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24 juillet 2013 3 24 /07 /juillet /2013 12:06

 

Rue89

 

L’édito 24/07/2013 à 12h12
Pierre Haski | Cofondateur Rue89

 

 


Aurélie Filippetti à l’Elysée, le 12 juin 2013 (SIPA)

 

« Tout ça pour CSA », titrent nos collègues de Libé avec un sens du calembour jamais démenti. Mais qui, ici, tombe juste.

La réforme du mode de nomination des présidents de l’audiovisuel public lancée mercredi par Aurélie Filippetti, ministre de la Culture ET de la Communication, rate son objectif, et, comme beaucoup de réformes de ce gouvernement, laisse un goût amer d’occasion ratée.

Petit rappel des faits dans un des feuilletons institutionnels qui figure parmi les grands classiques de la Ve République : Nicolas Sarkozy avait décidé tout seul en 2008 que le choix des présidents de l’audiovisuel public (France TV, Radio France, etc.) serait désormais assumé par le chef de l’Etat.

La mesure avait fait hurler à l’époque (y compris Rue89...), même si Sarkozy estimait qu’il enlevait une dose d’hypocrisie au processus de nomination puisque que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), chargé jusque-là des nominations, n’était que le cache-sexe du pouvoir politique. Mais il avait choisi de sortir de l’hypocrisie à son avantage, au lieu de favoriser plus d’indépendance.

Le rêve de la gauche... dans l’opposition

Aurélie Filippetti, comme on pouvait s’y attendre, choisit de revenir sur cette mesure emblématique de l’ère Sarkozy, et annonce comme une grande avancée libératrice une réforme du mode de désignation des neuf membres du CSA.

Dans l’avenir, si ce projet de loi est adopté, les membres du CSA seront ramenés à sept :

  • un président toujours désigné par le chef de l’Etat (qui nommait jusqu’ici trois des neuf membres) ;
  • les six autres seront proposés par les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, mais ratifiés à la majorité des 3/5e par les Commissions parlementaires, et donc par un accord entre l’opposition et la majorité.

Ce qui est présenté comme une avancée, c’est évidemment la ratification des nominations par la majorité des 3/5e par les Commissions, qui éviteront des personnalités trop clivantes politiquement. C’est vrai, mais c’est peu.

Aurélie Filippetti a raté l’occasion de couper réellement le cordon politique de l’audiovisuel public, comme la gauche en rêve... quand elle est dans l’opposition.

La gauche vit depuis des décennies avec le fantasme de la BBC, rendre totalement indépendant l’audiovisuel public comme chez nos voisins britanniques (ce qui n’a pas empêché la « Beeb », comme l’appellent les initiés, d’avoir sa part de scandales et de problèmes de gouvernance).

Le fantasme de la BBC

Une note de l’INA résume ce statut, ses avantages et faiblesses :

« Même si l’institution fait l’objet de débats incessants, les politiques n’ont jamais touché au fond à l’indépendance du média protégé par une “charte royale”, un cahier des charges, révisée tous les dix ans.

Le service public est aussi protégé structurellement par un conseil des gouverneurs, appelé BBC Trust depuis la charte signée en 2007. Celui-ci nomme le directeur général et exerce une tutelle sur la société.

Le Trust est explicitement chargé de garantir l’indépendance de la corporation et de représenter l’intérêt du public.

Toutefois les douze membres du Trust sont nommés par la reine sur proposition du gouvernement et, si le pouvoir ne peut intervenir directement dans le fonctionnement de la société, il ne manque pas de moyens de pression, pressions économiques surtout autour du débat sur la redevance et sur son niveau (fixé par une négociation avec le gouvernement). »

On le voit, le système britannique n’est pas parfait, mais il est ce qui s’approche le plus, dans le monde, d’une véritable indépendance d’un service public de l’audiovisuel.

Culture politique et poids des lobbies

Impossible en France ? Question de culture et de tradition politique de la Ve République sans nul doute, si l’on se souvient des années ORTF, des interviews du général de Gaulle par Michel Droit, des nominations très marquées...

François Hollande ne sera pas l’homme de la rupture avec cette tradition qui ne dérange pas le pouvoir en place, quel qu’il soit. Il avait déjà donné un mauvais signal en nommant Olivier Schrameck, l’ancien directeur de cabinet de Lionel Jospin, à la tête du CSA, sans expérience particulière dans l’audiovisuel.

Ce projet de loi est dans la continuité, avec une modeste avancée là où les promesses électorales laissaient attendre une grande ambition.

On nous promet une deuxième phase de la réforme en 2014 avec les suites du rapport Lescure sur le numérique, Hadopi, etc. Mais le poids des lobbies est tel dans ce secteur, comme le montre l’histoire de la mission de Pierre Lescure elle-même, que les attentes sont désormais douchées.

Un CSA un peu plus démocratique ne remplace pas un service public de l’audiovisuel à l’autonomie constitutionnellement garantie. Dommage.

 

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
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24 juillet 2013 3 24 /07 /juillet /2013 01:07

 

 

Médiapart

Livret A : le fric-frac de l'été

|  Par Martine Orange

 

 

Les banques, qui convoitaient l’épargne du Livret A, ont enfin réussi. Le gouvernement leur offre aujourd’hui 30 milliards d’euros supplémentaires en provenance de l’épargne réglementée, en attendant plus. Un cadeau fait aux banques sans la moindre contrepartie.

L’annonce a été faite le plus discrètement possible, par un simple communiqué du ministère des finances et de la Caisse des dépôts, samedi 20 juillet au matin. Mais qu’a donc à cacher le gouvernement pour faire une communication qui ne peut passer qu’inaperçue dans la touffeur d’un matin d’été ? Rien de moins qu’un énorme fric-frac sur l’épargne la plus partagée des Français : le Livret A. Les banques, après avoir pris en otages l’État et les contribuables, sont en train de faire main basse sur une partie de l’épargne des Français.

Comme nous l’avions annoncé la semaine dernière (voir Banques : l’entente cordiale avec le gouvernement), les banquiers ont obtenu, à l’issue de leur rencontre avec François Hollande vendredi19 juillet, de pouvoir garder pour eux une partie des sommes collectées par l’intermédiaire du Livret A et du livret de développement durable, et non de les remettre à la Caisse des dépôts, comme cela se faisait jusqu'ici. Officiellement, il s’agit de mieux utiliser les excédents de l’épargne réglementée, inutilisée pour le financement du logement social ou la politique de la ville, en les remettant à la disposition des banques.

Le brouillard est soigneusement entretenu autour de l’avenir du Livret A. Tout semble appelé à changer tant sur l’utilisation que sur la sécurité de ce placement, mais tout est fait pour persuader les Français que leur épargne reste intouchée.

