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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 17:05

 

rue89.com

« Cluedo » du futur 25/09/2013 à 18h23
Qui a volé 7 millisecondes à la FED, la banque centrale américaine ?
Pascal Riché | Cofondateur Rue89

 

 

 


Un trader à la Bourse de New York, le 18 septembre 2013 (Richard Drew/AP/SIPA)

Il y a une semaine, mercredi 18 septembre, depuis ses bureaux fédéraux de Washington DC, à 14 heures précises, la Réserve fédérale américaine (FED) a annoncé que pour ne pas freiner la croissance américaine, elle ne réduirait pas ses programmes d’achat d’obligations (acheter des obligations, c’est donner en échange à l’économie des liquidités).

La nouvelle a surpris. Sept millisecondes après, elle atteignait les salles de trading des marchés des matières premières de Chicago, entraînant l’excitation du marché : hausse brutale des actions, des obligations, de l’or...

Normalement, personne à Chicago ne peut voir cette information pendant ces sept millisecondes. C’est juste le temps que prend le communiqué de la FED numérisé pour voyager, par fibre optique, à une vitesse proche de celle de la lumière, de Washington à Chicago, à 950 km de là...

Une info qui vaut des millions de dollars

Mais ce mercredi-là, il s’est passé une chose étrange : des mouvements importants sur le marché à terme de l’or ont commencé à être constatés 2 millièmes de secondes après 14 heures. Des traders, manifestement, avaient l’information avant les autres. Et sur ce genre de marchés, cela vaut des millions de dollars.

C’est CNBC qui a révélé l’affaire, sans donner l’explication à ce mystère. Selon la chaine, qui cite le cabinet d’études Nanex, ce sont 600 millions d’actifs qui pourraient avoir été échangés pendant ces quelques millisecondes.

Deux solutions à cette énigme :

  • soit un trader a eu un nez incroyable, un magnifique coup de bol ;
  • soit des gens ont organisé un délit d’initié « millimétré ».

« Quelqu’un a volé 7 millisecondes à la FED », titre Mother Jones. Une enquête est en cours. Sur la liste des suspects possibles, il y a les cadres de la FED impliqués dans le processus de décision. Il y a aussi les journalistes accrédités à la FED : selon la procédure habituelle, on leur a fourni le communiqué quelques minutes à l’avance. Ils ont dû le lire dans une pièce sécurisée fermée à clé et ont eu interdiction de le communiquer à l’extérieur avant 14 heures précises.

« Cluedo » du XXIe siècle

Techniquement, un tel délit d’initié serait une prouesse impressionnante. Sur Reddit, la grande plateforme de débat, la discussion fait rage. Seule hypothèse exclue : le communiqué de la FED n’a pas battu la vitesse de la lumière.

Au-delà du côté « Cluedo » du XXIe siècle, cette affaire vient rappeler combien le système financier actuel marche sur la tête. Un être humain n’a pas pu exploiter seul ces sept millisecondes : seul un robot, programmé à l’avance, a pu le faire.

Quel est l’apport à la société du « trading à haute fréquence » qui prend une importance considérable dans les investissements des banques (sans parler du gâchis que représentent tous les cerveaux enrôlés pour concevoir ces systèmes et les faire fonctionner) ? C’est l’autre mystère sur lequel il faudrait se pencher. A quand une (vraie) taxe Tobin globale sur les transactions financières pour jeter une fois pour toute du sable dans ces rouages fous ?

 

 

 

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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 16:51

 

 

rue89.com

 

Droit du travail 28/02/2013 à 10h37
L’autre Qatargate : on se tue à la tâche en préparant le Mondial
Aurélien Delfosse | Journaliste

 

Au Qatar, plusieurs centaines d’ouvriers meurent chaque année dans le secteur du bâtiment. Le Mondial de foot 2022 se prépare en dehors de toute légalité.

 


La reine Beatrix des Pays-Bas à la rencontre d’ouvriers de Shell à Doha, 10 mars 2011 (Robin Utrecht/Royal Images/ANP/AFP)

 

L’enquête du Guardian

Dans une enquête publiée le 25 septembre, le Guardian révèle que 44 ouvriers népalais au moins sont morts entre le 4 juin et le 8 août, selon l’ambassade népalaise à Doha. Le Guardian apporte des preuves de travail forcé, de salaires et passeports retenus pour empêcher les ouvriers de s’enfuir, de restrictions d’eau malgré la chaleur. Les images montrent des conditions de vie indignes dans les résidences de travailleurs. La chaîne de l’exploitation court des villages népalais jusqu’aux dirigeants qataris, accuse le journal britannique.

La Fifa, elle, se tait, déjà préoccupée par la date d’organisation de la Coupe du monde – en été dans des stades climatisés ou en hiver au milieu de la saison européenne de football.

Rue89, 26 septembre 2013

Toutes les heures au Qatar, 20 nouveaux ouvriers arrivent pour construire un immense projet baptisé « Qatar 2030 » et dont l’élément phare est la Coupe du monde 2022, acquise dans des conditions troubles.

Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), ils seront un million d’ouvriers – immigrés – engagés au Qatar d’ici 2022. Pour construire un aéroport, des infrastructures hôtelières et neuf grands stades ultramodernes et... démontables, le Qatar n’en ayant plus besoin après la Coupe du monde.

Avant que ces ouvriers n’arrivent dans le pays le plus riche du monde (par habitant), on leur parle d’un salaire mensuel de 1 200 à 1 300 riyals, soit 250 à 270 euros. Dans les faits, ce sera plutôt la moitié, selon la Confédération syndicale internationale (CSI).

 

 

La vidéo de présentation du mondial qatari

Au moins 300 morts par an chez les ouvriers du bâtiment

Mettre fin à « l’esclavagisme moderne » au Qatar est devenu la priorité de la CSI, confirme à Rue89 l’Australienne Sharan Burrow, secrétaire générale :

« Ces travailleurs n’ont pas de voix. Ils ne sont pas autorisés à se syndiquer, ils n’ont pas de liberté au Qatar. Nous devons mettre la pression sur le gouvernement qatari pour qu’il y ait une amélioration. »

« Plus de travailleurs vont mourir pendant la construction (des stades) que de footballeurs ne fouleront les terrains », a-t-elle affirmé au journal grec Avgi.

Les chutes d’échafaudages sont la deuxième cause de blessures graves au Qatar après les accidents de la route. Il est extrêmement compliqué de définir précisément le nombre de travailleurs blessés sur les sites en construction.

Au moins 300 ouvriers du bâtiment meurent chaque année sur leur lieu de travail, chiffre communément admis. Leur dépouille est souvent renvoyée dans leur pays d’origine dans un cercueil en bois. Ou disparaît purement et simplement.

L’analyste d’une ONG, qui souhaite rester anonyme car enquêtant actuellement au Qatar, explique à Rue89 :

« Souvent, les travailleurs se sont lourdement endettés pour arriver au Qatar. Ils voient fréquemment leurs passeports confisqués et peuvent être contraints de signer un nouveau contrat en arabe qu’il ne comprennent pas et qui revoit leur salaire à la baisse.

S’ils décident de fuir, s’ils se blessent et ne peuvent plus travailler, ils n’ont plus de moyens de subsistance. Ayant rompu leur contrat de parrainage, ils sont également susceptibles d’être jetés en prison à tout moment. »

Plus de 90% des habitants sont étrangers


Recensement de la population qatarie en 2010 (Autorite qatarie des statistiques)

Au Qatar, un seul syndicat est autorisé et les étrangers en sont exclus. Problème : le Qatar comptait environ 1 450 000 habitants en 2010 dont 90% de citoyens étrangers. Un record mondial.



Recensement des non-Qataris en 2010 (Autorite qatarie des statistiques)

 

Pour Nabil Ennasri, auteur de « L’énigme du Qatar », ces travailleurs immigrés sont victimes d’une ségrégation.

« Certains jours, les week-ends notamment sont interdits aux immigrés dans les grands centres commerciaux, et ils vivent dans des “labour camps” en périphérie des grandes villes. »

Le Qatar ne s’est pas adapté à l’explosion du nombre de travailleurs

L’image que renvoient ces camps d’immigrés est un problème pour la monarchie, qui veut apparaître comme un modèle de développement dans la région.

Répondant à l’indignation de la communauté internationale, le gouvernement qatari a récemment fait construire le camp de Barwa El Baraha. Un prototype de ville nouvelle pour quelque 50 000 travailleurs immigrés.

« Mais la question législative et juridique et les conditions d’accueil et de transit des ouvriers ne bougent pas encore, alors que c’est précisément ce que demande la CSI », souligne Nabil Ennasri.

