Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 17:46

 

 

Médiapart

 

 

 

Lire aussi

C’est une véritable bombe que vient de lâcher la Commission de régulation de l’énergie (CRE), en plein débat national sur la transition énergétique : s’il veut couvrir ses coûts de production pour la seule année 2013, le groupe EDF devrait augmenter les tarifs de l’électricité de 9,6 % d’ici cet été. Déjà très importante, cette hausse atteindrait un niveau astronomique si l’électricien cherchait à rattraper ses coûts non couverts de 2012 : pour les particuliers (tarif bleu) il faudrait l'augmenter de 7,6 % supplémentaire, soit 17,2 % au total dans les mois à venir.

 

Pour la seule année 2012, l’écart entre les coûts constatés et les tarifs s’élève à 1,47 milliard d’euros, selon le calcul de la CRE. Cette flambée tarifaire serait moindre pour les entreprises (tarifs jaune et vert). Elle s’atténuerait dans l’hypothèse d’un allongement de dix ans de la durée de vie des centrales nucléaires – ce qui permettrait à l’entreprise de lisser la hausse des prix dans le temps.

Une telle augmentation des prix de l’électricité semble difficilement acceptable pour le gouvernement, en pleine explosion du chômage et des inégalités sociales. Le gouvernement « n'envisage pas de procéder au rattrapage du retard accumulé depuis plusieurs années immédiatement, compte tenu de la situation du pouvoir d'achat », a aussitôt réagi la ministre de l’écologie et de l’énergie Delphine Batho. Ce n’est d’ailleurs pas la CRE qui fixe les tarifs de l’énergie, mais bien l’État. Autorité administrative indépendante, créée à l’occasion de l’ouverture à la concurrence des marchés de l’énergie, la commission ne dispose que d’un pouvoir consultatif sur les tarifs.

Mais dans le cadre de sa mission de contrôle des coûts de production et commerciaux d’EDF, elle jette un gros pavé dans la mare : les tarifs régulés de l’électricité actuellement en vigueur ne couvrent pas les coûts de production et de commercialisation d’EDF. Philippe de Ladoucette, le président de la CRE, devrait s’en expliquer jeudi 6 juin, lors de son audition par le conseil national du débat sur la transition énergétique.

 

Qui va payer ?

 

Evolution des coûts de production et de commercialisation, 2007-2012 (©Cre). 
Evolution des coûts de production et de commercialisation, 2007-2012 (©Cre).

La perspective d’une explosion des prix de l’électricité n’est pas une nouveauté : la CRE l’avait déjà noté dans un rapport de février dernier sur le fonctionnement du marché de détail (voir ici). À l’époque, elle considérait qu’une hausse d’environ 30 % était à prévoir sur la période courant de 2012 à 2017. Soit une augmentation annuelle d’environ 6 % du prix de l’électricité pour les consommateurs. Henri Proglio, le PDG d'EDF, avait aussitôt endossé cette prévision de hausse, transformée en requête publiquement formulée à de multiples reprises.

Mais l’autorité régulatrice livre aujourd’hui une analyse plus précise et plus alarmiste du système tarifaire en vigueur. Car les tarifs réglementés de vente de l’électricité « doivent a minima couvrir les coûts de production comptable des opérateurs historiques ». C’est un principe fondateur, confirmé par la jurisprudence du Conseil d’État, selon laquelle il incombe au gouvernement « de répercuter dans les tarifs qu’ils fixent, de façon périodique, les variations à la hausse ou à la baisse, des coûts moyens complets de l’électricité distribuée par EDF et les entreprises locales de distribution ».

C’est pour sanctionner le non-respect de cette règle que les juges ont annulé, en janvier dernier, trois arrêtés tarifaires sur une autre source d’énergie, elle aussi encadrée par un tarif régulé : le gaz naturel (voir ici). À la suite de ce jugement, qui promettait une forte augmentation des tarifs du gaz pour les ménages, les ministères de l’économie et de l’écologie ont établi une nouvelle formule de calcul, moins dépendante des cours du pétrole, afin de réduire les prix pour les particuliers.

Mais le gouvernement n’annonce pas pour l’instant de refonte des tarifs de l’électricité, chantier assuré de devenir un champ de mines tant la question est complexe et lourde d’impacts sociaux. Le ministère Batho se contente pour le moment d’annoncer une décision tarifaire en juillet, « après une analyse précise des facteurs d’évolution et des mesures de correction envisageables ». « L'augmentation structurelle des coûts de l'électricité confirme la nécessité d'accélérer la mobilisation pour les travaux d'efficacité énergétique, pour réduire la dépense énergétique », insiste la ministre, qui demande par ailleurs à EDF de « renforcer son programme de maîtrise des coûts ».

L'endettement financier net d'EDF atteignait 39,2 milliards d'euros fin 2012, en hausse de 5,9 milliards par rapport à l’année précédente. Or cette dette a un coût, y compris pour le contribuable, alors que l’État possède toujours 84 % du capital de l’électricien. En 2012, il a émis 7,6 milliards de plus d’emprunts qu’il n’est parvenu à en rembourser. L’année précédente, l’écart n’était que de 1,8 milliard d’euros. 

D’où vient l’explosion des coûts d’EDF ? D’un peu partout, nous apprend le rapport de la CRE : coûts commerciaux, qui ont crû de 6,3 % par an depuis 2007 ; coûts fixes – où le poids des investissements « s’accroît considérablement depuis quelques années », qui ont augmenté de 5,1 % chaque  année ; charges variables d’exploitation. Contrairement à une idée reçue bien ancrée, les énergies renouvelables ne représentent qu’une infime part de ce dérapage : il est donc erroné de vouloir bloquer l’essor des éoliennes et du photovoltaïque au nom de la préservation du pouvoir d’achat.

En revanche, la CRE met le doigt sur la hausse de coûts en général passés sous silence : achats de combustibles (+7 % par an), et surtout, le déploiement des certificats d’économie d’énergie (CEE), un dispositif incitatif à l’amélioration de l’efficacité énergétique, dont le coût explose de 40 % par an. Il est à remarquer que ces estimations ne prennent pas en compte les coûts de construction de l’EPR de Flamanville (voir à ce sujet l’analyse de l’économiste Benjamin Dessus).

Tous les indicateurs convergent donc vers une hausse prochaine et importante des prix de l’électricité pour les ménages et les professionnels. Au regard de l’état des comptes d’EDF, on voit mal comment l’exécutif pourrait y échapper, à moins d’entamer une vaste et ardue réforme du système tarifaire. En attendant cette échéance aujourd’hui hypothétique, l’État devra livrer un arbitrage lourd de sens politique et de conséquences sociales sur la répartition de la charge entre clients, contribuables et actionnaires d’EDF.

