Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 17:46

 

 

Marianne

Jeudi 27 Juin 2013 à 07:00 | Lu 12807 fois

 

 

Ils sont légions les adeptes de cette nouvelle stratégie consistant à mettre sous le tapis tout ce qui peut déranger. Mentir est une perte de temps. Mieux vaut ne pas parler du tout des sujets qui fâchent ou de l’actualité qui gêne. Des exemples ?

 

DSK sur Tf1 - DURAND FLORENCE/SIPA
DSK sur Tf1 - DURAND FLORENCE/SIPA
En voici un, énorme, caricatural. Pour expliquer la Bérézina de Villeneuve-sur-Lot, les socialistes ont dégainé tout l’arsenal de leurs habituelles balivernes : la faute à l’affaire Cahuzac (sans doute, un peu), la faute à la multiplication des candidatures (ils nous avaient déjà fait le coup en 2002 en prétendant que la candidature de Christiane Taubira avait causé la perte de Lionel Jospin), la faute à la crise, la faute à la météo dominicale…

La faute à tout le monde, sauf aux socialistes, sauf à la politique menée par le gouvernement. Les socialistes, comme hier la majorité UMP, sont devenus champions du monde toutes catégories pour battre leur coulpe sur le torse du voisin.

Evidemment, aucune de ces explications n’a convaincu personne et l’angoisse reste entière : quelle réponse politique, sociale, économique, morale, civique, citoyenne, apporter à l’inexorable progression du vote Front National ? Bonne question, merci de me l’avoir posée. Sauf que… silence.

Au Parti socialiste, le sujet est jugé bien trop grave pour en parler. Pas un mot ou presque lors des réunions des groupes parlementaires au Sénat et à l’Assemblée. Pas le moindre débat lors du bureau national du PS rue de Solférino, mardi. Quand le FN faisait 20% en 2002, la gauche descendait dans la rue ; à 47% dans l’Oise ou à Villeneuve-sur-Lot, elle se tait. Circulez, il n’y a rien à voir, rien à dire, rien à faire. Le PS est un tramway nommé Harlem Désir qui fonce droit dans le mur… en silence !

A l’UMP aussi, ils sont légions les adeptes de cette nouvelle stratégie consistant à mettre sous le tapis tout ce qui peut déranger. L’affaire Guéant ? No comment. La « bande organisée » de l’affaire Tapie ? Pas d’avis. Takieddine – oui, celui qui accueille Copé dans sa piscine ! - avoue avoir financé la campagne de Balladur en 1995 avec des rétrocommissions en liquide provenant de ventes d’armes à l’Arabie Saoudite et au Pakistan ? Silence. Sarkozy et l’argent de Kadhafi ? En privé, on dit craindre le pire, mais en public, pas un mot. La bataille idéologique Copé-Fillon ? Motus.

Et quand l’un d'eux, Bruno Le Maire en l’occurrence, s’avise de vouloir sortir la tête de la tranchée, ils le flinguent d’une balle en plein cœur. Anonymement, évidemment.

L’ancien ministre de l’Agriculture a eu le malheur de proposer la fin du cumul des mandats dès 2014, la démission automatique de la fonction publique de tout haut fonctionnaire élu au Parlement, la limitation à trois du nombre de mandats nationaux successifs ou, pire, le strict contrôle de l’immigration clandestine et la révision des critères d’attribution de l’aide médicale pour les étrangers.

Et d’ajouter : « Je propose qu’à droite, nous parlions de manière moins provocante, mais qu’on aille au bout de nos idées (…) Quand des gens du voyage restent sur un terrain interdit et que le préfet ne fait rien, le FN prend dix points de plus ». On peut être d’accord ou pas avec Le Maire, mais tout cela mériterait au moins un débat, serein, courtois, respectueux. Non, débat interdit.

Aussitôt, Lemaire s’est retrouvé exécuté en place publique. Le journal Le Monde dresse le bûcher : « Bruno Le Maire, rattrapé par la droitisation de l’UMP ». Un ami de Copé craque l’allumette : « il ne sait pas où il habite. Le souci avec lui, c’est que l’on ne sait pas ce qu’il propose, puisque cela dépend de la saison ». Un proche de Sarkozy met le feu sous la paille : « Avec son double discours, il fait preuve de schizophrénie permanente ». Un dernier souffle sur les braises : « C’est un type intelligent qui dit des choses intelligentes, mais il a le charisme d’une huître ». Le Maire, rentre chez toi, tu gênes !

 

Et l’on pourrait ainsi multiplier les sujets dont il ne faut surtout pas parler.

La loi bancaire qui n’aura aucun effet sur les banques : la gauche ne veut pas dire qu’elle s’est reniée, la droite ne veut pas dire que ça l’arrange.

La suppression de 3200 postes de fonctionnaires en 2014 : la droite refuse d’admettre que la gauche – forcément dépensière - coupe dans les effectifs ; la gauche – qui fait de l’austérité sans le dire - a honte de l’avouer. Donc, pas un mot.

Dominique Strauss-Kahn qui revient jouer les oracles économiques au Sénat : parlons d’autre chose.

Le commerce des armes qui, malgré la crise, a augmenté de 30% depuis 2008 pour approcher la barre des 100 milliards de dollars : silence, on tue !

 

Encore un petit non-dit, avant de se quitter. Dans L’Express, Pascal Lamy, le directeur général de l’OMC (jusqu’au 31 août prochain), déclare : « C’est la Chine qui a fait le moins d’erreurs économiques ». Oui, la Chine, qui pollue la terre entière, qui se moque du droit du travail et des droits de l’homme. De Pascal Lamy, on attendait plutôt qu’il dise : « C’est la Chine qui fait le plus d’horreurs économiques ».

Rappelons en effet qu’officiellement, Pascal Lamy est de gauche, que son nom a circulé – et circule encore - comme premier ministrable possible en lieu et place de Jean-Marc Ayrault, qu’il est l’idole des patrons – et pour cause ! - et que des élus (de gauche et de droite) se démènent dans les allées du pouvoir pour faire sa campagne.

Mais de cela non plus, il vaut mieux ne pas parler trop fort… Ca étoufferait la droite d’admettre qu’elle soutient des gens officiellement estampillés à gauche ! Ca défriserait la gauche d’avouer qu’elle compte des personnalités comme Pascal Lamy dans ses rangs.
Partager cet article
Repost0
27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 17:26

 

Rue89

 

Arrêt sur images 27/06/2013 à 09h36
Arretsurimages.net"
Daniel Schneidermann | Fondateur d'@rrêt sur images

 

 

Catastrophe et décadence ! Les nouveaux TGV que le monde nous envie vont être remis à plus tard, réduction des déficits oblige. Nos TGV sabotés ! Notre fleuron, arrêté en pleine voie, par un accident de croissance ! Adieu, liaison Paris-Lyon par le Massif Central. Adieu, tronçon Poitiers-Limoges ! Adieu, serpent de mer Lyon-Turin ! Adieu, projet « pharaonique » de LGV entre Marseille et Nice. Seule la liaison Toulouse-Bordeaux pourrait être sauvée. Quant aux autres, aucun espoir avant 2030. Sauf évidemment si on arrive à les faire financer par le Qatar.

