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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 16:15

 

Médiapart

 

 

 

L'Andeva, association des victimes de l’amiante, dénonce un déni de justice, et va former un pourvoi en cassation. Ce vendredi, la 4e chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a annulé les mises en examen de neuf personnes dont Martine Aubry dans le dossier de l’usine Ferodo-Valeo de Condé-sur-Noireau (Calvados), dans un arrêt de 64 pages que vous pouvez consulter ici.

Trois cents personnes ayant travaillé dans l’usine de Condé-sur-Noireau sont actuellement reconnues en maladies professionnelles liées à l’amiante.

 

Une manifestation de victimes 
Une manifestation de victimes

La première plainte avait été déposée en 1996 au tribunal de Caen, le dossier étant finalement dépaysé vers le pôle santé publique du tribunal de Paris en 2005. Les premières mises en examen d’industriels, puis de hauts fonctionnaires, ont été prononcées à partir de 2006.

Alors que la juge d’instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy se savait dans l’obligation de changer de poste, ayant atteint la limite des dix ans au même poste de juge au pôle santé, elle a décidé de mettre Martine Aubry en examen pour « homicides et blessures involontaires », ce qui a été fait le 6 novembre 2012.

 

Martine Aubry 
Martine Aubry

Martine Aubry se trouvait poursuivie pour des faits remontant à la période 1984-1987, alors qu’elle était directrice des relations du travail (DRT) au ministère du travail.

La juge Bertella-Geffroy lui reproche une série de neuf griefs, allant de la transposition tardive d’une directive européenne de 1983 sur la protection des travailleurs exposés à l’amiante à l’absence d’initiatives pour mieux protéger les salariés, à l’exception d’une circulaire de 1985. Martine Aubry se voyait aussi reprocher la participation de son administration au Comité permanent amiante (CPA), organisme de lobbying financé par les industriels de l’amiante pour retarder ou empêcher l’interdiction de leurs produits.

« Aucun lien de causalité »

La maire (PS) de Lille s’est expliquée en détail lors de son audition, contestant point par point les neuf griefs, avant de déposer une demande d’annulation de sa mise en examen confiée à l'avocat Yves Baudelot.

En substance, elle a catégoriquement contesté tout retard pris, à l’époque, par elle-même ou par le ministère du travail. « Le décret de 1977 avait inspiré la directive de 1983, à cette période on pensait que la réglementation était efficace, les maladies étaient rares et en raison de période d’incubation de 30 à 40 ans, elles étaient mises sur le compte des expositions antérieures à 1977 », expliquait notamment Martine Aubry.  

« Non seulement le retard de la DRT avancé est factuellement faux, mais c’est un curieux renversement des choses que de reprocher à la France un retard de transposition d'un texte qu’elle a inspiré. En effet, la directive de 1983 reprenait les dispositions de 1977. Seules la Belgique, l’Allemagne et l‘Espagne ont appliqué la directive au 1er janvier 1987, mais ils n’avaient aucune réglementation protectrice de l’amiante contrairement à nous. Les autres pays l'ont appliqué entre mi-1987 et 1991 », ajoutait-elle.

 

La juge Bertella-Geffroy 
La juge Bertella-Geffroy

Les trois magistrats de la chambre de l’instruction ont donné raison à Martine Aubry et aux huit autres personnes qui demandaient l’annulation de leur mise en examen.

La chambre de l’instruction effectue un distinguo entre les directeurs de l’usine qui n’ont pas respecté la législation, ou ont commis des imprudences ou des négligences, et qui restent mis en examen, et les hauts fonctionnaires. « En matière de responsabilité pénale, il faut la certitude du lien de causalité entre la faute reprochée et le dommage subi par chaque victime », rappelle la juridiction de contrôle. 

« Si les plaques pleurales et les mésothéliomes sont des maladies spécifiques de l’amiante, s’agissant des cancers du poumon, il faut établir la certitude du lien de causalité. » Or la chambre de l’instruction considère qu’il « n’existe aucun indice grave ou concordant à l'encontre de quiconque d’une faute de négligence dans l’application de la réglementation ».

Elle ajoute que « l’usage contrôlé d’un produit dangereux est une constante notamment dans l’industrie, qu’il est dans les attributions de la Direction des relations du travail de réglementer et de surveiller ces usages contrôlés de produits dangereux, qu’ainsi la mise en place et le maintien d’un usage contrôlé de l'amiante était dans la norme et n’est pas la manifestation d’une imprudence, d’une négligence répréhensible ».  

« Le niveau de risque admis (...) ne peut s’apprécier avec les exigences de santé publique actuelles », ajoutent les magistrats.

Martine Aubry s’est félicitée ce vendredi de cette décision judiciaire. « La justice reconnaît aujourd’hui qu’aucune faute ni négligence ne peut m’être imputée dans le drame de l’amiante, comme je n’ai cessé de le dire depuis le premier jour », a déclaré par voie de communiqué l’ex-patronne du PS.

 

 Voir également sous l'onglet Prolonger

 


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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 14:22

 

 

Médiapart - Blog

 

LES CHIFFRES DE LA DEBACLE SARKOZIENNE SONT ARRIVES!

 

Nous avons désormais tous les chiffres!

ET ILS PARLENT D’EUX-MÊMES…

 

Non pas qu’ils soient incontestables, ils dépendent des paramètres choisis…

Mais, cependant, ils valent mieux qu'un long discours.

 

 

sarkozy-leve-le-doigt

 

ANALYSONS CES CHIFFRES…

Dette de l'État stricto sensu (source AFT (Agence France Trésor) ou "encours de la dette négociable" :

En 2007 = 921 milliards.

En 2012 = 1 386 milliards.

Soit une augmentation  de 465 milliards sous le règne de Sarkozy - (hors organismes sociaux et collectivités territoriales.

Dette de la France au sens de Maastricht (source INSEE, chiffres au 3ème trimestre 2012) comprenant toutes les dettes : État + organismes sociaux et collectivités territoriales.

En 2007 = 1 221,1 milliards.

En 2012 = 1 818,1 milliards.

Augmentation : 597 milliards sous le règne de Sarkozy - (au 30 septembre 2012).

Croissance économique (source Eurostat) :

En 2007 = + 2,3%.

En 2012 = 0,0%.

Récession sous le règne de Sarkozy !

Comparaison : taux de l'Allemagne en 2007 = + 3,3% ; en 2012 = + 0,7%. (mais avec le soutien des affairistes britanniques, américains, etc…)

Balance commerciale (source Eurostat) :

En 2007 = − 51,988 milliards

En 2012 = − 81,447 milliards.

Détérioration : 55% sous le règne de Sarkozy -.

Comparaison, balance de l'Allemagne

En 2007 = + 194,259.

En 2012 = + 185,004.

(mais avec le soutien des affairistes britanniques, américains, etc…)

Taux de chômage (source Eurostat) :

En 2007 = 8,4%.

En 2012 = 10,2%.

Détérioration : 1,8% sous le règne de Sarkozy -

Allemagne. En 2007 = 8,7%  En 2012 = 5,5%.

Taux d'emploi (source Eurostat) :

En 2007 = 69,8%.

En 2011 (2012 pas disponible) = 69,2%.

Détérioration : 0,6% sous le règne de Sarkozy.

Allemagne. En 2007 = 72.9%  En 2011= 76.3%

Emploi, nombre de postes de travail disparus (source INSEE, "ensemble des secteurs marchands (hors agriculture)") :

En 2007 = 16, 3972 millions.

En 2012 = 15,9605 millions.

Perte de 436 700 postes de travail sous le règne de Sarkozy.

2009 04 01 Sarkozy G20

Entre 2007 et 2012 les recettes fiscales ont baissé de 196 milliards  donc 5 années de pertes de recettes non compensées.

Comment ?

Trois principales niches fiscales concernant l’impôt sur les sociétés et avantageant les grands groupes :

1 - Le Régimes des sociétés mères et filiales qui nous a coûté 34,9 milliards d’euros pour l’année 2009.

2 - Le Régime d’intégration fiscale qui nous a coûté de 19,5 milliards d’euros pour l’année 2009. 

3 - La ni-Niche Copé (taxation à taux réduit des plus-values à long terme provenant de cession de titres de participation) qui nous a coûté8 milliards d’euros en 2009.

Pour ces trois niches fiscales : un manque à gagner de 62,4 milliards d’euros sous le règne de Sarkozy. Une paille !

S’y ajoute le coût des trois niches fiscales ajoutées par Sarkozy (selon la cour des comptes)   

1 - Heures supplémentaires  qui nous a coûté 4,5 milliards d’euros.

2 - TVA réduite sur la restauration qui nous a coûté 3,5 milliards d’euros.

