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1 août 2013 4 01 /08 /août /2013 17:22

 

Rue89

Enquête 31/07/2013 à 09h52
Romain Lescurieux | Journaliste
Mario Bompart | Journaliste

 

Surveillance abusive, conditions de travail épuisantes, non-respect du droit de grève : Chronopost et son sous-traitant Derichebourg vont loin pour tenir les délais.

 


Dans un bureau de poste à Caen, le 22 décembre 2008 (MYCHELE DANIAU/AFP)

 

Trustpilot, site de critiques et recommandations sur les entreprises, attribue la note désastreuse de 1,8/10 à Chronopost. Fondée sur près de 300 avis d’internautes, cette note est le reflet des plaintes fréquentes à l’égard de la filiale de La Poste. Retards dans la livraison, perte ou détérioration des colis, les motifs de grogne touchent différents maillons de la chaîne de distribution.

Amazon, Pixmania ou encore Priceminister : toutes ces grandes enseignes traitent la livraison de leurs marchandises avec Chronopost. Préparé dans l’entrepôt du e-marchand, le colis se dirige ensuite vers une des 74 agences du groupe, qui s’engage à vous livrer le lendemain, avant 13 heures. La cadence infernale s’enclenche.

Le colis est orienté vers un des six « hubs » (plateformes de transit) français : Montpellier, Poitiers, Lyon-Corbas, Chilly-Mazarin et deux à Roissy. Ouvert en 2006, le site de Chilly-Mazarin, dans l’Essonne, traite à lui seul 60% du trafic national. Selon Chronopost, il s’agit du « centre de tri le plus performant d’Europe avec une cadence maximale de 30 000 colis par heure ». Ici, au bord de l’A6, pas moins de 450 déplacements [PDF] de camions sont effectués au quotidien.

Chronopost affiche fièrement son slogan : « Demandez à Chronopost, ça ira plus vite. » Mais cette célérité est permise par la sous-traitance. A son arrivée au hub de Chilly-Mazarin, votre colis n’est pas traité par un salarié du groupe mais par un employé de Derichebourg, société privée axée sur le nettoyage.

« La sous-traitance, de l’esclavage moderne »

A première vue, aucun lien entre la filiale de La Poste et Derichebourg. Loin de supposés postes d’agents d’entretien, ils sont 150 salariés employés pour charger et décharger les camions, de jour comme de nuit. Un moyen de « réduire les coûts de production » à un moment où « le groupe réalisait pourtant 40 millions d’euros de chiffre d’affaires », confie Eugène Urbino, délégué SUD de Chronopost.

Les syndicalistes disent ne pas être dupes. Pour Abichou Nizar, délégué CGT Derichebourg :

« Chronopost sous-traite car ses salariés se révoltaient trop à son goût. La sous-traitance, c’est de l’esclavage moderne. »

Mohamed, 41 ans, embauché sur le site depuis 2007, ressent un manque de confiance :

« Lorsqu’un camion arrive, les portes sont scellées. Un “Chronopostier” vient l’ouvrir, à nous de le vider ! »

Sous le vacarme des avions qui se posent sur les pistes d’Orly juste derrière, la pression est physique et morale. Sofiane (prénom d’emprunt), intérimaire de Derichebourg, explique :

« Les conditions de travail sont vraiment éprouvantes. Nous disposons de 45 minutes à 1h15 pour décharger un semi-remorque de 35 tonnes. Les licenciements sont si fréquents que nous sommes toujours sous pression. »

« Si le timing de déchargement est dépassé, notre salaire est amputé de pénalités », s’indigne Hassan Gandou, délégué CFDT à Derichebourg.

Abichou Nizar explique :

« Cette cadence de travail peut provoquer des accidents, des TMS [troubles musculosquelettiques, ndlr]. […] Et si le salarié est malade, ses primes sont sucrées. »

« T’as déjà joué à “Tetris” ? »

Colis standards ou sensibles, tout est géré à la main sans outil de chargement, à un rythme infernal. Certains salariés reconnaissent « lancer » ou « écraser » les colis lors des rushs. Sofiane se souvient de cette phrase d’un contremaître :

« T’as déjà joué à “Tetris” ? Ici, c’est pareil ! Sauf que les briques, ce sont les colis : pneus de camions, poussettes pour triplés, tables de ping-pong. »

Mais avant même d’arriver, les colis sont souvent abîmés. « Lorsque nous déchargeons les camions, certains paquets sont déjà éventrés », explique le jeune homme. Les colis dégradés doivent être ramenés à un salarié de Chronopost :

« Mais compte tenu de la cadence, nous n’avons pas le temps de nous en occuper. Ce n’est pas la priorité, alors ils s’empilent sur le côté. »

Certains se retrouveraient même sans emballage et sans code-barres. De détérioré, le colis passe vite au statut « perdu ». Toutefois, la direction nuance : « Le taux de perte de colis est infime. » Le vol de colis, lui, semble rare, tant la surveillance des salariés est draconienne. A la limite de la légalité.

« Chronopost is watching you »

« Nos agences et nos hubs sont équipés de plus de 2 500 caméras pour le suivi des colis et la sûreté des sites », explique la direction de Chronopost. « Voler, c’est impossible ! », lâche Sofiane. Le syndicaliste SUD Eugène Urbino confie :

« Les caméras sont installées officiellement pour surveiller les colis. Mais vous dire qu’elles ne contrôlent pas les salariés serait mentir. »

Certaines seraient placées dans les vestiaires.

Maître Eric Rocheblave, avocat au barreau de Montpellier, spécialiste en droit du travail, souligne :

« Si cela est avéré, Chronopost doit être condamné. Une récente décision de la Cnil [Commission nationale de l’informatique et des libertés, ndlr] interdit la vidéosurveillance dans les vestiaires des entreprises. »

A l’entrée du site, une société privée, Answer, effectue un contrôle drastique. Portique aéroportuaire, détecteur de métaux, dépôt de papiers d’identité : la sécurité ne laisse rien passer. Pour maître Eric Rocheblave, « la direction va trop loin » :

« Chronopost pourrait juste demander de présenter la carte à l’entrée et à la sortie du hub. Mais le dépôt de papiers d’identité doit être clairement justifié. »

Au-delà de la surveillance, Chronopost a plus d’un tour dans son sac pour maintenir son personnel sous pression.

Le droit de grève en péril

Du 21 au 28 février dernier, une centaine de salariés de Derichebourg – deux tiers des effectifs – répondent à l’appel à la grève pour obtenir de meilleures conditions de travail. Mais un vieux démon ressurgit dans les esprits. Selon les syndicats, lors du précédent mouvement social de juillet 2009, Chronopost aurait infligé une pénalité de 30 000 euros pour deux heures de grève à Derichebourg, en l’accusant d’une « mauvaise gestion des salariés ». Une information démentie par la direction de Chronopost : « Il n’y a pas de pénalité pour ce motif. »

Ce genre de pratique est néanmoins courante selon maître Gwendal Rivalan, avocat spécialiste du droit de la sous-traitance :

« Derichebourg a plus d’intérêts à payer l’amende plutôt que perdre ce marché. Ce sont des calculs financiers pervers mais fréquents dans la sous-traitance. »

Amende ou ralentissement du trafic, cette année, Derichebourg semblait pourtant prêt à tout pour éviter ce genre de désagrément. Le 25 février, des voitures arrivent au centre de tri, huées par les grévistes. « La direction nous remplace par des laveurs de vitres, des employés administratifs, venus de services extérieurs au site », s’étonne un salarié.

Durant cette semaine de grève, deux inspecteurs du travail d’Evry ont récupéré la liste du personnel afin d’étudier leur profil. Les premières conclusions de l’enquête ont permis d’affirmer qu’en plus des remplacements de grévistes par des salariés d’autres sites, Derichebourg a fait appel à des intérimaires. Maître Gwendal Rivalan soutient :

« L’employeur doit respecter le droit de grève, et ne peut employer des intérimaires pour remplacer les grévistes. »

« L’inspection du travail a décidé de porter plainte contre Derichebourg. Nous nous constituons partie civile », informe Abichou Nizar.

Le chauffeur fait « sa tambouille interne »

Retournons à votre colis. Du hub, le paquet retourne vers l’une des 74 agences Chronopost, proches de chez vous, bien qu’une agence puisse couvrir plus de cinq départements. A son arrivée, le colis est attribué à un chauffeur. « Il s’organise selon son ordre de tournée. C’est sa tambouille interne », explique Chronopost.

A priori, votre colis semble vous tendre les bras. A un détail près : le chauffeur peut encore une fois être un sous-traitant ou une boîte d’intérim. Chaque agence s’organise comme elle l’entend avec une entreprise ou une boîte d’intérim de son choix. « Nous faisons appel à des intérimaires pour une semaine ou même une journée », indique un directeur d’agence Chronopost située en Bourgogne. Difficile dans ce contexte d’assurer avec efficacité la tournée et de trouver sur plus de cinq départements les destinations les plus reculées.

Enfin, reste de votre côté à être présent pour réceptionner le bien. Car en cas d’absence du destinataire, le colis rebrousse chemin. Seule trace : un avis de passage. « Le colis repart vers l’agence, un point relais ou La Poste », indique la direction.

 

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato, Enucléé
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1 août 2013 4 01 /08 /août /2013 17:05

 

 

Rue89

Droit du travail 01/08/2013 à 12h27
Elsa Fayner | Journaliste Rue89

 

 


Une horloge en chocolat (Emily Jones/Flickr/CC)

 

Même Buckingham Palace s’y est mis. Durant l’été, la résidence de la famille royale à Londres s’ouvre à la visite, et embauche pour ce faire 350 salariés à temps partiel. A temps parfois très partiel, révélait mardi le site du Guardian : les nouvelles recrues signent des contrats « zéro heure ».

