Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 octobre 2013 2 29 /10 /octobre /2013 19:15

 

 

arte.tv/guide/fr

 

 

La grande pompe à phynances
 
La grande pompe à phynances

Ce programme est disponible en vidéo à la demande ou DVD

VOD DVD 72 min

Noire finance
mardi 29 octobre à 20h50 (72 min)

Peut-on encore arrêter la finance folle ? Une enquête magistrale au coeur d'un capitalisme financier que plus personne ne maîtrise. Ce premier volet revient sur le fameux jeudi noir d'octobre 1929 à Wall Street, pour montrer comment une crise boursière se transforme en crise bancaire, puis économique.

Dans ce premier volet, les auteurs remontent au fameux jeudi noir d'octobre 1929 à Wall Street, pour montrer comment une crise boursière se transforme en crise bancaire, qui elle-même se développe en crise économique mondiale. Des "barons voleurs" d'hier aux golden boys des années Tapie, des accords de Bretton Woods à la création de l'euro, il retrace ensuite les différentes étapes qui ont conduit à la libéralisation des flux financiers. Assurances, produits dérivés, fonds spéculatifs (hedge funds)… : les dispositifs techniques se succèdent pour accroître les profits, augmentant toujours plus le risque et la fraude systémiques.

Pourquoi faut-il donner de l'argent public aux banques privées en faillite ? C'est par cette question sans ambiguïté que s'ouvre ce passionnant documentaire qui nous entraîne dans les arcanes d'un système financier devenu incontrôlable. Y répondre n'était pas gagné d'avance, tant est opaque l'univers de la finance. Mais Jean-Michel Meurice et Fabrizio Calvi (déjà coauteurs pour ARTE de Série noire au Crédit Lyonnais et de ELF : les chasses au trésor) nous ont habitués depuis longtemps à traiter sous une forme accessible des dossiers complexes. Noire finance s'inscrit dans cette veine : un montage très éclairant de propos de spécialistes, émaillé de scènes d'animation, retrace l'histoire politique des déréglementations qui ont abouti à la financiarisation de l'économie mondiale, au profit d'une spéculation criminelle.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
29 octobre 2013 2 29 /10 /octobre /2013 14:55

 

liberation.fr

 

«La crise est une arnaque, un récit inventé par une oligarchie mondiale»
Recueilli par Sylvain Bourmeau 13 septembre 2013 à 21:16
INTERVIEW

Pour l’intellectuel Patrick Viveret, il est nécessaire de «mettre en scène et en chaîne» les initiatives populaires :

 

> Patrick Viveret sera présent au Forum «A bas la crise !» organisé par Libération le 19 octobre à Paris. Entrée libre, plus d’informations ici.

 

 

 

Intellectuel historique de la deuxième gauche autogestionnaire, inlassable militant et penseur audacieux, Patrick Viveret est membre du Pacte civique et du Collectif Roosevelt.

Le terme de crise est-il encore pertinent ?

C’est un mot écran. Normalement il décrit une situation aiguë, conjoncturelle. Mais là on parle d’une «crise» qui durerait depuis les années 70… Il vaudrait mieux emprunter à Karl Polanyi son concept de «grande transformation» pour qualifier cette nouvelle mutation profonde, à la fois écologique, globale, sociale et informationnelle. Ou parler, avec Edgar Morin, de «métamorphose». En fait, comme l’ont pointé les Indignés, la crise est une arnaque. C’est le récit qu’a inventé une oligarchie mondiale pour préserver ses intérêts alors que le monde est bousculé par cette «grande transformation».

Cela passe notamment par le discours sur la dette. Michel Rocard et Pierre Larrouturou l’ont montré dans un livre récent : le processus de la dette est apparu avec les politiques reaganiennes et thatchériennes. Et cela relève davantage de l’escroquerie en bande organisée que de la crise.

Face à ce déjà vieux discours de la crise, des citoyens de plus en plus nombreux font preuve d’initiatives originales. Mais ces actions donnent l’impression d’être parfois naïves et surtout très locales. Pourquoi ?