3 - Passage du bouclier fiscal à 50 % des revenus déclarés qui nous a coûté 0,7 milliards d’euros.

Soit un coût total de 8,7 milliards d’euros pour ces trois niches fiscales sous le règne de Sarkozy. Une paille !

Au total pour les 6 niches fiscales : 71 milliards d’euros.

A comparer avec le plan de rigueur de 8 milliards d’euros !

MAIS…

Il faudrait ajouter à cela :

1 - La baisse de l’impôt sur le revenu due à la diminution du nombre de tranches (de 13 avant 1986 à 5 aujourd’hui),

2 – Le passage de la tranche supérieure de 65 % (avant 1986) à 41% aujourd’hui.

Soit un coût total de 15 milliards d’euros en 2009 sous le règne de Sarkozy..

Il ne faudrait pas oublier :

La baisse du taux de l’impôt sur les sociétés (avant même les niches fiscales) de 50 % à 34,6 % aujourd’hui.

Soit un coût total de 20 milliards d’euros en 2010 (Rapport de la Courdes comptes 2010).

Soit : 71 + 35 = 106 milliards d’euros en une année sous le règne de Sarkozy !

Mais n’oublions pas aussi les niches sociales : 42 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales en 2009 (Rapport du Sénateur de droite Jean-Jacques Jégou au nom de la commission des finances du Sénat – 2010)

Et les intérêts payés aux détenteurs de la dette publique : 48 milliards d’euros en 2009.

Au total : 106 + 42 + 48 = 196 milliards d’euros en 2009

Alors que le déficit public (État, Sécurité sociale, Collectivités territoriales, organismes centraux) s’élevait à 145 milliards d’euros.

Nicolas-Sarkozy-World-Economic-Forum-Flickr

LA DETTE DONC, C'EST SAKOZY QUI L’A FAIT et il n’y a pas de raison que ce soit le citoyen lambda qui paye les cadeaux fiscaux du petit frisé à ses amis les riches-plein-de-morgue !

MAIS…

Il n’a pas fait que cela, le nabot prétentieux.

Il a aussi revendu tout l’or de la France, quand l’or était à son cours le plus bas…

Juste avant la catastrophe financière d’octobre 2008....
Et il l’a vendu pour soutenir le cours du dollar à l’époque…

Si bien qu’un retour à l’étalon or serait pour la France, et du fait ce petit crétin prétentieux, CATASTROPHIQUE!!!

nicolas sarkozy en janvier 2011 a davos moritz hager-world 

Sans la politique merdeuse et servile face au MEDEF, aux riches, aux financiers et aux banquiers, sans cette politique menée par Sarkozy, nous aurions encaissé aux environs de 1000 milliards de plus en cinq ans !

Alors, prendre un pays en faillite en août de 2007 et le conduire à la ruine en seulement 5 ans, il fallait quand même le faire ! Et cela a été fait avec une véritable énergie, mêlée d'une constante satisfaction de soi.

Malgré ces chiffres calamiteux, personne n'ose aujourd'hui prononcer le terme de ruine, ni celui d'effondrement, comme pour conjurer le sort !

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Il faudrait assainir la situation avant que la ruine ne se transforme en défaut sur le marché des capitaux….

Avant que les CDS (credit défault swap) mettent en route leur rouleau compresseur comme ils l'ont tenté pour l'Irlande, le Portugal, la Grèce et maintenant pour Chypre qui n’est nullement sauvé ?

 Pour éviter la ruine il faut que la banque européenne prête au même taux qu’elle le fait aux banques privées…

Et surtout....

Il faut taxer les transactions financières…

Il faut écraser et récupérer l’argent des paradis fiscaux…

 

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Et pour que l’image de notre pays soit restaurée au sein de la communauté internationale, il faut user de la justice pour ceux qui ont délibérément mis l’économie de notre pays à mal…

IL FAUT OBLIGER SARKOZY ET SES COMPLICES A RENDRE DES COMPTES DEVANT LA JUSTICE…

On nous fait croire que le narcissique pervers Sarkozy pourrait être jugé pour abus de faiblesse de la vieille Betancourt.

Mais ce sont l’ensemble des Français qui ont été victime de ce nabot au service de la grande finance.

L’empire du fric a mis en place Sarko pour mettre la France à genou (c’est un besogneux au service de la finance internationnale).

Et Hollande vient terminer la besogne en se parant de l’image du bon gars qui a battu Sarko (qui était devenu trop gênant pour l’élite financière).

 

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MAIS… Hollande/Sarko ne sont que des marionnettes !

Les vrais responsables de ce pillage viennent de Wall Street et de la City.

 

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QUE FAIRE ALORS ???

D’abord prendre quelques décisions simples !

Rétablir une grille d’imposition progressive, supprimer les niches fiscales…

Préempter ceux qui placent leur fric dans les paradis fiscaux…

Réattribuer à la Banque de France son rôle de financement de l’Etat et des Collectivités locales.

Réorganiser la banque privée de façon qu’elle soit obligée de financer les petites entreprises… Donner la priorité à la capitularisation active à la passive (taxer cette dernière)

Chasser les fonds d’investissement de toutes les sociétés liées au service public et aux grandes sociétés privées (banques par exemple qui manient plus d’argent que les revenus de la France).

Bouter hors de France Goldman Sachs et JP Morgan… Nationaliser le marché du gaz. Chasser Vinci et nationaliser les Sociétés d’autoroutes.

Transformer, diversifier et réorganiser les pôles de production d’énergie et de bien nécessaires à tous : nationalisation d’ EDF, GDF, France Télécoms, des eaux, des autoroutes, de TF1, de TDF, et de tous les établissements financiers secourus par les fonds publics.

Annulation de la privatisation rampante de la Poste.

Interdire la privatisation des services publics stratégiques, comme la santé et l’ Education.

Systématiser les rencontres citoyennes et user du referendum pour les questions financières et les modifications de grande ampleur…

Réformer en profondeur la Constitution….

Et si nos élites ne sont pas capables de proposer ces REFORMES VITALES au peuple…

ALORS…

Foutons les dehors !

Et usons de la seule solution :

QUE LA REVOLUTION CITOYENNE JAILLISSE DES CŒURS ET DES ESPRITS !

JUSTICE ET PAIX AUX HOMMES DE BONNE VOLONTE !

 

  espoir-copie-1

 

PS : Sites consultés :

http://www.insee.fr/fr/

http://epp.eurostat.ec.europa.eu/portal/page/portal/statistics/search_database

http://www.aft.gouv.fr/

 

 

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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 14:08

 

Le Monde - Blog finance

 

 

Les douze derniers mois n’auront pas été exemplaires pour le système bancaire américain…sauf sur un plan : leur rentabilité. Elle a entrainé une hausse de leurs cours de bourse qui se situe entre 15 et 27 % depuis le début de l’année.  Ce n’est rien a cote de l’explosion de 60% de BNP Paribas.

Après tout, c’est peut-être tout ce qui compte pour eux. Mais les grandes banques des Etats-Unis ont une fâcheuse tendance de se croire hors d’atteinte, meme si elles ne sont plus au-dessus de tout soupçon. Elles ne peuvent plus tout se permettre.

1.     JP Morgan Chase est au centre d’une belle bataille de gouvernance. Il faut dire qu’entre le Libor, la perte de 6 milliards de dollars, des enquêtes sur la manipulation des prix de l’énergie, sa réputation d’intégrité, qui en faisait une des banques les plus admirées au monde, a pris un sérieux coup. Une fronde des actionnaires tente d’exiger que son PDG, Jamie Dimon,  choisisse entre la Présidence et la Direction Générale de la première banque américaine. Le 21 mai, nous saurons s’il aura réussi : sur le plan de son image, cependant, cette lutte publique pour le pouvoir absolu a eu des retombées néfastes. Le Conseil d’Administration soutien le statu quo et Jamie Dimon a fait savoir qu’il quitterait si on le privait de sa tiare. Il faut dire que JP Morgan n’utilise pas de firme de recrutement pour choisir de nouveaux administrateurs, mais se base sur les « références ». C’est l’ancien Chairman (et CEO, bien sûr) d’Exxon, Lee Raymond, qui est le contrepoids à cette hégémonie. Peut-être se retrouvera-t-il Chairman à l’issue de l’Assemblée ? Il faut dire qu’aucun administrateur de JP Morgan Chase n’a une vraie expérience bancaire.  Les paris sont ouverts et, pour corser l’affaire, la firme qui récolte les bulletins de vote par procuration a décidé d’arrêter –sans explication- de faire connaître les tendance pour les diverses résolutions.

