Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 septembre 2013 1 16 /09 /septembre /2013 14:01

 

mediapart.fr

 

 Logement: des députés se font les perroquets des lobbies

|  Par Mathieu Magnaudeix

 

 

L'Assemblée doit adopter mardi 17 septembre la loi ALUR de la ministre écologiste Cécile Duflot, qui prévoit notamment l'encadrement des loyers. Un texte très contesté par les lobbies de l'immobilier, qui ont largement inspiré les amendements de certains députés de l'opposition.

 

L'Assemblée nationale a débattu la semaine dernière du projet de loi pour l'« accès au logement et un urbanisme rénové » de la ministre écologiste Cécile Duflot. Un gros texte de 84 articles, surnommé “ALUR”, qui prévoit plusieurs nouveautés, comme l'encadrement des loyers (lire ici nos articles) ou la création d'une garantie universelle locative (GUL) contre les impayés. Il sera voté ce mardi 17 septembre par les députés. Depuis des semaines, “ALUR” déclenche les foudres des groupes d'intérêt de tout poil, comme à chaque fois qu'un texte porte sur le logement, la consommation ou bien la santé. À commencer par les professionnels de l'immobilier, inquiets des conséquences de la réforme.

Ces dernières semaines, les députés ont donc été contactés par une série de lobbies : union de propriétaires, représentants des syndics et des agents immobiliers, huissiers de justice, mais aussi, dans le camp d'en face, associations de locataires ou de défense des consommateurs. Ils les ont arrosés d'argumentaires, voire d'amendements législatifs favorables à leurs intérêts, prérédigés par leurs juristes “maison”, que les élus n'ont plus qu'à présenter au cours du débat.

Il n'est pas aberrant que les lobbies puissent accéder aux députés. Ni même qu'ils tentent de les convaincre. Ce qui l'est plus, c'est la capacité de certains élus de la Nation, représentant l'intérêt général, à se faire dans l'hémicycle les simples passe-plats de certains intérêts privés. Jusqu'à reprendre au mot près certaines de leurs propositions. D'autant que les parlementaires se gardent bien de signaler dans ce cas quel groupe d'intérêt les a “inspirés”.

 

La «note» de la Chambre des huissiers 
La «note» de la Chambre des huissiers

La Chambre nationale des huissiers de justice (CNHJ) a par exemple envoyé aux députés un argumentaire de sept pages (photo) : une « note relative à l'état des lieux locatif établi par huissier de justice ». Elle détaille les inquiétudes des huissiers de justice, qui craignent que plusieurs articles du projet de loi ne les « néglig(ent) ».

La CNHJ a donc envoyé plusieurs amendements tout prêts aux députés.

Daniel Fasquelle, vice-président UMP de la commission des affaires économiques de l'Assemblée, et plusieurs de ses collègues en ont repris certains. Voilà pourquoi il n'y a pas la moindre virgule d'écart entre la proposition de la CNHJ et l'amendement 374.

Les sociétés d'assurances, elles, ont bataillé contre la garantie universelle des loyers (GUL), autre mesure-phare de la loi Duflot. Ce dispositif payé par les propriétaires et les locataires devrait remplacer en 2016 la caution versée aujourd'hui par les seuls locataires. Pour Cécile Duflot, il s'agit d'une « avancée considérable ».

 

L'«analyse» de la FFSA 
L'«analyse» de la FFSA

Très mobilisée contre ce « dispositif  purement public », la Fédération française des sociétés d'assurances a adressé en juillet  une « analyse » de douze pages aux députés.

Son verdict n'est guère surprenant : « Un dispositif universel entièrement public cumule des risques juridiques, financiers et opérationnels », assure la FFSA.

Elle a donc transmis plusieurs amendements types prérédigés aux députés. Notamment celui qui propose d'instaurer un « partenariat public-privé associant le secteur de l’assurance ».

L'amendement a été rejeté. Mais en cas d'adoption, il aurait permis aux assureurs d'espérer gérer une partie de cette manne financière estimée « entre 400 et 700 millions d'euros » par le gouvernement – beaucoup plus d'après les assureurs.

Cet amendement clé a été repris intégralement par l'UMP Michel Piron. Mais aussi, ce qui a beaucoup plus de poids, par Gilles Carrez, président UMP de la commission des finances de l'Assemblée. Celui-ci n'a pas jugé utile de modifier l'amendement proposé par la FFSA. Mais il s'est bien gardé de dire que sa plume était en l'occurrence téléguidée par le puissant lobby des assureurs.

Cliquer ici pour lire l'amendement « proposé » par la FFSA. Et ici l'amendement 226 de Gilles Carrez, totalement similaire.

« Le délai était hyper-court »

Très remontée contre la loi Duflot, l'union nationale de la propriété immobilière (UNPI), qui revendique 250 000 adhérents, a même lancé une pétition contre “ALUR” (photo) :

 

Capture d'écran du site de l'UNPI 
Capture d'écran du site de l'UNPI

Pour l'UNPI, cette loi est marquée par une « complexité et une rigidité extrêmes qui renforceront durablement le blocage actuel du marché de la location et de l'accession » et elle « fera fuir les investisseurs ». L'UNPI ne s'est pas privée de le faire savoir aux parlementaires.

 

La première page du dossier de l'UNPI adressé aux députés 
La première page du dossier de l'UNPI adressé aux députés

Le 5 septembre, le lobby des propriétaires leur a envoyé (du moins à ceux de l'opposition) une liasse de quinze amendements tout ficelés. L'UNPI leur « demand(e) » expressément de « bien vouloir » les « soutenir (…) en séance ». « Nous vous remercions pour votre implication dans ce dossier important », ajoute même l'UNPI.

En cas de questions, les députés sont invités à « contacter » la députée UMP de l'Orne Véronique Louwagie. Très active lors des débats à l'Assemblée, elle est présentée par l'UNPI comme son relais parmi les parlementaires de l'opposition. « J'ai créé des contacts avec des professionnels dans le cadre des auditions, explique la députée à Mediapart. Ils nous font parfois des propositions d'amendements dont on peut s'inspirer. Mais je ne dirai pas que je fais du copier-coller. »

Pourtant, une douzaine des quinze amendements rédigés par l'UNPI ont été intégralement repris par Véronique Louwagie et plusieurs de ses collègues de l'UMP. Par exemple la suppression du « contrat-type », proposée par l'UNPI (ici et ). La proposition est reprise au mot près dans les amendements 317, 368 et 365. Ou encore l'amendement de l'UNPI sur les obligations du bailleur en matière d'assurance, qu'on retrouve ici.

Idem, entre autres, pour cette disposition de l'article 2, intégralement “inspirée” d'un amendement de l'UNPI.

Parfois, le copier-coller est grossier : l'amendement 499, cosigné par les députés UMP Fasquelle, Hetzel, Gibbes, Salen et Suguenot, qui vient à la rescousse des agents immobiliers, évoque ainsi la « perte de chiffre d'affaires de notre secteur ». Voilà les députés transformés en marchands de biens...

 


Parmi les cosignataires de cet amendement, on retrouve l'UMP Daniel Fasquelle, le vice-président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée. Celui-ci connaît bien les professionnels de l'immobilier pour avoir été rapporteur en 2011 d'un texte sur la consommation. Il explique avoir déposé 35 amendements sur le texte “ALUR” de Cécile Duflot. Une dizaine lui ont été inspirés par les représentants des réseaux d'agences immobilières (Sergic, Fnaim), de la chambre nationale des huissiers, mais aussi de l'UFC-Que Choisir ou des associations de locataires.

Quant aux amendements recopiés, Fasquelle plaide « le manque de temps et de moyens des parlementaires ». « On a eu le texte fin juillet, le délai était hyper-court. Par ailleurs, en tant que députés nous avons très peu de moyens pour rédiger des amendements qui tiennent la route juridiquement... » De là à justifier un repompage au mot près ? « Les députés ne sont pas des purs esprits, rétorque Fasquelle. Peu importe d'où vient leur source, ce qui compte c'est le point de vue qu'ils défendent ! Après, ce n'est pas parce qu'un amendement est techniquement impeccable qu'on va le reprendre systématiquement... »

Le copier-coller d'amendements rédigés par d'autres n'est d'ailleurs pas qu'un sport pratiqué par les députés de l'opposition. Un amendement des radicaux de gauche pour lutter contre « l'artificialisation » des terres reprend ainsi in extenso une proposition de la très écologiste Ligue de protection des oiseaux.

Un amendement de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars) a été repris dans son intégralité par plusieurs députés socialistes.

Et l'alinéa prérédigé par le Collectif des associations unies pour une autre politique du logement (CLAU), qui propose d'étendre de deux à trois ans la période de remboursement des impayés de loyers, a été recopié texto par les députés Front de gauche. Ils ont au moins pris la peine, eux, de citer leurs sources. Ce qui est assez rare pour être signalé.

 

 

Partager cet article
Repost0
15 septembre 2013 7 15 /09 /septembre /2013 16:20

 

 

mediapart.fr

|  Par Philippe Riès

 

 

 

Cinq ans après la faillite de Lehman Brothers, le Parlement européen s'attaque finalement au chantier de l'Union bancaire. Trop peu, trop tard pour faire payer aux banquiers leur responsabilité majeure dans la crise financière globale et pour libérer les économies européennes du carcan du financement bancaire.

 

Cinq ans après le tsunami financier planétaire déclenché par la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers, l’Europe reste plombée par la situation calamiteuse de son système bancaire. La facture économique, sociale et humaine de son incapacité politique et institutionnelle à reconnaître et affronter le problème est devenue astronomique. Le seul signal positif, à en juger par les propos tenus lors de la récente assemblée annuelle à Bruxelles du think tank européen Bruegel, est que la parole officielle soit aujourd'hui, dans certaines enceintes, plus libre et plus lucide. Quand à savoir si les actes suivront, c’est une autre affaire.

 

L'Union bancaire au programme de Strasbourg 
L'Union bancaire au programme de Strasbourg© PE


Dans les jours prochains, le Parlement européen doit entamer le processus législatif conduisant à la mise en place de l’Union bancaire, dont l’objectif affiché est de rompre le lien fatal entre les grandes banques “systémiques” et les États souverains. En plaçant enfin les principaux établissements financiers du Vieux Continent sous la tutelle d’un régulateur unique dépendant de la seule institution authentiquement fédérale, la BCE. La première conséquence pratique de l’Union bancaire sera un passage en revue de la véritable situation des banques européennes, après les exercices fantaisistes que furent les premières vagues de stress tests. « Nous ne devons pas regarder cette évaluation de la qualité des actifs comme un risque mais comme un chance. Notre troisième et dernière chance, parce que les deux premiers cycles ont échoué à rétablir la confiance dans notre système bancaire. Nous sommes en retard sur les États-Unis pour le nettoyage des bilans bancaires. »

À entendre ces mots de la bouche d’un des acteurs majeurs de la scène monétaire et financière en Europe, Nicolas Véron, senior fellow chez Bruegel et chercheur qui a eu l’impact le plus fort dans le débat sur l’Union bancaire, n’en croyait pas ses oreilles : « Il y a seulement deux ans, de tels propos, même dans un tel cadre, auraient été inimaginables. Ceux qui les tenaient, dans les milieux académiques, étaient cloués au pilori », confiait-il en marge de la conférence.

Non que le système de régulation existant, l’EBA, adossée aux interventions de la Commission européenne, soit resté complètement passif. «Soixante-trois banques, représentant 25 % des actifs bancaires de l’UE, ont fait l’objet d’un plan de restructuration », rappelait un régulateur européen. « En moyenne, leurs actifs ont été réduits de 30 % et 19 banques ont été fermées. Sur les quelque 300 engagements pris, un pour cent seulement ne sont pas respectés. Nous avons réduit substantiellement la subvention liée au too big to fail », estimait-il, en référence à cet engrenage pervers illustré par la crise qui veut que plus les banques sont importantes, plus elles prennent de risques inconsidérés, au détriment de la concurrence, avec la conviction que le contribuable sera appelé à la rescousse si les choses tournent mal. « Il faut faire plus, la grande question étant de savoir si les politiciens nous le permettront », ajoutait-il toutefois.

