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16 mai 2013 4 16 /05 /mai /2013 16:58

 

 

Rue89 - Le Yéti - voyageur à domicile

Publié le 16/05/2013 à 11h53

 

 

Très bon, très décapant livre-bilan d’un an de hollandisme par Laurent Mauduit de Mediapart : « L’Etrange capitulation » (Editions Jean-Claude Gawsewitch, 20,90 euros). Où l’auteur rapproche les capitulations en séries de l’équipe Hollande, avec « L’Etrange défaite » française de juin 40, sur fond de délitement moral des élites, racontée en son temps par l’historien Marc Bloch.

Même plus de précautions d’usage, de période transitoire pendant laquelle le nouveau pouvoir cherche à donner un petit vernis de changement à ses électeurs. Comme Mitterrand entre 1981 et 1983, ou Jospin en 1997 lors de sa nomination comme Premier ministre. D’entrée, la capitulation sans conditions et sans gloire.

« Le pis est que leurs adversaires y furent pour peu de choses » (Marc Bloch).

Une liste impressionnante de reniements

Tout au long de son livre, Laurent Mauduit dresse une liste impressionnante des reniements du candidat par défaut (de DSK) à la présidentielle, à travers ses nominations de complaisance aux postes principaux de l’Etat et le sacrifice de ses déjà bien pauvres promesses de campagne :

  • le « choc de compétitivité » et ses 20 milliards de cadeaux aux entreprises ;
  • la hausse de la TVA pourtant dénoncé sous l’ère Sarkozy ;
  • l’enterrement de la politique fiscale promise ;
  • la poursuite de l’austérité budgétaire ;
  • la farce cynique de la « régulation financière » ;
  • l’abandon des ouvriers en difficulté de Florange et d’ailleurs...
  • la poursuite des dérives xénophobes à prétextes sécuritaires (la chasse aux Roms)...

Hollande n’a rien d’un « étrange capitulard »

Finalement la seule petite faiblesse du livre tient à son titre. Car le nouveau président n’a rien d’un « étrange capitulard » sorti du diable vauvert. Hollande le reconnaît d’ailleurs presque implicitement dans la réponse lapidaire qu’il fait à l’envoi d’un ouvrage dédicacé par l’auteur :

« Je conteste la capitulation. Rien n’est étrange. »

Car il y a bien longtemps que nos hérauts socialistes ont choisi leur camp et rejoint le monde du « milieu » néolibéral, franchissant les derniers pas qui les conduisent à sa version anglo-saxonne la plus dure, pressés qu’ils sont par les coups de boutoirs de la « Grande perdition ». Une adhésion réfléchie bien plus qu’une capitulation, prévisible bien plus qu’étrange.

La saine recommandation de l’affrontement

Laurent Mauduit démontre brillamment « la duperie » qu’est le double jeu mené par François Hollande, perceptible dès sa double campagne présidentielle.

« Il y a la campagne officielle, celle qui promet des lendemains qui chante, celle qui annonce une véritable rupture avec les années Sarkozy – celle qui respecte en somme la recommandation de Marc Bloch. Et puis, il y a la campagne officieuse, celle dont la grande presse ne rend que très peu compte : une campagne autrement plus prudente, presque conservatrice. »

Il faut être un « électeur utile » pour (faire semblant de) croire encore aux falbalas électoraux qu’une oligarchie régressive prétendument socialiste sert à gogo pour masquer son ralliement de fait au système. Ceux qui en douteraient encore gagneront à lire d’urgence le livre de Laurent Mauduit. Et méditer sur la recommandation de Marc Bloch :

« Il est bon, il est sain que, dans un pays libre, les philosophies sociales contraires s’affrontent. Il est, dans l’état présent de nos sociétés, inévitable que les diverses classes aient des intérêts opposés et prennent conscience de leurs antagonismes. Le malheur de la patrie commence quand la légitimité de ces heurts n’est pas comprise. »

 

 

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16 mai 2013 4 16 /05 /mai /2013 16:12

 

 

LE MONDE  | 16.05.2013 à 10h36 • Mis à jour le 16.05.2013 à 11h18

 

Par Gérard Davet et Fabrice Lhomme

 


Une nouvelle menace judiciaire se profile pour Claude Guéant, suspecté d'avoir favorisé un emploi fictif.

Une nouvelle menace judiciaire se profile pour Claude Guéant, déjà mis en cause dans l'affaire dite des 500 000 euros. Le parquet de Nanterre a ouvert le 10 mai une information judiciaire, contre X, pour "détournement de fonds publics, complicité et recel". Trois juges d'instruction ont été désignés. L'ex-secrétaire général de l'Elysée (2007-2011) sous Nicolas Sarkozy est implicitement visé par la procédure, tout comme Christine Boutin, ministre du logement de 2007 à 2009.

Selon les premières conclusions de l'enquête préliminaire menée par la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), M. Guéant aurait favorisé l'embauche, au cabinet de Mme Boutin, de Philippe Pemezec, maire UMP du Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine), vice-président du conseil général et ex-député. Or, les enquêteurs nourrissent de forts soupçons sur la réalité des services rendus par l'édile, et le soupçonnent d'avoir bénéficié d'un emploi fictif.

Les enquêteurs ont retracé avec soin les circonstances politiques de l'affaire, révélée en 2010 par Le Canard Enchaîné. Le 29 novembre 2007, Philippe Pemezec, vieille relation de Nicolas Sarkozy, voit son élection comme député des Hauts-de-Seine invalidée par le Conseil constitutionnel. M. Pemezec est déclaré inéligible.

 

 PÂLES PLAGIATS

Il perd donc le bénéfice des 5 500 euros mensuels versés à tout député. Il se plaint de sa situation en haut lieu. Dès le 14 février 2008, Philippe Pemezec est embauché par Christine Boutin, alors ministre du logement, en tant que "chargé de mission sur l'accession sociale à la propriété". Il obtient une rémunération de 5 500 euros.

L'élu est censé, chaque mois, rendre un rapport. Les travaux de M. Pemezec n'auraient été, en réalité, que de pâles plagiats de documents déjà existants. Le 30 juin 2010, Benoist Apparu, qui a succédé entre-temps à Mme Boutin, met fin au contrat de l'élu, un an avant le terme prévu.

Interrogés par les enquêteurs, tant Mme Boutin que l'ancien directeur de son cabinet, Jean-Paul Bolufer, ont assuré que l'embauche de M. Pemezec leur avait été imposée par Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Elysée. Ce dernier, qui fut le directeur du cabinet de Nicolas Sarkozy au conseil général des Hauts-de-Seine (2004-2005), connaît bien, effectivement, M. Pemezec. 

"Mon client n'a pas fait pression sur Mme Boutin pour l'obliger à embaucher M. Pemezec, s'insurge Me Jean-Yves Dupeux, l'avocat de M. Guéant. Il l'a bien dirigé vers le ministère du logement, mais en considérant seulement que M. Pemezec avait une réelle connaissance de ce secteur." L'ancien ministre de l'intérieur (2011-1012) a été entendu mi-avril par la BRDE à ce sujet.

Contacté par Le Monde, M. Pemezec a indiqué : "M. Guéant m'a aidé à obtenir ce poste, mais j'ai réellement travaillé au cabinet de Mme Boutin et rédigé des rapports". Mme Boutin n'a pas répondu aux sollicitations du Monde.