2.     Goldman Sachs a renoué avec les bonus insensés sans pour autant que la performance soit à la hauteur. La même demande de séparation des rôles est sur la table. Mais cette fois, une entreprise qui représente les actionnaires, Glass Lewis, est montée au créneau. Comme les banques doivent dorénavant faire approuver leur système de rémunération par l’Assemblée Generale aux Etats-Unis, ces derniers ont bien l’intention de mettre à mal un système qui leur est défavorable, tant le droit de cuissage du management est important. Un des administrateurs qui a du sang sur les mains à Fannie May et Countrywide est aussi en ligne de mire. Goldman Sachs refuse de présenter des paramètres de rémunération et est considérée comme distribuant des bonus arbitraires, sans oublier les avantages « en nature » sur les fonds prives des partenaires. Les Britanniques n’ont pas apprécié l’entourloupe qui lui a permis d’éviter 20 millions de livres d’impôts sur ses bonus en les payant plus tard.

3.     Citibank est de loin la firme dont le retour à meilleure fortune est le plus remarquable. La défenestration de Vikram Pandit reste dans les mémoires, mais le nouveau CEO, Michael Corbat, est bien reçu. C’est le Comite d’Audit que les actionnaires attaquent. Il faut dire que l’un des administrateurs, Robert Joss,  était si peu indépendant qu’il avait un contrat de consultance de $ 350.000 par an, et était payé pour « certains projets ». L’autre, Judith Robin, qui dirige la Rockefeller Foundation et est une grande et remarquable philanthrope mais n’est peut être pas la mieux outillée pour être au comité d’Audit alors que sa présence au Conseil n’est absolument pas contestée. Cette tentative a échoué.

 Cette liste, loin d’être exhaustive, est là pour nous rappeler que les banques américaines continuent à se plaindre de l’administration, des règlementations, de l’économie …et d’obtenir des faveurs de la Federal Reserve. Leurs bénéfices décrédibilisent totalement leur lutte contre deux grands ennemis : la « Volcker Rule » qui protège les fonds propres des banques contre la spéculation et le « too big to fail » (trop grosse pour une banqueroute), qui vient de faire l’objet d’une proposition bipartisane (eh oui, cela existe) du Congrès américain. Heureusement le poids économique des banques est inferieur a 80% du PIB alors qu’il est de 350% en Europe.

 

Nous savons tous que la prochaine crise bancaire est en train de se préparer et que la question n’est pas « si » mais « où » et « quand ». Plus que jamais la vigilance reste de rigueur, tant il est vrai que les mauvaises habitudes ne changent pas facilement,

 


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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 13:54

 

 

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 17.05.2013 à 11h10 • Mis à jour le 17.05.2013 à 11h44


  
Jérôme Cahuzac à Villeneuve-sur-Lot, dans ce qui était jusqu'alors son "fief".

Jérôme Cahuzac perçoit toujours ses indemnités de ministre. Le ministre de l'économie, Pierre Moscovici, a confirmé sur RTL, vendredi 17 mai, que l'ex-ministre du budget "a choisi" de percevoir ses indemnités de ministre ainsi que le révélait jeudi RMC. La loi autorise tout ministre à toucher son salaire pendant les six mois suivant une démission. Le ministre a été contraint de quitter son poste fin mars après l'ouverture d'une information judiciaire le visant pour blanchiment de fraude fiscale. Deux semaines plus tard, il a avoué détenir un compte bancaire secret à l'étranger et a été mis en examen.

La décision de Jérôme Cahuzac va à l'encontre de la position défendue par Jean-Marc Ayrault, précise le ministre de l'économie : "Le premier ministre lui a demandé de ne pas le faire. Nous n'avons pas les moyens d'interrompre cela, c'est légal." Selon lui, le choix de toucher son salaire relève de "la même logique, celle d'un homme qui n'en fait un peu qu'à sa tête".

 

 

 UN AVENIR POLITIQUE COMPROMIS

Il semblerait que Jérôme Cahuzac n'ait pas fait le deuil de ses ambitions politiques. Il a multiplié ces derniers jours les signaux laissant penser qu'il comptait se présenter au scrutin de Villeneuve-sur-Lot du 16 et 23 juin face au candidat désigné par le PS. Un sondage confidentiel réalisé par l'IFOP donnerait toutefois l'ancien ministre largement battu au premier tour de la législative partielle dans la troisième circonscription de Lot-et-Garonne avec 11 % des voix.

Lire : Cahuzac vient prendre la température de l'électorat au marché de Villeneuve-sur-Lot

Selon ce sondage commandé par le Parti socialiste et révélé vendredi par La Dépêche du Midi, Le Parisien et RMC, l'ancien ministre du budget serait devancé par Jean-Louis Costes (UMP) avec 27 % des voix, le représentant du FN Etienne Bousquet-Cassagne (22 %), et le candidat désigné par le PS, Bernard Barral (19 %). Dans le cas où Jérôme Cahuzac ne se représenterait pas, Jean-Louis Costes obtiendrait 30 % des suffrages. Bernard Barral arriverait dans ce cas de figure en deuxième position avec 23 %, juste devant le candidat du FN (21 %).

Lire : Le PS contre un retour de Cahuzac à l'Assemblée nationale

 

 

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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 12:55

 

Rue89 - Blog

 Benjamin Sourice - Journaliste

 

Publié le 15/05/2013 à 12h23

 

Depuis le chaos politique provoqué par l’affaire Cahuzac, le gouvernement affiche sa « volonté implacable » de « moraliser la vie publique ». Dans cet entretien, le magistrat Eric Alt, vice président d’Anticor, association de lutte contre la corruption en politique depuis 2002, s’interroge sur la portée réelle de la futur législation anti-conflit d’intérêt bientôt présentée à l’Assemblée.

D’après vos statuts, l’action d’Anticor vise à lutter contre le constat d’impuissance du « tous pourri » en menant des actions ciblées dans des affaires de « délinquance politique ». Quel est le constat de votre organisation aujourd’hui ?

La situation est aujourd’hui très dégradée. En avril 2013, 77% des Français pensaient que les hommes politiques sont « plutôt corrompus ». Quand ils pensent à la politique, ils éprouvent du dégoût (36%) et de la méfiance (32%).

Pour Anticor, l’objectif est n’est pas une « moralisation » de la vie publique mais simplement de revenir aux fondamentaux de la République, inscrits dans préambule de la déclaration des droits de l’homme de 1789 : l’égalité devant la loi, l’égalité devant l’impôt, le droit pour les citoyens de demander compte aux agents publics de leur administration, l’égale admissibilité aux emplois publics....

Ce n’est pas seulement une question de principes.

Aujourd’hui, les oligarchies refusent de payer l’impôt, comme la noblesse de l’ancien régime. Cela appauvrit le pays de 60 à 80 milliards d’euros chaque année (Il faut rappeler que le service annuel de la dette est de 47 milliards par an).

La corruption et la fraude appauvrissent le pays et l’Europe toute entière (1000 milliards de perdus rien que par la fraude fiscale). La France et l’Europe ne sauraient donc combattre efficacement la crise sans livrer bataille contre la grande corruption et la fraude.

Le gouvernement Ayrault et le Président ont annoncé une « moralisation de la vie publique » en encadrant mieux le lobbying et les conflits d’intérêts. Quelle est la position de votre organisation vis-à-vis de ces deux thématiques ?

Dans l’affaire du Médiator, l’inspection générale des affaires sociales a constaté que l’Agence des produits de santé se trouve structurellement et culturellement dans une situation de conflit d’intérêts, par sa coopération institutionnelle avec l’industrie pharmaceutique.

Des personnes sont mortes de ces conflits d’intérêts, d’autres en subiront les conséquences toute leur vie.

Surtout, la démocratie, c’est définir les conditions de vivre ensemble, c’est choisir un destin commun.

Il n’y a plus de démocratie si les puissances économiques déterminent les décisions essentielles par leur pouvoir d’influence.

Anticor approuve donc le projet de loi qui organise la publicité des déclarations d’intérêts. Nous demandons aussi une stricte règlementation du lobbyisme, une meilleure protection des lanceurs d’alerte, un renforcement du Service central de prévention de la corruption. C’est vraiment un minimum démocratique.

Vous avez été reçu lundi 13 mai à l’Élysée pour évoquer la moralisation de la vie publique et émettre quelques réserves sur les projets de lois qui seront prochainement débattus au Parlement. Quelles sont d’après votre organisation les forces et les faiblesses de ce projet ?

Ce projet vient un peu tard. Le gouvernement a ignoré l’appel des juristes à Agir contre la corruption en juin 2012.

Après le scandale Cahuzac, les projets de loi ont été rédigés avec hâte, sans concertation et avec peu de réflexion.

Cela explique peut-être la création d’un parquet financier, que personne ne demandait, qui n’apporte rien et qui va sans doute complexifier l’administration de la justice : tout changer pour que rien ne change...