 

 

Reportage de CNN au Qatar

Pour notre analyste, le Qatar ne s’est pas adapté à l’explosion du besoin de travailleurs, ces quinze dernières années :

« L’Etat est suffisamment centralisé pour assurer ses obligations mais il est trop permissif et trop peu équipé. Il n’y a que 150 inspecteurs du travail pour une population de près de deux millions d’habitants et d’environ 600 000 ouvriers du bâtiment.

Ça devient donc une véritable loterie. Soit le patron respecte ses ouvriers, soit il les exploite. »

Le système du kafala

Dans un rapport publié en juin dernier, Human Rights Watch parle de travailleurs en conditions très précaires. Pour certains cas, « on peut clairement parler d’exploitation », dit Nicholas McGeeghan, fondateur de Mafiwasta, une association de défense des ouvriers dans le Golfe persique :

« Si tous les ouvriers présents au Qatar ne sont pas des travailleurs forcés, il est évident que le système en place permet voire facilite leur exploitation. »

Ce système qu’adorent les entreprises de BTP, c’est le « kafala ». Méconnu en Occident, il est pourtant l’une des clés de développement des monarchies du Golfe, explique le chercheur Gilles Beaugé :

« Pour s’installer ou travailler, tout étranger dans le Golfe, qu’il soit entrepreneur ou simple ouvrier, a besoin d’un “kafil” (sponsor) qui est à la fois le garant juridique de sa présence juridique dans le pays et un intermédiaire avec la société locale. »

Ce système permettait à la base de déléguer à la société civile le contrôle et la régulation de l’immigration. Mais le développement à grande vitesse du Qatar et ses voisins ne permet plus cette régulation. Les travailleurs immigrés se retrouvent à la merci de leur employeur, qui joue le rôle du garant, du parrain, et leur permet d’entrer sur le territoire.

Les organisations internationales alertent régulièrement le Qatar sur les dérives du « kafala » et appellent à son abrogation. Sa réforme, en 2009, n’est pas allée aussi loin qu’ils l’espéraient.

 


Des ouvriers sur un échaffaudage à Doha (Qatar), 1er octobre 2007 (Karim Jaafar/AFP)

« Le Qatar viole des traités internationaux qu’il a ratifiés »

Pour tous les spécialistes de la région interrogés, le Qatar viole le droit international. Nicholas McGeeghan :

« Le Qatar a signé le protocole international contre le trafic d’êtres humains de l’ONU. Il a aussi signé la Convention contre le travail forcé. En ne s’assurant pas de leur respect, le gouvernement qatari viole les traités internationaux qu’il a ratifiés. »

La CSI a discuté à de nombreuses reprises avec les dirigeants qataris. Sharan Burrow a rencontré deux fois le ministre du Travail, à Genève en juillet dernier plus lors du sommet climatique des Nations unies en novembre à Doha.
Tim Noonan, son porte-parole :

« Le Qatar s’est engagé plusieurs fois à faire évoluer sa loi du travail auprès de Sharan Burrow. Mais il n’ont jamais évoqué clairement la liberté d’association. »

D’autres organisations internationales ayant rencontré les responsables qataris se sont elles aussi vu promettre des avancées sur ce dossiers. Mais ces promesses sont restées lettre morte.

Il en va de même de la Fédération internationale de football.

Le 2 décembre 2010, la Fifa attribuait l’organisation de la Coupe du monde de football au Qatar. Une date historique : c’est la première fois qu’un pays arabe sera l’hôte d’une compétition internationale de cette envergure.

Mais si cette Coupe du monde au Qatar a une infime chance d’être annulée, ce sera du fait de l’enquête de l’Américain Michael Garcia sur les conditions de son attribution, pas parce que le droit international du travail est piétiné tous les jours sur les chantiers des stades.

 

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 16:07

 

 

rue89.com

 

 

Avis de recherche 26/09/2013 à 11h24
Mais où sont passés les chômeurs non-réinscrits ?
Rémi Noyon | Rue89

 

Le refrain est connu depuis mercredi soir. La courbe du chômage s’inverse, mais c’est un recul en trompe-l’œil.

Après avoir annoncé la baisse, au mois d’août, de 50 000 chômeurs de catégorie A, le communiqué [PDF] publié mercredi par la Dares, le service des statistiques du ministre du Travail, prévient pudiquement :

« Les statistiques publiées ce mois-ci peuvent être affectées par une hausse d’une ampleur inhabituelle des sorties enregistrées pour cessations d’inscription pour défaut d’actualisation en août 2013. »

Et Eric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes, de s’insurger sur Twitter.

77 500 personnes de trop

Tous les mois, les chômeurs sont tenus d’actualiser leur dossier. Par Internet, par téléphone ou sur les bornes disponibles dans certaines agences. Le but ? S’assurer que la personne en question cherche toujours un emploi.

Bien sûr, il y a toujours des oublis, des gens qui se démotivent ou, à l’inverse, qui trouvent un travail et oublient d’en informer Pôle emploi. Si bien qu’autour de 200 000 personnes sont radiées chaque mois des listes de Pôle emploi faute d’actualisation de leur situation. Un chiffre qui s’ajoute aux radiations administratives et aux arrêts de recherche (maladie, grossesse...).

Problème : au mois d’août, ce sont 277 500 chômeurs qui sont sortis des chiffres de cette façon. Soit 38,8% de plus qu’en juillet.

« Aucun incident identifié »

Pourquoi cette hausse soudaine ? La Dares n’a pas d’explications :

« A ce jour, aucun incident d’enregistrement dans le système d’information de Pôle emploi ou changement dans les modalités ou règles de la procédure d’actualisation de la situation du demandeur d’emploi n’a pu être identifié pour expliquer cette hausse. »

Ce jeudi matin, les supputations vont bon train. Cause la plus souvent citée : les vacances. Exemple avec La Dépêche du midi :

« L’été, période de vacances, est propice aux oublis ou retards dans l’actualisation de situation de la part des chômeurs. »

Sauf qu’en juillet, les sorties comptabilisées se trouvaient dans la moyenne. En allant fouiller dans le dossier complet publié par la Dares, on trouve un joli graphique sur lequel l’explosion est évidente, même par rapport aux étés précédents.


Courbe des sorties pour défaut d’actualisation (Dares)

 

Quelle explication ? Un bug informatique ? Ce n’est pas à exclure. Une riveraine, « Mme Irma », nous raconte ce jeudi matin :

« Je me suis actualisée début septembre à Pôle emploi et mi-septembre, j’ai reçu un SMS me disant que je ne m’étais pas actualisée. Donc je me suis actualisée une seconde fois. Je suis sûre que d’autres personnes ont reçu le même message et n’y ont pas fait attention. »

Si vous aussi vous avez reçu un tel SMS, merci de nous le signaler.

 

 

 

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25 septembre 2013 3 25 /09 /septembre /2013 13:37

 

mediapart.fr

 

La BCE prête à redonner leur dose aux banques

|  Par Martine Orange

 

 

Le président de la banque centrale européenne s’est dit prêt à accorder de nouvelles facilités de crédit aux banques. Le but : soutenir le système financier européen qui n’est pas rétabli, alors que les banques centrales cherchent à sortir de l’impasse d’une expansion monétaire sans contrôle, sans provoquer de choc.

 

À en croire les dirigeants européens, la situation économique en Europe n’a jamais été aussi dégagée depuis quatre ans. Le bout du tunnel serait à portée de main. Pourquoi alors le président de la banque centrale européenne (BCE) se sent-il dans l’obligation d’envoyer des messages de plus en plus explicites aux banquiers, pour les assurer que la banque centrale sera toujours derrière eux ?

Auditionné lundi 23 septembre par le parlement européen, Mario Draghi a indiqué que la BCE était prête à étendre les facilités monétaires aux banques. « Nous sommes prêts à utiliser tous les instruments y compris un autre LTRO (long term refinancing operation, opération de refinancement à long terme) si nécessaire pour maintenir les marchés monétaires à court terme à un niveau qui est garanti par notre estimation de l’inflation à court terme », a-t-il expliqué. Enfonçant le clou, un des membres de la BCE, Ewald Nowotny, président de la banque autrichienne, a répété mardi qu’il était beaucoup trop tôt pour envisager d’arrêter les mesures non conventionnelles de soutien de la BCE. Il a laissé entendre qu’un autre LTRO était tout à fait possible.

À peine arrivé à la présidence de la BCE, Mario Draghi avait lancé un programme de crédit aux banques, connu sous le nom de LTRO. Entre fin 2011 et début 2012, la banque centrale avait ainsi distribué 1 000 milliards d’euros de crédit à taux zéro remboursables sur trois ans. Ces facilités étaient destinées à éviter l’effondrement du système bancaire européen en pleine crise de l’euro, alors que des banques en difficulté n’arrivaient plus à avoir accès au crédit interbancaire.