C’est peu de dire que l’avancement du chantier de l’Union bancaire n’a pas dissipé le scepticisme sur la capacité à rompre le lien historique et organique entre les systèmes politique et bancaire à l’échelon national, au cœur du traitement défaillant de la crise bancaire européenne. « Jusqu’où ira le nettoyage ? Jusqu’où ira la réduction en taille des banques ? La question centrale est politique. Les banques sont politiques. Les banques sont une source d'argent et l'argent est une source de pouvoir », soulignait Martin Hellwig, directeur au Max Planck Institut de Bonn. En provoquant une fragmentation d’un marché bancaire européen tout juste émergent sur des lignes de fracture nationales, en intensifiant l’engagement des banques dans le financement des dettes souveraines (avec la liquidité fournie par la BCE), la crise a au contraire contribué à renforcer cette interdépendance. « L’Union bancaire est une tentative pour dénouer ces liens, mais je ne vois pas comment cela va marcher. Les États membres vont résister », estime-t-il, n’hésitant pas à annoncer que dans cette affaire, « l’existence même de l’Union européenne est en jeu. »

L'Europe a-t-elle besoin pour agir d'une nouvelle crise financière ?

Dans le meilleur des cas, reconnaissent les régulateurs européens, le nouveau dispositif améliorera la transparence et la responsabilité dans le traitement des situations bancaires critiques et éliminera le biais national qui pouvait affecter le jugement des autorités des États membres. Mais, admet l’un d’entre eux, « le rôle des gouvernements nationaux dans la fourniture d’une garantie en dernier ressort au système bancaire est crucial et il le restera ». La nouvelle architecture de surveillance prudentielle des principales banques va transférer le contrôle au niveau européen, mais sans la puissance de feu budgétaire, qui restera très limitée. Qu'adviendra-t-il si le nouvel examen des bilans des banques européennes révèle que des acteurs importants doivent être retirés du marché ?

Ce qui s’est passé depuis cinq ans n’incite guère à l’optimisme. « C’est une honte que nous n’ayons pas été capables de contraindre les banques européennes à procéder à des recapitalisations substantielles », affirme un ancien banquier central, désormais dans le secteur privé. Il s’insurge contre l’argument du soutien à l’économie avancé par le lobby bancaire. « L’idée que le renforcement des bilans freinerait le crédit est une escroquerie, un non sens complet. » Au contraire, « au fur et à mesure que le bilan est assaini, le crédit recommence à circuler », ajoute-t-il en citant les États-Unis où la création de crédit est en progression de 25 %. Certes, « ce n’est plaisant ni pour les actionnaires ni pour le management, mais nous devons purger les bilans et nous avons besoin d’une assurance en dernier ressort. Sinon, nous finirons dans la même situation que le Japon ».

En réalité, l’Europe est bien dans la situation du Japon des années 90 du siècle dernier où le refus d’affronter le problème des mauvaises créances des banques a joué un rôle clef dans la fabrication de la « décennie perdue » (bientôt suivie d’une seconde). Et ceci en dépit de l’intervention des banques centrales, BCE et BoE essentiellement, dés le début de la crise et avec une vigueur croissante. Un des experts universitaires les plus réputés en Europe rappelait, à titre d’exemple, que « la base de réserves du système bancaire a été multipliée par dix au Royaume-Uni sans avoir d’effet » sur l’activité bancaire. « Pourquoi, demandait-il, les banques commerciales ont-elles abandonné l’intermédiation aux banques centrales plutôt que de la fournir elles-mêmes », ce qui est leur métier ? Ce à quoi un vétéran de la Banque centrale en Europe répondait : « Nous ne connaissons pas la contre-épreuve des faits : que ce serait-il passé si les banques centrales étaient restées passives ? »

Le problème est que loin d’avoir été rompu, le lien entre les banques et les souverains a été consolidé par l’intervention des banques centrales. La liquidité apportée aux établissements financiers dans des volumes et à des conditions « non-conventionnelles » est devenue une subvention au refinancement des dettes publiques par les banques, dont les bilans sont gorgés de titres d’État, via des taux d’intérêt manipulés à la baisse. Décrivant cette « répression financière d’un genre particulier », un acteur du secteur privé relève que le « coût en a été dissimulé jusqu’à présent pour les gouvernements grâce à l’intervention des banques centrales, mais il apparaîtra au grand jour quand les taux d’intérêt se normaliseront ». Question : comment ce risque souverain potentiellement explosif pour le bilan des banques va-t-il être évalué lors du prochain exercice d’évaluation des actifs lorsque se confirmera le retournement à la hausse du coût de l'argent ? Et le nouveau cadre réglementaire permettra-t-il d’en tirer les conséquences ?

Mettant en garde contre « un cycle du crédit qui évolue lentement mais se révèle potentiellement bien plus dangereux », l’ancien banquier central déjà cité redoute que « les banques centrales n’aient pas reçu les outils pour y faire face ». Il prévient que les « intérêts en place résisteront aux mesures nécessaires mais dictées par des fonctionnaires non élus ». Le résultat est que « les banques centrales ne seront pas autorisées à les mettre en œuvre avec la détermination indispensable et échoueront partiellement ». Selon lui, « le danger est qu’une nouvelle crise financière soit nécessaire avant que le cadre macroprudentiel approprié soit effectivement mis en place ». Il pense même que dans le scénario le plus pessimiste, les actifs en détresse s’accumulant, la prise de risque échappant de nouveau à tout contrôle, « nous expérimenterons une nouvelle épisode d’une crise financière sans fin ». Alors, « les banques centrales en porteront le blâme et pourraient même y perdre une indépendance chèrement gagnée ».

Comment se passer des banques ?

Devant un bilan aussi médiocre et des perspectives aussi sombres, la logique voudrait que l’on s’attaqua enfin au nœud du problème : la taille des banques, leur poids excessif dans le financement de l’activité économique en Europe et le développement de sources alternatives. Du côté des régulateurs, on se veut « raisonnablement confiant ». « Aujourd’hui, les actionnaires des banques sont en première ligne et le management également, et ils feraient mieux de faire attention », affirme l’un d’entre eux. De fait, les bilans bancaire ont subi une (petite) cure d’amaigrissement, certains secteurs d’activité ont été abandonnés, les fonds propres augmentés en conformité avec les nouvelles normes prudentielles dites de Bâle III, tout en restant très insuffisants. « Chacun veut se présenter sous son meilleur jour avant les examens », résume un autre régulateur. Toutefois, réplique Martin Hellwig, « pas grand chose n’a été fait pour réduire la taille globale du système bancaire ».

Ceci supposerait en effet que les acteurs économiques européens, entreprises et ménages, aient accès à des financements alternatifs. Aux États-Unis, ces sources non-bancaires, des marchés de capitaux au capital-risque en passant par les fonds monétaires, financent 75 % de l’activité économique. En Europe continentale, quelque 20 % seulement en moyenne. Un des régulateurs européens se dit « plutôt sceptique sur le fait que le développement de sources alternatives de financement soit la réponse au problème actuel ». D’abord « parce qu’elles sont perçues comme plus risqués » par le public. Ensuite, « parce que des instruments de ce type ont été développés par les banques elles-mêmes ».

Compte tenu de la facture astronomique payée depuis cinq ans par l’économie globale pour les errances des banquiers, l’idée que ces institutions seraient moins « risquées » que les instruments de marché et les financements directs prouvent à quel point le rideau de fumée obscurcissant la lecture de cette crise est difficile à dissiper. Il est vrai toutefois que l’environnement réglementaire et prudentiel est gravement biaisé en faveur des principales banques. De même que le cadre judiciaire existant a garanti une impunité quasi totale aux comportements délictueux de certains de leurs dirigeants. Comme le rappelle Martin Hellwig, la « banque de l’ombre » (shadow banking) était « le résultat de l’action des banques régulées ».

« Comment permettre d’organiser le financement direct des PME ? » s’interroge ainsi un des grands acteurs de la gestion d’actifs. « C’est le schéma que nous devrions promouvoir », mais il constate que « les obstacles dressés par l’environnement réglementaire sont énormes. » À son avis parce que trop souvent, « les dirigeants politiques haïssent les marchés, perçus comme quelque chose qu’ils ne peuvent pas contrôler ».

Cinq ans après la faillite de Lehman, l’économie européenne reste plombée par un système bancaire à la fois omniprésent et fragile, qui ne remplit pas sa fonction mais s’accroche à sa position dominante et aux rentes qui en découlent. Le cadre de réforme promis permettra, à la marge, une amélioration comportementale (pour combien de temps ?) des banquiers sans toucher à la structure du système bancaire. Le temps gagné par l’intervention des banques centrales a été largement gaspillé et la facture qu’il faudra acquitter un jour ou l’autre pèse comme une épée de Damoclès sur l’avenir des économies européennes. Cet anniversaire n’avait guère de motif d’être joyeux. Il est franchement sinistre.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 21:46

 

Le Monde.fr avec Reuters

 

14.09.2013 à 17h54 • Mis à jour le 14.09.2013 à 19h36

 

Un conseiller fiscal du gouvernement britannique a été contraint à la démission après avoir été filmé en train de donner des "tuyaux" sur la manière de payer moins d'impôts, a annoncé samedi le Trésor. Ces conseils, prodigués lors d'une conférence filmée par la BBC dans sa célèbre émission d'investigation "Panorama", sur la meilleure façon d'exploiter les niches fiscales, "étaient en contradiction totale avec l'approche du gouvernement en matière de transparence fiscale", selon le ministre du budget, David Gauke, .

On y voit notamment David Heaton, qui n'avait pas encore été recruté par le gouvernement pour son expertise fiscale, déclarer qu'il "fallait garder son argent à l'abri des pattes sales du chancelier de l'Echiquier". Les révélations sur le non-paiement de l'impôt sur les sociétés par plusieurs grandes entreprises britanniques ont provoqué ces dernières années un vif débat au Royaume-Uni l'équité fiscale.

 

Le premier ministre britannique David Cameron, le 6 septembre à Saint Saint-Pétersbourg.

 

 

Partager cet article
Repost0
14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 21:33

 

 

LE MONDE

 14.09.2013 à 10h37 • Mis à jour le 14.09.2013 à 16h58 | Par Franck Johannès

 

                                                                                                                                                                                                                                La justice a beau être l'une des priorités du gouvernement, son budget n'échappe pas au sévère train d'économies imposé par le premier ministre. Détail piquant pour un gouvernement socialiste, c'est l'aide juridictionnelle, l'assistance aux justiciables les plus pauvres, qui en fait les frais : la chancellerie a été sommée de réduire son programme "Accès au droit et à la justice" de 32 millions d'euros.

Les avocats, déjà maigrement indemnisés pour cette assistante gratuite, sont furieux et il sera encore plus difficile pour les plus déshérités de trouver un avocat qui veuille bien prendre leur dossier.

Jean-Marc Ayrault a envoyé dès le 24 juin un courrier à la garde des sceaux sur "les autorisations de paiement pour 2014". Le total des crédits du ministère dans la loi de finance pour 2014 est certes en légère augmentation – 6,203 milliards d'euros contre 5,195 en 2013. La justice pourra embaucher 555 équivalents temps plein en 2014, dont 432 pour l'administration pénitentiaire, 45 pour la "justice judiciaire" et 78 pour la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).

 

DIX MILLIONS RABOTÉS SUR LA MÉDECINE LÉGALE

Les moyens, en revanche, sont presque partout en baisse. L'administration pénitentiaire perd 5 millions d'euros, on reporte la construction du centre pénitentiaire de Draguignan et de quartiers dans les prisons de Lorient et Brest, "ainsi que l'ensemble des dépenses de sécurisation des prisons", note rudement le premier ministre.

Il faut raboter 10...