Selon ceux-ci, les personnes embauchées n’ont aucune heure de travail assurée : tout dépend de la fréquentation. Le contrat – d’une durée de trois à quatre mois – stipule par ailleurs qu’elles n’ont pas le droit de travailler pour un autre employeur, histoire d’être toujours disponibles.

Deux jours après avoir découvert que la chaîne de magasins de sports Sports Direct appliquait la même méthode à ses 20 000 salariés, le Guardian a également épinglé la Tate Gallery et une chaîne de cinéma bien connue outre-Manche, Cineworld.

Une telle flexibilité est-elle possible en France ?

Vais-je travailler demain ?

L’été, Buckingham Palace emploie des personnes comme vendeurs dans les boutiques de souvenirs, guides (cette année, il y aura une exposition de bijoux royaux par exemple), ou encore agents d’accueil. Le Guardian a pu lire une copie du contrat proposé par le palais, qui date de 2009. La formule qui nous intéresse est alambiquée :

« Vos heures de travail seront déterminées par le manager et seront tributaires des exigences appliquées aux assistants de vente à Buckingham Palace et, ce, tant que de besoin. »

Autrement dit, aucune durée minimum de travail n’est garantie, comme le confirme la porte-parole du palais contactée par le quotidien britannique. La porte-parole a cependant refusé de parler de « contrat zéro heure », arguant du fait que les employés bénéficient, les jours où ils sont en poste, de certains avantages : un déjeuner gratuit, un uniforme, des congés payés, etc.

Le Bureau des statistiques nationales estime que 200 000 travailleurs ont signé un tel contrat en Grande-Bretagne. Mais, d’après le Guardian, « les experts pensent aujourd’hui que ce chiffre est bien plus élevé ».

Or, le problème, c’est que ces contrats exposent les employés à des réductions soudaines des temps de travail prévus à un moment donné, quand il ne s’agit pas d’annulation pure et simple et ce, à la discrétion des responsables.

Des dizaines d’employés qui ont signé ces contrats ont également raconté au Guardian que s’ils n’étaient pas disponibles le jour où le manager les appelait, il était peu probable que des heures leur soient à nouveau proposées dans le mois.

En France, au moins 24 heures par semaine

A Lille, dans un hôtel quatre étoiles qui accueille le temps d’une nuit des hommes d’affaires, les femmes de chambre étaient employées – en 2006, au moment d’un reportage – par un prestataire extérieur. Chaque soir, elles apprenaient combien d’heures elles auraient le lendemain pour nettoyer les chambres une fois les clients partis et avant que les nouveaux n’arrivent. Une, deux, trois, quatre heures ? Tout dépendait du taux de remplissage de l’hôtel.

C’est la situation qui, dans l’Hexagone, se rapproche le plus du cas britannique. Comment est-elle possible ? Suffit-il d’être employé à temps partiel ?

Non, répond Stéphane Béal, directeur du département droit social du cabinet d’avocats Fidal. En France, quand un salarié est embauché à temps partiel, l’employeur doit préciser dans le contrat :

  • le nombre d’heures travaillées (sinon c’est considéré comme un temps plein, d’office) : l’Accord national interprofessionnel, conclu le 11 janvier 2013, impose en outre un minimum de 24 heures par semaine, sauf dérogations – à venir – pour certains secteurs ;
  • la répartition de ces heures : dans la semaine (« Vous travaillerez les lundi, jeudi et vendredi » par exemple), et dans la journée (« Vous travaillerez entre 11 heures et 14 heures. »).

Prévenir le salarié au moins sept jours avant

Cette répartition peut cependant varier d’une semaine à l’autre. Quand cette possibilité est bien mentionnée dans le contrat de travail, le salarié doit motiver son refus s’il ne peut venir au nouvel horaire fixé : une obligation familiale impérieuse, un enseignement scolaire, un travail chez un autre employeur, etc.

En revanche, quand la possibilité n’est pas indiquée dans le contrat, le salarié peut refuser le changement d’horaire ponctuel sans avoir à se justifier. En théorie.

Quoi qu’il en soit, en cas de changement, le salarié doit en être prévenu au moins sept jours à l’avance, voire trois si un accord collectif a été signé dans la branche.

Bref, le contrat a temps partiel n’explique pas la situation des femmes de chambre à Lille : elles devraient sinon être prévenues au minimum trois jours à l’avance des changements d’horaires et effectuer un nombre d’heures total fixe chaque mois.

Des extras aux contrats « zéro heure »

Pourrait-il s’agir alors de « CDD d’usage », ce qu’on appelle aussi les « extras » ? Quand un traiteur veut embaucher une dizaine d’extras pour une soirée, il signe avec eux un contrat, un CDD, qui fixe le début et la fin de la mission, explique l’avocat Stéphane Béal. Seuls certains secteurs peuvent y avoir recours.

Il existe une liste, établie par décret, de certains de ces secteurs (hôtellerie, restauration, enseignement, déménagement, etc.). Mais cela ne signifie pas que tous les emplois de ces secteurs puissent être concernés. Surtout, c’est avant tout l’existence d’un usage constant, c’est-à-dire ancien, bien établi et admis comme tel dans la profession, qui fonde la possibilité de recourir à de tels contrats dans un secteur.

Il se peut donc que les femmes de chambre de Lille aient été employées sous cette forme-là, en CDD d’usage reconduits. Normalement, un CDD ne doit pas être conclu si l’emploi est lié à l’activité normale et permanente de l’entreprise, faute de quoi il peut être requalifié en CDI.

Sauf pour les CDD d’usage : il a été admis que des contrats de ce type se succédant régulièrement pendant plusieurs années ne devaient pas être requalifiés en CDI. Par exemple, raconte le site RFsocial, dans le secteur de l’audiovisuel, un salarié qui avait été occupé en CDD d’usage d’octobre 1995 à juin 2000 n’a pas obtenu la requalification de ses contrats en CDI.

La situation de ces extras-là n’est finalement pas très éloignée de celle des « zéro heure » de Buckingham Palace, si ce n’est qu’elle est limitée à certains secteurs. En revanche, en France, il est interdit d’interdire de travailler pour un autre employeur (sauf pour un concurrent). L’honneur est sauf.

MERCI RIVERAINS ! Enucléé
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1 août 2013 4 01 /08 /août /2013 16:27

 

 

Le Nouvel Observateur

Créé le 31-07-2013 à 12h04 - Mis à jour le 01-08-2013 à 08h12

Augmentation des PV et des tarifs réglementés, changements de taux : le 1er août est le jour des mauvaises nouvelles.

 

 

 (DURAND FLORENCE/SIPA)

(DURAND FLORENCE/SIPA)

 

Sur le même sujet

 

L’été serait-il l’occasion de faire passer quelques douloureuses pilules ? Augmentation des PV et des tarifs réglementés, changements de taux : le 1er août est souvent le jour des mauvaises nouvelles. 2013 ne fait pas exception à la règle, puisque la facture de l'énergie grimpe, et que les revenus de l'épargne baisse.

  • Les tarifs d'EDF augmentent en moyenne de 5%. Même si certains petits consommateurs sont épargnés, cela demeure la plus forte augmentation depuis 10 ans. La raison ? La hausse des coûts de l’entreprise publique, notamment pour l’entretien du parc nucléaire français. On sait déjà que le 1er août 2014 ne sera pas mieux sur ce plan : une hausse de 5% est également prévue l’année prochaine. Et 2015 ? Rien d’officiel pour l’instant.
  • Les tarifs réglementés de GDF Suez vont, eux, baisser de 0,45% en moyenne. Une bonne nouvelle à relativiser. Pour les plus de 8,8 millions de foyers français concernés, la baisse est comprise entre 0,1% et 0,3% seulement. Alors qu'en juillet, les tarifs avaient pris 0,2% en moyenne, et 0,5% pour les ménages. Avec cette baisse, les prix auront certes reculé de près de 2% depuis février, mais il faut aussi noter que depuis 2005, ils ont augmenté de 80% !
  • En parallèle, les comptes épargne, vont être moins rémunérateurs. En effet, le taux du Livret A, actuellement à 1,75%, passe à 1,25% le 1er août. Même chose pour les livrets Bleu, Développement durable. Quant au livret d’épargne entreprise et au compte épargne logement, leurs taux vont passer à 0,75%.
  • Maigre lot de consolation, le 1er août est le 100e anniversaire du 36 quai des Orfèvres, le fameux siège de la police judiciaire parisienne, en l'honneur duquel La Poste imprimera un timbre à 1,5 millions d'exemplaires, au prix de 0,63 euros. Il ne sera disponible que le 13 septembre.

 D. H. (avec AFP)

 


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1 août 2013 4 01 /08 /août /2013 16:01

 

 

Mediapart

|  Par Martine Orange

 

 

La stratégie des banquiers centraux de laisser du temps aux banques pour assainir leur situation en les aidant avec des tombereaux de liquidités n’a pas fonctionné. Cinq ans après, le système financier n'est pas reparti et les banques vont toujours aussi mal.

À la mine embarrassée qu’affichent les banquiers centraux depuis quelque temps, il est évident que quelque chose ne tourne pas rond. Dans leurs conférences de presse, les présidents évoquent régulièrement les problèmes de transmission monétaire, déplorent la stagnation ou la baisse de distribution de crédits, la faible voire l’inexistence de la reprise économique. Derrière ces mots codés, une réalité affleure : leurs stratégies ne fonctionnent pas comme prévu. La réparation du système financier est bien plus compliquée qu’ils ne l’avaient anticipé.

