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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 19:17

 

 

Médiapart

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Quand le fond du dossier est mauvais, dans les affaires politico-financières, il est assez commun de se défendre en jouant la procédure, mais il arrive aussi que l'on tente de déstabiliser les magistrats. Ainsi, lorsque le juge d'instruction Eric Halphen enquêtait sur les finances occultes du RPR, il a été inondé de lettres anonymes par un corbeau, puis espionné jusque sur une plage aux Antilles, avant d’être l’objet d’un traquenard rocambolesque, monté par des policiers proches de Charles Pasqua avec la complicité de son beau-père – la fameuse affaire Schuller-Maréchal, en 1994.

En 2000, la juge Isabelle Prévost-Desprez avait été curieusement dénoncée au ministère de la justice par un commissaire de la DST alors qu’elle travaillait sur les comptes de la banque Rivaud, avant d’être plus tard attaquée publiquement dans l’affaire de blanchiment du Sentier, puis encore dans l’affaire Bettencourt.

Renaud Van Ruymbeke a, pour sa part, eu droit aux foudres de Nicolas Sarkozy et de ses hommes pour avoir effectué quelques vérifications sur les premiers envois de Jean-Louis Gergorin dans l’affaire Clearstream.

Plus les intérêts en jeu sont importants, plus violentes se font les attaques. Aujourd’hui, le magistrat qui incarne le mieux – à ses dépens – cette forme de chasse aux juges est Jean-Michel Gentil, tenu pour être l'homme qui a osé mettre Nicolas Sarkozy en examen dans l’affaire Bettencourt.


Sarkozy quittant le tribunal 
Sarkozy quittant le tribunal

 

Outre les lettres anonymes et les menaces de mort, courantes dans les dossiers sensibles, ce magistrat du tribunal de Bordeaux s’est déjà vu accuser (à tort) par l’avocat de Sarkozy d’avoir confondu « Betancourt » et « Bettencourt », puis d’avoir signé une « tribune politique ». Nicolas Sarkozy l’aurait menacé à mots couverts de ne pas « en rester là » après sa mise en examen. Enfin, Henri Guaino a lâché que le juge avait « déshonoré la justice »

Ce matin, c’est Le Parisien qui a versé une nouvelle pièce à ce curieux procès intenté au juge d’instruction. Le quotidien a annoncé que l’une des experts qui ont examiné Liliane Bettencourt est une proche de Jean-Michel Gentil et de son épouse, magistrate à Bordeaux. Ce médecin, Sophie Gromb, chef de médecine légale au CHU de Bordeaux aurait été un témoin de mariage du juge Gentil en 2007.

Immédiatement, les avocats de Nicolas Sarkozy et de Patrice de Maistre (Thierry Herzog et Pierre Haïk) ont tonné que l’affaire était d’une extrême gravité, qu’elle serait de nature à remettre en cause l’expertise au vu de laquelle la milliardaire est en état de faiblesse depuis 2007…,  ce qui aurait pour conséquence d’anéantir les mises en examen de leurs clients.

Or, comme par hasard, les demandes d’annulation de mises en examen de l’affaire Bettencourt seront plaidées jeudi 6 juin devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Bordeaux…

Dans la journée, quinze avocats des mis en examen de l'affaire Bettencourt s'engouffrent dans la brèche et signent un communiqué commun, dans lequel ils parlent de « liens de proximité anciens et très étroits » entre le juge et l’expert.

« Cette proximité est d’autant plus troublante qu’une demande de dépassement d’honoraires a été sollicitée par Madame Sophie Gromb le 19 août 2011 et accordée par le seul juge Jean-Michel Gentil le 24 août 2011. La défense rappelle que le juge Jean-Michel Gentil s’est introduit le 7 juin 2011 à 8 heures au domicile de Madame Liliane Bettencourt, accompagné par Madame Sophie Gromb qui s’est entretenue, seule, durant 35 minutes, avec Madame Liliane Bettencourt alitée », écrivent les avocats.

Pour conclure : « Ces faits caractérisent un conflit d’intérêt manifeste qui jette la suspicion sur l’impartialité de l’expertise sur laquelle repose la procédure d’instruction. Il appartient désormais à Monsieur le procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Bordeaux de tirer toutes les conséquences de ces atteintes aux droits de la défense et au droit au procès équitable, qui ont entravé la manifestation de la vérité. »

Pour l’un des spécialistes du dossier, consulté par Mediapart, l’affaire est cousue de fil blanc. « Le rapport d’expertise reflète de travail de cinq médecins experts, et non pas d’un seul. Au demeurant, d’autres médecins s’étaient déjà prononcés dans le même sens, et de nombreux témoins ont confirmé l’état de faiblesse de Liliane Bettencourt », explique ce spécialiste. L'affaire devrait donc se dégonfler.

L’impartialité du juge Gentil a d’autant moins de raisons d’être mise en cause à ce stade que le dossier Bettencourt est instruit par trois magistrats, qui sont codésignés : Jean-Michel Gentil, Cécile Ramonatxo et Valérie Noël. Cette dernière l’explique d’ailleurs sur le blog d’une journaliste de France 2 : « Le choix de l’experte médicale fait partie de ces discussions collégiales que nous avons sur chaque point de l’instruction », expose la juge Noël. Certes, elle ignorait que son collègue connaissait ce médecin, mais elle ajoute : « Cela n’aurait eu de toutes façons aucune influence sur la nomination de Sophie Gromb car elle allait de soi. Cette médecin est, à Bordeaux, une experte qui fait référence ! Il était légitime que nous pensions à elle ! »

Un autre magistrat expérimenté, sollicité par Mediapart, estime cependant que les juges d’instruction doivent se montrer d’une extrême prudence : « Les experts cherchent souvent à copiner avec nous, mais il faut se souvenir qu’ils sont payés avec de l’argent public. Quand on est magistrat, on ne peut pas prendre le risque de désigner des copains. »

 


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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 18:49

 

 

Marianne

 Jeudi 30 Mai 2013 à 13:30

 

 

Pour découvrir que le médecin qui a réalisé l’expertise sur l’état de santé de Liliane Bettencourt avait été le témoin de mariage du juge Gentil, il a bien fallu que certains enquêtent sur la vie privée du juge. Qui a mené cette enquête ? Avec quels moyens ? Dans quel but ?

 


Liliane Bettencourt - Thibault Camus/AP/SIPA
Liliane Bettencourt - Thibault Camus/AP/SIPA

Avant de quitter le bureau du juge Jean-Michel Gentil qui venait de le mettre en examen pour abus de faiblesse dans l’affaire Bettencourt, Nicolas Sarkozy avait lancé, bravache, cette phrase lourde de sens au magistrat : « Ce n'est pas terminé ». Des propos alors ressentis comme menaçants par le magistrat. 
 

