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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 14:46

 

 

reporterre.net

Hyper riches : au-delà de l’indécence

Michel Lepesant (Mouvement des objecteurs de croissance)

mardi 8 janvier 2013

 

"Dans un pays sans croissance qui continue pourtant d’en réciter le catéchisme, nous pouvons prévoir qu’il faudra de plus en plus d’appauvris pour que quelques-uns continuent de s’enrichir de plus en plus."


La polémique fait-elle vraiment rage ? « Protégés » par un bouclier fiscal, les riches sont-ils aujourd’hui les nouveaux persécutés, harcelés par des prélèvements confiscatoires ?

Comment arriver à le croire quand, dans une même semaine, les news ne font au contraire que confirmer et entériner la légitimation des inégalités les plus iniques ?

L’ex-épouse bafouée d’un ex-dirigeant transalpin obtient par décision de justice une pension alimentaire de trois millions d’euros par mois, soit près de 100 000 euros par jour : comment peut-on encore continuer à qualifier une telle pension d’« alimentaire » ? Que veut dire « justice » dans ce cas ?

Le Conseil Constitutionnel vient de censurer, dans la loi de finances pour 2013, la taxation à 75% pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros. Serait-il indécent de rappeler que le montant mensuel net du Smic pour 35 heures de travail (après déduction de la CSG et de la CRDS) est en décembre 2012 de 1138,36 euros ? Serait-il absurde de rappeler que le même Conseil Constitutionnel valide, dans le budget 2012 rectifié, un crédit d’impôts d’aide aux entreprises de 20 milliards d’euros, quand on sait parfaitement que ce type de « cadeau fiscal » aux entreprises n’est qu’une nouvelle aubaine en faveur du Capital et aux dépens du Travail ?

A l’annonce de cette nouvelle, le président de la Ligue de Football Professionnel s’est félicité de cette « belle et indispensable victoire collective ». Comment ne pas s’indigner quand la laideur des pires individualismes revendique la défense de la « beauté » et du « collectif » ?

Faut-il vraiment s’étonner d’une telle rhétorique footbalistique quand nous apprenons l’introduction dans le dictionnaire suédois du verbe « zlataner », une invention de nos Guignols de l’info ? Et pour ceux qui l’ignorent, il signifie « dominer » ! Mais bien sûr, pour décrire l’invention permanente de nouvelles formes de domination, nous avions bien besoin d’un nouveau verbe !

Cette déroute des mots, celle qui déroule le tapis rouge sur la route des maux, atteint le comble de la confusion quand même les porte-parole de l’indignation ne font que renforcer, cran par cran, le progrès des indécences et le recul du sens commun. Dans une tribune, le producteur Vincent Maraval dénonce avec raison l’impéritie économique du cinéma français financé par l’argent public : « Dix fois moins de recettes, cinq fois plus de salaire, telle est l’économie du cinéma français. » Mais jusqu’où nos bras peuvent-ils tomber quand nous lisons, quelques lignes plus bas, que sous couvert de dénoncer un « système » il prend la défense de celui des héritiers, de cette nouvelle aristocratie des « fils de » ? Comment peut-on présenter comme modèle de vertu l’usage que le fils de Jean-Pierre Cassel fait de « son argent et son énergie » pour aider le fils de Kiki Picasso et celui de Costa-Gavras ? Faut-il alors s’étonner que cette tribune, vendue comme une « charge au canon », finisse en proposant une « idée simple », celle de plafonner les cachets des acteurs à 400 000 euros ? 400 000 euros, plus un intéressement aux bénéfices en cas de succès… commercial !

Mais tout cela n’est-il pas l’air du temps qui permet à la ministre des « affaires sociales » et de la santé de garantir un salaire plancher de 4600 euros mensuel pour les jeunes médecins acceptant de s’installer pendant deux ans dans un « désert médical » ? Que veut encore dire « social » quand il n’y a plus que la logique « libérale » des « affaires » ?

Comment reprocher aux uns de perdre tout bon sens dans l’évaluation d’un « plafond » quand d’autres nomment « plancher » ce qui n’est que « privilège » et aveu d’impuissance à conduire une véritable « politique » ?

Nous avons toujours su qu’il faut, mathématiquement, beaucoup de « pauvres » pour faire un seul « riche ». Mais dans un pays sans croissance qui continue pourtant d’en réciter le catéchisme, nous pouvons prévoir qu’il faudra de plus en plus d’« appauvris » pour que quelques-uns continuent de s’enrichir de plus en plus.

Ce qui signifiera de plus en plus d’indécences, de plus en plus d’irresponsabilités écologiques, de plus en plus d’injustices sociales, de plus en plus d’atteintes à la démocratie ; bref, de plus en plus de croissance…

De plus en plus de rage devant des polémiques faussées.

 



 

Source : Lettre des objecteurs de croissance

Photo de Gérard Depardieu, RTBF

Consulter aussi le Dossier Revenu maximal admissible, pourquoi ? comment ?

 

 

 

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reporterre.net

 

Voilà comment les trop riches utilisent leur argent - et détruisent la planète

 

Christophe Cornevin (Le Figaro)

samedi 28 septembre 2013

 

 

Les hyper-riches ne savent plus quoi inventer pour tromper leur vie oisive et oiseuse. Ajoutant l’indécence à la futilité, de riches particuliers anglais participent tous les ans à une course illégale et ultra select à travers l’Europe. Au mépris de la sécurité d’autrui et de leur empreinte carbone, of course.


Les 165 concurrents clandestins, partis de Londres dimanche 22 septembre au volant de bolides, rallient Rome via la France. Stoppée dans les Alpes, une Ferrari roulait à 178 km/h sur une départementale.

Les fous du volant sont de retour. Quintessence de l’extravagance british, de riches particuliers viennent de se lancer, à tombeau ouvert, dans la dernière édition du Cannonball, course clandestine de bolides à travers les routes d’Europe. Selon nos informations, pas moins de 165 participants sont partis dimanche de Londres sur les chapeaux de roue avant de se scinder en deux groupes vrombissants.

Le premier, inscrit au Modball Rallye, est déjà passé par le Luxembourg et la Hollande avant de rejoindre Prague dans un temps record. Le second, organisé sous l’exotique label de Riviera Adventure, a été acheminé en Ferry depuis le port de Douvres où ils ont été repérés par la police dès samedi dernier.

Suivant une feuille de route toujours dévoilée au dernier moment pour tenter de prendre par surprise les autorités, les candidats ont déjà franchi la ville étape de Calais avant de filer vers la Savoie et Monte-Carlo où ils ont fait escale dimanche. La compétition est ensuite repartie vers Milan avant de franchir le drapeau à damier de la ligne d’arrivée, à Rome.

Les gendarmes français sur le qui-vive

À partir du 29 juin, c’est-à-dire en plein départ des juillettistes sur les routes de France, la folle équipée mécanique devrait rentrer au bercail, toujours à un train d’enfer, en passant cette fois par le Doubs, la Marne, l’Oise et les abords du château de Chantilly avant de converger vers Calais pour une traversée outre-Manche.

Depuis plusieurs semaines, les gendarmes français, à l’instar de leurs homologues européens, sont sur le qui-vive pour intercepter ces pilotes qui transforment les autoroutes du Vieux Continent en circuits de Formule 1 à chaque début d’été. Informés par les services de renseignements anglais, les militaires avaient notamment mis en place un solide comité de réception le long des itinéraires.

Dans la plus grande discrétion, plusieurs centaines d’hommes affectés aux Escadrons départementaux de sécurité routière ont été mobilisés. Postés sur les ponts, au niveau des échangeurs ou encore embusqués aux sorties de service des autoroutes, ces traqueurs de bolides équipés de jumelles sont appuyés par des hélicoptères, des pelotons autoroutiers roulant en BMW 1 300 cm3 mais aussi en Renault Mégane RS capables de mener des chasses à des allures frisant les 250 km/heure.

« Mais la vitesse n’est pas essentielle pour intercepter les concurrents du Cannonball, précise le colonel Gérard Escolano, chef du bureau de la sécurité routière de la gendarmerie. Nous préférons intervenir quand la course est ralentie par des obstacles “naturels”, comme les péages par exemple. Se lancer dans des courses-poursuites avec sirènes et gyrophares risquerait de provoquer des réactions imprévisibles et de semer la panique dans le flot des automobilistes… »

Depuis le lancement de « Riviera Adventure », les gendarmes ont interpellé dès dimanche un premier concurrent en flagrant délit de vitesse. Surpris sur une route départementale à 178 km/h au lieu des 90 autorisés, un ressortissant britannique s’est fait immobiliser sa Ferrari pour « mise en danger de la vie d’autrui » à Le Poët-Laval (Hautes-Alpes) en attendant d’être convoqué à la brigade locale. Et les gendarmes seront de nouveau sous tension à la fin du mois, quand repasseront les « hooligans » de l’asphalte.

Issus d’un rang social élevé, ces aristocrates, cadres supérieurs ou encore turbulents rejetons de la gentry londonienne, les candidats au Cannonball s’acquittent chacun d’une inscription de 6000 euros pour figurer sur la ligne de départ. L’organisateur, dont l’entregent tourne comme un moteur six cylindres, s’emploie ensuite à mettre en place une logistique hollywoodienne. Déboulant en Ferrari, Porsche, Lotus, Bentley ou encore Maserati aux couleurs de l’Union Jack, les coureurs débarquent déguisés en Zorro, en Spiderman ou encore avec des chapeaux mexicains dans les villes étapes où les attendent des réservations dans des palaces.

Après une soirée festive au champagne, les héros - un peu - fatigués reprennent la route au petit matin. « Chaque voiture est reconnaissable grâce à des macarons souvent collés sur le capot et la malle arrière, précise le colonel Escolano. L’objectif est de respecter un timing, avec une heure limite d’arrivée sous peine d’être pénalisé. »

Les poches garnies d’euros pour s’acquitter du procès-verbal

Mais la vraie motivation n’est pas vraiment de grimper sur la première marche du podium. « Les cannonballeurs cherchent surtout à s’offrir des bouffées d’adrénaline en jouant au chat et à la souris avec nos effectifs sur le terrain, décrypte-t-on à la Direction générale de la gendarmerie nationale. En général, si certains sont détectés à 220 km/h, la majeure partie des concurrents veillent à ce que leurs excès de vitesse ne dépassent pas le seuil des 1500 euros d’amende. »

Prévoyants, ils ont les poches garnies d’euros pour s’acquitter du procès-verbal rubis sur l’ongle, en vrais gentlemans, avant de reprendre la course sur le champ. Et lorsque la Jaguar de l’un d’eux est saisie comme l’année dernière dans le Nord, un avion privé est affrété pour lui permettre le retour au pays.

Identifié depuis 1999 dans l’Hexagone, le phénomène Cannonball avait été récemment marqué par un légendaire Londres-Istanbul, via Cannes, Monaco et Venise. Un joli ruban de 4700 kilomètres de bitume dévoré en moins d’une semaine. De manière très bling-bling, mais sans accident à déplorer.

 



 

Source et photo : Le Figaro

Lire aussi : Hyper riches : au-delà de l’indécence

Ainsi que : Mercedes conserve le droit d’augmenter fortement l’effet de serre

 



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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 14:22

 

 

mediapart.fr

Axa : menacés de licenciement pour avoir parlé à Mediapart

|  Par Martine Orange

 

 

 

Depuis quatre ans, deux membres d’Axa, syndicalistes en Haute-Savoie, interrogent le groupe d’assurances sur la légalité de ses contrats. Pour avoir dénoncé les pratiques publiquement et nous avoir parlé, une procédure de licenciement a été engagée à leur encontre.