 

 

Partager cet article
Repost0
5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 14:55

 

 

Médiapart - Blog

 

 

 

 

Un débat explosif va s’ouvrir cette semaine à propos des retraites. Comme d’habitude, les décisions déjà prises dans le principe sont précédées du rapport d’une personne éminente, cette fois c’est la conseillère d’Etat Yannick Moreau qui s’y est collée, puis une concertation s’enclenchera. Son objet officiel est de réfléchir avec les partenaires sociaux, sa vocation réelle est de lubrifier le moteur. Techniquement le gouvernement est prêt, mais politiquement il va se retrouver dans la pire des impasses.

       Selon la tradition, la révélation du contenu du rapport a fuité avant sa sortie, en vertu de la technique du ballon d’essai. Mme Moreau a fait fort en préconisant à la fois l’allongement et la baisse des pensions. Il faudrait travailler plus longtemps, le calcul de la retraite pour les fonctionnaires s’établirait sur les dix dernières années et plus sur les six derniers mois, les retraités perdraient l’avantage de l’abattement fiscal de 10% et paieraient la même CSG que les actifs.

       La négociation, et le jeu des concessions, vont sans doute lisser un peu cet impressionnant paquet cadeau mais un fait parait acquis. Après que la droite a mis en place depuis vingt ans le principe d’un départ à la retraite plus tardif, le gouvernement socialiste poursuit ce travail et s’apprête à l’élargir à un domaine jusque là tabou : les retraites vont baisser.

       Les données de l’équation sont archi connues : nous vivons plus longtemps, il faut donc bien équilibrer le budget des caisses de retraite. A cela s’ajoutent des considérations de justice qui évoquent l’égalité entre les générations au travail et les générations à la retraite. Pourquoi ces dernières, qui ne vivent pas plus mal, paieraient-elles moins d’impôts ?

       On connaît aussi les objections, elles sont multiples. La santé se dégrade en moyenne au même âge qu’autrefois, et surtout le chômage empêche de travailler plus longtemps la moitié des séniors, et les jette parfois dans la misère en rendant la retraite inaccessible.

       Tout cela va nous replonger dans la fournaise de la réforme de 2010 et de son immense protestation.

       Et c’est là que commence, et que s’achève peut-être le problème politique de la majorité.

       Car François Hollande, et tous les socialistes, avaient manifesté il y a trois ans, à Paris et dans toute la France. Ils étaient vent debout contre François Fillon qui défendait ce qu’ils soutiennent aujourd’hui. L’allongement, les déficits, la crise, etc.

       Ce mouvement de société majeur, et qui a provoqué en partie la chute de Nicolas Sarkozy, est trop frais dans les esprits pour que son successeur, ancien manifestant, puisse entrer sans dommage dans le costume du gestionnaire.

       Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis dira peut-être le Président. Seuls les imbéciles ne changeront pas leur vote, lui répondra, sans doute, l’écho de la rue.    

 

        France Culture 7h36 

        France Musique 8h07 ; Twitter @huberthuertas

 


 

Partager cet article
Repost0
5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 14:15

 

 

Médiapart

 

 

 

Lire aussi

 

 

Ce devait être l'arme fatale post-Cahuzac. Un moyen de renouer la confiance avec les Français, trop souvent écœurés par leurs élus. Le 3 avril, au lendemain des aveux de Jérôme Cahuzac, un François Hollande sonné proposait en urgence une batterie de mesures censées éviter un nouveau scandale : « lutter de manière impitoyable contre les conflits entre intérêts publics et privés », l'inéligibilité des élus « condamnés pénalement pour fraude fiscale ou corruption »mais surtout « la publication et le contrôle sur les patrimoines des ministres et de tous les parlementaires ».

Autant de mesures intégrées à toute vitesse dans un projet de loi présenté le 24 avril en conseil des ministres, alors que dès le 15 avril, les ministres publiaient leur patrimoine :


Inédite dans la culture politique française, l'annonce de la publication du patrimoine des élus a beaucoup fait parler. Cette mesure, à elle seule, n'aurait sans doute pas évité un nouveau scandale Cahuzac mais que François Hollande et Jean-Marc Ayrault le veuillent ou non, elle était devenue une sorte de symbole.

Sauf que l'élan de départ s'est estompé. Face à la fronde des parlementaires – à commencer par le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, qui a mené une véritable guérilla – la transparence a été édulcorée. Alors qu'il était question d'instaurer une incompatibilité de principe de tout mandat parlementaire avec une autre activité, l'idée s'est évaporée. Si bien que députés et sénateurs pourront continuer, dans une certaine limite (a priori, la moitié de leur indemnité parlementaire, qui s'élève à 5 500 euros brut) à exercer une activité professionnelle annexe.

Résultat : les textes de « transparence de la vie publique » qui seront examinés à l'Assemblée nationale entre le 17 et le 21 juin présentent de vraies avancées sur le contrôle des patrimoines et la prévention des conflits d'intérêts. Mais paradoxalement, c'est bien le renoncement sur la transparence du patrimoine que risque d'en retenir l'opinion.

Mardi soir, en commission, les députés ont acté le deal conclu ces derniers jours entre l'Élysée, Matignon, et l'Assemblée nationale. Un arrangement arraché au forceps. Car jusqu'au bout, Claude Bartolone a bataillé sec pour éviter toute publication du patrimoine des élus.

Depuis des semaines, l'ancien président du conseil général de Seine-Saint-Denis, député depuis 1981, fustige la « démocratie-paparazzi ». Bartolone en a fait une affaire personnelle. En avril, lors d'un petit-déjeuner de la majorité, certains l'ont entendu menacer de quitter la vie politique si une telle mesure était adoptée. Quand Le Canard enchaîné a publié la photo de sa belle maison d'architecte aux Lilas (évaluée à 1,2 million d'euros selon lui), Bartolone a vu rouge et voulu croire que la fuite venait de Matignon.

Son opposition personnelle est toutefois au diapason de celle de nombreux députés, vieux briscards ou plus jeunes, hostiles par principe à l'étalage de leurs patrimoines personnels et de celui de leurs proches. Tous l'assurent : s'il avait persisté, le gouvernement n'aurait d'ailleurs pas eu de majorité sur ce texte emblématique. Ce qui, après un tel scandale, aurait été déflagratoire.

L'exécutif a donc dû composer. Il y a une dizaine de jours, le député René Dosière, connu pour ses enquêtes sur les dépenses de l'Élysée, propose une solution : instaurer une obligation pour les élus de faire la lumière sur leur patrimoine… tout en limitant la possibilité pour le grand public d'y accéder. « C'est ce qui existe pour les déclarations fiscales depuis 40 ans ! » justifie Dosière. Personne ne le sait, mais un contribuable peut en effet accéder aux principaux éléments de la déclaration fiscale d'un autre contribuable (à condition de dépendre du même centre des impôts).