Or, qu’apprend-on aujourd’hui ? Selon Le Parisien, le juge Gentil serait lié personnellement à l’un des médecins ayant expertisé l’état de santé de Liliane Bettencourt le 7 juin 2011 à son domicile. Une expertise qui fait remonter la vulnérabilité de l’héritière L’Oréal à septembre 2006 et qui fonde, donc, la plupart des mises en examen pour abus de faiblesse dans ce dossier - dont celle de Nicolas Sarkozy. Cette proximité entre le juge et ce médecin serait de nature à mettre en doute l’impartialité du magistrat instructeur, donc à le discréditer, lui et son enquête.
 

Un mot sur les faits, avant de tenter de les décrypter. Ce médecin s’appelle Sophie Gromb ; elle est chef du service de médecine légale du CHU de Bordeaux, reconnue pour ses compétences par l’ensemble de ses collègues. Seulement voilà, elle aurait été le témoin de mariage du juge Gentil avec la procureure Isabelle Raynaud, le 30 juin 2007 à Mérignac (Gironde), ce qui pourrait mettre en cause la partialité de l’expertise.


Et ce, même si ce médecin a réalisé cette expertise avec le concours et sous le contrôle de quatre autres médecins (deux neurologues, un psychologue et un oto-rhino-laryngologiste) pour le compte des trois magistrats - et non un seul – qui instruisent l’affaire Bettencourt à Bordeaux.

Et même si elle est inscrite sur la liste nationale des experts près de la cour de cassation et qu’elle a donc procédé, en tant que spécialiste de la médecine légale du vivant, à de très nombreuses expertises que nul n’a songé à remettre en cause. Voilà pour les faits.

Une question s’impose, pourtant, et elle relève du simple bon sens : pour découvrir que le médecin qui a réalisé l’expertise sur l’état de santé de Liliane Bettencourt avait été le témoin de mariage du juge Gentil, il a bien fallu que certains enquêtent sur la vie privée du juge. Qui a mené cette enquête ? Avec quels moyens ? Dans quel but ?
 

Celui-ci a le mérite d’être clair : jeter le discrédit sur l’enquête des juges de Bordeaux. Il suffit d’entendre les avocats des personnalités mises en examen. « Une bombe », estime Me Pierre Haïk, l’avocat de Patrice de Maistre, l’ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt. « Si ces faits sont avérés, ce serait d’une extrême gravité », juge le défenseur de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog. « Si c’est vrai, cela jette un doute sur l’impartialité de l’expert et, par conséquent, sur la validité de toute l’expertise médicale ».

Tous ces avocats – et c’est leur job - sont d’ailleurs déjà en train d’étudier les diverses possibilités qui s’offrent à eux : déposer une requête en suspicion légitime contre le juge Gentil auprès du premier président de la cour d’appel ; saisir le procureur général d’une demande de dessaisissement du magistrat ou, plus simplement, demander à la chambre de l’instruction d’annuler l’expertise sur laquelle se fondent la plupart des mises en examen…
 

Toutefois, ce nouveau rebondissement n’est pas sans rappeler la campagne de dénigrement systématique lancée, dès l’été 2010, contre la juge de Nanterre Isabelle Prévost-Desprez. Une campagne réussie, puisqu’au terme d’une procédure plus que contestable, celle-ci avait finalement été dessaisie du dossier Bettencourt. L’affaire avait alors été dépaysée à Bordeaux. Aujourd’hui, c’est le juge de Bordeaux qu’on tente d’abattre, du moins symboliquement.


Le juge Gentil. Capture d'écran d'un reportage diffusé sur TF1
Le juge Gentil. Capture d'écran d'un reportage diffusé sur TF1

Dès l’instant où Nicolas Sarkozy a été mis en examen, ce dernier, son avocat, ses amis politiques, ont déclaré la guerre au juge Gentil. Une guerre où tous les moyens sont permis.
 

On n’a d’abord laissé entendre dans la presse que le simple fait que le juge soit marié à une procureure pouvait jeter la suspicion sur l’indépendance de son travail. Une rumeur malveillante, très vite démontée. 
 

Puis, arguant que Jean-Michel Gentil avait été président de l'association des magistrats instructeurs, certains ont voulu faire croire qu’il était forcément de gauche, donc engagé dans un combat politique contre Sarkozy. Son avocat, Me Thierry Herzog, a ensuite cru bon de moquer les « erreurs » factuelles de l’enquête menée par le juge. Le magistrat - souvenez-vous, c’était écrit dans le Journal du Dimanche et l’information avait été reprise par toutes les télés et toutes les radios - aurait confondu Liliane Bettencourt et Ingrid Betancourt en analysant les rendez-vous inscrits à l’agenda de Nicolas Sarkozy.

Mensonge aussi gros qu’éhonté. Au point que le parquet de Bordeaux dut se fendre d’un communiqué pour indiquer : « contrairement à ce qui a pu être publié dans divers organes de presse à propos d'une confusion entre Mme Ingrid Betancourt et Mme Liliane Bettencourt, la convocation de M. Nicolas Sarkozy ne mentionnait pas un rendez-vous relatif à Mme Ingrid Betancourt, figurant dans son agenda à la date du 5 juin 2007 au palais de l'Élysée, et qu'il n'a pas été interrogé sur ce point ».
 

Le Figaro a ensuite opportunément ressortie une tribune publiée dans le journal Le Monde datée du 27 juin 2012 dans laquelle 82 magistrats – dont le juge Gentil – s'alarmaient de l'abandon de la lutte contre la grande délinquance financière. Le nom de Nicolas Sarkozy n’était jamais cité dans le texte, mais il n’en fallait pas plus pour Le Figaro et les amis de Nicolas Sarkozy pour conclure que l’ancien président de la République était dans le collimateur d’un véritable juge « rouge ».

Un magistrat aux visées politiques qui n’avait d’autre but que de « se faire » l’ancien chef de l’Etat. Pas seulement incompétent donc, mais aussi militant. Me Thierry Herzog, le défenseur de Nicolas Sarkozy, croyait même pouvoir dire : « Cinq jours après la signature de cette tribune, le même juge a opéré quatre perquisitions au domicile de Nicolas Sarkozy, dans son bureau, ainsi qu'au domicile de sa secrétaire (…) Si l'on rapproche ces faits de la tribune politique qu'a signée le juge Gentil contre Nicolas Sarkozy, quatre jours avant la perquisition à son domicile, poursuivait-il, on peut se poser au minimum la question de l'impartialité de ce magistrat ».


