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7 août 2013 3 07 /08 /août /2013 13:54

 

 

Actualutte

 

Edward Snowden, l’homme qui a divulgué les programmes de surveillance de la National Security Agency est-il un héros ou un traître ? Pour un membre du Sénat américain, la question ne se pose pas.


Un membre du Sénat a été pris en flagrant délit de « trollage » sur la page Wikipedia d’Edward Snowden. L’un d’eux a en effet décidé de changer la définition de Snowden en modifiant le terme «dissident» en «traître».

 

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L’encyclopédie open source Wikipedia permet aux utilisateurs d’effectuer des modifications aux pages qu’ils estiment nécessaires. Mais parce que la tentation de « troller » est élevée, l’adresse IP de chaque personne qui fait une modification est enregistrée. Un membre du Sénat américain semblait ne pas être au courant de ce détail.

Bien entendu, il n’y a pas moyen de savoir si l’éditeur est un sénateur, un membre du personnel ou un stagiaire – seulement que le changement a été effectué à partir d’un ordinateur avec une adresse IP du Sénat.

Source : Entre défenseurs du net

 

 

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6 août 2013 2 06 /08 /août /2013 20:48

 

Le Monde - Blog

 

McDonald's emploie 90 % de ses employés anglais sous un contrat qui fait polémique. Justin Sullivan/Getty Images/AFP

 

C'est sous le contrat de travail appelé "zéro heure" que McDonald's emploie 90 % de ses employés britanniques, soit plus de 82 000 personnes.

Très critiqué en Angleterre en raison de son caractère précaire, ce contrat prévoit que l'employé, pendu à son téléphone, se rende disponible à tout moment de la journée sans qu'aucune durée de travail ne soit fixée dans son contrat. Autre coup dur pour le salarié, il n'est rémunéré que pour les heures travaillées.

McDonald's serait ainsi le plus gros employeur de salariés à contrat sans horaire défini au Royaume-Uni. Le géant de l'alimentation rapide, qui fait travailler 92 000 personnes dans ses 1 200 restaurants britanniques, s'est attiré les foudres de certains hommes et femmes politiques du pays.

A l'instar d'Andy Sawford, député travailliste et farouche opposant au contrat :

"Certains salariés travaillent vingt à trente heures par semaine, d'une semaine à l'autre, et il est injustifiable de ne pas leur accorder de contrat. MCDonald's sait identifier les besoins de ses clients lors de leur commande, et préparer en fonction de ces données les bonnes quantités de nourriture. Le même raisonnement pourrait être utilisé pour les besoins de son personnel, et apporter ainsi à ses employés plus de certitude."

Depuis son entrée en Grande-Bretagne, en 1974, McDonald's a recours à ce type de contrat. Mais si l'entreprise est pointée du doigt, elle est loin d'être la seule société mise en cause.

La semaine dernière, le Guardian révélait que Sport Direct, le premier vendeur d'articles de sport en Angleterre employait 90 % de ses salariés – soit 20 000 personnes – sous ce contrat controversé.

"Les membres du personnel ne savent pas combien d'heures ils vont travailler d'une semaine sur l'autre, sans garantie d'horaire de travail régulier, sans indemnité maladie ni congés payés", expliquait le Guardian.

Depuis ces révélations, certains députés britanniques ont demandé au gouvernement d'ouvrir une enquête. Alison McGovern, députée travailliste, assure au quotidien britannique que le recours au contrat "zéro heure" est largement sous-estimé :

"Tous les jours nous en apprenons davantage sur l'ampleur de cette pratique. Nous ne pouvons plus ignorer ce problème."

Selon une étude, citée par The Independant, un million de salariés pourraient être employés sous ce contrat. Un chiffre quatre fois plus élevé que les estimations de l'office national de la statistique, qui l'évalue à 250 000 personnes.

Si les estimations divergent, tous notent la hausse du nombre de contrats à "zéro heure", dans tous les domaines, secteur public comme privé. Même le palais de la reine n'échappe pas à la polémique. Cet été, les 350 saisonniers du palais de Buckingham sont employés en contrat "zéro heure".

 

 

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5 août 2013 1 05 /08 /août /2013 17:01

 

imagiter.fr

 

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Voici un des nombreux exemples qui soulignent un mouvement vers la déréalisation en occident. Combien de sujet inutiles vont chasser les interrogations fertiles ? Quel est le taux de population mondiale qui a un compte en banque ? Un compte en banque étant moins restrictif qu'un carnet de chèque ou qu'une carte bancaire (moins avec l'autorisation de cartes bancaires que possédant un compte en banque!)…les organismes financiers  ne désirent pas vraiment la démocratisation de ces données…pour le moment, nous pouvons juste étayer une hypothèse basique : 35 %  (grand maximum, en hypothèse haute, de 45 % !) seulement détiennent un compte en banque…beaucoup moins un carnet de chèque et/ ou qu'une carte bancaire…

 

Quant au taux de population mondiale possédant une couverture sociale, il est, actuellement, de 25 %. Oui les 3/4 (75 %) n'ont aucune couverture sociale…vous imaginez les délires de convoitises des marginaux capitalistes ? De tels délires de convoitises se soignent très bien …au trop pauvres l'accélération de la Sécurité sociale. Aux trop riches les cures de désintoxication…l'enjeu bien dissimulé (avez- vous déjà un capitaliste qui ne fasse pas tout uniquement afin de protéger les plus pauvres ? depuis qu'il le pratique la misère a explosé - d'où double hypothèse soit ses méthodes se révèlent archi fausses soit il ne pratique rien !!!) – c'est que la minorité des marginaux capitalistes. Sans aucun argument qui ne tienne la route. Veut faire main basse sur tous les avoirs de ces plus pauvres…De nombreux aveux ont déjà plu…

 

D'où les attaques à contre- temps contre le modèle de répartition – où la France reste championne – pour la stupidité très démontrée de la capitalisation (si cela rapporte ce ne sera pas vraiment pour vous – si cela coûte ce sera, par contre, tout pour vous !)…oui la capitalisation est un parasitisme flagrant des spéculateurs et des fonds de pension qui, depuis plus de 20 ans, n'ont jamais fait la moindre preuve de la plus minime loyauté envers leurs …clients. Ils leur cachent tout même leurs cachetons !!!

 

Envisager que 75 % de la population mondiale, autour de 2030, serait couverte par une protection sociale. Ce qui aurait l'immense avantage de résoudre un certain nombre de problèmes systémiques…oui ceux que les pays ne peuvent résoudre par eux-mêmes. Qui ne résout qu'au niveau mondial…Combien de délocalisations seront encore envisagées si ce volontarisme de la protection sociale pour tous reste maintenu ? L'harmonisation des coûts du travail se voyant, enfin tiré par le haut…Puisque, face aux rictus truqueurs de qui vous sort "c'est la faute à la mondialisation" nous n'y percevrions plus que ce qu'il y a de si répugnant dans ces personnages…n'y avouent-ils pas qu'ils font bien partie de ces étranges détraqués du cerveau ?

 

Ecoutez -les pour une fois en silence…l'impact en devient sismique…un trader se voit, ainsi, décrit : un des rares à dénoncer pêle-mêle la fraude des multinationales, l'irresponsabilité des agences de notation, les incompétences des autorités de régulation, les naufrages des gouvernements. Et qui – afin, sans doute, d'aider à annuler ces dysfonctionnements - eh bien ! se fait un milliard de dollars en pariant à la baisse des titres. Vous trouvez que c'est l'attitude adaptée ? Puisqu'un agitation aussi inadaptée renforce encore plus les anomalies qu'il dénonçait ou faisait semblant. S'enrichir à ce point sur les malheurs des autres – est-ce rester du bon côté du manche ? Les médias mercenaires (vendus au plus offrant – et sans garantie de probité d'information !) peuvent gaspiller leur arrogance en osant que les marchés ont diagnostiqué ceci, que les conseils des marchés seraient cela, que les dettes sont trop ou pas assez, que les dépenses sont trop ou pas assez, etc – aucun de ces mots ne restent CREDIBLES…du fait des émetteurs. Ce sont des parasites sans honneur pas des expert honnêtes !!! Leur description du monde ne pourra jamais être lavée des soupçons de fraude. Spéculer étant largement frauder, non ?