Mais tout n’est pas encore perdu. Nous allons porter notre action de plaidoyer au Parlement, proposer des amendements. Nous espérons que les députés et sénateurs sauront s’en emparer. Je crois que l’Elysée est conscient des imperfections de ces projets ; le gouvernement devrait donc avoir une position constructive lors des débats parlementaires.

Si la France veut vraiment devenir « exemplaire en matière de transparence » et de bonne gestion des conflits d’intérêts, quelle ligne de conduite devrait-elle suivre pour sa future législation ?

Le déficit de confiance dans les institutions est considérable. C’est pourquoi, au-delà des mesures techniques indispensables pour lutter contre la corruption et de la fraude, l’ambition doit être de restituer au citoyen son pouvoir dans la démocratie, qu’il s’agisse de se constituer partie civile en cas d’infraction à la probité publique, d’exercer un contrôle sur l’administration de sa commune, de permettre un référendum....

Entre les urnes et la manifestation de rue, il faut repenser le pouvoir et le rapport du citoyen au pouvoir.

L’affaire Cahuzac révèle une confusion entre pouvoir et argent, ce qui est le propre de l’oligarchie. Cette oligarchie considère qu’elle n’a pas besoin de la démocratie. Elle manie avec cynisme un double langage qui traduit le mépris du peuple. Il faut se délivrer de cette pathologie de la démocratie.

Montesquieu qui écrivait « il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ». C’est un enjeu essentiel. Et pour commencer, la France doit donner à sa justice les moyens humains et juridiques de jouer son rôle.

Eric Alt est également co-auteur de l’Esprit de corruption (éd. du Bord de l’eau, oct. 2012).

 


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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 12:39

 

Rue89

 

à lire sur The Independent (en anglais) 17/05/2013 à 10h57

 

 

Les révélations sur les conditions de travail chez Ryanair semblent plus scandaleuses à chaque nouveau témoignage.

Une ancienne membre du personnel de cabine, sous contrat avec un sous-traitant, témoigne dans le quotidien anglais The Independent. Elle raconte notamment avoir dû :

  • Prendre trois moins de congés sans soldes - obligatoires - dans l’année. Pendant ce temps-là, interdiction de travailler ailleurs.
  • Payer 360 livres (environ 425 euros) pour son uniforme et 1 800 livres (environ 2 130 euros) pour prendre un cours de sécurité - obligatoire.

De vol quatre jours par semaines, elle devait rester d’astreinte le cinquième jour sans que cela ne lui soit payé.

Elle raconte s’être rendu à l’aéroport un jour d’astreinte, à 4 heures du matin, pour finalement apprendre que le vol était annulé. Le trajet aller-retour en taxi a été pour sa poche et aucune compensation ne lui a été payé.

Même sur ses quatre jours de travail, seules les heures passées en vol étaient rémunérées pour 13,07 livres de l’heure (15,47 euros environ). Rien pour les réunion d’information avant vols, les heures de rotations, les rendez-vous commerciaux et les heures passées au sol à cause des délais et des annulations de vols.

 

Lire sur The Independent (en anglais)

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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 12:26

 

 

Rue89

 

Le grand entretien 16/05/2013 à 18h37
Galbraith : « Vous avez besoin d’un grand plan collectif d’assurance sociale »
Pascal Riché | Cofondateur Rue89

 

 

James Galbraith est un économiste américain, situé à gauche du parti démocrate. Il est professeur à l’université d’Austin, au Texas, spécialiste des questions d’inégalités et proche de l’Institut Roosevelt, cofondé par son père, le célèbre économiste John Kenneth Galbraith, dont il s’inscrit dans la lignée.

Selon lui, l’Union européenne ne pourra s’en sortir qu’en adoptant un vaste filet social financé par le budget européen, comme l’avait fait Roosevelt en 1933. Entretien décoiffant.

Rue89. L’économie américaine a redémarré, l’économie de la zone euro reste embourbée. Qu’ont fait les Etats-Unis que l’Europe aurait dû faire ?

James Galbraith. La réponse n’est pas compliquée : nous disposons d’un gros gouvernement fédéral à l’échelle du continent, ce qui n’existe pas en Europe.

Il reste aux Etats-Unis des problèmes sociaux, liés aux mesures d’austérité que nous appelons « séquestration » et de nombreuses personnes ont perdu leur emploi ces dernières années. Mais le système n’est pas en chute libre : il n’est pas dans un Etat de déclin non contrôlé.

Nous avons profité de l’effet stabilisateur d’importants déficits budgétaires au niveau fédéral. Nous n’avons pas cherché, à la différence de ce qui s’est passé en Europe, à les réduire de façon brutale. Ce n’est de toute façon pas possible en période de stagnation, car si vous coupez les dépenses publiques, la croissance est affectée et les recettes fiscales baissent... avec pour conséquence que le déficit reste le même.

C’est assez impressionnant de constater, quand vous vous replongez dans les chiffres de 2009, comment le recul de la demande privée a été compensé automatiquement par l’augmentation des déboursements pour financer les pensions de retraite, pensions d’invalidité, allocations chômage ou par les réductions d’impôts.

Le système économique américain serait donc, selon vous, plus keynésien que le système européen dans lequel il existe pourtant de larges filets sociaux ?

Sur le plan institutionnel, oui, je le pense. Et particulièrement si vous observez les pays périphériques de l’Europe, dans lesquels ces filets sont faibles. Le problème en Europe, c’est que vous disposez de tels mécanismes stabilisateurs en Allemagne, en France, mais pas en Grèce, en Espagne, au Portugal ou en Irlande. Et ces pays ont donc connu ces effondrements.

Qu’aurait-il fallu faire ? Un plan de relance à l’échelle européenne ?

Je n’aime pas le concept de « plan de relance », qui n’est à mon avis pas adapté à la situation. Ce dont vous avez besoin, c’est d’un plan de stabilisation. Un grand plan collectif d’assurance sociale. La première chose que je ferais, c’est de fournir des allocations chômage, financées par un budget européen commun. Puis, je procurerais des suppléments-retraite, financés eux aussi par le budget européen, destinés à ceux qui en ont besoin. Je distribuerais des bons alimentaires, par exemple dans les écoles des pays qui n’ont pas de cantines, comme c’est le cas de la Grèce. Des gens commencent à avoir faim : vous devez vous occuper de ces situations. Cela aidera à stabiliser la situation, à la fois sur le plan économique et politique.

L’idée du simple « plan de relance », selon laquelle il suffirait d’injecter de la monnaie pour revenir spontanément à la prospérité du plein emploi est un leurre. Ce n’est pas ainsi que les économistes keynésiens devraient raisonner et ce n’est pas ainsi que, dans nos économies modernes, on pourra affronter efficacement ces situations.

Toutefois, financer un vaste filet social est également une sorte de plan de relance.

Le problème de l’expression « plan de relance », c’est qu’elle implique une initiative temporaire. On ne peut pas créer une nouvelle situation par un simple « stimulus ». Ce dont on a besoin, c’est d’une organisation sociale permanente. A la limite, les allocations chômage peuvent être temporaires, si vous parvenez à relancer l’emploi. Mais ce n’est pas le cas des retraites : vous devez vous préparer à distribuer des pensions pour une longue période... Toute l’idée du plan de stabilisation est de procurer à des gens qui ont de faibles moyens économiques la capacité de vivre décemment, et pendant longtemps. Pas seulement pour quelques mois.

Comment financez-vous un tel plan de stabilisation ?

Eh bien, en envoyant des chèques.

Hum ?

Vous avez une monnaie, l’euro, vous pouvez envoyer des chèques en euros. C’est ce qu’on a fait ici : on a envoyé des chèques en dollars. L’administration sociale a envoyé des chèques du Trésor public, les gens les ont encaissés, il n’y a pas eu de problème.

Vous êtes en train de parler de création monétaire...

Ben oui. Est-ce pour vous une surprise que les gouvernements créent de la monnaie ? Ils ont fait cela depuis des milliers d’années. Les Mésopotamiens ont inventé cela ! Il est temps de le réapprendre.

Vous savez très bien que les gouvernements, aujourd’hui, se méfient de la création monétaire, qui comporte des risques inflationnistes. En tout cas, c’est la conviction des dirigeants européens, à commencer par les dirigeants allemands qui détestent l’idée.

Je n’y peux rien s’ils la détestent. C’est comme s’ils détestaient l’idée que l’eau est faite d’hydrogène et d’oxygène. S’ils n’admettent vraiment pas cette vérité, il faut accepter la proposition de Hans-Olaf Henkel [un économiste allemand, ancien président de la fédération de l’industrie, ndlr], qui suggère une sortie de l’euro.