 

Combi Volkswagen

 

Claude BartoloneC
laude Bartolone© Reuters

De la même façon, la solution imaginée par Dosière consiste à rendre possible la communication du patrimoine, mais seulement aux citoyens du département de l'élu concerné. Tout en leur interdisant, restriction de taille, de publier les informations ainsi recueillies sous peine de sanctions pénales.

La semaine dernière, la proposition est tour à tour acceptée par Jean-Marc Ayrault et François Hollande. Mais l'accord avec Claude Bartolone ne sera conclu qu'au cours du week-end. Et encore ce dernier n'a-t-il pas formellement dit oui. « Son obstination est incompréhensible… », s'étonne un député.

Sur la publication du patrimoine, le compromis a tout du deal bancal, surtout au regard de l'objectif affiché de clarté et de transparence.

On résume (sur la base d'un texte interne au groupe PS que nous nous sommes procuré) :  

  • Tous les parlementaires seront tenus de transmettre leur patrimoine à une nouvelle Haute autorité de la transparence de la vie publique (HAT). En début et en fin de mandat, mais aussi en cas de « changement substantiel » de leur situation. Cette nouvelle autorité remplace l'actuelle Commission pour la transparence financière de la vie politique, qui n'a jamais été dotée de moyens et de pouvoir suffisants. Le patrimoine des proches, y compris du conjoint, ne sera pas publié.

 

  • Ces dispositions concernent aussi : les parlementaires européens, les responsables d'exécutifs locaux des maires de villes de plus de 30 000 habitants, les membres des cabinets ministériels, les ministres, les « membres des autorités administratives indépendantes et des autorités publiques », toutes les personnalités nommées en conseil des ministres, les dirigeants d'entreprises publiques, et peut-être même les collaborateurs parlementaires. Au total, plusieurs milliers de personnes.

 

  • Ces déclarations seront transmises à l'administration fiscale. Qui, en retour, « fournira à la HAT tous les éléments lui permettant d'apprécier l'exhaustivité, l'exactitude et la sincérité  » des déclarations.

 

  • « En cas de déclaration incomplète ou d'absence de réponse à ses demandes d'explication », l'élu encourt des sanctions pénales.

 

  • Les déclarations ne pourront pas être consultables par tous : pour consulter (au hasard) le patrimoine d'un élu du Lot-et-Garonne, il faudra être électeur dans le Lot-et-Garonne. Les électeurs pourront saisir la HAT s'ils jugent que la déclaration contient des anomalies. Mais il leur est interdit d'en dévoiler le contenu, sous peine d'écoper d'un an de prison et de 45 000 euros d'amende.

À droite, certains élus fustigent une « loi Cahuzac » (Guy Geoffroy). D'autres y voient « un parfum de robespierrisme, une dérive populiste au sommet de l'État » (Guillaume Larrivé). D'autres encore tiennent un discours un brin contradictoire, comme Philippe Houillon, qui s'inquiète de l'instauration du « contrôle fiscal pour tous » mais déplore aussi que le gouvernement « s'arrête au milieu du gué ».

« Ce n'est pas l'équivalent de l'idée d'origine, concède le ministre des relations avec le Parlement Alain Vidalies, qui aurait aimé aller plus loin. Mais c'est un point d'équilibre entre la protection de la vie privée et la création d'un droit d'alerte nouveau pour les citoyens. » De fait, François Hollande a exigé que dans le nouveau dispositif, les citoyens eux-mêmes puissent alerter la haute autorité (certains responsables du groupe PS, à commencer par le rapporteur du texte Jean-Jacques Urvoas, voulaient cantonner ce droit aux associations type Anticor).

« Aujourd'hui, tout le monde est content, c'est la bonne formule », applaudit René Dosière. « On atterrit avec raison et efficacité », se félicite l'entourage de Bartolone. « Il va y avoir un fort niveau de contrôle et la vie de nos proches ne sera pas mise sur la place publique », dit le député PS Philippe Doucet. Une fois n'est pas coutume, le Front de gauche se satisfait d'un « bon point d'équilibre qui évite la tendance au populisme et à l'exhibition ».

 

Amendement Sarkozy

Reste qu'au PS, certains (minoritaires) trouvent le résultat de la discussion fort timide. « C'est plus que prudent. L'opinion publique ne sera pas satisfaite : elle exige une transparence totale des élus », déplore Christophe Castaner, proche de Jean-Marc Ayrault, qui a publié son patrimoine il y a plusieurs semaines avec pour seul résultat un léger boom de consultations pendant quelques jours sur son site, puis plus rien.

Certains socialistes s'interrogent aussi sur les moyens qui seront réellement dévolus à la haute autorité. « Aura-t-elle les moyens d'enquête ? C'est la question centrale », s'interroge Castaner. « La publication du patrimoine, je m'en fous, explique Jérôme Guedj, de l'aile gauche du PS. Ce que je veux, ce sont des contrôles efficaces, de vrais pouvoirs d'investigation fiscale pour cette autorité. On pourrait imaginer des contrôles aléatoires de certains patrimoines, comme c'est le cas pour les allocataires du RSA. »

Les écologistes, partisans de la publication des patrimoines (ils ont publié les leurs sur Internet), sont très remontés. « Il ne faudrait pas qu'une loi sur la transparence finisse par le secret et l'opacité », craint François de Rugy, coprésident du groupe écolo à l'Assemblée. « La haute autorité risque d'être dans une situation intenable : elle sera au cœur de toutes les contestations possibles. Et à quoi rime ce pseudo-système de publication qu'on ne peut pas rendre public ? On aura des soupçons, des rumeurs, des gens qui diront d'un air entendu “ah moi je sais des choses…”. »

Les écologistes s'inquiètent aussi des possibles répercussions pénales pour les journalistes, dès lors que dévoiler le patrimoine d'un élu deviendra un délit. « Un journaliste qui parle du combi Volkswagen de Jean-Marc Ayrault risquera-t-il 45 000 euros d'amende ? » s'inquiète l'autre coprésidente écolo, Barbara Pompili. « C'est un souci », concède le socialiste René Dosière, qui pourrait déposer un amendement lors de l'examen du texte en séance. Interrogée mardi, la porte-parole du groupe PS, Annick Lepetit, a fait aux journalistes cette étrange réponse : « Si vous enquêtez sur quelqu'un, vous verrez avec lui ce que vous pourrez diffuser ». Incompréhensible.

