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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 00:27

 

 

Reporterre.net

Squat Vinci

jeudi 30 mai 2013

 

 

A Toulouse, une maison inoccupée du groupe Vinci a été investi par des squatteurs. Le groupe les poursuit en justice.


 

Nous, occupants depuis le 17 mai d’une maison d’un Comité d’Entreprise de Vinci précédemment laissée à l’abandon et ouverte à tous vents, avons été assignés ce vendredi 24 mai 2013 en référé d’heure à heure pour nous voir solennellement mettre à la rue.

Nous avons donc l’audace de demander pourquoi. Pourquoi des centaines de gens doivent-ils rester dehors puisque la mairie elle-même reconnait que 2000 logements sont réquisitionnables – en tout 15 à 20 000 logements sont indéfiniment vides à Toulouse ?

Pourquoi sinon pour entretenir dans le reste de la population la peur du déclassement et de la précarité, et augmenter toujours la soumission des populations ? Que cela fait-il donc de nous tous ?

Et si tant de logements restent vides, alors pourquoi en construire toujours davantage ? Et quels logements, quels quartiers et quelle ville sont en train de nous construire les promoteurs tels que Vinci ? Des villes sans vie, toutes identiques, ayant perdu leur âme, avec bureaux, centre commercial, parking et logements dont nous sommes expropriés exclusivement au bénéfice de notre odieuse jet-set ?

D’autres choses ne changent par contre pas, comme les centaines de sans-abris dans nos rues, avec enfants. Leur « progrès » n’empêche pas un tas d’arriérations et de décadence. Trouver un logement et un boulot devient de plus en plus martyrisant et illusoire.

La propriété est un dispositif jugeable à ses résultats – et quels sont-ils ? Quelques uns possèdent des dizaines voire des centaines de milliers de logements, pendant que 600 000 autres vivent dans la rue. N’est-il pas temps d’y faire quelque chose ? Et que faire, sinon s’organiser nous-mêmes, et porter la chose devant les tribunaux : le droit au logement doit être appliqué, et pas seulement le « droit restrictif d’user et d’abuser de la richesse socialement produite ».

Une étude a décrit le comportement des entreprises comme psycopathique selon les critères de la psychologie humaine. Là non plus, Vinci n’est pas en reste. Le 1er bétonneur mondial accumule les scandales, de la Russie à la Grande-Bretagne, en passant par Notre-Dame-des-Landes, où la préfecture a fait des centaines de blessés cet hiver.

La solidarité est plus que jamais nécessaire car la loi laisse s’installer le désastre économique, écologique, humain, et réprime expéditivement toute initiative autonome. L’époque est au conformisme et à la médicalisation, à la performativité, époque ignoble faite de responsabilité limitée et de partenariat public-privé (PPP) pour l’aménagement urbain, la rénovation de nos quartiers, tous ces rond points, zones commerciales, autoroutes, aéroports, parkings et vidéo-surveillance : « diriger un moratorium est une affaire rentable ».

Le ministère de l’Ecologie a cédé gratuitement la maison à la compagnie

Le plaignant, Vinci, via l’ASF, est donc propriétaire de nos autoroutes du sud de la France. Les autoroutes construites avec l’argent public sont, depuis 2005, privatisées. Mais qu’est-ce ça veut bien dire ? Ça veut dire, dans le cas de Vinci, que 50 % des bénéfices sont détournés par les actionnaires.

La poule aux oeufs d’or a été concédée à tarif très avantageux. Tellement avantageux d’ailleurs que nous apprenons en lisant notre dossier de référé, qu’en effet, le ministère de l’Ecologie et de l’aménagement du territoire, a GRACIEUSEMENT CÉDÉ, c’est-à-dire pour rien, gratuitement, notre maison à la dite société, afin qu’elle puisse la revendre à son profit. Cette entreprise n’est pourtant pas d’utilité publique, surtout dans le contexte écologique et humain, loin s’en faut !

C’est pourquoi nous estimons que Madame le juge pourrait aussi bien soutenir et encourager notre action qui, elle, se réclame bien de salubrité publique, et pas l’obligation d’augmentation des marges de profit pour nos privilégiés actionnaires.

Notre Action la voici : en plus d’être notre lieu de vie c’est l’endroit idéal, jugeons-nous, pour la création d’un Centre de Recherche et d’Information sur la Politique Urbaine et les Nouvelles Perspectives Émancipatrices. Un lieu pour se questionner sur les agissements et l’influence tentaculaire qu’obtiennent certaines multinationales.

Nous nous proposons d’y organiser nos recherches sur l’agencement d’une vie faste et souveraine, et les partager dans des débats, des projections, une bibliothèque, un lieu de réflexion et d’organisation d’un vrai débat populaire sans que les puissants nous imposent leur vision.

Le monde est notre jardin, et non pas un camp, un zoo ou une jungle.

Suite de l’aventure au procès le 31 mai !



Source et photo : Squat.net

Lire aussi : La police du gouvernement "socialiste" évacue le Centre social autogéré de Toulouse

 

 

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1 juin 2013 6 01 /06 /juin /2013 18:21

 

le Mercredi 25 Mai 2011 à 09:24

cata © © France Info - Radio France


Depuis un peu plus d'un mois, les prix alimentaires ont augmenté de façon sensible dans les grandes surfaces, révèle le magazine {60 millions de consommateurs} dans une enquête à paraître demain. Il s'agirait des premiers signes d'une flambée des prix générale. Mais pour éviter les chutes de ventes, les distributeurs tentent de masquer les augmentations... avec des promotions.

Vous êtes une chaîne de super ou d'hypermarchés et vous voulez augmenter vos prix ? Faites donc une campagne de promotions. Le magazine 60 millions de consommateurs attire l'attention des acheteurs dans une enquête à paraître demain, sur les ficelles de la grande distribution pour faire valser ses étiquettes, sans effaroucher ses clients. L'enquête révèle que depuis la mi-avril, les hausses de prix sont déjà supérieures à 3% en moyenne. Les produits touchés sont essentiellement la farine, le café, les jus de fruits, les produits laitiers, les poissons surgelés ou en conserve. Et les limiers de 60 millions de consommateurs ont même repéré des hausses de 20% sur des lardons fumés, dans certains magasins. _ Pour le magazine, ces augmentations ne marquent le début d'un mouvement de “flambée générale” des prix. Promotions-diversions et inflation masquée Déjà confrontées à l'érosion de leur clientèle, les enseignes ont décidé, semble-t-il, d'avancer masquées. Tels des stratèges sur le champ de bataille, elles font diversion. Et c'est le consommateur qui, jouant ici le rôle de l'ennemi du général Supermarché, en fait les frais. La botte secrète la plus classique est la campagne de promotions. A tel point que ces promotions en deviennent des indicateurs pour mesurer les hausses qui vont suivre. La promotion est en effet une “vieille ficelle” pour “casser le repère prix chez le consommateur”. Et afficher quinze jours après “un nouveau prix de référence revu à la hausse”, explique 60 millions de consommateurs. _ Et le nombre de promotions est particulièrement élevé en ce moment. La société Promo Flash en a recensé 16 au niveau national, avec toujours plus de produits concernés. Une année de hausses de prix Seconde méthode utilisée par les Sun Tzu de la grande distribution : l'inflation masquée. Il suffit de modifier le poids d'un produit, ou d'appauvrir sa recette et de conserver le même prix au paquet : “Surveillez de près les prix au litre et au kilo, car ils peuvent s'envoler sans que le prix unitaire bouge”, prévient le magazine. Les industriels ont tiré les leçons des augmentations brutales de 2008, qui s'étaient traduites par des chutes de ventes. “Leur méthode relève de la préparation psychologique: ils ont annoncé les augmentations bien avant qu'elles ne se produisent pour émousser l'attention le moment venu”, décrypte Marie-Jeanne Husset, la directrice de la rédaction de 60 millions. Et elle se dit persuadée que ces hausses masquées vont se poursuivre tout au long de l'année. Grégoire Lecalot, avec agences

Par France Info

 


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1 juin 2013 6 01 /06 /juin /2013 17:51

 

 

Rue89

 

Evasion 01/06/2013 à 11h17
Tribune des droits humains"

 

Au cours des trois dernières décennies, l’Afrique a fonctionné comme un « créancier net » pour le reste du monde, la conséquence des fuites cumulées de près d’un trillion et demi de dollars du continent. Dans son rapport, la Banque Africaine de Développement s’alarme.