La Réserve fédérale (Fed) a beau déverser 85 milliards de dollars par mois et consentir des taux à zéro, l’économie américaine avance toujours au ralenti. La banque du Japon, dans une tentative désespérée pour sortir d’une déflation de vingt ans, distribue de l’argent à tout-va mais la production industrielle est en baisse en juin – à son plus bas niveau de l’accident de Fukushima – et la consommation intérieure chute. La banque centrale d’Angleterre met aussi beaucoup d’argent sur la table mais l’économie britannique est toujours aussi anémique. Quant à la banque centrale européenne (BCE), elle a officiellement une politique beaucoup plus rigoriste, imposant aux États austérité, réduction des déficits et réformes structurelles. Néanmoins, elle sait se montrer très compréhensive avec les banques, leur accordant 1 000 milliards de prêts à taux zéro sur trois ans (programme LTRO) et toutes les facilités pour obtenir les liquidités voulues.

Toutes les banques centrales avaient fait le même calcul. Elles comptaient sur les montagnes de liquidités qu’elles accordaient et sur le facteur temps pour aider les banques à réparer leur bilan et à reprendre leurs fonctions de financement de l’économie. Erreur ! « Avec plus de 20 000 milliards de dollars d’actifs, le bilan des banques centrales a plus que doublé par rapport à 2007 », rappelle Stephen Cecchetti, chef économique du département monétaire et économique de la Banque des règlements internationaux. Mais tout cet argent déversé dans un système déjà gorgé de liquidités factices sert tout juste à alimenter la formation de nouvelles bulles spéculatives sur les marchés boursiers et obligataires, et n’est pas utilisé pour relancer la machine économique.

Le résultat de cette politique commence à apparaître : cinq ans après le début de la crise, les banques ne sont toujours pas parvenues à nettoyer leur bilan et à effacer les traces des excès passés. « Un scénario particulièrement inquiétant pour la zone euro est lié à la possibilité que les efforts du secteur bancaire pour réduire son endettement et restructurer les bilans ne soient pas encore achevés », a déclaré, avec un art consommé de l’euphémisme, Benoît Cœuré, membre du directoire de la BCE, en évoquant le risque d’une décennie perdue, lors d’un forum, le 5 juillet.

Il s’agit plus que d’un scénario. Après avoir réussi à se faire oublier, en nourrissant en continu un argumentaire contre les États dispendieux, croulant sous les dettes pour avoir voulu les sauver, les banques reviennent sur le devant de la scène (et de la crise). Un sentiment d’urgence semble même s’installer chez les banquiers. Ils ne parlent plus que de réduction des coûts, de capital, de diminution des effets de levier, de vente de filiales ou d’actifs, de provisions pour effacer leurs frasques passées. 

Le 30 juillet, la direction de Barclay’s – qui avait évité de peu la nationalisation en 2008 en montant une augmentation de capital arrangée avec le Qatar – a ainsi annoncé qu’elle allait procéder à une augmentation de capital de 5,8 milliards de livres (6,6 milliards d’euros) et à une émission obligataire de 2 milliards de livres afin de renforcer son bilan. Ces opérations, a reconnu la banque britannique, lui ont été imposées par l’autorité de régulation prudentielle qui a estimé que Barclays avait un trou de 12,8 milliards de livres (14,7 milliards d’euros) dans son bilan, compte tenu de ses engagements ! Parallèlement, la banque a aussi promis de diminuer son bilan de 65 à 80 milliards de livres pour le ramener à 1 500 milliards de livres (1 727 milliards d’euros). Cela donne l’ampleur des positions de la banque et relativise la cure d’amaigrissement.

Au même moment, la Deutsche Bank, un des géants bancaires européens, présentait des résultats en forte baisse, en invoquant à la fois une baisse des performances de son département “dérivés” et surtout une augmentation des provisions de 630 millions d’euros portant le total à 3 milliards pour couvrir des procès en cours. En effet, la banque allemande fait l’objet de plusieurs enquêtes judiciaires, notamment sur son rôle dans les subprime aux États-Unis, mais aussi dans une vaste fraude fiscale sur les droits d’émissions du CO2 en Europe, sans parler du scandale du Libor.

 

Les effets de leviers dans les banques 
Les effets de leviers dans les banques© BSI

La direction de la banque s’est aussi engagée à diminuer de 12 % son bilan d’ici à 2015 afin de le conforter et de ramener ses effets de levier à des proportions plus raisonnables. La banque allemande a encore beaucoup de chemin à faire. Comme le souligne Stephen Cecchetti, elle affichait un effet de levier supérieur à 50 % en 2007, bien au-delà de toutes les autres grandes banques internationales (voir graphique). En 2013, il se situe encore au-delà des 30 %. Premier acteur sur les marchés des dérivés, la banque, selon des chiffres répandus dans la communauté financière, détient en outre des portefeuilles totalisant plus de 55 000 milliards de dollars d’expositions. Certains analystes la considèrent comme une bombe atomique dans le système financier international.

Des produits toxiques à profusion

Ces seuls chiffres n’illustrent que très partiellement la situation du système financier. Selon Les Échos, plus de 1 000 milliards d’actifs douteux ou illiquides restent stockés dans les bad bank, lesquels avaient été mis en place dans toute l’Europe pour aider les banques après le début de la crise financière. Dexia a elle seule porte plus de 266 milliards d’actifs toxiques ou plombés, dont l’extinction devrait durer jusqu’en 2075 au moins. Et il y a tout le reste, tout ce que les banques n’ont pas dit, ont caché au détour d’un montage ou d’une ligne comptable, ont soigneusement mis à l’écart dans quelque hors-bilan ou filiale de l’ombre, rattachée au système financier parallèle et sans contrôle qui prospère depuis le début de la crise. Et là, personne ne sait donner le début d’un chiffre.

Car c’est une autre conséquence de la gestion de la crise financière, telle qu’elle a été conduite par les dirigeants politiques sous influence des lobbies bancaires et financiers. Cinq ans après, en dépit des fameux stress tests, des contrôles des autorités de régulation, tout le monde est dans l’incapacité de dire ce que recèlent encore les banques, les risques auxquels elles sont exposées, les bombes à retardement qui pourraient être cachées. Car personne ne les a obligées à faire la transparence sur leurs comptes et à dire vraiment ce qu’elles cachaient.

L’aveu de cette impuissance a été fait par l’autorité suprême du système financier, le fameux comité de Bâle, émanation de la banque des règlements internationaux, qui fixe les ratios et les normes prudentielles pour l’ensemble des banques internationales. Dans une étude publiée début juillet, le comité de Bâle raconte qu’il a mené une comparaison entre les différentes banques internationales sur l’appréhension, l’évaluation et la comptabilisation de leurs risques, en fonction des critères imposés par les normes prudentielles, les règles de comptabilité du pays, et aussi des usages maison. Et là, surprise ! Le risque pour un même portefeuille type varie du simple au double, selon les banques. Autant dire que l’on n’y voit goutte. C’est d’ailleurs ce que dit en termes plus policés le comité de Bâle.

 

Les appréciations variées du risque, selon les banques. Chaque barre représente un établissement  
Les appréciations variées du risque, selon les banques. Chaque barre représente un établissement © BSI

 

Il faut que la situation devienne désespérée, que les banques vaquent comme des zombies, et que le crédit s’effondre comme en Italie, pour que le régulateur commence à exiger des comptes. Prise de court par la faillite de Monte dei Paschi, la plus vieille banque européenne, qui a explosé en vol à la suite d’aventures sur les dérivés, ignorant la situation véritable des autres établissements de la péninsule, la banque d’Italie a entrepris un examen approfondi des huit plus grandes banques, selon des documents internes révélés par le Wall Street Journal. Les doutes sur leur état de santé grandissent au fur et à mesure que la récession se poursuit. Les ménages ont de plus en plus de mal à payer leur crédit immobilier ou à la consommation, les entreprises font faillite et les banques voient la qualité de leurs créances s’effondrer. En mars 2013, les crédits douteux étaient officiellement estimés à 249 milliards d’euros, soit 14,2 % du total. Fin 2010, ils s’élevaient à 157 milliards, soit 8,9 % du total. Et ce ne sont que des chiffres officiels.

Selon les résultats, la banque d’Italie envisage d’imposer de nouvelles cessions importantes ou de nouvelles augmentations de capital. Si l'on en croit les rumeurs, les banques italiennes auraient besoin d’une bonne dizaine de milliards d’euros de recapitalisation. C’est le montant qui est aussi donné pour les banques espagnoles. Les recapitalisations massives (60 milliards d’euros), les nationalisations de certaines banques, et la création d’une bad bank publique pour prendre en charge les actifs toxiques du système bancaire espagnol, le tout payé par les contribuables, n’ont pas suffi pour mettre un terme aux difficultés du système bancaire. Là encore, le cycle récession/ austérité alimente la dégradation de la situation, les bonnes créances devenant mauvaises au fur et à mesure que l’économie espagnole plonge.

Dans ce marasme, il n’y a que les banques françaises qui maintiennent contre vent et marée la fiction du modèle français à toute épreuve. En présentant ses résultats, le 31 juillet, BNP Paribas a assuré que la banque était à peine touchée par la récession en Europe. Tout va bien pour elle en France, en Belgique et même en Italie, où, selon ses propos, « la situation pourrait être pire ». La banque a dévoilé ses nouvelles ambitions d’expansion, notamment dans la gestion d’actifs, métier très rémunérateur en ce moment, selon elle. En Allemagne, BNP Paribas prévoit de recruter 500 personnes pour y développer ce métier. Et elle a les mêmes ambitions en Asie. Côté cour, cependant, la première banque française n’est pas la dernière à militer pour un assouplissement, voire un report aux calendes grecques, des normes bancaires que souhaite imposer le comité de Bâle, ou à réclamer de nouvelles facilités au gouvernement, comme l’accès aux ressources du livret A. Mais bien sûr, tout cela au nom du financement de l’économie. 