Le silence est organisé au plus haut niveau politique. Bien que la Caisse des dépôts, dès sa création en 1816, ait été constituée comme une entité indépendante, placée sous le contrôle du Parlement, le gouvernement n’a prévu aucune communication, encore moins un projet de loi, à l’Assemblée nationale et au Sénat pour expliquer aux élus les évolutions majeures auxquelles est promis le Livret A. Les changements d’utilisation de quelque 364,2 milliards d’euros – encours du Livret A et du livret de développement durable au 30 juin dernier – sont tranchés par un simple décret, sans que cela semble émouvoir un seul élu.

 

 
© Reuters

Tout est donc laissé à la discrétion de Bercy. Et là, il y a tout à craindre. Cela fait des années que la haute administration des finances, alliée objective du monde bancaire, milite pour la fin du Livret A, de l’épargne réglementée, et entend d’une façon ou d’une autre avoir la haute main sur cette manne d’épargne qui lui échappe. Pour elle, ces dispositifs pour le logement social datent d’un autre temps. Les marchés sont censés pourvoir à tout.

Dans un rapport de 2010, la Cour des comptes s’inquiétait pourtant des tensions existantes dans le fonds d’épargne, qui gère l’ensemble de l’épargne centralisée à la Caisse des dépôts. Elle parlait de la concurrence d’autres produits d’épargne qui avaient détourné les Français du Livret A, de la difficulté à financer certains de programmes de logement sociaux même sur le très long terme, et des risques portés par le fonds d’épargne, sollicités bien au-delà de sa mission, pour le financement des PME ou la recapitalisation de Dexia – 480 millions d’euros totalement perdus depuis lors.

Elle recommandait alors de créer une structure totalement indépendante pour mieux isoler les engagements du fonds d’épargne, d’éviter de le solliciter pour des questions hors de sa mission, de baisser les taux et les commissionnements de collecte afin de faciliter les opérations de logement social mais de centraliser en retour 100 % de l’épargne collectée dans le cadre du Livret A afin de garantir à la fois l’épargne et le financement social.

Le ministère des finances n’a retenu que deux recommandations : la baisse des taux du Livret A et des frais de collecte. Pour le reste, elle a fait totalement l’inverse. Elle entretient le mélange et l’opacité, redonne encore plus d’épargne aux banques que ne leur avait concédé le gouvernement Sarkozy.

Combien ? La semaine dernière, Bercy évoquait la somme de 25 milliards d’euros supplémentaires pour les banques. Le communiqué du ministère des finances parle de 30 milliards d’euros. Lundi, Les Échos avançait la somme de 50 milliards d’euros. Une somme que dément une porte-parole de la Caisse des dépôts, mais sans pouvoir en dire plus. 

Car bien des inconnues, bien des mystères persistent. La Caisse des dépôts se dit aujourd’hui dans l’incapacité d’indiquer le niveau de ressources qu’elle pourra conserver par rapport à ses emplois. C’est juste le ratio prudentiel destiné à garantir la politique du financement social et garantir l’épargne ! Le ministère des finances nous avait fait part d'un ratio de 135 % des ressources sur emplois. Mais rien n’est sûr.

Ce qui paraît n’être qu’un détail technique est lourd de conséquences. Car c’est l’équilibre fragile entre une épargne disponible à tout moment et des financements à très long terme pour le logement social, la politique de la ville ou des missions d’intérêt général, qui a fait ses preuves depuis plus de cinquante ans qui est remis en cause.

Alors que les besoins en logements sociaux sont immenses – il manque environ 100 000 logements sociaux par an –, les opérations ont déjà beaucoup de mal à voir le jour, tant les conditions financières sont tendues. Qu’adviendra-t-il demain si la caisse des dépôts voit capter une partie de ses excédents, qui lui servaient justement par d’autres placements financiers à compenser des taux d’intérêts bonifiés et à garantir des opérations engagées à très long terme ? Le risque est grand que seuls les programmes, soutenus par ailleurs par les collectivités locales, puissent voir le jour. Compte tenu de la situation des finances locales, les opérations de logement social pourraient se réduire comme peau de chagrin .

Qu’en dit le ministère du logement et de l’aménagement des territoires, dirigé par Cécile Duflot ? Bien que directement concerné par la question, il est curieusement très silencieux sur le sujet. Il n’a pas répondu à nos questions pour savoir s’il avait été associé à la concertation sur le Livret A. Bercy semble avoir décidé seul que les financements pour le logement social étaient largement excédentaires.

Dérivation

C’est que le ministère des finances a d’autres vues sur cette manne. Tant d’argent ne saurait dormir dans des mains publiques. Il convient de le remettre dans le circuit monétaire, de le transmettre aux banquiers. Officiellement, il s’agit d’aider au financement des PME, objet de toutes les attentions politiques.

Mais en quoi ces quelques dizaines de milliards d’euros supplémentaires vont-ils faciliter l’augmentation des crédits des entreprises ? Des dispositifs, comme Oseo, sollicitant des milliards d’euros d’argent public, y compris du fonds d’épargne, ont été instaurés depuis des années. De leur côté, les banques gèrent déjà des centaines de milliards d’épargne des Français – la deuxième du monde – par le biais des assurances vie et des OPCVM. Pourtant, les entreprises ont toujours autant de mal à lever de l’argent, à trouver des capitaux, à augmenter leurs fonds propres et à obtenir des crédits.

Alors que font les banques de tout cet argent ? Selon Alternatives économiques, la distribution de crédit aux entreprises et ménages – c’est-à-dire les métiers traditionnels de la banque – représente 27 % de leurs activités. Pour le reste, il y a des activités de couverture et la spéculation sur les marchés.

Le financement des PME risque donc de n’être à nouveau qu’un prétexte. Mais l’important n’est pas là. Le pli est pris : la dérivation de l’épargne du Livret A est en place. Aujourd’hui, le ministère des finances peut dire qu’il ne s’agit que de 30 milliards d’euros. Demain, compte tenu de la fragilisation du système de financement du logement social qui sera mis en place, il sera aisé de dire que les excédents sont encore plus élevés, donc que plus d’argent encore doit aller aux banques. Simple vue de l’esprit ? Lorsque la distribution du Livret A a été accordée à toutes les banques en 2009, le gouvernement avait alors juré que le taux de centralisation de l’épargne collectée était de 70 %, et que tout était inscrit dans le marbre. On mesure aujourd’hui ce qu’il en est.