Gérard Davet et Fabrice Lhomme

 

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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 14:38

 

Marianne+ - Mercredi 15 Mai 2013 à 15:00

 

Alexandre Coste
Journaliste à Marianne chargé de l'animation de la communauté des Mariannautes En savoir plus sur cet auteur

 

 

SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA
SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

Vous ne le savez peut-être pas, vous qui êtes qualifiés de pirates, de voleurs, vous qui mettez en péril rien de moins que la culture française, vous que Pierre Lescure propose de taxer encore un peu plus, mais vous raquez déjà pour le financement du cinéma français.  

 

Un investissement sans contrepartie,  à l’inverse des sites de financement participatifs tels qu’Ulule qui vous propose des compensations à hauteur de vos investissements, et sur lequel vous n’avez aucun droit de regard, vos biftons servant aussi à produire pléthore de nanars.

 

1) Vous payez la redevance télé, qui finance les organismes publics de télévision et radiodiffusion. La télévision coproduit ensuite de nombreux long-métrages.

 

2) Vous payez la taxe sur la copie privée, appliquée sur tous les supports analogique ou numériques susceptibles de stocker de la musique, de la vidéo, des textes ou des images.

 

3) Vous payez, via l’achat de vos tickets de cinéma, les avances sur recette délivrées par le CNC et qui permettent de financer en partie le secteur.

 

3) Vous payez avec la publicité qu’on vous inflige, que ce soit dans les salles de cinéma, à la télévision ou pendant le visionnage des films au travers de placements de produit.

 

4) Vous payez la taxe télécom, pour compenser la suppression de la publicité en soirée sur les chaînes du groupe France Télévisions.

 

5) Vous payez vos impôts aux collectivités locales (régions, mairies…) qui sont régulièrement sollicitées pour coproduire des films ou des documentaires.

 

6) Vous payez votre cotisation au chômage, qui vient combler le trou de la caisse d’assurance chômage aux intermittents du spectacle. Laquelle est structurellement déficitaire, du fait des abus des boîtes de production.

 

7) Vous payez, à travers vos impôts sur le revenu, pour compenser les avantages fiscaux dont bénéficient les SOFICA : Société pour le financement du cinéma et de l’audiovisuel.

 

Si les propositions du rapport Lescure sont retenues :

 

8) Vous paierez bientôt la taxe sur les appareils connectés, pour compenser le « préjudice liée à la copie privée et « l’externalité positive dont profitent tous les appareils connectés ».

 

De l’art de prendre les spectateurs pour des cochons payants.

 

 

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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 14:21

 

Rue89  - Chez Jean Matouk

 

Un blog sur l’économie, la finance, et quelques autres sujets d’actualité, par Jean Matouk.

 

Economiste

 

Publié le 14/05/2013 à 12h57

 

 

La désindustrialisation de notre pays a été largement commentée et chiffrée. Mais une part de cette désindustrialisation, surtout dans les grands groupes, est due aussi à de tragiques erreurs de management, moins souvent explicitées.

J’en prendrai deux exemples : Alcatel et Technicolor. Pour ceux qui l’ignorent, le premier est l’appendice décharné de la belle Compagnie générale d’électricité, qui avait finalement pris le nom d’Alcatel, le second de Thomson Houston.

                                                                                                                                                                                                                             1 Alcatel et les erreurs « Tchuruk »

 

Alcatel a encore perdu, au premier trimestre 2013, 173 millions d’euro, et « brûlé » 553 millions de trésorerie, ce qui est le véritable indicateur de sa situation.

La CGE a été nationalisée en 1982 et privatisée en 1987. Jusqu’à cette privatisation, le « monopoly » industriel n’a pas été vraiment critiquable. Alsthom, dont la CGE a acquis la majorité en 1969, a plutôt eu un beau parcours, notamment avec le TGV et, à travers CIT Alcatel et autres opérations, le groupe s’est assez bien mis en posture pour le marché des télécommunications qui allait exploser. L’entrée au capital de Framatome (futur Areva), en 1986, était judicieuse face au développement mondial du nucléaire.

Mais les erreurs vont ensuite se multiplier sous la direction de Serge Tchuruk, qui annonçait d’ailleurs la couleur en proposant une « France sans usines » !

Il va vendre 76% d’Alsthom (les autres 24% seront vendus en 2001), puis Cegelec (1998), puis 38% sur 40% , et la totalité en 2001, de Framatome.

Ces ventes, comme celles du câbleur Nexans, ont été des erreurs pour l’entreprise, mais pas trop pour l’économie nationale. L’entreprise de câbles Nexans, par exemple, vendue par mise en Bourse en 2001, est une entreprise française qui figure dans les leaders mondiaux de son secteur.

Par contre l’erreur majeure, pour Alcatel comme pour l’économie française, fut la fusion avec Lucent technologies, entreprise américaine déjà en grosses difficultés, qui entraîna le couple vers l’abîme. L’espoir d’ouvrir par cette fusion, le marché américain des télécoms de l’avenir s’effondra très vite. Enfin, maintenant la spécialisation dans les équipements de téléphonie fixe, Alcatel puis Alcatel-Lucent, passèrent complètement à côté de la téléphonie mobile, secteur qui devait exploser ces dernières années avec les smartphones.

Bref, le dernier appendice de la CGE est mourant, et sa mort ne sera due qu’à une série d’erreurs de gestion depuis 10 ans. Car Alsthom délesté des Chantiers va plutôt bien et Areva ne se porte pas si mal !

Tant qu’à fusionner, Siemens eut été un partenaire plus logique. Sans doute l’opération aurait elle eu l’aspect d’une absorption par Siemens. Mais peut être des sites français eussent été sauvés.

                                                                                                                                                                                                                              2 Thomson et l’abandon d’un secteur très porteur

 

Au départ, Thomson Brandt (1966) est issue elle-même de la fusion entre la vieille compagnie française Thomson Houston (1893) et Hotchkiss-Brandt (1956). Thomson CSF apparaît en 1968, à la suite de la fusion des activités électroniques de Thomson Brandt et de la Compagnie générale de télégraphie sans fil, tandis que Thomson Brandt reste concentrée sur l’électro-ménager, qui, après moult péripétie échouera, pour les petits appareils à SEB, et pour le gros électroménager à l’espagnol Fagor.

Thomson CSF a été nationalisée en 1982, et sera subdivisée en un pôle électronique grand public (Thomson multimédia en 1995) et Thomson CSF elle-même qui se spécialisera dans l’électronique professionnelle, surtout militaire.

C’est durant la gestion Gomez qu’a été abandonnée l’électronique médicale, par cession, en 1987, de la Compagnie générale de radiologie à General Electric en échange de l’activité téléviseurs RCA Music,

Très vite, les résultats montrent que cette dernière entité ne fait pas le poids dans le marché mondial. Pour faire bref, en 1997, Alain Juppé, Premier ministre, était même prêt à la revendre à Daewoo pour un franc… après une recapitalisation de 11 milliards de francs.

Mais finalement, c’est autour de Thomson CSF que l’on créé un pôle électronique de défense et espace avec ce qui reste d’électronique d’Alcatel, les activités électronique de défense de Dassault et les activités satellitaires d’Aerospatiale. Privatisé ensuite, Thomson CSF devient Thales.

Le regroupement était judicieux. La réussite de Thales le prouve. Toutefois, une baisse tendancielle depuis 1990 des dépenses d’armement, que ne peut qu’amplifier la crise budgétaire européenne, grisaille un peu l’avenir.