A l’échelle mondiale, la créativité citoyenne est extraordinaire. Elle s’exprime simultanément dans deux directions : par la vision transformatrice qu’elle dessine et sur le terrain de la résistance au grand narratif de la crise. Alors, bien sûr, ces initiatives sont souvent modestes et locales. Face à la crise du macrocrédit, on oppose des expérimentations dans le domaine du microcrédit, pour ne prendre qu’un exemple. Non pas pour en rester indéfiniment à cette échelle mais, au contraire, avec l’objectif de préparer des réformes plus générales du macrocrédit.

Pourquoi ces initiatives demeurent-elles relativement invisibles ?

La créativité est considérable mais elle est souvent invisible et peu reliée. C’est l’une des raisons qui nous conduit à lancer, le 12 octobre, des états généraux de la transformation citoyenne. L’idée consiste à mettre en relation des plateformes qui sont elles-mêmes déjà collaboratives - comme le Collectif Roosevelt, le Pacte civique, le Collectif pour une transition citoyenne, etc. Face à l’incapacité des formes politiques traditionnelles à inventer, il devient urgent de mobiliser cette énergie citoyenne, de mettre en scène et en chaîne ces différentes initiatives. Sinon, c’est tout simplement le Front national qui pèsera encore plus fort sur la politique et la société. Il nous faut interpeller les pouvoirs publics en leur demandant tout simplement de remplir leur office ministériel au sens propre, de se comporter en véritable service public qui aide et accompagne cette énergie citoyenne au lieu de la bloquer.

Que pourrait faire un gouvernement pour encourager ces initiatives ?

C’est la discussion que nous - le Pacte civique, le Collectif Roosevelt et d’autres - avons eue, il y a quelques semaines, avec Jean-Marc Ayrault. Curieusement, le diagnostic fut partagé. Le Premier ministre nous a confié combien, à chaque fois qu’il se déplace sur le terrain, ces initiatives lui redonnent du courage, mais combien aussi elles lui semblaient trop peu visibles et reliées. Sa crainte, compte tenu du discrédit du politique, était que toute forme d’aide soit vécue comme une récupération, une instrumentalisation.

Nous lui avons expliqué que, de notre côté, nous étions prêts à prendre nos responsabilités en suscitant une vaste initiative citoyenne mais qu’il fallait impérativement que cela se traduise, à un moment donné, par de nouvelles formes de contrats passés avec les institutions de la République. Nous l’avons prévenu que si le gouvernement n’était pas prêt à entrer dans ce type de démarche, les forces vives de la société risquaient d’entrer rapidement en conflit avec le pouvoir. Et que ce serait un conflit autrement plus dur que le classique clivage droite-gauche. Nous en sommes là. Il semble que l’essentiel des groupes parlementaires de gauche, une bonne partie des gens autour du Premier ministre, une partie non négligeable de personnes qui gravitent autour de la présidence de la République souhaitent aller dans cette direction. Mais nous sommes sous la Ve République, ce système que, dès les années 70, Edmond Maire qualifiait de «monarchie nucléaire».

> Venez échanger avec Patrick Viveret le 19 octobre au théâtre de la Cité Internationale à Paris, à l’occasion du Forum Libération «A bas la crise !». Entrée libre, plus d’informations ici.

 


Le Forum «A bas la crise !» aura lieu le 19 octobre à Paris. 

 

 

Partager cet article
Repost0
29 octobre 2013 2 29 /10 /octobre /2013 14:16

 

mediapart.fr

Interpol est mis en cause pour être financé par l'industrie du tabac

|  Par Mathieu Martinière et Robert Schmidt

 


Depuis un an, Interpol est pour partie financé par le premier fabricant de cigarettes au monde, Philip Morris, pour lutter contre la contrebande en Europe et assurer la traçabilité du tabac. Ce choix est d'autant plus contesté que, selon un rapport de police que Mediapart s'est procuré, l'industrie du tabac est toujours soupçonnée de nourrir les réseaux de trafic.