Dans les premières fuites de versions non définitives du « rapport Duron », que le ministre des Transports devrait dévoiler aujourd’hui, ce sont ces renoncements, qui étaient soulignés dans les titres, les rédacteurs épousant manifestement la pensée selon laquelle une nouvelle ligne de TGV constitue ontologiquement une bonne nouvelle, et rejoignant donc celle des auteurs (présumés) des fuites, la grande armée des féodaux dépités.

En fin d’articles, en bas de pages, on apprenait tout de même que le rapport Duron ne portait pas que de mauvaises nouvelles. Plutôt que de financer de nouvelles lignes à grande vitesse, le rapport envisagerait de résorber quelques « nœuds ferroviaires », à Paris, Lyon ou Marseille, en désenclavant des gares surchargées. Des « nœuds ferroviaires », quelle déchéance ! Imagine-t-on un président de la cinquième puissance mondiale inaugurant une gare souterraine ? Pas glamour, le nœud ferroviaire.

Pour une fois, un rapport exprime un vrai choix

Aussi bien, à quelques heures de la remise du rapport, voit-on surgir un élément de langage plus flatteur : le gouvernement, plutôt que le TGV, veut favoriser « les transports du quotidien ». S’attaquer aux retards récurrents des trains de banlieue, et des TER, qui empoisonnent la vie de millions de transportés quotidiens. Le peuple contre la turbo-élite. Très bien.

On peut objecter que « l’entourage de Jean-Marc Ayrault », cité par Libé, n’est pas forcément d’une objectivité parfaite quand il se fait le défenseur lyrique des « transports du quotidien », la bonne ville de Nantes bénéficiant déjà de sa liaison TGV super-luxe avec Paris (tiens, d’ailleurs, sauf erreur, le matinaute n’a repéré aucune fuite de la commission Duron à propos de Notre-Dame-des-Landes, qui puisse laisser penser qu’elle pourrait en penser quelque chose. A suivre). Mais bon. Voici, pour une fois, qu’un rapport exprime un choix, un vrai choix, même contraint, qui va changer la vie de millions de passagers quotidiens des bétaillères. Pour une fois qu’un élément de langage souligne une évolution salutaire, on ne va pas s’en plaindre.

 

Publié initialement sur
Arretsurimages.net
Partager cet article
Repost0
26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 15:16

 

 

Le Monde.fr avec AFP| 26.06.2013 à 16h32

 

 

 

L'association de consommateurs UFC-Que choisir a dénoncé mercredi 26 juin le "tour de passe-passe" opéré par les banques françaises sur les tarifs bancaires, marqués par la généralisation de frais de tenue de compte en augmentation constante.

Si les frais liés aux 10 opérations surveillées par l'Observatoire des tarifs bancaires (carte bancaire, virement, prélèvements, etc.) "connaissent une hausse proche de l'inflation générale, les frais de tenue de compte, non compris dans cette liste et dont la définition reste des plus vagues, explosent", a déploré l'association, dans un communiqué.

Lire aussi : Banques : ces frais qui pèsent lourd

Sur les 105 établissements bancaires passés en revue par l'association en juin 2013, quelque 61 appliquaient des frais de tenue de compte, pour un montant moyen de 22 euros annuels. En 2010, avant l'activation de l'Observatoire, ils n'étaient que 39 à en facturer, pour 20,60 euros en moyenne.

"Face à ce énième tour de passe-passe tarifaire, l'UFC-Que choisir exhorte les sénateurs à généraliser l'information préalable à tout prélèvement de frais bancaire", a-t-elle indiqué, alors que le Sénat doit à nouveau examiner le projet de loi bancaire cette semaine et que l'Observatoire des frais bancaires s'apprête à publier son prochain rapport.

La multiplication des frais de tenue bancaire, et leur inflation, vise à "augmenter discrètement les tarifs en passant sous le radar actuel" de l'Observatoire et à "rendre artificiellement plus intéressants des packages pourtant inutiles, où ce service est inclus", a relevé l'association, dénonçant un "inadmissible vase communicant qui montre les talents d'illusionnistes des banques en termes de tarifs".

Lire aussi : Banques : la fausse bonne idée des packages

Partager cet article
Repost0
26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 15:08

 

Marianne

 

Merkel prend les Allemands pour des imbéciles. Et alors ?

 

Rédigé par Thomas SCHNEE le Mardi 25 Juin 2013 à 18:25

 

Angela Merkel est bien la femme la plus puissante du monde. Elle fait ce qu’elle veut, comme elle le veut. Par exemple, en promettant n’importe quoi aux électeurs allemands, avec le sourire et surtout sans s’en cacher. C’est ce qu’elle a fait dimanche dernier en annonçant 28 milliards d’euros de promesses électorales qui, de l’avis même des conservateurs, ne seront jamais tenues !

 

Maitresse du jeu politique, Merkel promet tout et n'importe quoi © Markus Schreiber/AP/SIPA
Maitresse du jeu politique, Merkel promet tout et n'importe quoi © Markus Schreiber/AP/SIPA
Rigueur en deçà du Rhin, abondance au-delà

Devant un parterre de 600 délégués et députés conservateurs, et avant d’ouvrir les cadeaux électoraux, la Chancelière fédérale s’est tout d’abord laissé aller à un petit aparté plein de bon sens à destination de ses voisins européens en difficulté. Ces derniers feraient bien de cesser d’attendre « d’où viendra le prochain programme d’aide financière » pour mieux « se concentrer sur le rétablissement leur compétitivité », a-t-elle expliqué doctement. Une fois cette mise au point faite, Mme Merkel a sorti sa corne d’abondance et dispenser ses promesses de bienfaits à destination des électeurs allemands. Le tout sur le ton du « On-a-bien-le-droit-de-faire-ce-que-l’on-veut-avec-l’argent-que-l’on-a-gagné ». Hausse des allocations familiales et des pensions des mères de familles, plafonnement des loyers et investissements dans l’éducation, la recherche et les infrastructures, entre autres. La pluie d’or annoncée est évaluée à 28 milliards d’euros. Pourtant, l’électeur allemand doit se dépêcher de savourer car il est plus que probable que seule une petite partie de cette ondée bienfaisante touchera le sol après le scrutin du 22 septembre prochain. Merkel veut en effet tout cela, sans augmentation d’impôts, la rigueur budgétaire en sus. La gauche a immédiatement hurlé au « mensonge électoral ». Quant aux alliés libéraux de Merkel, ils refusent ce « poison sucré ». Mais en vérité, ces dépenses futures n’affolent pas beaucoup le compas libéral. Et le secrétaire général du FDP Patrick Döring a calmement rappelé que le moment venu, son parti jouerait le rôle de « facteur correcteur».