Par contre l’abandon de CGR fut une erreur majeure pour l’entreprise et pour l’économie nationale. La France dépend entièrement des américains et des allemands pour les appareils médicaux de toutes sortes, particulièrement dans l’imagerie médicale, mais aussi dans la dialyse, les appareils de dentisterie… alors que, du fait du vieillissement, ces marchés s’élargissent sans cesse. Quelques start-up se sont lancées récemment avec succès dans ce secteur, notamment pour les robots médicaux, mais que de chiffre d’affaires et d’emplois perdus !

Ce qui reste de Thosmson Multimedaa, qui deviendra Technicolor en 2010, va alors vivre de 2003 à 2012, une faillite larvée, parce que centrée sur les téléviseurs. Elle a dû vendre une à une toutes ses activités de production matérielle, tant en France qu’aux Etats-Unis (Grass Valey). La dernière usine, d’Angers, reconvertie finalement aux seuls décodeurs, sera fermée en 2012, avec 350 licenciements.

Technicolor est maintenant spécialisée dans la fourniture de solutions et services de production audio-visuelle. En raison de son portefeuille de brevets, le FSI vient de prendre 7,5% du capital, mais ce descendant de Thomson CSF n’a plus aucune activité industrielle.

Notre désindustrialisation n’est donc pas seulement un problème de compétitivité pour les PME ou de gamme pour les grandes entreprises, et de relations sociales pour toutes. Elle trouve aussi sa source dans des choix stratégiques de dirigeants qui n’ont été propulsés à la tête de certains groupes, qu’en raison de leurs études à l’X ou de l’ENA.

Recrutés « sur titre », dans cette nouvelle noblesse d’Etat, ils n’ont pas la connaissance interne des entreprises et ignorent souvent tout de leurs techniques et marchés. Contrairement, d’ailleurs, aux grandes firmes allemandes, hollandaises scandinaves, où les dirigeants sont très souvent issus de l’entreprise.

Et je ne suis pas sûr qu’une autre stratégie menée après Jean Gandois (1988-1994) pour Pechiney n’aurait pas permis de conserver en France plus que les 5000 emplois de Castelium.

Certains de nos dirigeants « sur titre“ont brillamment réussi. Il en va ainsi de Louis Gallois successivement à la SNCF et à EADS ( Airbus), ou encore Jean Louis Beffa à Saint Gobain. Mais les erreurs des autres nous ont coûté cher en emplois.

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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 14:03

 

Rue89 - A la télé

  15/05/2013 à 10h06

 Pascal Riché | Cofondateur Rue89

 

 

Avant de lire cet article, s’il vous plaît, regardez cette émouvante vidéo. C’était il n’y a pas encore cinq ans. Autant dire hier.

 

 

Sarkozy, le 23/09/2008 : « Qui est responsable du désastre ? »

Incroyable non ? Tout le monde s’accordait alors sur la nécessité de mettre au pas une finance devenue folle. Où en est-on aujourd’hui ?

Mercredi soir, sur France 3, pour son 100e numéro, le magazine « Pièces à conviction » diffuse une enquête corrosive sur le sujet, montrant comment les bonnes résolutions prises après la crise financière de 2008 ont été oubliées.

Les banques n’ont cessé de grossir

Le document n’est pas tendre pour la classe politique, droite et gauche confondues. Les images, pas si anciennes, dans lesquelles on voit Nicolas Sarkozy ou François Hollande jurer que l’ère du n’importe quoi financier était révolu, sont cruelles. Et l’enquête des journalistes Laurent Richard et Jean-Baptiste Renaud sur la façon dont le système a assuré sa survie et continue de croître ne l’est pas moins.

Si vous avez aimé le formidable documentaire américain « The Inside Job », de Charles Ferguson, vous apprécierez « Banquiers : ils avaient promis de changer ».

 

 

Laurent Richard et Jean-Baptiste Renaud examinent par exemple ce qu’est devenue la promesse de François Hollande de séparer la banque de dépôt de la banque de marché. Le regroupement de ces deux activités sous le même toit est dangereuse, pour une raison simple à comprendre :

  • une banque de dépôt jouit de la garantie de l’Etat ;
  • la garantie de l’Etat permet un accès à bas prix au crédit ;
  • un accès à bas prix au crédit autorise toutes les pirouettes spéculatives possibles...

Les deux journalistes décortiquent comment le lobby bancaire, avec le soutien d’économistes travaillant pour lui, a fait dérailler le projet. Les activités spéculatives des banques seront simplement filialisées et du fait de leur définition ultrarestrictive, elles représentent une part infime de l’activité des banques : probablement 0,75%, peut-être même moins, de l’aveu même du patron de la Société générale, Frédéric Oudéa, auditionné en janvier dernier par la Commission des finances de l’Assemblée nationale ! (écoutez le son ci-dessous).

Frédéric Oudéa devant la Commission des finances de l’Assemblée nationale

« Pièces à conviction » s’interroge sur le rôle, dans cette affaire, de la Corefris une commission opaque au cœur du système. Elle a aidé à préparer ce projet, alors qu’elle comptait parmi ses membres deux personnalités liées à la BNP (Jean-François Lepetit, administrateur de la banque, et Jacques de Larosière, conseiller pendant plus de dix ans du Président).

Pierre Moscovici, ministre de l’Economie et des Finances, affirme aux deux enquêteurs que la commission a entendu des acteurs de différents horizons, mais la liste des personnes auditionnées n’a pas été rendue publique. J’ai moi-même fait la demande pour obtenir cette liste, le 22 avril, sans succès : personne ne m’a rappelé.

Le lobby bancaire a gagné sur toute la ligne. Pendant ce temps, depuis cinq ans, les banques n’ont cessé de grossir. Le total des actifs de la seule BNP (et non le produit net bancaire, comme le disent par erreur les auteurs de l’enquête) vaut aujourd’hui autant que le PIB de la France, 2 000 milliards d’euros. S’il devait y avoir un problème, l’Etat serait obligé de venir au secours de ces énormes banques : il reste l’otage de la finance.

Ils spéculent sur la mort d’Américains

Autre sujet abordé : la moralisation des activités bancaires. Laurent Richard et Jean-Baptiste Renaud ont choisi d’examiner ce qu’est devenue une des activités les plus immorales qui soit : la spéculation sur la mort.

Aux Etats-Unis, des personnes âgées revendent leur assurance décès, pour se faire un peu d’argent. L’assurance est rachetée par des épargnants ou des fonds d’investissement : si la personne meurt, ils touchent l’argent de l’assurance (voir l’extrait de l’émission ci-dessous).

 

 

 

Le cynisme, sur ce marché, n’a pas de bornes. Ainsi, pour annoncer à un de ses clients la « réalisation du risque » (c’est-à-dire la mort d’une personne), elle écrit :

« Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous informer que la police 7200490 a expiré plus d’un an avant l’échéance pronostiquée ! »


Un spot appelant les vieux à revendre leur assurance décès (Capture d’écran)

 

Qui spécule sur la mort de ces américains ? Surprise : 80% des investisseurs seraient des Européens, et parmi eux, on compte des Français.

Les auteurs de l’enquête ont repéré de tels produits dans les actifs gérés par le Crédit Agricole et BNP-Paribas. Le Crédit Agricole a refusé de s’expliquer. A la suite des questions insistantes des deux journalistes, BNP-Paribas a fait le ménage dans ses portefeuilles...