 

Une organisation policière peut-elle recevoir de l'argent et collaborer avec des entreprises soupçonnées de jouer un rôle dans la contrebande de cigarettes ? En juin 2012, le réseau international de police Interpol a accepté un chèque de 15 millions d'euros sur trois ans de Philip Morris pour lutter contre le trafic de cigarettes. Un an plus tard, Interpol décidait d'utiliser Codentify, un système de marquage des cigarettes piloté par les Big Four du tabac (Philip Morris, British American Tobacco, Japan Tobacco et Imperial Tobacco). Avec Codentify, l'industrie du tabac veut contrôler elle-même la traçabilité de ses produits, du producteur à l'acheteur. Et elle bataille actuellement auprès de l'Union européenne et des États membres pour imposer son système.


Pris dans des besoins financiers de plus en plus importants, Interpol fait mine d'oublier que l'industrie du tabac a alimenté pendant plusieurs décennies la contrebande de cigarettes, en étroite coopération avec des réseaux mafieux. « Il y a vingt ans, presque toute l'industrie du tabac était impliquée. Des milliards de cigarettes étaient exportées, officiellement en "duty-free". Ces cigarettes arrivaient en fait sur le marché illégal en Europe, alerte le Belge Luk Joossens, l'un des plus grands spécialistes européens du trafic de cigarettes. Un organisme de police ne peut pas travailler avec des entreprises soupçonnées d'organiser de la contrebande. C'est inacceptable. »

Mediapart s’est procuré un rapport d'Europol (à lire ici et sous l'onglet Prolonger de cet article), daté d'août 2012, qui indique que l'industrie du tabac joue encore un rôle dans la contrebande au Monténégro. La police européenne précise même que « la présence d'une usine de Philip Morris au Monténégro » représente un « facteur de criminalité ». En fait, Philip Morris n'a pas d'usine au Monténégro mais des bureaux. Contactés par Mediapart, Philip Morris comme Interpol expliquent que ce rapport de la police européenne est « erroné ». De son côté, Europol, qui assumait cette phrase dans un premier temps, fait aujourd’hui marche arrière. « La formulation malheureusement n'est pas valide. C'est une méprise que Philip Morris possède une usine au Monténégro. Nous n'aurions pas dû mentionner une seule compagnie. L'idée de ce rapport reste que toute usine de cigarettes sur le territoire est considérée comme un facteur de criminalité »,explique le service de communication d'Europol.

 

Ronald K. Noble  
Ronald K. Noble © (dr)

Au-delà de l'erreur de vocabulaire d'Europol, le rapport met une fois de plus en cause la passivité de l'industrie du tabac face à la contrebande. Selon la police européenne, qui a enquêté sur le crime organisé au Monténégro entre 2010 et 2012, des millions de cigarettes transitent chaque année illégalement du Monténégro vers la Grèce. Une fois arrivées dans l'Union européenne, ces cigarettes sont destinées au marché noir. Si les quantités saisies restent inférieures au réseau mafieux des années 1990 – la “Montenegro Connection” –, le schéma semble se reproduire, sous les yeux de Philip Morris, installé au Monténégro depuis 2007.

« Le trafic de cigarettes provoque des dommages à une activité comme la nôtre, c'est pourquoi nous travaillons avec de nombreuses organisations et engageons des moyens importants permettant de s'attaquer au problème », se défend Philip Morris, dans une réponse à Mediapart.

Le Monténégro n'est pas le seul pays où l'industrie du tabac est soupçonnée de nourrir la contrebande. En Syrie, comme l'a révélé le Guardian en janvier 2012, c'est le numéro trois mondial, Japan Tobacco International, qui est sous le coup d'une investigation de l'Office européen de lutte anti-fraude (Olaf). Le géant japonais est soupçonné d'avoir vendu des dizaines de millions de cigarettes détaxées au cousin de Bachar al-Assad, l’homme d'affaires syrien Rami Makhlouf. Or, Japan Tobacco est l'une des quatre compagnies engagées dans Codentify, le système de traçabilité que vient d’adopter Interpol.