Ces changements sont tout sauf anodins pour les épargnants aussi. Pour l’instant, un épais silence entoure le statut futur de l’épargne conservée par les banques. Dans l’esprit des Français, les sommes placées sur le Livret A bénéficient de la garantie implicite de l’État. Mais ce ne sera plus le cas à l’avenir, pour une part d’entre elles. L’argent qui ne sera plus centralisé par la Caisse des dépôts mais conservé par les banques dépendra des banques elles-mêmes. Les montants déposés seront-ils inclus dans la garantie générale des dépôts fixée à 100 000 euros dans toute l’Europe ? Où y aura-t-il une extension de garantie particulière ?

Depuis la mise en faillite de Chypre en mars dernier, ces questions juridiques ne sont pas que des simples cas d’école. Les déposants des banques ont été mis directement à contribution lors du renflouement des banques chypriotes en faillite.

Ce qui devait être une exception est appelé à devenir la règle. Si les responsables européens n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur l’union bancaire, ils se sont entendus au moins sur une chose : à l’avenir, le modèle de résolution bancaire mis en œuvre à Chypre doit être la référence. Les actionnaires, les créanciers, et les déposants s’il le faut, doivent être appelés pour le renflouement. Cela change tout dans les rapports entre les clients et les banques. Compte tenu de l’opacité qui entoure le monde bancaire en France, qui peut être sûr que sa banque ne fera jamais faillite ? Dès lors, le Livret A, censé être sûr et rémunéré comme tel, ne peut plus être considéré comme un produit sans risque.

Se cachant derrière la technicité, le gouvernement feint d’ignorer ces bouleversements majeurs. Pire : ce nouveau cadeau fait aux banques – car il ne s’agit de mettre à leur disposition une liquidité qui leur fait cruellement défaut – n’est accompagné d’aucune exigence, d’aucune contrepartie.

Aucun contrôle ne semble être prévu sur l’utilisation par les banques de  l’épargne du Livret A. La leçon de la crise de 2008 aurait pu pourtant être retenue : à l’époque, 16 milliards d’euros, puisés déjà dans le Livret A, avaient été mis à leur disposition, pour assurer déjà le financement des PME. Comment a été utilisé cet argent ? Mystère. Mais à l’époque, les crédits aux PME se sont effondrés. Jamais les chefs d’entreprise n’ont autant parlé de leurs difficultés pour trouver des financements.

De même, le gouvernement n’a posé aucune condition au secteur bancaire pour l’obliger à diminuer sa taille et renforcer sa solidité. L’addition des bilans des trois premières banques françaises – BNP Paribas, Société générale et Crédit agricole – représente trois fois et demi le PIB de la France. Mais officiellement, elles n’ont aucun problème ni d’exposition, ni de taille, ni de fonds propres, ni d’engagements. Alors que, pour renforcer leur bilan, les banques allemandes ou britanniques font des augmentations de capital, à prix bradé s’il le faut, les banques françaises, elles, n’ont aucunement besoin de solliciter leurs actionnaires. Quand la Deutsche Bank annonce sa volonté de diminuer ses effets de levier d’un cinquième d’ici à 2015 – sur injonction discrète semble-t-il de la Bundesbank et du gouvernement allemand –, les banques françaises n’ont officiellement aucun besoin de diminuer leur bilan. Pourquoi le feraient-elles d’ailleurs ? Le gouvernement n’exige rien. Mieux : il leur offre l’épargne des Français.

 

 

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22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 16:14

 

Le Monde - Blog

 

 

Big Pharma n'avait pas besoin de cela... Un nouveau scandale éclabousse l'industrie pharmaceutique et si, à la différence du scandale du Mediator, cette affaire n'a heureusement pas fait de victime, elle éclaire d'une lumière crue les relations parfois ambiguës qui existent entre les géants du secteur et les scientifiques. Tout tourne autour d'une des molécules les plus utilisées dans le traitement contre l'hypertension artérielle, le valsartan. Ce médicament est commercialisé par Novartis sous le nom de Tareg en France et de Diovan pour des pays comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou le Japon. Il est considéré comme un "blockbuster" pharmaceutique, c'est-à-dire un médicament vedette : en 2010, le Diovan a ainsi constitué la meilleure vente de Novartis, avec un chiffre d'affaires mondial de plus de 6 milliards de dollars !

Si l'année 2010 a été l'année de tous les records commerciaux pour cette molécule, c'est en partie grâce aux résultats d'une étude japonaise publiée quelques mois plus tôt, le 31 août 2009, par le European Heart Journal. Pendant plus de trois ans, les auteurs de ce travail coordonné par le cardiologue Hiroaki Matsubara, alors professeur à l'Université préfectorale de médecine de Kyoto (KPUM, selon son acronyme anglais), ont suivi quelque trois mille personnes souffrant d'hypertension artérielle et présentant de forts risques de maladies cardiovasculaires. Certains patients prenait du valsartan tandis que les autres avaient un traitement d'un genre différent. Résultat : en plus de son effet antihypertenseur, la molécule de Novartis réduisait de manière si significative les risques d'angine de poitrine et d'accident vasculaire cérébral que les chercheurs décidèrent d'interrompre prématurément l'étude. Ils jugeaient en effet non-éthique de ne pas donner du valsartan à tout le monde étant donné les bénéfices qu'apportait sa prise dans le domaine cardiaque. Evidemment, le géant suisse de la pharmacie ne se priva pas de mettre ce résultat spectaculaire en avant pour la promotion du médicament.

Mais la "success story" prend ensuite un curieux tournant. En 2011, des blogueurs signalent des anomalies dans plusieurs articles d'Hiroaki Matsubara. Les revues ayant publié les travaux du cardiologue nippon commencent à les examiner d'un peu plus près. Début 2013, deux de ses études traitant des effets du valsartan sont retirées par le Circulation JournalEt, quelques jours plus tard, le 1er février, le coup de tonnerre arrive : l'étude du European Heart Journal est à son tour retirée. Cela signifie, concrètement, que ses résultats sont considérés comme nuls et non avenus. Comme c'est souvent le cas en la matière, la notice de rétractation est extrêmement laconique : elle fait juste état de "problèmes cruciaux" dans certaines des données. Quels problèmes exactement ? Alors qu'Hiroaki Matsubara démissionne de son poste à la KPUM, cette dernière lance une enquête dont les conclusions ont été rendues publiques par Toshikazu Yoshikawa, le président de l'université, le 11 juillet.