 

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato

 

 

 

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14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 18:25

 

Rue89 - « Parole contre parole » 14/05/2013 à 19h12

  Sophie Caillat | Journaliste Rue89

 

 

 


Un sauveteur devant les ruines de l’usine à Dacca, le 12 mai 2013 (A.M. Ahad/AP/SIPA)

Aussi incroyable que cela puisse paraître, il est encore impossible, trois semaines après l’effondrement de l’usine, de savoir de quelles marques étaient les vêtements confectionnés dans les ateliers de sous-traitance de l’immeuble du Rana Plaza, dans la banlieue de Dacca, au Bangladesh.

Il a fallu déjà plus de deux semaines pour établir le bilan arrêté à 1 127 victimes, dont de nombreux disparus, qui n’ont pu être enterrés, faute d’avoir pu les identifier en raison de la décomposition des corps.

Déjà, sous la pression de l’opinion publique, certaines grandes marques de prêt-à-porter, telles que H&M, C&A et Zara annoncent qu’elles signent l’accord sur la sécurité des usines textiles au Bangladesh, mettant en lumière la passivité d’autres géants de l’habillement, les Américains Gap et Wal-Mart.

Carrefour, Auchan et Camaïeu concernées

Incendies

Plus de 1 700 travailleurs ont trouvé la mort dans des effondrements ou incendies d’usines au Bangladesh depuis 2005. En 2012, quelque 110 personnes avaient péri dans l’incendie d’un seul bâtiment.

 

Au Cambodge, pas mieux : plus de 2 900 cas d’évanouissements par épuisement ont ainsi été recensés depuis 2011, dont plusieurs centaines dans des usines où H&M se fournit, rapporte le collectif L’éthique sur l’étiquette.

Mais à la question de savoir quelles marques faisaient fabriquer dans ces sinistres ateliers, la réponse est toujours aussi floue.

Trois enseignes françaises sont concernées : Carrefour (marque Tex) et, depuis lundi, Auchan (marque In Extenso) et Camaïeu.

Leurs étiquettes ont été retrouvées dans les décombres, annoncent ONG et associations de travailleurs sur place.

Mais cela n’a pas valeur de preuves pour les donneurs d’ordre.

« Parole contre parole »

« J’ai fouillé dans les décombres de l’accident et ramassé des T-shirts portant des étiquettes Tex », affirme à Rue89 par téléphone le président du Bangladesh Garment & Industrial Workers Federation (BGIWF), Babul Akhter.

Une porte-parole de Carrefour maintient au contraire :

« Les entreprises de l’immeuble ne font pas partie de la liste de nos fournisseurs, on a eu beau cherché, on n’a pas trouvé. »

Camaïeu n’a pas répondu à nos questions, et Auchan assure :

« On est surpris car on a vérifié dès l’accident auprès de nos fournisseurs qu’ils ne travaillaient pas dans cette usine, on va lancer de nouvelles vérifications. »

« C’est parole contre parole », résumé Dorothée Kellou, porte-parole de Peuples Solidaires qui, avec ses partenaires sur place et le réseau Clean Clothes Campaign, a recensé une cinquantaine de marques dans l’usine effondrée :

« Certaines marques ont avoué : Benetton (Italie), Bon Marché (Grande-Bretagne), Cato Fashions (USA), Children’s Place (USA), El Corte Ingles (Espagne), Joe Fresh (Loblaws, Canada), Kik (Allemagne), Mango (Espagne), Matalan (Grande-Bretagne), Primark (Irlande) et Texman (Danemark).

Pour d’autres marques, ce n’est pas clair : des étiquettes de YesZee (Italie) ont été retrouvées sur place et Premier Clothing (Bangladesh) a fourni de l’assistance aux victimes, mais n’a pas dit clairement quelle était sa relation avec les fournisseurs. »

« Qu’ils publient la liste de leurs fournisseurs ! »

Si les étiquettes seules ne sont en effet pas suffisantes, ONG et travailleurs tentent de mettre la main sur des contrats. Dorothée Kellou :

« Des documents des douanes ont ainsi permis de voir que Children’s Place (Etats-Unis) était sur place, alors qu’au départ, ils niaient. Qu’ils publient la liste de leurs fournisseurs s’ils veulent être transparents ! H&M l’a fait... Enfin, pour 95% de ses fournisseurs principaux. »

Benetton a fini par admettre, dans un « tweet » de contrition, qu’un de ses sous-traitants passait contrat occasionnellement avec une entreprise située dans ce bâtiment (après que des chemises étiquetées ont été retrouvées dans les décombres). L’effet serait catastrophique pour Carrefour et Auchan si elles admettaient finalement, preuves à l’appui, qu’elles aussi traitaient avec cette usine.

Une robe au prix d’un cappuccino

Comment faire sortir les donneurs d’ordre de leur dénégation ? Quitterie de Villepin, citoyenne en colère, raconte dans cette émission d’Arrêt sur Images. comment elle interpelle méthodiquement les grandes marques de vêtement, via les réseaux sociaux.

Et peu à peu, les blogueuses mode commencent doucement à éveiller la conscience de leurs lectrices. Comme le dit la blogueuse Suzy Menkes :

« Il faut que quelque chose change dans l’esprit des consommatrices. Qu’on se rende compte qu’il y a quelque chose de pas très moral à ce qu’un maillot de bain ou une robe coûte le prix d’un cappuccino. »

 

 

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14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 18:16

 

Rue89 - Témoignage 14/05/2013 à 12h32

 Mathilde Ramadier | scénariste de bande-dessinée

 

Stage non payé, pas de salaire minimum : expatriée en Allemagne, cette jeune diplômée raconte sa douloureuse expérience du système allemand.

 

 

J’ai 25 ans. Je vis à Berlin depuis la fin de mes études – un master en philosophie obtenu à l’ENS (Ecole normale supérieure) et l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), précédé d’une formation technique de trois ans en graphisme.

 

Making of

C’est en réaction à des articles sur le chômage, les stages et la situation de l’emploi prétendument meilleure en Allemagne que cette jeune française a voulu témoigner sur son expérience du système allemand. « ll faudrait que l’Allemagne cesse d’être un modèle économique parce que le droit du travail est loin d’y être irréprochable », avance-t-elle. Mathilde Ramadier a choisi de signer ce texte de son nom, par engagement. Emilie Brouze

J’ai toujours su que je voulais écrire et travailler avec les images, même si j’ai remis en question mes choix des centaines de fois suite aux embûches rencontrées ces dernières années.

 

J’ai passé mes diplômes tout en accumulant petits boulots (hôtesse d’accueil, vendeuse de journaux, prof de maths, serveuse...) et expériences professionnelles, consciente de la chance d’avoir pu étudier six ans à Paris.

Aujourd’hui, je suis scénariste de bande-dessinée. Après l’obtention de mon master de philo, je me suis installée à Berlin. L’attraction qu’exerce cette ville est justifiée mais ce qui est navrant, c’est que personne ne dit ce qu’il s’y passe vraiment au niveau de l’emploi.

La sécurité sociale à ma charge

Septembre 2011. A Berlin, j’ai commencé par faire quelques heures dans un café. Taux horaire : 6 euros au black. Afin de réveiller mes souvenirs enfouis du lycée, je me suis inscrite à un cours d’allemand intensif, entourée de dizaines d’Espagnols, Italiens, Grecs et Brésiliens – pour la plupart sans travail... Je n’ai pas cherché à fuir la situation de l’emploi en France que je connaissais à peine, j’ai surtout abandonné l’idée de commencer un doctorat de philosophie.