« Les banques européennes doivent d’urgence se recapitaliser », avait averti le FMI voilà plus de deux ans. Depuis, rien n’a été fait. Les banquiers, avec la complicité des dirigeants politiques, se sont empressés de mettre tous les problèmes sous le tapis. Mais alors que la récession perdure, leur volume ne cesse de grossir et bientôt ne pourra plus être caché. L’addition ne cesse de s’allonger. Les analystes évaluent en centaine de milliards d’euros les besoins des banques européennes, sans compter la disparition d’un certain nombre d’établissements. Et les banques américaines ne sont guère en meilleur état, en dépit des apparences. Grâce à leur créativité comptable, elles sont parvenues à masquer d’immenses risques dans le hors-bilan ou des entités à part (special vehicules purposes). Mais les risques sont toujours là. Et l’aventure des subprime a prouvé qu’à un moment, il faut les assumer. Jusqu’alors, les banques ont réussi à différer ce moment. Mais jusqu’à quand ?

 

 

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31 juillet 2013 3 31 /07 /juillet /2013 14:50

 

Midilibre.fr

AFP
31/07/2013, 08 h 32 | Mis à jour le 31/07/2013, 08 h 43
La facture énergétique des Français atteint 3 200 euros par ménage.
La facture énergétique des Français atteint 3 200 euros par ménage. (AFP DENIS CHARLET)

                                                                                                                                                                                                                          La facture d'électricité des Français a connu une hausse de 6% en 2012, se traduisant par une augmentation de 200 euros dans le budget des ménages. 

La facture énergétique des Français a bondi de 200 euros en 2012 pour atteindre 3 200 euros par ménage, soit une hausse de plus de 6%, selon un baromètre annuel du ministère de l'Écologie et de l'Énergie.  

 

Hausse du prix de l'énergie

Une envolée due à une nouvelle hausse des prix de l'énergie (+5,2%), deux fois et demie plus forte que l'inflation, ainsi qu'à une année 2012 légèrement plus froide, qui a pesé sur les factures de chauffage, selon le "Bilan énergétique de la France pour 2012" publié mardi par le Commissariat général au développement durable (CGDD). La facture des seuls carburants avoisine en moyenne les 1 500 euros annuels par ménage. "Au total, les ménages français consacrent ainsi 91 milliards d'euros courants à leurs achats d'énergie en 2012, soit plus de 8% de leurs dépenses totales", note le ministère.

Croissance nulle

Dans le même temps, l'an passé, la consommation d'énergie finale en France a reculé de 0,7% en 2012, du fait principalement de l'industrie, tombée à son plus bas niveau de consommation depuis les années 70. Dans un contexte de croissance nulle, la consommation finale corrigée des variations climatiques a reculé à 166,4 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep), selon le CGDD. Cette consommation correspond à 2,56 tonnes équivalent pétrole par habitant. Quant aux émissions de CO2 liées à la combustion d'énergie, elles ont reculé de 3,1% en France l'an passé (corrigé des variations climatiques), à 340 millions de tonnes, contre 351 millions en 2011, selon un chiffrage préliminaire.

Le pétrole toujours en tête

Depuis 2007, les émissions déclinent en moyenne de 2,2% par an, rappelle le ministère. Quand on se rapporte à la consommation primaire (avant toute transformation), l'électricité reste la principale énergie en France, passant de 43,9% en 2011 à 44,0% en 2012. Le pétrole représente 30,3% (contre 31,1%) du "bouquet énergétique" français, tandis que le gaz recule à 14,8% (contre 15,1%). Les énergies renouvelables thermiques progressent de 6,1% à 6,6%, tandis que le charbon monte à 4,2% (contre 3,7%). En énergie finale, qui prend en compte les importantes pertes de rendement de l'électricité, le pétrole reste de loin la principale énergie (41,8%), devant l'électricité (24,4%), le gaz (20,8%), les énergies renouvelables hors électricité (9,7%) et le charbon (3,4%).

 

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31 juillet 2013 3 31 /07 /juillet /2013 14:32

 

Rue89

à lire sur LesEchos.fr 31/07/2013 à 09h26
Les salariés français travaillent en moyenne 39,5 heures par semaine

Signalé par Elsa Fayner

 

 

En 2011, selon l’enquête de la Dares, la durée collective moyenne du travail en France a atteint 35,8 heures par semaine, par le jeu d’accords d’entreprise prévoyant une durée supérieure aux 35 heures légales. Surtout, dans les faits, les salariés à temps complet ont déclaré une durée habituelle hebdomadaire de travail de 39,5 heures (contre 39,4 heures en 2010). La différence s’explique par les heures supplémentaires effectuées, structurelles ou occasionnelles, et par le temps de travail effectif plus long des cadres en forfait-jours, qui déclarent travailler 44,1 heures par semaine en moyenne.

 

 

 

lesechos.fr

 

Les salariés à temps complet travaillent en moyenne 39,5 heures par semaine
Par Derek Perrotte | 31/07 | 06:00

Le temps de travail effectif à continué sa hausse, lente mais continue, en 2011.
Les hommes travaillent 138 heures de plus que les femmes.

 

 

Les salariés à temps complet travaillent en moyenne 39,5 heures par semaine

 

Les 35 heures sont un marqueur juridique, déclencheur des heures supplémentaires, mais pas une réalité pratique : c'est ce que vient rappeler une nouvelle étude sur le temps de travail publiée par le ministère du Travail.

En 2011, selon l'enquête de la Dares, la durée collective moyenne du travail en France a atteint 35,8 heures par semaine, par le jeu d'accords d'entreprise prévoyant une durée supérieure aux 35 heures légales. Surtout, dans les faits, les salariés à temps complet ont déclaré une durée habituelle hebdomadaire de travail de 39,5 heures (contre 39,4 heures en 2010). La différence s'explique par les heures supplémentaires effectuées, structurelles ou occasionnelles, et par le temps de travail effectif plus long des cadres en forfait-jours, qui déclarent travailler 44,1 heures par semaine en moyenne.

La durée annuelle effective, à temps complet, atteint ainsi 1.683 heures, avec une nette différence entre hommes (1.741 heures) et femmes (1.603). Cela témoigne du rôle prééminent que gardent ces dernières dans la gestion de la vie familiale : les femmes vivant seules travaillent 56 heures de plus que celles en couple avec enfants. A l'inverse, les hommes seuls travaillent 8 heures de moins que ceux en couple et qui sont pères.

Les cadres travaillent près de 200 heures de plus que la moyenne (1.867 heures), bien qu'ils prennent aussi davantage de congés grâce à leurs 11 jours de RTT en moyenne, contre 9,7 pour les professions intermédiaires, 8,1 jours pour les employés et 6,1 jours pour les ouvriers.

L'étude pointe que les durées effectives de travail, hebdomadaires comme annuelles, sont en progression lente mais quasi constante depuis 2003, hormis un creux en 2009 sous l'effet de la crise. La durée hebdomadaire a ainsi augmenté de 1,7 % en huit ans et la durée annuelle de 3,8 %, sous l'effet de la progression de la part des salariés en forfait-jours et le développement depuis 2003 de mesures favorisant l'allongement du temps de travail : augmentation des contingents légaux et défiscalisation des heures supplémentaires, dispositifs d'encouragement au rachat de jours de congé, souplesse accrue des comptes épargne-temps, mise en oeuvre de la journée de solidarité…

La France en queue de peloton européen

Cette durée hebdomadaire de travail de 39,5 heures pour les salariés à temps complet situe néanmoins toujours la France en queue de peloton européen, au 21 rang sur 27, devant la Belgique, la Finlande, les Pays-Bas, l'Italie, l'Irlande et le Danemark. Dans l'Europe des Vingt-Sept, la moyenne se situe à 40,4 heures, avec le Royaume-Uni en tête, avec 42,2 heures. Les Allemands affichent 41 heures. Mais il faut noter qu'en incluant les salariés à temps partiel, plus nombreux en Allemagne et en Angleterre, la durée hebdomadaire de travail est plus élevée en France (36,6 heures) qu'outre-Rhin (34,6) et qu'outre-Manche (36,2). L'étude souligne que « du fait de la complexité et de la diversité des facteurs à prendre en compte ainsi que des pratiques nationales en termes de temps de travail, de congés, etc. », les comparaisons internationales de durée annuelle de travail ne sont pas pertinentes.

Derek Perrotte

 

 

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30 juillet 2013 2 30 /07 /juillet /2013 17:42

 

 

CADTM

 

CATDM

Neuf mesures urgentes pour remettre les banques à leur place

29 juillet par Olivier Bonfond

 


Sommaire

1. Introduction : les banques ne sont plus ce qu’elles étaient
2. Quelques constats sur la capacité de nuisance des grandes banques
3. De quel type de secteur bancaire avons-nous besoin ?
4. Neuf mesures urgentes pour remettre les banques à leur place

 

1. INTRODUCTION : LES BANQUES NE SONT PLUS CE QU’ELLES ÉTAIENT

Bien que ces théories soient encore enseignées dans la plupart des universités européennes, les grandes banques ne constituent plus aujourd’hui des intermédiaires entre les épargnants et les investisseurs afin de financer l’économie réelle. Au fur et à mesure des dérégulations des années 1980 et 1990, les banques sont devenues des institutions surpuissantes qui utilisent toutes les ressources à leur portée (dont l’épargne des particuliers) pour mener des activités financières hautement spéculatives, afin de générer un maximum de profits à court terme pour les actionnaires.