Les nouvelles données, publiées officiellement mercredi par la Banque africaine de développement (BAD) et Global Financial Integrity (GFI), un groupe de défense basé à Washington, sont en contraste frappant avec les images largement répandues indiquant que l’Afrique bénéficie d’importantes quantités d’aide étrangère.

Les niveaux d’aide étrangère sont en effet élevés pour l’Afrique – suite à une promesse faite en 2005 au sein du Groupe des huit pays les plus riches du monde (G8), le continent reçoit plus de 50 milliards de dollars par an, faisant de lui la région la plus dépendante de l’aide au monde.

Pourtant, selon le nouveau rapport conjoint, l’effet réciproque de la corruption, de l’évasion fiscale, des activités criminelles et d’autres facteurs, a entraîné une fuite nette d’environ 1,4 milliard de dollars entre 1980 et 2009.

Clark Gascoigne, directeur des communications à GFI, explique :

« Dans les milieux de développement, nous parlons beaucoup de la quantité d’aide qui va vers l’Afrique, et il y a ce sentiment parmi certains en Occident selon lequel bien que nous donnions cet argent depuis des décennies, c’est la faute de l’Afrique si les pays du continent ne sont pas encore développés ».

« En effet, notre recherche montre qu’alors que l’Occident donne de l’argent à l’Afrique, bien plus en sort illicitement. En outre, vous pouvez supposer que les fuites illicites à partir d’autres régions entraîneraient probablement de transferts nets élevés de ressources provenant d’autres régions en développement, également ».

30,4 milliards de dollars sortis illégalement

En Afrique, cette tendance semble s’être particulièrement renforcée au cours de la dernière décennie, durant laquelle il est estimé qu’environ 30,4 milliards de dollars sont illégalement sortis du continent chaque année. De ce montant, on pense qu’environ 83 pour cent provient des pays d’Afrique du nord seule.

Au cours de toutes les trois décennies, peut-être d’une manière qui va contre l’intuition, les fuites d’argent sale semblent provenir particulièrement de pays riches en ressources, ceux qui sont le plus fortement engagés dans l’extraction de pétrole, de gaz et d’autres ressources naturelles. Parmi les plus remarquables, figurent le Nigeria, la Libye, l’Afrique du Sud et l’Angola.

Ces conclusions sont renforcées par un nouvel indice, publié il y a une semaine par ’Revenue Watch Institute’ (RWI), un autre groupe de veille, qui, pour la première fois, a systématiquement mis en corrélation la dépendance économique des gouvernements des ressources naturelles avec les faibles indicateurs de développement humain.

L’indice de RWI a examiné 58 pays responsables de la grande partie de l’extraction de pétrole, de cuivre et de diamant dans le monde, et a rapporté que les bénéfices de leurs secteurs extractifs s’élevaient à plus de 2,6 milliards de dollars en 2010, dépassant de loin les flux d’aide provenant de l’Occident.

Pourtant, plus de 80 pour cent de ces pays n’avaient pas également réussi à mettre en place des normes satisfaisantes pour l’ouverture de ces secteurs - et la moitié n’avait même pas pris de mesures de base à cet égard.

« Dans les pays riches en ressources, le secteur des ressources naturelles est généralement la principale source de flux financiers illicites », indique l’étude de la BAD et du GFI, notant une conclusion du Fonds monétaire international (FMI) selon laquelle le secteur pétrolier en Angola n’a pas déclaré en 2002 près de quatre milliards de dollars.

« Ces pays manquent généralement de structures de bonne gouvernance qui permettraient aux citoyens de surveiller la quantité et l’utilisation des recettes provenant du secteur des ressources naturelles. Souvent, les loyers et les redevances provenant de la gestion des ressources ne sont pas utilisés pour soutenir le développement social et économique des pays riches en ressources, mais sont plutôt détournés ou dépensés de façon non productive à travers la corruption et le clientélisme ».

Les conséquences de cette fuite massive à la fois des caisses publiques africaines et de l’aide étrangère axée sur le développement sont claires.

Mthuli Ncube, économiste en chef et vice-président de la BAD, explique :

« La fuite de ressources à partir de l’Afrique au cours des 30 dernières années - équivalant presque au produit intérieur brut actuel du continent – retarde le décollage de l’Afrique.

[Mais] le continent africain est riche en ressources. Grâce à une bonne gestion des ressources, l’Afrique pourrait être en mesure de financer une grande partie de son propre développement ».

Arrêter « l’absorption »

Ce nouveau rapport, publié lors des réunions annuelles de la BAD au Maroc, n’examine pas les facteurs spécifiques à chaque pays qui contribuent à ces fuites.

Toutefois, alors qu’il est clair que des niveaux différents de renforcement des mécanismes de régulation à l’échelle nationale seront nécessaires pour s’assurer que le développement des ressources naturelles en Afrique profite aux objectifs du secteur public, il est impossible d’ignorer le rôle des pays occidentaux dans cette situation en cours.

Clark Gascoigne conclut :

« Bien que ces chiffres soient étonnants, nous devons reconnaître qu’ils sont directement facilités par des banques occidentales et des paradis fiscaux qui autorisent la création de sociétés-écrans anonymes, par des gouvernements occidentaux qui ne partagent pas les informations fiscales et continuent de manquer d’une application adéquate des règles sur le blanchiment d’argent.

Bien que la responsabilité pour un changement incombe à la fois aux acteurs nationaux et internationaux, les pays occidentaux peuvent contrôler la composante internationale de cette dynamique – la structure financière internationale »

Publié initialement sur
Tribune des droits humains
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1 juin 2013 6 01 /06 /juin /2013 17:42

 

Rue89

  à lire sur irishtimes.com 01/06/2013 à 10h11

 

 

Vous ne connaissez peut-être pas le comté de Fermanagh, en Irlande du Nord, où doit se tenir dans trois semaines le prochain sommet du G8 auquel participeront des chefs d’Etat tels que Barack Obama, Angela Merkel ou François Hollande.

Le Irish Times révèle que la région a une façon tristement originale de préparer leur venue : effacer les stigmates de la crise.

Plus de cent magasins dans les alentours du somptueux hôtel qui accueillera les chefs d’Etat ont été repeintes ou enjolivées.

Le site du quotidien irlandais publie quelques photos de devantures refaites, et même d’une ancienne pharmacie transformée artificiellement en magasin de fournitures de bureau.

Selon bon nombre d’habitants, tous ces changements visent à maquiller des boutiques souffrant de la crise pour les faire ressembler à des commerces florissants. Il s’agit de cacher les effets de la récession dans cette région du regard des participants au G8.

Les pouvoirs publics, qui financent ces changements, voient dans le G8 une « occasion phénoménale » pour « présenter la région le mieux possible et la promouvoir en terme d’industrie et de tourisme ».

Ces opérations de mise en scène ont au moins un mérite : « Je n’ai jamais vu les peintres en bâtiment aus

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1 juin 2013 6 01 /06 /juin /2013 17:21

 

 

Rue89

 

En solde 01/06/2013 à 17h35
Vin, toiles, îles : face à la crise, la grande braderie des « bijoux de famille »

 

Pascal Riché | Cofondateur Rue89
Elsa Fayner | Journaliste Rue89

 

L’Elysée a vendu une partie de sa cave, Detroit veut se débarrasser de tableaux et la Grèce d’îles. En bradant leur patrimoine, tous veulent pallier l’austérité.