 

Que pensez-vous de quelqu'un qui analyse que la dette des Etats devient trop lourde et qui – à peine la phrase terminée – se met à mouliner des big short (la façon la plus lâche et écœurante de faire de la spéculation !) en PARIANT que son acte délinquant va encore renforcer les dettes ? Exactement, vous pensez, aussi, que ce personnage aggrave tous les faits qu'il fait semblant de dénoncer. Qu'il irait nettement plus vite en s'auto- dénonçant ou…en arrêtant net son antisocialité irresponsable !!! Vu qu'il en reste comme le créateur complet des crises (si la Bourse fermait de combien de crises serions- nous épargnés ?)…si nous avions du temps pour cela, nous verrions à quelle profondeur de ridicule plongent ces truqueurs et tricheurs de la Bourse, postillonner qu'il faille plus de rigueur budgétaire lorsque tant d'ouvrages ont démasqué leurs turpitudes (aucune rigueur dans leur propre budget bien trop parasitaire !)…Ils préconisent aussi cruellement exactement ce qu'ils ne mettront jamais en pratique pour eux- même…Est-ce ceci qui fait aigrir leurs discours vers l’aliénation ? C’est parce qu’il vole des millions de dollars en spéculant que sa théorie sociale et économique serait exacte ? Drôle de raccourci qui ne peut participer à la structure d’un raisonnement !!!’Seules des têtes corrompues alignent ainsi, les mots…

 

Tout se cristallise dans nos façons de voir les choses…Oui, lorsque votre regard aura tourné suffisamment pour voir la réalité en face. Et faire tomber tous leurs discours mensongers – eh bien le capitalisme qui demeure plus une mentalité détraquée qu'un fait solide bien enfoncé dans le réel…disparaîtra tout simplement. Comme ce qui s'éloigne et devient invisible…

 

Complètement sorti de nos têtes !!!

Passés  autre chose !!!!

 

Afin d'accélérer votre changement radical de regard - lisez les désoccultations de l'ancien trader Michaël Lewis – Le casse du siècle, The big short, septembre 2010…Dans un tout autre domaine, Christian Chavagneux – Une brève histoire des crises financières, octobre 2011…encore Nassim N. Taleb "Le Cygne Noir – La puissance de l'imprévisible", septembre 2010). Aussi, Jacques Cotta - Qui veut la peau des services publics ?, janvier 2011. Alain Cotta, Le règne des oligarchies, lui est de janvier 2011…Toujours "Face aux crimes du marché" de William Boudon, février 2010 ; ensuite, Robert Reich Le jour d’aprèssans réduction des inégalités, pas de sortie de crise, janvier 2011)…James K. Galbraith  et son "The Predator State", 2008, avec son si parfait sous-titre "Comment la droite a renoncé au marché libre. Et pourquoi la gauche devrait en faire autant ")…Enfin, de Peter L. Bernstein – Des idées capitales, juin 2008. Sans omettre Henri Bourguinat et Eric Briys – L’arrogance de la finance, comment la théorie financière a produit le Krach, de 2009…

 

…ces recherches probes sur la réalité de ce monde se poursuivent dans tous les blogs titrés "une société, institutionnellement, organisée pour voler les pauvres" du 23 septembre 2011, "Tout l'argent gratuit pour les seuls capitalistes" du 25 septembre 2011 …,"L'angle mort de la finance", " Chiffres de l'occupation de l'armée étrangère de la finance" (blog du 17 février 2012), "Les crises sont causées par les excès d'inégalités ?", "Principe de précaution massif envers la finance ?", "Désindustrialisation : à qui la faute ?", "Plus ça va plus c'est vulgaire d'être trop riche","Gains collectifs partout", "La spéculation désocialisée", "Les émeutiers ce sont les trop riches ?", "Peut-on vraiment se dire "objectif" lorsque intéressé et profiteur ?","Le coût d’une non intervention publique ?", "Hontes du néolibéralisme", "Banques, plus rien ne va !!!", "Plus tu prends aux autres plus tu les enrichis !!!", "Les élus ne sont pas les propriétaires de ce qu'ils gèrent", "Plus con qu'un banquier ?", "L'infantilisme du "circuit intégré de la finance internationale"""Ce que représente l'argent des banques ?", "Collectif/ individuel", "Privatecity" – Publicity", "L'autorégulation étatique est prouvée …", "Donner l'apparence de la solidarité à un simple courant d'air (1 et 2)", "Du suffrage universel "libre et non faussé"", "au mieux des intérêts de tout le monde", "Qui on valorise ?", " La finance - une fraude systémique ?", "Comment le capitalisme se met à dos tous les génies ?", "Si la nouvelle génération de penseurs ne vient pas vite", "Le bon détour ne ment…" ou "POURQUOI LES MARCHES CA NE MARCHE PLUS ?"

Gains collectifs à la place des gains individuels, Fête sociale permanente, Service public du crédit, revenu d'existence mondial, retour massif des services publics autogérés, et tant d'autres filons du futur etc – toute une nouvelle civilisation est bien, complètement, en place !!!

 

                        Que le vaste humour vous grandisse et vous nourrisse !!!

Sous copyleft……pour tout ce qui reste à but non lucratif

 (à suivre)

 

trouvez, aussi, un complément à cette réflexion sur le site internet à téléchargements gratuits freethewords.org,   onglet 4  "Nul n'est  nul", onglet 3 "Légalité de l'égalité" (Quality of eQuality), onglet 4  "La démagogie n'est utile et utilisée que par qui est déjà au pouvoir ". onglet 2 "L'ardeur sociale" et "Le roman de l'économie",  onglet 3  "Why do we left the left wings ?",  onglet 2  "Comment devenir un (e) athée du capitalisme".Et, surtout, RIEN DE PLUS SOLIDE QUE LE SOLIDAIRE, onglet 3,   LE ROMAN DE L'ECONOMIE,  ainsi que LA QUESTE DES QUESTIONS (qui a démuni les démunis ? qui a déshérité les déshérités ? qui s'est emparés des désemparés ? qui a détressé les détressés ? qui a dérobé aux nécessiteux leur nécessité ? etc), onglet 2.

Résistances au changement      Impliquent changement de résistances

Structurellement, les classes moyennes ne savent plus penser

Pas de République si le politique ne prime pas sur l'économie

 

Si ce blog a su retenir votre attention dans les 1 900 autres (disponibles ici) il doit y en avoir de bien plus décoiffant. Qui vous boosteraient encore plus. C'est le si cher chercher cher… on trouve plus que prévu

 

Publié dans : economie et politique Communauté : BLOGS, en parler ...

Jeudi 26 avril 2012

Par imagiter.over-blog.com

 

 


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5 août 2013 1 05 /08 /août /2013 16:33

 

 

actuwiki.fr

4 août 2013

 

 

Les puissances d’argent ont acquis une influence démesurée, les grands médias sont contrôlés par les intérêts capitalistes, les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés sont jour après jour entravées. Pour Hervé Kempf, journaliste et essayiste, si nous voulons répondre aux défis du 21e siècle, il est impératif de revenir en démocratie. Et mettre fin à l’oligarchie, régime actuel qui maintient les privilèges des riches au mépris des urgences sociales et écologiques.

 

 

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Basta ! : Pourquoi affirmez-vous que nous ne sommes plus en démocratie, et pas encore en dictature, mais dans une « oligarchie » ?

Hervé Kempf : Dans les pays occidentaux, l’évolution du capitalisme ces 30 dernières années a provoqué une considérable augmentation des inégalités. Elle a conduit à détacher encore plus le groupe des très riches du reste de la société. Ce groupe a acquis un pouvoir énorme, qui lui permet de contrôler les grands choix collectifs. Derrière l’apparence d’une démocratie représentative, le destin de la collectivité est déterminé par un petit groupe de gens, la classe oligarchique.

Kempf-3b051.jpg Le régime oligarchique actuel se caractérise par une extension du pouvoir des acteurs économiques, bancaires et financiers. Et par un affaiblissement du pouvoir relatif de l’État. L’histoire récente l’illustre clairement, avec les exemples de la Grèce, du Portugal, de l’Irlande : ce sont désormais les spéculateurs, les banques, les fonds de pension qui décident des politiques économiques de ces pays. Le dénouement de la crise financière montre également la disproportion entre le pouvoir des États et celui des agents privés. Le système financier est sauvé fin 2008 par l’engagement des crédits et de l’épargne publics. Éviter l’effondrement du système était nécessaire. Mais on est en droit d’attendre que la puissance publique reprenne le contrôle des agents financiers qui avaient conduit à la crise par leur comportement irresponsable. Cela n’a absolument pas été le cas. L’autonomie de décision du secteur bancaire a été largement préservée. Les tentatives de régulation ne corrigent qu’à la marge les dysfonctionnements et les comportements spéculatifs.