 

Un système qui permet de tout promettre sans rien donner

Sur ce point, Angela Merkel a un très net avantage sur François Hollande. Car le système politique allemand, qui favorise la constitution de coalitions gouvernementales, lui permet quasiment de tout promettre sans rien donner et ce, sans même pouvoir être accusée de ne pas avoir tenu parole. Ainsi, la formation du gouvernement fédéral est toujours précédée par des négociations pouvant durer plusieurs semaines, en vue d’élaborer un programme de gouvernement. Celui-ci n’est que le compromis des promesses électorales faites par les partis en lice. Et si ces derniers ne respectent que très partiellement ces dernières, c’est justement la faute au compromis ! Kurt Lauk, président du « Conseil économique » du parti conservateur, l’a très clairement expliqué en marge de la fête : « Les promesses électorales, c’est ce que les partis promettent pour être élus. Et on n'a jamais vu que ces promesses aient été reprises telles quelles dans un programme du gouvernement. Les électeurs le savent d’expérience », a-t-il assuré en précisant que tant que la consolidation budgétaire resterait l’objectif n°1, le programme de Mme Merkel devrait s’y plier.
Partager cet article
Repost0
26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 14:54

 

Médiapart - Blog

 

 

 

Marine Le Pen était ce matin l'invitée de France Inter à 8h20 puis elle a répondu ensuite à deux questions d'auditeurs (ici). Il fallait entendre cette émission pour mesurer l'abjection de la dirigeante du Front national mais également celle de ses électeurs et électrices qui, je persiste et je signe, sont dénués du moindre principe et, en cela, homogènes au parlementarisme dans sa globalité.
La fille Le Pen a été interrogée sur Mandela agonisant et s'est contentée de quelques généralités creuses (difficile en effet de salir ce grand nom parmi d'autres de la grande tradition politique émancipatrice noire - pensons à Toussaint Louverture, à Martin Luther King, à Lumumba et Sankara...) pour ensuite, mise en difficulté par un Patrick Cohen assez pugnace pour une fois, finir par qualifier France inter de "radio bolcho" (bolchos dont il faut rappeler qu'Occident en 1968 voulait les envoyer à Dachau). Pourquoi cette extrêmité ridicule ? Parce que la rédaction d'inter avait rappelé fort opportunément que la mairie FN de Vitrolles avait débaptisé la place Mandela de la ville et que le père Le Pen avait déclaré qu'il n'était ni ravi, ni ému par la libération de Madiba en 1990.

La capacité du FN, visiblement avalisée par ses électeurs, à mentir comme il respire est saisissante. Du reste, quoi d'autre, une fois encore, que la haine du genre humain chez ce parti et parmi ses électeurs et électrices ? Jugez-en plutôt.

Au moment des questions des auditeurs, une dame appelle pour dire comme un passage à l'acte - dont elle semble savoir qu'il est une abjection - qu'elle va voter FN (ce que, dit-elle, elle n'avait fait jusque là). Elle déroule la vieille jalouissance lepéniste désormais bien connue pour finir par dire que la réforme des retraites n'est pas juste mais qu'il faut quand même la faire au nom de l'équité (l'égalité est une notion à jamais étrangère à cette engeance haineuse et percluse de passion triste). Pour cela donc, la dame du Lubéron est prête à se couvrir d'excréments et dès lors, il faut s'interroger : dédiabolisation du F"N" ou diabolisation du parlementarisme ? Toujours est-il que l'auditrice commence par se poser en victime pour justifier la misère égoïste de sa pensée et son ralliement à l'hallali xénophobe et islamophobe.

Un second auditeur, ensuite. Badredine, il me semble, prolétaire arabe qui demande à Marine Le Pen s'il est vrai qu'elle prévoit d'expulser les étrangers en situation régulière dès lors qu'ils n'auraient plus de travail ou qu'ils se retrouveraient au chômage. La chef du F"N" louvoie mais pas trop. Elle n'a pas le discours directement fasciste type Aube dorée mais finit par dire que oui, en effet, au bout de six mois, son interlocuteur sans emploi se verrait couper toute aide de l'Etat au motif à la fois ahurissant et abject... qu'il n'est pas français ! S'ensuivrait donc, rapidement, une expulsion puisque zombifié socialement, un salarié étranger venu d'un pays pauvre n'aurait guère le choix. Rien donc sur la vie réelle de ces ouvriers, sur leur travail et leur dos cassé... Rien sur les gens vivants de ce pays vivant. Le FN, c'est le sang, la terre et les morts. Le maçon arabe au bout du fil se voit exterminé juridiquement par Marine Le Pen qui fait fi du pays réel des gens de partout, parmi lesquels des ouvriers étrangers auxquels celles et ceux qui les ont exploités doivent bien plus que le respect.

Il est donc beau le FN nouveau ! Il reste en tous les cas l'antithèse de la Révolution française dans ce qu'elle eut de plus de plus grand et les pourfendeurs, hélas à la mode, de Robespierre et de la Terreur (largement fantasmée, lire Jean-Clément Martin) feraient bien d'une part de lire la constitution de 1793 et, d'autre part, de réfléchir à la terreur administrative (typiquement fasciste, elle) qui est dans les cartons des fantoches du F"N" et, sans doute, d'une partie de la droite.

En mettant en rapport les deux interventions-questions des auditeurs, on voit bien que même sous couvert d'équité, le Front national a la passion de l'inégalité et qu'en cela, loin des fadaises attrape-tout sur la Révolution, Valmy, etc., il est l'ultime avatar de la logique de l'Ancien régime. Et les pauvres qui sont prêts à voter pour lui sont, pour reprendre Hugo à propos des Thénardier, de mauvais pauvres qui constituent, du reste, une bourgeoisie dans le peuple qu'ils sont prêts à écraser et à réduire sur des critères ignobles. Car quand on est pauvre (à supposer qu'il y ait des pauvres qui votent FN), si l'on pactise avec des milliardaires capitalistes véreux pour écraser plus faibles que soi, alors on ne mérite aucun respect ni aucun regard de compassion. Rien ne justifie de fouler aux pieds ses frères de classe - d'où qu'ils viennent.