Les amis de Nicolas Sarkozy. Ombres de Nadine Morano, Claude Guéant et Alain Joyandet - A. GELEBART/20 MINUTES/SIPA
Les amis de Nicolas Sarkozy. Ombres de Nadine Morano, Claude Guéant et Alain Joyandet - A. GELEBART/20 MINUTES/SIPA

Aussitôt la mise en examen de Nicolas Sarkozy rendue publique, les amis de l’ancien chef de l’Etat se sont littéralement déchaînés. Henri Guaino, député UMP et ancien conseiller politique de Nicolas Sarkozy, a carrément accusé le juge d'avoir déshonoré « les institutions, la justice ».

Il faut relire ses propos pour en apprécier toute la portée antirépublicaine : « La façon de travailler du juge est indigne (…) ; il a déshonoré un homme, les institutions, la justice (…) ; il est irresponsable de diffuser une telle image du pays, de la République, de nos institutions (…) ».

Patrick Balkany, député-maire UMP de Levallois et ami intime de Nicolas Sarkozy, a osé parler « d'ignominie ». Nadine Morano, dont on connaît le légendaire sens de la mesure, a cru bon de mettre en cause le caractère « grotesque et abject » de cette décision et de faire référence au procès d’Outreau – et pourquoi pas l’affaire Dreyfus !? Même l’ancien premier Ministre, François Fillon, s’est cru autorisé à évoquer une décision judiciaire « injuste et insupportable ». 
 

Certains ont même osé prétendre qu’en mettant Nicolas Sarkozy en examen, le juge aurait été en mission commandée pour créer un écran de fumée au moment où le parquet décidait d’ouvrir une information judiciaire dans le dossier Cahuzac.
 

Les faits révélés par Le Parisien sont-ils de nature à remettre en cause l’expertise médicale de Mme Bettencourt ? Les avis juridiques que Marianne a pu recueillir, sont partagés.


Mais reposons ici la question : qui a enquêté sur la vie privée du juge Gentil au point d’aller chercher les noms de ses témoins de mariage ? Des méthodes qui rappellent, là encore, celle qui avait consisté à fouiller les appels téléphoniques et les sms de la juge Isabelle Prévost-Prévost et de trois journalistes du Monde…
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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 18:18

 

 

 

 30.05.2013 à 14h30 • Mis à jour le 30.05.2013 à 14h57

Par Rémi Barroux

 
 

Ce sont les oubliés des oubliés, ceux que l'on ne voit jamais : les enfants handicapés. Sur une population mondiale estimée à un milliard de personnes souffrant d'un handicap, physique, mental ou psychologique, ils seraient 93 millions enfants. Soit "un enfant âgé de 14 ans ou moins sur vingt", selon des chiffres rappelés par l'Unicef, dans son rapport " La situation des enfants dans le monde 2013 ", présenté jeudi 30 mai depuis le Vietnam.

Des enfants jouent au ballon dans un centre spécialisé dans le nord de l'Ouganda.

Les données sont en fait quasiment impossibles à réunir. "Les enfants handicapés n'entrent pas dans les statistiques, ils n'apparaissent pas, ne comptent pas, surtout dans les pays pauvres", dit Lotta Sylwander, directrice de l'Unicef Vietnam. Si les estimations sont "spéculatives et anciennes", explique l'Unicef, que "la définition du handicap varie d'un endroit à l'autre et d'une année à l'autre", la réalité montre que les enfants vivant dans la pauvreté sont parmi ceux qui sont le plus souvent privés d'éducation et de soins de santé. "Ils sont parmi les plus vulnérables face à la violence, à la maltraitance, à l'exploitation et au manque de soins", rappelle Anthony Lake, directeur général de l'Unicef. Selon dix-sept études concernant des pays à revenus élevés analysées dans le rapport, "les enfants handicapés sont sensiblement plus susceptibles d'être victimes de violences que leurs pairs non handicapés : 3,7 fois plus pour les violences multiples ; 3,6 fois plus pour la violence physique et 2,9 fois plus pour la violence sexuelle", écrivent les rapporteurs.

 

ABSENTS DES REGISTRES D'ÉTAT CIVIL

Plus généralement, leur exclusion est totale et les espoirs d'être un jour intégrés dans la société quasi nuls. "Dans beaucoup de pays, on pense qu'ils sont mauvais. En Tanzanie, certaines mères les tuent, raconte Mme Sylwander. Les parents qui ont des enfants handicapés ont tendance, eux-mêmes, à les rejeter. Or c'est d'abord aux familles de les aimer, elles sont les premières responsables de leur rejet ou de leur possible intégration."

Leur exclusion sociale commence dès les premiers jours, quand leur naissance n'est par exemple tout simplement pas inscrite sur les registres de l'état civil. Faute de reconnaissance officielle, ils sont privés de protection juridique et exclus des services sociaux "essentiels à leur survie et à leur avenir", rappelle l'Unicef.

Malnutrition, carence de soins, hygiène défaillante sont autant de facteurs déclencheurs possibles du handicap ou l'aggravant. S'appuyant sur les données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Unicef estime ainsi que, "chaque année, entre 250 000 et 500 000 enfants risquent la cécité en raison d'une carence en vitamine A, un syndrome que l'on peut aisément éviter en distribuant des suppléments oraux qui ne coûtent que quelques centimes par enfant". Œuvrant pour l'intégration de ces enfants handicapés, l'Unicef déplore le manque de connaissances et de politiques des gouvernements. "Rare sont les gouvernements qui disposent de critères rationnels en fonction desquels allouer des ressources en faveur des enfants handicapés et de leurs famille", écrit l'organisation internationale.

 

 LES PREMIERS À SOUFFRIR DE LA CRISE

Si certains progrès existent, "inégaux", il reste beaucoup à faire. La crise économique a aggravé le problème, réduisant les budgets des politiques publiques, affectant aussi les programmes d'aide internationale. "Les handicapés, qu'ils soient enfants ou non, sont les premiers à souffrir de la crise, et ils sont les derniers de la liste pour toutes les politiques sociales, explique Lotta Sylwander. Mais nous pouvons faire quelque chose : au Vietnam en 2012, nous avons aidé le gouvernement à mettre au point une loi pour garantir la sécurité des enfants handicapés."

Dans la province de Da nang, au Vietnam, des enfants sont accueillis dans un centre spécialisé.

A l'occasion de la publication du rapport 2013, l'Unicef demande aux gouvernements de signer puis de ratifier les conventions relatives aux droits de l'enfant et aux droits des personnes handicapées. Puis de les appliquer. Si 128 pays ont ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées, seuls 76 d'entre eux ont ratifié le protocole, un instrument juridique (facultatif) qui complète la convention d'origine en créant des droits et obligations supplémentaires. Vingt-sept pays n'ont pas signé ces conventions, dont de nombreux Etats africains.