Plutôt que de recapitaliser aveuglément les banques (les sauvetages bancaires ont déjà coûté plus de 35 milliards d’euros aux pouvoirs publics belges, soit environ 8% de son PIB) en les laissant continuer à spéculer à leur guise, il est urgent de réguler de manière très stricte le secteur bancaire et remettre la finance au service de l’économie réelle et d’un développement d’économie durable.

 

2. QUELQUES CONSTATS SUR LA CAPACITÉ DE NUISANCE DES GRANDES BANQUES

La crise bancaire est loin d’être terminée

Malgré les discours régulièrement prononcés sur le fait que la crise financière est derrière nous, le secteur bancaire est tout sauf assaini. Les comportements spéculatifs restent la règle et les produits toxiques continuent de se développer au sein des institutions financières. Avec des actifs de 60.000 milliards de dollars fin 2011 à l’échelle mondiale, le « Shadow Banking System », mécanisme qui permet aux banques de gérer des opérations bancaires très risquées hors bilan et en dehors de toute régulation publique, montre à quel point une nouvelle crise financière, de grande ampleur, est parfaitement possible.

Comme le mettait en évidence le journal l’Echo, au sein de l’Union Européenne, « plus de 1.000 milliards d’euros d’actifs illiquides ou douteux dormiraient encore dans des structures de défaisance (bad bank). En outre, ce chiffre oublie de mentionner les centaines de milliards d’euros de créances douteuses et de fonds communs de créances toujours inscrits aux bilans des banques. » |1|

Si on prend le seul cas de Dexia, la conclusion est identique. Dexia SA dispose d’un bilan de 400 milliards d’euros et d’un hors bilan de minimum 900 milliards d’euros, hors bilan dont on ne connaît pas exactement la nature, sauf le fait que la grande majorité des actifs qui le compose sont hautement toxiques. Lorsqu’on compare ces montants avec l’argent public qui a été injecté dans la banque jusqu’à présent, à savoir 8,9 milliards d’euros, on comprend à quel point le « cas Dexia » n’est pas du tout réglé.

 

Les banques continuent de spéculer et de créer des produits toxiques

Les nombreux discours sur la nécessité de réguler le capitalisme financier ne se sont en réalité jamais concrétisés. Rien d’étonnant alors que les comportements spéculatifs soient restés la règle au sein des grandes banques, assurances et autres fonds de pension. On assiste même à un retour en force de certains produits toxiques à l’origine de la crise tels que les CDO |2|.

Pourtant des initiatives sont possibles et certaines ont même été prises temporairement. En effet, l’Union européenne a approuvé, en février 2012, une réglementation pour encadrer et limiter les risques liés aux ventes à découvert, une pratique interdite dans plusieurs pays et jugée en partie responsable des mouvements spéculatifs sur les marchés. Elle donnait "temporairement" le pouvoir aux autorités de marché nationales "d’imposer des restrictions à la vente à découvert en cas de situation exceptionnelle menaçant la stabilité financière ou la confiance des marchés dans un Etat ou dans l’Union". Elle obligeait, en outre, les opérateurs qui recourent aux ventes à découvert "à nu" sur les actions et obligations d’Etat à fournir des garanties qu’ils pourront livrer les titres qu’ils promettent.

La vente à découvert consiste à emprunter un actif dont on pense que le prix va baisser et à le vendre, avec l’espoir d’empocher une différence au moment où il faudra le racheter pour le rendre au prêteur. Elles peuvent prendre une forme plus poussée, dites "ventes à nu" quand l’investisseur vend un titre qu’il ne possède pas. Cette pratique financière a été mise en cause pendant la crise financière de 2008 et aux débuts de la crise de la dette souveraine. La Belgique et 3 autres pays européens - la France, l’Italie et l’Espagne - ont décidé d’interdire cette pratique sur certaines valeurs financières. L’Allemagne a, pour sa part, interdit les ventes à nu sur toutes les valeurs cotées depuis mai 2010.

 

Les banques ne financent pas l’économie réelle

Malgré les plans d’aides massifs que les banques ont reçu, les banques privées continuent de refuser de financer l’économie réelle. La raison pour laquelle les banques rechignent à financer l’économie réelle est double :

1) Les profits sont beaucoup plus importants en réalisant des achats et ventes de produits financiers hautement spéculatifs qu’en accordant des prêts aux entreprises et aux particuliers. Comme on n’a pas régulé le secteur, rien d’étonnant à ce que les banques continuent de privilégier cette voie.

2) Afin de respecter les critères de Bâle II, les grandes banques doivent diminuer leur ratio « fonds propres/total actif ». Les actifs étant pondérés par le « risque » dans le calcul du ratio, et les crédits aux entreprises et particuliers étant considérés comme risqués (contrairement à d’autres actifs considérées comme ayant un risque nul et donc non pris en compte dans le calcul du ratio), les banques ont logiquement tendance à favoriser les opérations de marchés (trading), au détriment des opérations de crédits classiques. |3|

 

Les banques ont mis les finances publiques en grand danger

Après des années de spéculation financière insensée, en 2008 puis en 2010, les pouvoirs publics ont massivement injecté des capitaux dans les banques belges pour les sauver de la faillite. Ces sauvetages bancaires, dont le coût total s’élève déjà à plus de 35 milliards d’euros, soit environ 8% du PIB belge, ont provoqué une explosion de la dette publique. En effet, ces sauvetages ont été intégralement financés via l’émission de titres de la dette publique sur les marchés financiers. Tandis que les banques continuent de spéculer à leur guise, de nouvelles crises et donc de nouvelles injections de capitaux sont à prévoir.

La crise financière a provoqué un ralentissement de l’activité économique, ce qui a fortement aggravé les déficits publics, via une diminution des recettes fiscales et une augmentation des dépenses sociales. Si la récession devait perdurer, les finances publiques vont beaucoup souffrir. Une croissance économique durable dans la zone euro doit être relancée car sans croissance, le contrecoup social de l’austérité sera dévastateur.

Les garanties accordées aux banques en difficultés constituent également un risque de grande ampleur pour les finances publiques belges. La seule garantie accordée à Dexia SA représente un montant de 43,7 milliards d’euros (sans compter les intérêts et les accessoires). Cela correspond à 11% du Produit intérieur brut (PIB) de la Belgique, et à près de 25% du budget de l’État. Concrètement, si Dexia ne parvient pas à rembourser ses dettes, alors les pouvoirs publics devront les rembourser immédiatement. L’augmentation de la dette publique qui en résulterait serait, à coup sûr, utilisée comme arme de chantage pour justifier une dose supplémentaire d’austérité contre la population.

Les banques sont devenues « too big to fail »


Au fil des privatisations, dérégulation, fusions et acquisitions, les institutions financières ont atteint des tailles démesurées. Sur les 6.000 banques présentes en Europe, les 15 plus grandes représentent plus de 40% du total du secteur bancaire et 150% du PIB européen.

Cela implique concrètement que la faillite d’une seule de ces institutions géantes peut déstabiliser tout le système financier mondial. C’est en ce sens qu’on dit qu’elles sont « too big to fail », c’est-à-dire « trop grosse pour tomber »

 

Les banques privées disposent d’un monopole sur les dépôts, les crédits et les systèmes de paiement

La privatisation quasi totale du secteur bancaire donne, de fait, un monopole aux banques privées sur des outils fondamentaux pour le bon fonctionnement de l’économie : les dépôts et les prêts, mais aussi tous les systèmes de paiement. Si les banques devaient aujourd’hui s’effondrer, c’est toute l’économie qui s’effondrerait. Ces éléments permettent aux banques de réaliser une véritable prise d’otage de la société et mettent les Etats dans une situation telle qu’ils sont dans l’obligation d’intervenir pour refinancer les banques à coup de milliards d’euros.

 

Les banques privées ont le contrôle de la politique monétaire

En signant le Traité de Maastricht en 1992, les Etats ont décidé de remettre dans les mains des banques privées la politique monétaire : en s’interdisant d’emprunter directement à leurs banques centrales ou à la banque centrale européenne et en s’obligeant à se financer auprès des marchés financiers. Cela a évidemment donné un grand pouvoir aux banques privées, qui sont capables à tout moment de déstabiliser les finances publiques d’un Etat en leur coupant leur source de financement ou en augmentant fortement et brusquement les taux auxquels ils peuvent se financer.

 

Le secteur bancaire est dérégulé

Les principales règles mises en place en réaction à la crise financière de 1929 pour protéger la société d’une nouvelle crise ont été peu à peu abrogées, laissant libre cours à toute sorte de montages financiers aventureux et irresponsables. Par exemple, le Président Roosevelt en 1933 avait fait passer une loi imposant la séparation des banques de dépôts et des banques d’investissement, garantissant par là que l’argent des épargnants ne serait pas investi en bourse. Dans les années 1970, les banques se sont mises à contourner cette loi qui a fini par être abrogée dans les années 1990 et les banques de dépôt ont à nouveau été autorisées à faire des investissements et à vendre des assurances. Cela leur a donné un énorme pouvoir sur l’Etat. Quand la bourse s’est effondrée, l’Etat a alors été mis sous pression maximum pour offrir des garanties et recapitaliser les banques afin d’éviter qu’elles tombent en faillite et que les dépôts des épargnants ne partent en fumée.