Cette facilité, que la BCE avait surnommée la grosse Bertha (par référence au canon allemand pendant la Première Guerre mondiale), avait apporté une bouffée d’oxygène aux banques et permis un relatif apaisement sur le marché obligataire européen. Depuis, quelque 330 milliards d’euros ont été remboursés par les banques européennes. Mario Draghi veut y voir un signe encourageant, jugeant que les banques sont moins dépendantes qu’auparavant des financements de la banque centrale.

 

 
© Reuters

Si le système bancaire se rétablit, et que le remboursement final des banques ne doit avoir lieu qu’en 2015, pourquoi alors annoncer que la banque centrale est prête à les inonder de nouvelles liquidités ? C’est parce qu’en fait, rien n’est vraiment réparé (voir Crise : les banques reviennent sur le devant de la scène). L’Europe, pourtant n’a pas ménagé sa peine : en plus de la BCE, les banques ont bénéficié de 1 600 milliards d’euros d’aides publiques entre 2008 et 2011, soit 13 % du PIB européen. On n’ose même pas imaginer ce que le tiers de ces liquidités accordées aux États européens auraient pu avoir comme effet.

Malgré tous ces subsides, et les dénégations, le système financier européen est plus dépendant que jamais de l’argent des banques centrales. Il en est devenu totalement intoxiqué. Ainsi, c’est au nom de la fin prévisible du LTRO que les banques françaises ont obtenu de faire main basse sur 50 milliards d’euros tirés de la collecte du Livret A.

Dans toutes ses interventions, Mario Draghi ne cesse de souligner les problèmes de transmission monétaire. En clair, les banques ont capté pour elles l’essentiel de l’argent mis à leur disposition par la banque centrale, afin de redresser leurs comptes et nettoyer leur bilan. Mais rien n’a profité à l’économie réelle. C’est le choix volontairement fait d’une politique assumée qui a préféré financer les banques plutôt que les États.

Les conséquences de cette captation de richesses par la sphère financière sont visibles. Des bulles sont en train de se reformer sur certaines catégories d’actifs comme les marchés boursiers, l’immobilier, le pétrole, certaines matières premières agricoles. Mais les niveaux de crédits distribués à l’économie réelle sont toujours aussi bas. Pire : si la fragmentation de la zone euro a été stoppée, la situation ne s’est pas corrigée. Les entreprises italiennes ou espagnoles ont des frais financiers trois à quatre fois plus élevés que les entreprises allemandes ou néerlandaises.

Cet accaparement des financements n’a même pas servi à rétablir les banques. La BCE et les dirigeants européens avaient fait le pari qu’en leur donnant du temps et les facilités financières nécessaires, ces dernières pourraient se refaire. Erreur ! Faute de les avoir obligées à nettoyer leur bilan, à admettre leurs pertes et à les prendre en compte, les banques portent encore dans leur bilan des milliards de créances douteuses. Selon Les Echos, plus de 1 000 milliards d’euros d’actifs douteux ou liquides sont encore stockés dans le système bancaire européen. Ce n’est qu’une estimation.

Les profits dégagés par la spéculation artificielle sur les marchés ne suffisent pas à effacer les turpitudes passées. D’autant que l’austérité généralisée en Europe et la récession aggravent encore la situation. Les crédits accordés à des entreprises auparavant solides, à des ménages jadis fiables, deviennent du jour au lendemain des créances douteuses, en raison de la chute de l’économie et du chômage.

Mais tout cela reste masqué. Lundi, Mario Draghi déplorait lui-même le secret entretenu par les banques sur leur état de santé réel. « Nous devons dissiper le brouillard qui entoure les bilans bancaires dans la zone euro », a-t-il reconnu. Selon le FMI, le système bancaire européen aurait besoin d’être recapitalisé au moins à hauteur de 200 milliards d’euros. L’avertissement date d’il y a deux ans. Il est toujours valable.

La nervosité de la BCE est d’autant plus grande que le lien entre les États et les banques européennes est loin d’avoir été rompu, contrairement à tous les engagements, et ce alors que le système financier international aborde une passe explosive : la Réserve fédérale a laissé entrevoir fin mai qu’elle pourrait graduellement mettre un terme à son troisième programme de quantitative easing. La seule perspective de devoir se priver, même partiellement, des 85 milliards de dollars généreusement distribués chaque mois a mis le monde financier international au bord de l’hystérie. Car lui aussi est devenu totalement « accro »  à l’argent de la FED, qu’il capte, comme en Europe, pour son seul profit.

La plus grande redistribution vers les riches

 
© Reuters

Après cette annonce, des déplacements massifs de capitaux ont eu lieu en quelques jours. Les pays émergents comme l’Inde, le Brésil, la Thaïlande ont subi des départs massifs de capitaux qui sont retournés aux États-Unis, ce qui a déstabilisé totalement leur monnaie et leur économie. Les marchés boursiers occidentaux ont baissé. Les taux obligataires aux États-Unis mais surtout en Europe se sont envolés. Ils n’ont pas rebaissé depuis. Le taux du Bund allemand est de 2 %, contre 1,17 % début mai, ce qui reste un taux historiquement bas. Mais celui du Portugal qui était à 5,2 % est remonté à plus de 7 % et n’a pas diminué depuis, ce qui exclut tout retour sur les marchés pour se financer.

Ces premières réactions ont suffi à mettre en transe les banques centrales : le monde financier leur avait donné un avertissement. Depuis, les banques centrales temporisent. Revenant sur tous les usages, la banque d’Angleterre et la BCE ont dévoilé leurs intentions. Pour les mois à venir, dans l’espoir de rassurer les financiers, elles ont promis de conserver une politique monétaire très accommodante avec des taux d’intérêt très bas. La FED, elle, semble tétanisée après les premières réactions de mai. Alors que tous les traders spéculaient sur une baisse de l’ordre de 10 à 15 milliards de dollars sur ses rachats obligataires, elle a décidé, jeudi dernier, de ne pas bouger et de continuer à déverser ses 85 milliards de dollars mensuels sur les marchés, afin de ne pas bousculer le monde financier dans ses jeux spéculatifs. Loin de rassurer, cet immobilisme a pris tout le monde par surprise : la situation était vraiment plus grave qu’ils ne le pensaient, ont confié par la suite nombre d’analystes bancaires.

Seuls les cyniques, dévoilant tout l’arrière des cartes, se sont réjouis. « C’est une formidable nouvelle pour les riches », s’est félicité Stanley Druckenmiller, gérant de hedge funds millionnaire, au lendemain de l’immobilisme de la FED. « C’est la plus grande redistribution de richesse des classes moyennes et des pauvres en direction des plus riches. Qui possède les actifs ? Les riches, les milliardaires. Vous pensez que Warren Buffet hait cette décision ? (….) Pour moi, j’ai eu une excellente journée. Peut-être que cette politique monétaire qui donne de l’argent aux milliardaires et nous allons le dépenser, va marcher. Mais depuis cinq ans, cela n’a pas marché. »

On ne saurait mieux résumer la politique monétaire actuelle des banquiers centraux. Depuis Greenspan, les banques centrales ont abreuvé de liquidités le système financier. Ignorant le grand transfert des richesses, elles ont gardé les yeux rivés sur l’inflation nominale des salaires, soumis à une intense pression à la baisse, en faisant abstraction des bulles d’actifs créées par ailleurs. Cela a abouti à une succession d’éclatement de bulles (immobilières, internet, matières premières) jusqu’à la crise de 2008. Alors que le système était déjà gorgé de liquidités mal employées, elles ont continué à en déverser des tombereaux, captées uniquement par le monde financier et les riches au détriment de l’économie réelle. En d’autres termes, c’est la politique de la République de Weimar réservée aux seules banques. L’histoire apprend que l’expérience ne dure pas longtemps et finit mal.

Depuis cette réunion du 17 septembre, les membres de la Fed envoient des messages contradictoires. Les uns paraissent partisans de reprendre en main le système tandis que les autres prônent le déversement de nouvelles liquidités en dépit des dangers de plus en plus flagrants de déstabilisation de tout le système mondial. (Voir l’article de Philippe Riès : le non-choix d’Obama.)

« La Fed a compris, à la différence des marchés, que l’actuelle "reprise" ne pourrait pas survivre sans la poursuite du soutien massif des stimulants monétaires. Les économistes mainstream se sont trompés sur les manifestations de l’expansion monétaire de la Fed, notamment sur la hausse des actions et des prix de l’immobilier, les analysant comme des signes d’une croissance réelle et soutenable. Mais les bulles actuelles sur les prix des actifs n’ont pas à voir avec l’économie réelle. Au contraire, elles sont les prémisses d’une crise douloureuse qui sera vraisemblablement pire que celle que nous avons connue il y a cinq ans », avertit Peter Schiff, responsable d’un fonds stratégique.