Rémi Barroux

 

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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 17:45

 

Le Monde.fr - Blo

Le chômage a de nouveau, et très fortement, augmenté en avril, selon les chiffres publiés, jeudi 30 mai, par le ministère du travail. Le nombre de chômeurs sans aucune activité au cours du mois (catégorie A) a bondi de 43 300 personnes sur la France entière. Ce qui fait d'avril une des plus fortes hausses depuis le début de l'année.

En comptant les chômeurs en activité réduite (catégories B et C), la hausse est de 62 100 personnes. Il s'agit là aussi d'une des plus fortes hausses depuis janvier. Le chômage augmente désormais depuis deux ans sans interruption. En mars, le record absolu du nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A avait été franchi. Depuis plusieurs jours, le gouvernement a tenté de déminer ces très mauvais chiffres en annonçant leur teneur depuis plusieurs jours.

"Cette évolution s’inscrit dans le prolongement de la progression du nombre d’inscrits à Pôle emploi depuis cinq ans. Cette tendance négative se prolongera encore dans les prochains mois avant que nous ne parvenions, par la mobilisation de tous les acteurs et de tous les instruments, à inverser la courbe du chômage à la fin de l'année", plaide le ministère du travail dans un communiqué. Comme François Hollande depuis deux jours, il rappelle toutes les mesures prises par le gouvernement depuis son arrivée au pouvoir (emplois d'avenir, contrats de génération,...), sans en annoncer de nouvelles.

 

>> Lire : "Chiffres du chômage : mode d'emploi"


Dans le détail, les jeunes de moins de 25 ans sont les principaux touchés par la hausse d'avril, avec 2 % d'inscrits en plus en métropole. Mais sur un an, c'est la catégorie des plus de 50 ans qui a le plus augmenté (+ 17,4 %). Le nombre de chômeurs inscrits depuis plus de deux ans grimpe également de 1,9 % en un mois.

La forte hausse d'avril est surtout due à une augmentation des inscriptions. Les fins de CDD ont ainsi progressé de plus de 4 % en un mois et les fins de missions d'intérim de 1,8 %. Les licenciements économiques ont reculé de 2,9 %, mais ils représentent toujours une part extrêmement marginale des inscriptions.

Les sorties ont par ailleurs très légèrement reculé. Les reprises d'emploi déclarées ont fortement diminué pour atteindre un de leur plus bas niveau historique. Seule la hausse des radiations administratives, due à la répercussion de nouvelles règles de rétroactivité par Pôle emploi, permet en fait de maintenir les sorties à leur niveau de mars.

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29 mai 2013 3 29 /05 /mai /2013 20:52

 

 

Médiapart

 

 

 

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La brusque accélération judiciaire du dossier Tapie-Lagarde ouvre de nouvelles perspectives pour le dénouement futur de cette affaire d’État. Comme nous l’annoncions mardi matin, la garde à vue du juge arbitre Pierre Estoup s’est achevée par sa mise en examen. Les juges d’instruction Serge Tournaire, Guillaume Daïeff et Claire Thépaut, chargés du volet non ministériel de cette affaire d’arbitrage frauduleux, lui ont signifié ce mercredi en fin de journée sa mise en examen pour escroquerie en bande organisée (après requalification – sur réquisitions conformes du parquet – du délit de faux par simulation d'acte en escroquerie en bande organisée, précise le parquet dans son communiqué).

 

Bernard Tapie 
Bernard Tapie

Cette mise en cause judiciaire est emblématique à plus d’un titre. Pierre Estoup a, en effet, effectué une belle carrière dans la magistrature : il a notamment été premier président de la cour d’appel de Versailles. Une fois à la retraite, ce haut magistrat a choisi de monnayer ses compétences et sa réputation dans des juridictions arbitrales, une forme de justice privée très en vogue dans les milieux d’affaires.

Pour dénouer leurs différends, les grands patrons apprécient autant la discrétion des tribunaux arbitraux (liés par des obligations de confidentialité) que les montants des sommes attribuées dans leurs décisions. À titre d’exemple, le groupe Casino a dû verser quelque 428,6 millions d’euros à la famille Baud en novembre 2009 pour les 5 % du capital de Franprix et les 25 % de Leader Price qu’elle détenait, sur décision d’un tribunal arbitral.

Au passage, la mise en examen de Pierre Estoup ternit l’image de la justice arbitrale, qui était déjà assez contrastée. Surtout, la qualification d'escroquerie en bande organisée atteste l’existence d’indices graves et concordants selon lesquels la procédure ayant abouti à verser 403 millions d’euros à Bernard Tapie, dont 45 millions au titre du préjudice moral, a bien été frauduleuse. En théorie, les juges arbitres doivent être indépendants des parties en cause dans les procédures qu'ils examinent, or cela ne semble pas être le cas de Pierre Estoup, qui connaissait Maurice Lantourne et Bernard Tapie (lire ici).

À terme, d’autres protagonistes du dossier Tapie-Lagarde pourraient, eux aussi, être mis en examen dans cette affaire. C’est notamment le cas de Maurice Lantourne, l’avocat de Bernard Tapie (qui a été placé en garde à vue mardi matin et relâché dans la nuit de mardi à mercredi), mais aussi de Stéphane Richard, ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy et actuel patron d’Orange (qui est convoqué le 10 juin à la brigade financière), et de Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Élysée sous Sarkozy.

Christine Lagarde elle-même reste sous la menace d’une possible mise en examen, après que la commission d’instruction de la Cour de justice de la République (CJR) a décidé de la placer sous le statut de témoin assisté le 24 mai. Un statut évolutif, qui peut également se transformer en non-lieu.

Mais la commission d’instruction de la CJR, composée de trois magistrats de la Cour de cassation, instruit le volet ministériel de l’affaire, tout en échangeant informations et procès-verbaux avec les juges d’instruction en charge du volet non-ministériel, ainsi qu’avec la Cour de discipline budgétaire et financière (CDBF), saisie du cas des hauts fonctionnaires responsables.

Et les charges pesant contre l'ancienne ministre de l'économie de Nicolas Sarkozy sont solides (lire ici la saisine de la commission des requêtes de la CJR).

Un scandale de l'ère Sarkozy

En arrière-plan de ces trois enquêtes, on retrouve les relations nouées entre Bernard Tapie et Nicolas Sarkozy, qui sont au cœur du processus d'arbitrage entamé dès 2007, alors que Jean-Louis Borloo était à Bercy.