Durant mes années de fac, à Normale Sup et à Paris VIII, tous mes professeurs m’ont pourtant encouragée à poursuivre la recherche. J’avais un sujet de thèse et un directeur prêt à m’encadrer. Mais me lancer dans trois années (minimum) de doctorat à Paris, sans avoir obtenu de bourse et tout en étant serveuse à plein temps, ou graphiste pour des gens qui-ne-paient-pas-les-graphistes, je n’ai pas voulu l’accepter.

La valse des candidatures en allemand commence. Spontanées pour la plupart. A ma grande surprise, j’obtiens une réponse positive à l’une d’entre elles en deux jours. Je suis conviée à un entretien vite expédié. Une grande et belle galerie d’art berlinoise, qui édite une revue de design et organise un festival annuel d’illustration, me propose un poste d’assistante et de graphiste en CDI, pour un salaire de 1 500 euros net, avec une période d’essai d’un mois. On me promet que j’aurai mes matinées libres pour mes cours d’allemand.

Je débute donc, enthousiaste et motivée, passant l’éponge sur le fait que je n’ai en réalité qu’un contrat de freelance d’un mois, pour la dite période d’essai, payée... 400 euros. Un contrat de freelance, cela signifie que l’employeur ne contribue pas aux charges sociales, et que la sécurité sociale revient donc à la charge du travailleur. Celle-ci coûte entre 150 et 600 euros par mois en Allemagne. Quand on est en bonne santé.

Je refuse. Ça déplaît

Dans cette galerie, je me retrouve en fait, pour 400 euros, de 9 heures à 19 heures, à mettre entre autres sur pieds un dossier colossal de plus de cent pages sur le projet de lancement d’un musée du design à Berlin. On me demande d’utiliser ma langue maternelle pour mentir et espionner des galeries concurrentes. Je refuse. Ça déplaît.

On me demande de ne plus aller à mes cours, que j’avais pourtant payés, pour venir faire des heures supplémentaires – appelons ça tout de suite du bénévolat. Je refuse. Ça déplaît.

Tous les autres membres de l’équipe sont stagiaires et se taisent, parce qu’ils sont tributaires d’une bourse pour le retour à l’emploi et qu’ils ne peuvent donc négocier quoi que ce soit. En Allemagne, les entreprises ne sont pas obligées de rémunérer un stage de six mois. Je n’ose rien dire non plus, par crainte de perdre mes misérables 400 euros. Et pour la satisfaction de se dire qu’on est allé jusqu’au bout.

Le contrat que j’ai signé stipule clairement que l’employeur n’est pas tenu de payer le travailleur indépendant, s’il juge subjectivement que le travail n’a pas été fait comme il le désirait. Je serre donc un peu plus les dents.

500 euros par mois pour une grande carrière

Lors de l’entretien de fin de période d’essai, mon séduisant directeur en costume Prada m’explique qu’ils veulent me garder, qu’ils sont très satisfaits de mon travail. Il fait même l’effort de me complimenter en français, mais pour mieux me dire que, malheureusement, ils ne vont pas pouvoir me payer 1 500 euros net comme convenu. Le mieux qu’ils puissent faire avec leur comptabilité, c’est 500. Mais qu’avec ça, une grande carrière s’ouvre à moi à Berlin.

Avec ça, j’ai l’honneur de travailler dans la culture, pour une des galeries les plus renommées de la ville, la chance d’avoir un travail là où d’autres n’en ont pas. Je lui réponds simplement que ce n’est pas acceptable d’accomplir de telles tâches dans ces conditions et pour cette rémunération. Il me demande froidement de préciser :

« Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ? »

Je prends alors conscience qu’il n’y a pas de salaire minimum en Allemagne. Et que cela n’est pas prêt de s’arranger.

Tout en envoyant des dizaines de candidatures par semaine, je travaille ensuite quelques temps, toujours en freelance, dans un call-center, dans lequel les employés sont sur écoute permanente afin de vendre du matériel inutile à des photographes déjà surendettés.

En voyant que je ne pourrai pas décrocher de vrai contrat de travail – avec des droits et un salaire décent – je me lance à la recherche d’un stage rémunéré, dans un secteur qui au moins me passionnera et sera en phase avec mes convictions. Le huitième stage de ma vie. En tant que graphiste et agent pour un collectif d’artistes, je m’occupe d’organiser leurs portfolios, de leur trouver des expositions. Tout se passe à merveille. Alors que je débute mon activité de scénariste de bande-dessinée pour la France, je reprends mon souffle et retrouve un peu d’énergie.

Chercheur sur le marché de l’art : je postule

Mars 2013. Sur un site d’offres d’emploi allemand conçu pour les diplômés en histoire de l’art, je tombe sur une annonce qui retient mon attention. Chercheur sur le marché de l’art, pour une start-up basée à Berlin. Profil recherché : compétences rédactionnelles. Bac+5 dans le domaine de l’art ou des sciences humaines. Expériences professionnelles liées à Internet. Français, anglais et allemand courants. Je postule.

Dix minutes plus tard, je reçois un e-mail de l’un des deux CEO [directeur général]. Il m’invite à un entretien via Skype le lendemain. J’accepte, tout en précisant que j’habite Berlin et qu’on pourrait donc se rencontrer. Non, me dit-il, pas le temps, par Skype c’est plus rapide. Soit. Après tout, c’est comme le cul par webcam interposée, je n’ai encore jamais essayé. Je l’ajoute donc dans ma liste de contacts.

Je passe l’entretien et commence deux semaines plus tard. Le titre de mon poste : « Country manager France ». Ma mission : dresser un rapport détaillé en anglais sur tous les collectionneurs d’art contemporain en France. Leurs pratiques, leur collection, leur psychologie... Cette start-up envisage de lancer prochainement un site internet qui soit l’unique et donc la plus grosse base de données concernant les collectionneurs du monde entier. Le but étant de vendre les informations ainsi collectées aux galeristes, artistes, institutions culturelles, etc.

Mon salaire : 960 euros brut mensuel pour quatre jours par semaine.

Silicon Allée, berceau d’une nouvelle précarité

Dix autres personnes sont embauchées sur le même poste, pour une étude sur leur pays d’origine. J’ai ainsi des collègues venus d’Inde, de Chine, du Japon, d’Espagne, d’Angleterre, des Etats-Unis, d’Israël et d’Allemagne. La plupart viennent d’atterrir à Berlin, quand ils n’ont pas émigré exprès pour ce poste. La langue officielle est l’anglais. Les locaux, à Mitte, sont vastes. Le fondateur et CEO a déjà lancé plusieurs start-up, qu’il a revendues les unes après les autres au bout de six mois. Je laisse deviner ce qu’il en est du sort des employés.

Sa dernière trouvaille ? Un site d’abonnement à des cours de fitness en ligne, avec coach virtuel inclus pour mincir sans mettre un orteil dehors. Ce jeune tout droit sorti de Harvard est présenté, du haut de ses 27 ans et de son titre de docteur, comme un modèle parmi les entrepreneurs les plus innovants de Berlin – rebaptisée, et pour cause, la Silicon Allée. Tout le Web 2.0 l’acclame. On s’imagine que grâce aux gens comme lui, le taux de chômage à Berlin va enfin baisser (il est de 12,3% contre 6,9% pour le reste de l’Allemagne, en avril 2013).