 

L’oligarchie désigne à la fois une réalité sociologique et un système politique. Comment fonctionne cette élite puissante et fortunée ?

Une des caractéristiques du régime oligarchique est l’imbrication étroite entre les cercles dirigeants politiques et économiques. Alors que l’un des principes fondamental de la démocratie est la séparation : d’un côté les élus, les hauts-fonctionnaires, les membres des cabinets ministériels et de l’autre les dirigeants des banques et des grandes entreprises. Ils ne doivent pas être adversaires, au contraire, c’est important qu’une société démocratique ait une activité économique prospère. Mais en démocratie, les affaires privées relèvent d’une autre logique que les affaires publiques. Or on observe aujourd’hui une fusion des deux systèmes de gestion. Ceux qui sont en charge des affaires publiques ont beaucoup moins le souci de l’intérêt public. Ou plutôt, ils ont le souci que la gestion des intérêts publics n’entre pas en contradiction avec la préservation des grands intérêts privés. On observe aussi un constant va-et-vient, du point de vue des acteurs, entre les milieux de la haute décision publique et ceux des grandes entreprises ou de la banque.
Le glissement de la démocratie vers l’oligarchie ne s’est pas fait brutalement, mais plutôt de manière insidieuse…

Cela s’est opéré avec le creusement progressif des inégalités – dont on a véritablement pris la mesure ces dernières années. Tout le discours de l’oligarchie consiste à préserver la fiction de la démocratie. Il est vital pour le maintien d’un système inégalitaire que le peuple continue à croire qu’il est en démocratie, que c’est lui qui décide. Aujourd’hui, une partie de la classe dirigeante est cependant en train d’abandonner l’idéal démocratique et aspire plus ou moins ouvertement à un régime totalitaire. Il n’y a qu’à voir le nombre de capitalistes en admiration devant le régime chinois, parce qu’il atteint des taux de croissance économique records grâce à un gouvernement autoritaire.

L’oligarchie témoigne d’une conscience de classe aiguisée, d’une communauté sociologique solidaire. Mais, face à l’oligarchie, pourquoi une telle passivité, une telle apathie collective ? Pourquoi ne se rebelle-t-on pas ?

L’évolution du capitalisme s’est accompagnée d’une transformation majeure de la culture collective. L’individualisme s’est exacerbé à un point sans doute jamais vu. Il forme aujourd’hui le fond de notre culture, de notre conscience collective, de notre façon d’être. C’est ce qui cause notre faiblesse et notre incapacité à nous rebeller. L’individualisme fragmente la société. Il nous paralyse et nous handicape face à des gens qui, même s’ils sont peu nombreux, « jouent collectif » et sont très cohérents.

Pour dépasser cela, il faut nous affranchir d’un conditionnement extrêmement fort des médias, et particulièrement de la télévision. Elle est devenue si quotidienne et banale, on ne se rend même plus compte à quel point elle modèle et diffuse la culture collective. Le système de valeurs qu’elle projette, avec la publicité, est individualiste, axé sur la consommation, et n’invite pas à intervenir dans la sphère publique.

 

Sommes-nous indifférents à ce qui est en train de se passer ?

Il y a, dans une large part des classes moyennes, un conservatisme fondé sur la crainte. Elles savent que les mécanismes de la démocratie sont très affaiblis, que la situation générale se délite, que les institutions de solidarité collective sont mises à mal. Mais elles estiment que le capitalisme finissant et l’oligarchie leur garantissent une certaine sécurité face à l’ébranlement du monde. Après tout, cet ordre existant, bien que très critiquable, nous assure un confort qui pourrait être perdu en cas de changement majeur. Mais la situation ne peut pas rester stable. La sécurité actuelle est une fausse sécurité. Si l’on n’agit pas, si le sentiment d’indignation exprimé par les lecteurs de Stéphane Hessel ne se transforme pas en engagement, les oligarques, face à la montée de la crise sociale et écologique, nous entraîneront dans un régime de plus en plus autoritaire. Un régime qui affaiblira le confort, mais aussi la liberté et la dignité de chacun.

 

L’enjeu politique le plus immédiat est-il de « dé-financiariser » l’économie et de reprendre le contrôle du système bancaire ?

Oui. L’un des leviers essentiels pour revenir en démocratie – et pour donner des capacités d’action au politique – est d’affaiblir cette puissance financière. Il faut reprendre le contrôle, par des règles que les spécialistes de la finance connaissent bien : séparation des activités spéculatives et des activités de dépôt, gestion collective du crédit, taux de réserve obligatoire pour les banques… On peut aussi envisager la socialisation d’une partie du secteur bancaire.

Autre enjeu crucial : réduire drastiquement les inégalités. Cela est indispensable pour que notre société ait les moyens de se transformer, de s’orienter vers une politique écologique de la ville, de l’énergie, des transports. Il faut développer des activités moins destructrices de l’environnement, et moins tournées vers la production matérielle, comme l’éducation, la santé, la culture. Des activités qui ont un impact écologique plus faible, mais qui sont beaucoup plus riches en termes de lien social et de création d’emplois. Et la démocratie est fondée sur un principe d’égalité. Or aujourd’hui, certains sont dans une telle position de richesse qu’ils peuvent influencer très largement la décision collective. Par des activités de lobbying, par le financement des campagnes des candidats, par le contrôle des médias, autant d’actions qui conditionnent les esprits.

 

Comment réagit l’oligarchie face à la crise écologique ?

La crise écologique crée une contrainte historique tout à fait nouvelle et impose une véritable transformation de nos sociétés occidentales, de nos modes de vies. Notre économie repose sur un accroissement continu de la consommation, et nous savons pertinemment que cette course à l’enrichissement matériel ne peut se poursuivre indéfiniment. En termes de prélèvement des matières premières ou de recyclage, nous avons atteint les limites de la biosphère. Et les pays émergents revendiquent légitimement d’être traités sur un pied d’égalité avec les pays occidentaux, en terme d’accès aux ressources et de consommation. Historiquement, nous allons vers une convergence des niveaux de vie. La situation écologique ne permet pas que cette convergence se fasse par un alignement sur le niveau de vie occidental. Celui-ci doit changer, ce qui se traduira par une baisse du niveau de vie matériel. C’est le défi majeur de nos sociétés. L’oligarchie ne peut pas le relever.

 

Pourquoi en est-elle incapable ?

Pour l’oligarchie, il est vital que croissance économique et promesse d’augmentation de la consommation matérielle soient considérées comme un objectif absolu. C’est la condition pour que les inégalités actuelles restent acceptables : la croissance du PIB est censée permettre l’élévation du niveau de vie de tous. La question écologique est donc toujours minorée et la critique de la croissance considérée comme absurde. Il est essentiel que la délibération collective porte sur ces questions, qui sont la clé d’un avenir pacifique. La démocratie est le seul moyen de parvenir à cette transition, qui doit être réfléchie et choisie collectivement, dans une logique de réduction des inégalités.

 

 

Propos recueillis par Linda Maziz pour bastamag

 

 

À lire : Hervé Kempf, Comment les riches détruisent la planète, Éditions du Seuil, 2007 et Pour sauver la planète, sortez du capitaliste, Éditions du Seuil, 2009.

Hervé Kempf, L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie, Éditions du Seuil, 14 euros.

Site d’Hervé Kempf : www.reporterre.net

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À lire : Hervé Kempf, Comment les riches détruisent la planète, Éditions du Seuil, 2007 et Pour sauver la planète, sortez du capitaliste, Éditions du Seuil, 2009. Hervé Kempf, L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie, Éditions du Seuil .

Site d’Hervé Kempf : www.reporterre.net

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5 août 2013 1 05 /08 /août /2013 15:58

 

 

Le Monde.fr

05.08.2013 à 10h27 • Mis à jour le 05.08.2013 à 10h49 | Par Marc Roche

 
 
Le PDG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein.

Alors qu'il attendait la décision du jury dans le procès qui lui était intenté par la Securities & Exchange Commission (SEC), jeudi 1er aout, Fabrice Tourre lisait une version abrégée du classique d'Edward Gibbon, L'histoire du déclin et de la chute de l'Empire romain. Une fois le jugement, de culpabilité, rendu, l'ancien trader de Goldman a pu voir comme un message personnel l'analyse de Gibbon, pour qui la perte du sens civique est à l'origine de l'effondrement de l'empire. Son ex-patron, Lloyd Blankfein, aime aussi l'histoire. Si celle-ci distribuait les lauriers au mérite, le PDG de Goldman Sachs n'aurait rien à craindre puisqu'il est plus que jamais au sommet de sa profession à l'issue de ce retentissant procès.