 

 

L’accès à la totalité de l’article est protégé (*accessible aux abonnés du journal du "Monde")

 


Le bureau d'aide juridictionnelle de Paris, BAJ pour les habitués, est composé de magistrats à la retraite et de greffiers.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 21:26

 

Lemonde.fr

 11.09.2013 à 08h44 • Mis à jour le 11.09.2013 à 11h03

 
  Net recul de l'emploi salarié au deuxième trimestre
 

 

Entre juin 2012 et 2013, 50 000 postes ont été détruits dans l'industrie française.

 

L'emploi salarié a enregistré un net recul au deuxième trimestre. Quelque 34 600 postes ont disparu dans le secteur marchand, contre 4 700 au trimestre précédent, selon des données définitives publiées mercredi 11 septembre par l'Insee. L'emploi salarié accuse donc un recul de 0,2 %. La plus forte chute a eu lieu dans l'intérim, où la baisse de 5 % annule l'embellie obeservée au premier trimestre.

Dans l'industrie, l'emploi recule, accentuant le rythme des destructions observées au cours des précédents trimestres, souligne l'Insee. Sur un an, entre juin 2012 et 2013, ce sont près de 50 000 postes qui ont disparu dans ce secteur.

La construction n'est pas épargnée : sur la même période, 30 000 postes ont été supprimés dans ce domaine d'activité. Au total, entre juin 2012 et 2013, 139 900 emplois ont été rayés de la carte, soit une chute de près de 1 %. En 2012, 100 000 postes avait été détruits.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 16:29

 

mediapart.fr

 

Front national et ultras: les preuves d'une amitié

|  Par Marine Turchi

 

 

Le Front national se réunit ce week-end à Marseille pour son université d'été. À six mois des municipales, Marine Le Pen veut poursuivre son nettoyage de façade du parti et gommer son image d'extrême droite. Le FN n'aurait aucun rapport avec les JNR, le GUD, les révisionnistes, l'ultra droite et autres, affirme haut et fort sa présidente. Faux. Mediapart publie, photos à l'appui, les preuves contraires.

 

Comme avant chaque élection et après chaque débordement médiatisé d'un candidat frontiste, Marine Le Pen a demandé dans une note interne que ses candidats aux municipales « respectent la ligne politique du parti » et ne « se laissent pas aller à des délires personnels ou idéologiques ». À six mois des municipales, la présidente du FN veut poursuivre son nettoyage de façade du parti et gommer son image d'extrême droite. Mais cette stratégie se heurte à la porosité entre le Front national et les groupuscules de l'extrême droite la plus radicale.

Marine Le Pen a beau assurer que son parti n'a « aucun rapport avec ces groupes, qui expriment d'ailleurs régulièrement leur désapprobation à (son) égard », son vice-président, Florian Philippot, a beau répéter que « le FN n'a rien à voir avec ces personnalités radicales » et qu'il n'est « pas d'extrême droite », les faits sont têtus. De nombreuses photos et documents mettent à jour des liens existant de longue date entre le Front national et ces groupuscules. GUD, JNR, identitaires, néofascistes, etc. : encore aujourd’hui, la barrière est loin d'être étanche (lire notre Boîte noire).

1. Les liens avec les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR)

Cette porosité existe d'abord avec les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), le mouvement – dissout en juillet – de Serge Ayoub, l'ancien leader des skinheads parisiens, dont sont issus les agresseurs de Clément Méric. En juin, Marine Le Pen (qui n'a pas souhaité répondre à nos questions) avait martelé qu’elle « ne connai(ssait) pas précisément ce groupe ». Florian Philippot avait lui affirmé qu'il « ne savai(t) même pas que ça existait » et avait « appris leur existence dans la presse ». Pourtant, en juin 2008, la présidente du FN était présente au Local, le bar associatif d’Ayoub, lors de la première “100 % French Pride” organisée par le site d’extrême droite Fdesouche.com. En août 2010, elle dîne même avec « Batskin ».

 

Marine Le Pen au "Local" d'Ayoub, lors de la première "100 % French Pride" organisée par le site Fdesouche.com, en juin 2008. 
Marine Le Pen au "Local" d'Ayoub, lors de la première "100 % French Pride" organisée par le site Fdesouche.com, en juin 2008. © Peggy Colin / Rue89


En avril 2012, en pleine campagne présidentielle, le même Ayoub appelle dans une vidéo à « voter Marine », la seule « qui défend toujours la France et les Français ». Le 1er juin, pendant les législatives, il tracte avec ses militants sur le marché d'Hénin-Beaumont, à quelques pas de la candidate Marine Le Pen. Interrogée alors sur France 3, la présidente du FN avait affirmé n'avoir « jamais entendu parler » de ce parti solidariste et réfuté tout « lien » avec elle : « Ils sont venus défendre leur candidat » qui se présentait « dans une autre circonscription ». 

Mais selon Mathias Destal, le journaliste de Marianne présent, Serge Ayoub était lui « clairement venu pour faire campagne pour Marine Le Pen, avec des tracts qui concernaient bien la 11e circonscription (celle de Le Pen – Ndlr) », tout en profitant « du cirque médiatique pour se faire connaître ».

Plus important encore : ce jour-là, aux côtés d'Ayoub, on trouve Yohan Mutte (cercle violet), impliqué dans l'attaque du bar gay à Lille en avril 2013, Olivier Vivien (cercle rouge) et un certain Serge, surnommé « Sergueï » (cercle vert). Ces deux derniers sont aussi présents… au défilé du 1er Mai du FN, respectivement en 2012 et 2013.


Serge Ayoub (au 1er plan) tracte avec ses militants sur le marché d'Hénin-Beaumont, le 1er juin 2012, à 11h30. 
Serge Ayoub (au 1er plan) tracte avec ses militants sur le marché d'Hénin-Beaumont, le 1er juin 2012, à 11h30. © Mathias Destal / Marianne
Les militants de Serge Ayoub, le 1er juin 2012, sur le marché d'Hénin-Beaumont. En rouge, Olivier Vivien. En vert, Sergueï. 
Les militants de Serge Ayoub, le 1er juin 2012, sur le marché d'Hénin-Beaumont. En rouge, Olivier Vivien. En vert, Sergueï.© Mathias Destal / Marianne
Le même Sergueï au 1er-Mai du FN, en 2013. 
Le même Sergueï au 1er-Mai du FN, en 2013.© Capture d'écran Canal Plus


Car des passerelles existent aussi au sein du service d’ordre des événements du FN. Ainsi, Olivier Vivien (cercle rouge) et Daniel Mack (cercle jaune) jonglent entre leurs prestations d'agents de sécurité pour le Front national et leurs apparitions au sein des JNR :

Olivier Vivien (cercle rouge) et Daniel Mack (cercle jaune) assurent la sécurité du défilé du 1er Mai du FN, en 2012. 
Olivier Vivien (cercle rouge) et Daniel Mack (cercle jaune) assurent la sécurité du défilé du 1er Mai du FN, en 2012. © Reflexes


Deux semaines plus tard, le 13 mai 2012, les mêmes défilent en effet avec les JNR, à l'occasion du rassemblement traditionnel de l'extrême droite radicale, à Paris :

Olivier Vivien (cercle rouge) lui aussi avec les JNR, le 13 mai 2012. 
Olivier Vivien (cercle rouge) lui aussi avec les JNR, le 13 mai 2012.© Reflexes
Daniel Mack (cercle jaune) avec les JNR le 13 mai 2012. 
Daniel Mack (cercle jaune) avec les JNR le 13 mai 2012.© Reflexes


Les passerelles sont aussi visibles à l'occasion des élections. Ainsi, l'ancienne conseillère régionale frontiste Sylvie Langlois (exclue en 2008 du FN), était candidate aux législatives de 2012 sous les couleurs du Front populaire solidariste d'Ayoub (qui réunit plusieurs groupuscules régionaux), dans la 8e circonscription du Nord :

Sylvie Langlois candidate pour les législatives de 2012 sous les couleurs du parti de Serge Ayoub, avec qui elle pose à droite. 
Sylvie Langlois candidate pour les législatives de 2012 sous les couleurs du parti de Serge Ayoub, avec qui elle pose à droite.© Blog de Sylvie Langlois.


Cette porosité s’étend à d’autres figures du Rassemblement bleu Marine (RBM). Le 29 septembre 2011, Serge Ayoub accueille au Local Christian Bouchet, candidat frontiste aux cantonales de 2011 et aux législatives de 2012 en Loire-Atlantique, pour une conférence sur la Syrie.

 

L'affiche annonçant la venue de Christian Bouchet au Local en 2011 et son affiche de candidat FN aux législatives de 2012. 
L'affiche annonçant la venue de Christian Bouchet au Local en 2011 et son affiche de candidat FN aux législatives de 2012.


Bouchet ne lui est pas inconnu, il fut secrétaire général de Troisième Voie et signe dans son journal, Salut public, comme en témoigne cette Une :

La une de Salut Public (novembre 2012), le journal de Serge d'Ayoub, où Christian Bouchet apparaît parmi les auteurs. 
La une de Salut Public (novembre 2012), le journal de Serge d'Ayoub, où Christian Bouchet apparaît parmi les auteurs.


Christian Bouchet a également animé le site VoxNR, nationaliste-révolutionnaire, antisioniste et pro-iranien. Mais ces liens ne semblent pas déranger Marine Le Pen, qui l'a à nouveau investi pour les municipales de 2014, à Nantes.

 

M. Le Pen et C. Bouchet (à droite) lors de la présentation des têtes de liste des Pays-de-la-Loire, le 26 septembre 2009. 
M. Le Pen et C. Bouchet (à droite) lors de la présentation des têtes de liste des Pays-de-la-Loire, le 26 septembre 2009.© Reflexes


Pas plus qu’elle n’est gênée par son fils, Gauthier Bouchet, qui pose devant un portrait de Bachar el-Assad, lors d’un voyage en Syrie avec son père, à l’été 2011. Ce responsable du Front national de la jeunesse (FNJ) figure sur la liste FN pour les municipales à Saint-Nazaire et est membre de la délégation “communication numérique” du parti.

 

Gauthier Bouchet posant devant un portrait de Bachar El-Assad, à l'été 2011, en Syrie. 
Gauthier Bouchet posant devant un portrait de Bachar El-Assad, à l'été 2011, en Syrie.© dr
Gauthier Bouchet posant avec Marine Le Pen. 
Gauthier Bouchet posant avec Marine Le Pen.© dr


Plus récemment, le 15 mai, Serge Ayoub a reçu au Local le médiatique Robert Ménard, candidat soutenu par le FN pour les municipales à Béziers.

Sur le compte Facebook de Serge Ayoub. 
Sur le compte Facebook de Serge Ayoub.

C'est d'ailleurs sur Serge Ayoub – accompagné de Rodolphe Crevelle, militant anarcho-royaliste à la tête du groupuscule le Lys noir –, que l'ancien président de Reporters sans frontières comptait s'appuyer pour sa campagne.