Les écolos sont tombés de haut quand ils se sont aperçus que les dispositions encadrant les activités parallèles des parlementaires avaient disparu. Terminée l'idée, un temps évoquée et contenue dans le projet de loi initial, d'interdire a priori les députés d'exercer toute activité parallèle, en particulier les activités de “conseil”. Là encore, Claude Bartolone (mais aussi le ministre de l'intérieur Manuel Valls) a mis tout son poids dans la balance. Les avocats de l'Assemblée, parmi lesquels plusieurs radicaux de gauche, ont mené un lobbying efficace. « Seuls 92 députés sur 577 ont une activité professionnelle, plaide Annick Lepetit. La solution retenue est plus simple et plus consensuelle. »

Aucun métier ne sera donc exclu. En revanche les revenus de cette activité annexe seraient plafonnés à 50 % de l'indemnité parlementaire. Mais qui contrôlera ? Difficile de le savoir pour l'heure. Et a priori, le député UMP de l'Oise Olivier Dassault, président du holding du groupe d'armement du même nom qui vit en grande partie de la commande publique, pourra continuer à exercer son activité.

Ces gros reculs feraient presque oublier les avancées du texte : l'encadrement des conflits d'intérêts, la limitation du pantouflage, des peines d'inéligibilité pour les élus condamnés (même si l'inéligibilité à vie évoquée par l'exécutif dans la panique post-Cahuzac n'est pas constitutionnelle). Ou encore cet amendement interdisant aux membres du Conseil constitutionnel d'exercer la profession d'avocat, discuté mercredi matin : c'est évidemment Nicolas Sarkozy qui est visé.

Mais ils permettent aussi de passer sous silence de nombreux sujets, jugés trop sensibles ou carrément tabous, qui ne sont pas abordés dans ces textes : le contrôle de l'utilisation de l'IRFM des députés, cette indemnité parfois utilisée pour payer des permanences parlementaires ou des dépenses personnelles ; les emplois familiaux, une pratique courante au Parlement ; les avantages divers (retraites, prêts gracieux) octroyés aux députés ou aux sénateurs. Ou encore le toujours très opaque financement des campagnes électorales.

 


Partager cet article
Repost0
5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 13:42

 

WikiStrike.com

Lundi 3 juin 2013

Ces français qui s’immolent dans le plus grand silence…

 

 

1839790132_B97164132Z.1_20130215160714_000_GEMHK760.1-0.jpgLe suicide est un acte tragique, désespéré et un des signes principaux de la santé d’une société, pourtant, très peu de données statistiques existent réellement sur le sujet, comme une honte ou un secret qui devrait être gardé… L’observatoire des suicides nous explique en quelques mots ce qu’il en est: on dénombre 200 000 tentatives de suicide par an ; et plus de 11 000 personnes ayant réussi à aller au bout de leur geste. sachant que le nombre de personnes ne trouvant aucune autre alternative que ce geste ultime est fortement sous-évalué en France « du fait d’un défaut de déclaration ou de l’existence de suicides « cachés », inscrits dans d’autres rubriques de décès comme les intoxications ou les accidents.« 

Sans statistiques fiables dans le domaine, difficile de chiffrer l’ampleur du problème, seule piste réelle, un article du journal Direct matin expliquant que durant l’année 2012, le nombre de suicides sur le réseau ferré a augmenté de 30% par rapport aux 3-4 années précédentes, nous pouvons donc en déduire qu’il y a eut une augmentation d’au moins 30% des actes désespérés.

S’il est parfois difficile de comprendre ce geste ultime qu’est le suicide, il est encore plus compliqué de comprendre l’immolation qui reste une des méthodes les plus terribles, et si on se réfère aux études et aux articles diffusés dans les médias, nous pouvons apprendre que l’immolation a pour but de signifier à son entourage et au monde son intention d ‘en finir de façon spectaculaire avec un message de souffrance indicible, mais est égalementvolontairement impressionnante, très revendiquante par la manière d’interpeller ses proches et la société toute entière. Suivant un article du Figaro, nous pouvons apprendre que « «La particularité fondamentale de l’immolation est de porter sa propre mort sur la scène publique, d’exposer au monde son désespoir, explique au Figaro Smaïn Laacher, sociologue au Centre d’études des mouvements sociaux du CNRS. À l’inverse, le suicide tel qu’on l’entend traditionnellement consiste à se supprimer pour des raisons personnelles dans un cadre privé.» » Bref, le but de l’immolation reste le même: faire passer un message fort et ne pas « partir » seul, dans le plus grand silence.

 

Ce qui est important ici, outre le fait que des personnes se sont immolées, c’est le nombre d’immolations qui ont eut lieues, les médias ne nous rapportent que peu ce genre d’informations, pourtant, rien que le mois de mai a été chargé. Voici une liste des derniers immolés de France:

 

N’oubliez pas une chose, le 17 décembre 2012, Mohammed Bouazizi s’est immolé par le feu en Tunisie, c’est ce qui a contribué à déclencher le printemps arabe. En France, les immolations se multiplient, et le silence perdure sans que rien ne bouge… Une manière de minimiser l’impact possible?

 

Source

 


Partager cet article
Repost0
4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 17:13

 

Médiapart - Blog

Une des grandes questions du moment est "Mais qui a décidé de la procédure d'arbitrage dans l'affaire entre le CDR et Bernard Tapie qui durait depuis des années?" Elle n'a pas été clairement résolue dans l'émission "Mots croisés" d'Yves Calvi qui, pour une fois, avait pourtant congédié ses sempiternels et insipides invités. Ce débat a valu surtout par la présence de Laurent Mauduit (dont le nom dans le générique initial était orné d'une faute d'orthographe !), le seul participant à connaître à fond le dossier et les pièces et par sa confrontation avec la plume de Sarkozy, Henri Guaino, qui s'en est prudemment tenu à des discours aussi vagues que lénifiants et qui avait dû prendre un calmant car nous n'avons pas eu son numéro de clignements d'yeux qui m'avait autrefois conduit à le surnommer, dans mon blog, "codes-phares" !

Comment savoir ? Il est infiniment probable que les hauts responsables politiques ne signent pas de reçus, lorsqu'on leur fait discrètement parvenir, pour leurs bonnes oeuvres électorales ou à toute autre fin, une mallette de billets de 500 €, pas plus qu'ils ne signent d'ordres écrits pour demander qu'on fasse sauter le Rainbow-Warrior, qu'on suicide Robert Boulin ou qu'on maquille les listes des bénéficiaires de comptes planqués au Luxembourg dans l'affaire Clearstream (au fait ce matin même on apprend la mort, peut-être "opportune" elle aussi, d'Yves Bertrand, détenteur, dit-on, de nombre de secrets de la République).

 Il devrait toutefois en être tout autrement dans notre haute administration.

Prenons l'affaire actuelle de l'arbitrage CDR-Tapie. Il doit bien y avoir, dans notre beau pays si soucieux de la rigueur administrative, un responsable politique de très  haut niveau qui a signé un jour, quelque part, l'ordre de mettre en place cette fameuse procédure d'arbitrage dans l'affaire Tapie qui durait depuis des années et qui était récusée de façon quasi unanime, en particulier à Bercy.