Dès mon arrivée, je remarque que nous travaillons isolés, chacun le nez sur son ordinateur portable – nos propres ordinateurs, puisque l’entreprise n’en fournit pas. Je ne peux pas m’empêcher de penser aux billets d’avion de certaines compagnies aériennes dont le prix n’inclut pas de réservation de siège... Nous travaillons donc chacun de notre côté, et les malheureux qui osent se parler sont immédiatement réprimandés par une humiliante remarque de notre manager, une brillante diplômée de Cambridge qui parle cinq langues mais n’en utilise qu’une seule pour s’adresser à nous : le verbiage.

Il n’embauchera dorénavant que des Chinois

Après quelques jours, ils décident d’instaurer un nouveau système afin de renforcer l’esprit d’équipe : sur un tableau blanc installé au centre de l’open space, nous devons tous reporter, le soir au moment de partir, notre score de la journée. C’est-à-dire le nombre de collectionneurs dont on a dressé un profil complet. Le lendemain matin, la manager le consulte puis vérifie scrupuleusement nos résultats afin de désigner le meilleur d’entre nous, grâce à un savant calcul de notre taux de réussite. Cette tâche, c’est l’essence de son travail de manager. J’ignorais qu’il fallait passer par Cambridge pour comparer des pourcentages.

Lors de la troisième semaine, alors que je commence à me demander quand je vais partir, malgré mon taux de réussite de 87,3%, le processus de « team building » monte encore d’un cran. Le CEO vient faire un tour dans l’open space. Loin de se souvenir de nos prénoms, il concentre son attention sur le tableau et commente nos scores. Il déclare la compétition officielle, ajoutant qu’à partir de maintenant, il offre au meilleur un bon d’achat Amazon d’une valeur de 100 euros.

Nous nous regardons tous d’un œil circonspect... Il annonce que cette semaine, l’heureux gagnant est notre collègue chinoise. Puis il finit par lâcher, après quelques timides applaudissements, que ce n’est pas étonnant : on sait tous que les Chinois travaillent comme des robots et d’ailleurs, il n’embauchera dorénavant que des Chinois. Il vient ensuite nous voir les uns après les autres, pour être sûr qu’on a tous bien compris. Quand vient mon tour, je lui explique que je fais de mon mieux, mais que rentrer en compétition avec mes collègues, ce n’est vraiment pas mon genre. Ce à quoi il me rétorque un « I don’t care » [je m’en fous] qui ne fait qu’un tour dans ma tête. C’est mon dernier jour.

Les caprices d’un patron prépubère

Quand je regarde les annonces des start-up, je lis avec stupeur sur chacune d’elles : « Flat hierarchy » (hiérarchie plate). Effectivement, si aujourd’hui tous les employés sont « country manager » pour moins de 1 200 euros brut par mois, si la tâche principale du manager consiste à les noter, et si tout ce petit monde est manœuvré par les caprices d’un patron prépubère, alors oui, je veux bien croire que la bonne vieille notion de hiérarchie pyramidale est pulvérisée.

Parce que les start-up permettent d’enrichir rapidement leurs fondateurs sans capital de départ en attirant des investisseurs gourmands et pressés, elles matérialisent un modèle économique qui n’a pas fini de se propager. Parce qu’elles concernent Internet et donnent à croire qu’à travers elles souffle le vent de la liberté et de l’accomplissement de soi, elles sont un secteur d’avenir. Elles incarnent tout simplement la réponse au fléchissement du capitalisme par lui-même – soit le cynisme absolu.

Que vont penser les futurs diplômés des écoles de commerce ? Que pour se réaliser, pour être-au-monde au sens où l’entendait Martin Heidegger, il suffit d’un ordinateur portable, d’une connexion internet et d’une bonne idée commerciale. Et accessoirement, d’une poignée de Chinois.

Je ne compte pas généraliser à partir de ma seule expérience. Mais il me semble qu’à mon âge, j’en ai vu assez pour me sentir triste, profondément atteinte, et affirmer que nous vivons une époque désenchantée.

 

 

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14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 17:57

 

 Le Monde.fr | 14.05.2013 à 11h51 • Mis à jour le 14.05.2013 à 17h42

 

 

 
Claude Guéant, le 8 février à l'Assemblée nationale.

A chaque jour, sa nouvelle affaire Guéant, ou presque. Après les factures en liquide réglées par l'ancien ministre, après les 500 000 euros retrouvés sur son compte en banque et qui proviendraient selon lui de la vente de deux tableaux d'un artiste pourtant évalués à un prix bien moindre, après que la presse ivorienne a repéré dans son cabinet d'avocats une autre toile, offerte lors d'une visite officielle et qu'il aurait dû restituer en quittant son ministère, l'ancien bras droit de Nicolas Sarkozy fait face à de nouvelles révélations. Selon L'Express, M. Guéant aurait reçu un autre virement suspect, cette fois de 25 000 euros, en provenance de Jordanie.

Le magazine fait cette révélation dans un long article consacré aux déboires de Claude Guéant. Les enquêteurs venus perquisitionner chez lui le 27 février, dans le cadre de l'enquête sur un financement libyen illégal de la campagne de M. Sarkozy en 2007, ont en effet fait d'autres découvertes que les factures en liquide et le virement de 500 000 euros sur son compte en provenance de Malaisie. M. Guéant aurait également reçu un autre virement suspect, venant du royaume de Jordanie. Contacté par l'AFP, l'ancien ministre de l'intérieur s'est refusé à tout commentaire.

 

DES FACTURES EN LIQUIDE DE PLUS EN PLUS SUSPECTES

Toujours selon L'Express, les factures réglées en espèces par M. Guéant verraient leur montant augmenter significativement après 2007. Une information qui vient encore fragiliser sa défense, déjà bien mal en point. En effet, M. Guéant a justifié ces paiements en espèces en invoquant un "système" de primes occultes, qui aurait perduré au seul ministère de l'intérieur après 2002 et la fin de l'utilisation des fonds spéciaux pour rémunérer les collaborateurs ministériels.

Cette défense, qui fait l'amalgame entre ces primes sur fonds spéciaux et l'existence, au sein de la police, de versements de gratifications en liquide, laisse sceptique. Plusieurs anciens membres de cabinets place Beauvau ont assuré au Monde n'avoir jamais touché un centime en espèces entre 2002 et 2006.

Mais un nouveau détail vient encore diminuer la crédibilité des affirmations de M. Guéant : l'ancien ministre a précisé à plusieurs reprises, notamment sur France 2, le 30 avril, qu'il n'avait pu, avec l'aide de Nicolas Sarkozy, mettre fin à ces versements en espèces qu'en 2006. Or il semble qu'il ait au contraire augmenté les paiements en espèces après cette date.

 

Lire aussi : Fonds en liquide, la défense hasardeuse de Claude Guéant


Le magazine évoque également longuement les nombreux liens de M. Guéant avec des personnalités proches de l'ancien régime libyen présentes dans le répertoire de son téléphone, dont Moussa Koussa, l'ancien chef des services secrets libyens de Mouammar Kadhafi. Des traces écrites confirmeraient également, selon le magazine, des rendez-vous multiples avec Zyad Takieddine, sulfureux intermédiaire libanais des ventes de frégates au Pakistan, au cœur de l'affaire Karachi, ou avec Alexandre Djouhri, autre intermédiaire, notamment avec la Libye. M. Guéant aurait également organisé des rencontres entre ce dernier et Nicolas Sarkozy, à quatre reprises.