[[lire_aussi]]Les banquiers centraux en sont là. La politique monétaire qu’ils ont menée pour plaire aux financiers est dans une impasse. Et personne ne voit de sortie aisée. « Le problème des addictions est que cela devient compulsif. (...) Face au choix de diminuer l’addiction ou de fournir encore la drogue du quantitative easing, la Fed a opté pour la dernière solution », résume un commentateur américain.

À ce stade, les banquiers centraux ne savent pas comment sortir de cette impasse. À chaque mouvement, ils redoutent l’explosion. Alors, tous se mettent en ordre pour tenter d’amorcer une sortie, sans bousculer le système financier. En annonçant que la BCE est prête à tout instant à mettre toutes les liquidités nécessaires à disposition des banques, Mario Draghi essaie de prévenir le choc à venir. Il n’est pas sûr que cela soit suffisant.

 

 

 

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25 septembre 2013 3 25 /09 /septembre /2013 12:52

 

blogs.rue89.com

Le Yéti - voyageur à domicile

Publié le 24/09/2013 à 17h28

 

 

Marrant, c’est la gauche qui a remporté les élections allemandes. Faites les comptes et vous verrez que les socialistes du SPD, les « gauchistes » de Die Linke et les Verts allemands disposent ensemble d’une majorité de députés au BundestagPublié le 24/09/2013 à 17h28Publié le 24/09/2013 à 17h28.

Mais, eh non, c’est Angela Merkel qui va gouverner.

Avec l’aide du SPD qui ne veut pas entendre parler d’entente avec la gauche de sa gauche.

On appelle ça une coalition. Comme en Grèce où la droite conservatrice gouverne avec ce qui reste du Pasok socialiste. C’est à la mode, les coalitions.

Vous allez voir que ça va nous arriver en France : une coalition UMP-PS, avec quelques satellites Verts en mal de carrière, au nom (diront-ils) du front anti-crise, du front anti Front (national) et de la lutte contre l’invasion islamico-Roms.

Le journal Deutsche Wirtschafts Nachrichten (Nouvelles économiques allemandes), vicieux comme pas un, y voit d’autres motifs et insinue que cette nouvelle coalition germaine fait drôlement les affaires des banquiers de Goldman Sachs. D’ailleurs, ceux-là ne se privent pas de le dire.

Une coalition qui vient fort à propos

En témoignent les déclarations étonnamment complémentaires de Mario Monti (consultant Goldman de 2005 à 2011 avant d’être imposé dans la foulée comme premier ministre en Italie), de Dirk Schumacher (actuel stratège en chef de la banque d’investissement tentaculaire) et d’un fonctionnaire de la Commission européenne.

« Si une grande coalition vient à propos, je m’attends à ce que des progrès soient réalisés en matière d’intégration européenne... » (Mario Monti).

« ... en particulier si l’on tient compte du fait que le SPD et les Verts ont toujours voté avec le gouvernement au Bundestag sur les différentes mesures de soutien financier » (Dirk Schumacher).

« Avec cette nouvelle coalition, la coopération européenne sera plus facile qu’avec le FDP [mouvement des libéraux, membre de l’ancienne coalition, grand perdant des dernières élections, et qui avait rechigné maintes fois à voter les fameuses mesures de “soutien financier” aux banques, ndlr] » (le fonctionnaire de la Commission).

La grande ambition du groupe Spinelli

Sournois, le DW Nachrichten fait observer que la nouvelle coalition allemande complètera à merveille le lobby du groupe Spinelli au Parlement européen. 100 députés du Parlement de Strasbourg sont en effet aujourd’hui membre de ce groupe influent qui milite, encore un hasard, « pour repousser l’influence des Etats-nations et un super-Etat européen ».

Au fait, pour info, le groupe Spinelli fut créé en 2010 et compte parmi ses co-fondateurs, Mario Monti (à l’époque encore consultant Goldman), Joschka Fischer (Verts) et Daniel Cohn-Bendit (ex-révolutionnaire repenti).

Ajoutez à cela qu’Alexander Didelius, chef de Goldman Sachs en Allemagne, est un proche d’Angela Merkel. Que l’ambassadeur américain actuellement en poste dans le pays est aussi un ancien de Goldman. Sans parler de Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne et ex-vice-président de Goldman de 2002 à 2005).

La finance en pôle-emploi des politiques

Et vous aurez compris que si l’union économique européenne ou, encore pire, sociale, tarde à se parfaire, l’union sacrée financière, elle, fonce à plein galop.

L’union politique ? Réalisée de fait et depuis belle lurette, sachant que si, comme on vient de le voir, le monde de la finance est grand pourvoyeur de nos responsables, il en est aussi le grand et bénéfique recycleur. Exemple : Gerhard Schröder, ex-chancelier SPD, recyclé depuis 2005 dans le monde des affaires et notamment, un temps, comme conseiller de... Goldman Sachs.

Vous me direz, pas grave, puisque comme vous nous le répétez souvent, cette petite clique financière va forcément mordre la poussière. Oui, mais comme le souligne le DW Nachrichten, il y aura toujours une bonne âme pour essayer de ramasser les miettes au moment du big crash. Scout Goldman Sachs, toujours prêt !

 

 

 

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24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 16:56

 

 

Jeux de pouvoirs
 
Jeux de pouvoirs

mardi 24 septembre à 20h50 (90 min)

EXTRAIT 1 min ici

 

Jeux de pouvoirs
mardi 24 septembre à 20h50 (90 min)
  Rediffusé lundi 07.10 à 8h55

Éprouvées par la crise de 2008, la France et l'Union européenne tentent de reprendre la main face aux marchés. Cette enquête à suspense nous introduit dans les coulisses du pouvoir, révélant un éreintant bras de fer entre mondes bancaire et politique.


Ce programme est disponible en vidéo à la demande ou DVD Acheter  

 

Débouchant sur une crise économique dévastatrice, la déroute financière de 2008 a montré la fragilité du pouvoir politique face à une spéculation sans contrôle. Elle a aussi révélé pour la première fois qu'un État pouvait ne pas rembourser sa dette, exacerbant l'agressivité des marchés. Ceux-ci réclament aujourd'hui toujours plus de garanties aux gouvernements européens lorsqu'ils empruntent de l'argent, mettant en péril l'économie des pays du Sud. Jusqu'en 2012, l'Europe, suivant l'axe du tandem "Merkozy", a fait le gros dos et s'est rangée du côté de l'austérité. Mais l'élection de François Hollande a fait naître un nouvel équilibre au sein de l'Union.

Le 28 juin 2012, lors du Conseil européen, les chefs d'État français, espagnol et italien font plier la chancelière allemande : ce sera dorénavant l'Europe qui renflouera les banques et non les États. Mais celle-ci pose une condition : la création d'une union bancaire européenne qui assujettira ces établissements en cas de problème. De son côté, François Hollande annonce un projet de loi visant à réguler les activités des banques françaises. Aussitôt, les lobbyistes multiplient déjeuners et interviews, pour tenter d'influer sur sa rédaction. Une fois qu'il est présenté, des députés, emmenés par la dynamique Karine Berger, rapporteuse du projet, luttent pied à pied pour défendre leurs amendements.

Marathons législatifs

Cette formidable enquête nous entraîne au cœur de batailles, feutrées mais sans merci, entre mondes politique et bancaire. "C'est eux ou nous", résume le Belge Philippe Lamberts, député vert européen, qui, au bout de deux ans de marathon législatif, a réussi à faire adopter une loi rendant plus transparentes les activités des banques dans les paradis fiscaux. Ce documentaire nous fait vivre chaque petite victoire et coup fourré avec suspense, grâce à un montage nerveux et aux interviews des acteurs clés du dossier : outre les deux hérauts susmentionnés, le commissaire européen Michel Barnier, le président François Hollande, le président du Parlement européen Martin Schulz, ainsi que des journalistes, des experts et des responsables bancaires. Il nous introduit dans les coulisses tortueuses de l'Assemblée nationale, de Bercy et de Bruxelles, et dévoilent les tractations internes, qui, grâce à la détermination de quelques-uns, aboutissent parfois à reprendre la main face à un monde financier, à qui l'on avait tout permis.

 

 

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24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 15:36

 

 

iberation.fr

 

L'UFC-Que Choisir s'alarme des surcoûts liés au compteur Linky
AFP 24 septembre 2013 à 13:17 (Mis à jour : 24 septembre 2013 à 13:50)

 

 

Le nouveau compteur électronique baptisé Linky, appelé à remplacer les 35 millions de compteurs électriques équipant les foyers français.Le nouveau compteur électronique baptisé Linky, appelé à remplacer les 35 millions de compteurs électriques équipant les foyers français. (AFP)

 

L'association de consommateurs accuse le «compteur intelligent» de risquer de «faire disjoncter le portefeuille» de 15 millions de foyers. ERDF s'insurge et conteste.