2. Les liens avec le GUD

C'est avec le GUD (Groupe union défense), organisation étudiante d'extrême droite, que les liens sont plus difficiles à masquer pour le FN. Dans l’entourage de la présidente du FN, plusieurs anciens gudards jouent les conseillers officieux. C'est le cas de l’avocat Philippe Péninque – qui a ouvert le compte suisse de Jérôme Cahuzac en 1992. Cette année, Mediapart l'a aperçu dans la foule du 1er Mai du FN, où il écoutait le discours de la présidente du FN en compagnie de Jean-Claude Nataf, homme de réseaux et de la Ligue de défense juive (LDJ), organisation d'extrême droite sioniste :

Philippe Péninque (cheveux blancs) lors du défilé du 1er-Mai du FN, en 2013, avec Jean-Claude Nataf (avec le bonnet). 
Philippe Péninque (cheveux blancs) lors du défilé du 1er-Mai du FN, en 2013, avec Jean-Claude Nataf (avec le bonnet).© Mediapart
Philippe Péninque écoutant le discours de Marine Le Pen, le 1er Mai 2013, place de l'Opéra, à Paris. 
Philippe Péninque écoutant le discours de Marine Le Pen, le 1er Mai 2013, place de l'Opéra, à Paris.© Mediapart

La plupart du temps invisible, il gravite depuis de longues années dans l'entourage des Le Pen. Il était à leurs côtés lors du fameux discours du fondateur du FN à Valmy, le 20 septembre 2006 :

Philippe Péninque (cheveux blancs) avec Marine et Jean-Marie Le Pen, le 20 septembre 2006 à Valmy. 
Philippe Péninque (cheveux blancs) avec Marine et Jean-Marie Le Pen, le 20 septembre 2006 à Valmy.© Reflexes

En avril 2007, c'est lui qui organise la visite de Marine Le Pen à Aulnay-sous-Bois (voir la vidéo) :

Philippe Péninque présent aux côtés de Marine Le Pen lors de sa visite à Aulnay-sous-bois (93), en avril 2007. 
Philippe Péninque présent aux côtés de Marine Le Pen lors de sa visite à Aulnay-sous-bois (93), en avril 2007.© Canal Plus


Aujourd'hui, l'avocat ne renie rien de ses années GUD : « Bien sûr », il voit encore ses anciens membres, « on se connaît tous », expliquait-il il y a quelques mois à des journalistes de Canal Plus. Mieux, il s’« honore d’avoir été au Groupe union défense » et estime que « nous serons considérés, quand l’Histoire va nous rendre raison, rapidement, comme des héros et des résistants ».

Autre homme clé autour de Marine Le Pen, son vieil ami de fac, Frédéric Chatillon. Cet ancien chef du GUD et ex-directeur de la librairie révisionniste Ogmios était prestataire du FN pendant la campagne présidentielle de 2012. On a pu l’apercevoir lors de meetings et déplacements de la candidate, comme la tournée qu'il a organisée en Italie en octobre 2011.

Frédéric Chatillon accompagnant Marine Le Pen lors de son voyage en Italie, le 22 octobre 2011. 
Frédéric Chatillon accompagnant Marine Le Pen lors de son voyage en Italie, le 22 octobre 2011.© Capture d'écran d'un documentaire de Canal Plus.


Il est aussi présent au point presse de Marine Le Pen au Salon des maires, en novembre 2011 :

F. Chatillon avec Steeve Briois (secrétaire général du FN) et Nicolas Bay (secrétaire général adjoint du FN), en novembre 2011. 
F. Chatillon avec Steeve Briois (secrétaire général du FN) et Nicolas Bay (secrétaire général adjoint du FN), en novembre 2011.© Capture d'écran LCP.


La mère de ses six enfants, Marie d’Herbais, amie d’enfance de Marine Le Pen et militante historique du FN, est employée au service de communication du Front national et présente chaque semaine le Journal de bord vidéo de Jean-Marie Le Pen. Elle fut même candidate dans la Sarthe aux législatives de 2012.

Marie d'Herbais est salariée du FN et présente chaque semaine le « Journal de bord » de Jean-Marie Le Pen. 
Marie d'Herbais est salariée du FN et présente chaque semaine le « Journal de bord » de Jean-Marie Le Pen. © dr
L'un des deux comptes Facebook de Marie d'Herbais, qui fut longtemps la femme de Frédéric Chatillon. 
L'un des deux comptes Facebook de Marie d'Herbais, qui fut longtemps la femme de Frédéric Chatillon. © Facebook / Marie d'Herbais


Chatillon est resté très proche de la mouvance néo-fasciste européenne, mais aussi des Syriens du parti Baas (lire notre enquête sur ses affaires avec la Syrie). À l'été 2006 puis en mars 2008, il accompagne Dieudonné – « un pote », expliquait-il à Mediapart – dans sa tournée à Damas, où ils apparaissent aux côtés de certains dignitaires syriens comme Manaf Tlass, le fils du général et ancien ministre de la défense, ami d’enfance de Bachar el-Assad (qui a fait défection en juillet 2012).

F.Chatillon (polo rouge) en Syrie à l'été 2006 avec Ahmed Moualek (Labanlieuesexprime), Dieudonné, Thierry Meyssan, Alain Soral. 
F.Chatillon (polo rouge) en Syrie à l'été 2006 avec Ahmed Moualek (Labanlieuesexprime), Dieudonné, Thierry Meyssan, Alain Soral.© dr
Frédéric Chatillon avec Manaf Tlass, Dieudonné et le conspirationniste Thierry Meyssan (tout à droite), en Syrie en 2008. 
Frédéric Chatillon avec Manaf Tlass, Dieudonné et le conspirationniste Thierry Meyssan (tout à droite), en Syrie en 2008. © Reflexes
Frédéric Chatillon avec Dieudonné et le négationniste Robert Faurisson, en 2009, au théâtre de la Main d'or, à Paris. 
Frédéric Chatillon avec Dieudonné et le négationniste Robert Faurisson, en 2009, au théâtre de la Main d'or, à Paris.© Reflexes


En 2011, Chatillon parraine la création du site pro-régime Infosyrie.fr (fermé en janvier 2013). À Mediapart, il ne cache pas ses opinions « Le régime se défend comme il peut, il a raison. Ce n'est pas le monstre que décrivent les médias. Aujourd'hui on cherche un prétexte pour le bombarder. Mais les vrais barbares sont du côté des rebelles. » Il est aperçu à une manifestation de soutien au régime syrien le 30 octobre 2011, dans une période de répression accrue (comme en attestent aussi ces images d'un documentaire de Canal Plus). 

 

Frédéric Chatillon (cercle violet) et Olivier Duguet (cercle vert) lors du rassemblement pro-Bachar al-Assad le 30 octobre 2011. 
Frédéric Chatillon (cercle violet) et Olivier Duguet (cercle vert) lors du rassemblement pro-Bachar al-Assad le 30 octobre 2011.© Reflexes


Ce jour-là, d'autres anciens du GUD liés au FN sont présents, comme Olivier Duguet, trésorier jusqu'en mars 2012 de Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen (lire notre Boîte noire) :

 

Olivier Duguet (à gauche) et Frédéric Chatillon (à droite) lors du même rassemblement. 
Olivier Duguet (à gauche) et Frédéric Chatillon (à droite) lors du même rassemblement.© Capture d'écran d'un documentaire de Canal Plus.


À la tête de Jeanne, Marine Le Pen a placé Florence Lagarde, amie de fac et compagne de l'ex-gudard Jildaz Mahé O'Chinal, bras droit de Chatillon. Autre personnage-clé de ce cercle des anciens gudards: Axel Loustau. Président de la société privée Vendôme Sécurité, prestataire de service du Front national, Loustau a été candidat FN lors des législatives de 1997, dans les Hauts-de-Seine. En 2012, il a assuré une partie de la sécurité du FN, au défilé du 1er Mai et lors de meetings de Marine Le Pen (lire notre article).

Axel Loustau (cercle bleu) et Daniel Mack (cercle jaune) assurent la sécurité du défilé du 1er Mai du FN, en 2012. 
Axel Loustau (cercle bleu) et Daniel Mack (cercle jaune) assurent la sécurité du défilé du 1er Mai du FN, en 2012.© Reflexes
Muni d'une oreillette, Axel Loustau (cercle bleu) se situe devant les Le Pen, tout comme Daniel Mack (cercle jaune). 
Muni d'une oreillette, Axel Loustau (cercle bleu) se situe devant les Le Pen, tout comme Daniel Mack (cercle jaune).© Reflexes


Deux semaines plus tard, il était au traditionnel rendez-vous de l'extrême droite radicale, place de la Concorde, à Paris, devant le cortège du GUD, où il donne l'accolade à Edouard Klein (qui fut le chef du GUD entre 2010 et juin 2012):

Axel Loustau (cercle bleu) avec le GUD, le 13 mai 2012, place de la Concorde, à Paris. 
Axel Loustau (cercle bleu) avec le GUD, le 13 mai 2012, place de la Concorde, à Paris.© Reflexes
Axel Loustau (cercle bleu) salue amicalement Edouard Klein, chef du GUD entre 2010 et juin 2012.Axel Loustau (cercle bleu) salue amicalement Edouard Klein, chef du GUD entre 2010 et juin 2012.© Reflexes

 
Le même Edouard Klein était lui aussi présent au rassemblement pro-Bachar el-Assad, en 2011:

Edouard Klein à la manifestation de soutien à Bachar El-Assad, à Paris, le 30 octobre 2011. 
Edouard Klein à la manifestation de soutien à Bachar El-Assad, à Paris, le 30 octobre 2011. © Independenza webtv


Klein, un autre élément gênant pour Marine Le Pen. Cet ancien chef du GUD a intégré le FNJ au printemps 2012. Cette année-là, il est d'ailleurs présent à la convention présidentielle de Le Pen, à Lille, les 18-19 février, avec son compère du GUD Baptiste Coquelle, adepte des saluts nazis (voir photos ci-dessous). L'Union de défense de la jeunesse (UDJ), avatar du GUD pour se présenter aux élections universitaires à Paris II-Assas, annonce même leur venue sur son site:

La présence d'Edouard Klein et Baptiste Coquelle à la convention du FN est annoncée sur le site de l'UDJ. 
La présence d'Edouard Klein et Baptiste Coquelle à la convention du FN est annoncée sur le site de l'UDJ.© Capture d'écran du site de l'UDJ sur le blog du Monde "Droites extrêmes".
Baptiste Coquelle faisant le salut nazi, devant un drapeau représentant la croix celtique, emblème du GUD. 
Baptiste Coquelle faisant le salut nazi, devant un drapeau représentant la croix celtique, emblème du GUD.© Reflexes


Trois mois plus tard, Klein est au 1er-Mai du FN, vêtu d’un t-shirt “les jeunes avec Marine”, à nouveau avec Coquelle:

Edouard Klein et Baptiste Coquelle au défilé du 1er-Mai du FN, en 2012. 
Edouard Klein et Baptiste Coquelle au défilé du 1er-Mai du FN, en 2012.© Reflexes


En décembre 2012, on le voit participer à un tractage du FNJ à Angers, où est implanté un autre ancien chef du GUD (des années 1990): Gaëtan Dirand, secrétaire départemental du Maine-et-Loire et tête de liste à Angers pour les prochaines municipales.

Edouard Klein tractant avec le FNJ à Angers, en décembre 2012. 
Edouard Klein tractant avec le FNJ à Angers, en décembre 2012.© Photo publiée sur le site du Front national de la Jeunesse (FNJ).