Si les Allemands ne veulent pas participer à une économie européenne qui fonctionne normalement, ils peuvent la quitter. Il faut bien prendre conscience que vous ne pouvez pas être dirigés par des gens qui ont une vision complètement irréaliste de la façon dont fonctionnent les économies modernes sans que cela ne conduise à une catastrophe. C’est ce qui se passe en Europe actuellement. Je ne dis pas que nous n’avons pas, aux Etats-Unis, des gens qui raisonnent de la même façon, mais au moins, ils n’ont pas encore détruit nos institutions.


Un billet de 20 euros (Images_of_money/Flickr/CC)

De nombreux économistes, aux Etats-Unis comme en Europe, considèrent que la création monétaire, si elle est trop importante, ne peut que conduire à une inflation où à des bulles spéculatives...

Il existe effectivement un groupe de personnes convaincues que le principal danger actuel est de perdre le contrôle de l’inflation. Mais parmi les gens qui sont en contact avec le monde réel, personne à ma connaissance ne les prend au sérieux. Eux savent que le problème, c’est le chômage, l’effondrement social et politique en cours... Cela s’appelle la déflation, pas l’inflation ! C’est un peu comme si, au milieu d’un incendie, quelqu’un débarquait pour clamer que le principal problème était le risque de pluie. Ces personnes ont le droit de s’exprimer, bien sûr, mais leur confier la conduite de la politique économique n’est pas une bonne idée.

En France, les médias comparent la situation actuelle avec les années 30. Cette comparaison a-t-elle du sens ?

Il y a des similarités entre les deux périodes, mais il faut garder en tête que nous sommes plus riches que dans les années 30, que nous disposons d’institutions qui protègent les citoyens et que le risque d’une guerre européenne n’est pas présent. Ce qui est comparable, c’est que les situations désespérées que l’on observe dans certains pays européens ont entraîné des pressions séparatistes, des violences, de la xénophobie, des votes protestataires qui profitent à l’extrême droite, etc. Si vous cherchez d’autres parallèles historiques, on pourrait aussi se souvenir de ce qui s’est passé en Yougoslavie dans les années 90. La situation, dans certaines régions d’Europe, peut dégénérer très rapidement.

Hum... la guerre en Yougoslavie s’inscrivait dans un contexte bien particulier. C’était une situation de guerre...

Oui, mais ce genre de guerre commence lorsqu’une violence est organisée et qu’elle est dirigée contre des communautés particulières. C’est ce qui s’était passé en Bosnie, et c’est ce qui se passe aujourd’hui dans certains quartiers en Grèce, où l’on assiste à l’émergence d’un parti nazi.

Quelles leçons pouvons-nous tirer de la façon dont la crise des années 30 a été surmontée ?

La leçon, c’est qu’il faut combattre la crise par la solidarité, la démocratie, la flexibilité et le pragmatisme, pas par l’idéologie ou le dogmatisme. Et surtout pas en acceptant que les créanciers financiers aient le contrôle complet des mécanismes économiques. Leur seul but est de prendre possession d’actifs publics pour se rembourser d’une dette qui ne peut de toute façon pas être remboursée. Cette politique détruit la fabrique même de l’Europe et dépossède les citoyens de leurs biens les plus précieux. C’est ce qui se passe très concrètement : des équipes ont été dépêchées à Athènes pour demander à ce que soient vendus ce qui reste à l’Etat grec comme actifs de valeur. Ce n’est pas cela qui va renforcer l’Union européenne...

A vous écouter, l’Europe devrait s’inspirer du New Deal de Roosevelt...

Je n’aime pas trop proposer des « modèles », les situations sont différentes. Mais il y a des principes dont on peut s’inspirer. La solidarité sociale est un de ces principes. Vous devez organiser des transferts vers les gens qui sont vulnérables, ce qui permettrait de stabiliser leur situation. Sinon, ils souffrent et s’ils sont mobiles, ils déménagent, minant les fondations sociales de leur pays.

L’Europe ne peut pas se permettre qu’un de ses pays s’effondre. C’est un peu différent de ce qui se passe ici aux Etats-Unis : si le Nord-Dakota perd une grande partie de sa population à la suite d’une crise, c’est grave, mais le gouvernement fédéral ne s’est pas engagé à garantir la taille de la population de chaque Etat. Si c’est la population d’un pays membre de l’Union européenne qui déménage, Portugal, Irlande ou Grèce, ce serait beaucoup plus problématique : l’Union ne peut se le permettre.

Pensez-vous que les travailleurs de ces pays peuvent déménager dans des pays plus prospères comme l’Allemagne ?

L’histoire de l’Europe montre que ces mouvements sont possibles. Il y avait plus d’un million d’Espagnols hors des frontières avant la mort de Franco. Et la deuxième ville portugaise est Paris [troisième en réalité, derrière Lisbonne et Porto, ndlr]. Mais les professionnels des pays en crise ne vont pas seulement vers l’Europe, ils vont aussi en Australie, aux Etats-Unis, en Amérique latine... Et ces pays perdent leurs médecins, leurs professeurs, leurs ingénieurs. Ce qui affaiblit encore plus leur situation.

Concernant la dette de ces pays, ne pensez-vous pas qu’un plan plus audacieux de restructuration, voire d’écrêtement, devrait être conçu ?

Le mieux serait de restructurer la dette de l’ensemble des pays de la zone euro, ce qui permettrait de ne pas stigmatiser les pays fragilisés. Et le meilleur moyen d’y parvenir serait de mutualiser une partie de la dette des pays, par exemple jusqu’à un montant de 60% du PIB, comme cela a pu être proposé. Ainsi chaque pays profiterait de taux d’intérêt modérés. Si l’Union européenne prend au sérieux la question de sa propre survie, c’est une mesure qui devrait être engagée. J’ai posé récemment une question sur le sujet à votre ministre de l’Economie et des Finances Pierre Moscovici, et sa réponse a été intéressante. Il n’était pas hostile à l’idée, mais il pense que cela prendra du temps.

Sans ces mesures radicales que vous prônez, l’euro peut-il survivre ?

Non. Tel que c’est parti, il court à sa perte, même si cela peut prendre du temps. Sans un changement fondamental d’approche, l’euro va terminer son existence dans des circonstances dramatiques. Il faut sortir l’Europe de la logique purement commerciale, dans laquelle on en arrive à prêter des fonds à des taux d’intérêt supérieurs à la croissance des pays vulnérables : cette logique ne peut qu’aggraver la dette de ces pays. Il faut entrer dans une autre logique, dans laquelle les échanges commerciaux sont modérés par un programme de stabilisation sociale de solidarité.

Qui est responsable de la situation actuelle ?

Friedrich Von Hayek et la société du Mont Pellerin : les architectes de cette vision néoclassique de l’économie qui régit la zone euro aujourd’hui ! Et tous les économistes ou technocrates européens – qu’ils soient allemands comme Jens Wiedmann [président de la Bundesbank, ndlr] ou français comme Jean-Claude Trichet [ex-président de la BCE, ndlr] –- qui ont adopté ces idées.

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 12:07

 

 

 

Eurovia.com

mercredi 17 avril 2013

 

 

Un nouveau rapport sur l’accaparement des terres en Europe

 

 

 

Toutes les versions de cet article : [ English ] [ Español ] [ français ] [ italiano ]


17 Avril 2013 – Journée internationale des luttes paysannes –

Un nouveau rapport affirme :

La concentration et l’accaparement des terres prennent en Europe un caractère inquiétant

La concentration et l’accaparement des terres n’adviennent pas seulement dans les pays en développement ; en effet, ces deux phénomènes ont aussi cours en Europe aujourd’hui. Un nouveau rapport du réseau Coordination Européenne Via Campesina et Hands off the Land montre que l’accaparement des terres et l’accès à la terre sont, aujourd’hui en Europe, des questions cruciales, et révèle aussi les implications variées que peuvent avoir le régime des subventions et les autres mesures de la politique agricole commune (PAC) .

Ce rapport, impliquant 25 auteurs originaires de 11 pays différents, intitulé « La concentration et l’accaparement des terres et les luttes paysannes en Europe » révèle le scandale tenu secret, à savoir que seulement 3% des propriétaires terriens sont arrivés à contrôler la moitié des terres cultivables. Cette concentration massive de la propriété et des richesses foncières est comparable à celle ayant cours au Brésil, en Colombie ou aux Philippines.

Certains de ces processus de concentration croissante des terres ne sont pas nouveaux, bien qu’ils aient, ces dernières décennies, surtout pris de l’ampleur dans les pays d’Europe de l’Est. Beaucoup de compagnies européennes, de même que des nouveaux acteurs, y compris les compagnies chinoises et les Hedge Funds du Moyen-Orient, sont liés à des filières mondiales de plus en plus concentrées , tous cherchant à profiter de la spéculation grandissante sur les produits agricoles de base.