 

3. DE QUEL TYPE DE SECTEUR BANCAIRE AVONS-NOUS BESOIN ?

L’enjeu est clair : il s’agit de disposer d’un secteur bancaire assaini, stable, régulé strictement afin qu’il joue véritablement son rôle : financer la relance d’un développement économique socialement juste et écologiquement viable. Le secteur financier doit être régulé efficacement et retrouver sa fonction première : être un outil au service de l’économie et de l’intérêt général.

Jusqu’à aujourd’hui, au nom du réalisme, le courage politique est absent et les mesures prises sont plus qu’insuffisantes. La supervision centralisée des banques de la zone euro (union bancaire), la création d’un fonds européen de garantie des dépôts, l’interdiction de certaines opérations (ne touchant que 2% de l’activité bancaire globale), le plafonnement des bonus, la transparence des activités bancaires ou encore les nouvelles règles de Bâle III ne constituent que des recommandations, des promesses non tenues voire, au mieux, des décisions tellement diluées qu’elles en perdent toute efficacité avant même d’avoir été mises en place. Dans tous les cas, elles ne s’attaquent en rien aux problèmes de fonds, en particulier au poids exorbitant et à la capacité de nuisance des grandes banques.

Pourtant, la réalité est celle-ci : rassurer les marchés et se soumettre aux intérêts de la finance ne marche pas. C’est l’inverse qu’il faut faire, et vite. Faute de quoi, dans un avenir plus ou moins proche, une très grave crise des finances publiques et de la dette pourrait à nouveau survenir, avec des conséquences sociales dramatiques. Une réforme en profondeur de l’organisation et du fonctionnement du système bancaire est aujourd’hui une urgente et impérieuse nécessité économique, sociale, politique et démocratique. Il faut aller beaucoup plus loin, plus fort et plus vite.

 

4. NEUF MESURES URGENTES POUR REMETTRE LES BANQUES À LEUR PLACE

Des mesures simples, fortes et concrètes peuvent être prises. Certaines pourraient être mises en œuvre immédiatement, y compris à un niveau national, d’autres doivent se construire à moyen terme, et être portées de manière forte au niveau européen.

 

1. Interdire immédiatement certaines opérations spéculatives

Il n’y a aucune difficulté technique à interdire une série d’opérations et de produits spéculatifs comme :

La spéculation sur les titres de la dette publique, sur les monnaies ainsi que sur les aliments.
Les ventes à découvert.
Les CDs (Credit Default swaps).
Les CDO (Collateralized Debt Obligations).
Les marchés de gré à gré.
Le trading à haute fréquence, c’est à dire des opérations spéculatives réalisées automatiquement par des ordinateurs surpuissants capables de profiter à chaque millionième de seconde d’un écart de taux favorable.

Cela doit se faire absolument dans un premier temps pour les banques de dépôt. En l’absence de séparation des banques de dépôts et d’affaires, cela doit être mis en œuvre pour les banques considérées comme systémiques.

 

2. Séparer les banques de dépôt et les banques d’affaires

Il est nécessaire de séparer les banques de dépôt (banques dont le rôle principal est de collecter l’épargne des particuliers et d’octroyer des crédits aux ménages et entreprises) et les banques d’investissement (banques qui s’occupent de l’accès des entreprises aux marchés des capitaux). Les banques de dépôt pourraient recevoir une garantie de l’État au bénéfice des épargnants. Les banques d’investissement qui réaliseraient des investissements hasardeux et éprouveraient des difficultés ne pourraient demander l’aide des pouvoirs publics. Rappelons que cette séparation des activités bancaires fut une des premières mesures prises par le gouvernement des États- Unis après la crise de 1929 (Glass-steagall Act).

Il s’agit aussi dans ce cadre d’imposer des limites à la taille des banques. Aujourd’hui, du fait de leur taille économique et de leur dimension internationale, la défaillance d’une seule grande banque peut déstabiliser le système économique et financier d’une région entière.

 

3. Permettre à la Banque Centrale Européenne (BCE) de prêter directement aux Etats

Plutôt que de prêter en deux fois plus de 1.000 milliards d’euros aux banques à 1% pour que celles-ci les reprêtent éventuellement aux Etats à 3 ou 4%, la BCE doit pouvoir prêter directement aux Etats. Aujourd’hui, cela est clairement interdit par les Traités européens, en particulier par l’article 123 du Traité de Lisbonne. En effet, les banques privées empruntent à la BCE à du 0,5% pour ensuite prêter cet argent aux Etats à du 2%, 3%, 4%, 5% ou 6% aux Etats européens. Cette situation est absurde.

Sans prendre les États-Unis ou le Royaume-Uni pour modèle, loin de là, il faut souligner que la Fed (la Réserve fédérale, à savoir la banque centrale des Etats-Unis) et la Banque d’Angleterre achètent des titres de leur Etat respectif |4|. La revendication de modification du Traité pour permettre à la BCE de prêter directement aux Etats est parfaitement justifiée.

A priori, tous les Etats devraient pouvoir se financer au même taux d’intérêt, à savoir celui fixé par la BCE. Si les banques privées ne veulent pas prêter aux Etats au taux de la BCE, il faut alors que ces derniers puissent emprunter directement à la BCE. Afin d’empêcher que les Etats s’endettent de manière inconsidérée et que la BCE ne se transforme en un puits sans fond, il peut s’avérer nécessaire de déterminer des critères fixant les conditions dans lesquelles les Etats peuvent emprunter à ce taux « minimum ». Si ces critères ne sont pas respectés, le taux d’intérêt pourrait augmenter. Cependant, ils doivent absolument rompre avec la logique néolibérale. A côté de critères économiques traditionnels tels que le ratio dette/PIB, le déficit public ou encore l’inflation, d’autres devraient être également pris en compte, tels que :

le respect des droits sociaux dont le droit du travail ;
le respect des obligations européennes en matière de développement des énergies renouvelables et de réduction de CO2 ;
la lutte contre les inégalités et la corruption ;
la régulation du secteur financier.

Tous ces critères sont objectivement vérifiables et font déjà l’objet d’analyses comparatives approfondies au sein des pays de l’UE via différentes institutions telles que l’OCDE ou l’OIT. Leur intégration ne poserait donc pas de problème.

Plus fondamentalement, il est nécessaire de réformer complètement la BCE. Plutôt que d’avoir pour unique objectif de combattre l’inflation, il faut que cette institution puisse financer directement des États soucieux d’atteindre des objectifs sociaux et environnementaux qui intègrent les besoins et les droits fondamentaux des populations.

 

4. Interdire le Shadow Banking System |5|

Le Shadow Banking System (système bancaire de l’ombre) est un mécanisme qui permet aux banques de gérer des opérations bancaires très risquées en dehors de toute régulation publique et sans devoir inscrire ce type de transactions dans leurs comptes de bilan. Cette absence de régulation a logiquement provoqué une expansion rapide du secteur, avec un volume d’actifs représentant 60.000 milliards de dollars fin 2011.

 

5. Interdire aux banques d’avoir des relations avec les paradis fiscaux

Les paradis fiscaux constituent de véritables trous noirs de la finance mondiale. Selon le FMI, environ 50% des flux financiers mondiaux transitent par des paradis fiscaux. Ces derniers plombent le budget des États. Selon le réseau Tax Justice Network, ils entraînent une perte de revenus d’impôts de 255 milliards de dollars par an pour les États de la planète. La Belgique ne fait pas exception : la fraude fiscale coûte environ 20 milliards d’euros annuels aux finances publiques belges. Jusqu’à aujourd’hui, les dirigeants du G20, malgré leurs déclarations d’intention, refusent de lutter contre les paradis judiciaires et fiscaux.

Pourtant, des mesures simples et concrètes peuvent être mises en place immédiatement, tant au niveau national qu’européen. On pourrait commencer par interdire aux personnes physiques et aux entreprises privées (dont les banques) présentes sur le territoire belge de réaliser quelque transaction que ce soit avec des paradis fiscaux, sous peine d’une amende ou de poursuites pénales.

 

6. Lever le secret bancaire

La levée du secret bancaire doit également devenir un impératif démocratique minimal pour tous les pays. Il faut supprimer le secret bancaire fiscal et donner des moyens conséquents aux services des ministères des finances pour lutter efficacement contre la fraude fiscale.

 

7. Taxer les banques et l’ensemble des transactions financières

En plus de rapporter des ressources vitales au financement d’un plan de relance économiquement ambitieux et écologiquement viable, cette taxe jouerait un rôle positif en matière de stabilité financière en dégonflant fortement une série de marchés spéculatifs

 

8. Envisager les sauvetages bancaires d’une toute autre manière

La manière dont le sauvetage des banques a été effectué en Belgique et ailleurs est tout à fait inacceptable, car très coûteux pour les finances publiques et sans aucune poursuite contre les responsables du désastre de Fortis, de Dexia, de KBC, d’Ethias... ou contre les responsables publics de tutelle ou de contrôle (Banque nationale, Commission bancaire, ministre des Finances...). Par ailleurs, les autorités publiques de tutelle n’ont pas imposé une nouvelle discipline financière aux banquiers qui ont donc continué à prendre des risques insensés.

Il est possible de laisser des banques faire faillite, à condition de protéger l’épargne des déposants et l’investissement des petits porteurs d’actions tout en récupérant le coût de ces faillites sur le patrimoine global des grands actionnaires privés. Faire porter le poids du sauvetage sur les dirigeants et les grands actionnaires des institutions financières, plutôt que sur les citoyens belges, est une mesure réalisable, légitime et qui inciterait les financiers à se comporter de manière plus raisonnable à l’avenir, contribuant ainsi à renforcer la stabilité de l’économie.