Plus gênant: Klein et Coquelle apparaissent sur les photos du gala des 40 ans du FN, le 11 décembre 2012, à la Mutualité, à Paris. À leurs côtés, Marion Maréchal-Le Pen (en haut à gauche), le président du FNJ, Julien Rochedy (au centre avec un noeud papillon), son adjoint Paul-Alexandre Martin (à sa gauche) et d'autres membres du bureau national du FNJ et candidats frontistes, comme Anne-Sophie Levêque (Nord – 1ère en partant de la gauche), Julien Leonardelli (Pyrénées-Orientales – 2e en partant de la gauche), Adrien Grosjean (Alpes-Maritimes, 1er en partant de la droite), Julie Abraham (Alsace – 2e en partant de la droite):


Marion Maréchal-Le Pen (en haut à gauche) pose avec des jeunes du parti au gala des 40 ans du FN, le 11 décembre 2011, à Paris. 
Marion Maréchal-Le Pen (en haut à gauche) pose avec des jeunes du parti au gala des 40 ans du FN, le 11 décembre 2011, à Paris.© Reflexes
Edouard Klein (costume noir, de profil) et Baptiste Coquelle (avec les lunettes) au centre.Edouard Klein (costume noir, de profil) et Baptiste Coquelle (avec les lunettes) au centre.© Reflexes
Edouard Klein (à droite) lors du gala des 40 ans du FN, le 11 décembre 2012, à la Mutualité, à Paris. 
Edouard Klein (à droite) lors du gala des 40 ans du FN, le 11 décembre 2012, à la Mutualité, à Paris.© Reflexes


La petite équipe s'est retrouvée à plusieurs reprises. Comme ici, en 2012:

E. Klein et B. Coquelle (arrière plan) avec le président du FNJ, J. Rochedy (au centre) et son adjoint P-A. Martin (à gauche). 
E. Klein et B. Coquelle (arrière plan) avec le président du FNJ, J. Rochedy (au centre) et son adjoint P-A. Martin (à gauche).© Reflexes


Ou le 13 janvier 2013, lors de la manifestation contre le mariage pour tous organisée par la Manif pour tous :

Edouard Klein (à gauche) avec Paul-Alexandre Martin (à droite), le n°2 du FNJ, lors de la manifestation du 13 janvier 2013. 
Edouard Klein (à gauche) avec Paul-Alexandre Martin (à droite), le n°2 du FNJ, lors de la manifestation du 13 janvier 2013.© Reflexes
Edouard Klein (avec l'écharpe à carreaux) lors de la manifestation contre le mariage pour tous du 13 janvier 2013. 
Edouard Klein (avec l'écharpe à carreaux) lors de la manifestation contre le mariage pour tous du 13 janvier 2013.© Reflexes


La députée du Front national collectionne les amitiés sulfureuses : lors d’un défilé du 1er Mai du FN, elle pose avec le rappeur d’extrême droite Fasc, également batteur dans le groupe Franc Tireur Patriote, proche du groupuscule nationaliste et antisémite Renouveau français :

Marion Maréchal-Le Pen lors d'un défilé du 1er-Mai du FN, rue de Rivoli, à Paris, avec le rappeur d'extrême droite Fasc. 
Marion Maréchal-Le Pen lors d'un défilé du 1er-Mai du FN, rue de Rivoli, à Paris, avec le rappeur d'extrême droite Fasc.© Reflexes

3. Les liens avec l'Œuvre française

L'histoire d'un autre groupuscule est étroitement liée à celle du FN : l'Œuvre française (OF), fondée en 1968 sur les ruines de l’OAS et dissoute par le gouvernement en juillet. Ce mouvement pétainiste et antisémite a pratiqué l'entrisme au FN pendant des années, plusieurs cadres frontistes conservant la double appartenance. Et à écouter son fondateur, Pierre Sidos, « de nombreux militants de l'Œuvre française appartiennent encore au FN » aujourd'hui (lire notre enquête).

 

Jean-Marie Le Pen et Pierre Sidos, en 1994. 
Jean-Marie Le Pen et Pierre Sidos, en 1994.© dr


En 2011, lors de l'élection interne du FN, plusieurs têtes pensantes de l'OF font la campagne de Bruno Gollnisch : Yvan Benedetti, conseiller municipal FN de Vénissieux, bras droit et directeur de campagne de Gollnisch ; Alexandre Gabriac, conseiller régional FN Rhône-Alpes, devenu chef des Jeunesses nationalistes, la branche “jeunes” de l'OF ; Jérôme Guigue (photo ci-dessous), entré au FN en 2006, responsable du DPS (le service d’ordre du FN) Rhône-Alpes ; Christophe Georgy, responsable du DPS Grand Est, candidat FN à plusieurs élections et animateur d’un site à la gloire de Léon Degrelle, ancien Waffen SS et leader du mouvement collaborationniste belge Rex.

P. Sidos, Y. Benedetti et C. Georgy lors de la première rencontre militante de l’Œuvre française à Dijon, le 8 janvier 2009. 
P. Sidos, Y. Benedetti et C. Georgy lors de la première rencontre militante de l’Œuvre française à Dijon, le 8 janvier 2009.© Reflexes
Présentation officielle de Jérôme Guigue pour sa candidature au Comité central du FN, lors du congrès de Tours en 2011. 
Présentation officielle de Jérôme Guigue pour sa candidature au Comité central du FN, lors du congrès de Tours en 2011.© Reflexes


En 2008, encore membres du Front national, Gabriac et Benedetti participaient avec l'Œuvre française à un rassemblement néofasciste en Espagne :

Alexandre Gabriac participant en 2008 avec l'Œuvre française à une manifestation pro-franquiste en Espagne. 
Alexandre Gabriac participant en 2008 avec l'Œuvre française à une manifestation pro-franquiste en Espagne.© Infonacional.com
Yvan Benedetti, Alexandre Gabriac participant avec l'Œuvre française à une manifestation pro-franquiste en Espagne en 2008. 
Yvan Benedetti, Alexandre Gabriac participant avec l'Œuvre française à une manifestation pro-franquiste en Espagne en 2008.© Infonacional.com


On les retrouve en avril 2012 (après leur exclusion du FN) à un rassemblement en hommage à Mussolini, en Italie :

Alexandre Gabriac et François-Xavier Gicquel, l'ex-responsable du FNJ85, à une célébration de Mussolini en Italie, en avril 2012 
Alexandre Gabriac et François-Xavier Gicquel, l'ex-responsable du FNJ85, à une célébration de Mussolini en Italie, en avril 2012© Fafwatch
Alexandre Gabriac à une célébration de Mussolini en Italie, en avril 2012. 
Alexandre Gabriac à une célébration de Mussolini en Italie, en avril 2012.© Fafwatch
Christophe Georgy avec l'Œuvre française, lors d'une célébration de Mussolini en Italie, en avril 2012. 
Christophe Georgy avec l'Œuvre française, lors d'une célébration de Mussolini en Italie, en avril 2012.© Fafwatch


En juillet dernier, Gabriac se recueille sur la tombe de Mussolini pour l'anniversaire de sa naissance :

Alexandre Gabriac se recueille devant le buste de Mussolini, pour l'anniversaire de sa naissance, le 29 juillet 2013. 
Alexandre Gabriac se recueille devant le buste de Mussolini, pour l'anniversaire de sa naissance, le 29 juillet 2013.© Facebook / Alexandre Gabriac



En mars 2011, un événement met en lumière ces doubles appartenances : une photo montrant Alexandre Gabriac faisant un salut nazi suscite un tollé. Marine Le Pen est contrainte de réagir. Elle annonce à grands renforts de médias l'exclusion de Gabriac et dénonce « l’entrisme » de l'Œuvre française. Une grande partie des cadres frontistes membres de l'OF sont exclus, tel Thierry Maillard, militant de longue date dans le groupuscule et responsable du Front national à Reims.

 

Les affiches du candidat FN Thierry Maillard lors des cantonales de mars 2011 et des législatives partielles de décembre 2008. 
Les affiches du candidat FN Thierry Maillard lors des cantonales de mars 2011 et des législatives partielles de décembre 2008.© dr


D’autres seront écartés bien plus tardivement, comme Laura Lussaud, exclue en janvier 2012. Fille et petite-fille de militants frontistes, elle affiche un long CV dans le

parti : entrée au FNJ dès ses 13 ans, ancienne secrétaire régionale du FNJ, réélue au comité central du FN en 2011 (après l’élection de Marine Le Pen), candidate FN à Pornic la même année. Elle a rejoint les JN de Gabriac en 2012 et préside le groupuscule « le Clan »  à Lyon. Dans une cinglante lettre ouverte à Jean-Marie Le Pen, elle a dénoncé une « purge » et invoqué son militantisme au FN « depuis toute petite ».
Laura Lussaud (au premier plan), avec les Jeunesses nationalistes à Lyon, le 14 janvier 2012. 
Laura Lussaud (au premier plan), avec les Jeunesses nationalistes à Lyon, le 14 janvier 2012. © Reflexes
Laura Lussaud sur l'estrade du congrès du FN en 2007 à Bordeaux, avec Louis Aliot, Bruno Gollnisch, Marine et Jean-Marie Le Pen 
Laura Lussaud sur l'estrade du congrès du FN en 2007 à Bordeaux, avec Louis Aliot, Bruno Gollnisch, Marine et Jean-Marie Le Pen © dr
Laura Lussaud posant avec David Rachline, secrétaire national du FN (à sa droite) et Jean-Marie Le Pen (à sa gauche). 
Laura Lussaud posant avec David Rachline, secrétaire national du FN (à sa droite) et Jean-Marie Le Pen (à sa gauche).© Reflexes

 

La grand-mère de Laura Lussaud, membre du comité central du FN. 
La grand-mère de Laura Lussaud, membre du comité central du FN.© Site du Front national.

Sa grand-mère, elle, est encore membre du comité national du FN, d'après le site du Front national. En 2011, elle était responsable… du comité de soutien de Marine Le Pen en Loire-Atlantique.

Aujourd’hui, le flou demeure concernant certains cadres frontistes. Comme Amaury Navarranne. Responsable de l’Œuvre française à Toulon, cet ancien chef du FNJ dans le Var demeure membre du bureau du FN varois, mais aussi du comité central du parti :

 

La fiche d'Amaury Navarranne, membre du comité central du FN. 
La fiche d'Amaury Navarranne, membre du comité central du FN.© Site du Front national.


En avril 2012, les Anonymous ont piraté les sites liés aux mouvements d’extrême droite lyonnais et les boîtes mail d’Yvan Benedetti. On y apprend qu’Amaury Navarranne est désormais l’un des bras droits de Benedetti pour l’organisation des camps d’été de Jeune nation. Ce que l'intéressé a démenti à Mediapart.

Parmi les documents piratés par les Anonymous, on trouve des demandes d’adhésion émanant de cadres du FN (lire l’article de Lyon Capitale), mais aussi la liste des membres. Parmi eux, Jean-Marie Cojannot, candidat FN aux législatives de 2012 et aux cantonales de 2011 dans le Vaucluse.

4. Les liens avec les identitaires

Fin 2011, un cadre du FN détaillait à Mediapart les « contacts individuels mais prolongés » de dirigeants du FN issus du MNR (Steeve Briois, Nicolas Bay, Bruno Bilde) avec ceux du Bloc identitaire (BI), groupuscule anti-islam et xénophobe (lire notre article). La même année, lors des universités d'été du FN à Nice, plusieurs responsables du BI, dont Philippe Vardon, étaient présents lors du discours de Marine Le Pen. 

Entre les deux formations, les liens ont une dimension plus électorale. Aux cantonales de 2011 à Nice, le FN a soutenu Jacques Peyrat, proche des identitaires. En 2012, le Bloc identitaire a réclamé des alliances avec le FN, ce que Marine Le Pen a pour l'instant refusé étant donné leurs divergences idéologiques sur l'Europe notamment. Mais à Nice, Nissa Rebela, la branche locale du Bloc, représenterait un potentiel électoral non négligeable pour le FN.

Le 19 septembre, ces liens prendront une tournure plus officielle, puisque Bruno Gollnisch – membre du bureau politique du FN, député européen, conseiller régional – se rendra à la Traboule, le local des identitaires à Lyon, pour une conférence.

Le 26 février, les identitaires lyonnais avaient déjà reçu Robert Ménard :

Robert Ménard donne une conférence à la Traboule, local des Identitaires lyonnais, le 26 février 2013. 
Robert Ménard donne une conférence à la Traboule, local des Identitaires lyonnais, le 26 février 2013.© Génération identitaire Lyon


L'ancien président de RSF était aussi annoncé le 11 juin chez Jeune Bretagne (né de la scission du Bloc identitaire en 2012) :

L'affiche annonçant la venue de Robert Ménard chez Jeune Bretagne, le 11 juin 2013. 
L'affiche annonçant la venue de Robert Ménard chez Jeune Bretagne, le 11 juin 2013.

 

5. Les sulfureux secrétaires départementaux toujours en place

Les dirigeants du Front national se félicitent régulièrement d’avoir « fait le ménage » dans leur parti. Mais ce grand « ménage » est loin d’être effectif. Y compris parmi les responsables locaux du parti.

Épinglé par StreetPress puis par le livre Bienvenue au Front, Rémi Carillon, secrétaire départemental des Hauts-de-Seine, est toujours en place. Ce candidat FN aux législatives de 2012 s'est illustré par le post sur le site du FN 92, d'une vidéo antisémite de David Duke, ancien du Ku Klux Klan, dont il juge les théories « intéressantes », mais aussi par sa version satirique de La cigale et la fourmi (où il question d’un « gang de cafards immigrés » qui « squattent » « la maison de la fourmi devenue logement social ») ou encore par sa tribune sur le site Les 4 vérités prônant la « méthode forte » « contre l'islamisation ».