 

L’UFC-Que Choisir a prévenu mardi que 15 millions de foyers risquaient d’être pénalisés par le déploiement programmé d’ici à 2020 du compteur électrique «intelligent» Linky, en les obligeant à souscrire un abonnement généralement plus cher, et à payer de lourds frais à ERDF, qui conteste avec vigueur.

 

«L’arrivée du compteur Linky va faire disjoncter le portefeuille des consommateurs», a lancé le président de l’association de consommateurs Alain Bazot, en présentant à la presse les conclusions d’une étude menée pendant un an auprès d’un panel représentatif de 201 foyers.

Il en ressort que plus de la moitié (55%) des ménages français souffriraient d’un «mal-abonnement»: 5 millions payent un abonnement d’une puissance supérieure à leurs besoins, et à l’inverse, 10 millions ont souscrit une puissance inférieure à celle réellement utilisée. «C’est possible du fait de la tolérance des compteurs actuels, qui ne disjonctent pas systématiquement lorsque la puissance appelée dépasse celle de l’abonnement», explique Alain Bazot.

Or le compteur Linky devrait mettre fin à cette situation. D’un côté, grâce aux informations transmises par ce compteur innovant, les 5 millions de foyers sur-tarifés pourront enfin connaître la puissance maximale qu’ils utilisent et en prendre un abonnement moins cher, leur faisant économiser 35 millions d’euros par an.

Mais à l’inverse les 10 millions de ménages «sous-tarifés» seront poussés selon l’UFC à souscrire des abonnements plus puissants et donc plus cher, car Linky, beaucoup plus sensible à la puissance utilisée, disjoncte quasi-systématiquement lorsqu’elle dépasse le niveau souscrit. L’association chiffre le surcoût annuel pour ces ménages à 308 millions d’euros.

EDF conteste

Le distributeur d’électricité ERDF (filiale d’EDF), à l’origine de Linky, a contesté vigoureusement les calculs de l’UFC auprès de l’AFP, en soulignant que l’expérimentation à grande échelle, menée auprès de 300 000 foyers à Lyon et en Indre-et-Loire, avait montré des cas de changements de puissance très inférieurs.

«Au total, nous avons observé moins de 1% (0,88% exactement) de demandes de changement de puissance effectuées suite à la pose de Linky», a déclaré Marc Boillot, directeur de la stratégie et des grands projets d’ERDF. En outre il juge légitime que le changement de compteur soit l’occasion d’adapter l’abonnement à la puissance du disjoncteur, lorsque les deux ne correspondent pas, s’agissant selon lui d’une «anomalie contractuelle».

En outre, chaque changement de puissance est facturé 36 euros par le distributeur d’électricité, ERDF (filiale d’EDF), une «double peine» pour l’UFC qui estime que le gestionnaire de réseau, à l’origine de projet de compteur intelligent, va ainsi empocher 545 millions d’euros...

Selon l’association, il est injuste de facturer de tels frais aux consommateurs alors que la loi oblige les fournisseurs à leur conseiller un abonnement adapté. «Les ménages devraient faire l’objet d’un choix éclairé et conseillé. Mais le conseil tarifaire est aux abonnés absents», dénonce Alain Bazot.

L’UFC propose deux mesures : affiner les grilles d’abonnement en instaurant des niveaux de puissance intermédiaires (pour facturer chaque foyer au plus près), et rendre le changement de puissance gratuit durant les 2 ans qui suivront l’installation de Linky.

Sur ce point, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) avait elle-même recommandé, à la lumière de l’expérimentation menée par ERDF, que le distributeur effectue gratuitement les changements de puissance entraînés par la pose de Linky. De son côté, ERDF souligne qu’il respectera le barème de prestations décidé par la CRE et que cette question pourra être abordée dans le cadre de discussions auxquelles participe le régulateur.

En France, les consommateurs d’électricité doivent payer en plus de leur consommation de courant proprement dite un abonnement dont le montant dépend de la puissance souscrite (le plus souvent de 6, 9 ou 12 kilovoltampères kVa).

Cet été, le gouvernement avait confirmé que tous les logements seraient équipés du compteur Linky d’ici à 2020, soit 35 millions de boîtiers à poser, et annoncé le lancement d’un premier appel d’offres portant sur 3 millions de compteurs à installer d’ici 2016.

L’UFC-Que Choisir, qui juge que Linky a été conçu exclusivement dans l’intérêt d’ERDF, avait déjà tenté sans succès un recours auprès du Conseil d’Etat contre sa généralisation.

AFP

 

 

                                                                                  ****************************

 

 

quechoisir.org

 

Communiqué
Electricité

Les consommateurs abonnés aux mauvais coûts !

 


Alors que début juillet le Premier Ministre a acté le déploiement du compteur communicant « Linky », qui équipera à partir de 2016 les consommateurs français, l’UFC-Que Choisir rend publique ce jour une étude exclusive sur le désastreux impact de ce compteur sur les factures d’électricité. Sur cette base, l’association appelle les pouvoirs publics et la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) à prendre les dispositions qui s'imposent pour limiter la surtension tarifaire qui guette.

 

Faute de conseil adapté, 55% des consommateurs mal-abonnés

Si les fournisseurs ont une obligation de conseil envers les consommateurs pour que leur abonnement corresponde à leurs besoin réels, notre étude, basée sur des relevés effectués auprès d'un panel représentatif(1) démontre que 55% des ménages ne disposent pas d’une puissance d’abonnement cohérente avec leur consommation :

  • 18% des clients, soit 5 millions de foyers, sont ainsi « sur-abonnés » : ils paient un abonnement trop élevé par rapport à leurs besoins réels. Leur surfacturation représente 35 millions d'euros par an.
  • A l'inverse, 37% des clients, (plus de 10 millions de ménages) sont « sous-abonnés » et paient une puissance d’abonnement inférieure à la puissance réellement appelée. Cette situation est rendue possible grâce à une grande tolérance des anciens compteurs dans les dépassements de puissance.

Linky : le compteur qui va faire disjoncter le portefeuille des Français

Un surcoût de 308 millions d’euros par an pour les sous-abonnés

En raison de sa forte sensibilité aux dépassements, l'arrivée de Linky va obliger les foyers sous-abonnés, même si leur surconsommation est faible ou ponctuelle, à passer à une puissance d’abonnement supérieure. Au final, le seul changement d’abonnement entraînera pour ces consommateurs un surcoût annuel de 308 millions d’euros(2).

Un compteur dit « gratuit » aux 545 millions d’euros de frais cachés

Au-delà du surcoût de l’abonnement, qui ne touchera que les sous-facturés, c’est l’ensemble des ménages mal-facturés qui va devoir payer pour changer d’abonnement, une opération facturée 36,21€ TTC par ERDF. Si rien n'est fait, les sous-abonnés risquent ainsi de payer 366 millions d'euros... pour un abonnement plus cher ! Pire, même les sur-abonnés - ceux qui paient trop cher depuis des années - vont souffrir de l'arrivée de Linky : pour bénéficier de la baisse de leur abonnement, et économiser 35 millions d'euros par an, ils devront s’acquitter de la somme de 179 millions d’euros au titre du changement de puissance… et auront ainsi 5 ans à attendre avant de commencer à bénéficier des économies d'abonnement.

Cette double peine pour nombre de foyers est d’autant plus insupportable que le Linky a été récemment présenté au public comme «un compteur gratuit pour les consommateurs».

 

Refusant que les consommateurs soient financièrement sanctionnés en raison du conseil défaillant des fournisseurs dans le choix de l’abonnement, l’UFC-Que Choisir demande aux pouvoirs publics et à la CRE :

  • D'élaborer une nouvelle grille tarifaire, avec des niveaux de puissance d’abonnement plus précis, afin que les consommateurs puissent bénéficier d’un abonnement en parfaite adéquation avec leur consommation réelle ;
  • D’imposer la gratuité de la prestation de changement de puissance deux ans après l’installation du compteur Linky, afin d’assurer un « réétalonnage » sans surcoût des abonnements

 

(1) Etude basée sur les données techniques collectées sur les compteurs de 201 foyers, complétée par un questionnaire sur les habitudes de consommation électrique de ces ménages.
(2) Surcoût total (par an) que devront payer les consommateurs après l’installation de l’ensemble des compteurs Linky et la normalisation des abonnements. Ce calcul est basé sur les écarts tarifaires (2012/2013)

 

Consultez notre étude complète " Electricité : les consommateurs abonnés aux mauvais coûts "

 

 


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24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 14:47

 

 

mediapart.fr

Dans les turbulences du populisme antifiscal

|  Par Laurent Mauduit

 

 

Lancé le 20 août par Pierre Moscovici, le débat sur le « ras-le-bol fiscal » ne cesse de prendre de l'ampleur, à la veille de l'examen en conseil des ministres du projet de budget pour 2014. Débat trouble, qui agite des thématiques dont l'extrême droite avait, dans le passé, le monopole, celui de la détestation de l'impôt.