 

Il ne fait pas bon être lanceurs d’alerte chez Axa et d’en parler à Mediapart. Deux salariés du groupe d’assurances, travaillant en Haute-Savoie, sont sur le point de payer chèrement le fait d’avoir dénoncé les pratiques de leur maison. Jeudi dernier, Alain Arnaud et Stéphane Legros, respectivement délégué du personnel et représentant de la CFDT, ont été convoqués pour un entretien préliminaire en vue de leur licenciement  disciplinaire. Ils sont convoqués lundi à un entretien avec un inspecteur du travail, qui doit se prononcer sur la légalité de leurs licenciements, puisque leur mandat leur donne un statut de salariés protégés.

Leur faute ? Axa les accuse d’avoir « un comportement déloyal allant à l’encontre des obligations les plus essentielles qui découlent de leur contrat de travail, et ce, dans l’intention, non dissimulée, de nuire à l’entreprise et ses dirigeants ». Il leur est reproché d’avoir dénoncé publiquement l’illégalité du contrat phare d’assurance-vie du groupe, Euractiel.

« Le contentieux qui oppose mes clients à Axa dure depuis plusieurs années. Un recours aux prud’hommes a été déposé pour discrimination syndicale et harcèlement moral contre Alain Arnaud. Une action a été engagée devant la justice pour non-respect de la loi sur le contrat Euractiel, les heures supplémentaires, usage de domicile pour fins professionnelles et discrimination syndicale. La chambre sociale de la Cour de cassation doit se prononcer en octobre sur le dossier. Mais incontestablement, c’est l’article de Mediapart qui a déclenché la procédure de licenciement », dit Thierry Billet, avocat des deux syndicalistes.

« Nous dénonçons les pratiques d’Axa depuis longtemps. Il y a eu un tract syndical dans lequel il était dénoncé l’illégalité du contrat Euractiel, auquel le groupe n’a pas répondu. Ce que le groupe ne supporte pas aujourd’hui, c’est que tout ce que nous dénoncions à l’intérieur soit désormais connu du grand public », renchérit Stéphane Legros.

« Mediapart n’est en rien responsable de la mise en cause de ces personnes. Les faits sont antérieurs et n’ont rien à voir à l’exercice de leurs mandats syndicaux. Axa est très attaché au dialogue social et au respect des mandats syndicaux. À l’origine du dossier, il y a une lettre ouverte publiée à la mi-juillet où il est porté des dénigrements à l’égard du groupe et de ses dirigeants », dit Sybille Queré-Becker, responsable des relations sociales dans le groupe.

À lire le dossier constitué par Axa pour enclencher la procédure de licenciement contre les deux syndicalistes, si la lettre publique est mentionnée, le fait d’avoir parlé à Mediapart, d’avoir commenté l’article, d’avoir créé un blog sur notre site, d’avoir diffusé l’information sur d’autres sites paraît être ce qui pèse le plus lourd.  

Parmi les preuves citées de ce que le groupe considère comme un « comportement déloyal », AXA cite des commentaires qu’Alain Arnaud avait fait sous l’article en empruntant un pseudo. Celui-ci notamment :

 

 

« M. Arnaud a pu être identifié comme étant l’auteur de ces écrits », est-il insisté dans le dossier transmis à l’inspecteur du travail. « Ces commentaires démontrent que M. Arnaud a donné certaines informations à ce média », est-il noté. Le groupe lui reproche aussi d’avoir créé un blog sur Mediapart. Il est notamment accusé d’avoir écrit que « le pdg d’Axa a (fait) un don de 7 500 euros à l’association Répondre à gauche avec François Hollande ». Il se voit mis en cause pour avoir posté des commentaires sur d’autres sites, parlant « de l’énorme fraude mise en place par l’assureur français. (…) L’assureur n’ayant pas satisfait à ses obligations légales engrange ainsi près de 20 millions d’euros par an de cotisations en toute illégalité ».

Ces nouveaux cas illustrent une nouvelle fois le rapport de forces totalement déséquilibré entre les salariés lanceurs d’alerte et leur entreprise. Dénoncer des pratiques illégales revient à un acte de déloyauté. En parler publiquement s’assimile à une rupture de contrat. Quant à créer un blog, c’est tout simplement de la haute trahison. 

Si les syndicalistes en sont arrivés à recourir aux médias et aux réseaux sociaux, la faute en revient à Axa qui, depuis des années, élude la question de la légalité de ses pratiques, soulevée par les salariés eux-mêmes.

Stéphane Legros et Alain Arnaud reconnaissent qu’ils ont découvert le sujet par hasard. Jusqu’en 2009, ces salariés d’Axa chargés de commercialiser les contrats du groupe travaillaient sans se poser de questions et étaient bien vus de leur hiérarchie. Puis arriva l’incident fatal. En juin 2009, Stéphane Legros, qui travaille chez AXA depuis trois ans, démarche un couple et leur fait signer un contrat Euractiel. Ses supérieurs le félicitent en découvrant le nom du souscripteur : il s’agit du sénateur UMP de Haute-Savoie, Jean-Claude Carle, aujourd’hui vice-président du Sénat. Ce dernier n’a pas retourné nos appels alors que nous cherchions à avoir sa version des faits.

« Ce parlementaire pourrait nous causer des ennuis »

Ce qui aurait dû être un succès se transforme pourtant en enfer : les services centraux qui doivent homologuer le contrat refusent de le faire. Motif avancé : « Il m’a été expliqué que le parlementaire pouvait nous causer des ennuis, en raison de ses nombreuses relations », raconte-t-il. Non seulement le contrat est annulé, mais Axa, en plus, lui reproche auprès de ses clients comme à l’intérieur, d’avoir fait une faute.

Indigné par ce traitement, Stéphane Legros cherche à comprendre. Après maintes recherches et questions, il finit par découvrir le pot aux roses : le contrat Euractiel ne devrait plus être commercialisé depuis 2007 ! La loi de 2005 ne permet plus la pratique des frais précomptés, base du contrat Euractiel, qui consiste à prélever en une seule fois les frais de gestion d’un contrat censé durer au moins dix ans. D’un seul coup, les souscripteurs voient diminuer leur apport de près de moitié. S'ils cassent leur contrat avant la fin, ils ont toutes les chances de ne pas retrouver l’intégralité de leur apport de départ. Même s’ils restent jusqu’au terme prévu, leur épargne leur rapportera moins puisque les intérêts sont calculés sur la somme investie, amputée de la totalité des frais de gestion prélevés au départ.

Cette technique a été jugée tellement désavantageuse pour les épargnants que les législateurs ont décidé d’y mettre fin, en spécifiant que les frais de gestion ne pouvaient plus dépasser 5 % des sommes investies. Les élus donnent alors deux ans aux assurances pour se mettre en conformité avec la loi et revoir leurs conventions collectives, puisqu’une partie de leurs commerciaux étaient rémunérés sur des commissions prélevées sur ces frais de gestion.

L’ennui est que le texte ne prévoit aucune sanction au cas où un groupe d’assurances ne se mettrait pas en conformité avec la loi. Tout est laissé à la charge des souscripteurs, s’ils sont mécontents. Mais qui prendra le risque d’engager une procédure longue et coûteuse pour rentrer dans ses droits ?

Stéphane Legros réalise qu’Axa n’a fait ni l’un et que partiellement l’autre, les conventions collectives n’ayant pas été totalement revues. Avec quelques autres salariés, il commence à se mobiliser. Ils alertent leur syndicat, la CFDT, puis les autres, posent des questions à la hiérarchie, puis montent plus haut. À chaque fois, ils se heurtent au même mur du silence. En 2012, ils décident d’alerter les pouvoirs publics, écrivent au président du Sénat, de l’Assemblée nationale, de la présidence de la République. Hormis un simple accusé de réception, leurs lettres restent sans réponse. Axa continue à l’intérieur à envoyer le même message aux salariés : le groupe d’assurances ne saurait avoir des pratiques illégales. Il a consulté des juristes qui lui ont confirmé la parfaite validité de leur contrat Euractiel.

Auteur de la réforme du Code des assurances de 2005, Philippe Marini, aujourd’hui président de la commission des finances du Sénat, ne laisse pourtant planer aucune ambiguïté sur le sens de son amendement : « Il s’agissait bien d’en finir avec les mécanismes des frais pré-comptés dans les contrats d’assurance-vie », a-t-il déclaré à Mediapart . « L’amendement, qui a été adopté à mon initiative, plafonne à 5 % la diminution des valeurs de rachat par imputation sur celles­-çi des frais d’acquisition du contrat. Cela revient à interdire de facto les contrats dits “à frais précomptés” (…) », répète-t-il dans Le Dauphiné Libéré, qui s’est également saisi du dossier.

En dépit de la loi, des déclarations du rapporteur du texte législatif, des multiples propos tenus lors des débats à l’Assemblée nationale et du Sénat lors de la discussion sur la réforme du Code des assurances, qui toutes parlent d’en finir avec les frais précomptés, malgré un arrêt de la Cour de cassation qui mentionne leur interdiction, Axa assure qu’il agit en parfaite légalité et que la loi ne concerne pas son contrat d’assurance-vie. « Imaginez-vous qu’Axa pourrait commercialiser des produits non-conformes à la réglementation ? Nous avons fait vérifier par plusieurs juristes : tous nous disent que nos contrats sont parfaitement légaux. Nos contrats d’ailleurs n’ont jamais été retoqués. En six ans, nous aurions dû avoir un jugement. Cela n’a jamais été le cas »,soutient Oliver Mariée, directeur épargne-vie d’Axa France.

Au dossier de licenciement contre les deux syndicalistes, adressé à l’inspection du travail, le groupe d’assurances a joint un nouvel avis d’expert, le professeur de droit Luc Mayaux, qui souligne la parfaite conformité de son contrat d’assurance-vie avec la loi. Un avis tout à fait indépendant : M. Luc Mayaux est directeur de l’institut des assurances à Lyon. Il a animé notamment en 2010 une table ronde avec le directeur des ressources humaines d’Axa Sud et un responsable de la fédération française des assurances sur le thème : “L'assurance, des métiers d’avenir pour les jeunes.”

Si Axa est si sûr de son interprétation, pourquoi ne fait-il pas appel à la justice pour trancher définitivement le différend ? Le groupe d’assurances en avait l’occasion : le recours devant la Cour de cassation soulevait précisément le problème de la légalité de son contrat Euractiel. Le rapporteur devant la Cour a estimé opportunément que les magistrats de la Cour de cassation n’avaient pas à étudier ce problème pour se concentrer sur le seul problème social.  Le flou va donc perdurer.

« Les commerciaux d’AXA doivent savoir. La loi prévoit que leur responsabilité peut être engagée en même temps que celle du groupe s’ils ont vendu des produits non-conformes », insiste Alain Arnaud. Les deux syndicalistes sont décidés à défendre leur cause jusqu’au bout. Le parti socialiste de Haute-Savoie leur a apporté son soutien et a décidé de saisir le gouvernement de leur cas.

 

 

 

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27 septembre 2013 5 27 /09 /septembre /2013 16:43

 

monde-diplomatique.fr

 

Réglementer la finance, une forfanterie sans suite

Une réforme bancaire qui enchante les banquiers

 

 

 

Le problème identifié, la solution coulait de source : les acrobaties financières d’une poignée de banquiers appelaient une réglementation vigoureuse de leur activité. Pourtant, alors qu’en France le gouvernement se félicite de ce que ses projets dans ce domaine ne « gênent » pas trop les banques, la réforme proposée par Bruxelles en décembre dernier s’emploie à les choyer.

par Dominique Plihon, mars 2013

« Cette année a été extrêmement difficile, en particulier pour les plus vulnérables de nos concitoyens. Mais nous nous attaquons en réalité aux causes profondes du problème : la santé des finances publiques s’améliore. Les économies les moins compétitives obtiennent de meilleurs résultats. Le secteur financier est en cours d’assainissement. Notre structure de gouvernance s’améliore. Nous ne crions pas victoire, mais il existe des raisons d’être optimiste et je pense que les investisseurs et les partenaires le reconnaissent. » Ainsi le président de la Commission européenne José Manuel Barroso se réjouissait-il, le 14 décembre 2012, de l’accord sur l’union bancaire conclu au Conseil européen de Bruxelles.

