la maison menait ses affaires dans la plus grande discrétion, et prospérait : ses fonds sous gestion ont été multipliés par sept depuis 2006, à aujourd'hui 7,3 milliards de francs suisses (6 milliards d'euros). Et le secret a volé en éclat.

Car si la documentation bancaire saisie ne concerne pour l'instant que le compte de Jérôme Cahuzac, la boîte de Pandore est ouverte. Plusieurs sources indiquent que Reyl & Cie, dotée d'une licence bancaire depuis novembre2010, est l'"officine" à laquelle des dizaines de "VIP" français – hommes politiques de droite comme de gauche, grands industriels et entrepreneurs – se sont durant des décennies adressés, en toute confiance.

Pour le fondateur, Dominique Reyl, 75 ans, un Français diplômé d'HEC qui dispose d'un large carnet d'adresses dans l'Hexagone, et son fils François, qui a pris le relais en 2002, les dégâts d'image sont déjà considérables. Selon une source proche de l'enquête Cahuzac, le juge Renaud Van Ruymbeke n'hésitera pas à adresser "des demandes complémentaires" aux Suisses s'il dispose de nouveaux éléments concernant d'autres fraudeurs.

 

TRANSHUMANCE DES COMPTES "PROBLÉMATIQUES"

Dans ce contexte explosif, les documents obtenus par Le Monde et le consortium ICIJ, dans le cadre de l'opération "OffshoreLeaks", enfoncent encore plus le clou. Ils permettent de retracer la manière dont la banque a mis en place des parades pour protéger ses clients non déclarés. Ceci alors que le secret bancaire helvétique s'amenuisait de jour en jour, à la suite du scandale UBS aux Etats-Unis et des pressions des pays du G20 pour que la Suisse abandonne le secret bancaire en matière d'évasion fiscale.

Ces documents montrent aussi comment Reyl & Cie a organisé la transhumance hâtive des comptes "problématiques" à Singapour, dont celui de M.Cahuzac, déposé là-bas dans la filiale de la banque privée suisse Julius Baer.

Si aucun nom ne figure sur ces données pour l'instant, on y apprend que, entre septembre 2008 et mars 2009, Reyl a créé six sociétés aux Seychelles. Ces entités (Wind Charm Corporation, Fame Eagle Corporation, Oceania City International Inc., Sunny Ridge Group Limided, Jade Green Investments Limited, Moonlite Overseas LTD), qui masquaient des comptes, étaient détenues via des actions au porteur, un dispositif dénoncé par l'OCDE qui empêche toute identification de leur ayant droit économique. Interrogée sur ces montages offshore, la banque Rey a fait savoir, par sa chargée de communication, qu'"elle ne commente pas l'actualité quand cela part dans tous les sens comme aujourd'hui".

Un expert, familier du fonctionnement de Reyl, a accepté de décrypter ces données sous couvert d'anonymat. Il explique que "ces structures achetées aux Seychelles ont été mises à disposition des clients qui ne souhaitaient pas voir leur compte déménager à Singapour". D'autres sociétés, qui ne figurent pas dans les données informatiques récupérées, auraient également été créées aux îles Vierges britanniques, à Panama et au Costa Rica.

Le but, avec ces sociétés, était aussi de permettre aux clients d'échapper à l'impôt à la source sur les revenus de l'épargne : seuls les comptes nominaux étant concernés, abriter les comptes dans des sociétés permettait d'échapper au fisc.

Pour les clients qui ont accepté de déplacer leur fortune non déclarée en Asie, Reyl a ouvert en mars 2009 une filiale à Singapour (Reyl Singapore PTE LTD), dix jours avant la décision historique de la Suisse d'adopter les standards de l'OCDE en matière d'échange fiscal.

Le 13 mars 2009, Berne acceptait ainsi de lever le secret bancaire en matière d'évasion fiscale, pourvu qu'une autorité fiscale en fasse la demande.

En août 2009, une convention révisée de double imposition était signée avec la France, permettant dès le 1er janvier 2010 ces échanges d'informations. "Une course contre la montre s'est alors déclenchée pour évacuer tout ce qu'on ne pouvait pas garder à Genève. Durant trois mois, toute l'équipe a été mobilisée. François Reyl a fait lui-même le tour des clients non déclarés", raconte l'expert.

N'ayant jusqu'alors aucune présence à Singapour, Reyl a d'abord fait appel à Swiss-Asia Financial Services Limited, une "plate-forme de booking" (un prestataire proposant des adresses et des locaux), dirigée par d'anciens banquiers suisses.

Tous les comptes gênants ont été clôturés à Genève, dans les différentes banques dépositaires de Reyl (dont UBS, Julius Baer et Credit Suisse). Et les ponts avec Reyl ont apparemment été coupés. "Officiellement, c'est Swiss-Asia qui gérait les comptes, mais elle continuait à recevoir des instructions d'investissements de la part de Reyl, sans traces écrites", poursuit l'expert.

En juin 2010, face au nombre important de comptes à transférer, Reyl & Cie a été contrainte de demander une licence de gestion de fonds à Singapour. Les comptes des clients ont alors été reversés dans diverses banques, dont des établissements singapouriens.

Il ressort des documents "OffshoreLeaks" qu'un certain Charles Bok a supervisé l'opération de repli vers la place financière asiatique, alors considérée comme moins perméable aux demandes d'entraide que la Suisse. Selon nos informations, il s'agit d'un gestionnaire de fortune belge, arrivé une année auparavant chez Reyl, avec de nombreux clients belges non déclarés.