Aujourd'hui, aussi bien pour les contribuables que pour les citoyens, l’intérêt de cette spectaculaire avancée judiciaire, après quelques lenteurs, réside dans un possible recours en révision de l’arbitrage Tapie de la part du ministère de l’économie, qui viserait à récupérer les 403 millions de fonds publics versés à Tapie et ses créanciers.

Un tel recours n’est « pas exclu, mais pas en cours », indique le ministère de l’économie à l’AFP. « C’est possible dès lors qu’un élément nouveau apparaît (...). On veille bien à être dans le cadre des délais qui permettraient au CDR de faire un recours en révision. » Bercy évoque un laps de temps de « deux mois à partir de l’apparition d’un élément nouveau ».

 

Christine Lagarde 
Christine Lagarde© Reuters

En attendant, l’État confirme son intention de se constituer partie civile dans la procédure des juges d’instruction parisiens. Cette démarche est attendue dès la semaine prochaine.

Bercy sera chargé de cette démarche « dans les meilleurs délais » après que le Consortium de réalisation (CDR), qui avait soldé le passif entre le Crédit lyonnais et Bernard Tapie à propos de la vente d’Adidas, et l’Établissement public de financement et de restructuration (EPFR), l’entité qui le contrôle, se seront eux-mêmes portés partie civile, « en début de semaine prochaine ».

Pour l’État lui-même, la démarche , précise à l’AFP l’entourage du ministre de l’économie, Pierre Moscovici. Il s’agit pour les pouvoirs publics de « veiller à ce que les intérêts patrimoniaux de l’État ne soient pas lésés (...) et d’avoir accès au dossier ».

De son côté, Matignon a confirmé mercredi que « le premier ministre a demandé à Pierre Moscovici de préparer la constitution de parties civiles pour le CDR, l’EPFR et l’État ».

« Je suis heureux de voir que la justice commence à se poser des questions sérieuses sur un arbitrage dont j’ai toujours dit qu’il était premièrement illégal, et deuxièmement, à mes yeux, le résultat d’une gigantesque manipulation », a réagi mercredi Jean Peyrelevade, patron du Crédit lyonnais de 1993 à 2003.

Parlant de cette affaire comme de « l’un des plus gros scandales de la République », il a estimé sur Europe 1 que « l’État d’aujourd’hui (devait) essayer de compenser les fautes de l’État d’hier ». Selon l’ancien banquier, Christine Lagarde a « transmis des instructions venant d’au-dessus, c’est-à-dire de Nicolas Sarkozy lui-même ».

 

 

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27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 21:55

 

 

 

 

  
Vive la banqueroute ! - Entretien avec Frédéric Lordon

Publiée le 15 mai 2013

Les éditions Fakir publient un livre collectif  « Vive la banqueroute ! ». En dix brefs récits, cet  ouvrage raconte comment nos grands hommes  (Sully, Colbert, Talleyrand, Poincaré, etc.) furent  plus radicaux dans leurs actes que ne le sont aujourd'hui
ATTAC ou Jean-Luc Mélenchon dans leurs discours.  Suivi de « L'irréalisme, c'est eux ! », entretien avec
l'économiste Frédéric Lordon.

Pour le commander, cliquer sur les liens suivants :
http://www.editions.fakirpresse.info/...
http://www.fakirpresse.info/-Nos-lect...

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27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 21:00

 

Rue89

Le Yéti - voyageur à domicile

Publié le 27/05/2013 à 11h30

 

Eh oui, forcément, pendant que les gogos continuent bêtement de nier la réalité de la maladie et d’ingurgiter sans piper les amères potions, les charlatans, eux, prennent leurs précautions. En ce moment, c’est ruée vers l’or à bride abattue. Surtout en Asie. D’autant que le prix du métal – enfin, son équivalent papier – est toujours au plus bas.


Marché à terme de l’or, le 24 mai 2013 

Evolution « contre toute vraisemblance apparente », car la demande du précieux métal explose littéralement. Et pas seulement aux Etats-Unis ou dans son satellite européen. Ou encore au Japon, où la politique monétaire expansionniste de la BoJ (banque centrale japonaise) laisse les investisseurs très dubitatifs.

Mais aussi et surtout en Chine, en Inde ou même en Australie, où la vente de pièces d’or a augmenté de 50% dans les trois derniers mois. Ce qui, soit dit en passant, en dit long sur l’état de confiance délabré de « l’épargnant » planétaire.

Le prix bas du métal y est sans doute pour beaucoup, mais pas seulement. Car la forte hausse de la demande devrait logiquement (selon la fameuse loi du marché sur l’offre et la demande) faire remonter les cours. Il n’en est rien.

Les « spécialistes » de forums vous inonderont d’équations, de variables et de formules fumeuses pour nier le désastre. Il est (psychologiquement) indispensable pour eux de continuer à présenter le système, même en charpie, comme manipulateur et indestructible.

Les adorateurs du papier

La réalité, comme d’habitude beaucoup plus simple, est que par-delà la quête effrénée du moindre petit bijou contenant un soupçon de vrai or, bagues, boucles d’oreille, chaînes (je n’exagère pas), il y a le commerce stupidissime de l’or-papier. Vous achetez un papier sur lequel est écrit le mot « or » avec une quantité en-dessous et vous vous croyez bêtement à l’abri de tout cataclysme.

Le problème est que ces idiots n’ont bien sûr pas pu s’empêcher d’émettre infiniment plus de papiers qu’il n’existe de réserves d’or, même fantasmées. Or, désormais, le prix de l’or-papier prime manifestement sur celui du métal lui-même – qui par ailleurs manque cruellement pour éteindre la panique des thésaurisateurs en folie.

Nos Diafoirus pourront toujours continuer à beugler leurs formules absconses sur le machiavélisme triomphant des grands argentiers (que possède Goldman Sachs sinon des papiers ?), leurs rares moments de lucidité (le krach de l’or de la mi-avril) se révèlent cuisants. Et c’est ainsi qu’un produit rare, sinon introuvable, en vient aujourd’hui à être soldé à prix d’ami.

Les sociétés faisant commerce de ces papelards se retrouvent, elles, en situation fort délicate (le « Shanghai Gold Exchange »), quand elles ne font pas carrément défaut (la HKMEx de Hong-Kong la semaine dernière), incapables de fournir l’or ou l’argent promis à leurs clients sur un papier qui ne vaut plus tripette.

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27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 20:55

 

Rue89

 

Gentil membre 27/05/2013 à 14h27
Pierre Haski | Cofondateur Rue89

 

 

Une OPA chinoise sur le Club Med ? On pourrait croire à un remake du film de Jean Yanne, « Les Chinois à Paris », avec l’armée populaire de libération chinoise s’installant aux Galeries Lafayette... C’est pourtant vrai, et c’est logique.