Ces conclusions sont accablantes, pas tant pour Hiroaki Matsubara, dont le degré de responsabilité n'est pas établi, que pour la recherche biomédicale tout court. C'est un cas d'école de la manière dont la science peut être manipulée sous l'influence d'un lobby industriel. L'enquête a en effet révélé que des données sur les participants avaient été falsifiées pour faire apparaître les fameux "bénéfices" concernant les angines de poitrine et les AVC. L'université a épluché les dossiers médicaux de 223 patients de l'étude de Kyoto et s'est aperçue que pour 34 d'entre eux, on avait pris en compte de fausses informations : pour les personnes du groupe recevant du valsartan, on avait minoré les problèmes cardiaques subséquents et, pour les patients du groupe témoin, on avait exagéré lesdits problèmes. C'est de cette manipulation que sont nés les fameux effets positifs de la molécule. La commission d'enquête a refait les calculs : si l'on ne tient pas compte de ces 34 dossiers, ces bénéfices disparaissent (ce qui ne remet en revanche absolument pas en cause l'efficacité du médicament comme antihypertenseur).

L'affaire est déjà grave en elle-même mais il y a pire encore. Bien que les enquêteurs n'aient pas pu déterminer qui avait falsifié les données, ils ont découvert qu'une des personnes impliquées dans leur gestion était employée par... Novartis, ce qu'a reconnu la firme suisse dans un communiqué publié le lendemain de la conférence de presse. Ce conflit d'intérêt manifeste n'était évidemment pas signalé dans l'étude. De plus, selon l'agence de presse Kyodo News, l'employé de Novartis en question a participé à des essais sur le valsartan conduits par d'autres universités japonaises, lesquelles vont devoir en vérifier les résultats à la loupe. Dernière information et pas la moindre, dans l'article (payant) qu'elle vient de consacrer à ce scandale, la revue Science souligne que le laboratoire d'Hiroaki Matsubara a reçu, pour ses recherches, environ 1,4 million de dollars de la part de – devinez qui ? – Novartis, encore et toujours.

Ces liaisons dangereuses entre scientifiques et industriels ne sont pas pour renforcer la confiance du public dans les résultats de la recherche appliquée. Pour la petite histoire, le 11 juillet, Toshikazu Yoshikawa, le président de la KPUM, a, avec deux de ses collègues, présenté des excuses publiques au nom de l'université. A la japonaise, c'est-à-dire en s'inclinant beaucoup. Alors qu'il n'a aucun lien direct avec cette affaire, il a annoncé que, endossant la responsabilité du scandale, il allait rendre son salaire. Sans préciser combien de mois.

Pierre Barthélémy (suivez-moi ici sur Twitter ou bien là sur Facebook)

 

 

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22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 15:51

 

Marianne

 

Lundi 22 Juillet 2013 à 13:52
Victoria Belz

 

Depuis 8 ans, l'UNEF pointe dans ses rapports annuels les mauvaises pratiques des universités, notamment en matière d'inscription. Sans surprise, cette année encore il y a les bons et les mauvais élèves, dont certains sont même hors la loi.

 

Illustration, La Sorbonne - STEVENS FREDERIC/SIPA
Illustration, La Sorbonne - STEVENS FREDERIC/SIPA
Dénoncées, critiquées, les mauvaises pratiques des universités courent toujours. On connaissait l'escamotage de frais illégaux lors des inscriptions, on devinait la sélection en première année de Licence... selon le rapport annuel de l'UNEF, les étudiants continuent d'y être confrontés. Pour le premier phénomène, rien de nouveau.

Il s'agit pour les universités de facturer des frais supplémentaires, notamment liés à des activités comme le sport ou encore l'informatique. 50 établissements étaient concernés en 2005. Ils ne sont plus que 24, avec à la première place du classement, l’Institut National Polytechnique de Toulouse. Les étudiants sont priés d'y débourser 9000 euros de plus pour être inscrits administrativement. D’après l’UNEF, ce sont toujours les mêmes établissements, les « irréductibles » à être hors la loi.

Par ailleurs, toujours selon le rapport « de plus en plus d'établissements choisissent de limiter le nombre de places disponibles dans leurs licences par un processus de sélection » ; 27 universités au total, en parfaite illégalité. « Nouvelle tendance » ? Pas vraiment. Cela fait plusieurs années que certaines facs ont recours à ce genre de méthodes pour pallier à la fois les déficits et le défaut de renommée car le « manque de moyens » obligerait les universités à rentabiliser les candidats.

50% des établissements risquent de connaître une situation de quasi faillite l’année prochaine, ce qui les conduit à préférer « réduire le nombre d’étudiants plutôt que d’affecter leurs moyens à l’embauche d’enseignants et au maintien de leurs capacités d’accueil ». Cette fois, le bonnet d'âne revient à l’université de Savoie suivie de près par Bordeaux 1.

Des pratiques d’admission qui poussent naturellement les élèves à se rabattre sur des filières privées. Problème : les frais d’inscription sont bien plus élevés. Pour le premier syndicat étudiant de France la solution est simple : l’Etat doit prendre ses responsabilités et permettre enfin à chaque bachelier d’accéder à une formation publique de qualité.
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22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 15:07

 

Marianne

L’UDI et le CNIP : les liaisons dangereuses
Lundi 22 Juillet 2013 à 17:26

 

Lou Marillier

 

 

Gilles Bourdouleix en 2004 - RICLAFE/SIPA
Gilles Bourdouleix en 2004 - RICLAFE/SIPA
« Comme quoi, Hitler n’en a peut-être pas tué assez… » Parmi les dérapages dont ont été victimes les gens du voyage ces derniers temps, celui du député-maire UDI (!!) de Cholet, Gilles Bourdouleix, est en bonne voix pour obtenir la palme. Il aurait aussi invoqué les « 22 sacs à merde ramassés la dernière fois par les agents de la ville » et la supposée consanguinité des gens du voyage : « eux, la moitié des enfants sont entre pères, grands-pères »

 

Ces propos ont été tenus alors qu’il visitait dimanche le terrain alloué par sa mairie le long de la route de Nantes aux gens du voyage, tous membres de la mission évangélique « Vie et Lumière », qui arrivaient de Tours. 150 caravanes ont occupé une surface qui ne dispose que de 30 places – ce qui a ulcéré l’élu, qui a menacé de démissionner dès ce soir si rien n’était fait.

Il dément cependant avoir tenu de tels propos et a assuré à Ouest-France ce matin avoir seulement marmonné « Si j’étais Hitler, ils seraient tués ici », en réponse à une personne qui l’aurait accueilli  avec un « Heil Hitler ». Le courrier de l’Ouest, qui a dévoilé l’incident ce matin, a depuis mis en ligne l’enregistrement - on y entend distinctement le député prononcer la phrase incriminante.