Le rapport de l’étude de cas approfondie observe les tendances à une forte concentration des terres en Espagne, en Allemagne, en Italie, en France et en Autriche, il fait aussi état de différentes formes d’accaparement des terres en Hongrie, en Roumanie, en Bulgarie, en Serbie et en Ukraine. Tout comme dans le cas de situations analogues en Éthiopie, au Cambodge, ou au Paraguay, beaucoup de ces transactions foncières à grande échelle sont réalisées de manière secrète et non transparente.

Le rapport révèle que l’un des moteurs principaux de la concentration et de l’accaparement des terres en Europe sont les subventions versées dans le cadre de la politique agricole commune ; celles-ci favorisent explicitement les grandes exploitations, marginalisent les petites fermes et bloquent l’installation d’agriculteurs potentiels. En Espagne, par exemple, en 2009, 75% des subventions ont été touchées par 16 % des plus grands producteurs.

Les autres domaines jouant un rôle clé dans l’accaparement des terres sont l’industrie extractive, l’extension urbaine, les intérêts immobiliers, les enclaves touristiques, et autres entreprises commerciales.

Le prof. Dr. Jan Douwe van der Ploeg, de l’université de Wageningen, membre de l’équipe de recherche, dit : « Il s’agit d’une dynamique de concentration et d’accaparement progressif des terres sans précédent. Cela a fait empirer la situation existante, à savoir que de nombreux jeunes voudraient pouvoir rester pauysan(ne)s ou s’installer en agriculture mais ne peuvent ni se maintenir sur les terres ni y accéder. C’était déjà, par le passé un problème important, mais cela n’a fait qu’empirer. Les subventions actuelles, accordées et planifiées par la Politique Agricole Commune, sont susceptibles de renforcer les obstacles à un accès plus démocratique à la terre et à l’installation des jeunes. L’accès à la terre est une des conditions primordiales pour parvenir à la souveraineté alimentaire en Europe. En effet, aujourd’hui, les trois problèmes les plus préoccupants en ce qui concerne le foncier en Europe, sont ceux relatifs à la concentration et l’accaparement des terres , et à l’impossibilité, pour les jeunes, de se maintenir ou d’accéder à la terre afin de pratiquer une agriculture paysanne. Leur caractère interdépendant et trilatéral rend ces problèmes relativement similaires à ceux que l’on rencontre actuellement en Afrique, en Amérique Latine et en Asie.

Ce rapport montre que la concentration et l’accaparement des terres ne vont pas sans susciter d’opposition, mais, au contraire, inspirent une vague de résistance massive. Cette année, la concentration et l’accaparement des terres sont au centre de cette journée des luttes paysannes. L’étude présente le cas de la communauté de Narbolia, en Sardaigne, qui se mobilise contre l’utilisation de terres agricoles de première qualité pour d’immenses projets d’implantation de serres solaires, et le cas de l’opposition au projet d’aéroport à Notre Dames des Landes, à Nantes, en France.

Il y a encore beaucoup d’autre cas d’occupation collective de terres, reflétant les actions de beaucoup de mouvements sociaux du Sud. Le rapport souligne le cas du « SOC », en Andalousie, où des paysans sans terres occupent collectivement la terre et la cultivent selon des méthodes agroécologiques, et de SoLiLA, à Vienne, où des jeunes gens se retrouvent afin de « squatter » des terres urbaines fertiles pour pratiquer une agriculture soutenue par la communauté et un jardinage urbain destiné à la production de nourriture, tout en évitant que ces terres ne soient transformées pour un usage commercial.

Jeanne Verlinden, de la Coordination Européenne Via Campesina (ECVC), nous dit que cette étude nous montre ceci : « La terre doit être à nouveau considérée comme un bien public. Nous devons réduire la marchandisation des terres et promouvoir la gestion publique de cette ressource commune de laquelle nous dépendons tous. La priorité devrait être donnée à une utilisation par des petits paysan(ne)s, pour une agriculture paysanne et pour la production de nourriture, plutôt qu’à un transfert à des intérêts commerciaux privés qui cherchent des terres pour la spéculation, accentuant ainsi la concentration croissante des richesses. L’accès à la terre devrait être donné à ceux et celles qui la travaillent. »

Pour plus d’informations, contacter :

ECVC : Jeanne Verlinden : +32497605884

TNI : hildevanderpas@tni.org ;+31 20 6626608

ISS : Jun Borras

Documents joints

 

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16 mai 2013 4 16 /05 /mai /2013 17:25

 

 

Médiapart

 

 

 

 

Le grand oral de François Hollande devant la Commission européenne s’est passé sans surprise. Face à une assemblée dont il a loué le « pragmatisme », François Hollande a pris tous les engagements que Bruxelles souhaitait : la France allait se conformer à la feuille de route dressée par Bruxelles. En contrepartie du sursis de deux ans obtenu pour redresser les comptes publics et ramener le déficit budgétaire en dessous de la barre symbolique des 3 %, elle allait mener les fameuses réformes structurelles exigées. « En France, nous avons engagé des réformes de compétitivité et nous allons continuer, non parce que l'Europe nous le demanderait mais parce que c'est l'intérêt de la France », a déclaré le président de la République, dans l’espoir de réfuter la thèse que le gouvernement français n’a aucune marge de manœuvre face à Bruxelles.

Une impression que s’est vite empressé de dissiper José Manuel Barroso, lors de la conférence de presse commune. La France vit désormais sous le régime du Mécanisme européen de stabilité et de la Troïka. Sans divulguer les points précis que la commission va présenter le 29 mai au gouvernement français, le président de la Commission européenne a averti le gouvernement français qu’il devait s’engager sans tarder vers de nouvelles réformes structurelles en contrepartie du sursis accordé. Soulignant le « poids exorbitant de la dette », Barroso a déclaré que la France devait rattraper deux décennies de compétitivité économique perdue.

Avant même de connaître le déroulement de ce grand oral à Bruxelles, de nombreux économistes en avaient anticipé le résultat.  Trois d'entre eux s'en expliquent dans Mediapart. « Ce gouvernement n’a aucune boussole pour sortir de la crise. Il fait des ajustements à la marge. Mais la rupture de fond est sans cesse repoussée », constate Christophe Ramaux, chercheur au centre économique de la Sorbonne. « Depuis vingt ans, la France a une tactique perdante en Europe. Elle dit oui et tente de ne pas le faire. Alors que la bonne tactique serait de s’opposer, mais la France refuse de le faire. Elle se tait. On a accepté le traité budgétaire, on va faire les réformes demandées mais en essayant de les limiter. C’est une politique peu glorieuse et assurément perdante », renchérit Henri Sterdyniak, économiste à l'Office français des conjonctures économiques (OFCE).

Pour eux, la France, contrairement à la version présentée, est pourtant dans une situation de rapport de force qui lui est favorable. Car la politique d’austérité et d’ajustement budgétaire imposée par Bruxelles est en train de tourner au fiasco. Là encore, sans surprise selon eux, « mener une politique d’ajustement budgétaire en période de récession ne fonctionne pas. Cela ne conduit qu’à la catastrophe. Toutes les expériences économiques le prouvent », insiste Christophe Ramaux.

Trimestre après trimestre, la catastrophe annoncée se précise. Toute la zone euro s’enfonce dans la crise comme le prouvent les derniers chiffres publiés ce mercredi. À l’exception de l’Allemagne qui affiche un symbolique 0,1 % de croissance au premier trimestre, tous les autres pays sont à nouveau en récession. La zone euro est en train de connaître la plus longue période de destruction économique depuis la seconde guerre mondiale.

Face à un tel bilan, il y avait moyen pour la France de faire entendre sa voix et mener le combat pour une autre politique. Elle a préféré esquiver et avaliser le discours bruxellois d’une formidable faveur consentie à la France, en lui accordant un sursis de deux ans. « Le temps qui nous a été donné doit être mis au service de réformes de compétitivité et de croissance. Ce ne sont pas tant les déficits budgétaires que les écarts de compétitivité (entre les économies européennes - ndlr) qu'il faut corriger », a soutenu François Hollande.

 

Contre-révolution néolibérale

Cette acceptation sans nuances par François Hollande de la présentation des faits donnés par la commission ne laisse de surprendre. « Il n’y a eu ni “pragmatisme”, ni “concession et encore moins de cadeau. Si la commission a accepté de changer son calendrier sur la réduction des déficits, c’est qu’elle n’avait tout simplement pas le choix. Son programme d’ajustement budgétaire est irréaliste. Elle tente maintenant de faire passer ses erreurs manifestes d’appréciation comme un cadeau. Mais il n’y en a aucun. La réalité l’a simplement rattrapée », relève l’économiste Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévisions à l’OFCE.