Le Club Med, c’est ce symbole des vacances d’un type nouveau qui a connu son essor et son heure de gloire dans les mythiques années 60, celles de la croissance et de l’insouciance, des baby-boomers et de l’amour libre... En France, ce symbole et ce mode de vie ont pris du plomb dans l’aile.

En Chine, c’est l’inverse. Les Chinois vivent, à bien des égards, leurs « années 60 », la liberté en moins mais l’enrichissement en beaucoup plus. Et la classe moyenne émergente découvre, au passage, la civilisation des loisirs, qu’elle a les moyens et le désir de se payer, même si l’ensemble du pays est évidemment loin d’être à l’unisson.

Le groupe Fosun, premier actionnaire

La rencontre du Club Med, dirigé par Henri Giscard d’Estaing (oui, le fils de VGE), et de la Chine n’est pas nouvelle et ne date pas de cette OPA lancée lundi par le groupe chinois Fosun – un puissant conglomérat privé né à Shanghai il y a vingt ans – en partenariat avec le fond d’investissement de l’assureur Axa.


Le centre de vacances du Club Med à Yabuli, en Chine (Club Med)

Fosun a investi dans le Club Med en 2010, et en est déjà le premier actionnaire avec 9,96% du capital. C’est donc la suite logique d’une histoire qui voit le Club déplacer son centre de gravité de la vieille Europe vers la zone Pacifique en plein essor.

En Chine, le Club Med ne vend pas le rêve de vacances à la française des années 60, avec les boules en plastique qui remplaçaient l’argent et les tables communes où les « gentils membres » pouvaient se rencontrer... Cette époque est morte, et elle est aux antipodes de ce que cherchent aujourd’hui les vacanciers chinois.

Le premier village de vacances ouvert par le Club Med en Chine, à Yabuli, dans le nord-est du pays, est au contraire axé sur l’individu, le confort extrême, le bien-être, le sport, et, bien sûr, l’enfant-roi au pays de l’enfant unique.

Le Club a déjà réussi à séduire plus de 80 000 vacanciers chinois l’an dernier, et espère tripler ce nombre d’ici deux ans, faisant de la Chine son deuxième marché dans le monde.


Salle à manger du Club Med de Yabuli, on est loin de l’esprit Club des années 60 (Club Med)

De quoi aiguiser l’appétit du groupe Fosun, qui va donner au Club les moyens de son développement non seulement en Chine, où quatre villages sont en cours de construction ou prévus, mais dans toute l’Asie, zone à forte croissance.

Civilisation des loisirs

En l’espace d’une décennie, la Chine a bien changé. A la fin des années 90, les Chinois n’avaient quasiment comme vacances que celles du nouvel an chinois, pour leur permettre de retourner dans leur région natale fêter cet événement en famille.

Aujourd’hui, les Chinois travaillant dans le secteur formel, public ou privé, prennent également des vacances pour le premier mai, ainsi que pour le premier octobre, la fête nationale célébrant la proclamation de la République populaire par Mao Zedong.

A ces dates, les aéroports sont pris d’assaut et les Chinois partent en voyage, en Thaïlande, aux Maldives, en Australie ou en France.

L’essor du tourisme chinois a déjà eu un impact majeur sur le tourisme mondial, et ce n’est pas fini.

C’est aussi la découverte d’un autre art de vivre. Au début des années 2000, j’ai assisté à la naissance des premières pistes de ski, à moins d’une heure de Pékin, pas vraiment des pistes noires mais de quoi faire ses premières glissades et goûter à ce plaisir inconnu.


Premiers pas chinois aux sports d’hiver, près de Pékin, en 2000 (Pierre Haski/Rue89)

Les vacanciers chinois se pressaient aussi sur les plages de Beidahe, le « Deauville » de Pékin à trois heures de la capitale, ou à Hainan, une île du sud.

En l’espace de quelques années, cette classe moyenne a pris de l’ampleur, de la sophistication, et de l’appétit. Le Club Med est arrivé pile pour répondre à cette demande, qui le sauvait au passage d’une mauvaise pente due à l’érosion de son modèle en Europe, et à la crise du porte monnaie de sa clientèle occidentale.

L’OPA de Fosun et d’Axa s’effectue en accord avec les dirigeants de la société qui resteront en place.

En passant sous pavillon chinois, le Club Med assure sa survie et son développement. C’est aussi une page qui se tourne, symboliquement, celle de la France des « trente glorieuses » sur lesquelles nous vivons encore, et dont les derniers craquements se font durement sentir. Les années « glorieuses » sont aujourd’hui chinoises.

Adieu les « gentils membres » et « les gentils organisateurs » : l’heure des camarades a sonné.

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26 mai 2013 7 26 /05 /mai /2013 12:57

 

 

Reporterre.net

Thierry Denoël (levif.be)

jeudi 23 mai 2013

 

Le capitaliste Albert Frère investit dans la terre agricole‏

 

Les écologistes ne sont pas seuls à avoir compris que la terre est une richesse essentielle. Dans un esprit tout à fait différent, les capitalistes investissent dans cette valeur d’avenir. Tel Albert Frère, figure centrale de l’oligarchie franco-belge, ami de Nicolas Sarkozy, et dont la fortune dépasse trois milliards d’euros.


Depuis la crise des valeurs boursières, les terres de culture sont plus que jamais une valeur refuge. En dix ans, la plus-value a dépassé les 100 % ! Les investisseurs se bousculent donc au portillon.

Chez les fermiers, l’info n’est pas passée inaperçue. En janvier dernier, L’Echo révélait qu’Albert Frère avait regroupé ses bois et ses terres au sein d’une nouvelle société anonyme, pompeusement baptisée Domaines Frère-Bourgeois. En tout, plus de 1 000 hectares.

La société s’occupe de l’exploitation de culture betteravière, fourragère et céréalière, ainsi que d’élevage de vaches, de chevaux et de moutons. Albert Frère, gentleman farmer ? « On entend pas mal parler de lui, ces derniers temps, dans le milieu agricole », avoue Anne-Sophie Janssens, à la Fédération wallonne de l’agriculture (FWA).

L’intérêt rural croissant de la famille la plus riche de Belgique est aussi commenté sur les forums d’agriculteurs : on y évoque l’acquisition de dizaines d’hectares, à 50 000 euros l’unité, dans la région de Mettet, proche de Gerpinnes où le baron réside. « Albert encore sur ce coup ? », s’étonnait un internaute, il y a plusieurs semaines.