 

Le projet de loi de finances pour 2014 qui sera examiné, mercredi 25 septembre, par le conseil des ministres va donner le coup d’envoi d’un débat sur les impôts parmi les plus glauques qui aient jamais eu lieu sous un gouvernement de gauche. Parce que François Hollande a renié toutes ses promesses de campagne, et mène désormais une politique fiscale clairement ancrée à droite, sous les applaudissements du patronat. Mais aussi, et c’est beaucoup plus grave, parce que les dirigeants socialistes ont pris la très lourde responsabilité de lancer eux-mêmes un débat autour du « ras-le-bol fiscal » et d’alimenter une campagne populiste contre les impôts, campagne qui depuis plus d’un siècle n’était la spécialité que de la droite ultralibérale sinon même de l’extrême droite.

Pas de surprise ! Ce projet de loi de finances pour 2014 vient en effet confirmer que François Hollande n’a pas la moindre intention d’engager la « révolution fiscale » qu’il avait promise pendant la campagne présidentielle, dans le but de recréer un grand impôt citoyen progressif sur le revenu, par le biais notamment d’une fusion de l’impôt sur le revenu et de la Contribution sociale généralisée (CSG). Pis que cela : ce projet, visant à alourdir la charge des contribuables plus fortunés pour alléger celle des plus modestes, a non seulement été enterré mais François Hollande a même fixé un cap qui va totalement à l’opposé. Au lieu de réduire les inégalités, le chef de l’État a choisi de les creuser, en majorant les prélèvements sur les ménages afin de pouvoir financer des allègements massifs au profit des entreprises. C’est ainsi que les 20 milliards d’euros qui sont offerts aux entreprises sous la forme de crédit d’impôt, pour susciter un soi-disant « choc de compétitivité », seront financés par une hausse de la TVA, l’impôt le plus injuste du système fiscal français – alors que le candidat François Hollande avait dénoncé la hausse de la TVA voulue par Nicolas Sarkozy dans le même but.

De surcroît, les salariés qui vont devoir faire face à une majoration de leur cotisation retraite de 3,2 %, au terme de la réforme des retraites décidée par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, seront en réalité soumis au régime de la double peine. Car le gouvernement a fait la promesse aux entreprises qu’elles seront soumises à une hausse identique de 3,2 % pour la part patronale des cotisations retraite mais que cette somme leur sera compensée, dans le cadre d’une réforme du financement de la branche famille de la Sécurité sociale. En clair, ce seront les salariés qui seront appelés à la rescousse. En bref, c’est un immense transfert de charges, des entreprises, vers les ménages, que le gouvernement engage. Et c’est sans conteste, l’une des politiques fiscales les plus conservatrices et les plus pro-patronales qui aient jamais été engagées en France depuis longtemps, même sous Nicolas Sarkozy (lire Impôts : la révolution conservatrice de Moscovici).

D’autant qu’en plus de tout cela, il y a encore le nouveau plafonnement du quotient familial qui va intervenir. Sans compter aussi les mesures fiscales nouvelles que l’on ne connaît pas encore et que l’on découvrira mercredi, à l’issue du conseil des ministres. Sans compter encore les mesures qui seront annoncées pour financer les 6 milliards d’euros pour le projet de financement de la Sécurité sociale.

Bref, le premier choc de ce projet de loi de finances pour 2014, c’est qu’il porte la marque d’un véritable changement de cap fiscal. Ce n’est pas que François Hollande a oublié en chemin quelques promesses électorales – après tout, si ce n’était que cela, il pourrait faire valoir qu’il n’est pas le premier à promettre beaucoup et à faire peu ! Non, le chef de l’État applique des réformes fiscales dont il n’avait jamais parlé pendant sa campagne et qui étaient ardemment souhaitées… par le camp d’en face. Voilà donc le premier séisme que va provoquer ce projet de loi de finances pour 2014 : c’est un budget d’agression fiscale contre les plus modestes.

Mais il y a un second séisme qu’il faut bien prendre le temps d’examiner car, dans l’histoire de la gauche, il est sans précédent, et sans doute autrement plus grave que le premier. Dans le prolongement de ce changement de cap, le gouvernement a en effet pris le risque, de son propre chef, de lancer un débat hautement dangereux, celui sur le « ras-le-bol fiscal ».

Tout cela est évidemment tristement logique. Puisque le gouvernement a tourné le dos à la « révolution fiscale » qui avait pour ambition d’alléger la charge des salariés les plus modestes et d’alourdir celle des plus fortunés, le voilà aujourd’hui, dans la foulée, qui met en cause les impôts eux-mêmes et non pas leur inégale répartition.

Ayrault et Hollande en stéréo discordante

Pour la petite histoire, c’est l’ex-ministre fraudeur du budget, Jérôme Cahuzac qui le premier, au début de 2013, a fait entendre une étrange petite musique, suggérant que la France était assommée par des impôts décidément trop élevés et que le temps était venu de jouer la carte de la « stabilité fiscale ». Il l’a notamment suggéré le lundi 23 février, lors d’un entretien sur Europe 1 avec Jean-Pierre Elkabbach :

 

 

Le propos est tout à la fois prétentieux et obscur, mais on comprend au moins que c’est effectivement la « stabilité fiscale » qui est devenue la priorité du gouvernement.

Mais c’est surtout Pierre Moscovici, à la fin de l’été, qui va faire une sortie sidérante sur le même sujet et lancer un concours de couacs dans les sommets du pouvoir. Sur France Inter, le ministre des finances use en effet, pour la première fois, de cette formulation néo-poujadiste de « ras-le-bol fiscal ».

 

« Je suis très sensible à ce ras-le-bol fiscal que je ressens de la part de nos concitoyens, qu'ils soient des ménages, des consommateurs, ou qu'ils soient des entreprises, et ça nous l'écoutons », dit-il, déclenchant par ces mots une polémique qui ne va cesser de prendre de l’ampleur au cours des jours suivants. Pour une double raison. D’abord parce que la droite a alors beau jeu d’interpeller ce ministre amateur qui déplore benoîtement des hausses d’impôt dont il est… le premier responsable. Mais surtout parce qu’en lançant cette formule de « ras-le-bol fiscal », Pierre Moscovici déclenche, qu’il l’ait voulu ou non, une campagne de détestation de l’impôt.

Dans la foulée de cette sortie, c’est donc l’affolement dans les sommets du pouvoir. Et tour à tour, François Hollande et Jean-Marc Ayrault essaient de calmer le jeu, mais ils s’y prennent si mal, se contredisant l’un l’autre, que pour finir la controverse poujadiste sur le « ras-le-bol fiscal » prend de l’ampleur au lieu de s’éteindre. Dans un entretien au Monde, le 30 août, François Hollande annonce ainsi que la stabilité fiscale sera effective dès 2014 : « Grâce à l'engagement de substantielles économies, le temps est venu de faire – plus tôt qu'il n'avait été prévu – une pause fiscale », promet-il. En stéréo discordante, Jean-Marc Ayrault affirme, lui, dans le quotidien gratuit Métro, le 18 septembre, que la pause fiscale sera « effective en 2015 ». Une belle cacophonie qui alimente chaque jour davantage la campagne autour du « ras-le-bol fiscal ».

Oui, la campagne ! Car le sujet devient à la mode, et certains médias et quelques journalistes s’en emparent et chevauchent à leur tour les thématiques ambiguës de Pierre Moscovici. Tant et si bien qu’à la radio, à la télévision, sur les réseaux sociaux, il n’est plus question que de cela : du soi-disant ras-le-bol des contribuables.

 

 

Un jour, ainsi peut-on lire sur Twitter cette stupéfiante conversation entre trois journalistes, dont deux sont au Monde, et le troisième en fut. « J’ai reçu ma fiche d’impôt, j’ose pas ouvrir », plaisante le premier. « Moi, j’ai ouvert la mienne ce soir, j’ai failli m’évanouir », rétorque la deuxième. « Tu peux y aller : 10 % de revenus en moins, 10 % d’impôts en plus », commente le troisième. Des tweets qui ont été discrètement supprimés par leurs auteurs après que je me fus mêlé de la conversation, par ce commentaire : « C’est une politique fiscale de droite, pour les hauts revenus, mais vos propos suintent le populisme radical. »

Le lendemain, c’est dans les colonnes mêmes du Monde (18 septembre 2013- payant) que l’on peut lire un stupéfiant article, où l’on apprend, sans rire, que « le ras-le-bol fiscal gagne… les banques ! » et que « les dirigeants des grandes banques françaises sont aux abois ». Ledit article qui s’apparente à un tract du lobby bancaire ne prend même pas le soin de préciser que les chiffres qu’il cite proviennent d’un rapport controversé, comme l’observera le lendemain un article incisif de Marianne, intitulé Foutage de gueule : les banques écrasées par le fisc.