 

 


Le mot « solde » écrit sur des mannequins dans une vitrine (Biscotte/Flickr/CC)

 

L’Elysée a vendu jeudi et vendredi 1 200 bouteilles de vin à l’hôtel Drouot à Paris. Grâce à quelques bouteilles très précieuses (Pétrus, Cheval Blanc, Ausone par exemple), la vente a permis de récolter 700 000 euros. C’est deux fois plus que prévu, mais à l’échelle du budget national, c’est une goutte d’eau : pour paraphraser l’humoriste François Morel, l’Etat français n’a trouvé là que de quoi s’acheter un petit appartement à rénover à Paris...

 

 

Le billet de François Morel sur France Inter

Le 31/05/2013

 

Une partie de l’argent sera consacrée à l’achat de vins moins chers, et le reste sera transféré au budget.

L’Etat vend d’autres biens, plus discrètement : par exemple, le duplex dans lequel vivait jusque-là à New York le représentant permanent de la France auprès des Nations unies. L’appartement est évalué entre 25 et 30 millions d’euros, selon le site FrenchMorning.com.

Sont également à vendre sur le territoire deux prisons lyonnaises – Saint-Paul et Saint-Joseph – ou un terrain de 8 000 m2 dans le quartier d’affaires de La Part-Dieu, selon le magazine Lyon Capitale. Le portail du ministère de l’Economie et des Finances recense l’ensemble des cessions en cours ou à venir.

Le gros gisement d’argent ne viendra pas de la vente d’immeubles, mais de celle de participations. Le 5 mai, le Premier ministre a annoncé que l’Etat allait réduire ses parts dans « un certain nombre d’entreprises publiques » afin de financer des investissements.

L’Etat français n’est pas le seul à vendre ainsi des actifs publics, et ce n’est pas le moins timide. En période de disette budgétaire, la tentation est forte de se débarrasser de ses bijoux de famille. Exemples.

 

                                                                                                                                                                                                                             1 La ville de Detroit prête à brader ses tableaux

 

Detroit se trouve au bord de la faillite, avec une dette estimée à près de 15 milliards de dollars. Un gestionnaire de crise a même été nommé pour se substituer au maire et au conseil municipal et essayer d’éviter la catastrophe, racontent Les Echos du 30 mai.

L’homme en question, avocat de profession, Kevyn Orr, vient de remettre un rapport de 41 pages qui devrait, espère-t-il, servir de guide pour rétablir les comptes de la ville. Si, Orr n’emploie pas le terme de « banqueroute » dans son texte, il estime néanmoins que la ville est « insolvable » et ne peut emprunter plus d’argent, rapporte The Detroit News.

Les solutions envisagées sont draconiennes mais classiques : que les employés municipaux, les petits porteurs et le retraités se serrent la ceinture.

C’était sans compter sans une idée originale de Kevyn Orr, révélée par Detroit Free Press, qui a déclenché la polémique. La ville possède l’un des plus grands musées des Etats-Unis, le Detroit Institute of Arts, et il est question de vendre ses tableaux. L’« impensable », pour Detroit Free Press, est désormais formulé.

Le musée a sorti les griffes : dans un communiqué, il s’oppose fermement à toute vente de ses tableaux. La question est désormais juridique : il s’agit de savoir si les œuvres d’art du Detroit Institute of Arts peuvent être vendues par la ville.

Detroit n’est pas la seule à chercher à tirer quelques économies de la vente de tableaux : en septembre 2001, le gouvernement irlandais a confié à Christies la vente aux enchères de quatorze toiles, dont un Andy Warhol, saisies pendant la crise financière.

                                                                                                                                                                                                                             2 La Grèce songe à se débarrasser de ses îlots

 

Fin 2011, Athènes a présenté son catalogue de bijoux de familles à vendre (totalement ou partiellement) :

  • le groupe d’électricité DEI ;
  • la compagnie de téléphone OTE ;
  • la compagnie de gaz Depa ;
  • la compagnie de chemin de fer Trainose ;
  • les casinos ;
  • les usines d’armement...

Mais le plus spectaculaire, même si ce n’est pas le plus lucratif, est la vente d’îles.

En septembre dernier, la presse a publié une liste de 47 îles inhabitées appartenant à l’Etat et qui seraient à céder pour une durée de 50 ans. De quoi allécher pas mal de promoteurs. L’Etat a démenti qu’il existait une telle liste, mais sans nier qu’il examinait la situation des 6 000 îles et îlots lui appartenant.

Certains monuments antiques y passent : en janvier 2013, dans le magnifique village de Cassiopée, à Corfou, un terrain a été cédé pour 99 ans à l’Américain NCH Capital, qui entend y construire des logements touristiques. Recette pour l’Etat : 23 millions d’euros.

Selon Roxanne Mitralias, militante du parti Syriza, au CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde) et au Front de Gauche, la Grèce a en réalité vendu « le lac et l’acropole de Cassiopée ». Dans un entretien à Contretemps.eu, elle dénonce un « accaparement sans précédent » sur « des ressources minières, des terres, du littoral, de la mer, des forêts, des îles, des sources thermales et des grottes, des monuments archéologiques et des ports ou de la gestion des déchets et de l’eau. »

                                                                                                                                                                                                                              3 Dijon vend son vin, Orléans un hôtel particulier...

 

Senlis, Dinan, Montpellier, Arras, Les Andelys... De nombreuses villes n’hésitent plus à vendre une partie de leur patrimoine pour renflouer les caisses. Trois exemples :

  • Dijon a vendu en janvier une partie de son vin, devançant l’Elysée. Une vente aux enchères de plus de la moitié de la cave de la ville (3 500 bouteilles de Bourgogne sur 6 000) a rapporté à la ville 150 000 euros. Ces bouteilles arrivaient à maturité. Le sénateur-maire PS François Rebsamen a affecté la somme à sa politique d’action sociale. De « l’austérité à la française », a commenté le Financial Times ;

 

  • la ville d’Orléans, dirigée par un maire UMP, envisage de mettre en vente l’hôtel Tassin, un très bel hôtel particulier du XVIIIe siècle. C’est le général commandant la deuxième brigade blindée qui l’occupait, mais sa brigade a été déménagée à Strasbourg. « On fait du cash avec du patrimoine », a fustigé Corinne Leveleux-Teixeira, tête de file du PS local qui propose d’en faire une auberge de jeunesse ou un office du tourisme ;

 

  • Ambilly, ville frontalière, vend ses terrains situés en Suisse. Par les hasards de l’Histoire (un redécoupage de frontières après la défaite de Waterloo), des terrains communaux sont passés en Suisse. La municipalité – qui n’était pourtant pas la plus à plaindre question finances – a décidé d’en vendre une grande partie, pour 77 millions d’euros, à des promoteurs franco-suisses. Cela représente pour Ambilly vingt années de budget : de quoi voir les choses venir pour cette petite commune rebaptisée « Jackpotville » par Libération.

                                                                                                                                                                                                                                4 Espagne et Portugal cèdent leurs aéroports


 

En 2011, l’Espagne a annoncé la vente au secteur privé d’un tiers de sa part dans la loterie nationale mais aussi jusqu’à 49% de l’entreprise publique Aena, qui gère plus de 40 aéroports du pays.

L’idée de vendre séparément les aéroports de Madrid et de Barcelone a également été explorée. Mais jusque-là, sans succès. La vente butte sur la valorisation des actifs qui, du fait de la crise, ne cesse de chuter. Aena était valorisée à 31 milliards d’euros en 2007, à 19 milliards en 2011 mais on ne l’estime plus aujourd’hui que dans une fourchette de 12 à 16 milliards d’euros.

 

Le Portugal lui, a cédé en décembre ANA, sa société de gestion des aéroports, au Français Vinci, pour 3 milliards d’euros (trop cher ? ). Ce pays est peut-être celui qui va le plus loin dans la grande braderie des biens publics. Une par une, ses entreprises publiques partent dans le giron de groupes étrangers, avec les encouragements de l’Union européenne. L’Etat a vendu le groupe d’énergie EDP au Chinois Three Gorges, et il a ouvert le capital des réseaux électriques au même groupe.