Lorsqu'en avril 2010, le gendarme boursier porte plainte contre Goldman pour avoir vendu à des clients des crédits douteux en tranche dont elle se débarrassait en douce, Lloyd Blankfein veut à tout prix éviter un lavage de linge sale en public, voire une condamnation qui serait catastrophique pour la banque alors en plein redressement. Quatre mois plus tôt, le Financial Times l'avait proclamé "homme de l'année" pour avoir rétabli la bonne santé de l'enseigne. Un accord à l'amiable avec la SEC, sans reconnaissance de culpabilité, est la priorité des priorités.

Mais un obstacle de taille subsiste : le sort de Tourre, dont la SEC réclame la tête pour l'exemple. Blankfein décide alors de sacrifier son jeune collaborateur et accepte d'exclure son cas du réglement négocié avec la SEC : une amende de 550 millions de dollars versée en juillet 2010 contre l'abandon des poursuites contre la banque. Le trader, arrogant, vantard et étranger, sera un bouc-émissaire idéal. Pour faire taire "Fab-le-Fabuleux", Goldman règlera les honoraires de ses avocats.

 

 RECENTRAGE ET CHANGEMENT DE CAP POLITIQUE

Le cas Tourre éclaire le mode de fonctionnement d'un tacticien brillant, revenu de loin. Car à l'automne 2008, après la chute de Lehman Brothers, personne ne parie sur l'avenir de Lloyd Blankfein, qui symbolise les pires dérives de la haute finance. A deux reprises, il a dû tendre la sébile à son mentor et prédécesseur à la tête de la firme, le secrétaire au Trésor de George W. Bush Hank Paulson, alimentant ainsi les accusations de conflits d'intérêt.

Goldman a beau avoir été le plus large contributeur, côté entreprises, de la première campagne électorale de Barack Obama, le locataire de la Maison Blanche se détourne de Blankfein. Il est exaspéré par ses partis pris en faveur des bonus, sa morgue et son absence de repentir après le sauvetage des banques par l'Etat. Le banquier le plus puissant du pays, figure de proue de l'oligarchie financière qui se compare à Dieu, est tombé de son piédestal.

Face à cette nouvelle donne, qui menace de l'emporter, Blankfein contre-attaque avec une habilité redoutable. Il se débarrasse de ses rivaux potentiels en poussant au départ un grand nombre d'associés. Pour mener à bien cette purge brutale, Blankfein peut compter sur le soutien d'une petite coterie d'hommes liges, à commencer par son numéro deux, Gary Cohn, ainsi que de grands investisseurs qui saluent le recentrage de la banque sur son cœur de métier, le service aux clients.

Sur le plan politique, Goldman vire à gauche toute. Proche de Paulson, le directeur de la communication est remplacé par un démocrate. Blankfein, père de famille hétérosexuel, prend la tête de la campagne en faveur du mariage gay. Cette banque jusque-là discrète et opaque se met à la publicité et ouvre un compte Twitter. Aux mauvais résultats 2011 succède un redressement en 2012. Le succès d'anciens de la maison - Mario Draghi à la Banque centrale européenne, Mark Carney à la Banque du Canada, Mario Monti a la présidence du gouvernement italien - fait oublier le rôle clé de l'établissement dans le scandale du trucage des comptes grecs.

Mieux encore, Goldman a échappé à la vague de scandales qui ont récemment déferlé sur l'industrie bancaire. Du Libor (Barclays) à la "baleine de Londres" (JP Morgan) en passant par les agissements d'un trader fou (UBS), la coupe est pleine.

La photo est à peine jaunie. C'était hier, lors du week-end noir du 14-15 septembre 2008. Une réunion au siège de la Réserve fédérale de New York, regroupant les plus grands banquiers américains, avait scellé le sort de Lehman Brothers. Lloyd Blankfein est l'un des rares participants à être toujours en fonction. Insubmersible... 

 Marc Roche
Journaliste au Monde

 


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5 août 2013 1 05 /08 /août /2013 15:09

 

 

Médiapart

 M. Proglio, le prix de l'électricité devrait être augmenté

«La France gardera l'électricité la moins chère d'Europe», a récemment déclaré Henri Proglio, le PDG d'EDF. Le spécialiste des énergies Yves Lenoir réagit, chiffres à l'appui, et revient sur quelques idées reçues.


Le débat national sur la transition énergétique est pipé par la place mythique occupée par l'énergie atomique. Certes, l'argument de l'indépendance énergétique est devenu très friable, comme avatar de l'intervention des troupes françaises au Mali au début de cette année. Que n'a-t-on entendu à ce sujet ! Exemple révélateur, cette déclaration de Nicolas Dhuicq, député-maire de Brienne-le-Château (Aube), lors de la cérémonie des vœux de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) le 23 janvier :  « L'uranium du Niger est indispensable à l'indépendance énergétique de la France. »

Reste le mantra incontournable, qui réduirait la question du choix à celui du moindre coût… A force de répéter l'argument, personne ne se donne la peine d'aller en vérifier le fondement. Ce postulat posé, la théorie dévide ses sophismes économiques : avantage majeur pour notre industrie et pour le budget des ménages ; préservation d'un fleuron industriel français, l'industrie atomique, gage de ce prix imbattable.

Mantra incontournable, certes, mais pas inoxydable. Alors attaquons-le à l'acide de la réalité.

Chaque année, le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) publie un document intitulé Mémento sur l'énergie, Energy Handbook. Au chapitre «Données Economiques», on trouve quatre tableaux présentant, pour chaque pays de l'Union européenne, les prix du MWh, hors taxes et TTC, pour les usages industriels d'une part et domestiques de l'autre. Le dernier en date, disponible sur internet, donne les valeurs du second semestre 2011. Le Mémento de 2013 n'est pas encore disponible.

Les chiffrent parlent : concernant le prix hors taxes de l'électricité à usage domestique, EDF occupe la 6e place, et la 7e pour le TTC. On notera que la moyenne européenne donnée en référence n'est pas celle des prix mais celle obtenue en tenant compte de la production de chaque pays. Le placement d'EDF y trouve un petit avantage qualitatif puisque le prix HT –101,7 €/MWh– n'est pas à comparer avec 127,7 mais avec 131,0. L'opération est encore plus favorable au prix TTC d'EDF : 142 €/MWh face à 184 au lieu de 165.

Concernant les prix industriels, les idées fausses colportées par des noms prestigieux (comme Jean-Louis Beffa) sont aussi battues en brèche. On a pu entendre ainsi qu'EDF jouerait contre la compétitivité de l'industrie française en lui imposant des prix supérieurs à ceux que subissent ses principales concurrentes européennes, allemande notamment. C'est tout simplement faux. EDF, sous pression du gouvernement, fait le forcing pour accorder des prix bas. Par exemple, le prix TTC du MWh EDF à usage industriel vaut 81 € contre 124 € en Allemagne, 93 au Danemark, 167 en Italie.

Car ici en France, le prix de l'électricité ne résulte pas d'un calcul économique, mais d'exigences politiques. Le prix facturé est notablement trop bas, ce qui plombe les finances du monopole national. Ainsi, le prix HT à usage domestique valait 90,5 €/MWh en 2005 (moyenne européenne : 90,3 €/MWh), ce qui mettait EDF au 14e rang (mais c'était déjà l'électricité la moins chère de l'Union, bien entendu !). En 2009, ce prix était resté quasi inchangé, 92,6 €/MWh, alors que la moyenne européenne avait bondi à 118,2 €/MWh, et, mécaniquement, EDF avait gagné 8 places dans le classement, position conservée à ce jour. Le PDG Pierre Gadonneix avait alors, le 17 juin 2009, demandé publiquement, donc imprudemment, une augmentation des tarifs. Il fut très logiquement remplacé par Henri Proglio fin septembre de la même année.

Débats sur la transition énergétique obligent, garder autant que possible au frigo toute analyse économique démontrant l'absolue nécessité d'une augmentation considérable du prix de vente du produit.