C'est dans ce contexte que l'organisation mondiale de police, basée à Lyon, a accepté un don de 15 millions d'euros de Philip Morris. Ce nouveau don venu du secteur privé, après les 20 millions d'euros de la Fédération internationale de football en 2011, après les subsides versés par l’industrie pharmaceutique, a fait bondir plusieurs polices nationales européennes. Dans une lettre commune adressée au secrétaire général d’Interpol fin 2012, des responsables d’une dizaine de pays européens demandent plus de transparence sur ces nombreux partenariats avec le secteur privé. Depuis cette fronde européenne, un groupe de travail dirigé par Jürgen Stock, vice-président de la BKA – la police criminelle allemande –, travaille à une charte d'éthique autour des financements d'Interpol.

La « Montenegro connection » des années 1990

Rencontré à Lyon pour un entretien avec Mediapart, Joël Sollier, directeur juridique d'Interpol, s'énerve : « De toute façon, quel que soit le secteur industriel avec lequel nous aurons à traiter, il y aura toujours de la suspicion. Est-ce que vous allez travailler avec l’industrie de l’armement ? Avec l’industrie pharmaceutique ? Avec l’industrie du tabac ? Moi je peux vous démontrer qu’il ne faut pas, d’un certain point de vue. Et d’un autre côté, je peux vous démontrer qu’il n'y a pas d’autres possibilités, parce qu'il y a seulement ceux qui sont intéressés à ce marché particulier qui pourront financer la lutte contre les dérapages de ce marché. »


Philip Morris-Interpol, un partenariat à 15 millions d'euros. 
Philip Morris-Interpol, un partenariat à 15 millions d'euros.

Pour comprendre l'implication de l'industrie du tabac dans la contrebande, Mediapart a pu rencontrer un ancien intermédiaire entre une multinationale du tabac et des trafiquants à l'époque de la « Montenegro Connection ». L'homme, pour des raisons personnelles et judiciaires, préfère, pour le moment, rester anonyme. « Dans les années 1990, il y avait 1 000 camions illégaux par an, soit 1,2 million de caisses qui comprennent chacune 10 000 cigarettes », explique l'ancien négociateur. Jusqu'au début des années 2000, des milliards de cigarettes sont transportées à travers ce micro-pays des Balkans à destination du marché noir de l'Union européenne. Produites aux Pays-Bas, en Suisse ou en Europe orientale, les cigarettes transitent par les réseaux mafieux au Monténégro, avant d'être revendues sans taxes vers l'Italie, l'Espagne ou la France, notamment.

Milo Djukanovic, réélu premier ministre en 2012 pour la sixième fois, est l'homme fort du Monténégro depuis plus de vingt ans. Dans les années 1990, il a été accusé par le procureur de Bari (Italie) de développer la contrebande avec l'appui de l'industrie du tabac. « Interpol financé par Philip Morris, j'ai donc des problèmes de logique », nous confie cet ancien intermédiaire.

À Lyon, le secrétariat général d'Interpol défend cet accord avec l'industrie du tabac : « L'accord avec Philip Morris n'a rien d'inhabituel. En 2004, 2007 et 2010, l'Union européenne a signé avec Philip Morris International, Japan Tobacco International, British American Tobacco et Imperial Tobacco des accords portant sur près de 2 milliards de dollars pour lutter contre le trafic illicite de cigarettes. La capacité de l'Union européenne à combattre en toute indépendance le trafic de produits illicites a-t-elle été mise en doute ? Bien sûr que non. Pourquoi ? Parce que ces accords garantissent l'indépendance, de même que le modeste accord conclu avec Interpol pour 5 millions d'euros annuels sur trois ans. »

Dès le début des années 2000, la Commission européenne entame des procès avec les Big Four du tabac pour « blanchiment d'argent » et « crime organisé ». En 2004, dans une conciliation, Philip Morris versera le premier une enveloppe de 1 milliard d'euros sur 12 ans à la Commission mais surtout aux États lésés en taxes.