La liquidation n’est pas terminée : sont à vendre La Poste, la compagnie aérienne, certains chantiers navals, le fret des chemins de fer, l’audiovisuel public...

 

 

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1 juin 2013 6 01 /06 /juin /2013 17:01

 

 

Le Monde

 31.05.2013 à 19h03 | Par Donald Walther

 

 

 

 

Durée : 04:03  |  Images : Donald Walther / Le Monde.fr avec Reuters / YouTube - Musique : CC Broke For Free  

Nicolas Sarkozy est invité à Londres lundi par la banque Goldman Sachs pour donner une conférence sur la politique européenne. Cette prestation devrait lui rapporter près de 100 000 dollars.
Mais il n'est pas le seul à surfer sur son statut d'ancien chef d'Etat pour arrondir ses fins de mois. Bill Clinton, Tony Blair et d'autres capitalisent déjà sur leur ancienne notoriété. Gros plan sur ces chefs d'Etat convertis en businessmen.

Le Monde.fr

 


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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 17:27

CADTM

 

CATDM.org

29 mai par Éric Toussaint

 

 


Il est tout à fait intéressant de voir en quoi l’expérience qui s’est déroulée en Équateur peut être utile dans le processus en cours en Tunisie et dans de nombreux autres pays |1|. C’est particulièrement intéressant pour les mouvements, les organisations politiques qui veulent s’emparer de la question de la dette. Ce qui est en jeu, c’est de réduire radicalement le poids de la dette et ainsi de donner une chance à la Tunisie d’avoir les moyens d’améliorer de manière significative les conditions de vie de la population, d’améliorer les infrastructures, d’améliorer les possibilités sociales et économiques du pays, de préserver la nature. Cela pourrait maintenant se faire dans le cadre d’une reconquête de la souveraineté et de la dignité du pays et de son peuple suite à la révolution qui a eu lieu en décembre 2010-janvier 2011.

Le peuple équatorien contre la dette

A partir de la fin des années 1990, une série de mouvements sociaux équatoriens, notamment Jubilé 2000 Guayaquil (la ville commerciale la plus importante et le plus grand port de l’Équateur), a commencé à mener campagne contre la dette injuste réclamée au pays. Les positions de ces mouvements sociaux étaient au départ assez modérées et confuses. Par exemple, ils se sont rendus à une réunion du Club de Paris en 1998 en pensant qu’ils pourraient négocier une restructuration de la dette équatorienne et obtenir un allègement très important. Au bout de deux ans, ils se sont rendu compte que le Club de Paris n’avait aucune volonté de négocier et qu’ils avaient accepté de discuter uniquement pour des questions de relation publique. En 2001-2002, le CADTM international et le Centre des Droits Économiques et Sociaux (CDES) ont commencé à mener une campagne sur la question particulière de la dette de l’Équateur constituée par la vente de bateaux de pêche par la Norvège à l’Équateur. Les deux groupes ont constitué un dossier pour démontrer que cette dette à l’égard de la Norvège était une dette illégitime parce que la Norvège avait vendu ces bateaux à l’Équateur non pour servir les intérêts équatoriens mais pour répondre à la crise d’un secteur important d’exportation de la Norvège, en l’occurrence les chantiers navals. La Norvège recherchait des pays prêts à acheter des bateaux de pêche, pourtant ceux achetés par l’Équateur n’ont quasiment jamais servi à la pêche mais à transporter des bananes au profit d’une des grandes fortunes du pays. Cet exemple concret illustre comment on a commencé à mener campagne contre la dette : en ciblant une dette particulière et en introduisant la notion de dette illégitime. On a réussi à s’allier à l’organisation norvégienne SLUG et à introduire la notion d’audit, pour faire la clarté sur ce qui était réclamé à l’Équateur. Cette campagne s’est déroulée dans un contexte de grandes mobilisations sociales à la fin des années 1990 et au début des années 2000, avec plusieurs mouvements populaires très importants qui se sont débarrassés de deux présidents néolibéraux en 2000 puis en 2005. Il y avait déjà eu des mobilisations importantes dans les années 1990, mais, en 2000, le président néolibéral a été renversé par à une mobilisation populaire ; suite à des élections, il a été remplacé par un autre président, Lucio Guttierez, qui a mené une campagne sur un programme anti-FMI, un programme de gauche et anti-États-Unis. Mais une fois élu, il a changé complètement de discours et a dit : « je suis le meilleur ami des États-Unis, Chavez est notre ennemi ». Cela a provoqué du mécontentement, de la frustration et un nouveau soulèvement populaire en 2005. Le président a dû s’échapper du palais présidentiel en hélicoptère, avant que ne soit mis en place un gouvernement de transition dont Rafael Correa, qui allait être élu président de la République en décembre 2006, était ministre des Finances, dans un contexte où le prix du pétrole est assez élevé. Le thème de la dette est un thème important parce que les mouvements sociaux menaient campagne sur la dette depuis 7 à 8 ans. En tant que ministre des Finances, Raphaël Correa prend l’initiative d’allouer tous les suppléments de revenus créés par la hausse du prix du pétrole à des dépenses sociales d’éducation et de santé. Il n’est pas question que les revenus supplémentaires générés par le pétrole soient absorbés par le remboursement de la dette. Cette dette est illégitime, la population doit donc bénéficier des revenus d’exportations et des recettes fiscales qu’ils génèrent. La Banque mondiale (BM) et le FMI réagissent durement et refusent que l’argent qui provient des recettes pétrolières aille aux dépenses sociales. La BM menace de suspendre ses prêts à l’Équateur si une telle mesure est prise. R.Correa refuse de se plier au diktat de la BM et défend sa position dans le gouvernement. Il préfère démissionner que de retirer le décret qui défend les intérêts du pays et se retrouve ainsi dans l’opposition. Le président intérimaire qui remplaçait Guttierez lance alors une commission d’audit, mais avec des pouvoirs très restreints. Elle effectue cependant un travail d’étude de la dette équatorienne intéressant et cela contribue à populariser encore un peu plus la question de la dette. En 2006, lors des élections présidentielles, Correa se présente et met en avant : 1- la nécessité de changer radicalement la Constitution du pays pour une démocratisation politique fondamentale ; 2- la nécessité de mettre fin à la dette illégitime. Son message est le suivant : « Élisez moi comme président et je m’engage à prendre des mesures pour que le pays arrête de payer une dette illégitime ». Il annonce aussi que s’il est élu président, il mettra fin à la base militaire navale mise à disposition de l’armée états-unienne par l’Équateur. Il s’agit ainsi de rendre à l’Equateur sa souveraineté et sa dignité. Il mettra aussi fin aux négociations avec les États-Unis concernant un traité de libre échange. Les grands thèmes de la campagne de Correa sont donc : démocratisation politique, changement constitutionnel, annulation de la dette illégitime, récupération de la souveraineté en mettant fin à la présence de l’armée américaine sur leur territoire et arrêt des négociations pour un traité de libre échange avec les États-Unis.