« Présenter le sursis obtenu comme une victoire de la France est faux, ajoute Christophe Ramaux. La commission n’avait pas les moyens de faire autrement. De plus, ce n’est pas la France mais les Pays-Bas, un des gardiens du temple du néolibéralisme, qui ont mené le combat. Ils ont mené un débat interne très large avec toutes les forces politiques et sociales sur la conduite à tenir face à la récession. Et ils ont décidé unilatéralement de surseoir au plan d’austérité qui les menait à la catastrophe, sans rien demander à la commission. Non seulement, ils ont décidé de ne pas réaliser les économies de 4 milliards d’euros supplémentaires imposés pour revenir aux 3 % de déficit budgétaire mais ils ont différé aussi les réformes structurelles. » Curieusement, la Commission européenne ne parle pas des entorses néerlandaises et n’a pas l’air de formuler les mêmes exigences vis-à-vis des Pays-Bas. 

Mais cet allongement du calendrier ne change rien selon eux : la Commission européenne obéit toujours au même logiciel néolibéral. « Il n’y a pas d’inflexion. Nous sommes toujours dans les mêmes objectifs arbitraires sans lien avec la situation économique. Là où il faudrait des programmes de relance, on poursuit l’austérité par d’autres moyens », insiste Henri Sterdyniak. Des réformes, il en voit de nombreuses qui s’imposent, mais pas celles préconisées par la commission. « Limiter la domination de la finance, faire une vraie séparation bancaire entre les banques de dépôts et d’investissement, en finir avec la concurrence fiscale… Cela devrait être des réformes impératives. On oublie les origines de la crise. Elle n’a pas été causée par les allocs et les retraites, mais la faillite du modèle néolibéral financier. On utilise la crise pour faire avancer les réformes néolibérales », insiste-t-il.

Cette amnésie des faits, cette inversion des causes et des responsabilités les frappent. « Alors qu’en 2007, tous les néolibéraux étaient sous la table, peinant à trouver le moindre argument pour défendre un système en faillite, nous assistons depuis 2010 à une vraie contre-révolution néolibérale en Europe », rappelle Christophe Ramaux. Pour lui, les mots ont un sens. « Parler de réformes structurelles est fortement connoté. On reste dans la vision néo-classique de l’État : les structures sont le problème et il faut à tout prix poursuivre leur démantèlement, déstabiliser un peu plus l’État social. »

Là encore, les premiers résultats de cette politique de démantèlement social ne sont pas ceux escomptés. En Espagne, en Grèce, au Portugal, en Irlande, où les recettes préconisées par Bruxelles ont été appliquées à la lettre, les taux de chômage atteignent des records, et il en est de même pour les faillites d’entreprises. Les économies sont entraînées dans des spirales dépressives qui semblent sans fin. Il faut remonter à l’expérience de la stratégie du choc libérale menée en Russie au début des années 1990, après la chute de l’URSS, pour retrouver un tel effondrement économique.

Déflation salariale

Dans le même temps, les déficits et l’endettement public, qui étaient censés diminuer, explosent au contraire. En cinq ans, l’endettement de l’Espagne est passé de 58 % à presque 100 % du PIB. Celui de la Grèce dépasse les 170 %. Celui du Portugal a augmenté de 25 % depuis le plan de sauvetage.

Les économistes interrogés en sont sûrs : en s’engageant dans la même voie que ses voisins du Sud, la France est condamnée à connaître la même catastrophe. Car tous les stabilisateurs économiques, qui ont joué lors de la dernière crise de 2008 et qui avaient permis à l’économie française d’être un peu préservée, semblent être appelés à disparaître.

Le silence du gouvernement français face au dogmatisme européen les frappe d’autant plus que des réformes ont déjà été engagées mais ne sont jamais mises en avant. « La réforme de l’emploi est déjà en train. La partie sécurité est assez alléchante. Mais il est à craindre qu’elle ne soit jamais réellement mise en œuvre, au moins dans le contexte de crise actuelle. Cette réforme masque un déplacement du curseur vers les entreprises. Sans le dire, on est en train d’organiser la déflation salariale », pointe Xavier Timbeau.

Le plus surprenant, pour eux, est l’absence de réaction de la France face aux demandes sur la libéralisation des services publics. « La commission profite de la situation pour nous refourguer ces vieilles recettes. Mais qu’a à voir la libéralisation de l’énergie avec la crise ? Rien. C’est d’autant plus grave que ce débat sur l’énergie n’a pas à être mené sur un coin de table. Il y a des enjeux de sécurité, de compétitivité sur le long terme. Un débat doit être mené avec le reste de l’Europe sur le nucléaire, les gaz de schiste, les approvisionnements. On sait qu’on est dans un contexte de grandes incertitudes, qui va requérir des investissements très lourds. Et on nous ressort des concepts inadaptés des années 1990 », s’impatiente Xavier Timbeau.

« La commission reste dans le dogme néolibéral. Mais il est des biens collectifs, des situations de monopole naturel, comme typiquement l’énergie ou le ferroviaire, où le public est moins cher que le privé, pour le profit de tous, et pour une simple raison : il n’a pas le même coût du capital que le privé, il n’est pas obligé de rémunérer ses actionnaires », rappelle Christophe Ramaux. Mais là encore, cette leçon d’économie a été volontairement oubliée.

« Si la France accepte sans discuter la vision néolibérale de Bruxelles, ce n’est pas seulement par tactique ou par faiblesse. Le mal est plus profond que cela. Toute une partie des élites, notamment à Bercy, est persuadée que ces réformes structurelles sont exactement ce qu’il faut faire. On est en train de payer des années de régression intellectuelle, d'absence de débat théorique », dit Christophe Ramaux. Cette carence risque de se payer au prix fort.

 


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16 mai 2013 4 16 /05 /mai /2013 17:10

 

Rue89 - Témoignage 16/05/2013 à 16h40

 Antoine Michel | Blogueur

 

13 mai 2013 à minuit, via e-mails et réseaux sociaux, la nouvelle de répand comme un virus digne des zombies de Danny Boyle : le Virgin Megastore, à l’agonie, annonce des réductions de 50% sur la quasi-totalité du magasin. Les détenteurs de cartes de fidélité bénéficient de 20% supplémentaires.

Making of

Nous avons vu ce billet sur le blog Les rétro-galeries de Mr Gutsy circuler sur Facebook et, sidérés par la violence des faits relatés, avons pris contact avec son auteur. Il nous a amicalement permis de reprendre son texte.

 

Antoine, contractuel dans la fonction publique et blogueur, a vu sa compagne en pleurs, « détruite » après cette journée de soldes. Agée de 28 ans, elle travaille au Virgin des Champs-Elysées depuis 2008 et sera bientôt au chômage.

 

Antoine a alors interrogé les collègues de sa compagne et écrit le récit de leur journée. Il pourra en choquer certains. 

 

L’enseigne Champs-Elysées ouvre à 10 heures, et les choses se compliquent déjà. Les gens dehors s’impatientent, ils sont des centaines (dont certains sont là depuis 7 heures du matin), et tentent d’ouvrir eux-mêmes la gigantesque porte métallique. Ils tentent, ils tentent, les charognards.

La tension est déjà là, quelque chose ne tourne pas rond. Une ambiance, une attitude.

Le service de sécurité fait grincer les gonds. Sésame, ouvre-toi. Les chiens sont lâchés, le chaos peut commencer.

Des centaines d’humains, visages déformés, hagards, montent en courant au premier étage, se poussent les uns les autres. Une femme chute dans le grand escalier. Personne ne l’aide à se relever.

Objectif : le rayon numérique. Un iPad à 700 euros devient un iPad à 350 euros. Alors ils en prennent deux, trois, quatre, car même à 600 euros, les tablettes numériques se revendent illico sur eBay ou Leboncoin.fr.

 

 

Mais il n’y a pas que ça à récupérer, et certains ont prévu le coup : ils sont venus avec des grands sacs. D’autres ont carrément ramené des valises.

Comme le témoigne une certaine Emma dans Le Parisien :

« C’était la folie. Ça poussait de tous les côtés. Les plus pressés montaient les marches quatre à quatre pour aller dans les rayons hi-fi. Mais il y avait peu d’articles. Du coup, certains clients arrachaient de leur socle les appareils photos ou les tablettes en exposition. Les alarmes retentissaient de toute part. »

Au téléphone, un homme hurle, plié d’un rire nerveux : « J’y crois pas, ici c’est l’apocalyyypse ! ! ! » Dans un premier temps, les employés trouvent ça hallucinant, positivement parlant. Mais ils vont déchanter très vite.