Nous sommes désormais clairement en présence, depuis quelques jours, d'une forme nouvelle du vieux jeu du furet dont vous connaissez sûrement la chanson que j'adapte à peine (je ne touche pas à la contrepèterie que je laisse au spécialiste maison le soin de vous expliquer):

Il court, il court, le furet
Le furet du bois, Mesdames,
Il court, il court, le furet,
Le furet du bois Tapie.

Il est passé par ici,
Il repassera par là.

Etc.

Le jeu consiste à découvrir où se trouve l'objet dit "furet", en l'occurrence "Qui a pris la décision d'interrompre la procédure en cours après la décision de la Cour de cassation du 9/10/06 cassant l'arrêt de la Cour d 'appel du 30/9/05 et précisant qu'"aucune faute n’est en l’état caractérisée à l’encontre de la SDBO et du Crédit lyonnais". Dans ce jeu, on fait tourner le furet entre les joueurs, chacun d'entre eux le dissimulant quand il le passe à son voisin. Dans le présent cas les joueurs sont cinq autour de la table sans compter ceux qui sont sous la table (Sarkozy et Guéant ?) et qu'on ne voit pas, même si c'est d'eux que dépend la décision.

Examinons les divers cas :nous avons des ministres  des finances : Thierry Breton (mai 2005-mai 2007) ; Jean Louis Borloo (18 mai 2007 - 19 juin 2007) ; Christine Lagarde (2007-2010) ; deux deuxièmes couteaux : J.F. Rocchi, Président du CDR qui disparaît en 2006 avec une perte de 16 milliards, mais se survit néanmoins à lui même ( 2007 - avril 2013) ; Stéphane Richard, Directeur de cabinet de J.L. Borloo, puis de C. Lagarde (2007-2009).

Dans la présente et nouvelle version du jeu, on doit découvrir, non pas qui a sous la main le furet qui circule dans le cercle des partenaires mais celui ou celle (probablement un ministre des finances, plus ou moins contraint ou pas) qui a mis en place l'arbitrage. Le problème est qu'il y a eu trois ministres en 2007 et que les deux autres principaux joueurs étaient aussi dans le coup

Petite revue de détail. Thierry Breton n'a cessé de manifester son désaccord avec la procédure d'arbitrage, accumulant les rapports, internes et externes, tous défavorables. Il affirme avoir quitté le ministère sans avoir pris de décision à ce propos, ce qui semble très probable. On comprend cette prudence et le choix de laisser à son successeur un bébé aussi encombrant. Madame Lagarde qui succède à Monsieur Borloo, ministre durant un mois, avec le même directeur de cabinet, Stéphane Richard, prétend que les choses étaient déjà engagées quand elle est arrivée à Bercy 

Mystère ! Tout dont tout semble donc désigner Jean-Louis Borloo qui, par malheur pour lui,est un vieil ami et un fidèle de Bernard Tapie dont l'arbitrage était le seul espoir vu l'arrêt de la Cour de Cassation. Il nie pourtant tout rôle dans ce choix et nous y reviendrons un peu plus loin ici même.

Les deux autres personnages mis en cause et qui s'accusent mutuellement désormais, sont certes de hauts fonctionnaires, mais n'ont pu, sous leur seule responsabilité et sans un ordre politique clair, engager une affaire si importante. Monsieur Rocchi, président du CDR, pouvait certes demander l'arbitrage (ce qui n'était pas son intérêt) mais il n'était pas en mesure d'en décider. Dans un système comme le nôtre, seul le ministre compétent peut prendre pareille décision. Stéphane Richard est certes en place sous les deux ministres successifs, Monsieur Borloo et Madame Lagarde, mais on ne voit guère un directeur de cabinet prendre pareille décision sans en référer au ministre et surtout sans avoir son accord formel.

Reste donc Jean-Louis Borloo qui, de loin et sans preuve évidente, paraît tout désigné pour avoir pris pareille décision, d'autant plus que son séjour à Bercy fut des plus brefs et clairement transitoire. Ses liens d'amitié personnelle, professionnelle et politique (MRG) avec le bénéficiaire ne plaident pas en faveur de ses déclarations sur son refus d'accepter la responsabilité de cette affaire.

Il s'est prononcé de façon tout à fait officielle et publique sur cette affaire lors d'une toute récente interview sur RTL qui est fort intéressante, non pas dans le contenu même de sa déclaration, car il se borne à déclarer liminairement que "tout est faux", mais dans les images des quelques secondes qui précèdent l'interview elle-même et que la technique a filmées et surtout choisi de retenir. On y voit un Jean-Louis Borloo, qui me fait furieusement penser à Rafael Nadal se préparant à servir dans un match de tennis (on pourrait aussi tenter une comparaison avec un néophyte qui pour la première fois va sauter à l'élastique d'un viaduc de 250 mètres) ; visiblement nerveux, Borloo y accumule, en effet, les mimiques, les gestes inutiles et les grimaces, comme lorsque le tennisman espagnol ou l'apprenti sauteur vont affronter une épreuve importante. C'est le signe à la fois d'une grande nervosité et l'indice de la quête de formes de rituels rassurants.

Comme il y a tout de même des documents et des archives à Bercy, à moins qu'ils n'aient été volés ou perdus au ministère des finances, il y a forcément des traces de la prise d'une pareille décision ; la police pourra donc très facilement établir et identifier par son faux témoignage le premier coupable dans cette affaire, même si ce choix a été inspiré ou imposé par les joueurs planqués sous la table ! A cet égard, quoiqu'en dise H. Guaino, qui juge le fait sans intérêt ni signification, la vingtaine de contacts entre B. Tapie et N. Sarkozy relevée dans les agendas du second, en pleine période électorale 2007 et que signale L. Mauduit peuvent éclairer d'un jour nouveau et peut-être expliquer cette étrange décision d'arbitrage que personne ne semble avoir prise .

 

Partager cet article
Repost0
4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 16:30

 

Médiapart

 

 

 

Lire aussi

 

 

Mauvaise nouvelle pour Nicolas Sarkozy. Dans un réquisitoire de 19 pages, daté du 31 mai, dont Mediapart a pris connaissance, le parquet général près la cour d’appel de Bordeaux se prononce pour un rejet de la demande d’annulation de la mise en examen de l’ex-président, déposée le 24 avril par son avocat. Après avoir été renvoyée le 25 avril (ce qui était le but des demandes déposées la veille de l'audience), l’affaire doit être examinée jeudi 6 juin devant la chambre de l’instruction.