Rémi Carillon avec Marie-Christine Arnautu (vice-présidente chargé des affaires sociale) et Marine Le Pen, le 19 septembre 2010. 
Rémi Carillon avec Marie-Christine Arnautu (vice-présidente chargé des affaires sociale) et Marine Le Pen, le 19 septembre 2010.© nationspresse.info


Autre secrétaire départemental maintenu malgré son CV, Vincent Gérard, patron du FN de la Haute-Vienne, candidat frontiste régulier et ex-guitariste du groupe skinhead nationaliste Tolbiac’s Toads.

La pochette (recto) du disque du groupe skinhead nationaliste Tolbiac’s Toads, où figure Vincent Gérard (2e à gauche). 
La pochette (recto) du disque du groupe skinhead nationaliste Tolbiac’s Toads, où figure Vincent Gérard (2e à gauche).© Reflexes
La pochette (verso) du disque, où figure Vincent Gérard comme guitariste, et leur chanson "Il n'y a plus de Français". 
La pochette (verso) du disque, où figure Vincent Gérard comme guitariste, et leur chanson "Il n'y a plus de Français".© Reflexes


En avril 2012 à Limoges, il agresse le patron d’un bar. Marine Le Pen promet qu’il sera démis de ses fonctions s’il est condamné. Mais malgré sa condamnation à quatre mois de prison avec sursis pour « violences avec ou sous la menace d'une arme » (il a fait appel de cette décision), il figurait cette année au 1er Mai du FN, sur l’estrade officielle, comme secrétaire départemental :

Vincent Gérard présent comme secrétaire départemental sur l'estrade officielle du FN lors du défilé du 1er Mai, en 2013. 
Vincent Gérard présent comme secrétaire départemental sur l'estrade officielle du FN lors du défilé du 1er Mai, en 2013.© Reflexes


Jean-Marie Le Pen lui a même renouvelé sa confiance lors d'un déplacement en mai dernier (voir les images). Et sur le site du parti, il est toujours en poste :

Sur le site du FN, Vincent Gérard apparaît toujours comme secrétaire départemental de la Haute-Vienne. 
Sur le site du FN, Vincent Gérard apparaît toujours comme secrétaire départemental de la Haute-Vienne.© Site du Front national.

6. Les liens sans frontière avec les négationnistes, néofascistes et néonazis

Le Front national flirte aussi avec des personnalités négationnistes.

Ainsi, en 2011, le FN investit l'ex-MPF Jacques Kotoujansky, pour les cantonales dans l’Yonne. On le retrouve aux universités d'été du FN, en septembre 2011, à Nice, puis à la tribune du colloque santé organisé par le think tank du parti, à Paris, le 10 novembre 2011. Membre du comité d’action programmatique du FN sur la santé, c'est lui qui a rédigé les propositions de Marine Le Pen sur la Sécurité sociale pour la présidentielle de 2012.

Mais Kotoujansky est aussi un médecin révisionniste, comme l'a révélé la journaliste Claire Checcaglini dans son livre Bienvenue au Front (Jacob Duvernet, 2012). Adepte des thèses de Thierry Meyssan, il a donné des conférences sur le 11-Septembre et a créé sa propre association conspirationniste, Vérité & Liberté, visible sur le site kotou.fr dédié à la théorie du complot.

 

Le site "Vérité & Liberté". Depuis la mention du FN a été retirée et Kotoujansky a adopté un pseudonyme. 
Le site "Vérité & Liberté". Depuis la mention du FN a été retirée et Kotoujansky a adopté un pseudonyme.© conspiracywatch.info


Autre exemple, Mathieu Spieser, membre du DPS et du FN dans les Hauts-de-Seine. Ce jeune homme, qui assure régulièrement la sécurité des Le Pen (photos ci-dessous), dialogue avec des négationnistes et antisémites notoires, tels que Robert Faurisson, Hervé Ryssen, Vincent Reynouard, comme en attestent plusieurs mails publiés par le site Fafwatch (à voir ici, , ou encore là), où il apparaît sous l'identifiant « msierra88 ». Il figurait aussi sur la liste des invités du Forum de la nation de l’Œuvre française, le 15 octobre 2011.

 

Mathieu Spieser (debout à droite) lors du meeting de Marine Le Pen à Toulouse, le 5 février 2012. 
Mathieu Spieser (debout à droite) lors du meeting de Marine Le Pen à Toulouse, le 5 février 2012. © Fafwatch

Mathieu Spieser (debout à gauche) assurant la sécurité de Marine Le Pen, muni d'une oreillette. 
Mathieu Spieser (debout à gauche) assurant la sécurité de Marine Le Pen, muni d'une oreillette.© Fafwatch

Mathieu Spieser assurant la sécurité de M. Maréchal-Le Pen, lors de la manifestation contre le mariage pour tous du 26 mai 1013. 
Mathieu Spieser assurant la sécurité de M. Maréchal-Le Pen, lors de la manifestation contre le mariage pour tous du 26 mai 1013.© Fafwatch


Le 13 janvier 2013, c'est un autre élu connu pour ses déclarations racistes, négationnistes et antisémites (notamment dans les années 1980-1990), qui défile avec le Front national lors de la manifestation contre le mariage pour tous : Nick Griffin, chef du British National Party, parti d'extrême droite britannique. Le député européen a assisté à des meetings du Ku Klux Klan (lire ici et ), nié l’Holocauste en le comparant au « canular du XXe siècle », expliqué qu'il rêvait « d'une société entièrement blanche », et prôné la « suprématie blanche »En 1998, il a été condamné à 2 ans de prison avec sursis pour incitation à la haine raciale (lire notre article).

 

Nick Griffin (à gauche) à côté de Marion Maréchal-Le Pen (à droite), dans le cortège du FN le 13 janvier. 
Nick Griffin (à gauche) à côté de Marion Maréchal-Le Pen (à droite), dans le cortège du FN le 13 janvier.© Twitter / Nick Griffin


Derrière eux on retrouve… Mathieu Spieser:

Mathieu Spieser derrière Nick Griffin dans le cortège du FN, lors de la manif anti-mariage pour tous du 13 janvier 2013. 
Mathieu Spieser derrière Nick Griffin dans le cortège du FN, lors de la manif anti-mariage pour tous du 13 janvier 2013.© Capture d'écran du Journal de France 2 / Fafwatch

À l'étranger aussi Marine Le Pen conserve des contacts avec des personnages sulfureux (lire notre article sur son front européen). En 2006, lors de la dernière « fête des Bleu-Blanc-Rouge», elle pose avec Manuel Andrino, le leader de la Phalange. Cette organisation fasciste espagnole est alors invitée officiellement à la rencontre annuelle du Front national. D'autres responsables du FN (Jean-Marie Le Pen, David Rachline) prennent aussi la pause avec les Phalangistes (voir les photos ici)

Marine Le Pen en 2006 avec des membres de la Phalange, dont son dirigeant, Manuel Andrino (à gauche). 
Marine Le Pen en 2006 avec des membres de la Phalange, dont son dirigeant, Manuel Andrino (à gauche).© la-flamme.fr

Manuel Andrino, le leader de la Phalange, organisation fasciste espagnole. 
Manuel Andrino, le leader de la Phalange, organisation fasciste espagnole. © dr


En janvier 2012, la présidente du FN se rend aussi au très controversé bal de la Fédération des corporations pangermanistes, à l’invitation du FPÖ, le parti autrichien d'extrême droite. Ce rassemblement annuel de toute l'extrême droite européenne reçoit régulièrement des figures du négationnisme (comme John Gudenus, ex-FPÖ), des responsables internationaux d'extrême droite (le Vlaams Belang belge, le parti national-démocrate allemand – NPD –, le sulfureux Alexander Dugin du parti eurasiste de Russie).

Marine Le Pen y rencontre Martin Graf, député du FPÖ, membre d'Olympia, une corporation secrète interdite aux juifs et aux femmes dont les membres sont chargés de véhiculer, par des biais détournés, des idées néonazies, pangermanistes, antisémites et négationnistes (lire notre article).

 

Marine Le Pen au bal des ligues étudiantes pangermanistes, à Vienne, le 27 janvier 2012. 
Marine Le Pen au bal des ligues étudiantes pangermanistes, à Vienne, le 27 janvier 2012.© blaisegauquelin.com


En 2012, une photo circule, sur laquelle la présidente du FN pose avec Anthony et Grégoire, deux figures du milieu néonazi lyonnais – vraisemblablement en 2006, lors de la dernière « fête des Bleu-Blanc-Rouge », qui était la rencontre annuelle du FN. Anthony (à droite), batteur du groupe néo-nazi lyonnais Match Retour, a notamment participé à la tentative de rassemblement « contre les casseurs », le 22 octobre 2010 à Lyon (voir les images), à l'issue de laquelle quelque 150 personnes ont été arrêtées.

Sur leurs tee-shirts, ils affichent des symboles nazis : une croix gammée arrondie avec une tête de mort (emblème des SS gardiens de camps) ; un détournement de la marque Londsdale en « LoNSDAPe », renvoyant au parti NSDAP d'Hitler. La présidente du FN assure alors n'avoir pas vu la croix gammée et minimise : « Depuis trois ou quatre ans, j’ai dû me faire photographier 10 000 fois, et encore. »


Marine Le Pen posant avec deux néonazis lyonnais, Grégoire (à gauche) et Anthony (à droite). 
Marine Le Pen posant avec deux néonazis lyonnais, Grégoire (à gauche) et Anthony (à droite).© dr


La famille Le Pen était aussi liée avec l'ancien député européen d'extrême droite Franz Schönhuber (décédé en 2005), auteur en 1982 d'un livre dans lequel il défendait son engagement dans les Waffen-SS :

Marine Le Pen avec Franz Schönhuber. 
Marine Le Pen avec Franz Schönhuber.© dr

Jean-Marie Le Pen et Franz Schönhuber, auteur de « Der Rebel », une biographie de Le Pen. 
Jean-Marie Le Pen et Franz Schönhuber, auteur de « Der Rebel », une biographie de Le Pen.© dr

Franz Schönhuber est l'auteur d'une biographie de Jean-Marie Le Pen intitulée « Le rebel ». 
Franz Schönhuber est l'auteur d'une biographie de Jean-Marie Le Pen intitulée « Le rebel ».© dr

 

Pendant plusieurs mois, Mediapart a accumulé une centaine de documents (photos, affiches, tracts, mails, captures d'écran), dont une partie exclusive, démontrant l'existence de liens entre le Front national et les groupuscules de l'extrême droite la plus radicale. Nous avons ensuite réalisé un travail de vérification de ces documents, avec l'aide de plusieurs sources (chercheurs, policiers), afin de les dater et d'en identifier les protagonistes.

Cette enquête a été réalisée en partie en collaboration avec le site d'information antifasciste Reflexes, dont certaines photos sont issues. Mediapart en a publié une version courte dans le magazine Polka de septembre-octobre 2013.

Sollicitée, Marine Le Pen n'a pas donné suite à notre demande d'entretien. De même que son bras droit, Florian Philippot, sollicité sur les liens entre la galaxie FN et le régime syrien, et Christian et Gauthier Bouchet, contactés à deux reprises via la responsable du FN de Loire-Atlantique. Frédéric Chatillon a été interviewé le 9 septembre. Contacté, Olivier Duguet n'a pas souhaité nous rencontrer et n'a accepté de répondre à nos questions que par email. Sur ses liens avec le régime syrien, il a simplement évoqué « une relation amicale » avec F. Chatillon « qui justifie que vous ayez pu m’apercevoir à ses côtés sur certains clichés à certaines occasions ».

Lire notre lexique des groupuscules d'extrême droite sous l'onglet Prolonger.