Ces accords avec l'Union européenne prévoient un important volet sur la traçabilité, obligeant l'industrie à mieux contrôler l'exportation de ses cigarettes. Les Big Four ont mis pourtant près de dix ans à développer « Codentify », un système avec un code unique à 12 chiffres. Interpol en fait désormais la promotion même si ce système n’est que dans sa phase de lancement et qu’aucune décision européenne ou mondiale n’a encore été prise sur son éventuelle adoption. Or en avril 2013 à Istanbul, lors d'un congrès mondial contre la contrefaçon, Ronald K. Noble, secrétaire général d’Interpol, l’assurait : « La plateforme I-Checkit d'Interpol sera compatible avec les systèmes de l'industrie (…) tel Codentify. »

Le 8 mai dernier, deux semaines après le discours du patron d'Interpol, l'association qui contrôle Codentify, la Digital Coding and Tracking Association (DCTA), est inaugurée. L'association renvoie directement au siège de Philip Morris International, basé à Lausanne (Suisse). Désormais, l'industrie peut ainsi déployer ses lobbyistes sous le nom de sa nouvelle entité, la DCTA. Des “experts” sur le trafic illégal, telle Jeannie Cameron, ex-cadre australienne de British American Tobacco, font la double promotion de Codentify et d'Interpol.

Deux systèmes de traçabilité en concurrence

Face à cette offensive de l'industrie du tabac, épaulée par l'image de super-police d'Interpol, une multinationale suisse, Sicpa, a décidé de monter au créneau. Leader mondial sur les encres de sécurité, Sicpa est le principal concurrent de l'industrie du tabac sur le marché de la traçabilité, mais n'a pas été approché par Interpol. Le géant suisse propose un système indépendant de l'industrie, “Sicpatrace, qui a déjà été adopté – contrairement à Codentify – dans plusieurs pays du monde comme au Brésil, en Turquie ou au Maroc. « Notre système est indépendant, donc il ne peut pas être biaisé par l'industrie qui pourrait, dans certains pays, manipuler les données. Nous opérons, mais la totalité des données appartiennent à l'État », explique Bruno Frentzel, responsable de la traçabilité chez Sicpa.

 

Le parlement européen, à Strasbourg. 
Le parlement européen, à Strasbourg.© (dr)

La bataille des lobbys est en cours à Bruxelles et Strasbourg, près des grandes institutions européennes. La directive tabac, qui vient d’être adoptée le 8 octobre par le Parlement européen, a enfin donné un cadre à l'exportation des cigarettes dans l'Union européenne. « L'article 14 de cette directive, qui concerne la traçabilité, est contraignant pour les cigarettiers car il concerne un marquage sur l’ensemble des 28 pays de l'Union. L'industrie aimerait affaiblir la chaîne de traçabilité et limiter le contrôle au premier acheteur », explique Luk Joossens.

Si la directive tabac fixe un cap sur la traçabilité des cigarettes, la Commission européenne n'a pas encore tranché entre un procédé indépendant et un système piloté par l'industrie du tabac. Un appel d'offres pour une recherche sur le meilleur système a été lancé, aucune décision n'interviendra avant 2015.

Dans l'attente, Sicpa et l'industrie du tabac placent leur pion, État par État. « On évalue à 316 milliards d'euros les taxes d'accises en Europe, dont à peu près un tiers pour les cigarettes, l'un des premiers produits soumis aux droits d'accises dans le monde avec le pétrole », précise Bruno Frentzel. En France, Sicpa effectue un intense lobbying auprès des pouvoirs publics. En juillet, Le Journal du dimanche a révélé qu'un amendement, donnant le contrôle de la traçabilité à l'État, a été rejeté par le Sénat. L'un des rapporteurs du texte, Claude Bérit-Débat, est élu PS de la Dordogne. Or, c'est précisément à Périgueux, le chef-lieu du département, que Sicpa veut créer des emplois et sollicite le ministre Arnaud Montebourg. « On travaille avec le ministère du redressement productif, nous assure Bruno Frentzel. Cela pourrait générer 3 000 emplois en France, pays qui abriterait une partie de notre activité de production. »