Si Frère agrandit son patrimoine foncier agricole et le concentre au sein d’une même société, ce n’est sans doute pas un hasard. Cet investisseur au nez fin y voit un bon filon, à l’heure où les valeurs bancaires fluctuent au gré de la crise de la zone euro. Et si Frère le fait…

« Avec la chute boursière, on a assisté à un retour vers des valeurs réelles, comme l’or, les œuvres d’art mais aussi la terre », analyse le patron d’un grand établissement financier qui, lui-même, investit dans les biens agricoles, à la fois par passion et pour diversifier son patrimoine. « La terre agricole est devenue le nouveau lingot d’or », résume Etienne Beguin, notaire à Beauraing et professeur à l’UCL.

Depuis 2008, celui-ci reçoit de plus en plus de requêtes d’investisseurs qui veulent acquérir quelques dizaines d’hectares. Yves Lange, le patron du comptoir foncier de Huy confirme : « Même si cela reste marginal, nous enregistrons, depuis quatre ou cinq ans, une demande d’un nouvel investisseur environ tous les quinze jours. Nous n’avions jamais vécu cela avant 2008. Ce sont des gens qu’on ne voyait pas sur le marché auparavant. »

Le prix moyen d’une terre de culture a grimpé de 11 971 euros l’hectare, en 1997, à 22 549, en 2007 : près de 100 % en dix ans ! Et après ? « A mon avis, ces cinq dernières années, les prix ont augmenté de 60 % en moyenne », soutient Philippe Janssens, patron du bureau d’études immobilières Stadim. La hausse serait donc plus exponentielle que jamais. Quel investisseur censé peut ignorer une telle plus-value ? Seuls l’or et l’argent, dont les cours ont doublé entre 2007 et 2012, peuvent rivaliser avec une si belle courbe.

La terre agricole n’est pas un investissement comme un autre, car on parle ici forcément de long terme, mais elle offre bien des avantages. « C’est une valeur sûre, explique Anne-Sophie Janssens. Non seulement les prix ne cessent de grimper, mais la terre est aussi valorisée par le travail de l’agriculteur qui entretient le bien en bon père de famille. Les charges foncières ne sont pas très élevées. Le risque est quasi nul. Quant au rendement – que le propriétaire soit bailleur ou lui-même exploitant – il n’est pas moins élevé que celui d’un compte épargne actuel... » Les agriculteurs locataires sont, en outre, réputés bons payeurs.

Par ailleurs, si le propriétaire exploite lui-même la terre, ses héritiers ne payeront aucun droit de succession, pour autant qu’il y ait un maintien de l’activité, de l’emploi et des investissements. C’est ce que font généralement les grands propriétaires, comme les familles Frère ou Boël, en ayant recours à des sociétés de service agricole ou en créant une société spécifique. Ils ne doivent même pas en faire leur activité principale.

Ils bénéficient, en fait, du régime des donations d’entreprises qui sont exemptes de droits de succession. Ce privilège, accordé au départ aux agriculteurs pour qu’ils puissent pérenniser leur exploitation via leurs héritiers, intéresse désormais les investisseurs.



Source et photo : LeVif.be

Lire aussi : L’accaparement des terres sévit aussi en Europe

 

 

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25 mai 2013 6 25 /05 /mai /2013 17:15

 

Lire aussi

 

 

Au lendemain des deux jours d’audition de Christine Lagarde par les magistrats de la Cour de justice de la République (CJR), les langues se délient et les raisons pour lesquelles la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) n’a pas été mise en examen pour « complicité de faux » et « complicité de détournement de fonds publics », mais placée sous statut de témoin assisté, apparaissent plus clairement.

D’abord, Christine Lagarde aurait infléchi sa stratégie de défense et aurait admis que des instructions ont été données dans ce dossier, venant de l’Elysée.

Et puis surtout, selon de très bonnes sources, la déclaration du ministre des finances, Pierre Moscovici, en défense de la patronne du FMI, a lourdement pesé sur la réfléxion des magistrats qui n’ont pas osé prendre une décision de mise en examen pouvant avoir des répercussions planétaires et, éventuellement, entraîner une éviction de Christine Lagarde de ses fonctions à la tête de l’institution financière.

 

Christine Lagarde et Pierre Moscovici 
Christine Lagarde et Pierre Moscovici© Reuters

Le placement de Christine Lagarde sous statut de témoin assisté ne signifie, certes, en rien que la directrice générale du FMI, contrairement à ce qu’elle a suggéré vendredi soir à la sortie de son deuxième jour d’audition, soit tirée d’affaire. Comme nous l’écrivions à la fin des auditions (Lire Lagarde en sursis, Tapie en danger), la différence de situation entre un placement sous statut de témoin assisté et une mise en examen n’est pas considérable.

Le fait que les magistrats aient placé Christine Lagarde sous le premier statut signifie que la justice dispose d’indices suggérant qu’elle aurait pu être complice d’un faux ou d’un détournement de fonds publics. Et s’ils avaient choisi le second statut, cela aurait signifié qu’ils disposaient d'indices, qu’ils estimaient, selon la formule consacrée, « graves et concordants ».

Le placement sous statut de témoin assisté ne marque donc pas la fin des ennuis judiciaires de Christine Lagarde. C’est même tout le contraire : il révèle que des soupçons pèsent bien sur elle et que les magistrats entendent les vérifier. Car, en parallèle à cette procédure judiciaire, trois juges d’instruction enquêtent également sur le scandale Tapie, et les investigations qu’ils conduisent, émaillées de nombreuses perquisitions, viennent alimenter aussi les dossiers de la CJR – paradoxalement, il n’est pas sûr, soit dit en passant, que les magistrats de la CJR renvoient l’ascenseur à leurs collègues qui conduisent cette instruction et les informent des pièces dont ils disposent. Il ne faut donc pas exclure que dans les prochains mois, si les soupçons des magistrats se confirment, ils décident finalement de mettre Christine Lagarde en examen.

Voici donc la première raison de la décision des magistrats de placer la patronne du FMI seulement sous statut de témoin assisté : ils ont du temps devant eux et ont choisi de poursuivre leurs investigations avant de préciser ou non les charges qu’il retiennent contre l’ancienne ministre des finances.

Divergences de vue au sein de la Commission d'instruction

Mais il y a une deuxième raison qui explique leur choix — et c’est celle-là, selon de très bonnes sources, qui a été déterminante : les magistrats ont définitivement renoncé à mettre Christine Lagarde en examen à la suite des propos de Pierre Moscovici en sa défense.