Sur son site Internet, Reyl sert un tout autre discours pour expliquer cette ruée vers l'Asie au moment de la levée partielle du secret bancaire suisse. Elle explique que ce développement est essentiellement motivé par le fait de se mettre au service des fortunes asiatiques, et de profiter "de l'essor économique et de la création de richesse dans cette zone". Une explication qui fait sourire l'expert : "La raison principale c'est que Reyl ne pouvait plus garder toutes ces patates chaudes à Genève."


 MALLETTES D'ARGENT "CASH"

Ce grand déballage a de quoi donner des sueurs froides aux clients non déclarés de Reyl. Car la justice ne compte pas s'arrêter en si bon chemin: une demande d'entraide judiciaire a été adressée à Singapour. Et, comme l'a appris Le Monde, un banquier genevois, témoin privilégié entendu à Annecy, le 13 février, par la police judiciaire dans le cadre du dossier Cahuzac, a récemment été contacté par le service national de la douane judiciaire française.

Les douaniers s'intéressent à la manière dont des mallettes d'argent "cash" ont pu être transportées entre la Suisse et la France, dans le cadre d'opérations de compensation. Le banquier a déjà désigné Hervé Dreyfus, le gestionnaire de fortune de M.Cahuzac, demi-frère de Dominique Reyl, et également conseiller patrimonial de Nicolas Sarkozy, dans le rôle de porteur occasionnel de valises.
Il est aussi prêt à évoquer le rôle d'autres apporteurs d'affaires pour le compte de Reyl, dont certains avocats français agissant au nom de prestigieux clients.

Des observateurs s'attendent à ce que de nombreux clients de la filiale de Reyl en France quittent précipitamment le navire.

Par ailleurs, il est apparu que le publicitaire Jacques Séguéla a confié depuis des années la gestion de sa fortune à Dorothée Marty, la présidente de Reyl France. Contacté par Le Monde, M. Séguéla a confirmé cette relation financière, précisant toutefois que son argent était déposé à la Barclays à Paris. Il assure n'avoir jamais eu de compte en Suisse, et avoir "le cœur tranquille".

Agathe Duparc

 

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6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 15:54

 

 

Médiapart - Blog

 

 

L’Assemblée générale de l'ONU a adopté un traité pour limiter le commerce des armes qui convient aux marchands d'armes et aux lobbys des guerres et de l'insécurité.

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L’Assemblée générale des Nations unies vient d'adopter un traité sur le commerce international des armes classiques ou conventionnelles. Certains s'en félicitent, obnubilés par le matraquage des lobbys onusiens et spécialement celui des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, décidés plus que jamais de demeurer les maîtres du monde, grâce au droit de veto dont ils disposent. D'autres, un peu mieux avertis relèvent avec pertinence que ce traité, d'une faisabilité incertaine, ira rejoindre les nombreuses résolutions et recommandations dont on attend l'application depuis des décennies. Sept années de discussion entre diplomates, experts et lobbyistes de tous bords pour conclure sur un accord qui ne condamne ni les producteurs, ni les exportateurs, ni les commerçants de gros et de détail, ni les trafiquants de toutes envergures. Le motif avancé est que ce commerce, formel ou informel, est vital pour l'équipement des forces de l'ordre : équipements, renouvellements, fournitures de munitions et de pièces de rechanges et ce afin que chaque Etat puisse être disposer de forces armées et de sécurité en mesure d'entrer en guerre et de vaincre les bons et les mauvais voisins. La formation et l'équipement des armées maliennes et de la CEDEA en marge de la guerre que mène la France au Mali est une démonstration suffisante sur le monde en état de guerre permanente qui fonde cette démarche.

Dans l'esprit du traité, la décision de fournir des armes est laissée à la sagesse des complexes militaro-industrielles et des Etats dont ils dépendent, pour que ces armes n'aillent pas renforcer la puissance des Etats voyous ou des groupes terroristes. Chaque Etat producteur et exportateur d'armes est appelé à évaluer, en toute souveraineté, les risques que les armes vendues ne serviront pas à contourner un embargo international, commettre un génocide et autres violations graves des droits humains, voire être détournées au profit de terroristes ou de criminels. Là aussi, des exemples sont nombreux quant à la responsabilité sur ce qui s'est passé ou se passent encore en Libye, au Mali ou en Syrie. Enfin, s'il advenait que les Etats contreviennent à cette gouvernance toute morale, ils peuvent toujours incriminés des ''acteurs-non étatiques'', lesquels échappent à l'application des dispositions de ce traité, d'autant qu'il est de notoriété publique que l'essentiel du commerce des armes passe pas pour l'essentiel par des opérateurs privés, protégés par les Etats.

Si on veut un monde de paix et de sécurité il faut criminaliser les Etats responsables de l'état de guerre qui est aujourd'hui un état permanent de guerres en cours ou en préparation. Il faut proscrire la guerre où que ce soit, pour quel motif que ce soit et faite par qui que ce soit. Autrement dit, il n'y a pas de guerres juste, punitives, préventives, de confort, etc....
La condition préalable à s'inscrire dans une vision d'un monde de paix et de sécurité passe par la refondation de l'ONU et de ses constituantes onusiennes, en premier lieu le Conseil de sécurité et son État-major militaire des plus inutiles, une structure aberrante, composée des chefs d'Etats majors des cinq Etats permanents titulaires du fameux veto, mais au-delà cette puissance monstrueuse militaire intergouvernementale autoproclamée  qu'est l'OTAN. Le reste c'est de l’enfumage, du rafistolage, de l'obscurantisme

Visiter le blog ci-aprés pour plus d'informations sur ce traité  http://blog.mondediplo.net/2013-04-05-Les-limites-d-un-traite-sur-les-armes

 

 

 

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