De ce point de vue, il est donc vain, hélas, d'insister sur le caractère mensonger du slogan "Mains propres et tête haute" du FN. Qu'il soit corrompu ne pose de problème qu'à une infime partie de ses électeurs. La préférence nationale est en soi une corruption politique par rapport à l'égalité. Si l'existence précède l'essence, comme le disait notre grand bolchevik Jean-Paul Sartre, alors, comme dans Figaro, la naissance n'est le nom de rien. Dire le contraire, c'est réhabiliter Capet et l'inégalité.

Toute protestation contre l'ordre inégalitaire du monde est vaine dans la bouche envieuse des sympathisants du Parti des Ténèbres. Il faut réduire politiquement ce tout-à-l'égoût discursif et le grand n'importe quoi, typiquement fasciste pour le coup, du FN.

 

Affirmons, pour commencer :

- Le travail, ça compte et ça ouvre à des droits !

- Le pays se compose de tous ceux qui y vivent !

- La France est un pays arc-en-ciel, c'est depuis toujours ce qui la rend vivable !

- Combattons les inégalités ! Luttons pour l'égalité entre tous les gens qui vivent ici !

- Français ou pas, on s'en fout ; vive le peuple multinational de France !

 

 

Partager cet article
Repost0
26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 14:43

 

Le Monde.fr

 

  | 26.06.2013 à 09h38 • Mis à jour le 26.06.2013 à 12h54 | Par Gérard Davet et Fabrice Lhomme

 
 
L'homme d'affaires, soumis en France à un strict contrôle judiciaire lui interdisant de quitter le pays, aurait tenté de se procurer un passeport diplomatique de République dominicaine.

Ainsi donc, après des années de dénégations et de déclarations incohérentes, Ziad Takieddine a craqué. L'homme d'affaires au cœur du volet financier de l'affaire de Karachi a livré, jeudi 20 juin, les aveux que les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire n'espéraient plus.

L'intermédiaire d'origine libanaise a enfin admis ce que les investigations judiciaires – et journalistiques – avaient rendu évident, à savoir qu'il avait bien œuvré au financement occulte de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, via des rétrocommissions issues des juteux contrats d'armement avec l'Arabie saoudite et le Pakistan, dans lesquels le gouvernement du même Balladur lui avait concédé le rôle d'intermédiaire.

Placé en détention provisoire depuis le 31 mai pour avoir tenté de se procurer un "vrai-faux" passeport dominicain, sans doute destiné à lui permettre de s'enfuir, M. Takieddine, lâché par ses anciens amis balladuriens et sarkozystes, ne supporte pas son incarcération, ce qui explique sans doute son changement d'attitude.

 

Lire: La détention de Ziad Takieddine est une 'farce' selon son avocat


 DES VALISES D'ESPÈCES

Alors, dans le cabinet de M. Van Ruymbeke, M. Takieddine a raconté dans quelles circonstances il avait rencontré, fin 1993, Thierry Gaubert, ex-collaborateur de Nicolas Sarkozy à la mairie de Neuilly puis au ministère du budget (entre 1994 et 1995), qui lui avait été présenté par Nicolas Bazire, à la fois directeur du cabinet du premier ministre Edouard Balladur et directeur de sa campagne présidentielle.

Selon M. Takieddine, M. Bazire l'aurait appelé en décembre 1993 pour l'informer qu'il allait être contacté par M. Gaubert, qu'il avait mandaté. Il s'agissait de préparer la visite de M. Balladur en Arabie saoudite, avec l'espoir de décrocher un contrat de vente de frégates, dit Sawari II, susceptibles de rapporter beaucoup d'argent à l'Etat français.

M. Gaubert présente à M. Takieddine son épouse, la princesse Hélène de Yougoslavie, son ami Philippe Smadja (qui sera mis en cause, comme M. Gaubert, dans l'affaire du "1 % logement"), un proche de M. Sarkozy, Dominique Desseigne, l'associé de M. Gaubert en Colombie, Jean-Philippe Couzi ou encore Pierre-Mathieu Duhamel, futur directeur général des douanes françaises. C'est à cette date que l'épouse de l'intermédiaire, Nicola Johnson, sympathise avec Mme Gaubert. Les deux femmes, depuis, ont rompu avec leurs maris et les ont dénoncés aux juges.

Las, le voyage de M. Balladur à Riyad en janvier 1994 se révèle être un échec. Mandaté par les autorités françaises pour débloquer la situation, avec son associé Abdul Rahman El-Assir, M. Takieddine dit ne plus avoir eu de nouvelles de M. Bazire jusqu'à la signature du contrat Sawari II, le 24 novembre 1994. C'est juste après cette date que M. Bazire l'aurait recontacté pour lui dire que M. Gaubert avait un message à lui faire porter. Ce message est simple : Gaubert réclame 1,5 million de francs, afin de financer la campagne de M. Balladur. M. Takieddine accepte à condition qu'il les lui remette en cash à Genève, où M. Gaubert détenait lui-même des avoirs.

A Genève, les deux hommes retrouvent M. El-Assir qui avait préparé l'argent, en coupures de 500 francs, glissées dans une mallette remise à M. Gaubert. Selon M. Takieddine, cette remise de fonds s'apparentait à un "retour d'ascenseur" logique, le contrat Sawari II lui ayant rapporté une fortune. Dix jours plus tard, M. Gaubert vient trouver M. Takieddine pour lui demander "la même somme". Après s'être assuré que M. Bazire était informé de cette nouvelle demande, M. Takieddine procède de la même manière : il prend rendez-vous à Genève avec MM. El-Assir et Gaubert, le second repartant avec une valise d'espèces d'1,5 million de francs.

D'après l'homme d'affaires, il y aura une troisième visite de M. Gaubert, qui va réclamer cette fois 3 millions de francs. "On doit boucler les comptes, il nous manque 3 millions et quelque", lui aurait dit M. Gaubert. Jugeant la demande excessive, M. Takieddine se rend dans le bureau de M. Bazire pour avoir confirmation. "M. Bazire m'a dit qu'effectivement, ce que m'a demandé Gaubert est vrai car ils avaient besoin de cet argent, mais que c'était la dernière fois." Une nouvelle fois donc, via M. El-Assir, M. Takieddine va remettre une valise d'espèces à M. Gaubert.

 

 DES SONDAGES PAYÉS PAR LES VENTES D'ARMES

Les révélations de M. Takieddine confortent les découvertes des juges sur les déplacements à Genève de MM. Gaubert et Takieddine, les retraits d'espèces suspects détectés à cette période, ou encore le témoignage de Hélène Gaubert, qui déclarait au Monde, le 26 septembre 2011, à propos de son mari : "Il m'a dit un jour qu'il allait chercher ces espèces en Suisse pour les remettre à Nicolas Bazire."