Rafael Correa annule des dettes odieuses

Il est élu en décembre 2006, mène bataille en février-mars 2007 pour un référendum sur une nouvelle Constitution, référendum qu’il gagne alors que toute l’opposition et les grands médias étaient contre lui. L’étape suivante est le règlement de la dette… à partir de mai 2007. La première initiative de Correa est d’expulser le représentant permanent de la BM en Équateur. Le message est clair : la BM n’a pas respecté la souveraineté de l’Équateur en 2005, ce qui a conduit à la démission de Correa. La BM s’immisce dans les affaires du pays, dehors ! BM, dégage ! En juillet 2007, par décret présidentiel, Rafael CORREA institue une commission d’audit. Du côté équatorien, il y a d’une part, des représentants de la société civile « d’en bas », c’est-à-dire les mouvements sociaux, et d’autre part, quatre corps de l’État : la Cour des comptes, la commission anti-corruption, le ministère des Finances et de l’Économie, et le ministère de la Justice. S’y ajoutent six représentants étrangers experts en matière de dette. C’est à ce titre que j’ai fait partie de cette commission dont le mandat était d’analyser la dette publique interne et externe entre 1976 à 2006. Nous avions le pouvoir d’obtenir toutes les informations nécessaires à notre travail d’audit afin d’établir un rapport sur les dettes illégitimes et de faire des recommandations au gouvernement et à l’État. Nous avons travaillé quatorze mois, puis nous avons remis nos conclusions et nos recommandations au gouvernement. Pendant ces quatorze mois, nous avons eu trois réunions avec la présidence de la République et le gouvernement, qui a ensuite étudié nos recommandations et nos conclusions pendant un mois et demi. En novembre 2008, il a annoncé la suspension unilatérale du remboursement de la dette commerciale, c’est-à-dire la dette sous la forme de titres vendus sur les marchés financiers et venant à échéance en 2012 et en 2030. Pendant six mois, l’Équateur a laissé les marchés financiers sans informations. Il les a laissés dans l’incertitude complète. La décision a été prise sans la rendre publique au préalable. L’Équateur a chargé la banque Lazard, banque internationale bien connue, de racheter les titres sur le marché secondaire de la dette pour le compte de l’État mais sans le dire officiellement. Cela a permis à l’Équateur de racheter une bonne partie des titres et ensuite de faire une offre aux détenteurs de titres restants, ceux qui n’avaient pas encore été vendus à la banque Lazard. Le gouvernement a proposé de racheter les titres à 35% de leur valeur, mais il en avait déjà racheté une partie à 20% de leur valeur. L’offre a été faite en avril 2009 et, en juin 2009, l’Équateur a annoncé officiellement qu’il avait racheté 91% des titres. L’offre se concluait, les 9% de titres restants ne seraient plus rachetés. Les détenteurs des titres avaient eu suffisamment de temps pour les vendre à l’État. Pour conclure, l’opération a couté environ 900 millions de dollars avec lesquels le gouvernement a racheté pour 3200 millions de dollars de titres. L’économie globale, si on compte les titres rachetés au rabais et les intérêts qu’il n’était plus nécessaire de payer jusqu’à en 2030, est de 7 milliards de dollars. Ils ont pu être utilisés pour augmenter radicalement les dépenses publiques en particulier dans la santé publique, dans l’éducation et dans les infrastructures. Si on regarde le budget équatorien, on voit qu’à partir de 2009-2010, les dépenses qui vont au service de la dette baissent radicalement et les dépenses qui vont aux dépenses sociales utiles augmentent de manière extrêmement importante, permettant une amélioration des conditions de vie de la population. Cela explique d’ailleurs pourquoi la population a réélu Correa en 2009 pour un nouveau mandat dans le cadre de la nouvelle Constitution. Son mandat s’est terminé début 2013. Il s’est à nouveau présenté aux élections et vient d’être réélu avec 57% des voix, soit davantage de voix pour son troisième mandat que pour les deux premiers !

Quelles conclusions tirer ? Correa a gagné les élections de 2006 notamment parce qu’il a mené bataille contre la BM et sur la question de la dette illégitime. C’était l’un des thèmes principaux de sa campagne et c’est sur cette base qu’il a gagné un appui populaire tout à fait significatif. La première leçon est la suivante : une organisation ou un candidat ou un front d’organisations, par exemple le front populaire qui est dans l’opposition, peut convaincre une partie importante de l’opinion publique de le soutenir pour aller au gouvernement afin de prendre des mesures de manière à mettre fin au paiement d’une dette illégitime. C’est possible s’il y a aussi un travail qui a été fait pendant des années à la base par des mouvements sociaux. C’est ce que fait RAID-ATTAC-CADTM, depuis maintenant 10 ans. C’est aussi ce que l’association ACET fait parmi les migrants tunisiens en France. C’est un travail qui prépare le terrain, qui ouvre les esprits. Les discours sur la dette sont extrêmement importants pour toucher l’opinion publique tunisienne et montrer que c’est un thème central. Une autre leçon importante à tirer de l’exemple équatorien est qu’on ne peut pas faire confiance à la BM et au FMI.

FMI : la carotte et le bâton

Le projet de lettre d’intention que le gouvernement tunisien veut envoyer au FMI |2|, projet maintenant public car la radio Shems l’a publié sur son site internet, montre qu’il est question d’emprunter environ 2,7 milliards de dinars tunisien auprès du FMI dans le cadre de conditions auxquelles le gouvernement tunisien dit qu’il est prêt à se soumettre. On sait très bien que dans la réalité, c’est la mission du FMI qui se réunit avec les autorités tunisiennes et dicte en grande partie le contenu de la lettre, notamment les engagements à adopter certaines mesures économiques, politiques et sociales prescrites par le Fonds. C’est la même chose depuis 20 à 30 ans. Dans le document qui est maintenant sur la place publique, il y a tous les dispositifs traditionnels de la politique du FMI. D’un côté, le FMI prête 2,7 milliards de dinars et n’exige aucun remboursement pendant trois ans et demi. C’est, pour un gouvernement, une « carotte » formidable. Le gouvernement peut présenter à la population cela comme une marque de confiance des grands organismes internationaux. Cela donne la possibilité au pays de maintenir une bonne note ou de rétablir la note du pays attribuée par les agences de notation. Il y a de l’argent qui entre mais pas d’argent qui sort. Confiance des créanciers internationaux, confiance des institutions internationales, l’argent arrive. Le gouvernement peut faire valoir de meilleures possibilités pour mieux gérer les institutions. Dans l’opinion publique, il y a généralement, des doutes, voire des critiques par rapport à la gestion des banques publiques et privées. Si le gouvernement parle d’un audit des banques, cela peut donner le sentiment que l’on va réformer les banques, le système de pension, le système de subvention aux Produits de Première Nécessité (PPN) et aux services. Ainsi, le document est rédigé d’une manière prudente parce qu’aujourd’hui, en Tunisie, la population est en activité permanente. Les partis, les mouvements d’opposition sont très vigilants quant aux mesures qui pourraient affecter les conditions de vie de la population. Le gouvernement fait entrer le FMI, qui n’est pas pour le moment un créancier important de la Tunisie, sur la pointe des pieds. Mais comme le dit l’adage populaire, il y a la carotte qu’on vous montre et il y a le bâton qui est derrière la porte.

La « stratégie de la grenouille »