Concrètement, Christine Lagarde a été interrogé pendant ces deux jours par les trois membres titulaires de la Commission d’instruction de la CJR, le président Michel Arnould, assisté deux autres magistrats, Didier Guérin et Dominique Guirimand  - toute l’organisation de la CJR et sa composition est présentée ici sur le site de la Cour de cassation. Elus à ces fonctions par la Cour de cassation dont ils sont membres, ces trois hauts magistrats sont sans étiquette politique ou syndicale connue et instruisent collégialement, un peu à la manière de juges d’instruction co-désignés.


A la sortie de la CJR, vendredi.  
A la sortie de la CJR, vendredi. © Reuters

Or, selon nos informations, ces trois magistrats n’avaient pas tous le même sentiment sur le sort judiciaire qu’il fallait réserver à Christine Lagarde. Avant que les auditions ne commencent et sous réserve que les réponses de Christine Lagarde ne modifient pas en profondeur leurs premières intuitions sur le dossier, le président de la Commission d’instruction était favorable à ce que l’ex-ministre des finances soit placée sous statut de témoin assisté, alors que les deux autres magistrats pensaient qu’ils disposaient assez d’indices graves et concordants pour la mettre en examen.

Le mercredi 22 mai en milieu de journée, c’est-à-dire la veille du premier jour d’audition de Christine Lagarde devant la CJR, le ministre des finances, Pierre Moscovici, s’est cru autoriser à dire par avance dans Le Monde (daté du lendemain, 23 mai) qu’il apportait son soutien à Christine Lagarde, quoi qu'il arrive (Lire Christine Lagarde, au mépris de la démocratie).

Sans même se soucier de savoir les charges précises que les magistrats pourraient retenir contre la patronne du FMI, sans prendre le temps d’en apprécier la gravité, il a fait la déclaration que l’on sait : « Mme Lagarde garde toute la confiance des autorités françaises dans ses fonctions à la tête du FMI. Je le redirai si nécessaire, par moi-même ou par l'intermédiaire du représentant de la France au board du Fonds. ».

Cette déclaration a eu deux effets. L’un public, l’autre confidentiel. L’effet public est connu : les propos de Pierre Moscovici ont suscité de légitimes politiques car ils ont suggéré que la France n’entendaient en rien défendre les règles éthiques qui codifient le fonctionnement du FMI et qui ont été consignées dans le contrat de travail de Christine Lagarde.

L’effet confidentiel s’est déroulé dans l’enceinte feutrée de la CJR et de sa Commission d’instruction : son président a ainsi été conforté dans sa position et a fait valoir qu’après des propos aussi tranchés du ministre des finances, il était vraiment difficile de prendre le risque de déstabiliser le FMI. En quelque sorte, la sortie inopinée de Pierre Moscovici, à quelques heures du début des auditions, a été interprétée par les magistrats comme un rappel à l’ordre solennel ; et les magistrats n’ont donc pas finalement osé défier l’éxécutif.

Pierre Moscovici va donc s’exposer à une deuxième controverse : pourquoi a-t-il jugé opportun de faire cette déclaration juste avant que les auditions ne commencent ? Et n’était-elle pas faite délibérément pour appeler les magistrats à la modération ? En clair, le ministre des finances n’a-t-il pas tenté, d'une certaine manière, de faire pression sur la justice ?

Claude Guéant dans le collimateur

Et puis, une troisième raison aurait pu peser sur la décision des magistrats. Selon des informations de très bonnes sources — mais que nous ne sommes pas encore parvenus à recouper, un source évoquant une « information sans fondement » —, Christine Lagarde aurait aussi légèrement infléchi sa stratégie de défense.

Jusqu’à ces derniers jours, elle a en effet toujours juré ses grands dieux qu’elle n’avait jamais reçu la moindre instruction dans le dossier Tapie et qu’elle avait toujours pris de son propre chef les décisions qui lui semblaient les plus sages. Or, cette version de l’histoire est contredite par de très nombreux indices – nous en avons fourni de nombreux dans nos propres enquêtes, établissant le rôle joué en particulier par Claude Guéant, à l’époque secrétaire général de l’Elysée (Lire Scandale Tapie: pourquoi Guéant est visé par l'enquête)

 

 
© Reuters

Selon une très bonne source, Christine Lagarde aurait donc fini par admettre que des instructions ont été données dans ce dossier, et pas seulement les siennes. Elle aurait rappelé que ce n’est pas elle, mais son prédécesseur à Bercy, Jean-Louis Borloo, ancien avocat de Bernard Tapie, qui a lancé l’arbitrage, et cela dès le premier jour de son arrivée au ministère. Mais surtout, Christine Lagarde aurait admis que les véritables décisions venaient de l’Elysée, et tout particulièrement du bureau de Claude Guéant.

Or, pour que des charges de complicité de faux ou de complicité de détournement de fonds publics puissent, en droit, être retenues contre Christine Lagarde, il faut que l'intentionnalité du délit soit établie. Ce qui n’est à l’évidence pas le cas si les instructions venaient de plus haut que Bercy. Et ceci aurait donc pesé aussi dans la décision des magistrats de placer Christine Lagarde sous le statut plus clément de témoin assisté.

Ce changement de stratégie de défense de la patronne du FMI, son avocat, Me Yves Repiquet l’a d’ailleurs suggéré d’une phrase révélatrice vendredi soir. Prié de dire, sur BFM-TV si sa cliente agirait aujourd’hui de la même façon qu’en 2007 ou 2008, il a eu cette formule elliptique : « Compte tenu des éléments dont elle disposait à l’époque, oui » ; en revanche, à la lumière des éléments dont elle dispose désormais, « pas forcement maintenant ».

Ce changement de ton de Christine Lagarde pourrait avoir deux explications. D’abord, elle considèrerait qu’il n’y a aucune raison qu’elle endosse des responsabilités prises par d’autres. Et puis aussi, il y a une explication psychologique : selon une personne qui connaît très bien la patronne du FMI, celle-ci a très peu apprécié une déclaration publique passablement cavalière de Claude Guéant voici quelques semaines, assurant qu’il n’avait joué strictement aucun rôle dans l’affaire Tapie et que tout avait été décidé à Bercy.

On peut d’ailleurs observer que Stéphane Richard, l’ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde et actuel patron de France Telecom, a lui aussi opté pour une même stratégie de défense. Pourtant longtemps très proche de Nicolas Sarkozy, il n’entend pas endosser d’autres responsabilités que les siennes. En quelque sorte, on devine donc deux camps qui se dessinent : le camps des anciens de Bercy sous le quinquennat précédent ; et le camps de l’Elysée, avec Claude Guéant, et en arrière-fond, Nicolas Sarkozy.

Et cette possible fracture est peut-être prometteuse de révélations futures et d’avancées de la justice.

 

 

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