Débordées par une crise financière qu’elles n’ont pas su maîtriser, les autorités européennes s’agitaient depuis des mois pour tenter de réformer leur système de supervision bancaire. Lors du sommet européen de juin 2012, les gouvernements avaient chargé la Commission de formuler des propositions précises. Dès septembre, celle-ci avait rendu public son projet, d’inspiration résolument fédéraliste, qu’elle qualifiait de « saut quantique » pour l’Union. In fine, le programme de mesures adopté au sommet de décembre 2012 par les Vingt-Sept comporte trois volets principaux : une supervision centralisée des établissements financiers par la Banque centrale européenne (BCE) ; un fonds européen de garantie des dépôts ; un dispositif commun de résolution des faillites bancaires.

Quand le politique remplace l’administratif

Pour la plupart, les économistes médiatiques et les dirigeants politiques ont réservé un accueil favorable à ce qui est présenté comme une avancée dans le processus d’intégration. « Un pas de plus pour l’Europe », estime ainsi Mme Laurence Boone, directrice de la recherche économique de Bank of America - Merrill Lynch (1). Un succès « historique », s’exclame de son côté M. Michel Barnier, commissaire chargé du marché intérieur, à l’issue du sommet.

Certes, la crise a montré la contradiction entre le caractère de plus en plus internationalisé des banques européennes, d’une part, et les systèmes de supervision et de garantie des dépôts qui restent au niveau national, d’autre part. De même, le régime de faillite des banques relève de procédures nationales, alors que, du fait de la dimension internationale de leur activité, leurs défaillances entraînent un risque systémique, les crises se propageant au-delà des frontières.

Cependant, la régulation unifiée des établissements bancaires, telle que l’envisagent les dirigeants européens, ne s’attaque pas aux questions fondamentales posées par la crise. Le projet est centré sur la zone euro et ses dix-sept pays membres, comme le montre la volonté d’attribuer à la BCE le rôle de superviseur en chef, alors même qu’a été créée en 2010 une Autorité bancaire européenne (ABE) ayant vocation à superviser les banques des Vingt-Sept. Quels seront les rôles respectifs de ces deux organes ? Peut-on vraiment reprocher aux Britanniques de ne pas souhaiter relever de la BCE, puisque leur pays n’a pas adopté la monnaie unique ? C’est néanmoins à la City de Londres que se traitent 40 % des opérations en euros…

La création d’un fonds paneuropéen de garantie des dépôts — destiné à rembourser jusqu’à un certain seuil les épargnants en cas de faillite de leur établissement — soulève également de redoutables interrogations. Même si une harmonisation est en cours, il existe quarante régimes de garantie des dépôts dans l’Union européenne. Les autorités françaises et celles de l’ensemble des pays de l’Union se sont ainsi engagées à rembourser les clients des banques à concurrence de 100 000 euros. Mais qu’adviendra-t-il face aux difficultés de l’Espagne, de la Grèce et du Portugal ?

L’Allemagne ou la Finlande pourraient en effet refuser de cotiser au fonds, au motif que cela risquerait d’augmenter les transferts de revenus entre le nord et le sud de l’Europe. Ce que refusent la plupart des pays du Nord… Ce n’est pas un hasard si la chancelière allemande Angela Merkel a tout fait pour limiter le champ d’application de l’union bancaire, et obtenu que seules les deux cents plus grandes banques, sur les six mille que compte la zone euro, relèvent d’une régulation centralisée.

On trouve ici une nouvelle expression des choix politiques et idéologiques des Vingt-Sept : ceux d’une Europe dominée par les marchés, la concurrence et le pouvoir de la finance. Dans ce contexte, deux options se présentaient aux gouvernants : européaniser la garantie des dépôts pour faire face à la faillite éventuelle des grandes banques, ou imposer des limites à la taille des banques et des secteurs bancaires. C’est la première solution qui a été adoptée, permettant aux dirigeants européens de ne pas s’attaquer au poids exorbitant de la finance.

La désignation de la BCE comme superviseur unique et « indépendant » relève de la même logique. Pour les économistes libéraux, il s’agit en effet de limiter le rôle des facteurs politiques, afin de renforcer la « crédibilité » des décisions vis-à-vis des marchés financiers. Mais ces nouvelles prérogatives accroîtront considérablement le pouvoir d’une institution non élue. L’union bancaire fait ainsi un pas supplémentaire dans le sens d’une dépolitisation — les décisions sont prises de manière administrative — et d’une régression démocratique de la construction européenne.

Pour faire bonne mesure, les promoteurs de la réforme prétendent que la BCE sera soumise à des exigences accrues en matière de transparence. S’il est vrai que son président se rend régulièrement devant le Parlement européen pour répondre aux questions des parlementaires, on sait que cette intervention est purement formelle. Il en sera de même en matière bancaire. Ancien responsable de Goldman Sachs Europe, l’actuel président de la BCE, M. Mario Draghi, pourra en toute « indépendance » continuer de privilégier la haute finance par rapport à l’intérêt général…

Des conflits pourraient d’ailleurs surgir avec les gouvernements élus. Ainsi, comment concilier la supervision de la BCE, fondée sur la logique du marché, avec la création de banques publiques d’investissement — comme le gouvernement de M. Jean-Marc Ayrault en a le projet —, et plus largement d’un pôle bancaire public européen régi par des critères de décision non financiers ? Pour être cohérente et efficace, la réforme aurait nécessité une modification des statuts de la BCE afin de placer l’institution sous contrôle démocratique, à commencer par celui du Parlement européen.

Les réformes en cours ne remettent pas en cause la régulation et le fonctionnement des banques, dominés par la logique des marchés financiers européens et internationaux. La solvabilité des établissements dépend avant tout de leurs fonds propres — c’est-à-dire principalement du capital versé par les actionnaires —, et donc de l’appréciation des marchés, ce qui renforce le modèle de la banque actionnariale ayant pour objectif le rendement. Dans ce cadre, les liens entre les banques d’un pays et ses besoins de financement (entreprises, ménages, Etat) se distendent.

Les dirigeants européens auraient pu, là aussi, effectuer d’autres choix. Isoler, par exemple, un vaste secteur de banques de détail, qui se concentrent sur leur cœur de métier (la collecte de dépôts, le crédit de proximité, le financement des acteurs locaux et nationaux), et dont la solvabilité est assurée par des règles contraignantes, telles que l’interdiction d’opérations spéculatives et à hauts risques. L’objectif aurait été de séparer les activités de détail et d’investissement, à l’opposé du fonctionnement actuel qui mêle tous les métiers.

Toujours à la merci des spéculateurs

Aprement défendu par le monde de la finance, le modèle de la banque dite universelle prend la forme de groupes d’une taille considérable, appelés « grandes entités systémiques ». La crise de 2008 a montré les risques qu’il fait courir à la société et aux entreprises : les fonds propres et les dépôts des banques de détail ont été siphonnés par les pertes des activités spéculatives. La banque d’investissement Natixis a ainsi mis en danger le groupe Banque populaire Caisse d’épargne (BPCE), auquel elle appartient, en accumulant entre 5 et 8 milliards d’euros de pertes à la suite d’investissements sur les produits toxiques américains. Ces liaisons dangereuses ont réduit la capacité à financer le secteur productif. La récession économique durable dont souffre la zone euro trouve là l’une de ses causes.

Pourtant, comme s’il ne s’était rien passé, les autorités européennes s’apprêtent à conforter le modèle des banques universelles. Le rapport Liikanen (2) (octobre 2012), commandé par la Commission, se contente de préconiser la création de filiales spécialisées pour les opérations de trading pour compte propre et à haut risque, c’est-à-dire les opérations spéculatives effectuées par les banques avec leurs capitaux propres. Cette mesure minimale ne conduira pas à la séparation entre banque de détail et banque d’investissement, imposée aux Etats-Unis par le président Franklin D.Roosevelt avec le Glass-Steagall Act, en 1933, et en France par le programme du Conseil national de la Résistance, en 1944. Ces politiques avaient permis pendant plusieurs décennies d’éviter les crises bancaires, jusqu’à ce qu’elles soient remises en cause (en 1984 en France, en 1999 aux Etats-Unis). Apparemment, ceux qui nous gouvernent aujourd’hui ne souhaitent pas tirer les leçons de l’histoire.

Le gouvernement français a décidé à la fin 2012 d’élaborer sa propre réforme bancaire, se mettant ainsi en porte-à-faux avec l’objectif d’unifier les changements à l’échelle de l’Union européenne. Dans son discours électoral du Bourget, le 22 janvier 2012, M. François Hollande avait promis de « maîtriser la finance (…) par le vote d’une loi sur les banques qui les obligera à séparer leurs activités de crédit de leurs opérations spéculatives ». Or, sous la pression des lobbies concernés, le gouvernement français a concocté un projet de loi qui va encore moins loin que les recommandations du rapport Liikanen.

En effet, le document présenté au conseil des ministres le 19 décembre 2012 opère une distinction floue entre activités bancaires « utiles » et activités « spéculatives » (titre I, article 1). Le glissement sémantique d’« activités de crédit » à « activités utiles », notion pour le moins subjective, « mène inéluctablement à une non-réforme, car le débat sur l’utilité d’une activité bancaire ne réunira jamais le consensus des différentes parties prenantes », remarque l’association Finance Watch (3). Les opérations de « fourniture de services d’investissement » (c’est-à-dire les opérations de marché), ainsi que celles de « tenue de marché sur instruments financiers » (en particulier la spéculation sur les produits dérivés), pourront rester au sein de la banque de détail, car elles peuvent être « utiles » (sic !) à la clientèle et au financement de l’économie.

Certes, le projet de loi prévoit d’interdire aux banques le commerce des produits dérivés de matières premières agricoles, ainsi que le trading à haute fréquence (4), qui correspond aux ordres de Bourse passés automatiquement par des ordinateurs pour profiter à chaque fraction de seconde d’un écart de taux favorable. Si elles vont dans le bon sens, ces dernières mesures ne concernent qu’une faible partie des activités spéculatives. Au total, d’après les estimations présentées par les banquiers eux-mêmes, la réforme n’aura un effet contraignant que sur 2 à 4 % de l’activité bancaire en France (5)…

Les défenseurs de la nouvelle loi font valoir que le texte, dans son titre II, renforcera le pouvoir des autorités bancaires (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, ACPR) et le contrôle des marchés (Autorité des marchés financiers). Mais de quels pouvoirs disposeront ces instances face à de tels mastodontes ? Le bilan cumulé des trois grandes banques françaises représente deux fois et demie le produit intérieur brut (PIB) du pays ! Seule une séparation complète des banques de détail et des banques d’investissement permettrait de sécuriser un peu l’économie et la société.

Le projet de loi a été attaqué de toutes parts pour ses insuffisances. Pour répondre à ces critiques, le groupe socialiste a proposé des amendements pour muscler la réforme bancaire. Ceux-ci visent à mieux définir et à limiter les opérations de « tenue de marché » jugées utiles pour assurer la liquidité des produits financiers, c’est-à-dire la capacité des acteurs à négocier aisément ces derniers. Mais ces amendements ne conduiront pas à une véritable séparation des activités de banque de détail et de banque d’investissement.

Les réformes en cours, à l’échelle de l’Union européenne, de la zone euro et de la France présentent toutes un point commun : aucune ne remet en cause ni le pouvoir ni la capacité de nuisance des grandes banques universelles qui dominent la finance globale.