On applique maintenant en Tunisie une stratégie qui est connue dans le langage intérieur de la BM et du FMI comme « la stratégie de la grenouille ». Si vous jetez une grenouille dans une casserole d’eau bouillante, elle va très vite bondir hors de la casserole. Mais si vous la plongez dans une casserole d’eau froide que vous faites chauffer progressivement, elle ne détectera pas le seuil de température où elle doit bondir et elle mourra. Dans certains pays, le FMI et la BM n’appliquent pas la stratégie de choc mais la stratégie de la grenouille, c’est-à-dire qu’on y va progressivement mais de manière à paralyser le corps social comme on a paralysé la grenouille. Il ne se rendra même pas compte qu’on l’a chloroformé par les politiques néolibérales, par le type de médecine auquel a été soumise la société. Le document montre qu’il est prévu d’appliquer la « stratégie de la grenouille » en Tunisie, ce qui n’empêchera pas le FMI d’appliquer éventuellement par la suite une stratégie de choc si ses positions se renforcent dans le pays. On voit aussi très clairement dans ce document que le FMI ne vient pas seul, mais avec la BM, déjà présente dans le pays, mais le document prévoit que la BM participera à l’audit des banques, donnera des conseils sur la politique fiscale et la réforme du système de subvention. En ce qui concerne les subventions, on retrouve dans le document le discours classique des institutions financières, selon lesquelles les subventions généralisées profiteraient à une partie des gens qui n’en ont pas besoin, ce qui n’est par ailleurs pas totalement faux. Mais c’est un discours populiste de la BM pour mettre fin à des subventions en prétendant cibler strictement les plus nécessiteux de la population et en leur apportant des aides financières directes. C’est la politique générale de la BM dans tous les pays depuis 10 ans maintenant : remplacer des subventions par des aides financières directes. Or, si on fait le bilan précis de ces politiques, on voit que dans certains pays, certains secteurs peuvent avoir une petite amélioration mais que l’objectif qui est recherché est de diminuer le montant des dépenses publiques sous forme de subventions sans régler réellement et sans améliorer de manière significative les conditions de vie de ceux qui en ont le plus besoin. Le document parle très explicitement de réduire l’impôt payé par les sociétés. Mais pour faire passer la pilule, de nouveau, il est dit qu’il y aura un effet neutre de la baisse des impôts sur la société. Comment présentent-ils les choses ? L’impôt sur les sociétés va baisser et, dans le même temps, certaines niches fiscales vont être supprimées pour que les sociétés soient quand même imposées suffisamment. Le résultat est évident : avec la baisse des impôts, les recettes des impôts sur les grandes entreprises nationales et internationales vont aussi diminuer d’ici un an et demi à deux ans. La baisse des recettes sera alors comblée par une augmentation de la TVA. C’est donc toute la population qui va payer la note et en particulier les secteurs les plus pauvres, y compris les travailleurs du secteur informel. Car s’il est vrai que le secteur informel ne paie pas d’impôts sur le revenu, les travailleurs de ce secteur consomment et donc payent des impôts sur tous les produits de consommation. Le front populaire et les mouvements sociaux devraient tenter de convaincre les travailleurs du secteur informel qu’ils ont intérêt à rentrer dans le secteur formel si on réformait le système de la TVA. Ils pourraient récupérer, s’il déclarait réellement leurs revenus, une partie de la TVA. S’ils rentrent dans le secteur formel, cela créerait des emplois statutaires tout à fait intéressants et il y aurait de l’argent qui entrerait dans le système des pensions, dans le système de la sécurité sociale, etc. Le document dit aussi qu’il faut réformer les pensions, mais sans préciser comment. Cependant, on sait très bien que la philosophie de la réforme des pensions pour la BM, c’est généralement de durcir les conditions auxquelles les gens accèdent à la pension. Donc il est très important de dire que la dette qui va être contractée par la Tunisie à l’égard du FMI est une dette illégitime. C’est un cadeau qui est fait au gouvernement actuel puisqu’il ne va pas rembourser pendant trois ans et demi et que la charge va porter sur le gouvernement suivant et sur tous les citoyens tunisiens dans trois ans et demi. D’autre part, va s’ajouter à cela l’effet des réformes que les autorités actuelles se seront engagées à réaliser.

Non à la dette odieuse tunisienne

Pour en revenir aux enseignements de l’Equateur, si l’opposition tunisienne veut réellement que le pays retrouve de manière définitive sa dignité, son indépendance, sa souveraineté et que les richesses soient distribuées de manière à respecter les normes de justice sociale et que des réformes soient effectuées pour que les autorités publiques reprennent le contrôle sur les axes stratégiques du développement du pays, il est fondamental de dire qu’il faut auditer les dettes, qu’il faut refuser de payer la dette odieuse. La Tunisie a un argument beaucoup plus fort que ne l’avait Correa quand il est arrivé au pouvoir. La dictature auquel l’Équateur a été soumis remontait à plus de 25 ans. Les dettes qui étaient réclamées à l’Équateur étaient des dettes contractées par des gouvernements qui menaient des politiques néolibérales, mais des gouvernements démocratiquement élus. Ils ont été rejetés par des mobilisations populaires mais il y avait eu des élections. La Tunisie a hérité d’une dette léguée par le régime de Ben Ali et, sans aucun doute aux yeux du droit international, il s’agit d’une dette odieuse.

En plus du crédit que le gouvernement tunisien s’apprête à demander au FMI, tous les prêts qui ont été réalisés depuis la chute de Ben Ali doivent aussi faire l’objet d’une dénonciation et d’une critique. La société civile tunisienne d’en bas et les forces d’oppositions qui veulent une issue de justice sociale et de dignité nationale ont des arguments que n’avaient pas Correa et ceux qui l’ont soutenu. Ne gâchez pas cette occasion ! Renforcez le travail d’audit, à partir d’en bas, à partir de l’opposition, à partir des mouvements citoyens ! Voyez évidemment avec les parlementaires qui sont prêts à s’engager dans ce travail qui peut être fait en collaboration étroite avec les mouvements sociaux et avec toutes les forces qui veulent faire la clarté sur la dette ! Faites de ce combat du non paiement de la dette illégitime un drapeau extrêmement important de votre politique quotidienne. Essayez de rendre conscient le citoyen et la citoyenne lambda ici en Tunisie, qui ne se rendent pas compte immédiatement des impacts de la dette sur leur vie quotidienne. Essayez de rendre concret le poids de cette dette sur leur budget, sur les problèmes qu’ils rencontrent pour que les enfants puissent dignement aller à l’école, pour qu’ils puissent avoir un jour l’espoir d’aller à l’université, pour que, s’ils obtiennent un diplôme, ils aient une chance de trouver un emploi qui corresponde à leur diplôme. Il faut faire comprendre à la population que pour que cela ait lieu, il faut refuser de payer la dette illégitime. On ne peut pas créer des emplois massivement, on ne peut pas améliorer la santé publique, on ne peut pas améliorer les infrastructures du pays avec des prêts empoisonnés de la BAD, du FMI, de la BM, des marchés financiers et des bailleurs bilatéraux. On ne peut pas non plus remercier des pays qui, comme l’Allemagne ou la France, disent « je vous pardonne pour la dette que vous avez contractée et je la transforme en fonds de conversion ». |3| Si des pays ont soutenus Ben Ali, les créances qu’ils ont sur la Tunisie aujourd’hui sont des dettes odieuses et une dette odieuse doit être annulée, elle ne doit pas être convertie. Une conversion, c’est un blanchiment de dette odieuse. Si l’Allemagne, la France, la Belgique |4|, les autres pays occidentaux veulent aider la Tunisie, qu’ils fassent des dons directs, qu’ils versent à un fonds de développement tunisien sous le contrôle des mouvements et de la société civile tunisienne pour des projets de développement élaborés avec la participation de la population tunisienne. Que de l’argent nouveau arrive, qu’il arrive dans un fonds transparent contrôlé par la société et qu’il aille à des projets où la population voit directement que cela améliore ses conditions de vie.

Voilà en quoi une expérience qui s’est faite à 10 000 km d’ici peut être utile pour la Tunisie. Si vous, Tunisiens et Tunisiennes, vous nous demandez notre expertise et notre soutien, vous l’aurez, les Équatoriens sont prêts à vous aider. Emparez-vous de toutes ces propositions et appropriez-vous le combat de la dette, faites-en votre combat, c’est comme cela que vous pouvez gagner et transformer réellement la société tunisienne.

Notes

|1| Le présent texte est la retranscription d’une conférence donnée par Éric Toussaint à Tunis le 31 mars 2013. La retranscription a été réalisée par Nirina Fenitra. Le texte a été revu par Danielle Sabai et Damien Millet. La version vidéo est disponible : http://cadtm.org/Les-lecons-de-l-Eq...

|2| Voir cette lettre d’intention : http://nawaat.org/portail/wp-conten...

|3| Voir http://cadtm.org/Le-CADTM-le-collec...

|4| Voir http://cadtm.org/La-Belgique-doit-a...

 

 

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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 16:21

 

 

Le Monde.fr
 31.05.2013 à 10h25

 
 

Le tribunal correctionnel de Paris a commencé à juger jeudi un volet d'une vaste affaire d'escroquerie à la taxe carbone, au grand dam de la défense du principal prévenu, qui a déploré que le tribunal n'examine qu'"un bout de dossier". Ce dossier, qui porte sur 65 millions d'euros de TVA éludée grâce à une société appelée Ellease, s'inscrit dans une affaire qui porte sur un montant total de 283 millions d'euros, dans laquelle d'autres volets sont en cours d'instruction.