De son côté, l'industrie du tabac, légitimée par Interpol, négocie en sous-main avec les États. « En France, aux Pays-Bas, en Allemagne, les négociations avec Codentify sont bien avancées. L'avantage de Codentify, c'est qu'il est simple et gratuit », explique un bon connaisseur du dossier. En France, où l'État dépend fortement des recettes fiscales du tabac, la loi est même du côté des cigarettiers. L'article 569 du code général des impôts prévoit de mettre en place un système de traçabilité « mis en œuvre par et aux frais des personnes se livrant aux activités » du tabac. Cette précision a été faite dans le cadre du projet de loi de finances de décembre 2012. Le ministre du budget de l’époque s’appelait Jérôme Cahuzac.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 18:17

 

reporterre.net

 

A Lyon, trucage du budget public et destruction des terres pour un grand stade inutile

Barnabé Binctin (Reporterre)

lundi 28 octobre 2013

 

 

Le tribunal de Lyon doit décider aujourd’hui si les zadistes de Décines doivent être expulsés. Ils s’opposent au projet de Grand Stade qui dévorerait 160 hectares de terre agricole. L’examen du dossier porté par le maire (PS) de Lyon, Gérard Collomb, révèle une gabegie de fonds publics.


Il aura donc fallu attendre le mélodrame de la protestation des clubs de football professionnels à la taxe à 75% sur les salaires des joueurs et leur menace de grève pour réentendre parler du projet « OL Land » à l’échelle nationale. Vendredi 25 octobre, Jean-Michel Aulas, actuel président de l’Olympique Lyonnais et initiateur principal du projet, déclarait que « cette taxe est de nature à menacer un projet comme le grand stade de Lyon pour l’Euro 2016, car, quand l’imprévisible arrive – comme cette taxation –, vous mettez les banquiers en rogne ».

Sur le terrain, dans la banlieue est de Lyon, d’autres forces s’attachent elles-aussi à menacer ce projet dont les travaux ont officiellement commencé au 1er août. Associations de riverains, élus locaux ou citoyens s’opposent à ce qu’ils considèrent un grand projet inutile. Sur le modèle de Notre Dame des Landes, une « Zone à défendre » (ZAD) s’est ainsi constituée à la marge du chantier afin d’incarner la lutte au quotidien. La mairie de Décines a saisi la justice et demandé l’expulsion de ces occupants illégaux. Le verdict est attendu ce lundi 28.


Occupation du terrain en avril 2013

Le stade actuel est bien assez grand

Le projet naît en 2007. A l’époque, l’Olympique Lyonnais est encore un club important dans le monde du football : il enchaîne les titres de champion de France et participe chaque année à la meilleure compétition européenne. Au paroxysme de sa réussite, son président rêve d’un nouveau complexe à la hauteur de ses ambitions. Il monte le projet « OL Land » : un nouveau stade de 60 000 places qui accueillerait aussi les bureaux du siège du groupe OL, et s’adjoindrait 8000 m2 d’immeubles de bureaux, 7 000 places de stationnement, deux hôtels de luxe, un musée du sport, un centre de loisirs avec bowling, une boutique OL Stade, etc. Cinquante hectares de terrains appartenant à la collectivité de Décines-Charpieu sont désignés, auxquels s’ajoutent 110 hectares de chantier d’aménagement des voies d’accès au stade.

Le projet OL Land -

Très vite, des voix ont questionné la pertinence d’un tel projet. C’est le cas de l’association Carton Rouge, qui rassemble des citoyens du Grand Lyon opposés au projet. Son président, Franck Buronfosse, explique à Reporterre : « Le taux de remplissage du stade actuel de Gerland atteint 80%, ce qui ne justifie pas d’augmenter sensiblement la capacité d’accueil à 60 000 spectateurs. Surtout, il aurait pu être agrandi jusqu’à 55 000 places, sans besoin d’investir dans un nouveau stade ».