 

Dominique Plihon


Professeur d’économie financière à l’université Paris-XIII, membre du conseil scientifique de l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (Attac).

(1) Les Echos, Paris, 19 décembre 2012.

(2) «  Rapport de la commission d’experts européens sur la réforme bancaire  » (PDF). M. Erkki Liikanen préside la banque centrale finlandaise.

(3) Lettre de Finance Watch à M. Pierre Moscovici, ministre de l’économie et des finances, 11 décembre 2012.

(4) Lire Paul Lagneau-Ymonet et Angelo Riva, «  Une directive européenne pour doper la spéculation  », Le Monde diplomatique, septembre 2011.

(5) «  Réforme bancaire : une loi pour rien  », L’Express, Paris, 19 décembre 2012.

 

 

 

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27 septembre 2013 5 27 /09 /septembre /2013 16:28

 

marianne.net

Qatar : des « esclaves modernes » morts sur les chantiers de la Coupe du monde
Vendredi 27 Septembre 2013 à 16:35

 

Arthur Berdah

 

 

VIGUIER SERVANE/SIPA
VIGUIER SERVANE/SIPA

Selon des documents révélés par le quotidien britannique The Guardian, plusieurs dizaines d’ouvriers népalais seraient morts cet été sur des chantiers affectés à l’organisation de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Les faits seraient survenus entre le 4 juin et le 8 août dernier. Et ce sont au moins 44 ouvriers népalais qui seraient effectivement décédés. Employés dans des conditions d’exploitation qui relèvent de l’esclavage moderne, la plupart d’entre eux étaient extrêmement précaires. Précaires, et très jeunes. Assez, d’ailleurs, pour se « tuer au travail », comme le veut la formule. Beaucoup trop, en revanche, pour en mourir réellement.

Et pourtant. La plupart de ces ouvriers, étrangers selon le Guardian, ont subi des violations multiples de normes internationales en matière de droit des travailleurs. Ils ont notamment été les cibles d’un travail forcé, parfois par 50°C, et se sont heurtés à un refus d'accès à l'eau potable, qui y est pourtant gratuite. Enfin, au terme de journées aussi longues qu’insoutenables, les ouvriers affrontent des nuits presque aussi terribles, à douze dans une seule et même chambre d’hôtel, la plupart du temps insalubre. 
 
Au Qatar,si de telles conditions peuvent être imposées aux travailleurs, c’est que les immigrés –et donc le travail à bas prix, source d’une concurrence malsaine- constituent plus de 90% de la main-d'œuvre. Le taux le plus élevé du monde. « 1,5 million d'ouvriers supplémentaires doivent être recrutés pour construire les stades, les routes, les ports et les hôtels nécessaires au bon déroulement du tournoi » rapporte par ailleurs le quotidien d’outre-Manche. 

Ce sont les Népalais qui constituent la main-d'œuvre principalement employée pour l'organisation du Mondial. Ils comptent pour 40 % des étrangers employés dans l’Émirat, et plus de 100 000 se sont encore rendus au Qatar l'an passé. Obligés de s'endetter pour s’y rendre, ces travailleurs font face à des taux d'intérêt, pour rembourser leurs emprunts, surréalistes : 36%, selon le journal. D’autant que leurs salaires sont bien souvent retenus, et payés avec plusieurs mois de retard. Un moyen de les forcer à rester sur place.
 
Ainsi, la Confédération internationale des syndicats a assuré dans les colonnes du Guardian ce jeudi que si le rythme actuel des décès venait à se poursuivre, ce sont 4000 ouvriers qui pourraient perdre la vie au travail dans l'Émirat, et ce avant même le coup d'envoi du Mondial 2022. Une situation aussi alarmante qu’inacceptable, pour la Confédération qui a aussitôt appelé à une réaction du Comité suprême Qatar 2022. « Profondément préoccupée par ces allégations visant certains prestataires et sous-traitants du site de construction de Lusail City, la structure chargée de préparer la Coupe du monde a assuré qu’elle considère la question avec le plus grand sérieux ».

Une sortie qui en a de fait entraîné d’autres, dont celle du Comité organisateur de la compétition, pour qui « la santé, la sécurité et le bien-être de tous ceux qui travaillent à la préparation de la Coupe du monde 2022 sont de la plus haute importance ». Des paroles qui, on l’espère, seront suivies d’actes.
 
Ainsi le Qatar, cette destination de rêve pour les joueurs de football en fin de carrière, où ils côtoient relaxation et opulence pendant quelques mois, s’est-elle dans le même temps transformée en une destination cauchemardesque pour ces jeunes ouvriers. De quoi se demander comment sont répartis les 200 Mds de dollars investis par la péninsule pour l’organisation du Mondial…

Vendredi 27 Septembre 2013 à 16:35

 

Arthur Berdah

 

 

VIGUIER SERVANE/SIPA
VIGUIER SERVANE/SIPA

Selon des documents révélés par le quotidien britannique The Guardian, plusieurs dizaines d’ouvriers népalais seraient morts cet été sur des chantiers affectés à l’organisation de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Les faits seraient survenus entre le 4 juin et le 8 août dernier. Et ce sont au moins 44 ouvriers népalais qui seraient effectivement décédés. Employés dans des conditions d’exploitation qui relèvent de l’esclavage moderne, la plupart d’entre eux étaient extrêmement précaires. Précaires, et très jeunes. Assez, d’ailleurs, pour se « tuer au travail », comme le veut la formule. Beaucoup trop, en revanche, pour en mourir réellement.

Et pourtant. La plupart de ces ouvriers, étrangers selon le Guardian, ont subi des violations multiples de normes internationales en matière de droit des travailleurs. Ils ont notamment été les cibles d’un travail forcé, parfois par 50°C, et se sont heurtés à un refus d'accès à l'eau potable, qui y est pourtant gratuite. Enfin, au terme de journées aussi longues qu’insoutenables, les ouvriers affrontent des nuits presque aussi terribles, à douze dans une seule et même chambre d’hôtel, la plupart du temps insalubre. 
 
Au Qatar,si de telles conditions peuvent être imposées aux travailleurs, c’est que les immigrés –et donc le travail à bas prix, source d’une concurrence malsaine- constituent plus de 90% de la main-d'œuvre. Le taux le plus élevé du monde. « 1,5 million d'ouvriers supplémentaires doivent être recrutés pour construire les stades, les routes, les ports et les hôtels nécessaires au bon déroulement du tournoi » rapporte par ailleurs le quotidien d’outre-Manche. 

Ce sont les Népalais qui constituent la main-d'œuvre principalement employée pour l'organisation du Mondial. Ils comptent pour 40 % des étrangers employés dans l’Émirat, et plus de 100 000 se sont encore rendus au Qatar l'an passé. Obligés de s'endetter pour s’y rendre, ces travailleurs font face à des taux d'intérêt, pour rembourser leurs emprunts, surréalistes : 36%, selon le journal. D’autant que leurs salaires sont bien souvent retenus, et payés avec plusieurs mois de retard. Un moyen de les forcer à rester sur place.
 
Ainsi, la Confédération internationale des syndicats a assuré dans les colonnes du Guardian ce jeudi que si le rythme actuel des décès venait à se poursuivre, ce sont 4000 ouvriers qui pourraient perdre la vie au travail dans l'Émirat, et ce avant même le coup d'envoi du Mondial 2022. Une situation aussi alarmante qu’inacceptable, pour la Confédération qui a aussitôt appelé à une réaction du Comité suprême Qatar 2022. « Profondément préoccupée par ces allégations visant certains prestataires et sous-traitants du site de construction de Lusail City, la structure chargée de préparer la Coupe du monde a assuré qu’elle considère la question avec le plus grand sérieux ».

Une sortie qui en a de fait entraîné d’autres, dont celle du Comité organisateur de la compétition, pour qui « la santé, la sécurité et le bien-être de tous ceux qui travaillent à la préparation de la Coupe du monde 2022 sont de la plus haute importance ». Des paroles qui, on l’espère, seront suivies d’actes.
 
Ainsi le Qatar, cette destination de rêve pour les joueurs de football en fin de carrière, où ils côtoient relaxation et opulence pendant quelques mois, s’est-elle dans le même temps transformée en une destination cauchemardesque pour ces jeunes ouvriers. De quoi se demander comment sont répartis les 200 Mds de dollars investis par la péninsule pour l’organisation du Mondial…

 

 

 

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27 septembre 2013 5 27 /09 /septembre /2013 16:20

 

 

blogs.mediapart.fr

Dassault veut censurer Mediapart

Mediapart est assigné à comparaître, mardi 8 octobre, devant la dix-septième chambre du tribunal de Paris par Serge Dassault. Cette assignation en référé d’heure en heure entend obtenir l’interdiction « de toute publication », qu’elle soit « écrite ou audiovisuelle », « de tout ou partie des enregistrements » révélés par Mediapart dans lesquels le sénateur milliardaire reconnaît la corruption électorale à Corbeil-Essonnes.

Décidément, informer sur les infractions qui pourraient être commises par les puissants est, en France, une bataille sans fin. Trois ans après ses révélations sur l’affaire Bettencourt dont l’intérêt public a encore été illustré cette semaine avec la validation de la procédure judiciaire (lire ici), Mediapart a dû censurer cet été plus de soixante-dix articles après que la justice ait – provisoirement, nous l’espérons – donné raison au gestionnaire de fortune de l’héritière milliardaire, Patrice de Maistre (lire ici et ). Alors que nous nous sommes pourvus en cassation contre un arrêt qui marque une grave régression du droit à l’information, nous sommes de plus renvoyés par les juges de Bordeaux devant un tribunal correctionnel, à l’instar de l'ex-majordome de Mme Bettencourt – lequel assume et revendique ses actes –, pour n’avoir effectué que notre métier, à savoir informer le public dans le strict respect de la déontologie journalistique (lire ici).

Et maintenant voici venir la censure Dassault, contre laquelle nous allons évidemment nous battre pied à pied avec nos avocats, Mes Jean-Pierre Mignard et Emmanuel Tordjman, au nom du droit de savoir des citoyens, cette liberté fondamentale qui protège l’information d’intérêt public. Les faits que nous avons révélés, le 15 septembre sous les signatures de Fabrice Arfi, Michaël Hajdenberg et Pascale Pascariello (lire ici et ), n’ont évidemment rien à voir avec la vie privée de Serge Dassault. Ils sont la pièce manquante, depuis saisie par la police sur réquisition judiciaire (lire ici), d’un puzzle en cours d’assemblage par pas moins de trois enquêtes de justice, lequel puzzle met en évidence des pratiques attestées de corruption électorale, d’achat de votes, de liens avec des milieux criminels, etc.

C’est néanmoins la vie privée du sénateur et milliardaire, par ailleurs patron de presse, qu’invoquent ses avocats, Mes Jean Veil et Pierre Haïk. S’appuyant sur les décisions que nous contestons devant la Cour de cassation sur l’affaire Bettencourt, il estiment que « le droit à l’information du public ne peut en aucun cas justifier la diffusion d’enregistrements clandestins » et qualifient celle-ci de « grave atteinte à la vie privée, constitutive d’un trouble manifestement illicite ». Si elle entrait définitivement dans notre jurisprudence, cette interprétation signifierait une immense régression du droit à l’information car elle ruinerait le droit du public à être immédiatement informé des éléments de preuves fondant nos révélations. Jusqu’alors, une jurisprudence libérale, confirmée par la Cour européenne des droits de l’homme, protégeait le droit de la presse en estimant que l’intérêt public manifeste d’une information, et notamment la révélation de délits ou de crimes, l’emportait sur l’origine éventuellement illicite des preuves sur lesquels elle s’appuyait.