 

 

 

 


Partager cet article
Repost0
13 septembre 2013 5 13 /09 /septembre /2013 17:20

 

 

mediapart.fr

 Pourquoi les inégalités et la pauvreté explosent

|  Par Laurent Mauduit

 

 

Selon l'Insee, les niveaux de vie des Français les moins favorisés sont en baisse depuis au moins trois ans et l'on décompte désormais plus de 8,7 millions de pauvres. Si ce bilan porte sur l'année 2011, et dresse ainsi un bilan du sarkozysme, tout indique que ces inégalités se sont encore creusées sous l'effet de la politique du gouvernement Ayrault.

 

Au premier examen, on pourrait penser que la nouvelle étude publiée ce vendredi par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) sur les niveaux de vie et la pauvreté en France ne constitue en rien un réquisitoire contre la politique économique et sociale pilotée par François Hollande. Car, même si les évolutions qu’elles révèlent sont très inquiétantes, elles portent sur l’année 2011. Soit juste avant l’alternance. Et pourtant si !

Envers et contre tout, cette étude n’a pas qu’un intérêt rétrospectif sur les injustices sociales sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Détaillant avec minutie les mécanismes qui sont à l’origine du creusement des inégalités et de l’envolée de la pauvreté, elle donne à deviner les fractures sociales qui doivent plus que jamais s'aggraver sous les effets de la politique néolibérale que l’actuel chef de l’État a choisi de poursuivre.

Examinons d’abord cette étude. La voici.

 

Dans la mesure des inégalités de revenus et de la pauvreté, l’Insee est confrontée à une difficulté. Pour s'appuyer sur des chiffres exacts, les statisticiens doivent disposer des revenus fiscaux et sociaux des Français, revenus qui ne sont connus qu’avec beaucoup de retard. La nouvelle étude porte donc sur l’année 2011. Pour être déjà un peu datée, cette étude n’en est pas moins riche d’enseignements, tant elle montre un creusement des inégalités et une progression de la pauvreté.

Globalement, l’étude établit que le niveau de vie médian (la moitié des Français sont en dessous, l’autre moitié au-dessus) des personnes vivant dans un ménage de France métropolitaine est de 19 550 euros par an, soit 1 630 euros par mois. En clair, 50 % des Français ont un niveau de vie inférieur à ce seuil, pourtant extrêmement bas.

L’Insee relève que ce seuil de 1 630 euros par mois est stable en euros constants par rapport à 2010, année qui avait enregistré une baisse de 0,5 % des niveaux de vie. Mais cette stabilité constatée en 2011 recouvre, en réalité, de très fortes disparités, avec une progression des niveaux de vie pour les Français les plus favorisés et une baisse des niveaux de vie pour les plus modestes.

En 2011, le niveau de vie des 10 % des Français les plus favorisés a en effet enregistré une hausse de 2,1 % tandis que les 40 % des Français les moins favorisés ont vu leurs niveaux de vie baisser dans des proportions allant de -0,2 % à -0,8 % selon les catégories, après des baisses comprises entre -0,7 % et -1,7 % en 2010 et -0,4 % à -1,1 % en 2009. Le bilan du sarkozysme, le voilà donc résumé dans ces quelques terribles statistiques : les niveaux de vie des 40 % des ménages les plus modestes ont baissé continûment – et fortement ! – tout au long de ces trois dernières années pour lesquelles les statistiques sont disponibles, comme le confirme le tableau ci-dessous :

 

 

Assez logiquement, la pauvreté continue donc en France d’exploser. Pour l’Insee, les Français qui entrent dans cette catégorie sont ceux qui ont un niveau de vie inférieur à 60 % du niveau de vie médian des Français. Pour 2011, les Français qui entrent dans cette catégorie sont donc ceux dont le niveau de vie est inférieur à 977 euros.

Or, si l’on s’en tient à cette classification, le tableau est gravissime : en 2011, la France a compté 8,7 millions de pauvres, soit le plus haut niveau jamais atteint en France depuis 1997, et la troisième hausse consécutive (+0,5 % en 2009 et +0,6 % en 2010).

 

 

Mais le plus inquiétant, c’est évidemment que les tendances qui sont à l’œuvre en 2011 le sont plus que jamais en 2012 et 2013. D’abord, le chômage a atteint ces derniers mois un niveau historique, bien au-dessus des niveaux de 2011, comprimant d’autant les revenus des Français frappés par ce fléau. De surcroît, sous l’effet de la politique salariale restrictive conduite par le gouvernement socialiste (refus de tout coup de pouce en faveur du Smic, maintien du gel des rémunérations publiques), le pouvoir d’achat des ménages connaît actuellement une baisse historique, sans précédent depuis 1984, c’est-à-dire au lendemain du virage de la « rigueur » des années 1982-1983.

Et cette politique d’austérité, le gouvernement socialiste a décidé de l’accentuer en 2014, en multipliant les cadeaux aux entreprises – le plus souvent sans la moindre contrepartie ! –, et en les faisant payer – sans le moindre scrupule ! – par les salariés : hausses au 1er janvier prochain de 19,6 % à 20 % du taux normal de TVA et de 7 % à 10 % du taux intermédiaire ; abaissement à 1 500 euros du plafond du quotient familial ; suppression de la réduction d’impôt pour les familles ayant à leur charge un enfant lycéen ou étudiant ; mesures d’économies de 6 milliards d’euros pour la Sécurité sociale dont on ignore le détail mais qui seront par la force des choses à la charge pour l’essentiel des assurés sociaux, etc.

Même si le projet de loi de finances pour 2014 et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale ne seront connus qu’à la fin de ce mois, on n'en ignore pas, toutefois, la philosophie : les grands patrons seront chouchoutés, et ce sont les salariés, jusqu’aux plus modestes, qui seront les dindons de la farce budgétaire de 2014 (lire Impôts : la révolution conservatrice de Moscovici). En bref, le gouvernement a fait sien le plus détestable des préceptes fiscaux : « Pourquoi faire payer les riches ? Faisons payer les pauvres ; ils sont beaucoup plus nombreux. »

Et c’est en cela que cette étude de l’Insee n’éclaire pas que le passé récent. Même si elle porte sur l’année 2011, elle fait office aussi de miroir pour les années 2012 et 2013. En bref, elle suggère que les niveaux de vie, pourtant très faibles, de 2011 se sont encore tassés, que les inégalités se sont encore creusées, et que l’on est allègrement en route vers les 10 millions de pauvres. Et tout cela sous les effets de la politique économique de François Hollande…

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
12 septembre 2013 4 12 /09 /septembre /2013 17:16

 

 

liberation.fr

 

AFP 12 septembre 2013 à 17:22 (Mis à jour : 12 septembre 2013 à 17:25)

 

 

C'est le troisième suicide d'un salarié de Pôle Emploi en sept mois.C'est le troisième suicide d'un salarié de Pôle Emploi en sept mois. (Photo Christian Hartmann. Reuters)

 

Pour eux, ce geste révèle un «réel malaise social».

Deux syndicats de Pôle emploi, la CFE-CGC et le SNU, ont indiqué jeudi à l’AFP avoir interpellé leur direction après le suicide lundi d’un cadre, «le troisième en sept mois», réclamant des «décisions» face à la «souffrance» des salariés.

  

Lundi, l’ancien directeur territorial du Rhône, «âgé de 55 ans», s’est jeté sous un TGV à Mâcon «alors qu’il se rendait à Paris sur son lieu de travail», a-t-on appris de sources syndicales.

Selon ces sources, ce père de famille avait été muté en juin à la direction générale à Paris et regagnait son domicile le week-end. Il travaillait pour l’opérateur public «depuis 25 ans».

Dans un communiqué, la CFE-CGC (cadres) des métiers de l’emploi déplore jeudi «le troisième suicide d’un cadre supérieur en sept mois», «après le drame du Languedoc-Roussillon en mars et celui d’Ile-de-France en juillet». Ces gestes, s’ils «nécessitent une très grande prudence dans l’analyse», sont «révélateurs d’un réel malaise social», estime-t-elle.

Le syndicat «exige de la direction qu’elle prenne en compte la souffrance des agents». «Il est grand temps de se mettre autour de la table pour (...) mieux comprendre le mal-être et les difficultés afin de prendre enfin des décisions pour éviter de nouveaux drames», écrit-il.

Sur la même ligne, le Snu Pôle emploi a indiqué à l’AFP réclamer lui aussi d’être reçu par le directeur général de Pôle emploi Jean Bassères et le ministre du Travail Michel Sapin.

Depuis la fusion ANPE-Assedic (fin 2008), «il y a une immense souffrance de l’encadrement et des agents, depuis des mois nous alertons la direction sans être entendus», affirme Colette Pronost, la secrétaire générale du SNU. «Il y a des mouvements, professionnels et géographiques, dans l’encadrement qui ne sont pas choisis», dit-elle.

Si elle reste «prudente» sur l’analyse de son geste, Colette Pronost note toutefois que l’ex-directeur territorial du Rhône s’est «suicidé à la gare TGV qu’il l’amenait à Paris, symboliquement, c’est quand même très fort».

Sollicitée par l’AFP, la direction de Pôle emploi n’a pas réagi dans l’immédiat.

Les deux syndicats réclament une enquête du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) pour «faire la lumière sur cet acte désespéré».

AFP

Partager cet article
Repost0
12 septembre 2013 4 12 /09 /septembre /2013 15:37

 

 

mediapart.fr

Agrobusiness : le créneau des mille vaches

|  Par Jade Lindgaard

 

 

Une méga-ferme de mille vaches, couplée à une centrale électrique alimentée par les déjections du bétail. Cauchemar agro-industriel ? Non, projet en création en Picardie, malgré l’engagement du gouvernement à défendre l’agriculture paysanne. Des opposants manifestaient ce jeudi matin contre cette « usine à vaches ».

Un millier de vaches passant leurs journées sous hangar, sans sortir, à ruminer des grains de maïs, du soja et des pousses de luzernes. Dix mètres carrés par bête, dans une atmosphère contrôlée scientifiquement. Trois traites de lait quotidiennes pour produire jusqu’à 8,5 millions de litres par an. Sans oublier, la valorisation du lisier en électricité par le truchement du plus gros méthaniseur jamais construit en France (1,5 mégawatt). Un remake de Terminator à la campagne ? Non, une ferme picarde en cours de construction sur le lieu-dit du « bout du monde », au pays des céréales, de la betterave et de la bière. 

 

Action de la Confédération paysanne contre la ferme des mille vaches, 12 septembre 2013. 
Action de la Confédération paysanne contre la ferme des mille vaches, 12 septembre 2013.

 

L’exploitation agricole que le groupe de BTP Ramery développe aujourd’hui dans la Somme convoque une rencontre du troisième type : d’un côté, la traditionnelle activité de production laitière, emblématique de la paysannerie française, et de l’autre, l’échelle industrielle et la culture de la maximalisation des profits. « Si c’est un gros mot de dire qu’on fait cette ferme pour gagner de l’argent... », ironise Michel Welter, directeur du projet pour Ramery, et lui-même ancien agriculteur, pour qui « l’intérêt, c’est de garder de la valeur ajoutée dans le département. C’est un projet économique global. Est-ce qu’on peut se priver de la ressource économique et de la rentrée de devises que peut être l’agriculture ? ». Le groupe prévoit de traire la première vache d’ici huit à dix mois, soit d’ici l’été prochain, et de salarier quinze personnes pour s’en occuper.

Alors que le secteur laitier peine à se sortir d’une crise endémique, et que Jean-Marc Ayrault est attendu le 12 septembre au salon de la production agricole (Space), à Rennes, la « ferme des mille vaches » cristallise les passions. Une coalition inédite de riverains, d’écologistes et de militants de la Confédération paysanne dénonce « l’usine des mille vaches » et l’industrialisation de l’agriculture. « Au début, je n’étais pas contre, cela pouvait donner du boulot au village », raconte le président de l’association Novissen, Michel Kfoury, médecin. Mais après étude du dossier, lors de l’enquête publique, il s’inquiète des effets sanitaires de l’élevage de masse, dangereux en cas d’épizootie, et du ballet de camions chargeant et déchargeant le lisier et les déchets verts destinés au méthaniseur : « 40 % de la surface d’épandage se trouve au-delà de 25 km du centre de la ferme. »


Affiche célébrant les 40 ans du groupe Ramery, en 2012. 
Affiche célébrant les 40 ans du groupe Ramery, en 2012.