M. Takieddine a également mis en cause François Léotard, ministre de la défense entre 1993 et 1995 et son conseiller Renaud Donnedieu de Vabres. Les deux hommes avaient imposé le duo Takieddine-El-Assir dans les contrats d'armement. "M. Donnedieu de Vabres représentait M. Léotard", a déclaré M. Takieddine qui a révélé qu'après l'élection de 1995, M. Donnedieu de Vabres lui avait demandé de l'aider à payer le loyer de son appartement parisien : "Je lui ai payé en cash allant jusqu'à des sommes entre 15 000 et 20 000 francs à chaque fois", a-t-il dit. L'intermédiaire assure avoir également "financé" une partie de l'installation de M. Donnedieu de Vabres à Tours, ainsi que sa campagne législative, en 1997. Au total, il estime lui avoir remis "un maximum de 250 000 francs" en liquide.

M. Takieddine a par ailleurs confirmé que le politologue américain Paul Manafort avait effectué des sondages au profit du camp Balladur, via M. El-Assir, donc payés par les ventes d'armes. "M. Manafort, a-t-il ajouté, ne m'a pas précisé [que cette étude] avait été payée par M. El-Assir mais je l'ai supposé", révélant à ce sujet l'existence de "contacts directs" entre MM. Bazire et El-Assir. Interrogé par Le Monde, Me François Esclatine, avocat de M. Gaubert, a déclaré : "Mon client conteste et s'expliquera devant le juge". Me Frédéric Landon, l'avocat de M. Bazire, de son côté, a assuré que son client "conteste formellement ces allégations".

Quant au défenseur de M. Takieddine, Me Francis Vuillemin, tout en dénonçant une "détention-pression", il reconnaît que ce que son client a dit est "énorme". M. Takieddine sera prochainement confronté à MM. Gaubert et Bazire.

Gérard Davet et Fabrice Lhomme

 

 

Partager cet article
Repost0
26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 13:58

 

blog.france3.fr

 

Publié le par Jérémy Chevreuil

 

 


Barbara Romagnan sur le plateau de La Voix est libre (©f3fc)

Elle n’a pas son pareil pour faire entendre sa propre petite musique au Parti socialiste, quitte à écorcher les oreilles de ses camarades. Samedi matin, dans l’émission La Voix est libre sur France 3 Franche-Comté, la députée du Doubs a proposé sa solution pour lutter efficacement contre le chômage: réduire à nouveau le temps de travail.

« Je pense qu’il faut vraiment engager cette réflexion », soutient la jeune élue, qui se définit comme « une députée militante ». La durée légale du travail reste un sujet très sensible, encore tabou au PS, alors même que plusieurs ténors socialistes ont défendu ces dernières années un assouplissement des 35 heures.

 
Socialiste, elle veut « partager les richesses ». Partisane acharnée du non cumul, elle veut « partager le pouvoir ». Et pour lutter contre le chômage, voilà qu’elle entend maintenant « partager le travail ». Alors qu’elle est privée de questions orales à l’Assemblée nationale pour ne pas avoir respecté les consignes de vote du groupe PS plus souvent qu’à son tour, Barbara Romagnan cultive à nouveau sa différence. Il faut « qu’on reprenne la marche vers la réduction du temps de travail », propose l’élue bisontine, proche de Benoît Hamon. Une audace quand on se rappelle la polémique de l’automne dernier, quand le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait assuré qu’ « il n’est pas question de revenir sur les 35 heures » après un entretien avec les lecteurs du Parisien. « Ce n’est pas un débat qui est relancé », avait même précisé le chef du gouvernement, qui avait d’abord répondu « pourquoi pas? » à une question portant sur le retour à la semaine de 39 heures.

Une prise de position qui n’est donc pas celle de Barbara Romagnan, même si la députée le reconnaît: pour l’instant, la majorité n’est pas encline à porter ce combat: « Aujourd’hui ce n’est clairement pas le cas. Moi je vous dis ce que j’en pense. »

 Voici l’extrait de l’intervention de Barbara Romagnan sur les mesures contre le chômage (la vidéo de La Voix est libre est ici)

« On a pris des mesures nécessaires et utiles, par ailleurs je pense qu’il y a des choses plus profondes à engager. A mon sens, avec un taux de croissance qui est toujours si faible et qui va vraisemblablement le rester, je pense qu’il faut qu’on s’engage beaucoup plus fortement dans la transition énergétique, et qu’on reprenne la marche vers la réduction du temps de travail. Aujourd’hui, le travail est bien partagé, il l’est déjà entre ceux qui ont un travail et ceux qui n’en ont pas. Je pense qu’il faut vraiment engager cette réflexion. Partager le travail, le temps et les richesses qui y sont associées autrement on ne pourra pas résoudre durablement et vraiment le problème du chômage. »

« On est dans un pays les plus riches du monde, avec des salariés qui sont parmi les plus productifs du monde. On continue à produire de la richesse, et on a besoin de moins en moins d’heures pour le faire. Ecoutez, c’est une bonne nouvelle. Mais c’est une bonne nouvelle dans la mesure où l’on fait ce qu’il faut pour qu’il n’y ait pas des gens qui passent tout leur temps au travail, qui en souffrent, et qui parfois y meurent, tellement c’est difficile. Et d’autres qui souffrent de ne pas en avoir, à la fois parfois parce qu’il ne peuvent pas subvenir à leur besoin, et aussi parce qu’aujourd’hui encore, avoir un travail, c’est un élément essentiel et fondamental de l’identité de chacun. »

Autour de la table, la députée UMP du Doubs Annie Genevard réagit fermement:

« Il ne faut pas être dogmatique, tout doit être fait pour réduire le chômage qui est un cancer de notre société. Mais je suis absolument convaincue que la réduction du temps de travail n’est pas la solution. Il suffit d’écouter les chefs d’entreprises pour en être convaincu. »

Et la maire de Morteau de citer en exemple le dispositif annoncé par Jean-Marc Ayrault lors de la conférence sociale: « améliorer la formation sur les métiers qui sont en tension ».

En revanche, Barbara Romagnan reçoit le soutien de son collègue écologiste Eric Alauzet, qui « partage totalement » son point de vue:

« Il faut partager les revenus et donc le travail qui existe. Si on peut en avoir plus tant mieux, mais à un moment donné, quand il y a un certain nombre d’heures qui est contenu, il faut les partager et partager les revenus. »

A défaut d’obtenir le soutien de tous ses camarades socialistes, Barbara Romagnan pourra au moins se compter sur son voisin d’EELV. Elle qui confiait récemment se sentir « mal à l’aise » au PS depuis 20 ans va certainement, avec cette proposition, mettre « mal à l’aise » certains de ses collègues socialistes.