 

Jean-Christophe Lagarde, secrétaire général du Parti, a annoncé qu’« à partir du moment où la preuve est publiée, nous ne pouvons que décider de l'exclusion » jugeant les propos « inqualifiables et incompatibles avec les valeurs de l'UDI. » Yves Jégo condamne également l'élu sur Twitter « Les propos rapportés par le #CourrierdelOuest sont ignobles et inacceptables. L'exclusion de l'UDI de leur auteur doit être immédiate. »

 

Le « g9 de l’UDI », qui réunit les pontes du Parti, devrait statuer sur l’exclusion de l’élu dès cet après-midi. Pour autant, si l’on en croit Jean-Louis Borloo, qui assure désapprouver de la « manière la plus formelle » les propos de M. Bourdouleix, il faudra attendre la réunion du comité exécutif du Parti mercredi 28 juillet pour connaître « les suites inévitables à donner …» Si la réaction des élus de l’UDI à la déclaration de M. Bourdouleix est aussi rapide que véhémente, c’est que personne n'ignore que cette dernière risque de mettre en doute l'UDI de « centre-droit modéré » prôné par Jean-Louis Borloo.

 

Qui est Gilles Bourdouleix? A la tête du Centre National des Indépendants et Paysans, (le CNIP), parti dont les idéaux se situent plutôt à la droite de l’UMP - malgré avoir rallié l’UDI en novembre 2012, l'homme politique flirt avec l’aile droitière de la droite lui qui avait été allié au parti « Debout la République » en 2010, puis en 2011 au Parti chrétien-démocrate de Christine Boutin - Une aile dans laquelle se reconnaissent d'autres membres du parti, à l'instar de François Lebel, maire du 8ème arrondissement de Paris, qui s'interrogeait notamment en octobre dernier sur le mariage pour tous : « comment s'opposer demain à la polygamie en France (…), Pourquoi l'âge légal des mariés serait-il maintenu ? Et pourquoi interdire plus avant les mariages consanguins, la pédophilie, l'inceste(…)?»


Au fil de ces déclarations, l’image du bon vieux Borloo, maître de « l’UDF du 21ème siècle », loin des turpitudes de la droite Forte se fissure lentement, mais sûrement… Au lancement de l'UDI, Jean-Louis Borloo, souhaitant détrôner le MoDem de François Bayrou, annonçait en effet son désir de faire du parti l’héritier d’un centre droit rassembleur, pro-européen et progressiste. Le CNIP, qui n’avait pas réussi à obtenir sa place au sein du parti crée en 1978 par Valéry Giscard d’Estaing – ce dernier s'y étant opposé - adhérait à l'UDI en octobre, assurant conserver « son  indépendance et son identité ». Il ne faillit pas à ses promesses. Jean-Louis Borloo, de son côté, joue en de moment même sa crédibilité, déjà bien entamée... 

 

 


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22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 14:48

 

 

Le Monde.fr

22.07.2013 à 15h35 • Mis à jour le 22.07.2013 à 16h40 | Par Simon Piel

 

 
 
Le benfluorex, composant du Mediator, est interdit dès 1995 dans les préparations en pharmacie. Le Mediator est lui resté en vente jusqu'en 2009.

L'instruction des magistrats du pôle santé de Paris, Pascal Gand, Sylvie Lefaix et Claire Thépaut, saisis du scandale sanitaire du médicament Mediator produit par les laboratoires Servier, connaît de nouveaux développements. La semaine passée, cinq acteurs du dossier, déjà entendus dans le cadre de l'information judiciaire ouverte à Paris en février 2011, ont été mis en examen portant à 21 le nombre de personnes mises en causes dans cette affaire.

Parmi eux, quatre médecins qui ont été membres de la commission d'autorisation de mise sur le marché (AMM), qui dépend de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM, anciennement Afssaps). Comme son nom l'indique, cette instance est notamment chargée de donner un avis au directeur général de l'ANSM concernant les demandes d'autorisation de mise sur le marché d'un médicament, ou leurs renouvellements.

 

MISSIONS RÉMUNÉRÉES PAR UNE SOCIÉTÉ TIERCE

Charles Caulin, professeur de médecine à l'hôpital Lariboisière et ancien président de la commission d'AMM à l'Afssaps entre 1993 et 2003 a été mis en examen pour "participation illégale d'un fonctionnaire dans une entreprise précédemment contrôlée", un délit puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende. Il lui est notamment reproché les liens qu'il aurait entretenus avec les laboratoires Servier, comme consultant entre 2004 et 2006, après avoir quitté la présidence de la commission d'AMM. Missions dont les factures auraient été émises par une société tierce.

Jean-Roger Claude, un autre médecin ayant siégé à la commission d'AMM, a lui été mis en examen pour "prise illégale d'intérêt" sur une période allant de 1984 à 2011, une infraction punie de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. Il est mis en cause pour avoir été rémunéré par les laboratoires en tant que consultant alors qu'il siégeait à la commission d'AMM.

Son nom était déjà apparu à plusieurs reprises dans la procédure. Il avait d'abord été accusé d'avoir participé à des délibérations de l'Afssaps sur le Mediator, une participation qui aurait été incompatible du fait de ses "conflits d'intérêts" avec Servier pour qui il a exercé des missions de consultant. Plus tard, un médecin membre de la commission d'AMM, dont le témoignage avait été révélé par Libération, avait confié aux magistrats avoir été menacé par un autre membre de la commission "de façon très agressive". Selon le quotidien, Irène Frachon, la pneumologue qui a mis au jour les risques, avait révélé aux enquêteurs que l'auteur des menaces n'était autre que Jean-Roger Claude.

 

 LE VOLET TROMPERIE S'ÉPAISSIT AUSSI

Bernard Rouveix et Michel Detilleux, tous les deux médecins à l'hôpital Cochin, qui ont eux aussi siégé à la commission d'AMM, ont également été mis en examen pour "prise illégale d'intérêts". Concernant M. Rouveix, il lui est reproché d'avoir joué un rôle de consultant chez Servier tout en siégeant à la commission d'AMM entre 2004 et 2008. Ses prestations auraient été facturées à une autre société, l'entreprise de conseil Cris, dont le nom est déjà apparu dans le dossier.

Dans le volet dit "conflit d'intérêt", ces nouvelles mises en examen interviennent notamment après celles, en février, de deux pontes de l'agence du médicament. Jean-Michel Alexandre, l'ex-directeur de l'évaluation des médicaments, a gagné près d'un million d'euros pour ses conseils dispensés au laboratoire après son départ de l'agence.

Quant à Eric Abadie, le représentant de la pharmacovigilance et patron du comité européen du médicament, sa femme fut pendant six ans l'avocate de l'industriel. Le premier avait été mis en examen pour "participation illégale d'un fonctionnaire dans une entreprise précédemment contrôlée",  le second pour "prise illégale d'intérêts". Le 19 mars, l'ANSM avait été mise en examen pour "homicide et blessures involontaires".