Dans sa requête en nullité, l’avocat de Sarkozy, Thierry Herzog, estimait que Nicolas Sarkozy avait été mis en examen le 21 mars dernier pour « abus de faiblesse » dans une version de l’article du Code pénal qui ne serait pas applicable aux faits visés.

 

Nicolas Sarkozy 
Nicolas Sarkozy© Reuters

Les trois juges d’instruction de l’affaire Bettencourt ont en effet notifié à l’ex-président sa mise en examen en visant l’article 223-15-2, qui réprime l’abus de faiblesse, infraction commise lorsque (chez la victime) une « déficience physique ou psychique est apparente ou connue de son auteur ». Or selon Thierry Herzog, c’est une version antérieure de cet article du Code pénal qu’il fallait appliquer pour des faits commis en 2007 : les juges auraient dû écrire « apparente et connue », et non pas « apparente ou connue », ce qui serait une qualification pénale plus sévère selon l'avocat de Sarkozy.

Mais le parquet général de Bordeaux n’est pas du tout de cet avis, et estime au contraire que cette « erreur de rédaction » bénigne ne fait pas grief à la personne mise en examen. « Il n’est pas contestable que Nicolas Sarkozy a été précisément informé des faits sur lesquels les magistrats souhaitaient qu’il s’explique, tant lors de l’interrogatoire de première comparution que lors du second interrogatoire à l’issue duquel il a été mis en examen », écrit l’avocat général Pierre Nalbert dans son réquisitoire.

« Dans ces conditions, que l’appréciation cumulative – ou alternative – de l’apparence de l’état de vulnérabilité, comme de la connaissance qu’il ait pu en avoir, soit retenue, il a de toutes façons été mis en mesure de s’expliquer sur ces deux éléments, l’erreur de plume de la mention “ou” n’étant pas déterminante, au stade de l’information, dans une qualification susceptible de modification, voire d’être, in fine, abandonnée si les preuves devaient se révéler insuffisantes. »

Le magistrat poursuit. « À ce stade de l’instruction, il n’y a pu avoir méconnaissance ou méprise quant aux faits justifiant l’audition comme témoin assisté de Nicolas Sarkozy d’abord, la mise en examen ensuite. Le simple défaut de rédaction ne saurait faire grief alors que les faits sont détaillés dans leurs éléments constitutifs, qu’ils sont exactement qualifiés, que les textes de répression (auxquels le demandeur et ses conseils peuvent se référer) sont justement précisés, et alors qu’il ne s’agit pas, à ce stade, de qualifier des charges dont la personne aurait à répondre devant une juridiction de jugement. »

Et l’avocat général de conclure : « Ce moyen d’annulation sera donc rejeté. »

Des attaques ciblées sur le juge Gentil

Nicolas Sarkozy avait aussi demandé, pour des raisons de procédure, l’annulation de trois actes liés aux expertises médicales de Liliane Bettencourt : une ordonnance de transport des juges datée du 31 mai 2011, un procès-verbal de transport du 10 juin, et une ordonnance de commission d’expert du 1er juin. Là aussi, l’avocat général Pierre Nalbert estime que la procédure a été respectée, et que ces demandes de Nicolas Sarkozy doivent être rejetées.

 

Sarkozy quittant le tribunal 
Sarkozy quittant le tribunal

Autre requête de Thierry Herzog : l’annulation de la saisie des agendas de Nicolas Sarkozy. L’avocat a soulevé que cette saisie était irrégulière, car certains des agendas se trouvaient dans un cabinet d’avocats, d’autres bénéficieraient selon lui de l’immunité pénale conférée au président par la Constitution, et d’autres enfin seraient protégés par le secret-défense.

Là encore, ces arguments sont balayés par le parquet général, pour qui aucun des trois cas de figure ne s’applique : Nicolas Sarkozy n’était pas avocat au moment des faits, certains faits sont antérieurs à son mandat présidentiel, d’autres sont détachables de sa fonction, et enfin aucun agenda n’a été saisi dans un lieu couvert par le secret-défense.

En dehors de cette bataille procédurale, la défense de Nicolas Sarkozy (et de plusieurs autres mis en examen) s’est également lancée dans une attaque frontale contre la personne du seul Jean-Michel Gentil : accusé publiquement d’avoir des liens privés avec l’un des médecins-experts qui a examiné la milliardaire, le magistrat instructeur devrait se voir visé très bientôt par des demandes ayant pour but de le faire dessaisir du dossier Bettencourt. Douze avocats, représentant sept mis en examen de l'affaire, ont ainsi demandé lundi à Christiane Taubira de saisir l'Inspection des services judiciaires. De même, les avocats ont annoncé ce mardi le dépôt vendredi dernier d'une requête en suspicion légitime à l'encontre du juge en raison de ces liens. Ils demandent le dépaysement du procès et à la Cour de cassation de « suspendre le cours de l'instruction », selon l'un des avocats.

Le but recherché étant d'empêcher le juge de rédiger son ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, ou à tout le moins de gagner du temps.

 

Partager cet article
Repost0
4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 16:03

 

 

Rue89

04/06/2013 à 17h33
Sophie Caillat | Journaliste Rue89

 

Lundi soir, sur le plateau d’Yves Calvi, il est question de l’affaire Tapie, et de l’arbitrage trop favorable dont aurait bénéficié l’homme d’affaires. Incidemment, de cette affaire d’Etat, on glisse dans la banalité de la fraude fiscale quand Henri Guaino lâche :

« Laissons les impôts de côté. Pardon, toutes les fortunes de France négocient leurs impôts. »

Et devant l’indignation de la députée socialiste Karine Berger et de l’eurodéputée Corinne Lepage, le député UMP insiste : « Mais, c’est vrai. »

 

 

 

 

L’affaire Bettencourt avait pourtant amené le ministre du Budget, François Baroin, à supprimer la cellule fiscale du ministère. Les dossiers sensibles en matière d’impôts seraient transmis à la Direction générale des finances publiques (DGFIP). Le ministre avait réaffirmé que l’examen des situations particulières devaient être assortis « de garanties d’impartialité, de neutralité, d’objectivité et de transparence ».

« Ou vous m’exonérez, ou je quitte la France »

L’égalité devant l’impôt serait bien un mythe, comme l’explique un avocat fiscaliste spécialisé dans les grandes fortunes :

« Ce que dit Guaino est vrai, tout le monde sait. Les droits de succession et l’impôt sur la fortune sont toujours négociés par les grandes familles. C’est simple, elles disent au fisc : “Ou vous m’exonérez, ou je quitte la France.”