 

A lire aussi :
Barbara Romagnan veut abolir les privilèges des élus
Un an après leur élection, le palmarès de nos députés
Barbara Romagnan « mal à l’aise au Parti Socialiste depuis 20 ans »
Accord sur l’emploi: Barbara Romagnan s’explique sur son abstention
Le non cumul c’est maintenant, pour Barbara Romagnan et Jean-Michel Villaumé
Barbara Romagnan rend publique l’utilisation de sa réserve parlementaire
Le député Jean-Michel Villaumé quittera la mairie d’Héricourt… mais pas tout de suite
A Toulouse, le coup de gueule de Barbara Romagnan contre le cumul


Partager cet article
Repost0
26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 13:07
Enquête le 24/06/2013 par Laure Daussy

 

 

Le Front national "un parti comme les autres", le vote FN, un "vote d’adhésion": dans les médias, la cause semble être entendue, le FN de Marine le Pen est différent du FN de son père. Cette idée, particulièrement réactivée à l'occasion de la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot, est contestée par un chercheur, Alexandre Dézé, qui a exposé cette thèse le 21 juin, lors d’un colloque à Nanterre, "retour sur 40 ans de Front national" auquel @si a assisté (sujet aussi évoqué dans cette tribune sur Libé et sur ce blog de Mediapart).

Comment la dédiabolisation de Marine Le Pen s'est-elle opérée ? Notamment par une construction médiatique et sondagière. C'est du moins la thèse d'Alexandre Dézé, chercheur en sciences politiques à l'université de Montpellier. Selon lui, l'idée selon laquelle le FN a changé depuis l'élection de Marine Le Pen à sa tête est fausse. Et de décortiquer quelques sondages parus depuis 2011, qui ont contribué à alimenter ce discours médiatique.

Premier exemple : une étude BVA/France Info parue deux mois à peine après l’élection de Marine Le Pen à la tête du FN. Le résultat tourne en boucle dans les médias : "selon 52% des Français, le FN est un parti comme les autres" . On retrouve ce sondage ici sur le Figaro.fr ou ici (une dépêche AFP reprise sur le Monde). L’intégralité de l'étude se trouve ici. Sauf que le résultat mis en avant ne correspond pas exactement à la question posée au départ. Exemple en page 12 du document. La question posée est "estimez vous que le FN devrait être considéré comme un parti comme un autre?" "La formulation est donc indirecte et au conditionnel", souligne Dézé, "or, le résultat médiatisé ne correspond pas à la question".

FN FN

 

 

Dézé pointe un autre sondage qu'il juge discutable. Celui réalisé par Opinion Way pour Lyon Capitale en avril 2011. Il est consultable en intégralité ici. Le journal titre que le vote FN serait devenu un vote d'adhésion depuis l'élection de Marine le Pen.

"86% des électeurs du FN disent souhaiter qu’elle soit élue présidente de la République, alors que seulement 53% auraient aimé voir son père, Jean-Marie Le Pen, à l’Élysée", souligne le sondage. Un résultat qui ne permet pas d’en déduire l’idée de l’avènement d’un vote d’adhésion selon Dézé. Il ajoute : "Quand on regarde dans le détail d’autres résultats du sondage, on apprend que 48% des personnes interrogées déclarent certes voter FN ‘pour soutenir un parti qui incarne [leurs] valeurs’, mais que 48 % déclarent également voter FN ‘pour exprimer [leur] mécontentement à l’égard du cours des choses’. Donc il y aurait finalement autant de votants d’adhésion que de votants protestataires."



FN

 

32% d'adhésion, un chiffre déjà atteint en... 1991

FN

 

Autre sondage critiqué, publié cette année, réalisé par TNS Sofres pour Le Monde, sur la banalisation du FN à droite. Le sondage est ici en intégralité. Une question notamment pose problème. Elle concerne les caractéristiques attribuées à Marine Le Pen. "Diriez-vous que ces qualificatifs s’appliquent très bien, bien, mal…", demande le sondage. Or, seules des caractéristiques "positives" sont proposées aux sondés : "volontaire", "capable de prendre des décisions", "capable de rassembler au-delà de son camp", "comprend les problèmes quotidiens des français". Dans une autre question, concernant l’adhésion à des valeurs, "les questions posées ne reprennent que les thèmes du FN", note le chercheur, "alors qu’ils sont présentés comme des thèmes de société." Par exemple : "Il y a trop d'immigrés en France", "il faut donner plus de pouvoir à la police". Or, en les posant à la suite, on produit non seulement un risque de ‘biais d’acquiescement’ mais en plus ‘un effet de halo’, c’est-à-dire qu’on augmente la sensibilité des personnes interrogées aux questions qui seront posées par la suite dans le sondage".  Toutefois, n'est-ce pas inévitable, dans un sondage sur le FN, de proposer des thèmes de ce parti?

 

 

Dans le même sondage, on apprend aussi que le niveau d'adhésion des Français aux idées du FN est de 32%. "Or, ce chifffre a déjà été atteint par Jean-Marie Le Pen", rappelle Dézé.

On peut le percevoir sur la courbe de l'évolution de l'adhésion aux idées du FN (courbe du bas) picto

(Ce que précise d'ailleurs Le Monde, qui rappelle que c'est le record établi par Jean-Marie Le Pen en 1991).


> Cliquez sur l'image pour un gros plan <

 

 

Qui dit réflexion sur les sondages, les médias, et le FN, dit critique de la Une de Libération du 9 janvier 2012 (que nous avions également pointée). Elle affirmait que 30% des électeurs "n'exclueraient pas" de voter Marine le Pen à la présidentielle. Chiffre repris également par BFMTV. "Ils ont additionné des chiffres inaditionnables" déplore Dézé. A la question : "Si le premier tour de l'élection présidentielle avait lieu dimanche prochain, pourriez-vous voter pour Marine Le Pen ?", 8% répondaient "oui certainement", 10% "oui, probablement". Parmi les réponses négatives, 12% des sondés ont répondu "non, probablement pas" et 68% "non, certainement pas. Libération associait donc les 18% de oui aux 12% de "non, probablement pas". Charlotte Rotman, qui couvre maintenant le FN pour Libé, présente au colloque, a reconnu que "La Une a suscité beaucoup de débat en interne". Et d'expliquer : "Je crois que l’on a eu peur de passer à côté de quelque chose."

 

FN

S'agissant des plus précoces de ces sondages, le chercheur dénonce "l’interprétation unanime des sondeurs" qui estiment que le FN a changé. "Toutes ces interprétations sont hautement discutables car à ce moment là il n’y a pas le moindre début de changement au FN, la dédiabolisation relève de la pure fiction", souligne-t-il. Marine Le Pen "s’est inscrite dans l’orthodoxie du parti dès son élection", rappelle Dézé. Ainsi, le 17 janvier 2011, deux jours après son élection, elle parle de "préférence nationale", le 28, elle affirme son opposition totale au mariage homo, le 21 février, elle parle de la "menace de l’immigration extra-européenne", rappelle le chercheur. Seul changement par rapport à son père, le 5 février, elle parle des camps comme étant le "summum de la barbarie", "et encore, mais n’utilise pas le mot Shoah", souligne-t-il.