Revenons à la seconde partie de la déclaration d'H. Proglio à propos de la performance d'EDF : « Aujourd'hui, nos prix sont inférieurs de 35 % à la moyenne européenne. Avec l'Allemagne, l'écart est de un à deux. »

Le premier chiffre est surévalué, et de beaucoup : 15% pour l'électricité domestique et 28% pour l'électricité industrielle. En revanche, c'est presque vrai en valeur TTC par rapport à l'Allemagne : 142 €/MWh contre 253, pour les usages domestiques. C'est plus que vrai face au Danemark, pays dépourvu de toute ressource énergétique, sinon renouvelables, qui facture aux usagers 298 €/MWh ! Mais ce que nos hagiographes électriques omettent de remarquer ne manque pas d'une certaine importance, notamment :

1. les taxes pèsent 29,1% en France, 45% en Allemagne et… 56% au Danemark dans le prix TTC du courant à usage domestique. Il s'agit donc d'une taxation incitant, ici au gaspillage de l'électricité (ce qui rend la transition énergétique quasi impossible dans le domaine de l'électricité), là-bas à un usage raisonné. Les évolutions structurelles divergentes des consommations des ménages traduisent ces choix fiscaux opposés.

2. Bizarrement, cette électricité chère ne nuit pas au dynamisme économique et aux performances commerciales de ces pays malheureux de ne pas jouir d'une électricité aussi bon marché que celle distribuée chez nous. 

Last but not least, le chiffre d'affaires d'Areva tourne autour de 10 milliards d'euros par an, soit moins que les exportations de fromages et de vins du pays. Soyons indulgent, ne mentionnons pas en plus la contribution au commerce extérieur du fleuron industriel tant choyé par nos élites. Tout ce petit monde y perdrait en crédibilité. Il faut préserver la force du mythe !

Yves Lenoir

 

 

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5 août 2013 1 05 /08 /août /2013 14:08

 

 

Médiapart

|  Par Martine Orange

 

 

Le groupe pétrolier se prépare à envoyer la gestion de sa trésorerie et sa communication financière à Londres. La seule place financière et pétrolière qui peut lui donner de la visibilité, assure-t-il.

 

Dans la discrétion de l'été, Total prépare un grand déménagement. Selon nos informations, le groupe pétrolier a engagé depuis la mi-juin un processus pour transplanter le département qui gère sa trésorerie et celui qui s'occupe de sa communication financière à Londres. Interrogé, le groupe confirme. « C'est un projet que nous avons de longue date », explique une porte-parole du groupe. « Pour l'instant, nous consultons les partenaires sociaux. S' il voit le jour, ce ne sera pas avant la fin de l'année. »

Total projette de délocaliser les 60 personnes qui gèrent sa trésorerie et la dizaine de personnes qui s'occupent de la communication financière à Londres, où il a déjà installé son département de trading pétrolier. Le gouvernement aurait été informé de ce projet.

 

 
© Reuters

Officiellement, le groupe pétrolier entend grâce à ce déménagement se rapprocher de ses partenaires financiers. En dépit de tous les moyens modernes de communication, il estime avoir besoin d'être sur place pour rencontrer les analystes financiers qui connaissent les valeurs pétrolières et les responsables financiers qui puissent l'accompagner. Malgré sa taille – Total est le cinquième groupe pétrolier mondial –, il juge que rester à Paris n'est plus adapté. « Le groupe a besoin de confirmer son image internationale. Londres est la seule place pétrolière et financière qui permet de nous donner une visibilité », assure-t-on dans le groupe.

Même si ce déménagement ne concerne que 70 personnes dans un groupe qui compte plus de 100 000 salariés, Total ne peut en ignorer la portée symbolique. La trésorerie d'un groupe est son système nerveux. C'est là que sont gérées au jour le jour toutes les opérations, par où transitent tous les moyens financiers, où sont suivis tous les risques. Celle de Total voit transiter des dizaines de milliards de dollars chaque année. La trésorerie disponible du groupe s'élevait à 13 milliards de dollars, à la fin du premier semestre 2013. La séparer de la direction générale est donc lourd de sens, et pourrait être annonciateur d'autres déménagements.

Total cherche à minimiser le risque. « Il ne s'agit que d'un transfert très ciblé. Le directeur de la trésorerie [Humbert de Wendel, ndlr] sera le seul à s'installer à Londres. Le directeur financier [Patrick de La Chevardière, ndlr] reste à Paris. Tout le comité exécutif reste à Paris. C'est le seul département appelé à bouger. Il n'y en aura pas d'autres », explique la porte-parole de Total.

Après l'annonce, par François Hollande en campagne, d'une fiscalité de 75 % sur les hauts revenus, le monde patronal avait agité l'épouvantail de départs massifs à l'étranger. L'Association française des entreprises privées (AFEP), dont le président de Total, Christophe de Margerie, est un membre actif, avait assuré que la mesure ne pouvait conduire qu'à la délocalisation des sièges et de toutes le structures opérationnelles, les groupes ne gardant à Paris qu'une présence symbolique. Après avoir été invalidée par le Conseil constitutionnel, la mesure a depuis été considérablement corrigée : la taxe sur les hauts revenus supérieurs à un million d'euros est devenue temporaire et est payée directement par les entreprises.

Total assure que son projet de déménager sa trésorerie à Londres ne s'inscrit pas du tout dans ce cadre. « Ce déménagement n'aura aucune incidence financière et fiscale », indique le groupe pétrolier.

Selon nos informations, le groupe aurait cependant négocié avec le gouvernement britannique certains avantages fiscaux. Total n'a pu nous confirmer (ou infirmer) cette information. La fiscalité des entreprises est beaucoup plus faible en Grande-Bretagne (20 % d'impôt sur les bénéfices). Mais le groupe pétrolier, s'il acquitte des impôts fonciers et sur les dividendes en France, n'a pas à se plaindre d'être en France : même s'il a renoncé à sa niche fiscale de l'impôt mondial consolidé, ce qui lui a permis de ne pas payer d'impôt sur les bénéfices en France pendant des années, le montant de ses impôts est assez mesuré.

 

Christophe de MargerieChristophe de Margerie© Reuters

Si la seule justification de ce mouvement, comme le soutient Total, est d'avoir une meilleure visibilité boursière et de meilleurs services financiers, ce déménagement constitue alors un sérieux désaveu pour les banquiers français. Car ce sont eux qui ont la responsabilité depuis plus de vingt ans d'assurer, comme ils le disent, « le rayonnement de la place de Paris ». De la délocalisation de leurs services boursiers et financiers à Londres à la vente de leurs parts de la société de bourse de Paris au Nyse (la société de bourse new-yorkaise), leur politique aboutit à un seul résultat tangible : Paris est devenu une place de province.

 

 

 

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4 août 2013 7 04 /08 /août /2013 14:05

 

Marianne

Dimanche 4 Août 2013 à 16:00

 

Périco Légasse

 

Il reste, aujourd'hui, un peu plus de 1 million d'artisans en France, représentant 3,1 millions d'emplois pour un chiffre d'affaires de 300 milliards d'euros. Riches et variés, ouvrant sur 600 formations et apprentissages professionnels, les 250 métiers de l'artisanat demeurent la première entreprise de notre pays.

20 MINUTES/SIPA
20 MINUTES/SIPA
Les monuments emblématiques du génie français sont tous de facture artisanale. Oui, c'est bien à des artisans, maçons ignorés, charpentiers anonymes, vitriers de l'ombre, menuisiers inconnus et métallos oubliés, tous modestes travailleurs issus du peuple, que l'on doit ces merveilles. Etait-il pour autant moins glorieux de produire des parapluies à Aurillac, des cycles à Saint-Etienne, des chaussures à Romans et des gants à Mazamet ? Pleurons sur les mouchoirs de Cholet et refermons le couvercle sur les marmites de Villedieu-les-Poêles, mais sauvons au moins ce qui subsiste de ce patrimoine.

Une immense partie a déjà disparu, et ce qu'il en reste est en voie d'extinction. Inconsciente de la signification socioculturelle du phénomène, impuissante à freiner l'éradication de ce réseau fondateur de l'identité économique française, la République ferme les yeux chaque fois que le rideau d'un artisan tombe ou qu'un atelier de confection met la clé sous la porte. Elle les ferme d'autant plus facilement que le culte des profits financiers (on dit aussi «les marchés») l'a rendue sourde et aveugle aux plaintes de ce terreau.

Commandé en 2008 par Nicolas Sarkozy, dans le cadre de la loi de modernisation de l'économie, le rapport Attali, qui prescrit l'ouverture des «cœurs de ville» aux grandes surfaces, a failli donner le coup de grâce aux derniers artisans, ces garants de la pérennité d'un tissu social vecteur d'humanité. Résultat, lorsque Auchan, Carrefour ou Intermarché créent un emploi, ils en font disparaître trois autour d'eux. Epinal a troqué ses images contre celles du catalogue Leclerc.