Le mécanisme consistait à acheter par l'intermédiaire de sociétés écrans des quotas de CO2 hors taxe. Quotas qui auraient ensuite été revendus en France à un prix incluant la TVA, une TVA collectée et jamais reversée à l'Etat français.

Le prévenu jugé devant la 11e chambre était à la tête d'Ellease, dont la gestion avait été confiée à une jeune femme de 28 ans, poursuivie pour blanchiment, car il était interdit de gestion en France. "En aucun cas, j'ai été mêlé à cette escroquerie", a assuré le prévenu de 49 ans, arrêté en Belgique en avril 2012.

 

"AFFAIRE INDIVISIBLE"

Il soutient qu'il a été abusé par un homme présenté comme l'un des principaux instigateurs de cette escroquerie, qui a été tué en 2010 de plusieurs balles sur la voie publique à Paris, près de la porte Maillot. Un autre homme, présenté comme coorganisateur de l'escroquerie, a quant à lui été mis en examen et écroué il y a quelques semaines.

Les avocats du prévenu, Anne-Laure Compoint et Philippe Ohayon, estiment que l'ensemble de cette affaire est indivisible, et ont soulevé la nullité de l'ordonnance saisissant le tribunal et demandé un supplément d'information. Le tribunal se prononcera à ce sujet en même temps que le fond du dossier.

Le marché des échanges de quotas de CO2 dans l'industrie est l'un des outils mis en place dans le cadre du protocole de Kyoto qui vise à endiguer les émissions de dioxyde de carbone, un des principaux gaz à effet de serre. L'objectif ultime de ce marché du carbone est d'inciter les industriels à investir dans des technologies moins polluantes en CO2.

Dans la pratique, les entreprises concernées reçoivent gratuitement des permis à émettre du CO2. Celles qui excèdent leur quota ont la possibilité d'acheter des droits d'émission à celles qui en sont moins prodigues et revendent leurs tonnes de CO2 excédentaires sur le marché. Le procès doit durer jusqu'au 7 juin. Les transactions frauduleuses sur les droits d'émissions de CO2 dans l'Union européenne auraient fait perdre au Trésor public français entre 1,5 et 1,8 milliard d'euros. Pour l'Europe, le chiffre atteindrait les 5 milliards.

 

Lire : La taxe carbone, outil de la fiscalité écologique

 


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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 20:20

 

 

Marianne

 

Jeudi 30 Mai 2013 à 05:00
Directeur adjoint de la rédaction de Marianne et grand amateur de théâtre En savoir plus sur cet auteur

 

La Commission de Bruxelles a envoyé sa feuille de route au gouvernement français, avec une austérité aggravée au programme. A quoi bon continuer à voter si le modèle néolibéral est obligatoire?

 

Le Ministre de l'Economie espagnol, Luis de Guindos (à gauche) et le ministre des Finances irlandais, Michael Noonan lors d'un sommet européen en présence de Christine Lagarde, à la tête du FMI - YE PINGFAN/CHINE NOUVELLE/SIPA
Le Ministre de l'Economie espagnol, Luis de Guindos (à gauche) et le ministre des Finances irlandais, Michael Noonan lors d'un sommet européen en présence de Christine Lagarde, à la tête du FMI - YE PINGFAN/CHINE NOUVELLE/SIPA
En ouverture de son supplément géopolitique, Le Monde fait le bilan de l’euroscepticisme en vogue sur le vieux continent à un an du scrutin européen, avec cette question  : « Vers des élections anti-Europe ? »

Visiblement, Le Monde n’a pas encore compris qu’on pouvait être critique vis-à-vis de l’Europe sans être anti européen. Depuis 2005 et la victoire du NON au référendum sur le Traité Constitutionnel Européen (TCE), le quotidien de révérence aurait pourtant pu se renseigner. Passons.

En l’occurrence, il faut rapprocher la question précédemment exprimée d’un autre titre du Monde  du même jour : « Bruxelles adresse à Paris la liste des six réformes à mener ». 
Le secret de la fabrique des europhobes, le voilà. Il se résume très bien par le contenu du paquet cadeau adressé à la France, avec mode d’emploi, plan de montage et calendrier d’application, comme pour une cuisine achetée chez Ikea.

Sauf que là, il s’agit de la politique économico-sociale de la France - une politique d’inspiration néolibérale très affirmée et qui va à rebours des choix exprimés par les Français lors des dernières élections.

Pour faire simple, disons que les citoyens ont voté pour un Hollande de gauche et qu’ils se voient appliquer des choix dignes d’un néocon ayant débordé Sarkozy sur son aile réac.
Les moulinets verbaux de François Hollande pour sortir des clous du traité Merkozy auront été vains. Rien n’a changé.

Une camarilla de bureaucrates engoncés dans leurs tabous idéologiques veut dicter ses choix à des peuples rétifs. On voudrait dégouter les européens du rêve européen que l’on ne s’y prendrait pas autrement.

Sentant le piège, le Président de le République a retorqué que la politique de la France ne se décidait pas à Bruxelles, et que « la Commission n'avait pas à nous dicter ce que nous avons à faire». Certes. Mais François Hollande serait plus crédible s'il ne s'était pas déjà fortement inspiré des préceptes en vogue chez les gourous du néo libéralisme.

Que trouve-t-on dans le petit mémo remis par nos amis Eurocrates en échange du délai supplémentaire accordé pour remettre à niveau les finances publiques ? Le guide habituel du petit mécano austéritaire.

 

En vrac : nouvelle réforme des retraites (avec le recul de l’âge de départ ou l’allongement de la durée de cotisation) ; baisse supplémentaire du « coût du travail » ; flexibilité de l’emploi aggravée ; déréglementation du modèle social. Bref, tout ce que l’on appelle chez ces gens là des « réformes structurelles », formule magique traduite d’une phrase limpide  par l’économiste iconoclaste Paul Jorion: « aligner les salaires français sur ceux du Bangladesh ».

 

On n’en est pas là, certes. Il y a de la marge. Mais dès lors que l’on s’inscrit dans la logique du libre-échangisme, de la mondialisation dérégulée, du diktat des banques, et du dumping salarial qui fait le bonheur des actionnaires, la broyeuse est en marche.

Au passage, la Commission de Bruxelles donne un coup de chapeau aux dernières mesures du gouvernement Ayrault. C’est normal puisqu’elles sont directement inspirées du bréviaire orthodoxe, comme l’accord sur la « compétitivité » ou celui sur le marché du travail.

Mais les Eurocrates en veulent toujours plus, afin de faire entrer à marche forcée la France dans un schéma correspondant aux canons du néolibéralisme, alors que ces derniers sont à l’origine de la crise.

Il est en effet avéré que de telles recettes ne font qu’aggraver le mal. On sait que l’austérité, en tuant la croissance et en alimentant le chômage, tarit les rentrées dans les caisses publiques et aggrave les problèmes budgétaires. L’exemple des pays d’Europe du sud le prouve à foison. Celui de la France aussi, d’ailleurs.

Mais les talibans de l’économiquement correct n’en continuent pas moins à prescrire leur potion maléfique. Ils sont secondés par leurs relais de l’intérieur, implantés dans l’appareil d’Etat, nonobstant leurs étiquettes officielles. Qu’ils soient de gauche ou de droite, ces grands esprits professent les mêmes théories et proposent les mêmes recettes.

Avant que la Commission de Bruxelles ne fasse connaître ses desiderata, la Cour des Comptes, dirigée par Didier Migaud, socialiste Sarko-compatible, avait demandé d’urgence des « économies structurelles ». On connaît la musique.

De son côté, dans sa lettre annuelle, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, aussi rigide que l’était Jean-Claude Trichet, dont il est le fils spirituel, développe des thèses voisines. Il dénonce le rôle néfaste du Smic, propose de raboter les retraites et de mettre au rebut de l’histoire ce qui reste du modèle social né à la Libération.