 

Lire aussi : Guéant avocats, une affaire familiale et africaine


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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 17:03

 

Médiapart

 

 

Matignon lance le dossier des retraites ce lundi. Jean-Marc Ayrault doit recevoir dans la journée les huit organisations syndicales et patronales, chacune séparément, pour préparer une nouvelle conférence sociale prévue les 20 et 21 juin.

Alors que la première conférence sociale en juillet 2012 avait été centrée sur le lancement de la réforme du marché du travail, qui s’est traduite par l’ANI, la seconde sera monopolisée par la réforme des retraites. Un dossier explosif sur lequel la consultation tous azimuts des partenaires sociaux ne sera jamais de trop. « Nous avons avancé la conférence à juin pour se laisser le temps afin de se concerter en juillet », explique-t-on d'ailleurs dans l'entourage du premier ministre.

Les consultations de lundi devraient donner le coup d'envoi à un marathon pour le gouvernement. Bruxelles attend des réponses rapides de l'exécutif sur la manière dont il compte résorber un déficit qui devrait dépasser les 20 milliards en 2017. Le gouvernement promet une réforme ambitieuse.

Le Medef demande une réforme d’ampleur. Il souhaite notamment la remise en cause des différents régimes de retraite, le report de l’âge de la retraite à 65 ans, l’allongement de la durée des cotisations, et une augmentation des cotisations. FO et la CGT ont déjà fait savoir leur opposition à tout allongement de l’âge de la retraite, alors que la dernière réforme datant de 2010 a porté le départ à la retraite de 60 à 62 ans.

Le gouvernement, lui, a fait connaître sa volonté de désindexer l’évolution des pensions payées par rapport à l’inflation. Cette mesure a déjà été adoptée pour les retraites complémentaires. Matignon a aussi fixé le calendrier : il entend que la nouvelle réforme des retraites soit votée d’ici à la fin de l’année.

 

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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 16:33

 

Marianne+ - Lundi 13 Mai 2013 à 09:00

 

 Georges Dupuy

 

 
Alors que le ministre Benoît Hamon présente sa loi sur la consommation, un débat fait rage autour de « l'obsolescence programmée » : les constructeurs limitent-ils délibérément la durée de vie de leurs appareils pour nous obliger à les renouveler plus souvent ? Pas si simple...

Apple store, la Défense - PRM/SIPA
Apple store, la Défense - PRM/SIPA
Va-t-on assister au déclin de la folle croissance d'Apple ? se demandent les milieux boursiers. Rendez-vous compte : la marque à la pomme a vu son bénéfice (en or massif) reculer pour la première fois en dix ans ; plus grave, elle n'a sorti aucune nouveauté depuis... six mois !

Samsung, de son côté, vient de créer l'événement en lançant la quatrième génération de son Galaxy, le smartphone le plus vendu au monde. La précédente version n'a pas encore fêté son premier anniversaire... Qu'importe, les Français remplacent leurs mobiles tous les dix-huit mois en moyenne, alors qu'ils sont conçus pour fonctionner entre cinq et sept ans. Tout neufs, et pourtant déjà dépassés, rendus obsolètes au bout de quelques mois par une nouvelle offre.

Camille Lecomte, responsable du dossier au sein de l'association écologiste Les Amis de la Terre, explique : « L'obsolescence commerciale, qui fait délaisser un produit qui marche encore, est plus vicieuse qu'une simple baisse de la durabilité des produits. »

Elle s'applique principalement aux équipements informatiques et high-tech - en premier lieu la téléphonie mobile - dont l'esthétique est un critère d'achat fort.

« Le premier iPhone, en 2007, a représenté une réelle avancée, commente Gilles Garel, professeur d'innovation au Cnam. Depuis, la firme a su jouer sur l'applemania et la ringardise pour imposer chaque année un nouveau modèle qui n'a rien de révolutionnaire. » Les constructeurs se sont également ingéniés à rendre leurs produits irréparables ou trop coûteux à réparer.

Ainsi des batteries de téléphone soudées à la coque, des imprimantes plus chères à réparer qu'à acheter neuves, mais aussi des lave-linge dont on ne peut changer les roulements sans la cuve. Sans parler des appareils intégrant de nouveaux modèles de vis impossibles à démonter sans les outils adéquats.

Mais, alors que le projet de loi porté par Benoît Hamon, le ministre délégué chargé de l'Economie solidaire et sociale et de la Consommation, est attendu dans les semaines à venir et que le sénateur vert Jean-Vincent Placé a poussé - en vain - une proposition de loi pour lutter contre l'« obsolescence programmée », le débat fait rage autour d'une question plus dérangeante : les constructeurs fabriquent-ils délibérément des appareils plus fragiles qu'autrefois pour contraindre le consommateur à les renouveler plus souvent ?

Flash-back. Avez-vous entendu parler du cartel Phœbus ? En 1924, les représentants des grands fabricants d'ampoules se réunirent à Genève pour limiter l'utilisation des lampes à incandescence à mille heures, soit 100 fois moins que ce que les brevets laissaient espérer.

Quelques années plus tard, en 1932, le riche philanthrope Bernard London encourageait dans ses écrits l'obsolescence programmée - en clair, la mise en œuvre de procédés techniques visant à réduire la durée de vie d'un produit -, y voyant la seule façon de sortir de la grande crise de 1930.

Aujourd'hui, qui n'a pas pesté contre un réfrigérateur qui lâche sans prévenir au bout de trois ans, alors que le même, acheté dans les années 50, durait cinq fois plus longtemps ? Bon marché à l'achat, ruineux à réparer. Avec les vents mauvais de la crise et la baisse du pouvoir d'achat, les soupçons de mise à mort industrielle délibérée s'amplifient.

Illustration - RICHARD B. LEVINE/NEWSCOM/SIPA
Illustration - RICHARD B. LEVINE/NEWSCOM/SIPA
Le Groupement interprofessionnel des fabricants d'appareils d'équipement ménager (Gifam) reconnaît que la durée de vie du gros électroménager a baissé en dix ans.

Mais à peine, moins d'un an à tout casser. L'utilisation a changé, explique le syndicat, qui avance, par exemple, l'augmentation du nombre de cycles demandés à un lave-linge ou de l'astringence de la lessive.

Peu importe, 85 % des personnes interrogées par l'Observatoire société et consommation (Obsoco) approuvent l'affirmation selon laquelle les fabricants font tout pour baisser la durée de vie de leurs produits, sans qu'on leur en fournisse la preuve.

Certes, pour citer un exemple devenu célèbre, une gamme d'imprimantes Epson intégrait dans ses cartouches d'encre une puce électronique faisant disjoncter l'appareil au bout de 18 000 copies.

Et Bernard Arru, le directeur des Ateliers du Bocage (ADB), une entreprise de réparation et de revente (en occasion) de matériel informatique et de téléphonie mobile, évoque, quant à lui, les condensateurs bas de gamme qui envoient rapidement certaines marques d'écrans plats au tapis : « C'est indéniablement une façon de forcer à changer d'appareil. »

Mais, au total, le dossier de l'obsolescence technique a besoin d'être étayé. Benoît Hamon a ainsi chargé la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) d'enquêter sur tout ce qui pourrait s'apparenter à une tromperie délibérée.