 

Lire :  Les juges qui enquêtent sur le Mediator ont mis au jour la faillite du système anti-conflits d'intérêts


Le volet "tromperie" s'épaissit lui aussi un peu plus. Le professeur Jean Charpentier a été mis en examen pour "corruption", "complicité de tromperie" et "complicité d'obtention indue d'autorisation". Consultant chez Servier depuis 1965, c'est lui qui a rédigé les études destinées à obtenir l'autorisation de mise sur le marché du Mediator en 1973, en tant qu'expert pharmacologue agréé par le ministère de la santé. Lors de son interrogatoire, en juillet 2011, il avait expliqué que son travail avait été modifié, afin que le Mediator soit reconnu comme antidiabétique. Il avait aussi confirmé que les références à l'effet anorexigène du Mediator, ainsi que sa parenté avec l'amphétamine avait été supprimées. Les juges semblent avoir considéré que M. Charpentier avait sa part de responsabilité dans l'élaboration de ce rapport qu'il avait signé.

Autre fait troublant, comme il l'avait reconnu lui-même, Servier a continué à le rétribuer jusqu'en 1995 pour des missions peu définies. "Il me revient que j'établissais des notes d'honoraires trimestrielles à l'adresse de Servier jusqu'en 1995 alors que je ne faisais pratiquement plus rien pour eux depuis 1978-1979", avait déclaré Jean Charpentier.

Commercialisé en 1976, le Mediator, présenté par Servier comme un antidiabétique, a finalement été interdit en 2009 après que le risque de complications cardiaques et pulmonaires a été mis au jour par une pneumologue de Brest, Irène Frachon. Selon le dernier rapport d'expertise, le médicament pourrait faire entre 1 300 et 1 800 morts à long terme.

 

Lire aussi : Affaire du Mediator : le point si vous avez raté un épisode


Simon Piel

 

 

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22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 14:35

 

Médiapart

|  Par Martine Orange

 

 

Au premier trimestre, la moyenne de l’endettement des pays européens s’est élevée à 92,2 %, selon Eurostat. Grèce, Portugal, Italie, Espagne, Irlande, Chypre plongent sous le poids des plans de sauvetage.

 

C’est une nouvelle preuve du succès de la politique d’austérité imposée dans toute l’Europe. Au premier trimestre 2013, la moyenne de l’endettement des pays de l’Union européenne s’est située à 92,2 % du PIB, contre 90,6 % au quatrième trimestre 2012, selon les derniers résultats publiés lundi 22 juillet par Eurostat. A l’exception de la Lettonie, du Danemark et de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne, de la Bulgarie et de l’Estonie, tous les pays de l’Union européenne ont enregistré une augmentation de leur endettement sous l’effet combiné de la récession économique et d’une chute des rentrées fiscales. Pour rappel, la moyenne de l’endettement européen en 2007 était de 62,2 % du PIB. 

 

© eurostat

Les pays les plus endettés sont tous ceux qui ont eu recours aux plans de sauvetage européen, Troïkaland comme les a nommés le Guardian. En tête, on retrouve donc la Grèce (160 % du PIB), l’Italie (130 %), le Portugal (127 %) et l’Irlande (125 %). Ces pays sont aussi ceux qui ont connu la plus forte augmentation de leur endettement en un an. Entre le premier trimestre 2012 et le premier trimestre 2013, la Grèce a vu son ratio d’endettement augmenter de 24 %, l’Irlande de 18,3 % l’Espagne de 15,2 %, le Portugal de 14,9 points et Chypre de 12,6 points. Ce n’était pas exactement ce qui avait été prévu dans le cadre des plans de sauvetage.

Prenant ses distances avec les mesures imposées par l’Europe, le FMI – qui semble décidé à ne plus participer à d’autres plans de sauvetage – a fait savoir que de nouvelles restructurations de la dette en Grèce seraient inévitables. Il estime aussi qu’un deuxième plan de sauvetage est impératif au Portugal.

Lors de son voyage à Athènes vendredi 19 juillet, le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, a indiqué qu’il refusait de parler d’un tel sujet, qu’une restructuration n’était pas bonne et qu’il fallait oublier le sujet. Au moins jusqu’aux élections allemandes le 22 septembre. Quant à un deuxième sauvetage du Portugal, en pleine déconfiture politique, la question est aussi exclue à la commission européenne.

Dans un grand élan, les responsables européens préfèrent souligner l’attraction inchangée de l’Europe, avec l’adhésion prochaine de la Lettonie à l’euro et la demande de la Lituanie de les rejoindre. Deux pays exemplaires, selon les statistiques d’Eurostat.

 

 

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22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 14:20

 

 

Rue89

Tribune 22/07/2013 à 15h58
Olivier Laurelli | @Bluetouff

 

 


Capture d’écran de la page d’accueil du site de Carla Bruni

 

Voir le document

(Fichier PDF)

 

Depuis deux jours, ça trolle assez sec sur Twitter au sujet du site web de Carla Bruni-Sarkozy. A l’origine, un rapport de la cour des comptes [PDF], et un article publié sur Politique.net, qui révèlent que le site de l’ancienne première dame aurait coûté 410 000 euros au contribuable.

A ce prix, là on s’attend naturellement à une véritable merveille, d’une qualité de code irréprochable, d’un design somptueux, d’une horde de hackers chinois qui met à jour le site toutes les heures… Bref, quelque chose de bling bling et bien vivant.

Je suis donc naturellement allé jeter un œil, et assez rapidement, j’ai pu prendre la mesure de la catastrophe.

Un site « cheap » et trois surprises

Making Of

Olivier Laurelli, alias Bluetouff, est un hacker, cofondateur du site Reflets.info, spécialiste bien connu de la sécurité des communications.

 

Il pique ici (et sur son blog) une colère après la révélation par la Cour des comptes du coût du site de Carla Bruni-Sarkozy lorsqu’elle était première dame de France. Non pas sur le principe, mais avec un regard d’expert, sur le montant de la facture au regard des prestations qu’il décortique dans le moindre détail. Accrochez-vous. P.H.

Première surprise, à ce prix là, on s’attend à une technologie exotique, avec de nombreux développements spécifiques… et paf, on tombe sur un WordPress, le même CMS utilisé pour mon blog [sur lequel cette note de blog a été publiée originellement, ndlr] ou pour Reflets.info.

Si je devais chiffrer techniquement le développement d’un site comme Reflets.info, ce dernier n’excéderait pas les 4 000 euros pour une petite semaine de customisation de skin et modules. Comment celui de Carla Bruni Sarkozy a t-il pu être facturé 100 fois plus cher ?

Visiblement, ce coût exorbitant n’est pas imputable aux postes infogérance (semble-t-il réalisée par Integra, à en croire les DNS et le whois de l’ip du serveur qui héberge le site) et maintenance applicative.