L'actuel gouvernement s'en soucie-t-il ? Pas davantage, car le progrès social est désormais symbolisé par l'essor des centres commerciaux, ces marchés sans marchands où l'on assouvit tous les fantasmes consuméristes. De Chine, et d'autres mines de sel modernes bénies par le FMI, nous parviennent les pelles avec lesquelles nous creusons la tombe de notre artisanat.

Il reste, aujourd'hui, un peu plus de 1 million d'artisans en France, représentant 3,1 millions d'emplois pour un chiffre d'affaires de 300 milliards d'euros. Riches et variés, ouvrant sur 600 formations et apprentissages professionnels, les 250 métiers de l'artisanat demeurent la première entreprise de notre pays. Répartis sur quatre secteurs, alimentation, bâtiment, production et services, ils sont tournés vers la création et l'innovation, en même temps qu'ils perpétuent des savoir-faire ancestraux facteurs de plus-values. Hélas, les normes européennes leur font trop souvent la peau, et pas que de chagrin. Qu'importe puisqu'on importe.

Veut-on préserver ce dernier capitalisme à visage humain ? A l'Etat de relever le défi en protégeant ces soldats de l'embauche par une politique de soutien aux 36 000 petites entreprises qui enrichissent notre commerce extérieur. Quant au consommateur, il doit se comporter en citoyen. Avant que ces gloires de la France ne finissent à la poubelle du néolibéralisme.

 

 

 

 

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2 août 2013 5 02 /08 /août /2013 15:26

 

agoravox.fr

par patdu49 vendredi 2 août 2013

 

Vrais chiffres chômage Juin 2013, 6 200 chômeurs de moins, première baisse sans augmentation des radiations

Environ 150 000 emplois pour environ 9 500 000 chômeurs et travailleurs précaires et intermittents, cela reste toujours assez préoccupant.

On note cependant pour la première fois depuis des mois, une réelle baisse, toutes catégories confondues, sans pour autant une augmentation globale des radiations, avec même une diminution globale de ces dernières, par rapport au mois de Mai.

Cependant, toujours moins de chômeurs indémnisés, et de plus en plus de basculements vers les minima sociaux (qui peuvent ne plus dépendre de Pôle emploi, comme l'écrasante majorité des bénéficiaires du RSA), ainsi que de plus en plus de personnes en fin de droits, n'ayant plus droit à aucune indémnité de quelque sorte que ce soit.

Réelle baisse ou augmentation des chômeurs invisibles, difficile encore à dire aujourd'hui, ... à suivre.

Radiations des listes A,B,C,(D,E) de Pôle Emploi par motifs, Juin 2013 :
 
- Défauts d'Actualisation : 209 800, 44,7 % des sorties des listes.
- Radiations Administratives (les punis) : 48 900, 10,4 % des sorties( + 15,6% sur 1 an )

- Autres Cas (mystérieuse rubrique, les morts, suicidés, emprisonnés ?) : 49 500 et 10,5 % des sorties.
 
soit 308 200 radiés des listes (65,6 %) pour autres motifs que :
 
- Stages parking : 36 000, 7,7 % des sorties.

- Arrêts maladie, maternité etc : 34 500, 7,3% des sorties.
 
- Reprises d'emploi déclarées : 91 100, ne représentent que 19,4 % des sorties des listes de pôle emploi, et encore, y compris contrats aidés, etc ..
 
Demandeurs d'emploi par catégories :

A : 3 279 400 +0,5 % ( + 11,2 % sur 1 an )
B : 627 600 -1,2 % ( + 6,5 % sur 1 an ) travailleurs précaires - de 78 heures
C : 892 700 -0,4 ( + 3,5 % sur 1 an ) travailleurs précaires + de 78 heures
D : 263 300 -3,3 % ( + 8,6 % sur 1 an ) stages parking etc
E : 349 200 -0,4% ( -3,9 % sur 1 an ) contrats aidés etc

TOTAL : 5 412 200 ( données corrigées ), hors DOM TOM, soit + 8,1 % sur 1 an, soit 6 200 chômeurs de moins par rapport au mois de Mai.
 
TOTAL, dom-tom compris : 5 727 500 ( page 15 du rapport de la DARES, lien en bas de page )

Quelques chiffres qui parlent :
 
Chômage Longue durée (entre 2 et 3 ans) : + 14,4 % sur 1 an
Chômage Très Longue Durée + de 3 ans : + 19,1 % sur 1 an

Chômage des 50 ans et +, + 14,2 % sur 1 an

+ d'1 chomeur inscrit à pôle emploi sur 2 (51,3 %) ne perçoit AUCUNE INDEMNITE, ni ARE (allocation retour à l'emploi), ni allocation de solidarité (ASS, AER ...)

Offres d'emploi collectées -21,1% sur 1 an

Offres d'emploi dispo, dernier chiffre connu : 152 871

Le + scandaleux, LES DEMANDEURS d'EMPLOI INVISIBLES, complètement en dehors des statistiques
 
Ne sont pas comptés dans ces 5 727 500 demandeurs d'emploi et travailleurs pauvres occasionnels :
 
1 279 900 foyers bénéficiaires du RSA, en effet sur 2 100 000 environ de foyers (chiffre sous estimé datant de l'an passé) , seuls 836 800 sont inscrits à Pôle Emploi, les autres bénéficient d'autres suivis (associations, collectivités locales, etc.) en sachant qu'un foyer bénéficiaire, comporte parfois + d'un demandeur d'emploi en son sein.
 
+ 1 000 000 au bas mot, de bénéficiaires de l'AAH ou d'une pension d'invalidité, ne sont pas inscrits à Pôle emploi
 
+ des centaines de milliers, voire peut-être + d'1 million de SANS-DROITS, principalement :
 
- des jeunes de moins de 25 ans, primo demandeurs d'emploi, qui comme vous le savez n'ont même pas droit au RSA. (quasi unique en Europe)
 
- des sans droits, pour motif, dépassement des plafonds de ressources dans le foyer, exemple, votre conjoint(e) perçoit 650€ d'allocation chomage, ou 743€ d'allocation adulte handicapé, vous n'aurez même pas droit au RSA, car vous dépasserez le plafond couple qui est de 608€ par mois, si vous ètes NON SDF.
 
- on peut parler également de retraités qui cherchent un emploi car leur retraite ne couvre pas les charges fixes pour survivre ( loyer, énergie, assurances, voiture, téléphone, eau, nourriture, santé (lunettes, dentiste ..) incalculable

- des bénéficiaires de pensions de reversions (veufs, veuves) de 55 ans et +, qui dépassent les plafonds du RSA, et qui n'ont pas encore l'age pour la retraite ou le minimum vieillesse "ASPA" ( 67 ans) ASPA récupérable sur le patrimoine, au décès.

- des bénéficiaires de pensions alimentaires qui dépassent les plafonds du RSA

- on peut également évoquer, des étudiants, boursiers ou non, qui cherchent des petits jobs alimentaires, qui sont donc bien demandeurs d'emploi, en concurrence avec les autres ( même si beaucoup sont aussi exploités en stages sous payés, voir gratuits)
 
- on peut évoquer enfin, des auto-entrepreneurs, qui ne gagnent rien ou presque, et sont demandeurs d'emploi en parallèle.
 
Faites le calcul vous même, on arrive au total, à + de 9 MILLIONS demandeurs d'emploi en France, et travailleurs pauvres occasionnels.
 
Sources : Rapport complet de la DARES de 20 pages (et non pas le simple communiqué de presse envoyé aux médias) : http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/p...

 

 

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2 août 2013 5 02 /08 /août /2013 14:05

 

 

Médiapart - Blog

Frédéric Lordon fait dans cet article [1] une critique radicale de la construction européenne. On ne peut que l’approuver lorsqu’il pointe « la singularité de la construction européenne comme gigantesque opération de soustraction politique (…) ni plus ni moins que la souveraineté populaire ». De même, on ne peut que partager sa critique de la proposition de François Hollande d’un gouvernement économique de la zone euro, qui, dans la situation actuelle, serait un pas de plus dans la voie d’un fédéralisme autoritaire qui s’est mis progressivement en place depuis le Traité de Maastricht et qui a connu une accélération considérable avec la crise financière et l’adoption du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) de la zone euro et de diverses directives (six packs, two packs). Sa dénonciation des euros-obligations comme réponse à la crise actuelle est bienvenue, alors que cette idée refait surface régulièrement.