Le trafic lié à l’activité laitière représentera en moyenne deux camions et quinze véhicules utilitaires par jour. Il y a aussi l’enjeu de l’eau : le pompage a déjà été interdit dans le passé en certains endroits à cause de la présence excessive de pesticides. « C’est ce qui nous inquiète le plus. » L’élevage de mille vaches nécessiterait 40 000 mètres cubes par an. « L’enjeu majeur du projet est la protection de la qualité des eaux superficielles et souterraines en lien avec le site d’élevage intensif », analyse l’Autorité environnementale.

Maire de Drucat, 900 habitants, la commune concernée par le méthaniseur, Henri Gauret se soucie, lui, de la proximité de la ferme avec les premières maisons de l'agglomération, à 600 mètres environ : « S’il y a de l’odeur, des mouches, des insectes, ce sera pour nous. » Les surfaces bâties et bitumées s’étendront sur 7,5 hectares. C’est la plus grosse ferme jamais construite en France.

Une manifestation doit se tenir le 12 septembre. La Confédération paysanne veut l’ériger en cause de mobilisation nationale, alors que l’Union européenne vient d’entériner la réforme de la politique agricole commune (PAC) et que doit maintenant se discuter sa mise en œuvre à l’échelon national.

Pour Stéphane Le Foll, le ministre de l’agriculture, même si ce projet ne correspond pas à ses priorités, il « s’appuie sur des méthodes et technologies innovantes, dont les résultats, s’ils sont vérifiés, pourraient être exploités dans le cadre de projets collectifs », explique-t-il dans une lettre aux opposants. Il ne faut pas se priver de voir ce que donnera cette méthode, du moment qu’elle respecte le cadre légal, ajoute son entourage, selon qui les petites exploitations ne sont pas forcément plus écologistes que les très grosses. 

La section départementale de la FNSEA, le puissant syndicat agricole, saute d’un pied sur l’autre, visiblement tiraillée : « Un apporteur de capitaux externes au monde agricole développe un projet autour de sa force de frappe, dans lequel les agriculteurs associés ne sont pas décideurs, cette gouvernance ne nous plaît pas », explique François Magnier, directeur de la FDSEA de la Somme. Pour autant, la taille « n’est pas un problème en tant que telle, elle n’est pas liée à la mécanisation. La robotisation des salles de traite démarre à 60 vaches ». En moyenne, les exploitations du coin regroupent 50 vaches laitières. Véritable puissance industrielle régionale, le groupe Ramery est un familier des marchés publics. En janvier 2012, son président du directoire, Philippe Beauchamps, a été mis en examen pour recel d’abus de biens sociaux et corruption privée pour un prêt de 4 millions d’euros consentis au président du club de foot RC Lens, Gervais Martel (voir ici).

« Technologies innovantes »

 

François Hollande au salon de l'agriculture, le 28 février 2012 (Reuters). 
François Hollande au salon de l'agriculture, le 28 février 2012 (Reuters).

Enlisé sous la présidence Sarkozy, le projet de plus grosse ferme de France a refait surface après l’élection de François Hollande – interpellé à la télé sur le sujet pendant sa campagne électorale. Delphine Batho y était plutôt opposée lorsqu’elle était encore ministre. Son successeur Philippe Martin ne s’est pas prononcé sur le sujet. En février 2013, la préfecture autorise l’exploitation du méga-site, mais le plafonne à 500 vaches car il manque au porteur du projet 1 500 hectares de terre pour épandre tout le lisier de ses bêtes.

Sauf que c’est bien une installation pouvant accueillir 1 000 bovins qui est en cours de construction, conformément à son permis de construire, attribué en mars dernier. En réalité, le groupe Ramery ne cache pas être en capacité d’utiliser 3 000 hectares, soit la quantité nécessaire pour atteindre le cap des 1 000 vaches. « Et s’il le faut, on en a 5 000 au vu des engagements des agriculteurs. » Soit, de quoi rassembler 1 700 bêtes. « L’objectif est toujours de monter une ferme de 1 000 vaches », confirme Michel Welter. Il fixe le point d’équilibre économique de sa future exploitation entre 800 et 850 laitières. « Nous avons longtemps parlé du projet des 999 vaches, comme il existe des jeans à 9,99 euros », ajoute-t-il, provocateur.

Plusieurs recours juridiques ont été déposés contre le permis de construire et l’autorisation d’exploitation. Petite affaire dans l’affaire : Éric Mouton, le maire de Buigny-Saint-Maclou (540 habitants), qui accueille la ferme, est aussi l’architecte qui en a conçu et dessiné les plans. Conflit d’intérêts ? « Je ne suis pas juge et partie, je n’ai pas participé au vote municipal », assure-t-il à Mediapart. Ce contrat lui a rapporté la somme rondelette de 30 à 40 000 euros, alors qu’il ne possède pas d’expertise particulière en bâtiment d’élevage d’animaux. Ramery n'a pas lésiné sur le lobbying pour convaincre la puissance publique. En 2011, le groupe a convié une quarantaine d’élus (maires et conseillers généraux) et responsables, dont le sous-préfet, à visiter une ferme de 800 vaches dotée d’un méthaniseur en Allemagne.

 

Manifestation contre la ferme des mille vaches à Amiens, 23 juin 2013 (Novissen).Manifestation contre la ferme des mille vaches à Amiens, 23 juin 2013 (Novissen).

Le monde rural n’est pas que le théâtre de faillites financières, de désertion agricole et de désespoir paysan. Il est aussi la cible d’investissements lucratifs, portés par de nouveaux acteurs attirés par les promesses de retombées financières de l’agrobusiness. « Ce projet élimine les paysans et détruit l'agriculture : ce n'est plus de l'agriculture mais de l'exploitation industrielle du vivant, au détriment de l'environnement, de la biodiversité, et du bien-être animal », dénonce Pierre-Alain Prévost, coordinateur de la campagne Envie de paysans, pour la Confédération paysanne.

Une forme d’accaparement des terres, comme on en voit dans les pays pauvres. « Ramery est en train de concentrer tout l’élevage du département : faire dans la Somme ce qui s’est fait en Bretagne avec les porcs », s’inquiète Michel Kfoury, de Novissen. Mais pour Michel Welter, en charge du projet, rien ne sert de pleurer sur un monde paysan révolu : « Aujourd’hui, la moitié du lait UHT vient d’Allemagne car il est moins cher. On est dans un marché européen. Si nous ne faisons pas tout pour abaisser les coûts de production, d’autres le feront. »

Entre 1990 et aujourd’hui, « le prix du lait n’a pas bougé alors que celui du fioul a été multiplié par 4,5, la main-d’œuvre par deux et que la ferraille a aussi augmenté », a-t-il calculé. Selon lui, le coût moyen de la production laitière en France se situe autour de 392 euros par mètre cube. Il se vend entre 330 et 340 euros. C’est intenable. « Si je pouvais gagner 1 500 euros net avec 30 vaches laitières en travaillant 70 heures par semaine, je serais peut-être plus heureux. Mais ça n’est plus possible. Mes parents élevaient 25 vaches et ont pu élever trois enfants. Avec 25, je ne pourrais pas payer les études de mes trois filles. Les producteurs laitiers sont en voie de disparition. C’est un métier de chien. » Entre 2000 et 2010, plus du tiers des élevages laitiers ont disparu en Picardie.

« Un groupe de mille vaches, c’est fondamentalement différent, considère François Magnier, de la FDSEA. Quand vous en avez 70, vous les connaissez toutes. Si l’une tousse, vous le voyez. Vous faites la traite, les soins, tous les métiers sont en vous. On ne peut pas être seul avec mille vaches, ce n’est pas la même attention humaine. » De son côté, le maire de Buigny-Saint-Maclou, l’architecte, tranche : « On est tous pour les pâquerettes, mais faut s’adapter, pas rester sur des modèles de l’ancien temps. »

Pour Pierre-Alain Prévost, de la Confédération paysanne, « deux modèles s’affrontent. Où trace-t-on la limite ? 1 000, 5 000, 20 000,  50 000 vaches ? ». Michel Welter rentre tout juste d’un voyage aux États-Unis, où il a visité une ferme de 25 000 vaches, Fair Oaks farm, dans l'Indiana. Encore éberlué et admiratif, il décrit cette salle dévolue au public de visiteurs pour qu’ils puissent assister en direct à la traite de l’énorme troupeau. Une véritable salle de spectacle.

 

 

Partager cet article
Repost0
11 septembre 2013 3 11 /09 /septembre /2013 16:27

 

 

LE MONDE | 11.09.2013 à 10h52 • Mis à jour le 11.09.2013 à 14h12 | Par Gilles van Kote

 


 
Dans les pays riches, c'est le gaspillage alimentaire, au stade de la préparation, de la distribution ou de la consommation, qui domine.

Les pertes agricoles et alimentaires coûtent chaque année à la planète l'équivalent de trois fois le lac Léman en eau gaspillée et occupent inutilement un tiers de sa surface agricole. La production de ces denrées non consommées provoque autant d'émissions de gaz à effet de serre que les Etats-Unis ou la Chine en six mois.

Pour rien. Dans un rapport publié mercredi 11 septembre (format PDF), l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) étudie les impacts environnementaux, jusqu'à présent peu connus, de cet immense gâchis. Environ 1,6 milliard de tonnes de produits alimentaires sont perdus chaque année dans le monde, soit un tiers de ce qui est produit.

"L'empreinte carbone de la nourriture produite mais jamais cons ommée est estimée à 3,3 milliards de tonnes de CO2", affirme le rapport, un chiffre qui représente à peu près la moitié des émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis ou de la Chine. La production de ces denrées gaspille annuellement 250 km3 de ressources en eau et occupe 1,4 milliard d'hectares.

 

750 MILLIARDS DE DOLLARS EN COÛTS DIRECTS

Ce gâchis est évalué à 750 milliards de dollars (565 milliards d'euros) en coûts directs par la FAO, qui rappelle que la réduction des pertes agricoles et alimentaires pourrait largement contribuer à atteindre l'objectif d'augmentation de 60 % des denrées disponibles pour répondre aux besoins de la population mondiale en 2050. Selon la FAO, 54 % des pertes sont enregistrées dans les phases de production, de récoltes et de stockage. Le reste relève du gaspillage alimentaire au sens propre, au stade de la préparation, de la distribution ou de la consommation. Dans les pays riches, c'est ce dernier type de pertes qui domine.

Les experts ont cherché à déterminer quels étaient les régions du monde et les produits agricoles responsables des plus importants impacts environnementaux liés aux pertes alimentaires. "Les pertes de céréales en Asie apparaissent comme un point chaud environnemental significatif", tant pour leur bilan carbone que pour leur consommation en eau et leur utilisation de terres arables, conclut le rapport. Cela est dû notamment aux importants volumes de production en Asie du Sud et de l'Est, ainsi qu'au poids de la riziculture, qui émet de fortes quantités de méthane. Les pays riches et l'Amérique latine sont à l'origine de 80 % des pertes en viande, qui "ont un impact élevé en termes d'occupation des sols et d'empreinte carbone", poursuivent les auteurs. Les pertes de fruits en Asie, en Amérique latine et en Europe comptent parmi les principaux responsables du gaspillage de l'eau.

Pour remédier à cette situation, la FAO préconise l'amélioration des pratiques agricoles ainsi que des infrastructures de stockage et de transport dans les pays en développement. Elle estime que les pays riches ont "une responsabilité majeure en matière de gaspillage alimentaire en raison de leurs modes de production et de consommation non durables".

Gilles van Kote
Journaliste au Monde

 

 


Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22