Dès le début pourtant, Gérard Collomb, maire PS de Lyon et président du Grand Lyon, a voulu faire aboutir le projet. Il est aussi sénateur, et a en joué pour faire adopter un amendement spécifique dans la loi de développement et de modernisation des services touristiques. Promulguée le 22 juillet 2009, elle déclare à l’article 28 que les stades de football appartenant au privé sont "d’intérêt général".

Quant à Jérôme Sturla, maire de Décines, il explique à Reporterre : « Cela va dynamiser l’économie locale grâce à l’implantation de nouvelles entreprises et au développement des commerces de proximité. L’activité va offrir des rentrées fiscales et de nouvelles ressources importantes à l’heure où l’Etat se désengage du financement des collectivités locales ».

« On truque les dossiers publics »

Ainsi déclaré d’intérêt général, le projet a pu bénéficier de la reconnaissance en DUP (Déclaration d’Utilité Publique) des travaux de voirie concernant l’accès au stade. Alors que le financement devait à l’origine être assuré uniquement par des investissements privés à hauteur de 450 millions d’Euros, 200 millions d’euro de fonds publics seront finalement engagés pour assurer la rénovation des infrastructures routières et l’amélioration des transports en commun alentour.

Les opposants doutent de la rentabilité du projet : « La viabilité économique des stades privés est loin d’être prouvée assurée, selon Franck Buronfosse. Regardez le stade du Mans ou le stade de Grenoble : ce sont des désastres financiers ».

Les investisseurs sont ainsi restés prudents. Dans son plan de financement, OL Groupe, la société commerciale qui porte le projet, avait misé à hauteur de 150 millions d’euros sur le naming, une technique à la mode destinée à faire payer grassement la possibilité pour un entreprise de donner son nom au stade. Mais elle n’y est pas parvenue, l’enceinte devant finalement s’appeler le « stade des Lumières ».

Les opposants dénoncent également un maquillage des budgets officiels : « De nombreux investissements publics en lien avec le projet du grand stade ont été écarté des comptes publics », dit Franck Buronfosse.

Etienne Tête est l’avocat lyonnais qui suit le dossier depuis le début ; il a déposé près de trente recours sur des éléments du projet. Il confirme ces accusations : « On truque les dossiers publics. Le Grand Lyon réduit délibérément le périmètre de dépenses en retirant des projets du protocole d’accord signé en 2008. C’est par exemple le cas des travaux d’aménagement du tramway T3, engagés dans le cadre du projet du grand stade. Le dossier ne fait plus mention du grand stade et l’administration justifie ces travaux par un besoin indépendant du projet de stade à Décines, en arguant de la saturation de la ligne. Mais les études montrent qu’il y a au contraire beaucoup moins d’usagers sur cette ligne que sur les autres... ».

L’investissement public atteindrait ainsi plus du double de ce qui est annoncé officiellement, soit plus de 400 millions d’euros.

Reporterre publie un document, réalisé par un expert comptable à partir de différentes délibérations municipales, qui propose de prendre en compte l’ensemble des coûts nécessaires à la réalisation du grand stade. Présenté dans différentes instances juridiques, il n’a jamais été contesté.

- Dépenses publiques qui seraient engendrées par le projet O.L. LAND, à télécharger ici :

PDF - 112.3 ko

Etienne Tête a déposé une plainte auprès de la commission européenne sur la légalité des aides accordées à OL Groupe. « On n’a pas le droit d’utiliser l’argent public pour favoriser des opérations privées, car cela enfreint les règles de la concurrence du marché unique. Il faut des dérogations européennes, qui n’ont jamais été données », explique-t-il.

A quoi le maire de Décines répond en défendant l’investissement public : « L’usage des aménagements d’accès au stade sera quotidien, la voirie rénovée sera utilisée chaque jour par les citoyens. Ce genre d’équipement n’est pas anodin. Est-ce que l’argent du contribuable va bénéficier à l’OL ? Oui, mais tout le monde y a intérêt. Ce sont des projets qui tirent une collectivité vers le haut ».