Car, c’est une autre surprise de taille, le WordPress n’est techniquement pas maintenu. Le fichier readme.html arbore fièrement une version 3.0.4. Une version qui date quand même du 29 décembre 2010. Depuis 2010, le WordPress à 410 000 euros, financé par nos impôts, n’a pas été mis à jour. A titre d’information, nous en sommes, à l’heure où nous écrivons ces lignes, à la version 3.5.2 !

Troisième surprise (et pour le coup vu la seconde, ce n’est pas franchement une surprise), le site de Carla Bruni Sarkozy est une véritable passoire. On en déduira donc que les 410 000 euros du budget de ce site ne sont pas non plus imputables à des audits de sécurité réguliers. C’est un véritable festival niveau vulnérabilités…

On commence par un beau XSS dans le module d’upload de média en flash dans l’admin (impact limité car ceci implique un accès à l’admin). On a ensuite la possibilité de se servir du site pour scanner des cibles en exploitant une vulnérabilité dans l’API XMLRPC des rétroliens. Toujours au niveau des rétroliens, on notera diverses autres vulnérabilités

Une base moisie

Quand on part d’une base aussi moisie, on se doute bien que niveau plugins, ça doit un peu être la fête du slip/string…Bingo !

On arrive dans le plus violent avec ce module très populaire, NextGEN Gallery, ici, comme le montre le fichier changelog.txt du module, dans sa version 1.3.5 datée du 17 juillet 2009. Aujourd’hui, nous en sommes à la version 1.9.13. Évidemment ce plugin, dans cette version antédiluvienne, est vulnérable à quelques joyeusetés

Un XSS par ci, un XSS par là... Encore un petit par là, et un splendide upload arbitraire de fichiers images. Le site utilise un autre plugin vulnérable à un XSS, le plugin Subscribe2.

Si les 410 000 euros n’ont ni servi à l’infogérance, ni à la veille sécurité, ni à l’administration système et aux mises à jour pro-actives, ni aux développements spécifiques de fonctionnalités extraordinaires, ce budget à peut être servi à autre chose, comme le design.

La skin aurait donc été développée par Zeni (site aujourd’hui disparu mais dont on trouve encore des traces sur la waybackmachine), « concepteur de sites web complexes », aujourd’hui racheté par Keyrus, spécialiste en « business intelligence ».

Comme le montre ce joli full path disclosure renvoyé par une fatal error, le nom du thème est TAMAYA-V2. Mouais… ben ça fait quand même un peu cher la skin.

Il y a bien un petit hack du plugin zdmultilang, comme en atteste le répertoire zdmultilang-forked dans le répertoire de plugins, mais quand on voit comment il a été utilisé, on se dit que même si le fork a représenté du développement, c’était en pure perte : de simples pages statiques, intelligemment nommées, auraient parfaitement fait l’affaire.

Huit collaborateurs pour poster des billets

Il nous reste donc la gestion de contenus : le site est encore mis à jour, mais aux frais de la fondation cette fois-ci. Politique.net nous explique qu’il a coûté au contribuable la bagatelle de plus de 25 000 euros par mois ! Mais combien étaient-ils pour poster des billets dans un WordPress ? !

A cette occasion, Matignon avait glissé qu’auparavant, deux prestataires externes assuraient la gestion du site de Carla Bruni, pour un coût de 25 714 euros par mois.

Mais ce n’est pas tout, car il a bien fallu faire vivre les contenus du site et là, c’est le NouvelObs qui nous annonce la couleur : soit 8 collaborateurs, pour une rémunération nette globale de plus de 36 000 euros. Soit en tout plus de 61 000 euros par mois pour faire fonctionner un WordPress qui n’a jamais été mis à jour.

Les services du Premier ministre avaient complété cette réponse d’une comparaison avec le dispositif dont bénéficiait Carla Bruni-Sarkozy, qui n’était pas nommément citée :

« Huit collaborateurs étaient affectés au service de la première dame en janvier 2012, pour une rémunération mensuelle nette globale de 36 448 euros.

A celle-ci s’ajoutaient tous les mois les facturations de deux prestataires externes assurant pour la première dame la gestion d’un site internet pour un montant de 25 714 euros, soit une dépense mensuelle totale de plus de 60 000 euros. »

Le contribuable s’est fait escroquer

Pour avoir vu un paquet de sites WordPress, du modeste blog à l’Intranet de la mort avec des tonnes de développements spécifiques, je dois dire que je reste sidéré par le coût pour le contribuable de ce site, si mal entretenu.

Je suis en train d’essayer de me contenir, mais voilà, il faut que ça sorte, le contribuable s’est fait escroquer, c’est pour moi une évidence. Les ingrédients pour arriver à ça sont :

  • des prestataires multiples ;
  • une gestion de projet qui respire l’incompétence ;
  • des choix techniques douteux (des hacks de plugins qui ne sont plus maintenus, et qui empêchent les mises à jour) ;
  • une folie des grandeurs ;
  • et un doigt tendu bien haut au contribuable.

 

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22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 14:07

 

Rue89

Le Yéti - voyageur à domicile

Publié le 22/07/2013 à 10h20

 

 


Christiane et les siens (Jean-Claude Rocle)

 

On vous l’a déjà dit, le travail, c’est mort. Il n’y en a plus pour tout le monde, surtout passé la cinquantaine. Christiane Cazard, 52 ans, est bien placée pour le savoir. Mais comme tous les gens d’à côté un tant soit peu débrouillards, et « pour ne pas péter un câble », elle s’est acharnée à imposer sa propre utilité sociale.

Christiane vit seule avec son fils Tony dans la vieille ferme fatiguée de ses parents, au cœur du Quercy. Fin 2010, elle a perdu son dernier emploi (un mi-temps payé des clopinettes), la mort dans l’âme. Elle se montre très docile avec Pôle emploi, se rend aux rendez-vous qu’on lui fixe, fait les stages qu’on lui demande. En pure perte.

« Un découvert bancaire, jamais ! »

Aujourd’hui, ses seuls revenus :

  • environ 480 euros mensuels d’allocation spécifique solidarité ;
  • plus 210 euros de pension alimentaire versée par le père de Tony.

« De toute façon, trouver un emploi, ce n’est plus dans mes moyens. Il me faudrait être mobile, donc quitter la ferme familiale et prendre une location. Pour quelques centaines d’euros en plus – ici, plus personne ne peut espérer un salaire supérieur au smic – je devrais payer un loyer et des frais de déplacement bien plus élevés. »

Alors Christiane vit de débrouille et d’entraide avec des voisins de galère, « tous logés à la même enseigne dans les milieux ruraux ». Ses seules priorités financières : payer les factures (« un découvert bancaire, jamais ! ») et assurer l’avenir de son fils qui, soit dit en passant, participa à l’effort collectif en empochant une prime au mérite de 800 euros après avoir obtenu son brevet avec mention.