Dans la mesure où une future faillite bancaire reste une potentialité, il faut dès à présent se préparer à donner une réponse mieux ajustée. Sans faire de « copier-coller », il est possible de se baser sur l’expérience de la gestion de la crise bancaire des pays scandinaves (Suède, Norvège, Finlande) début des années 1990. Ces pays ont montré que, sur la base de 3 principes simples (remplacement du Conseil d’administration etouverture des livres de comptes, rachat des banques à leur valeur réelle et coût du sauvetage porté par les actionnaires plutôt que par les contribuables), il est possible de gérer une crise bancaire sans « trop » de frais. La Suède a géré sa crise bancaire en 3 ans et cela lui a coûté à peine 3% de son PIB. La Belgique en est à 8% sans avoir absolument rien réglé… |6|

 

9. D’une banque publique à la socialisation du secteur bancaire

Après des décennies de dérives financières et de privatisations, il est grand temps de faire passer le secteur du crédit dans le domaine public avec un véritable contrôle citoyen. Les États doivent retrouver leur capacité de contrôle et d’orientation de l’activité économique et financière. Ils doivent également disposer d’instruments pour réaliser des investissements et financer les dépenses publiques en réduisant au minimum le recours à l’emprunt auprès d’institutions privées ou/et étrangères.

 

Plusieurs voies doivent être envisagées avec sérieux :


Créer ou développer une banque publique. Que ce soit au niveau national ou régional, la Belgique devrait se doter d’une banque publique qui, tout en garantissant la stabilité de l’épargne, offre aux clients les services classiques d’une banque et qui constitue un appui financier pour des investissements productifs socialement utiles et écologiquement viables.

 

Créer ou développer un pôle bancaire public. En compétition avec une finance mondiale globalisée, une banque publique risque de ne pas « tenir le coup ». Par conséquent, il serait utile d’aller plus loin en mettant sur pied un pôle bancaire public capable de concurrencer efficacement le secteur bancaire privé. Nationaliser, avec ou sans indemnisation, les banques défaillantes et celles qui ont été sauvées avec les deniers publics pour les transférer au secteur public sous contrôle citoyen pourrait constituer des étapes importantes vers la création de ce pôle bancaire privé.

 

Socialiser l’ensemble du secteur de la banque et de l’assurance |7|. Les banques doivent redevenir des outils au service de la collectivité. La monnaie, le crédit, l’épargne, les systèmes de paiement, éléments fondamentaux d’une économie, devraient être considérés comme des biens publics communs. Par conséquent, le système bancaire devrait être socialisé, c’est-à-dire placé sous contrôle citoyen avec un partage de décision entre les dirigeants, les élus locaux ainsi que les représentants des salariés, des clients, des associations et des instances bancaires nationales et régionales. Le programme du Conseil national de la Résistance de 1944 (CNR) déclarait : « L’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, implique l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie, … , et le retour à la Nation des grands moyens de production monopolisés, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurance et des grandes banques ». De la manière, la déclaration de principes de la FGTB de 1945 estime que « la socialisation des grands trusts bancaires et industriels s’impose ». Cette revendication n’est donc pas nouvelle. Elle reste plus que jamais d’actualité. Les métiers de la banque et de l’assurance sont bien trop importants que pour les laisser dans les mains des banquiers privés.

 

Notes

|1| L’Echo, 19 juin 2013

|2| Le Monde , Le retour de produits à l’origine de la crise sur les marchés, 11.06.2013

|3| Pour plus d’infos, lire TOUSSAINT Eric, “Les banques bluffent en toute légalité”, http://cadtm.org/Les-banques-bluffe...

|4| En septembre 2011, la Fed détenait pour un peu plus de 1.700 milliards de dollars de titres de la dette publique (Treasury bonds) achetés au Trésor.

|5| Pour plus d’infos, lire MUNEVAR Daniel, " Les risques du système bancaire de l’ombre », http://cadtm.org/Les-risques-du-sys...

|6| Pour plus d’infos, lire DUPRET Xavier, “Et si nous laissions les banques faire faillite ? », http://www.gresea.be/spip.php?artic...

|7| Pour plus d’infos, lire SAURIN Patrick , “Socialiser le secteur bancaire”, http://cadtm.org/Socialiser-le-syst...

Olivier Bonfond est économiste, conseiller au CEPAG et auteur du livre “Et si on arrêtait de payer ? 10 questions/réponses sur la dette publique belge et les alternatives à l’austérité. Editions Aden. Juin 2012 (http://cadtm.org/Et-si-on-arretait-...)

 

 

 

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30 juillet 2013 2 30 /07 /juillet /2013 17:25

 

Le Monde.fr avec AFP

30.07.2013 à 12h28 • Mis à jour le 30.07.2013 à 16h21

 

 
 
A l'automne, le Sénat avait lancé un débat sur la dangerosité supposée de l'huile de palme destinée à l'alimentation humaine et accusée de favoriser l'obésité et la déforestation.

La Malaisie s'était inquiétée après l'adoption en novembre 2012 par la commission des affaires sociales du Sénat d'un "amendement Nutella" au projet de budget 2013 de la Sécurité sociale, visant à augmenter de 300 % la taxe sur l'huile de palme, son produit phare.

En visite officielle en Malaisie, le premier ministre Jean-Marc Ayrault a rassuré sur ce dossier sensible le deuxième producteur mondial d'huile de palme, rappelant que la "taxe Nutella" n'avait pas été adoptée ni soutenue par son gouvernement.

"Il faut éviter les malentendus : la France n'est pas hostile à l'huile de palme", a affirmé M. Ayrault lors d'une conférence de presse commune avec son homologue malaisien, Najib Razak. Il a rappelé que "c'était d'ailleurs un Français" qui avait diffusé le palmier à huile en Malaisie. "Au Parlement, une initiative avait été prise de taxer les produits contenant les huiles de palme. Cette proposition parlementaire n'a pas été suivie ni soutenue par le gouvernement. Donc il n'est pas du tout envisagé une pénalisation fiscale de l'huile de palme", a-t-il insisté.

 

Lire : L'huile de palme, une méfiance très française


 "LIBERTÉ DU COMMERCE"

A l'automne, le Sénat avait lancé un débat sur la dangerosité supposée de l'huile de palme destinée à l'alimentation humaine et accusée de favoriser l'obésité et la déforestation. Un amendement (PS) du Sénat proposait de surtaxer cette huile, une taxe baptisée "taxe Nutella", du nom de la populaire pâte à tartiner au chocolat qui en contient. L'initiative avait été reprise à l'Assemblée nationale par les écologistes, qui voulaient augmenter de 300 % la taxe sur cette huile, mais elle a finalement été rejetée.
 

"Quelques producteurs et distributeurs français ont pris l'initiative d'étiqueter des produits avec la mention 'sans huile de palme'. Mais ce n'est absolument pas une initiative du gouvernement mais une initiative privée qui relève de la liberté du commerce", a aussi fait valoir M. Ayrault, qui a dit s'être entretenu "avec franchise" de ce dossier avec son homologue. Il a reconnu que c'était "un sujet sensible, notamment pour les petits producteurs ici qui en vivent".

Toutefois, M. Ayrault a rappelé que "dès l'année prochaine, il va y avoir une réglementation européenne qui rendra obligatoires les indications du nom des huiles utilisées". "L'huile de palme ne sera pas traitée à part, elle sera traitée comme toutes les autres huiles", a-t-il dit.

 

 

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30 juillet 2013 2 30 /07 /juillet /2013 16:49

 

LE MONDE

 

29.07.2013 à 10h22 • Mis à jour le 29.07.2013 à 14h34 | Gérard Davet et Fabrice Lhomme


 
Bernard Tapie et Maurice Lantourne (à droite), en octobre 2005.

Les trois juges parisiens chargés d'enquêter sur l'arbitrage Tapie pensent enfin tenir les documents susceptibles d'étayer leurs soupçons d'"escroquerie en bande organisée" dans l'affaire Adidas. Il s'agit de deux lettres, rédigées par l'avocat de Bernard Tapie, Me Maurice Lantourne, et adressées les 5 et 12 septembre 2006 à... Pierre Estoup, celui-là même qui allait, quelques mois plus tard, signer une déclaration d'indépendance et rédiger dans sa quasi-globalité la sentence arbitrale accordant 405 millions d'euros à M. Tapie, le 7 juillet 2008.

Dans ces courriers, dont Le Monde a eu connaissance, il est exclusivement question du conflit entre Bernard Tapie et le Crédit lyonnais, lié à la vente d'Adidas. Or ces deux hommes, financièrement intéressés au résultat de l'arbitrage Tapie – Me Lantourne a perçu 2,5 millions d'euros d'honoraires, et M. Estoup, près de 300 000 euros pour son rôle d'arbitre –, avaient pourtant assuré aux enquêteurs ne jamais avoir abordé ce sujet avant l'arbitrage.

Pour obtenir ces documents cruciaux, les juges Serge Tournaire, Guillaume Daïeff et Claire Thépaut se sont rendus en perquisition, à trois reprises, les 3, 4 et 8 juillet, au cabinet d'avocats Fried Frank, dans le 8e arrondissement de Paris. Me Maurice Lantourne, le conseil de Bernard Tapie, y a travaillé de 2006 à 2009. Or, l'arbitrage a été évoqué officiellement le 30 janvier 2007, pour se conclure, le 7 juillet 2008, par la sentence controversée. Les juges se sont fait remettre les courriers internes, fiches de travail et autres courriels de cette période, ayant trait à l'affaire Tapie.