Traqués, insultés, secoués par les clients

Les consoles Xbox, vendues la veille 250 euros, passent à 175 euros. Prenons-en une, non deux, non trois. Durant l’heure suivant l’ouverture du magasin, les vendeurs, complètement désemparés, sont suivis, pris à partie, traqués, insultés, secoués par des clients devenus fous.

Certains employés montent sur des tabourets, et hurlent des ordres aux gens afin de contenir, de canaliser la foule en furie. En vain. Des clients leur hurlent dessus, et l’attention sera – semble-t-il – à qui criera le plus fort.

Alors qu’ils ont commencé leur journée depuis moins de deux heures, certains salariés s’échappent littéralement pour aller pleurer au stock, loin du chaos. Pour atterrir, pour se rendre compte de ce qu’il se passe, et reprendre un poil de force.

La fermeture du magasin, le néant d’information depuis plusieurs mois concernant un quelconque plan social, Pôle emploi s’approchant, et maintenant ça. Ça fait beaucoup.

En moins de trente minutes, le rayon numérique est vide. Plus rien, à part de la poussière et des déchets sur les rayonnages (restes de menus McDo, cannettes vides, emballages divers).

 

 

Des gens ont sous les bras des trucs sans savoir de quoi il s’agit. Ils ne savent même pas ce que c’est. « Vous pensez que je peux en tirer combien ? », osent-ils même demander. Mais même sans savoir, plus besoin de les mettre sur Priceminister. Car la vente n’a jamais été aussi sauvage, et des enchères commencent dès lors dans les files d’attentes.

Je n’ai pas eu d’iPad, je rachète le vôtre. Non moi, non moi, non moi, qui dit mieux ? On dégaine le cash, des billets passent discrètement de main en main. On se croirait en plein deal généralisé.

Ils se gavent sans peur de vomir

La magasin a en stock 184 cartouches du dernier jeu Nintendo DS « Professeur Layton ». Un revendeur de jeux vidéo, venu avec des amis porteurs, les prend toutes. Les 184.

Ceux qui sont arrivés trop tard au saint premier étage – ou qui n’ont pas eu accès aux enchères sauvages – prennent alors TOUT ce qui passe à hauteur de panier. TOUT : peluche, DVD au hasard, magnet, écouteurs, jeux de sociétés, cartouches d’imprimantes. Ils n’ont pas le temps de choisir, sinon d’autres leur voleront leur butin.

Alors ils prennent, ils prennent, se gavent sans peur de vomir. Ils prennent pour empêcher d’autres de prendre. La plupart sont au portable :

« Mais tu veux lesquels ? Dis-moi vite, il n’y a presque plus rien ! “Twilight” ? “Iron Man” ? “Transformers” ? En Blu-ray ou DVD ? Bon, je prend tout, et rappelle-moi dans dix minutes ! De toute façon, on s’en fout, c’est à moins 50% ! »

Et pourtant – forcément – ils vomissent, quand le coup de sang est passé. Où ? Aux caisses. C’est réellement là qu’ils font leurs emplettes, leurs « bonnes affaires » : alors ça oui, je prends, ça non, ça oui, ça non... Ils reposent alors ce qui, en fait, ne les intéresse finalement pas.

L’attente dans la file est en moyenne de 1h30. Derrière les caissières, de centaines de produits divers s’entassent en dizaines de colonnes, trop rapidement dégueulés pour être rangés convenablement. Alors out le traditionnel classement fantastique/horreur/comédie : on prend tout et on repose tout en tas au rayon DVD. Obligé.

Les clients, pour une fois, ne se plaignent pas.

« On rachète vos indemnités »

Une employée sort fumer une clope, par une sortie privée qui mène dans la rue d’à côté. Elle a bien pris soin d’enlever son gilet rouge, chose qu’elle ne fait jamais. Elle n’a même pas allumé sa cigarette que les gens repèrent sans pitié le petit logo sur son badge et l’accaparent :

« Vous pouvez me mettre ça de côté ? Il vous reste des iPad ? Achetez-en un pour vous, et je vous le rachète ! »

L’employée leur répond que non. Leurs bouches se déforment alors, deviennent méchantes : « Non, mais sérieux, on croit rêver... Pffff ! »

Même aux livres, rare rayon sur lequel les soldes n’ont pas lieu (loi oblige), les gens remplissent des paniers en prenant – là encore – tout ce qui leur passe sous la main.

Lorsque les employés leur précisent que les livres ne bénéficient pas de réductions – « Non, mais vous auriez pas pu le dire ? » – ils reposent tout tel quel, n’importe où, avant de partir bon train vers des rayons plus juteux.

  • « Vous devriez être content, on rachète vos indemnités » ;
  • « C’est scandaleux, les vendeurs se sont servis avant nous ! » ;
  • « Vous n’allez pas vous plaindre d’être bientôt au chômage : vous vendez aujourd’hui, et je contribue en achetant. »

Ils n’ont JAMAIS vu ça de leur vie

Pour ajouter au chaos ambiant, au rez-de-chaussée comme au premier étage, des centaines de boîtiers vides de DVD et jeux vidéo jonchent le sol. Ouverts de force, volés dans la cohue.

On marche comme sur des œufs de peur de glisser, en poussant du pied les cadavres d’une culture qui semble avoir été violée. A la sortie, les bornes antivols hurlent au point qu’on ne les entend même plus.

Alors que le magasin ferme normalement ses portes à 22 heures, aujourd’hui, extinction des feux à 19h30. Ordre de ce qui reste de la direction : ne plus faire entrer personne pour mieux gérer la horde présente. (Pour la plupart des salariés cependant, la journée ne se terminera vraiment que cinq heures plus tard.)

Les vigiles, sous une pluie d’insultes et de huées, font leur job. Les gens dehors deviennent fous, les en empêchent, retiennent la porte. Ce qu’ils ne savent pas, les chacals, c’est que le magasin a déjà été pillé. Chacun de ses os a été sucé méthodiquement. Avidement.

Avec difficulté, les agents de sécurité, qui n’ont JAMAIS vu ça de leur vie, parviennent à refermer sésame. Ouf. Un délicat client qui n’a probablement pas eu sa part du gâteau se plaindra quand même en commentaire de je-ne-sais-plus-quel-site :

 


Capture d’écran d’un commentaire sur un site d’info

 

Amassant leur « butin »

Durant les derniers mois, depuis l’annonce de la fermeture de la chaîne Virgin, pas un seul de ces « clients » n’a évidemment levé le petit doigt pour soutenir (de quelque manière que ce soit) les 1 000 salariés, futurs chômeurs dans quelques semaines.

Mais lundi, ils étaient pourtant tous là comme par magie, ces clients invisibles, fossoyeurs aux dents acérées.

Ils ont soudain retrouvé l’adresse d’un magasin dans lequel, au mieux, ils n’avaient pas mis les pieds depuis des années, au pire, ne sont jamais allés.

Comble, certains ont même posés des RTT le matin même pour pouvoir s’y rendre. Dans le même article du Parisien cité plus haut, il est également noté que la Emma en question (mise au courant de la braderie par une proche) « était venue en repérage la veille, car elle n’avait encore jamais mis les pieds dans un magasin Virgin ».

Le temps d’une matinée, oubliant Amazon, oubliant « la crise », ils étaient là en chair et en os, en masse, les rats, les nécrophiles, dansant joyeusement sur les cadavres de milliers de salariés, amassant leur « butin », comme certains le disaient à 11 heures sur Twitter.

Faire des bonnes affaires, c’est une chose. Mais à ce prix-là ? « Eh oui » avez-vous tous répondu en chœur, « A ce prix-là », justement. Et ce prix-là, c’était moins 50%. C’est ce que vous répétiez tous, vous, les charognards, la salive pâteuse aux commissures des lèvres.

A prix cassés, dignités soldées ?

Pour ce prix-là, vous avez poussé aux larmes des travailleurs qui, peu importe ce qu’on peut penser de Virgin, ont mis toute leur énergie et leur amour durant des années dans un job qui les a passionnés. Pour un simple rabais, vous les avez insultés, méprisés et violentés. Vous avez montré sans masque qu’un vulgaire iPad avait à vos yeux plus de valeur que leur travail et leurs passions.

Pour ce prix-là, putain, vous êtes devenus des bêtes. A prix cassés, dignités soldées ? La vôtre on s’en doutait, mais également la leur dans la foulée ? Vous ridiculiser ne suffisait donc pas ? Il fallait également les écraser, les traîner dans la boue ?

Vous vous êtes battus comme des chiens. Bravo, c’est bien. Mais vous n’êtes pas des chiens, les chiens n’agiraient pas ainsi. Mais vous n’êtes pas non plus des êtres humains, car un humain il me semble, n’agit pas non plus de la sorte.

Non. Pour vous être comporté ainsi, vous n’êtes simplement – et clairement – que des sales pourritures.

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