La généalogie avec passion et démesure

Mais ne va pas croire, cher lecteur, que la vie de Christiane cède à une quelconque morosité. Car Christiane est une passionnée du genre enragée. Après la spéléologie et l’organisation, six années durant, de balades à thèmes pour les enfants et les personnes âgées (« le Lot est très touristique »), voilà qu’elle se piqua de généalogie.


Fac-similé de la lettre du caporal fourrier Battut (C. Cazard)

 

« Le déclic s’est produit avec la découverte d’une longue lettre [PDF] d’un lointain ancêtre qui avait fait la désastreuse campagne d’Egypte avec Bonaparte de 1798 à 1801. Sur 40 000 hommes, 1 000 rescapés, écrit-il dans la lettre. On avait les témoignages d’historiens, de botanistes, de dessinateurs, mais pas celui d’un caporal fourrier blessé lors de l’expédition. »

Du coup, Christiane a tenté de reconstituer ce passé en courant de registres en registres, remontant jusqu’à 1650, quand les registres paroissiaux n’avaient pas encore été remplacés par ceux de l’état-civil, nés avec la Révolution.

Et elle ne se contenta pas de bâtir son propre arbre généalogique. Elle constitua des « milliers et des milliers » de fichiers de communes entières, retraçant l’histoire pointilleuse de toute une région. Elle se mit en contact avec des groupes de discussions spécialisés sur le Net, reçoit sans cesse des demandes d’internautes auxquels elle répond scrupuleusement.

Passer du travail à la fonction sociale

Bref, un « travail » à temps plein qui excède largement les trente-cinq heures hebdomadaires, qui lui vaut la reconnaissance émue de ses pairs, partout en France et jusqu’en Argentine, et même d’historiens reconnus... mais qui ne lui rapporte pas un sou ! Car tout ce que réalise Christiane l’est à titre bénévole. Fin 2013, Christiane la chômeuse suractive arrivera en fin de droits et passera au RSA (Revenu de solidarité active).

Nous sommes-là dans le cas typique et désolant où une vraie fonction sociale n’est pas reconnue au titre de « vrai » travail, où la production de valeurs utilitaires indéniables n’induit pas une production de valeurs financières équivalente pour les intéressés. Aujourd’hui, de plus en plus de fonctions sociales échappent ainsi au cadre étriqué de l’emploi rémunéré.

Mais Christiane ne se préoccupe guère de ces considérations politiques. D’administrations en administrations, elle poursuit la quête inlassable de ces chers registres et se contente de vivre du mieux qu’elle peut, en harmonie avec ses congénères immédiats, humains ou animaux. Anes, chiens, oies belliqueuses, poules, lapins, chinchilla transforment régulièrement sa vieille ferme en véritable arche de Noé.

On la vit même, un soir d’apéro nocturne, inviter une chouette chevêche en imitant son cri. C’est la chouette qui commença, au loin. Christiane lui répondit. A l’issue d’un long échange, l’ombre du volatile vint se jucher sur un poteau électrique, juste au-dessus de la terrasse où les convives sirotaient leurs breuvages dans un silence de cathédrale.

 

 

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21 juillet 2013 7 21 /07 /juillet /2013 13:42

 

Médiapart

|  Par Antoine Perraud

 

 

 

On ne soigne plus – trop long –, on neutralise toute détresse psychique, dès la première alerte. Histoire de soumettre chacun aux normes et aux performances qu'exige la société capitaliste. Telle est la démonstration d'un médecin, Georges Zimra, dans Les Marchés de la folie (Ed. Berg International). Rencontre.

 

 

Le psychiatre et psychanalyste Georges Zimra, qui partage son activité entre une unité d'accueil parents-enfants et son cabinet privé, publie une démolition argumentée de nos sociétés libérales offertes aux lois du capitalisme : Les Marchés de la folie (Éd. Berg International). L'humain, en vue de se montrer performant, doit être rentabilisé, donc se soumettre aux injonctions et aux normes, pour « faire de son désir un besoin et de sa liberté une habitude »...

 

 

Il y avait eu l'essai fondateur d'Alain Ehrenberg sur la domination de la pensée libérale et ses ravages : La Fatigue d'être soi. Dépression et société (Odile Jacob, 1998). Voilà dix ans, le journaliste allemand Jörg Blech, dans Les Inventeurs de maladies (Actes-Sud, 2003), avait montré comment une agence de relations publiques au service d'un fabricant de psychotropes propagea le “syndrome de Sissi” (trouble consistant à masquer un effondrement sous une jovialité de façade...). De son côté, Philippe Pignarre, observateur des fabricants de médicaments, a dénoncé les régulateurs d'émotions, les adaptateurs de comportements, les optimisateurs d'humeur : Le Grand Secret de l'industrie pharmaceutique (La Découverte, 2003).

Georges Zimra enfonce le clou avec conviction. Il souligne la responsabilité des laboratoires qui impriment désormais la cadence psychique dans le monde développé. Il rappelle en particulier comment, vis-à-vis des enfants, le commerce de la santé promeut des troubles ensuite alignés sur des produits (notamment la Ritaline). Et l'auteur d'asséner : « La psychiatrie est probablement, de manière caricaturale, la seule discipline médicale où les molécules thérapeutiques sont d'abord trouvées avant de trouver les maladies auxquelles elles sont destinées. »

 


 

Georges Zimra écrit dans Les Marchés de la folie : « La haine dont la psychanalyse a été l'objet ces dernières années est liée à ce qui résiste à l'homogénéisation des consciences et des pensées, au calcul, à l'évaluation, à la massification des hommes, dont l'illusion et le trompe-l'œil ont fabriqué un hyperindividualisme qui n'est rien d'autre que la ruse du marché pour penser la masse sous le manteau de l'ego. Haine de l'irréductible singularité du sujet, dont on voudrait que ses signifiants fussent statistiquement répertoriés comme des objets inertes, scannérisés après chaque geste, chaque parole, chaque acte, pour en faire des objets de calcul. »

Concluons sur la disparition du sujet, étouffé sous l'individu ayant intériorisé sa valeur, décrétée par et pour la société marchande, ainsi que le résume ce mot d'ordre d'un fabricant de... cosmétiques : « Parce que je le vaux bien ! » Comment, par-dessus le marché, différencier souffrance et injustice, thérapies et inégalités sociales, approche

compassionnelle et combat politique ?... 

 

 

 


Georges Zimra : Les Marchés de la folie (Berg International, 144 p., 16 €)





Retrouvez l'édition participative de Mediapart : Contes de la folie ordinaire : http://blogs.mediapart.fr/edition/contes-de-la-folie-ordinaire

 


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