 

C’est dire les points communs importants qui existent avec Lordon sur l’analyse de la situation actuelle. Le désaccord porte sur la stratégie car il plaide dans cet article pour une sortie de l’euro et la mise en place d’une monnaie commune en lieu et place de la monnaie unique[2]. Pour le dire en deux mots, cette stratégie est illusoire et politiquement nocive.

 

Tout d’abord, le problème actuel est moins l’euro que les politiques néolibérales. Certes Lordon a raison de pointer la congruence de la politique monétaire actuelle menée par la Banque centrale européenne (BCE) avec les politiques d’austérité. Mais rien ne garantit qu’une sortie de l’euro signifierait la fin de ces dernières. La Grande-Bretagne a gardé sa monnaie nationale et, de plus, sa banque centrale mène, contrairement à la BCE, une politique non conventionnelle de rachat massif des obligations d’Etat. Cela n’empêche pas le gouvernement britannique de mener une des politiques d’austérité parmi les plus dures en Europe. Ce qui témoigne que le problème est ailleurs, problème que Lordon n’évoque pas. Les traités européens et autres directives qui excluent les politiques économiques du débat démocratique et de la décision citoyenne n’ont pas été imposés aux États. Ce sont les gouvernements nationaux qui ont été à la manœuvre pour les mettre en place.

 

Rien ne s’est fait dans l’Union européenne contre les États et ce sont eux qui ont fait de l’Union européenne ce qu’elle est. Cela n’a pu d’ailleurs arriver que parce que la souveraineté populaire a été bafouée aussi dans le cadre national. Rappelons-nous l’épisode du traité constitutionnel européen. Lordon semble surestimer le fonctionnement démocratique des États-nations, méconnaître les transformations profondes que ces derniers ont subi avec la mondialisation[3] et ne pas voir qu’ils sont dominés par une oligarchie politico-financière acquise au néolibéralisme. Le déficit démocratique de l’Union européenne trouve son répondant dans celui des États-nations. Cela est d’autant plus vrai dans le cas de la France où les institutions de la Cinquième République donnent un poids considérable à l’exécutif, qui d’ailleurs n’exécute rien mais gouverne sans réel contrôle. Les péripéties actuelles autour de la mise en place de la taxe sur les transactions financières qui voient le gouvernement français tenter de vider de son contenu le projet, pourtant modeste, de la Commission confirme que l’opposition manichéenne entre l’État-nation et les institutions européennes ne permet pas de comprendre les dynamiques à l’œuvre. Sans une transformation en profondeur des États-nations qui les soustrairait à cette domination, ce qui suppose un changement politique radical, la sortie de l’euro ne peut permettre une rupture avec le néolibéralisme et si cette transformation a lieu, elle rend inutile la sortie de l’euro.

 

Pour Lordon, « l’idée de passer de l’euro actuel à un euro refait et progressiste est un songe creux. Par construction, s’il est progressiste, les marchés financiers, qui ont tout pouvoir actuellement, ne le laisseront pas advenir ». Mais pourquoi alors ces mêmes marchés financiers laisseraient advenir la monnaie commune que Lordon appelle de ses vœux ? Car cette monnaie commune a pour objectif de se conformer « à l’impératif catégorique de la démocratie qui s’appelle “souveraineté populaire” ». Qu’elle soit commune ou unique, une monnaie au service de la souveraineté populaire, européenne ou même strictement nationale, ne sera pas acceptée par les marchés financiers ni par les oligarchies au pouvoir.

 

Lordon semble en avoir conscience puisqu’il affirme que « L’alternative est donc la suivante : ou bien l’enlisement définitif dans un euro libéral (…) ou bien le choc frontal avec la finance, qui l’emportera à coup sûret par là même perdra tout, puisque sa “victoire” détruira l’euro et créera précisément les conditions d’une reconstruction d’où les marchés seraient exclus ! (souligné par nous) ». Outre que l’on ne voit pas, a priori, en quoi une victoire des marchés financiers détruirait l’euro, on voit encore moins en quoi une telle victoire créerait les conditions d’une sortie progressiste de la situation actuelle. Lordon voit bien que l’affrontement avec les marchés financiers est inévitable, mais pense que leur victoire permettra de restaurer la souveraineté populaire sur la monnaie, nouvel aspect de la ruse de la raison sans doute. Un certain ahurissement saisit le lecteur… Car en supposant même que le pronostic la destruction de l’euro se vérifie, comment croire que des marchés financiers ayant réussi à imposer leur loi laisseraient tranquillement se mettre en place une monnaie commune progressiste ?

 

Il y a chez Lordon la nostalgie d’un big bang destructeur - ici l’explosion de la zone euro - qui créerait un apaisement salvateur avec la mise en place d’une monnaie commune. Car, avec cette dernière, tous les problèmes qu’il pointait à propos de l’euro disparaitraient comme par enchantement. Ainsi, la BCE serait « privée de tout pouvoir politique monétaire (…) (nous serions) protégés des marchés de change extra-européens par l’intermédiaire du nouvel euro (…) le calme interne d’une zone monétaire européenne débarrassée du fléau de ses marchés des changes rend alors les dévaluations entièrement politiques, où il revient à la négociation interétatique de s’accorder sur de nouvelles parités ». Ainsi, il est indiqué que le contrôle des capitaux serait rétabli et que l’Allemagne pourrait être forcée à accepter une appréciation de sa monnaie nationale pour soutenir la demande dans la zone euro et aider à réduire les déséquilibres internes. Tout ce qui était impossible dans le cadre de la monnaie unique devient ainsi possible dans le cadre d’une monnaie commune. Mystère de la transsubstantiation et nouveau miracle eucharistique !

 

Loin de ce monde enchanté, la réalité risque d’être plus cruelle. Lordon liquide en quelques mots la question de la dette en affirmant, reprenant Jacques Sapir, que 85 % de la dette française a été émise sous contrat de droit français et serait relibellée dans la monnaie nationale, par conséquent sans aucun effet à la suite d’une dévaluation. C’est sans doute aller un peu vite en besogne. En effet si l’émission de la dette sous droit français garantit qu’en cas de conflit entre l’État et ses créanciers, ce conflit serait réglé devant les tribunaux français (ce qui ne garantit aucunement que l’État l’emporte), on ne voit pas pourquoi, si l’euro continue d’exister, les créanciers, en particulier les non résidents, accepteraient qu’une dette libellée en euros le soit en une monnaie moins forte. Il faudrait les y forcer par des clauses d’action collectives, ce qui revient à une annulation partielle de la dette. Ce qui est certes toujours possible et ce, que ce soit avec une monnaie unique ou une monnaie commune. Il faut simplement avoir la volonté politique de le faire.

 

Au-delà, monnaie commune ou unique, le problème reste le même, comment maintenir une coopération monétaire dans un contexte de guerre économique ? Si l’euro venait à disparaître, cela ne se ferait pas tranquillement, mais de matière chaotique. Les gouvernements, soumis à l’impératif de la compétitivité, chercheront à retrouver des marges de manœuvres monétaires et on ne voit pas pourquoi ils se soumettraient à la nouvelle discipline qu’exigerait une monnaie commune. Celle-ci risque fort de rester un vœu pieu.

 

La question que nous devons nous poser est de savoir si une sortie de l’euro permettrait ou non plus de solidarité. La réponse est facile à concevoir. Dans une Europe avec des gouvernements qui, quelle que soit leur couleur politique, se refusent à remettre en cause en quoi que ce soit la logique du capital, l’éclatement de la zone euro conduirait à une série de dévaluations compétitives. Chaque pays essaierait de prendre des parts de marché à ses voisins en dévaluant sa monnaie, une telle orientation se traduisant d’ailleurs par un jeu à somme nulle dans une Europe dont les économies sont intégrées. Ces dévaluations externes nous protègeraient-elles d’une dévaluation interne opérée par la baisse de la masse salariale ? Evidemment non, car il faudrait alors lutter pour « nos exportations pour défendre l’emploi », argument que gouvernements et classes dirigeantes utiliseront à satiété, on peut leur faire confiance. De plus, le renchérissement des importations aurait des conséquences en matière de pouvoir d’achat sur la grande masse de la population qui en ferait les frais.