Tel est le débat fondamental qui se tiendra devant le tribunal de Paris, le 8 octobre à partir de 10 h 30. Son enjeu immédiat est la sauvegarde des informations révélées par Mediapart qui sont, aujourd’hui, au cœur des investigations policières et judiciaires, comme ce fut le cas, en 2010, pour les enregistrements Bettencourt, devenus d’évidentes preuves pour la justice. Serge Dassault demande en effet leur suppression totale, sous astreinte de 10.000 euros par jour de retard. Il demande de surcroît l’interdiction de les publier « sur toute publication papier, électronique ou autre », de nouveau sous astreinte de 10 000 euros par extrait publié. Il demande enfin notre condamnation à lui payer 1 000 euros pour « réparation de son préjudice ».

S’il fallait une raison supplémentaire pour soutenir notre appel (il est ici), lancé avec Reporters sans Frontières (RSF), en défense du droit de savoir, Serge Dassault vient de la fournir. Face à la révolution numérique, à ses potentialités libératrices, à ses informations partagées, à ses citoyens lanceurs d’alertes, à ses réseaux horizontaux échappant aux pouvoirs établis, une contre-offensive prend forme, à l’échelle nationale et internationale. Elle entend non seulement empêcher la conquête et l’exercice de nouvelles libertés démocratiques, mais aussi, à cette occasion, faire reculer les droits existants, et notamment le droit de la presse tel qu’il fut conquis et construit.

C’est pourquoi nous vous invitons à vous mobiliser en défense de la liberté de l’information, du secret des sources et des lanceurs d’alertes. C’est le thème de la réunion publique, reprenant l’intitulé de notre appel commun, que nous organisons dimanche 29 septembre avec Reporters sans Frontières : « Nous avons le droit de savoir ». Elle se tient à partir de 19 h 30 au Théâtre de la Ville, place du Châtelet à Paris, et sera retransmise en direct sur Mediapart. Parmi les nombreux intervenants (le programme est ici), vous pourrez notamment entendre, outre les intellectuels Pierre Rosanvallon et Edgar Morin ainsi que MeJean-Pierre Mignard, le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, qui interviendra en duplex depuis l’ambassade de l’Équateur à Londres où il est reclus depuis plus d’un an.

Signez et faites signer l’appel si ce n’est déjà fait, et rendez-vous dimanche soir. En attendant, merci de votre soutien et de votre fidélité, tant nous ne sommes rien sans vous.

 

   
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27 septembre 2013 5 27 /09 /septembre /2013 15:58

 

mediapart.fr

Radiographie d’un budget de droite

|  Par Laurent Mauduit

 

 

 

Austérité renforcée, relèvement des impôts les plus injustes sur les ménages pour multiplier les cadeaux aux entreprises. Concocté par l'Élysée et Matignon, le projet de loi de finances pour 2014 est strictement conforme aux arbitrages qu'aurait pu rendre... Nicolas Sarkozy.

Le conseil des ministres a examiné ce mercredi 25 septembre le projet de loi de finances pour 2014. Alors que de nombreuses dispositions, notamment fiscales, ont fait l’objet de fuites ces dernières semaines dans la presse, il ne réserve pas de surprise notable. Mais maintenant que ses grands équilibres sont connus, c’est sa cohérence d’ensemble qui transparaît. Et le doute n’est plus permis : c’est clairement un budget de droite que le gouvernement socialiste a mis au point pour 2014. Un budget de droite à un double titre : parce qu’il projette une aggravation de la politique d’austérité, avec une rafale de mesures d’économies budgétaires ; et parce qu’il prévoit des réformes fiscales très injustes, organisant un massif transfert de charges au profit des entreprises et au détriment des ménages.

Certes, il faut toujours se défier des chiffres budgétaires qui sont dévoilés, chaque année, à l’issue du conseil des ministres qui a examiné le projet de loi de finances de l’année suivante. Car, dans le rituel assez peu démocratique de Bercy, le gouvernement, qu’il soit de droite ou de gauche, fait rituellement des grands roulements de tambour autour de ses choix budgétaires, mais sans rendre encore public le projet de loi de finances en tant que tel. En clair, c’est autour d’un dossier de presse que les ministères des finances et du budget organisent une communication sur mesure, sans que l’on puisse toujours repérer les habiletés, les zones d’ombre sinon même les injustices de ce projet de loi.

Et dans cet exercice de communication – sinon d’intox –, il faut admettre que Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve ont fait cette année encore plus fort que leurs prédécesseurs. Car si dans le vaste dossier de presse qu’ils ont diffusé mercredi matin sous embargo, les grands équilibres de ce projet de loi de finances pour 2014 sont détaillés, de même que le volet des dépenses avec le détail des mesures d’austérité qui sont envisagées, le volet des recettes, lui, fait l’objet d’une étrange présentation. Dans le dossier de Bercy, on ne trouve en effet que les « fiches cuisine » des différentes mesures fiscales nouvelles qui sont envisagées – et encore pas toutes. Au prétexte que la disposition a déjà été votée en loi de finances rectificative, les hausses de TVA, qui entrent en application le 1er janvier prochain et qui constituent la principale mesure fiscale de l’année 2014, ne sont ainsi pas même mentionnées. Formidable tour de prestidigitation : la mesure la plus spectaculaire en même temps que la plus injuste passe à la trappe.

Et surtout, Bercy s’est bien gardé de publier, comme c’est pourtant l’usage chaque année, un tableau récapitulatif d’ensemble, présentant le total des allègements offerts aux entreprises ou le total des impôts nouveaux qui vont peser sur les ménages, et en particulier sur les plus modestes.

Mais quand on s’applique à faire l’addition de l’ensemble des mesures fiscales envisagées, le constat apparaît vite : ce sont effectivement les salariés et les ménages qui seront lourdement mis à contribution, tandis que les entreprises seront avantagées. En bref, à quelques petits symboles près ou quelques priorités affichées, celle de l’éducation par exemple, ce projet de loi de finances pour 2014 aurait pu tout aussi bien être présenté sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Avant de le vérifier en examinant le détail de ces mesures, voici d’abord le dossier de presse établi par Bercy :

* Les grands équilibres du budget 2014

« Un budget pour la croissance » ; « un budget orienté vers l’emploi et le pouvoir d’achat » ; « un budget orienté vers l’avenir » : si on lit les grandes têtes de chapitres du dossier budgétaire publié par Bercy, il est malaisé de se rendre compte de la violence des arbitrages rendus par l’Élysée et Matignon, tant le ton est lénifiant ou use d'antiphrase.

Mais dès que l’on examine les grands équilibres du budget, on comprend mieux que c’est effectivement le choix d’une austérité renforcée qu’a fait le gouvernement. Sur la base d’une hypothèse de croissance économique très modeste (+0,9 % en 2014, après +0,1 % en 2013 et 0 % en 2012 à comparer à +0,8 % en 2014, selon le « consensus » des économistes français), qui ne générera que très peu de recettes fiscales complémentaires de manière spontanée, hors mesures nouvelles, le gouvernement ne se fixe pas moins l’objectif de réduire les déficits publics de -4,8 % du produit intérieur brut (PIB) en 2012 à -4,1 % en 2013 et -3,6 % en 2014. Ces chiffres donnent donc la mesure exacte du plan d’austérité que le gouvernement veut mettre en chantier. 

 

 

Car, à ce niveau de croissance faible, et compte tenu des effets boule de neige de la dette, les déficits publics risquent de se dégrader mécaniquement à hauteur de 0,4 point de PIB. Pour atteindre le but affiché par le gouvernement d’une réduction des déficits publics de 0,5 point de PIB, il faudra donc au total engager un plan d’austérité équivalent à 0,9 point de PIB. Ce qui correspond à environ 18 milliards d’euros.

D’où les deux grandes orientations budgétaires retenues par le gouvernement : pour parvenir à trouver ces 18 milliards d’euros, Bercy veut réaliser 14,8 milliards d’euros d’économies budgétaires en coupant dans certains crédits publics et sociaux, et engranger 3 milliards d’euros d’impôts nouveaux.

Affichant la philosophie libérale qui a présidé à ces choix, et en voulant minimiser le recours à l’impôt qui a fait si violemment controverse ces dernières semaines, le ministère des finances se glorifie de son projet de loi, en soulignant que 80 % de l’effort nécessaire sera donc fait par le biais des économies budgétaires, et 20 % seulement par celui des hausses d’impôt. On verra plus bas que cet affichage, toutefois, est pour le moins contestable, parce que dans ce calcul le gouvernement ne fait donc pas apparaître différentes mesures, et notamment les hausses de TVA au 1er janvier prochain, pour un gain de 6,5 milliards d’euros en 2014. Si on les prend en compte, le total de l’effort global qui sera demandé aux Français est donc très différent : on arrive à 24,5 milliards d’euros. Et la décomposition entre économies budgétaires et impôts nouveau est aussi très différente puisque cela fait progresser les impôts nouveaux à 9,5 milliards d’euros.

Soit dit en passant, dans son calcul global, le gouvernement n’intègre pas plus les hausses des cotisations retraite, prévues au terme de sa réforme des retraites. On sait en effet que ces cotisations vieillesse seront augmentées de 0,15 point en 2014, puis 0,05 supplémentaire en 2015, 2016 et 2017, soit au total +0,3 point pour les actifs comme pour les employeurs en 2017. Soit 3,2 milliards d’euros d’ici 2040 à la charge des ménages et 3,2 milliards à la charge des entreprises – étant entendu que, pour elles, cet alourdissement des charges sera compensé intégralement sans dote... sur le dos des ménages ! Dans son calcul global, le gouvernement a donc omis aussi de faire figurer l’effet de ce plan pour 2014.

Avant d’entrer dans le détail de ces dispositions, il faut, quoi qu’il en soit, se poser une question : alors que la France sort de deux années consécutives de quasi-croissance zéro et d’envolée historique du chômage, cette purge de 24,5 milliards d’euros est-elle opportune ? On devine la réponse de bon sens : elle risque de freiner une croissance qui pourtant risque déjà d’être bien faible en 2014.

* Les grands équilibres du plan d’austérité

Officiellement, le plan d’économies dessiné par le gouvernement portera donc sur presque 15 milliards d’euros (14,8 pour être précis), dont 9 milliards d’euros d’économies sur le budget de l’État et 6 milliards d’économies provenant, comme le dit le dossier de presse de Bercy, de la « sphère sociale ».

 

 

 À ce niveau de généralité des chiffres, il est difficile de comprendre les conséquences concrètes des mesures prises par le gouvernement. Mais, quand on entre un peu plus dans le détail, on saisit mieux à quel point les mesures annoncées risquent souvent d’être socialement douloureuses.

  • Les économies sur la « sphère sociale »

Sur ces 6 milliards d’euros d’économies qui sont programmées par le gouvernement, 2,9 milliards doivent provenir d’économies sur les dépenses de l’une des banches de la Sécurité sociale, celle de l’assurance maladie. Il s’agit d’une somme énorme. Pour le comprendre, il suffit d’avoir à l’esprit que compte tenu du vieillissement démographique et de l’amélioration des techniques médicales, les dépenses de santé ont évolué de manière dynamique ces dernières années : en moyenne de +4,2 % par an entre 2002 et 2011. Or, le gouvernement veut que, pour 2014, l’objectif d’évolution de ces dépenses d’assurance maladie (ce que les experts appellent l’« Ondam ») ne dépasse pas 2,4 %, soit l’objectif le plus faible affiché depuis 1998. Même si, en exécution, cet objectif est toujours dépassé, cela donne la mesure du plan d’austérité qu’envisage le gouvernement sur les dépenses sociales.