 

Voir l'infographie interactive : "Les protagonistes de l'affaire Tapie-Lagarde"

 

PIERRE ESTOUP : "JE N'AI DÉLIVRÉ AUCUNE CONSULTATION"

La saisie a été contestée par le délégué du bâtonnier de Paris, et il a fallu qu'une juge des libertés et de la détention, la vice-présidente Annie Rochet, se prononce sur la possibilité de verser ces pièces en procédure. Le 12 juillet, dans une ordonnance détaillée, la juge Rochet a donné raison aux magistrats. Elle cite notamment le "document 45, une lettre de Me Lantourne à M. Estoup datée du 12 septembre 2006. (...) Elle est en contradiction avec les déclarations des intéressés relatives à leurs liens." Effectivement, le 6 novembre 2008, déjà suspecté d'avoir eu des relations commerciales avec Me Lantourne, M. Estoup avait dû s'expliquer auprès des conseils du Consortium de réalisation (CDR), la structure chargée de gérer le passif du Crédit lyonnais.

M. Estoup encourait une possible récusation, et Bercy s'interrogeait alors sur un éventuel recours contre la sentence. Il avait simplement admis avoir participé avec Me Lantourne à trois arbitrages déjà anciens, entre 1999 à 2002. Il avait ajouté : "Je n'ai délivré aucune consultation, aucun avis, ni reçu aucune note dans le dossier faisant l'objet du présent arbitrage." Il a aussi assuré, le 19 décembre 2012, devant la Cour de justice de la République, qui examine le rôle de l'ex-ministre de l'économie, Christine Lagarde, dans cette affaire : "Je n'ai jamais eu l'occasion de connaître de contentieux ayant pu intéresser Bernard Tapie." Le 8 octobre 2008, pour sa part, Me Lantourne avait écrit au CDR : "Je n'ai jamais consulté M. Estoup..." L'affaire s'était arrêtée là.

 

PLUS DE DOUTE, LES DEUX HOMMES ONT PARTIE LIÉE

Depuis, les magistrats ont établi que les deux hommes avaient travaillé sur les mêmes dossiers à au moins neuf reprises, et pas trois. Et voilà maintenant que les juges disposent de ces fameux courriers de septembre 2006. Car dès le 5 septembre 2006, Me Lantourne écrit à Pierre Estoup. La lettre porte comme référence "Aff. BT". Il joint à cette missive toutes les pièces essentielles afférentes au conflit Tapie/Crédit lyonnais. Le 8 septembre 2006, comme l'atteste l'agenda de l'avocat, il rencontre M. Estoup. Avec cette mention : "Quid dossier". A l'époque, selon ses propres dires, il est pourtant censé ne plus travailler avec le futur arbitre depuis quatre ans.

 

Lire le récit : "Affaire Tapie : comment l'arbitrage a été verrouillé"


Une semaine plus tard, le 12 septembre 2006, il s'adresse donc à nouveau à Pierre Estoup, cette fois pour lui adresser une note rédigée par ses soins et relative à l'affaire Tapie. Il y souligne qu'"il paraît aujourd'hui opportun de mettre un terme à la liquidation judiciaire" et assure que les "fautes commises par le CDR et le Crédit lyonnais sont extrêmement graves".

Les juges n'ont plus guère de doute : pour eux, les deux hommes ont partie liée. Une conviction renforcée par une autre découverte, issue elle aussi de la perquisition. Le 1er octobre 2004, un confrère de Me Lantourne lui demande, en vue d'organiser une réception, une liste de ses invités personnels. Me Lantourne transmet en retour, le 8 octobre, un listing d'une vingtaine de personnes qu'il souhaite voir conviées. Parmi celles-ci... MM. Tapie et Estoup. La juge Rochet en conclut que l'"on peut y apprendre que B. Tapie et P. Estoup étaient invités à la même réception". Quatre ans avant l'arbitrage. Et six ans après l'intrigante dédicace adressée en 1998 par M. Tapie à M. Estoup : "Votre soutien a changé le cours de mon destin..."


Lire aussi : "Les courriers de Bernard Tapie aux décideurs politiques"


Mais les enquêteurs s'intéressent aussi à un deuxième arbitre de l'affaire Tapie, l'avocat Jean-Denis Bredin. La juge Rochet note d'ailleurs dans son ordonnance : "On peut s'interroger sur la neutralité de J.-D. Bredin." C'est que Me Lantourne a également adressé des courriers à son confrère, et ce bien avant qu'il ne soit désigné arbitre. Egalement référencée "Aff. BT.", une missive est rédigée le 25 avril 2006. Suivie d'une autre, le 29 septembre 2006, où Me Lantourne, à la demande de M. Tapie, transmet à Me Bredin le "projet d'avis de M. Lafortune, avocat général à la Cour de cassation". Comment le camp Tapie a-t-il eu connaissance de ce qui n'est encore qu'un "projet", rédigé par le magistrat Maurice Lafortune, le concernant ? La Cour de cassation se prononcera en octobre 2006, son arrêt faisant repartir la procédure de zéro.

Longuement interrogé le 3 juin, notamment sur l'activisme de Me Lantourne, Me Bredin s'en est pris à M. Estoup, à qui il avait pourtant consacré une dédicace l'assurant de ses "très fidèles amitiés". "Le comportement de M. Estoup dans ses relations avec Me Lantourne et Bernard Tapie n'est pas normal", a-t-il dit. S'il n'a aucun souvenir des courriers que lui a adressés Me Lantourne, il se rappelle en revanche des conditions dans lesquelles fut rédigée la sentence. M. Estoup, dont il juge les avis "partiaux", a "fait la rédaction du travail préparatoire de la sentence dans sa quasi-totalité". Pierre Mazeaud, le président ? "Il a fait ses observations, mais oralement." Et ce fameux "préjudice moral", soit les 45 millions d'euros accordés au couple Tapie ? Il se souvient que l'un des arbitres "trouvait que cela n'était pas assez". "M. Estoup ?", risquent les policiers. "Oui", répond Me Bredin.

Sollicité par Le Monde, M. Estoup n'a pas souhaité s'exprimer. M. Lantourne, quant à lui, a appelé à "la plus grande prudence sur les documents saisis, qui ne sont parfois que des projets de lettres. Par ailleurs, je maintiens n'avoir jamais demandé à M. Estoup de travailler en 2006 sur ce dossier."

Gérard Davet et Fabrice Lhomme

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30 juillet 2013 2 30 /07 /juillet /2013 15:09

 

 

Marianne

Mardi 30 Juillet 2013 à 05:00

 

Léa Ducré

 

 

L'un des responsables de Foxconn, Terry Gou, s'essuie le visage lors d'une inspection après la mort de neuf employés - Hon Siu Keung/EPN/NEWSCOM/SIPA
L'un des responsables de Foxconn, Terry Gou, s'essuie le visage lors d'une inspection après la mort de neuf employés - Hon Siu Keung/EPN/NEWSCOM/SIPA
« Les promesses d’Apple non-tenues », tel est le titre d'un rapport communiqué lundi par l’organisation de défense des droits des travailleurs basée aux Etats-Unis. En cause, les conditions de travail des petites mains du géant de l'électronique, plus regardant sur les méthodes de son concurrent Samsung que sur celles de ses sous-traitants, dont la firme taïwanaise, Pegatron, qui à elle seule fait l'objet de 86 violations du droit du travail chinois, dont l'emploi d'ouvriers mineurs selon l'ONG China Labor Watch.
 
Volumes horaires compris entre 66 et 69 heures par semaine, heures supplémentaires obligatoires en période de production chargée dans trois usines de Shanghai et Suzhou... c'est en substance ce que dénonce le rapport ; « les conditions de travail dans ces usines sont si terribles que la plupart des travailleurs refusent d'y travailler longtemps ». A tel point que dans une usine de Suzhou, 30 nouvelles recrues auraient démissionné en l'espace de deux semaines.

 

Les accusations portées sont graves. Elles reposent sur une enquête étayée par le témoignage de près de 200 salariés. La firme à la pomme a réagi immédiatement. Affirmant avoir « pris connaissance pour la première fois » de ces accusations, la société de Tom Cook lance « sur-le-champ » une enquête. L'entreprise qui se montre très concernée par le sujet affirme en effet exiger de ses fournisseurs en Chine une durée maximale de travail de soixante heures hebdomadaires et interdire le recours à des mineurs sur les chaînes de production.

 

Dans cette perspective, Pegatron a été auditionné plus de 15 fois au cours des six dernières années selon Apple, le dernier rapport n'ayant fait état d’aucune infraction à la législation locale. « Si nos audits démontrent que des employés n'ont pas été rémunérés à hauteur du temps travaillé, nous exigerons que Pegatron les rembourse intégralement » prévient le groupe.

Nouvelle affaire

Apple n’en est pas à son premier scandale. En 2010 déjà, une enquête de l’organisation Fair Labor Association (FLA) pointait du doigt les conditions de travail déplorables des ouvriers de son fournisseur historique Foxconn, suite aux suicides de treize salariés. Apple avait alors pris ses distances avec la firme taiwanaise et s’était tourné vers un rival, Pegatron, pour la fabrication du nouvel iPhone à bas prix.
 
Ironie du sort, « les conditions de travail dans les usines de Pegatron sont bien pires que celle des usines Foxconn » selon le directeur de China Labor Watch, Li Qian. En 2013, Apple a pourtant « augmenté ses commandes auprès de ces usines, qui se reposent sur des violations du droit du travail afin d'augmenter leur compétitivité. » Ainsi le problème est-il intrinsèquement lié aux commandes et plus encore aux délais directement imposés par le groupe. Une cadence infernale qui permettra aux plus impatients de se procurer le nouvel iphone dès l'automne prochain. 70.000 travailleurs de Pegatron y veilleront.

 

 

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