Il est une autre obsolescence peu répertoriée, celle liée aux bas prix que les consommateurs se sont habitués à payer. « Il n'y a pas de miracle. Un lave-linge "no name" [comprenez sans marque, généralement vendu en grande surface], qui coûte trois fois moins cher qu'un Miele, par exemple, ne donnera jamais autant de satisfaction, souligne Philippe Robin, qui dirige deux structures de réparation de gros électroménager du réseau Envie. Dans le bas de gamme, tout est possible. »

Il parle des fabricants chinois qui économisent, notamment, sur les composants et le diamètre des fils de cuivre. Camille Lecomte, aux Amis de la Terre, se veut réaliste : « Quand on achète du petit matériel à moins de 50 €, il faut se demander quelle est la part affectée à la qualité, une fois déduits les coûts de la fabrication, du transport et de la distribution. »


Des mannequins masculins posent dans les vitrines des galeries Lafayette dans le cadre d'une campagne de publicité pour les produits électroménagers, 2004 - DE RUSSE AXELLE/SIPA
Des mannequins masculins posent dans les vitrines des galeries Lafayette dans le cadre d'une campagne de publicité pour les produits électroménagers, 2004 - DE RUSSE AXELLE/SIPA
Le marketing, la publicité et les préoccupations commerciales se sont emparés du marché de masse.

En 2013, les industriels savent tous que, s'ils ne devaient compter que sur une réelle innovation pour présenter de nouveaux produits, leurs usines ne tourneraient pas.

Selon la firme américaine Booz & Company, sur 100 produits, moins de 10 % sont des innovations réelles. Le reste constitue ce que les experts appellent de la rénovation, promise au superbe destin de la feuille morte en automne.

Thierry Saniez, délégué général de l'association de consommateurs Consommation, logement et cadre de vie (CLCV), explique : « L'obsolescence programmée fait partie de l'ADN du système où, pour exister, chacun doit viser à rendre obsolescents non seulement les produits de ses concurrents, mais aussi les siens. »

Ainsi se dessine le modèle économique d'un business entraîné dans une course à l'échalote sans fin, où les consommateurs sont, eux aussi, responsables de ce qu'ils dénoncent. Jamais la France n'a produit autant de déchets - 540 kg par tête et par an, dont de 16 à 20 kg de déchets d'équipements électroniques et informatiques. « Le système est devenu intolérable », s'indigne Philippe Moati, professeur d'économie à l'université Paris-VII et cofondateur d'Obsoco, qui est tout sauf un décroissant.

Paradoxalement, la crise pourrait avoir du bon. Serrés au portefeuille, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à prôner le retour de produits peut-être plus chers à l'achat mais plus durables. Signe des temps, même la mode, ce temple de l'éphémère, n'échappe pas à une certaine remise en cause.

Evelyne Chaballier, directrice des études économiques de l'Institut français de la mode (IFM), relève que, « après des années d'achat à tout-va, les clients se sont mis à comparer la qualité et les prix ». En octobre 2011, un tiers des sondés de l'IFM - principalement des 25-34 ans - étaient prêts à acheter moins de vêtements mais qui dureraient plus longtemps.

Autre signe encourageant : après les écolos, Damien Ravé, le développeur de commentreparer.com, un site qui s'adresse aux amateurs, a vu arriver une deuxième vague d'internautes plus intéressés par la réparation pure et dure que par le sauvetage de la planète.

Et si on réparait ?

 

Vélos, fauteuils, vêtements, téléphones portables ou électromenager, la grande vente annuelle d'objets récupérés et rénovés par les Compagnons d'Emmaus - DURAND FLORENCE/SIPA
Vélos, fauteuils, vêtements, téléphones portables ou électromenager, la grande vente annuelle d'objets récupérés et rénovés par les Compagnons d'Emmaus - DURAND FLORENCE/SIPA
Pour contrer l'obsolescence commerciale, Benoît Hamon s'intéresse à deux pistes. La première est l'affichage de la durée de vie. Mais sur quelles bases et sur quels critères ? Tout est au stade du débroussaillage. En dehors de la durée de vie affichée sur les ampoules basse consommation, rien n'est fait.

« Notre but est d'arriver à une norme de durabilité qui soit, ensuite, étendue à l'Union européenne », explique Alain Geldron, responsable du projet à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).

Pour d'autres experts, le plus simple serait d'allonger les garanties. Mais qui sait, par exemple, que Bruxelles impose déjà deux ans de garantie pour tous les produits ? Camille Lecomte voudrait aller plus loin, et rappelle qu'Ikea garantit certains de ses produits jusqu'à vingt-cinq ans.

L'autre piste est de muscler les services de réparation. L'Ademe déplore le manque de structuration du secteur : malgré le développement des réseaux d'insertion comme Les Ateliers du Bocage ou Envie, de sites Internet tel commentreparer.com ou des 200 professionnels agréés par le Gifam, la réparation souffre d'un manque de visibilité, d'une absence d'informations concernant la disponibilité des pièces détachées et de graves lacunes en matière de cahiers techniques.

« Tout cela nuit au lancement d'actions politiques à long terme », commente Alain Geldron.

Philippe Moati voit beaucoup plus loin. La fin de l'obsolescence programmée correspondra à la vente de service en remplacement des produits : « Quand on vendra du lavage, du transport individuel ou du confort domestique, à la place de lave-linge, de vélos ou de canapés, alors nous en reviendrons à des équipements durables et réparables. » D'ici là, on aura changé 120 fois de smartphone.


DURÉE DE VIE MOYENNE

Réfrigérateur 11 ans

Congélateur 15 ans

Lave-linge 11 ans

Lave-vaisselle 11 ans

Téléviseur (cathodique) 7 ans

Téléviseur (plasma) de 10 à 12 ans (estimation)

Téléviseur (LCD) de 18 à 20 ans (estimation)

Grille-pain 5 ans

Fer à repasser de 3 à 5 ans

Ordinateur (entreprise) 3 ans

Ordinateur (particulier) de 5 à 6 ans

Ordinateur (portable) de 3 à 4 ans

Téléphone portable de 3 à 7 ans

Sources : Gifam, Univers Conso, WiPro Product Strategy And Services.

ENFIN UNE ACTION DE GROUPE À LA FRANÇAISE ?

Attendu mi-juin au Parlement, le projet de loi Consommation défendu par le ministre Benoît Hamon était présenté jeudi en Conseil des ministres. Parmi toute une série de mesures visant à rééquilibrer les pouvoirs entre clients et vendeurs, notons le renforcement de la lutte contre les clauses abusives, la modification des conditions de résiliation des contrats d'assurance auto ou immobilière (à tout moment et sans frais, après un an d'engagement), ou le doublement du délai de rétractation pour les achats en ligne (porté à deux semaines).

Mais c'est la mise en place de l'action de groupe, véritable serpent de mer du droit français, qui forme la pierre angulaire du projet de loi. Cette procédure permet à des personnes ayant subi le même préjudice d'engager une action collective devant la justice civile, pour obtenir réparation.

Deux bémols : elle ne concernera que les entorses au droit de la consommation et de la concurrence (par exemple, un conflit avec un opérateur de téléphonie ou une compagnie d'assurances), mais pas les affaires de santé et d'environnement, et ne pourra être engagée que par l'intermédiaire d'une des 16 associations de consommateurs agréées.
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