Le dossier de presse de Bercy est très elliptique sur les moyens d’administrer cette purge sociale. Il dit juste que ces économies « porteront principalement sur des baisses de prix de médicaments, des baisses de tarifs dans certaines spécialités, la maîtrise médicalisée et des gains de productivité dans le secteur hospitalier ». Mais concrètement quelle forme prendra notamment « la maîtrise médicalisée » et les « gains de productivité dans le secteur hospitalier » ? Cela n’est pas précisé et cela n’augure sans doute rien de très bon. Car de la maîtrise médicalisée au rationnement des soins, il peut arriver que la frontière soit ténue.

La réforme des retraites, dans ses différents volets, va aussi commencer à produire ses effets. Au total, elle devrait générer des économies à hauteur de 2 milliards d’euros. Sur ce montant, 1 milliard d’euros devrait provenir de l’accord conclu par les partenaires sociaux visant à relever les retraites complémentaires de seulement 0,8 % à compter de 2013, pour une inflation évaluée à 1,8 %. Autrement dit, une partie de ces économies proviendra d’une baisse du pouvoir d’achat des retraités.

Pour les retraites de base, la réforme du gouvernement est étalée sur le très long terme – avec notamment l’allongement de la durée d’activité et la hausse des cotisations retraite que nous venons d’évoquer. Il existe pourtant des mesures à effet 2014. Pour n’en citer qu’une, le décalage au 1er octobre au lieu du 1er avril de la date de revalorisation des retraites générera 800 millions d’euros d’économies en 2014.

* Les économies sur les budgets de l’Etat

C’est aussi un plan d’austérité – comme on va le voir, le terme n’a rien d’exagéré – que le gouvernement envisage donc pour les crédits de l’État. Au total, il va atteindre 9 milliards d’euros en 2014, dont 2,6 milliards d'euros au titre des dépenses de fonctionnement ; 3,3 milliards d’euros pour ce qu’il est convenu d’appeler « concours aux autres entités » et 2,6 milliards pour le titre « autres dépenses ».

Arrêtons-nous d’abord sur les crédits de fonctionnement. Ce poste est très important parce que sur les 2,6 milliards d’euros envisagés par le gouvernement pour 2014, 1,7 milliard d’euros d’économies doit être prélevé sur la masse salariale de la fonction publique. Gouvernement de gauche, élu par les gros bataillons de la fonction publique, l’équipe de Jean-Marc Ayrault n’entend pas moins mettre les fonctionnaires à la diète.

Il est prévu que cela se passe de trois manières. D’abord, le projet de loi de finances pour 2014 prévoit une « stabilité du point de la fonction publique ». Traduction : même si le ministère des finances escompte une hausse des prix de 1,3 % en 2014, il n’y aura pas de revalorisation générale des rémunérations publiques et le pouvoir d’achat des fonctionnaires va globalement baisser. C’est donc, là encore, le cap Sarkozy qui est confirmé.

Ce blocage des salaires s'accompagnera dans le même temps d'une baisse des mesures catégorielles : ces crédits seront limités en 2014 à 270 millions d’euros, contre 550 millions en moyenne en 2008-2012. Dans ce cas, l’austérité est donc même renforcée par rapport au quinquennat Sarkozy.

Et pour finir, les effectifs publics vont aussi en faire les frais. On sait en effet que sur la durée du quinquennat, François Hollande a annoncé qu’il créerait 60 000 postes dans l’éducation nationale et 5 000 dans les secteurs de la justice et de la sécurité, mais qu’il en supprimerait autant ailleurs, pour que le solde soit nul. Mais pour 2014 – et c’est une nouvelle preuve de ce choix de l’austérité –, l’évolution sera dépressive : s’il y aura 10 979 créations de postes publics dans les ministères prioritaires (dont 9 984 pour l’éducation), il y aura dans le même temps 13 123 suppressions de postes dans les autres ministères. Au total, le solde net sera donc négatif : les effectifs publics devraient diminuer de 2 144 postes.

 

La rubrique « autres dépenses » sur laquelle 2,6 milliards d’euros d’économies sont prévues recouvre, en fait, les crédits ministère par ministère. Il faudra y porter dans les prochains jours une grande attention, parce que des coupes claires préoccupantes sont sans doute envisagées, sans que l’on puisse encore nettement les identifier aujourd’hui.

Pour l’heure, les indications de Bercy ne sont en effet que sommaires, comme on le constatera dans le tableau ci-dessous. Mais d’une ligne de crédit à l’autre, on devine des arbitrages lourds de conséquence : -163 millions d’euros en moins pour l’Aide au développement ; -550 millions d’euros au titre de la prime d’apprentissage ; -55 millions au titre de l’arrêt des grands chantiers du ministère de la culture ; -177 millions d’euros au titre des aides personnalisées au logement, etc.

Ce sont donc des choix qui risquent de susciter de vives controverses dans les prochaines semaines. Que n’avaient dit les socialistes quand François Fillon avait lui-même engagé des économies sur les aides personnalisées au logement, qui profitent à des populations modestes ou même en difficulté ?

* La rafale des impôts nouveaux

C’est donc l’autre volet du projet de loi de finances pour 2014, qui atteste de la volonté du gouvernement de conduire une politique d’austérité. Plus que cela ! De conduire une politique d’austérité d’un genre particulier : les entreprises sont en effet épargnées, tandis que les ménages vont supporter une rafale d’impôts nouveaux.

Comme on l’a vu, le détail de ces dispositions en même temps que leur impact sont difficiles à apprécier puisque, de manière très contestable, le gouvernement a exclu du dossier de presse tout le dispositif du « choc de compétitivité », au motif qu’il a déjà été ratifié par la dernière loi de finances rectificative. En clair, dans sa communication à l’issue du conseil des ministres, le gouvernement a fait le choix stupéfiant de ne pas faire apparaître les 20 milliards d’euros qui sont progressivement apportés aux entreprises, sous forme de crédit d’impôt, ni non plus les mesures qui ont été choisies pour financer ce cadeau sans contrepartie.

Or, dans le lot de ces mesures de financement, on sait qu’il y a notamment les hausses de TVA annoncées. Ces hausses retiennent d’autant plus l’attention que la gauche en général et François Hollande en particulier avaient toujours dit que cette taxe était l’un des prélèvements les plus injustes qui existe dans le système français des prélèvements obligatoires, son poids pesant relativement plus sur les revenus modestes que sur les revenus élevés.

Concrètement, les principaux taux de TVA seront modifiés, conformément à l'article 68 de la loi n° 2012-1510 du 29 décembre 2012, troisième loi de finances rectificative pour 2012 : le taux réduit de TVA sera abaissé de 5,5 % à 5 % ; le taux intermédiaire sera porté de 7 % à 10 % ; le taux normal sera augmenté de 19,6 % à 20 %. Aux 3 milliards d’euros d’impôts nouveaux que se borne à annoncer le gouvernement, il faut donc bel et bien ajouter ces hausses de TVA, qui pèseront sur les ménages et qui serviront à financer le cadeau fait aux entreprises.

Cette première indication permet donc de mieux comprendre comment se répartit le reste des 3 milliards d’euros nouveaux, annoncés par le gouvernement. Car, à lire rapidement les mesures, on pourrait penser que le gouvernement a choisi de taxer indistinctement les entreprises et les ménages. Or, c’est faux ! Il est entendu que si quelques taxes complémentaires sont programmées sur les entreprises, les allègements par ailleurs prévus, et notamment dans le cadre de ce « choc de compétitivité », conduiront à ce que le bilan des réformes fiscales soit neutre pour les entreprises. En clair, les seules véritables hausses concerneront les ménages.

Voici, concrètement le détail des mesures envisagées :

* Fiscalité globalement inchangée pour les entreprises

L’engagement pris par le gouvernement est donc une stabilité globale des prélèvements sur les entreprises. Mais cette stabilité recouvre différentes réformes, qui jouent à la hausse ou à la baisse.

Parallèlement à la suppression de l’imposition forfaitaire annuelle, qui ne tient pas compte de la situation réelle des entreprises et de leur rentabilité, le gouvernement propose de créer une contribution sur l’excédent brut d’exploitation (EBE), qui devrait rapporter 2,4 milliards d’euros en 2014. Cette taxe sera équivalente à 1 % de l’EBE. Ce taux est le produit d’une formidable reculade de la part du gouvernement puisque, voici peu de temps encore, il était question d’un taux de 3 %.

Parmi d’autres dispositions de portée très mineure, le projet de loi de finances prévoit aussi l’instauration d’une taxe provisoire, en 2014 et 2015, pour les rémunérations des cadres dirigeants des entreprises, dont la rémunération annuelle dépasse 1 million d’euros. Cette taxe sera de portée purement symbolique, puisqu’elle rapportera seulement 260 millions d’euros en 2014 et 160 millions d’euros en 2015. Et surtout, elle porte aussi la marque d’une formidable reculade. On se souvient en effet qu’initialement François Hollande voulait instaurer une taxe de 75 % pour ces revenus. Puis, après une censure du Conseil constitutionnel, le chef de l’État a changé le dispositif. D’abord, le taux de 75 % a disparu. Et puis surtout la taxe est à la charge non plus des bénéficiaires mais des entreprises. Autrement dit, la mesure ne risque guère de pousser à la modération ou à la moralisation des rémunérations des grands patrons.

* Hausses d’impôt en cascade pour les ménages

Par contraste, ce qui frappe dans ce projet de loi de finances pour 2013, c’est que les salariés et les ménages sont mis très rudement à contribution. Alors que, avant l’élection présidentielle François Hollande avait promis une « révolution fiscale » pour refonder un impôt citoyen et progressif, le projet a, depuis l’alternance, été remisé aux oubliettes. Et c’est finalement vers des hausses de TVA, pour 6,5 milliards d’euros en 2014, que s’est arrêté le choix du gouvernement. Au total, ce budget de 2014 va donc renforcer l’iniquité du système fiscal français. Il est très proche de la philosophie fiscale que Nicolas Sarkozy avait dévoilée en février 2007 et va radicalement à l'opposé des promesses socialistes.

Mais c’est encore plus grave que cela, puisque, à ces hausses de TVA, il faut encore ajouter toutes ces autres augmentations, qui sont planifiées pour 2014.

D’abord, le plafond du quotient familial sera abaissé de 2 000 à 1 500 euros pour chaque demi-part accordée pour charge de famille. Ce qui devrait rapporter 1,03 milliard d'euro à compter de 2014. La réduction d’impôt pour frais de scolarité d’un collégien ou d’un lycéen sera aussi supprimée, pour un gain estimé de 440 millions d’euros.

Le gouvernement a aussi prévu une mesure sociale très lourde consistant à supprimer l’exonération d’impôt sur le revenu dont profitaient jusqu’à présent les majorations de retraite ou de pension versées pour charge de famille. La mesure est très importante puisqu’elle rapporterait 1,2 milliard d’euros dès 2014.

Autre mesure de la même veine : le projet de loi prévoit la suppression de l’exonération fiscale de la participation de l’employeur aux contrats collectifs de complémentaire santé. Et là encore le gain serait immense, puisqu’il porterait sur 960 millions d’euros.

Le plus étonnant dans ce plan d’ensemble qui accumule des impôts nouveaux sur le dos des ménages et des salariés, jusqu’aux plus modestes, c’est que le gouvernement a non seulement oublié l’ambition de « révolution fiscale » qui était celle des socialistes, avant l’élection présidentielle, mais de surcroît le projet de loi de finances n’a pas même l’habileté de proposer quelques mesures symboliques à destination des contribuables les plus modestes. Tout est fait au profit des entreprises, sur le dos des ménages, et même pour la forme, il n’y a pas une petite mesure de compensation, venant soutenir le pouvoir d’achat.