Loin du changement annoncé donc, martèle le chercheur, "ce qu'on appelle dédiabolisation est en fait une stratégie du FN, déjà employée dans les années 80 par Bruno Mégret." Par exemple, "Mégret avait mis en place le concept de "préférence nationale", stratégie d'euphémisation pour contourner les lois contre le racisme", rappelle Dézé.

Une autre forme de sondage : le micro-trottoir

Quand les medias n'ont pas de sondage à se mettre sous la dent, ils peuvent recourir à une autre technique de "photographie de l'opinion" : le micro-trottoir, comme le fait fréquemment le 20 Heures de France 2.

 

Ainsi le 17 juin, au lendemain du premier tour de la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot, qui a vu le FN arriver au second tour face à l'UMP, France 2 partait à la rencontre "des Français qui ont changé de regard sur le FN" souligne le journaliste en commentaire.

picto"Pas raciste", "plus soft": on en trouvait évidemment !

( A noter que David Pujadas lance le sujet en l'accrochant à un sondage Ifop-Paris Match, dans lequel Marine Le Pen atteint "40% d'opinions positives". Mais un examen approfondi montre que Le Pen, d'un mois à l'autre, a grimpé de 3 points, c'est à dire exactement dans la marge d'erreur du sondage).

Sondeurs et journalistes ne manqueront pas de se défendre en répétant que leurs sondages et leurs micro-trottoirs "ne font que refléter la réalité". A preuve, diront-ils, les résultats électoraux. En recueillant 18 % des suffrages en 2012, (soit 6,3 millions d'électeurs), Marine Le Pen n'a-t-elle pas battu le record de son père, qui n'avait rassemblé en 2002 que 16,8% des voix (et 4,8 millions d'électeurs) ? Il est vrai que le nombre d'électeurs inscrits a augmenté dans l'intervalle, passant de 41 millions à 46 millions d'électeurs, ce qui représente, entre 2002 et 2012, une augmentation nette de 0,65% des inscrits.

A cette défense, les réponses sont toujours les mêmes. D'abord, rappeler que sondages et micro-trottoirs à répétition influencent une partie non déterminable de l'électorat. Le matraquage sur la "dédiabolisation de Marine Le Pen" contribue pour partie à...dédiaboliser le vote Le Pen, dans la mécanique bien connue de la prophétie auto-réalisatrice.

Mais, en admettant bien évidemment que l'adhésion à Le Pen progresse aussi, indépendamment de tout matraquage médiatico-sondagier, dans une partie de l'électorat, l'abondance de ces sondages et de ces micro-trottoirs pose une autre question. La fonction principale des médias consiste-t-elle à fournir des "photos de l'opinion", plus ou moins biaisées, ou bien à rappeler, avec la même fréquence et la même insistance, les faits ? Dont par exemple celui-ci : derrière les sourires et la blondeur de Marine Le Pen, le programme du FN, de Jean-Marie à Marine, et sur la question clé de la préférence nationale, n'a pas changé, même si elle est devenue la "priorité nationale". Pour n'en prendre qu'un exemple, on peut lire, dans le chapitre immigration : "Application de la priorité nationale. Les entreprises se verront inciter à prioriser l’emploi, à compétences égales, des personnes ayant la nationalité française. Afin d’inciter les entreprises à respecter cette pratique de priorité nationale, une loi contraindra Pôle Emploi à proposer, toujours à compétences égales, les emplois disponibles aux demandeurs d’emploi français." Loin des sondeurs et des micros, le programme, lui, ne s'est nullement "dé-diabolisé".

Màj, 25 juin : ajout de l'augmentation du corps électoral entre 2002 et 2012

ce contenu se trouve aussi dans le(s) dossier(s) : Le Pen : attention, zone érogène !

 

 

 

Partager cet article
Repost0
24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 16:39

 

Marianne

 Lundi 24 Juin 2013 à 18:30

 

Alexandre Coste
Journaliste à Marianne chargé de l'animation de la communauté des Mariannautes En savoir plus sur cet auteur

 

Une étude Médiamétrie constate que la frage de la population qui utilise le plus massivement les réseaux sociaux est celle des… plus de 50 ans !

 

SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA
SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

Si les scandales se multiplient, à l’image de l’affaire PRISM ou du bug de facebook qui a affiché pendant un certain laps de temps les coordonnées de 6 millions de ses utilisateurs, cela ne freine en rien l’adoption massive des réseaux sociaux par les internautes français. Un terrain de choix  pour les marques qui peuvent lancer des campagnes promotionnelles peu onéreuses et efficaces, grâce à l’effet de viralité. 

80% des internautes nationaux sont aujourd’hui inscrit à un réseau social, ce qui représente un total de 32 millions d’adeptes de Facebook, Twitter, Instagram, Linkedln et consorts. Soit plus de deux millions d’utilisateurs que l’année précédente. Les applications mobiles ont largement participé à cette croissance, avec un accès toujours plus immédiat et simplifié aux différents réseaux sociaux. C’est ce qui explique en partie une addiction accrue à ces sites, car deux tiers des inscrits avouent s’y connecter quotidiennement.
 
Ce qui est amusant dans l’étude Médiamétrie qui fournit ces chiffres, c’est de constater que la frange de la population qui utilise le plus massivement les réseaux sociaux est celle des… plus de 50 ans ! Une tranche qui représente 30,4% de l’audience globale, soit tout de même presque un tiers. Les seniors sont donc loin d’être en reste lorsqu’il s’agit de partager des photos, des vidéos, des articles et des commentaires. Ou tout simplement garder un œil sur les activités de la petite famille…
 
Il semble que chaque réseau social ait trouvé  sa spécificité chez les internautes : si Facebook est principalement réservé à un usage familial et amical, Twitter a l’avantage sur l’information et l’on y suit volontiers les personnalités qui correspondent à nos affinités. Linkedln sera quant à lui réservé à un usage pro, à l’instar de Viadeo. Google+, enfin, est un mélange de toutes les spécificités des réseaux suscités. Une formule hybride qui peine à convaincre aujourd’hui mais qui pourrait bientôt s’avérer payante dans un futur proche: selon une étude réalisée par SearchMetrics, les partages via Google + devraient dépasser ceux fait en passant par Facebook dès 2016.
 