 

Une stratégie de dévaluation compétitive, qui vise à gagner des parts de marché contre les autres pays, engendre une spirale de politiques économiques non coopératives. Jacques Sapir indique ainsi qu’il faudra dévaluer régulièrement la monnaie nationale. Loin d’induire plus de solidarité entre les peuples, une telle stratégie se traduirait par encore plus de concurrence, de dumping social et fiscal avec pour conséquence une aggravation des tensions xénophobes et nationalistes dans une situation où, partout en Europe, l’extrême droite a le vent en poupe. La sortie de l’euro s’avère un mirage dangereux.

 

Alors que faire[4] ? Serions-nous condamnés soit à l’impuissance en acceptant la situation actuelle, soit à nous lancer dans une aventure à haut risque avec une sortie de l’euro ? Il existe pourtant une troisième voie pour les peuples européens. Elle passe par un affrontement avec les institutions européennes et les marchés financiers. Aucun changement substantiel n’aura lieu sans ouvrir une crise majeure en Europe et sans s’appuyer sur les mobilisations populaires. Un gouvernement de gauche devrait expliquer qu’il est attaché à la construction européenne, mais qu’il refuse au nom de celle-ci que les droits sociaux soient détruits et les populations paupérisées.

 

Il devrait tenir le discours suivant : « L'euro est notre monnaie. Mais les traités l'ont placée sous la domination de la finance. La BCE finance les banques privées à taux quasi nul et celles-ci prêtent ensuite aux États à des taux exorbitants. Nous ne voulons plus être soumis aux marchés financiers. Nous voulons faire fonctionner l’euro au service des besoins sociaux et écologiques. Nous voulons placer nos banques sous contrôle citoyen pour qu’elles servent les vrais besoins de la société et non l’avidité de leurs actionnaires. Nous, gouvernement de ce pays, commençons à le faire chez nous. Nous invitons les mouvements sociaux et les peuples européens à faire de même partout, pour nous réapproprier ensemble notre monnaie et refonder l’Union européenne sur d'autres bases ».

 

Le gouvernement en question prendrait alors un certain nombre de mesures unilatérales en expliquant qu’elles ont vocation à être étendues à l’échelle européenne. Il s’agit de mesures unilatérales coopératives, en ce sens qu’elles ne sont dirigées contre aucun pays, contrairement aux dévaluations compétitives, mais contre une logique économique et politique et que, plus le nombre de pays les adoptant est important, plus leur efficacité grandit. C’est donc au nom d’une autre conception de l’Europe qu’un gouvernement de gauche devrait mettre en œuvre des mesures qui rompent avec la construction actuelle de l’Europe. Ainsi, par exemple, un gouvernement de gauche pourrait enjoindre sa banque centrale de financer les déficits publics par de la création monétaire. Cela pourrait d’ailleurs se faire indirectement sans même violer formellement les traités européens en utilisant comme intermédiaire un établissement public de crédit comme par exemple en France la Caisse des dépôts[5]. Fondamentalement, il s’agit d’engager un processus de désobéissance aux traités et par là même, un bras de fer avec les institutions européennes.

 

Une telle attitude montrerait concrètement qu’il existe des alternatives aux politiques néolibérales. Elle mettrait les gouvernements européens au pied du mur et les confronterait à leur opinion publique. Elle serait un encouragement pour les peuples à se mobiliser. Un discours résolument pro-européen, tourné vers la démocratie, la justice sociale et environnementale, trouverait un écho considérable auprès des autres peuples européens et des mouvements sociaux.Les dirigeants européens tenteront certes de dresser les opinions publiques contre les « faussaires » qui fabriquent des euros pour éviter les sacrifices et se prélasser sur le dos des pays vertueux. Des représailles seront mises en œuvre. On menacera le peuple désobéissant d'un boycott économique total – une menace plus crédible d’ailleurs contre les petits pays que contre les plus grands, en particulier la France.

 

L’issue de ce bras de fer n’est pas donnée d’avance. Une exclusion forcée du pays rebelle, même si le Traité de Lisbonne ne prévoit aucune possibilité d'exclure un pays de la zone euro, serait-elle possible comme la Grèce en avait été menacée en cas de victoire électorale de la gauche radicale Siryza ? Un effet domino progressiste pourrait-il gagner d'autres pays qui scissionneraient et pourraient instaurer un euro-bis, avec des innovations fiscales et budgétaires, solidaires et écologiques, qui le rendraient viable ? Y aura-t-il un basculement de la zone euro par une refonte des traités ? Tout dépendra des rapports de forces construits qui pourront être construits à l’échelle européenne. La désobéissance européenne, en commençant si nécessaire dans un pays, peut être conçue et popularisée, non comme l’amorce d’un éclatement des solidarités européennes, mais au contraire comme un outil pour accélérer l’émergence d’une communauté politique européenne, un embryon de « peuple européen ».

 

La divergence avec Lordon porte donc sur deux points : d’une part, contrairement à lui, nous pensons qu’il est possible d’avancer vers la construction d’une souveraineté populaire à l’échelle européenne, ce qui suppose une transformation radicale de la situation actuelle ; d’autre part, si l’on ne peut exclure, dans certains cas, une sortie de l’euro, elle serait le résultat de la conjoncture et d’une bataille politique pour une refondation de l’Union européenne et non un projet politique a priori. Ces deux points sont évidemment liés. C’est parce que nous n’avons pas renoncé à la bataille pour une « autre Europe », que nous ne pouvons porter un projet, la sortie de l’euro, qui en est la négation[6].

 

 

 

 

 

 

 


[1] Contre  une austérité à perpétuité, sortir de l’euro ?, Le Monde diplomatique, août 2013

[2] La différence essentielle entre une monnaie unique et une monnaie commune tient au fait que cette dernière laisse subsister les monnaies nationales. Comme l’indique Lordon, il y a plusieurs façons d’envisager une monnaie commune. Le Système monétaire européen (SME) qui a existé entre 1979 et 1993 en était une qui a éclaté sous l’effet de la spéculation financière permise par la liberté de circulation de capitaux.

[3]Voir notamment Saskia Sassen, Critique de l’État. Territoire, autorité et droits, de l’époque médiévale à nos jours, Editions Démopolis, Paris 2009.

[4] Voir : Thomas Coutrot, Pierre Khalfa, Crise de l'euro : sortir du carcan, dans Nous désobéirons aussi sous la gauche !, sous la direction de Paul Ariès et René Balme, Editions Golias, septembre 2012 ; Fondation Copernic, Changer vraiment !, Editions Syllepse, juin 2012 ; Pierre Khalfa, Catherine Samary, La monnaie, l’euro, ne pas se tromper de débat, janvier 2011 ; Michel Husson, Quelles réponses progressistes ?, Les Temps Nouveaux, automne 2010 ; Jean-Marie Harribey, Sortir de quoi ?, avril 2011, http://harribey.u-bordeaux4.fr/travaux/europe/debat-sortiedeleuro.pdf ; Daniel Albarracín, Nacho Álvarez, Bibiana Medialdea (Espagne), Francisco Louçã, Mariana Mortagua (Portugal), Stavros Tombazos (Chypre), Giorgos Galanis, Özlem Onaran (Grande Bretagne), Michel Husson (France), Que faire de la dette et de l’euro ?, Un manifestehttp://tinyurl.com/euro13.

[5] Il s’agit d’utiliser les possibilités offertes par l’article 123-2 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.

[6] Relevons en passant que Lordon présente sa position « à la manière d’un syllogisme ». Rappelons qu’un syllogisme enchaîne une proposition majeure qui énonce une généralité censée être vraie (tous les hommes sont mortels), une proposition  mineure, elle aussi censée être vraie, qui énonce une particularité (Socrate est un homme), pour aboutir à une conclusion logiquement déduite de ces deux propositions (donc Socrate est mortel). Lordon part de la proposition suivante (A) : « l’euro actuel est né d’une construction qui a pour intention de satisfaire les marchés  de capitaux », qu’il définit comme la majeure. Il enchaîne avec ce qu’il nomme la « mineure » du syllogisme (B) : « tout projet de transformation de l’euro est ipso facto un projet de démantèlement du pouvoir des marchés ». Or, B n’est en rien une mineure, elle n’avance aucune propriété caractéristique particulière, mais au contraire affirme une nouvelle généralité, en la présentant comme induite par A. Enfin, Lordon conclut ses deux propositions par un développement politique qui ne fait que commenter ce que dit sa mineure, alors que la conclusion d’un syllogisme doit apporter un élément logique nouveau. Tout cela n’a pas grande importance mais on peut regretter que soit présenté sur le mode d’une logique implacable ce qui relève d’un choix politique.

 

 

 

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