Ou plutôt si, il y en a une, mais qui est dérisoire. Comme on le sait, le gouvernement a en effet décidé de revenir à un système d’indexation du barème de l’impôt sur le revenu, de sorte que les tranches d’imposition n’augmentent pas mécaniquement du montant de l’inflation. Et dans le même temps, le système de la décote est amélioré, de sorte que de nouveaux contribuables modestes n’entrent pas dans le champ de l’impôt. Le coût de cette mesure est de 893 millions d’euros.

Pendant des années, la tradition voulait que le barème de l’impôt soit réévalué du montant de l’inflation. Et cela a duré jusqu’à ce que Nicolas Sarkozy la remette en cause, suivi en cela par François Hollande en 2012. La seule mesure sociale dont peut s’enorgueillir le gouvernement aujourd’hui est donc en vérité bien modeste : c’est le retour au statu quo ante.

Pour le reste, c’est vrai, de la première à la dernière ligne, ce projet de loi de finances n’a pas le moindre souffle de gauche : les entreprises sont chouchoutées et les ménages assommés de prélèvements nouveaux, sans le moindre souci d’équité fiscale.

 

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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 18:17

 

reporterre.net

 

Mercedes conserve le droit d’augmenter fortement l’effet de serre

Marie-Paule Nougaret (Reporterre)

jeudi 26 septembre 2013

 

 

 

Dans la moiteur de l’été, la firme Mercedes a obtenu un jugement l’autorisant à utiliser un gaz climatiseur à fort effet de serre. La chancelière Merkel soutient d’ailleurs les constructeurs automobiles contre les réglementations environnementales de l’Europe. Reporterre a eu envie de savoir pourquoi les conducteurs de grosses berlines avaient le droit de nous chauffer le climat.


"Mon Dieu, achète-moi une Mercedes" priait jadis Janice Joplin, dans un gospel ironique et tendre, bien dans l’esprit de 1969. De nos jours, c’est une Mercedes climatisée que le Seigneur devrait fournir : classe A, classe B, SL ou CLA … tous modèles qui ont été interdits à la circulation en France du 12 juin au 27 août 2013, date à laquelle le Conseil d’Etat a annulé l’interdiction.

Les voitures s’accumulaient chez les concessionnaires et sur une plate-forme de stockage en Alsace ; les unes déjà vendues, d’autres en attente de clients ; d’autres encore, en Allemagne, bloquées en plein montage. Il y en avait 5 000 selon Daimler, la maison mère (du temps de Janice, c’était Benz). 1 300 emplois étaient menacés en France, selon la firme. La raison ? Le gaz du compresseur de la climatisation : Mercedes utilise le R 134A, sur les véhicules récents, au lieu du R1234yF imposé par les normes européennes.

Quand on emploie un gaz artificiel, il faut en effet s’attendre à ce que, tôt ou tard, il s’échappe et commette des dégâts. L’exemple historique désastreux est celui des CFC (chloro-fluoro-carbone). Les CFC, très résistants, parviennent dans la haute atmosphère, entre 15 km et 45 km du sol. Là, les rayons ultraviolets les détruisent et en libèrent le chlore qui fait leur solidité. Mais ce chlore attaque la couche d’ozone, le bouclier qui protège la terre des rayons ultraviolets. On le sait depuis 1975. Et depuis le Protocole de Montréal, en 1992, a lancé l’interdiction progressive des CFC, afin de protéger la couche d’ozone, et leur substitution par d’autres gaz.

Seulement cent cinquante fois plus nocif que le CO2

Mais les gaz de substitution ont un défaut majeur : ce sont des gaz à effet de serre, qui accroissent le changement climatique, à un degré beaucoup plus important que le gaz carbonique, le CO2. Les normes imposent donc des gaz dont le coefficient de serre est le plus faible possible.

L’Union Européenne exige ainsi un gaz comme le R1234yF dont l’effet de serre ne dépasse pas 150 fois celui du CO2 (et même 4 seulement, selon un installateur), alors que le R 134 utilisé par Mercedes a un effet de serre 1 200 fois plus important que le CO2. Voici donc le sacrifice qu’on impose à l’industrie : il ne s’agit pas de supprimer la clim’, d’ouvrir les fenêtres des autos, de poser des ventilateurs solaires au plafond. Il s’agit d’employer un gaz peut être 150 fois plus nocif que le CO2, mais pas davantage. Cependant Mercedes n’y a pas consenti, avec, d’ailleurs, le soutien de Toyota.

La firme allemande avance deux arguments. Le premier concerne la sécurité : quand le moteur a chauffé, le R1234yF s’enflammerait dans les collisions. Mais l’argument est récusé par les constructeurs américains, selon qui seule la fime Daimler obtiendrait ces résultats. L’assocation de motoristes, Society of Automotive Ingineers a de son côté entrepris de tester l’hypothèse et la trouve très improbable. Selon le fabricant du gaz, Honeywell, il suffirait d’ailleurs de modifications mineures dans le circuit pour écarter tout danger.

L’Europe a demandé à l’Allemagne de s’expliquer sur l’homologation des voitures par leKBA (Kraftfarht-Bubdesamt), et envisage de lancer une procédure d’infraction. Berlin aurait demandé au KBA de recommencer les tests, selon Honeywell, et trouvé, là aussi, qu’il n’y aurait pas de risque ou très peu. Sa réponse à Bruxelles demeure toutefois confidentielle. On attend pour le 28 octobre la décision de la Commission européenne.

Deuxième argument, une directive européenne permet d’homologuer des véhicules dérivés des modèles précédents et leur appliquer les normes dépassées. Tout le monde le fait, ont plaidé les avocats de Daimler devant le conseil d’Etat. Le Comité des Constructeurs Français d’Automobiles ne le nie pas : "Soit le modèle est homologué comme un dérivé du modèle lancé avant l’entrée en vigueur de la norme (2008 sur la base 208 chez Peugeot, Captur sur la base Clio chez Renault), et l’ancien gaz peut être légalement utilisé ; soit c’est un nouveau modèle, comme la 308 Peugeot et le nouveau gaz est obligatoire" a-t-il écrit à Reporterre. Le Conseil d’Etat a entendu et autorisé la vente à nouveau ; mais doit encore juger sur le fond.

Celui-ci ne devrait pas venir avant plusieurs mois. On guettera cependant la réponse de la Commission européene le 28 octobre sur l’homologation des automobiles allemandes. Un sujet sur lequel la chancelière nouvellement élue, Angela Merkel, est particulièrement sensible : lors du Salon automobile de Francfort, le 13 septembre, elle a averti la Commission européenne qu’il fallait mettre la pédale douce sur les réglementations environnementales concernant l’industrie automobile : « L’Europe doit apprendre que nous ne sommes pas un continent isolé, a-t-elle dit. Nous devons réussir dans la compétition globale. Nous ne devons pas imposer à notre industrie des charges plus grandes que sur les autres continents ».



 

Source : Marie-Paule Nougaret pour Reporterre

Photo : Jornal do Carro

Lire aussi : Les constructeurs automobiles reconnaissent que l’auto électrique n’est ni "propre" ni "écologique"

 

 

 

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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 17:55

 

mediapart.fr

 

Fiscalité écologique : les entreprises sortent gagnantes

|  Par Jade Lindgaard

 

 

La contribution climat énergie risque de peser plus sur les ménages que sur les entreprises, alors que le gouvernement ne prévoit pas pour l’instant de compensations spécifiques à la taxation du CO2 pour les particuliers.

 

Cela ressemble à un gag : la contribution climat énergie, source de tant de tensions politiques entre socialistes et Verts depuis la rentrée, n’apparaît pas en tant que telle dans la présentation du projet de loi de finances 2014 diffusée aux journalistes mercredi. La hausse de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est signalée (p. 137), mais elle a perdu son intitulé politique, sa marque de fabrique. Ce n’est l’effet ni d’un changement de pied ni d’un changement de sémantique, assure l’entourage du ministre du budget, Bernard Cazeneuve. C’est la traduction technique de l’annonce présidentielle en ouverture de la conférence environnementale (voir ici). Une simple remise à sa – modeste – place, en quelque sorte. 

 

 

Présentation du budget 2014 par Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve.

 

Ceux qui malgré tout s’intéressent à cette introduction d’un volet écologique dans la fiscalité française, resteront sur leur faim : le texte dévoilé par le gouvernement mercredi contient très peu de chiffres, et confirme les estimations qui avaient déjà largement fuité. À partir de 2014, les taxes intérieures sur les consommations (TIC) augmenteront par le biais d’une taxe sur les émissions de CO2 qui frappe les carburants et les combustibles fossiles. La taxation du CO2 sur l’essence et le diesel sera intégralement compensée la première année. Si bien qu’en 2014, seules les accises sur le gaz naturel, le fioul lourd (non domestique) et le charbon augmenteront.

La valeur de la tonne de carbone est fixée à 7 euros en 2014, bien en dessous de la taxe carbone qu’avait voulu instaurer Nicolas Sarkozy en 2009 (17 euros la tonne). Elle doit ensuite atteindre 14,5 euros en 2015 et 22 euros en 2016. Cette progression tarifaire est plus forte que dans la proposition de l’économiste Christian de Perthuis, président du comité pour la fiscalité écologique (CFE), qui plaidait pour une assiette carbone de 20 euros en 2020. Elle se situe même au-dessus de la proposition des ONG : autour de 11 euros en 2016, avant une forte poussée pour atteindre 40 euros en 2020 (voir ici). Au total, cette mesure devrait rapporter 340 millions d’euros en 2014, 2,5 milliards en 2015 et 4 milliards en 2016.

La contribution climat énergie des ONG, version 2013 (Rapport Perthuis). 
La contribution climat énergie des ONG, version 2013 (Rapport Perthuis).

Lors de la conférence environnementale, François Hollande s’était fixé pour exigence que la taxation du carbone « ne sanctionne pas les choix de vie » et permette de « préserver le pouvoir d’achat des ménages ». Pourtant, aucune mesure de compensation spécifique n’est budgétée pour l’année 2014. Seuls les professionnels du transport et de la pêche en sont exonérés. Tandis que « les industriels soumis aux quotas de CO2 conserveront leur système », a annoncé le chef de l’État le 19 septembre, c’est-à-dire leur soumission au marché européen de quotas de CO2 (en pleine déroute). Pour le gouvernement, l’extension des tarifs sociaux du gaz à 4 millions de ménages (loi Brottes sur l’énergie) et la baisse à 5 % de la TVA sur les travaux de rénovation énergétique sont des mesures d’accompagnement qui ont vocation à compenser la hausse du coût de l’énergie, l’an prochain. Pour les particuliers se chauffant au gaz, la base carbone à 7 euros représentera en moyenne un coût de 20 euros par an environ, selon les estimations de la fondation Nicolas Hulot (FNH).

Au passage, les ménages se retrouvent à payer la taxe intérieure sur la consommation de gaz naturel (TICGN), dont ils étaient jusqu'ici exemptés, comme l'a remarqué l'AFP (voir ici) : instaurée en 1986, elle est collectée par les fournisseurs de gaz naturel auprès de leurs clients qui utilisent du gaz à un usage combustible, à de nombreuses exceptions près (voir ici). Le gouvernement a décidé de mettre fin à cette exonération, dans le cadre de la mise en place de la contribution climat énergie.

« Fondamentalement injuste »

 

François Hollande à la conférence environnementale, 20 septembre 2013 (©Présidence de la république). 
François Hollande à la conférence environnementale, 20 septembre 2013 (©Présidence de la république).

Pour après, aucune piste ne semble fermée, mais aucun système n’est arrêté non plus. « On est de nouveau dans un processus de taxe carbone, une fiscalité indirecte fondamentalement injuste, qui ne tient pas compte des capacités contributives des personnes », dénonce Daniel Geneste, délégué de la CGT au comité pour la fiscalité écologique (voir ici). Il dénonce en particulier les exonérations d’assiette carbone, contraires à la philosophie incitative de la fiscalité écologique. Il existe de nombreuses exonérations de la TICPE (voir ici) : avions, navigation maritime, enceinte des établissements de production d’énergie, taxis, production de gaz naturel… La taxation du CO2 devrait peser davantage sur les ménages la première année, puis se répartir à part égale entre les particuliers et les entreprises, prévoit le gouvernement.