Pourquoi croyez-vous que les grandes fortunes restent majoritairement en France ? C’est parce qu’elles paient très peu d’impôts. Rares sont celles, comme Bernard Arnault, quittent la France, d’ailleurs lui le fait pour d’autres raisons. »

Pour bénéficier de ces passe-droits, il ne faut pas seulement être riche, nous explique-t-il, mais très riche :

« Les 30 premières fortunes de France ne sont pas touchées par les hausses d’impôts de François Hollande. Elles trouvent des montages, comme Liliane Bettencourt par exemple, qui ne payait pas d’impôt sur la fortune sur L’Oréal, grâce à sa holding. Les middle-class haut de gamme, en revanche, sont touchées, c’est hypocrite. »

Les stratégies de la « haute »

Des propos corroborés par Alexis Spire, chercheur au CNRS, et spécialiste de la sociologie de l’Etat et des administrations. Il a enquêté sur la collecte des impôts et en a fait un livre : « Faibles et puissants face à l’impôt » (Raison d’agir, 2012), où il démonte les mécanismes par lesquels les classes dominantes sont parvenues à domestiquer l’impôt et à échapper – en partie – au contrôle fiscal.

Dans une tribune parue en février dernier dans Le Monde Diplomatique, il écrit  :

« Pour les classes populaires, il n’y a que deux moyens d’échapper à la règle fiscale : la transgresser ou demander sa suspension de manière gracieuse. En haut de l’échelle sociale, on développe d’autres stratégies : la première consiste à adopter la nationalité d’un pays où la fiscalité est plus avantageuse et/ou à y résider ; la seconde, bien plus répandue, à subvertir le droit à son profit, tout en affichant sa loyauté à l’égard de l’Etat. »

Le chercheur précise, dans une interview accordée à la revue Contretemps, qu’avec le développement du marché de l’optimisation fiscale dans les années 1980 et 1990, et face à la montée en puissance de l’impôt sur la fortune, des services spécialisés se sont développés pour des clients fortunés.

« Parmi ces professionnels du conseil, la frontière est poreuse entre ceux qui préconisent à leur client de rester dans les bornes du civisme fiscal et ceux qui les incitent à tenter des opérations à la limite de la légalité. »

Pour Corinne Lepage,

« La question qui se pose, c’est de savoir qui décide des exonérations et pour quel motif. Que dans une succession, on puisse discuter avec le trésorier payeur général c’est normal. Mais quand Sarkozy décide que l’émir du Qatar est exempté de tout impôt sur les plus-values immobilières, c’est autre chose... »

 

 

Partager cet article
Repost0
4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 15:44

 

Rue89 - Blog

Le Yéti - voyageur à domicile

Publié le 04/06/2013 à 12h53

 

 

Figurez-vous qu’un certain Daniel Glazman (alias @glazou sur Twitter), vient de retrouver un vieux ticket de caisse de supermarché datant de 1997. Du coup, il a comparé avec les prix d’aujourd’hui...

 


Le comparatif de Daniel Glazman

 

Aussi sec, déchaînement des twittos (utilisateurs de Twitter, pour les nuls). Je ne vous parlerai pas ici de la masse des approbateurs, mais de ceux qui tentaient de toute la petite force de leurs cellules grises de faire objection à la réalité crue exprimée par le ticket de Glazou.

« @yetiblog @1loup @twitpic Faudrait voir l’augmentation du smic sur la même période... #CaCraint. »

Batailles statistiques

Le smic horaire de 1997 était de 6,01 euros (39,43 francs) ; celui de 2012 de 9,40 euros (+56,40%). Ramené au comparatif des prix établis par Glazou, on est loin du compte. Surtout si l’on tient compte de l’évolution sur la même période de prix ne figurant pas sur le ticket de caisse (loyers, EDF...).

Certains twittos tentaient d’atténuer la violence de l’annonce en la pondérant à l’année.

Ben oui, cher Korchkidu, sauf que d’un autre côté, c’est bien des 3% de déficit annuel sur des années qui ont fini par nous faire une dette publique parfaitement insupportable.

D’autres têtus s’accrochaient enfin à des chiffres officiels d’inflation, bien inférieurs aux variations de prix figurant sur le maudit ticket de caisse.

Des chiffres comme « effaceurs de gueule »

Seulement, là encore, en faisant ses courses hebdomadaires, notre Glazou se fichait comme de l’an quarante du panier de la ménagère établi par l’Insee. Et contenant par exemple des trucs comme un nouvel écran plat Plasma chaque semaine.

Ce qui se posait au fil de la discussion enflammée sur Twitter, c’était finalement la différence entre la réalité vraie et la réalité chiffrée. Et il transparaissait crûment combien les chiffres officiels agissent beaucoup plus comme du fond de teint – les « effaceurs de gueule », disent mes filles – pour maquiller quelques rides que pour révéler l’état de la vraie peau elle-même.

Il en va ainsi des derniers chiffres du chômage : en avril 2013, 65 100 chômeurs officiellement en plus... auxquels on omet de rajouter pour le même mois 285 000 personnes radiées de Pôle emploi, mais pourtant toujours sans boulot !

 

Partager cet article
Repost0
2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 17:22

 

 

Le JDD.fr

dimanche 02 juin 2013

 

L’État "accro" au tabac

 

Au prix d’un lobbying intense, les cigarettiers affichent une grande proximité avec les pouvoirs publics. Un double jeu qui préserve les recettes fiscales…

 


Cuisses de grenouille et rognons de veau accompagnés des meilleurs crus de Bourgogne, le tout ponctué de gros cigares. Mercredi, le fabricant de cigarettes British American Tobacco (BAT), qui détient les marques Lucky Strike, Vogue ou Dunhill, organisait un déjeuner dans le restaurant Chez Françoise, à deux pas de l’Assemblée nationale. Sur la terrasse fermée, une épaisse fumée plane au-dessus des invités, parmi lesquels de nombreux parlementaires : André Santini, Patrick Balkany, François Sauvadet, Jean-Claude Lenoir, Odile Saugues ou encore Dominique Bussereau, notamment, ancien secrétaire au Budget (2004). Tous adhèrent au Club des parlementaires amateurs de havanes. Tous étaient attablés autour de la présidente de BAT France, Soraya Zoueihid. Avant de régler une addition d’environ 10.000 euros, elle interpellait les élus sur la nécessité d’avoir "une réglementation équilibrée et cohérente" et s’inquiétait du "plan de santé en préparation".

 

Éviter les achats à l’étranger

Un porte-parole du fabricant estime que "ces invitations doivent toujours être modestes et appropriées". Et jure : "Nous n’avons pas parlé de fiscalité ni des prix." Car ce déjeuner embarrassant enfreint la convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé sur la lutte antitabac. Ratifiée par la France, elle stipule que "l’État doit veiller à ce que les politiques ne soient pas influencés par les intérêts de l’industrie du tabac". La députée socialiste du Puy-de-Dôme Odile Saugues, la seule des convives à avoir accepté de répondre au JDD, reconnaît que "BAT entretient des relations dans le but de peser et faire passer des idées. Mais ça ne change rien, je vote toutes les hausses de prix". Même rhétorique au groupe socialiste, qui peine toutefois à masquer sa gêne : "Chaque député fait ce qu’il veut et assume. Mais nous ne sommes pas influencés par les cigarettiers."