L’aspect social de ces sites dépasse aujourd’hui le simple cadre de la famille et des connaissances. Les marques ont investi les plateformes d’échanges 2.0 et, par l’intermédiaire de leurs community managers, fédèrent des communautés qui avouent consommer en plus grande quantité les produits d’une marque lorsqu’elles sont abonnées aux flux d’information émises par celle-ci : 20% des internautes qui « likent » ou « followent » une marque dépensent d’avantage de deniers pour cette même marque que le cas échéant, s’ils ne s’étaient pas tenus informés.
 
Des clients qui vont d’eux-mêmes chercher de la publicité, n’est-ce pas le monde à l’envers ? C’est pourtant le tour de force réalisé par des campagnes de marketing imposant de « suivre » telle marque sur tel réseau social, afin de bénéficier de tel bonus en exclusivité. Ainsi aujourd’hui, sur Twitter, quasiment un inscrit sur trois suit plus de 11 marques. Sur Facebook, Twitter et Google +, les utilisateurs suivent une marque de plus qu’en 2012. Seraient privilégiés la mode, les cosmétiques, l’alimentaire et les boissons… Obsolètes, les prospectus dans la boîte aux lettres ?

 

 

Partager cet article
Repost0
24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 16:25

 

 

Marianne

 Lundi 24 Juin 2013 à 16:16

 

Francis Daspe*

 

Le contresens savamment entretenu sur la nature et les vertus supposées du commerce doit nous interroger au moment même où se négocient entre l’Union européenne et les Etats-Unis les termes d’un grand marché transatlantique. La violence de la réaction de Manuel Barroso critiquant la volonté de la France de soustraire la culture du champ conquérant de la marchandisation confirme nos inquiétudes.

 

Zhang Dejiang, membre du comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois
Zhang Dejiang, membre du comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois
Revisiter le passé à la lueur de l’actualité possède l’avantage, pour peu qu’on se défie de l’anachronisme, de pouvoir rétablir quelques vérités trop souvent perdues de vue. Il en va ainsi de la menace de la Chine de lancer une enquête anti-dumping et anti-subventions sur les vins français en représailles de la décision de la Commission européenne de taxer les importations de panneaux solaires et photovoltaïques chinois.
 
Certains s’évertuent à faire croire que le commerce équivaudrait à la paix. C’est notamment sur ce postulat complaisamment répandu que s’est construite l’Europe. On pourrait résumer la méthode Monnet de la sorte : « faisons des affaires, nous aurons la paix, et le reste viendra un jour ». Si l’on veut bien considérer que plus d’un demi-siècle après « le reste » est enfin venu, force est de constater que ce n’est pas le meilleur que nous avons obtenu.

Paraphrasons plutôt Jean Jaurès en l’adaptant à la situation. Comme la nuée porte l’orage, le commerce alimente des concurrences farouches et exacerbe les tensions diplomatiques. L’histoire de la Chine en apporte une illustration éclairante. Le XIX° siècle fut celui des « traités inégaux » que l’Europe infligea à l’empire chinois dirigé par une dynastie mandchoue sur le déclin. Par la « politique de la canonnière », avec notamment en points d’orgue la guerre de l’opium et celle des Boxers, les gouvernements européens se firent ouvrir le marché chinois.

 

Le prétexte de la sécurité des marchands et des missionnaires conduisit les Européens à demander toujours plus de concessions, accroissant par voie de conséquence l’humiliation de la Chine. On note au passage l’alliance du sabre, du goupillon et de la bourse dans toutes les aventures coloniales. Car c’est bien de cela dont il s’agissait : les historiens s’accordent pour classer la Chine dans la catégorie des « hypo-colonies » européennes à la fin du XIX° siècle. Les réactions vivaces du gouvernement chinois d’aujourd’hui ne sauraient être déconnectées de ce passé : elles s’inscrivent aussi dans une optique de revanche séculaire.

 

La confusion, ou la supercherie, réside dans l’expression « désarmement douanier » utilisée par les libéraux pour désigner une baisse ou une suppression des tarifs douaniers. L’OMC (organisation mondiale du commerce) reprend à son compte le mot pour justifier sa fuite en avant libre-échangiste. En réalité, qui désarme-t-on dans ces conditions ? Uniquement la puissance publique en réduisant la capacité des Etats à agir dans le sens de l’intérêt général.

Dans certains pays du tiers monde, les recettes douanières constituent un des premières sources alimentant le budget de la nation. Le commerce sans régulation renforce les rapports de force présidant aux relations entre Etats dans le seul but d’accumuler des profits : en d’autres temps le mot impérialisme aurait servi à désigner cette réalité.

La loi du commerce conduit au contraire à la dissolution des liens de solidarité. La réaction allemande est à cet égard édifiante. Sitôt la réaction chinoise exprimée, le gouvernement allemand s’est empressé de se désolidariser de la position européenne. La raison ? La volonté de préserver ses exportations. Les intérêts particuliers l’emportent sur toute forme de cohésion et de cohérence. Point de projet collectif à mener, mais un recentrage immédiat sur des solutions individuelles.

L’Europe et les Etats la composant sont-ils pour autant démunis face au rouleau-compresseur chinois ? Le sens des traités inégaux aurait-il changé de direction ? Non, absolument pas : les acteurs de la mondialisation sont interdépendants. Les Chinois craignent par-dessous-tout une fermeture du marché européen, ce qui priverait leur industrie de débouchés, aggravant les tensions sociales d’une société inégalitaire.

 

La peur des Chinois ? Le déclenchement de troubles sociaux pouvant dégénérer en révolte ou en révolution… C’est ce qui explique à la fois la vigueur de la réaction chinoise et la crainte d’une rupture, préférant tabler sur la conclusion d’un accord, non sans tenter au préalable de pousser au maximum les avantages visés.

 

Ce contresens savamment entretenu sur la nature et les vertus supposées du commerce doit nous interroger au moment même où se négocient entre l’Union européenne et les Etats-Unis les termes d’un grand marché transatlantique. La violence de la réaction de Manuel Barroso critiquant la volonté de la France de soustraire la culture du champ conquérant de la marchandisation confirme nos inquiétudes.

Par dogmatisme, nous nous désarmerions en liquidant l’exception culturelle tandis que nos concurrents savent défendre opportunément leurs intérêts vitaux. Le commerce version « concurrence libre et non faussée » n’est pas la paix. La promotion à l’échelle planétaire des valeurs de solidarité et de fraternité ne passe pas par l’acceptation des canons idéologiques de  l’OMC. Au contraire, le commerce doit se fonder sur le concept d’échanges satisfaisant nécessairement des intérêts réciproques, ceux des peuples et non le gonflement de chiffres d’affaires. Ce serait se situer aux antipodes des notions de compétition et de conquête.

(*) Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée (Association pour la gauche républicaine et sociale – Prométhée)

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22