Le surlendemain, c’est au Grand journal de Canal+ que l’on peut assister à un débat surréel entre le chroniqueur économique ultralibéral de France 2, François Lenglet, venu faire la promotion de son dernier livre, et Hélène Jouan, journaliste de France Inter, laquelle évoque avec son interlocuteur la pression fiscale à laquelle sont soumis les contribuables et en vient à lui demander s’il est donc concevable qu’il y ait un jour en France une... « révolte fiscale ».

Poujadisme

Et à tous ces bavardages insipides mais qui finissent par créer un climat, on pourrait ajouter ces étranges publicités qui fleurissent dans les gazettes et qui, s'appuyant sur la politique du gouvernement, promettent d'alléchantes défiscalisations : « 0 euro d'impôt pendant 9 ans » (voir ci-dessous).

 

 

Bref, de jour en jour, il n’est question que de cela. Jusqu’à l’overdose. Sans que jamais personne dise leur vérité aux dirigeants socialistes : le problème, ce n’est pas qu’il y ait trop d’impôts, c’est qu’ils pèsent d’abord sur les bas revenus tandis que les hauts revenus profitent plus que jamais de scandaleuses niches fiscales ! Le problème, c’est qu’il fallait une nouvelle Nuit du 4-Août, et qu’au lieu de l’engager, ils ont encore renforcé les privilèges et les inégalités.

Le plus stupéfiant, dans ce climat trouble où des dirigeants socialistes alimentent eux-mêmes le populisme antifiscal, c’est surtout qu’il ne se trouve aucune grande voix pour rappeler que le consentement à l’impôt est l’une des valeurs fondatrices de la République. C’est le grand principe, édicté par l’article 13 de la Déclaration des droits de l’homme: « Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés. »

Depuis – et jusqu’à la grande vague libérale qui a commencé dans les années 1980 –, l’impôt a toujours été conçu comme l’un des instruments du bien commun. Et il n’y a guère eu que les courants les plus radicaux de la droite ou l’extrême droite à le contester et à avoir l’antifiscalisme comme fonds de commerce.

Qui ne se souvient de la fin des années 1920 ? Aux côtés des ligues qui prennent une importance croissante et qui vont défier la République le 6 février 1934, il y a aussi une Fédération nationale des contribuables (FNC), qui se crée en 1928 et qui rassemble de « braves gens » écrasés par les impôts. « Nous entreprendrons une marche convergente vers cet antre qui s'appelle le Palais-Bourbon, et s'il le faut, nous prendrons des fouets et des bâtons pour balayer cette Chambre d'incapables », proclame en janvier 1933 l’éditorial du Réveil du contribuable, l’organe de la FNC.

Qui ne se souvient du poujadisme, aussi, qui a eu le succès que l’on sait dans les années 1950, avec de nombreux députés élus à la Chambre, dont un certain… Jean-Marie Le Pen, et dont le principal fonds de commerce était encore une fois l’antifiscalisme, avec à la clef la mise à sac des trésoreries publiques.

Bref, c’est là un terrain glissant sur lequel s’est engagé Pierre Moscovici, et à sa suite beaucoup de dirigeants socialistes. Car le cheval de bataille du « ras-le-bol fiscal », seuls ces courants radicaux l’ont dans le passé enfourché, et aujourd’hui, c’est le Front national qui est l’héritier de ces combats. En d’autres temps, la gauche, elle, défendait d’autres valeurs. Elle faisait valoir que l’impôt était la concrétisation du lien solidaire entre des citoyens responsables. À l’époque où Nicolas Sarkozy projetait, lors de la campagne présidentielle de 2007, de dynamiter les droits de succession, il s’est même trouvé des intellectuels de gauche pour lancer un appel, dans lequel ils disaient leur fierté de consentir à l’impôt. Il était intitulé Pourquoi nous soussignés consentons à l’impôt. Et l’appel commençait pas ces fortes paroles : « Nous, soussignés, assujettis à l'impôt sur le revenu et, pour certains d'entre nous, à l'impôt de solidarité sur la fortune, considérons ces prélèvements comme légitimes et sommes fiers d'apporter ainsi notre contribution aux dépenses publiques nécessaires au progrès, à la cohésion sociale et à la sécurité de la nation. »

Quelque temps auparavant, Martine Aubry avait écrit un livre Il est urgent d'agir (Éditions Albin Michel), dont le chapitre consacré aux questions fiscales avait pour titre : « Vive l'impôt ! »

Faut-il que les socialistes d’aujourd’hui aient perdu tous leurs repères pour, oubliant tout cela, jongler avec des thématiques aussi dangereuses ?

 

 

 

 

 

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24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 14:16

 

blogs.mediapart.fr

Manuel Valls nourrit la bête immonde

Manuel Valls est un personnage politique dont les idées sont insignifiantes à gauche. En effet, ce qu’il dit ou promeut est incompatible avec les valeurs d’égalité, de solidarité, de fraternité et de tolérance que porte la gauche.

J’ai récemment ébauché une analyse de son sarkozysme décomplexé[1] et j’ai décrit son conformisme politique qui s’inscrit dans l’air du temps « austéritaire » des droites réactionnaires[2].

Le ministre de l’Intérieur a beau porter les couleurs du Parti socialiste, tout dans ses propos et son action le marque à droite : une droite dure, celle des Sarkozy et Guéant avec qui il partage la même appétence pour les politiques économiques néolibérales (Valls confesse être un admirateur de Tony Blair) et pour les rodomontades répressives.

Si j’étais un militant de ce parti, je me garderais de confier à Manuel Valls la direction d’une section locale du PS, tant je redouterais que son action ne la déshonore. Peine perdue : Manuel Valls n’est pas à la tête d’une section socialiste, mais il dirige le ministère de l’Intérieur de la république française. C’est à ce poste extrêmement sensible, au sein d’un gouvernement de gauche, qu’il prolonge les politiques sécuritaires de MM. Sarkozy et Guéant.

Ce qui motive ce nouveau billet, ce sont les propos que Manuel Valls a tenus sur les Roms ce matin sur France Inter. À cette occasion, un pas supplémentaire a été franchi dans l’horreur et l’indignité. Renchérissant l’UMP et le FN qui font de la « question Roms » un thème majeur de la campagne municipale, le ministre de l’Intérieur a affirmé que l’intégration de ces populations est « illusoire » et que le « démantèlement des campements » et la « reconduite à la frontière » sont les seules solutions valables à ses yeux.

Manuel Valls avait pourtant mis en place des « villages d’insertion » en août 2012. Un an plus tard, Valls le conformiste choisit de chasser le Rom avec la meute et considère dorénavant qu’il s’agit d’une mesure « marginale », qui ne concerne que « quelques familles ».

Valls préconise la reconduite aux frontières des Roms, insistant sur le fait que ces populations « ont vocation à revenir en Bulgarie ou en Roumanie ». Il faudra rappeler au ministre de l’Intérieur qu’en janvier 2014, la Bulgarie et la Roumanie entreront dans l’espace de Schengen. L’expulsion manu militari de ressortissants d’États membres d’une zone de libre circulation des personnes n’est pas laissée à la discrétion d’un ministre parti à la chasse aux voix.

Mais il y a pire : Valls a affirmé, lors de cet entretien, qu’il existait une corrélation entre délinquance et présence de Roms, indiquant qu’il s’agissait là d’une « évidence ». Selon lui, le lien entre la « proximité des campements et les vols » ne faisait aucun doute. Il s’agit de l’évidence du préjugé raciste, de l’amalgame et de la pensée beauf, assurément, puisqu’aucune statistique nationale n’a jamais établi une telle corrélation. Manuel Valls a d’ailleurs reconnu qu’il n’en savait rien. Et pour cause : la police française ne peut pas relever les origines ethniques des délinquants. Les chiffres incriminant la population Rom n’existent donc pas.

Pratiquant un différentialisme culturel très en vogue dans le Front national depuis les années 80, Valls a conclu que « ces populations » ont « des modes de vie extrêmement différents des nôtres » ; les deux étant « en confrontation ». Manuel Valls a le « courage » de suivre l’extrême droite et la droite sarkozyste à la trace, voire de leur ouvrir le chemin. Quand Valls assène : « Les politiques de sécurité ne sont ni de droite, ni de gauche », il faut entendre : « Les politiques de sécurité en vogue sont de droite ; je suis donc de droite ».