Moralité : on peut célébrer l’anniversaire du Conseil National de la Résistance et préparer son enterrement en grandes pompes.
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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 19:45

 

Médiapart

 

 

Lire aussi

 

 

 

L’aveu a été lancé en passant, mais il fait dresser l’oreille. « C’est un problème que nous connaissons nous aussi. Certaines entreprises ayant installé leur siège au Luxembourg ne payent pas d’impôts. » Prononcés par le ministre des finances luxembourgeois Luc Frieden ce mercredi, dans le cadre d’un débat du Forum annuel de l’OCDE, ces quelques mots surprennent. Jusqu'à présent, le Luxembourg s’est toujours attaché à défendre la « compétition fiscale » entre pays, y compris au sein de l’Union européenne, et la liberté des entreprises de se jouer du fisc, partout sur la planète.

 

Forum 2013: Too Big to Pay Tax? 
Fleur Pellerin et Luc Frieden© OECD/Julien Daniel

Le débat était consacré à l’épineuse question de la taxation des entreprises. Depuis des mois, Google, Apple, Microsoft ou Starbucks sont sous le feu de la critique, principalement aux États-Unis et en Grande-Bretagne, pour leur habileté à piocher dans les règles fiscales les plus obscures pour éviter de payer des impôts (lire notre article sur les méthodes, légales, de ces « Intaxables »). Aux côtés de Frieden étaient rassemblés Fleur Pellerin, la ministre française des PME et de l’économie numérique, William Morris, patron international des questions fiscales de General Electric, Loretta Minghella, directrice de l’ONG Christian Aid, très active sur ces questions, et Pascal Saint-Amans, le directeur du centre de politique fiscale de l'OCDE (récemment interviewé par Mediapart).

La modératrice de la discussion, la très expérimentée journaliste du Financial Times Vanessa Houlder, ne s’est pas trompée sur la portée de la phrase du ministre luxembourgeois. Lors de sa conclusion des discussions, elle l’a signalée comme tout à fait inhabituelle. Le Luxembourg découvre-t-il le sujet ? Mediapart détaillait récemment comment ArcelorMittal ne payait aucun impôt dans toute l’Europe depuis des années, malgré son siège installé dans le pays.

D’autres sont dans le viseur, Apple en tête. Tout consommateur européen achetant musique, livres ou films sur iTunes reçoit ainsi une facture dressée depuis le Luxembourg, la TVA n’y étant que de 15 %. Mais l’entreprise, malgré un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros environ, reverse une bonne partie de ses profits à d'autres filiales d'Apple hors du pays, au titre de services de « support marketing ». En 2011, à coup de montages nommés « double irlandais » ou « sandwich néerlandais », Apple a fini par payer, hors États-Unis, un taux moyen d’impôt de… 1,9 %.

Soudainement, Luc Frieden romprait-il avec les positions classiques de son pays, résolument accommodant envers les mastodontes du business souhaitant s’y installer ? Après tout, il avait signé quelques instants plus tôt un accord de coopération fiscale très étendu élaboré par l’OCDE. Aux côtés de l’Autriche, de Singapour et de neuf autres pays, le territoire jusqu’alors farouche défenseur du secret fiscal, s’est engagé à collaborer avec toute demande de renseignement fiscal émanant d’une soixantaine de pays. Du jamais vu…

Mais point trop n’en faut. Frieden s’est limité à cette saillie, déroulant par ailleurs un discours « pro-business » très conventionnel. « Il ne faut pas laisser nos émotions nous faire dire que les multinationales sont mauvaises, a-t-il averti. Nous avons besoin de leurs ressources, de leur croissance. » Il a assuré que « les impôts sont nécessaires », mais qu’il ne faut pas « tuer les entreprises » à coup de taxes. Avant de rappeler qu’il estimait qu’une « compétition fiscale juste » entre pays était légitime.

Autant dire que ses propos détonnaient avec ceux de ses voisins. Saint-Amans, au nom de l’OCDE, venait de rappeler que la question était avant tout politique, et que son organisation avait rendu en février un rapport, sévère, sur le sujet (dénommé « Beps » dans le jargon en vigueur). Un plan d’action pour lutter contre les dérives actuelles sera présenté mi-juillet aux ministres des finances du G20. Objectif de l’organisation : faire aboutir les négociations, et jeter de nouvelles bases pour la fiscalité mondiale, en… deux ans. En guise d’amuse-bouche, Saint-Amans a rappelé que les îles Vierges britanniques, célèbres pour abriter des milliers de sociétés-écrans empêchant de connaître leurs réels propriétaires, sont parmi les dix premiers investisseurs en Chine, en Russie et aux Pays-Bas.

 

Les impôts d'Amazon : une « blague »

Fleur Pellerin a quant à elle assuré qu’« aucun pays ne peut accepter » la situation actuelle. Lorsque des géants du commerce ou de l’industrie payent 2 ou 3 % d’impôts en tout, il y a un sérieux « problème d’équité » avec les PME, qui se battent sur le même marché, mais sans les armées de fiscalistes chargés d’organiser une « optimisation fiscale » maximale, a rappelé la ministre française, soulignant que la question monte au sein des opinions publiques.

Et il y a de quoi. Rien que dans l’Hexagone, selon la fédération française des télécoms, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft auraient pu payer 22 fois plus que ce qu’ils ont réellement déboursé (37,5 millions d’euros en tout), s'ils avaient été taxés pour 2011 sur leur activité réelle sur le territoire. L’étude estimait que les cinq entreprises n’avaient déclaré que 1,1 milliard d'euros de chiffre d’affaires, alors que leur activité était probablement 7 à 8 fois supérieure.

Récemment, c’est surtout l’audition de Tim Cook, le PDG d’Apple, devant le Sénat américain le 22 mai, qui a retenu l’attention. Cook était invité à s’expliquer sur les montages complexes qui permettaient à son entreprise d’éviter de payer 9 milliards de dollars aux États-Unis en 2012, que venait de détailler un rapport parlementaire.

 


 

En septembre déjà, le Sénat avait épinglé des pratiques similaires de Microsoft. Selon le rapport rendu à cette occasion, 60 % de la trésorerie des entreprises américaines est stockée à l’extérieur des États-Unis, et donc non taxée. Au total, ce sont environ 1 700 milliards de dollars qui échappent ainsi à l’impôt américain ! Exemple le plus caricatural : pour financer le versement de dividendes promis par son patron, Apple a préféré contracter un emprunt plutôt que de piocher dans son trésor de 145 milliards de dollars : emprunter la somme revenait moins cher que payer les impôts obligatoires s’il avait fallu la rapatrier aux États-Unis.

En Grande-Bretagne, Google, Amazon et Starucks avaient été étrillés sur cette question par les députés, en novembre dernier. Et ce n’est pas fini. Amazon pourrait être à nouveau entendu, après la révélation du montant de ses impôts pour 2012 : 2,4 millions de livres (2,8 millions d'euros) en Grande-Bretagne, alors qu’il a reçu sur la même période 2,5 millions de livres d’aides fiscales de la part du gouvernement. Une « blague », a jugé la présidente travailliste de la commission parlementaire sur les finances publiques, Margaret Hodge. D’autant que Reuters, au terme de trois mois d’enquête, estime que l’entreprise effectue la majeure partie de son activité sur le sol britannique, et non en Irlande et au Luxembourg, comme elle veut le faire croire au fisc.

Au sein du monde de l’entreprise, certains sont conscients que ces excès ne pourront pas durer. Ainsi, lors du débat au forum de l’OCDE, William Morris, de General Electric, a bien dit qu’il ne voyait pas en quoi la question de la morale devait être prise en compte pour peu que la loi soit respectée. Mais il a aussi confessé qu’il estimait que les entreprises devaient montrer un peu de bonne foi, et participer à la réflexion sur leurs pratiques. Pas parce qu’elles sont intrinsèquement bonnes, mais parce qu’à ce rythme, elles risquent de perdre la confiance du public. Leur principale ressource.

 


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