« Nous sommes complètement pour la mise en place d’une contribution climat énergie, explique pour la CFDT Dominique Olivier, secrétaire confédéral en charge du développement durable. Mais nous demandons deux correctifs : que tout le monde la paye, et que les ménages modestes soient aidés de manière inversement proportionnelle à leurs revenus. » Au total, les dépenses de fiscalité écologique atteignent entre 1,5 et 1,9 milliard d’euros dans le budget 2014, précise le gouvernement : baisse de la TVA sur la rénovation énergétique, fonds d’aide à la rénovation thermique (FART), crédit d’impôt développement durable, éco-prêt à taux zéro. Si bien que pour Mathieu Orphelin, porte-parole de FNH , « il n’y a pas rien en terme d’accompagnement, sur la rénovation thermique ça tient la route, même s’il manque des mesures de redistribution pour les particuliers ». Le problème, c’est que ces aides proviennent d’autres plans (aide à la rénovation thermique, Grenelle de l’environnement) et ne complètent donc pas les nouvelles mesures de fiscalité carbone.

La contribution climat énergie va-t-elle entraîner un transfert de revenus des ménages vers les entreprises ? En 2016, sur les 4 milliards d’euros que doit rapporter la contribution climat énergie, 3 milliards doivent servir à financer le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE). Il ne restera plus qu’un milliard pour la transition énergétique. Pour Bercy, l’idée est bien de coupler la baisse des cotisations sociales et la montée du coût du carbone. C’est ce que des économistes appellent « le double dividende ».

« Il faut faire attention à  ne pas opposer ménages et entreprises : la fiscalité écologique va augmenter les coûts de production, l’effet sera néfaste pour les ménages si du coup les prix augmentent, et réduisent leur pouvoir d’achat, analyse Emmanuel Combet, chercheur au centre international de recherche sur l'environnement et le développement (Cired). Si l’on abaisse les coûts du travail, cela peut générer de l’emploi, et même des hausses de salaires par la négociation sociale. Mais cela exige de la cohérence des politiques publiques et une réflexion plus générale sur l’évolution des prélèvements obligatoires. Il faut penser une réforme d’ensemble. »

Pour Dominique Olivier, de la CFDT : « Nous sommes particulièrement inquiets de voir que ce sont principalement les ménages qui vont payer. Ce n’est pas logique. Pour les industriels et les agriculteurs, le taux de retour sur l’investissement dans l’efficacité énergétique peut être de deux ou trois ans. Alors que pour un ménage investissant dans son logement, il atteint 15 à 20 ans. Les entreprises n’ont aucune excuse pour ne pas s’y engager. » Par la voix de Daniel Geneste, la CGT s’interroge sur les motivations budgétaires réelles de l’exécutif : « On n’est pas dans une recherche d’une fiscalité incitative socialement juste, mais dans la recherche cachée d’un rendement fiscal. Le gouvernement est empêtré dans ses contradictions. »

Le projet de loi de finances 2014 comporte d’autres volets de fiscalité écologique : la suppression progressive de la défiscalisation de certains agrocarburants (déjà annoncée), le renforcement du malus automobile, un léger élargissement de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), pour une recette de 4 millions d’euros.

Et le diesel, pomme de discorde entre écologistes et socialistes ? L’écart entre le gazole et l’essence est à peine raboté : il doit se réduire de 0,5 centime tous les deux ans, par le biais de la hausse de la TICPE. À ce rythme là, il faudra 38 ans pour égaliser les niveaux de ponction fiscale. Les particules fines émanant du diesel « contribuent chaque année à la mort prématurée de 42 000 personnes en France et à l’alourdissement des dépenses de la sécurité sociale, à hauteur de 20 à 30 milliards d’euros, les pouvoirs publics ne pourront pas indéfiniment rester inactifs », a réagi le président de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale, Jean-Paul Chanteguet.

En juin, les députés avaient voté une résolution (voir ici) réclamant l’instauration d’une fiscalité écologique, passant par la suppression de la niche fiscale du diesel, ainsi que par des mesures de redistribution sous conditions de ressources. Elle a été votée à l’unanimité des élus EELV et PS. Parmi eux, se trouvait le député du Gers et futur ministre de l’écologie, Philippe Martin.

 

 

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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 17:18

 

marianne.net

 

Quand l’hystérie électoraliste gagne les politiques
Jeudi 26 Septembre 2013 à 18:00 | Lu 435 fois

 

Thibault Le Berre‏

 

Roms, immigration, violence … quand les acteurs de la vie politique dérapent à des fins électorales.

Lionel Cironneau/AP/SIPA
Lionel Cironneau/AP/SIPA

Les propos brutaux et outranciers ne sont pas nouveaux en politique. Mais alors qu’ils étaient cantonnés à un parti politique comme le FN il y a quinze ans, aujourd’hui ils semblent s’étendre à tous les partis. Les phrases proclamées pour soulever l’émoi ou coïncider avec ce que les élus politiques perçoivent comme une attente populaire pullulent.

C’est Régis Cauche, maire UMP de Croix dans le Nord, légitimant la violence quand il déclare : « Si un Croisien commet l’irréparable, je le soutiendrai ».  Ou encore le député-maire de Nice Christian Estrosi invité du « Grand rendez-vous »Europe 1- I-télé- Le Parisien,  lorsqu’il appelle « les maires de France à la révolte » concernant les installations illégales des gens du voyage.

La surenchère électoraliste gagne les hautes sphères de l’Etat. Quand à la manière de Nicolas Sarkozy ou de Claude Guéant, le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, affirme sur France Inter que «  oui, il n’y a qu’une minorité des roms » qui peuvent prétendre à des solutions d’intégration et d’ajouter «  les roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie ».

Personne ne peut nier la délinquance issue de certains campements roms et l’exaspération qu’elle génère parmi les populations locales. Personne ne peut aussi nier la situation de misère sociale et économique subis par les hommes, femmes et enfants discriminés parfois dans leur propre pays d’origine. Mais aborder ce débat avec des propos généralisateurs et excessifs n’est pas une solution pour régler un débat complexe qui mérite d’être traité sereinement. Si le ministre de l’intérieur veut lancer un débat idéologique au sein de son propre camp politique, il peut le faire lors des réunions internes du parti socialiste. Evidemment les répercussions électorales attendues par cette sortie médiatique calculée ne pourraient avoir lieu.

Parfois les propos sont tous simplement absurdes et reflètent une bassesse du débat politique. Eric Doligé, sénateur du Loiret, s’y est essayé lors des journées parlementaires de l’UMP, le 24 septembre.

« Moi je dois vous dire que j’ai un instinct meurtrier en ce moment. Je suis comme la plupart des citoyens, moi je ne supporte plus Hollande et sa bande (…) Mais il faudrait qu’on évite de se tirer dessus entre nous et qu’on fasse tout pour tirer plutôt … enfin moi j’ai une liste de gens que je peux vous donner, sur qui il faut tirer, hein. Il y en a une quarantaine, c’est tous ceux du gouvernement. » Jean-Luc Godin, maire de Marseille et président du groupe UMP au Sénat ajoute avec un humour plus que douteux «  Je peux donner les kalachnikovs », rapporte Europe 1 Le Lab. 

Eric Doligé  a expliqué à  La République du Centre  que « le terme est fort » mais ne il ne « renie pas ses propos ».

Pourtant, les mots ont un sens, encore plus lorsqu’ils sont prononcés en public par des personnalités qui représentent les citoyens français. Ces phrases tendent à renforcer un ressentiment qui existe contre les immigrés, les gens du voyage, les musulmans, les roms. Elles biaisent ces débats et se focalisent dessus. Le meilleur moyen de faire monter la tendance politique que chacun de ses acteurs veulent combattre lors des échéances électorales à venir.


Passes électorales


En réponse aux « instincts meurtriers », de Eric Doligé et à la propositions de Jean-Claude Godin de « fournir les kalachnikov », Marie-Arlette Carlotti, ministre délégué chargée des Personnes handicapées et candidate à la Mairie de Marseille a twitté « Je crains degun (ndlr, expression marseillaise familière pour dire je n’ai peur de personne) »  posant avec un gilet pare-balle.

Cécile Duflot, ministre du Logement, chahuté au sein de son propre camp, a quant à elle accusé, Manuel Valls d’être allé « au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain », aujourd’hui lors des journées parlementaires d’ Europe Ecologie Les Verts. Au début de l'été, Delphine Batho avait été démissionnée pour moins que ça. 

 

 

 

 

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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 17:12

 

marianne.net

 

Frauder ? Apple a une application pour ça !
Jeudi 26 Septembre 2013 à 16:00

 

Thibault Le Berre‏

 

Bercy ouvre une enquête sur les conditions imposées par le groupe californien aux distributeurs français de l’iPhone.

 

RICHARD B. LEVINE/NEWSCOM/SIPA
RICHARD B. LEVINE/NEWSCOM/SIPA

Le lancement en grande pompe des nouveaux téléphones Apple pourrait être ternie par le ministère des Finances. La direction de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) enquête « sur les conditions imposées par Apple aux distributeurs de l’iPhone », confie une source au ministère, citée par l’AFP. 

 

Selon BFMTV des sources concordantes assurent que « l’enquête a été commanditée par Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin apparemment soucieux de rééquilibrer le rapport de force entre les opérateurs et le Californien ». 
 

Cela expliquerait les perquisitions effectuées en début d’été par la DGCCRF dans les locaux d’Apple France et de plusieurs de ses opérateurs. 

En cause ? Les conditions imposées par le géant américain aux opérateurs de téléphonie français : promesses d’acheter certains volumes, taux de subventions accordés par les opérateurs à leurs clients, obligation de favoriser l’iPhone par rapport aux autres appareils.
 

Ces conditions avaient été mises en avant dans une enquête   réalisée par l’autorité de la concurrence en 2008. 

Saisie à l’époque par l’opérateur Bouygues Télécom, ce dernier reprochait à Apple d’avoir fait de Orange son seul distributeur de l’iPhone en France. Il mettait aussi en avant « le système de distribution » qui « constitue une entente prohibée dans la mesure où il impose des prix de revente minimum aux consommateurs, il restreint la liberté de revente des distributeurs agréés et il cloisonne les marchés nationaux ».
 

Depuis début février et mars 2009 SFR et Bouygues Telecom peuvent vendre l’iPhone avec leur service de téléphonie mobile. Pour autant la question se pose du maintien des clauses restreignant «  la liberté de vente » comme le faisait remarquer Bouygues Telecom en 2008. 
 

Les conditions imposées par la firme américaine à ses revendeurs intéresse aussi la Commission européenne grande gardienne du marché libre et non-faussé. Selon des informations du Financial Times, l’exécutif bruxellois aurait envoyé des questionnaires à plusieurs opérateurs de l’Union Européenne.  Un questionnaire de neuf pages interroge les conditions de distribution entre Apple et ses revendeurs faisant suite à des plaintes d’opérateurs européens de téléphonie mobile.
 

En France, la société eBizcuss a déposé en avril 2012 une plainte pour concurrence déloyale, abus de position dominante et abus de dépendance économique, contre la firme californienne. La liquidation de la société a été prononcée le 31 mai 2012.

En attendant, Apple a déjà écoulé neuf millions de ces nouveaux téléphones en à peine une semaine. Autant dire que l’enquête de la répression des fraudes ne sera pas plus gênante qu’un caillou dans un soulier pour le géant américain.

Article actualisé

 

 

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