En stigmatisant  de la sorte la population Roms, il se déporte sur la droite de Marine Le Pen qui est marginalement plus prudente que lui sur le plan oratoire. Anne Hidalgo a qualifié d’« indignes » les propos similaires sur les Roms de Nathalie Kosciusko-Morizet. Hidalgo a ajouté que « Paris a des valeurs, on ne stigmatise pas une population ». Son camarade Valls n’a pas ce type de scrupules. Comment va-t-elle réagir aux propos de son collègue ? Va-t-elle réagir ?

A la suite de cette énième sortie terrifiante de la part du ministre, trois questions méritent d’être posées et débattues :

1)      Faut-il rappeler à Manuel Valls, d'origine étrangère comme des millions de ses concitoyens, que la France est un pays d'immigration et un melting pot culturel et ethnique ? L'intégration n'est pas « illusoire », mais un fait, quand on s'en donne les moyens politiques.

2)      Des « indices » permettent de conclure à l’existence d’un discours vallsien qui est ethniquement différentialiste et culturellement intolérant. Ce type de discours est-il compatible avec les valeurs universalistes de la République française ?

3)      En Grèce les nazis d’Aube dorée, après avoir tenu dans un premier temps un discours d’exclusion raciste, sont aujourd’hui passés à l’acte. Depuis plusieurs mois, ils ratonnent et tuent des immigrés et des militants antifascistes en toute impunité. Dans le climat de crise généralisée en Europe, est-il responsable de la part d’un ministre de l’Intérieur de jeter en pâture une population fortement stigmatisée et rejetée ? Faudra-t-il attendre les premières ratonnades anti-Roms en France pour apporter une réponse à cette question ?

 


 

[1] http://www.politis.fr/Philippe-Marliere-Manuel-Valls-est,23443.html

[2] http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-marliere/230813/manuel-valls-le-conformiste

Twitter : @PhMarliere

 

 

 

 

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24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 14:05

 

 

mediapart.fr

Bettencourt : la mise en examen de Sarkozy est confirmée

|  Par Michel Deléan

 

 

 

Mauvaise journée pour Nicolas Sarkozy : l’ensemble de la procédure Bettencourt est validé par la chambre de l’instruction de Bordeaux. Toutes les demandes présentées par la défense de l'ancien président ont été écartées. Quant à la demande de récusation des juges d’instruction, elle est également rejetée. Prochaine étape : l’ordonnance de renvoi en correctionnelle.

 

Les stratégies de communication mises en œuvre n’y ont rien fait : l’ensemble de la procédure Bettencourt a été validé, ce mardi, par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Bordeaux. Dans un arrêt détaillé de 115 pages, les trois magistrats de la chambre de l’instruction ont rejeté toutes les demandes présentées par la défense de Nicolas Sarkozy.

Selon des sources proches du dossier, les uniques pièces de la procédure qui ont été annulées concernent quelques écoutes téléphoniques de Patrice de Maistre et des PV de garde à vue de Carlos Vejarano, l’ancien gérant de l’île d’Arros, ce qui est sans incidence aucune sur la procédure, les juges d’instruction ayant – par la suite – procédé eux-mêmes à l’interrogatoire de Vejarano et à celui de Maistre, alors assistés de leurs avocats.

Les trois magistrats de la cour d’appel ont donc confirmé la validité de l’expertise médicale réalisée en juin 2011 sur Liliane Bettencourt, qui avait conclu à l’état de faiblesse de la milliardaire dès septembre 2006, et que contestaient plusieurs mis en examen dont Nicolas Sarkozy.

Il s’agit d’une pièce essentielle de la procédure, puisque les conclusions de cette expertise ont rendu possible la mise en examen de l’ex-président pour des faits d’abus de faiblesse qui auraient été commis pendant la campagne présidentielle de 2007. Thierry Herzog, l’avocat de Nicolas Sarkozy, n’a pas réussi à convaincre les magistrats de la cour d’appel que cette expertise était irrégulière, malgré une campagne de presse retentissante.

 

 

La chambre de l’instruction a, au contraire, rappelé que les résultats de l’expertise ne pouvaient, par hypothèse, pas être orientés par avance, puisque deux des juges d’instruction ignoraient que l’un des experts désignés, le professeur Sophie Gromb, connaissait bien leur collègue, le juge Jean-Michel Gentil.

Surtout, l’arrêt de la chambre de l’instruction rappelle qu’il s’agissait d’une expertise collégiale, donc impartiale, et rend un hommage appuyé à la réputation, aux compétences et au sérieux du professeur Gromb.

Les autres demandes de Me Herzog n’ont pas davantage eu l’heur de plaire à la chambre de l’instruction. Comme l’avocat général le 2 juillet dernier, les trois magistrats du siège ont jugé que la confusion entre deux versions de l'article du Code pénal réprimant l’abus de faiblesse, invoquée par le défenseur de Sarkozy pour entraîner l'annulation de sa mise en examen, n'était qu'une erreur matérielle sans conséquence.

La chambre de l’instruction a également jugé qu’il n’y avait pas lieu d’annuler la saisie des agendas de Nicolas Sarkozy, qui ne sont protégés ni par l’immunité présidentielle ni par le secret défense, contrairement à ce que soulevait Thierry Herzog.

Par ailleurs, la chambre de l’instruction a estimé qu’il existait des charges suffisantes pour justifier les mises en examen de l’homme d’affaires Stéphane Courbit et de l’avocat fiscaliste Pascal Wilhelm, contrairement à ce qu'avaient plaidé leurs défenseurs le 2 juillet dernier.

Autre mauvaise nouvelle pour les personnes mises en examen : la demande de récusation des juges d’instruction de l’affaire Bettencourt, déposée le 13 septembre par Patrice de Maistre et François-Marie Banier, au motif que les juges auraient fait preuve de partialité, a été rejetée ce mardi par la première présidente de la cour d’appel de Bordeaux.

Après avoir hésité, Nicolas Sarkozy ne s’était pas associé à cette demande. Une précédente offensive contre les juges d’instruction de l’affaire Bettencourt, menée devant la Cour de cassation (via une requête en suspicion légitime) avec les mêmes arguments, avait précédemment échoué au mois de juin.

Réagissant dans son style fleuri à la décision de la cour d’appel, Nadine Morano, déléguée générale de l’UMP, a notamment déclaré ceci sur BFMTV : « On parle de cette expertise de 2011, et on voit bien que cette procédure est assez étrange, alors je demande à ce que soit publiée la liste des magistrats qui sont membres du syndicat honteux de la magistrature, parce que nous qui sommes sur le mur des cons, nous prennent-ils pour des cons ? On est en droit de savoir qui nous juge et si ces magistrats font preuve d’impartialité. »

« C’est du Nadine Morano, c’est lamentable. Madame Morano ne connaît absolument pas le dossier », a répondu Christophe Régnard, le président de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire). « La réalité, c’est que les magistrats ont fait la preuve de leur indépendance, et que ça plaise ou non à madame Morano, c’est un autre problème. »

Quant à Françoise Martres, la présidente du Syndicat de la magistrature (SM, gauche), organisation particulièrement visée par les propos de Nadine Morano, elle a répondu ceci : « Non seulement il n'y a aucune raison que nous diffusions une liste des juges faisant partie de ce syndicat, mais cette demande est insensée. Nous sommes dans un pays démocratique dans lequel existe une liberté d'expression syndicale. En l'état, le Syndicat de la magistrature a tout de même le droit d'exprimer des opinions. »

Après la mise en examen de son ami Sarkozy, Henri Guaino s'était déjà livré à des attaques très violentes contre le juge Gentil.

La grande inconnue de l’affaire Bettencourt réside maintenant dans le sort que les juges d’instruction comptent réserver à Nicolas Sarkozy, celui des mis en examen contre lequel les charges paraissent les moins solides. Le 28 juin, le parquet de Bordeaux a requis un non-lieu en faveur de l’ex-président (mis en examen pour « abus de faiblesse »), ainsi que pour Éric Woerth (poursuivi pour « recel » et pour « trafic d'influence »).

 

Liliane Bettencourt 
Liliane Bettencourt

Sur le fond, le parquet estime qu'il n'existe pas au dossier de preuve formelle que Nicolas Sarkozy ait reçu des fonds de Liliane Bettencourt en février et avril 2007, comme plusieurs témoignages – ainsi que le rapatriement de sommes d'argent en provenance de Suisse – le laissent sérieusement penser.

À supposer que ces remises de fonds aient eu lieu, cela aurait été en présence d'André Bettencourt (décédé en novembre 2007), ce qui exclurait tout abus de faiblesse commis au préjudice de son épouse, selon l'analyse juridique du parquet de Bordeaux.

Reste que les juges d'instruction ne sont pas tenus de suivre à la lettre ces réquisitions du parquet, et peuvent décider de renvoyer tous les mis en examen devant le tribunal correctionnel s'ils estiment les charges suffisantes.

Réponse dans les semaines qui viennent.

 

 

 

 

 

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