Les parlementaires érigent leur vote en faveur de l’augmentation des prix comme preuve de leur indépendance. Depuis 2009, les tarifs ont été relevés chaque année de 30 centimes. Un ancien dirigeant du secteur explique que ce niveau est en fait un point d’équilibre qui convient à tout le monde : la baisse de 4,5% des ventes, en moyenne, est compensée par la hausse du prix. "Surtout, ce niveau permet à l’État de ne pas perdre de recettes fiscales, décrypte-t-il. Il protège l’industrie pour s’assurer des rentrées budgétaires." Mercredi, BAT s’était aussi assuré la présence d’un représentant de Bercy, Galdéric Sabatier, numéro trois de l’administration des Douanes, qui fixe les prix du tabac.

Un cadre de l’administration explique sous couvert d’anonymat que "l’État et les fabricants ont des intérêts communs". L’objectif est de faire reculer la consommation sans impacter les précieuses recettes fiscales sur la vente des paquets de cigarettes. En trois ans, elles ont augmenté de 11 à 14 milliards d’euros! Deuxième ressource après l’essence, elles sont directement affectées au budget, déficitaire, de la Sécurité sociale. Pour les Douanes, trop augmenter le prix du tabac pousserait un peu plus les Français à acheter leurs cigarettes à l’étranger et plomberait les rentrées de taxes. "L’État perdrait de l’argent sans perdre les malades", ose ce haut fonctionnaire.

 

Un milliard de profits, mais 50 millions imposés!

Les parlementaires ignorent-ils aussi que les fabricants de cigarettes réalisent des bénéfices énormes qui échappent en partie aux impôts? Selon plusieurs sources, les grands industriels du tabac (outre BAT, Philip Morris, Japan Tobacco International) réalisent en France 1 milliard d’euros de marges, mais ne sont imposés que sur… 50 millions. Un manque à gagner de plus de 300 millions de recettes pour l’État grâce à une technique simple et légale : les bénéfices générés en France, par BAT ou Philip Morris, sont réalisés par une filiale aux Pays-Bas, où le taux d’imposition est de 25%, contre 34% en France. Sur ses 120 millions d’euros de profits en France, BAT ne déclare ainsi au fisc que 6 millions! Un sujet intéressant de discussions dimanche après-midi à Roland-Garros, où les dirigeants de British American Tobacco louent une loge pour plus de 50.000 euros. Ils ont convié le numéro deux des Douanes, Henri Havard, ainsi que plusieurs membres de cabinet des ministres de l’Économie, Pierre Moscovici, et de l’Intérieur, Manuel Valls.

 

Lire aussi : "Ne plus considérer le tabac comme un enjeu économique"


Plus d'actu finance/économie avec Boursier.com

Matthieu Pechberty - Le Journal du Dimanche

dimanche 02 juin 2013

 
André Santini bureau de tabac Assemblée
Paru dans leJDD

André Santini en 2006 au bureau de tabac de l'Assemblée, fermé début 2007. (Maxppp)

 

 

Partager cet article
Repost0
2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 17:01

 

Marianne - Blog

 Rédigé par Hervé Nathan le Vendredi 31 Mai 2013 à 17:54



Sommet européen à Bruxelles, mai 2013. Angela Merkel - Ezequiel Scagnetti/AP/SIPA
Sommet européen à Bruxelles, mai 2013. Angela Merkel - Ezequiel Scagnetti/AP/SIPA

La réaction de François Hollande après la publication par la Commission européenne des « recommandations pays » a fait couler de l’encre et de la salive. Comment le président français, à la tête d’un Etat « en faillite », ose-t-il renvoyer le pouvoir bruxellois dans ses buts en affirmant que le contenu des réformes structurelles devait être déterminé non par Bruxelles mais par le gouvernement français. Emoi chez les eurobéats !

« La réaction française étonne les Européens », titrent Les Echos en insistant lourdement : « seule la France a remis en cause la légitimité de Bruxelles à donner des conseils ». Le Financial Times , porte-parole anglophone de la Commission donne de son côté la parole aux « alliés de Merkel », qui « accusent Hollande de secouer les fondations de l’Union » (pour un journal britannique cela ne manque pas de sel…)

Nous voici donc renvoyés dans notre petit village gaulois…  Hollande est-il le dernier irréductible ? Non ! Un autre dirigeant résiste au pouvoir de la Commission, il s’appelle… Angela Merkel !

Hier à l’Elysée, à l’occasion de la conférence de presse  commune avec le président français, la chancelière allemande a très poliment, mais assez fermement, envoyé bouler les « recommandations » destinées à son pays. Bruxelles demande à Berlin, entre autres, de  « maintenir les conditions de la croissance des salaires pour soutenir la  demande intérieure, » et  aussi de « faciliter le passage des formes atypiques d’emploi, telles les mini-emplois (mini jobs) à des formules plus durables d’embauches ». » Deux mesures propres à soutenir non seulement l’activité dans son propre pays mais aussi à réduire l’écart de compétitivité entre l’Allemagne et les pays du Sud qui sont condamnés à des politiques de déflation salariale. C’est important pour les travailleurs allemands, c’est stratégique pour l’Europe toute entière.

Or, questionnée par une journaliste française, Angela Merkel a répondu « nein und nein » : 

Pour les jeunes et les « mini-jobs » elle a fait preuve, avec le sourire, d’un véritable cynisme : « il vaut mieux un emploi flexible ou pas d’emploi du tout ? », a-t-elle fait mine de s’interroger. Et pour ce qui concerne  les hausses de salaires, pourtant limitée (lire le blog de Thomas Schnee ), elle récusé toute idée d’affaiblir la position de son pays vis-à-vis des autres : « l’idée que si l’Allemagne avait des salaires plus élevés, les autres pays s’en sortiraient mieux, cela ne tient pas, nous exporterions moins et nous aurions moins d’emplois… »

Voilà donc que l’Allemagne résiste à l’Union européenne, avec raison d’ailleurs sur le plan institutionnel, puisque pour l’heure, les « recommandations »  ne sont pas encore des « obligations » au sens littéral des traités, et que Bruxelles agit à la limite de ses compétences, comme l'explique Jean Quatremer. Elles le deviendront lors de leur adoption, éventuellement amendées, par le conseil européen le 29 juin. Et c’est seulement en octobre que la Commission européenne pourra vérifier que les projets de lois de finances des Etats membres sont conformes ou non aux recommandations….

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22