160 hectares de terres agricoles dévorées… à l’encontre de la politique officielle

Ce projet de grand stade contredit par ailleurs le besoin de recréer des ceintures vivrières autour des villes. En février 2012 pourtant, la communauté urbaine de Lyon avait signé la charte d’objectifs pour l’agriculture périurbaine qui vise à « accentuer les efforts de pérennisation du foncier agricole à l’intérieur des territoires des collectivités ».

- Charte d’objectifs pour l’agriculture péri-urbaine, à télécharger ici :

PDF - 121.1 ko

Dawan fait partie du collectif des Fils de Butte, qui a monté la ZAD et occupe quelques parcelles de terrain autour des chantiers de travaux pour l’accès au stade, depuis le 10 avril 2012. Il s’agit pour lui de préserver la terre et lutter contre l’artificialisation généralisée des sols : « Les travaux prévoient de couler 1000 m3 de béton par jour. L’impact de ce projet est énorme sur l’environnement. Aujourd’hui, 26 m2 de terres arables disparaissent chaque seconde en France. C’est l’équivalent d’un département français tous les sept ans... Notre action vise à préserver des « bulles de nature » ; nous vivons sans électricité, ni eau courante, nous chauffons au bois, alors que nous ne sommes qu’à quinze minutes du centre-ville de Lyon en transports en commun ».


Etienne Tête (2e en partant de la gauche) et des Fils de Butte -

La superficie mobilisée par ce projet aurait par ailleurs pu être moins importante. « L’Arena Stadium, à Munich, fait partie des nouveaux stades que l’on prend souvent en référence. Il fait huit hectares. Je vous laisse faire la comparaison avec les cinquante hectares d’OL Land », souligne Etienne Tête.

C’est que le projet du stade recouvre d’autres enjeux économiques que le football : « Le stade n’est qu’un cheval de Troie utilisé pour une opération immobilière fructueuse, grâce à une revente avec plus-value rapide », estime Franck Buronfosse. Sophie Chapelle a raconté sur Basta le montage de ce coup économique : « Une affaire révélée par le magazine Lyon Capitale en mars 2012 [...] : dès 2006, et avant l’annonce officielle du projet d’OL Land, le Grand Lyon achète des terrains à des agriculteurs sur le Montout, à un prix dérisoire compris entre 7 et 14 euros le m2. En avril 2011, le Grand Lyon cède 30 hectares à l’OL, au prix de 40 euros le mètre carré. Quelques mois seulement après la vente, fin 2011, le conseil communautaire du Grand Lyon fait approuver la révision du plan local d’urbanisme, qui fait grimper le prix du mètre carré à 300 euros !

La Foncière du Montout, propriétaire des terrains [...], vaudrait maintenant 200 millions d’euros pour des terrains acquis 22 millions d’euros. L’opération immobilière a permis à l’OL de gagner au minimum 180 millions d’euros... »

Pis, le prix d’expropriation des terrains privés, situés sur les voies d’accès destinés au stade, fixé à 1 Euro/m2... Une entorse massive au prix du marché rendue possible par la Déclaration d’Utilité Publique, justement. Et qui permet à la collectivité d’entrevoir également une belle opération immobilière dans les années à venir. C’est en tout cas ce que prédit l’association Carton Rouge : « La communauté urbaine est en train de se constituer une réserve foncière. Pour construire une route qui ne prendra pas plus de 20 mètres de large, elle s’approprie 80 mètres. Au final, sur 100 hectares d’expropriés dans le cadre des travaux d’accès, elle se rend disponible environ 60 hectares. A quoi vont-ils servir ? A construire puis à revendre ensuite... Dans le plan d’urbanisme du Grand Lyon, il est prévu 150 000 logements supplémentaires dans les années à venir. C’est un logique implacable d’urbanisation et de construction à moindre coût ».

Même pas prêt pour la compétition de 2016…

Pour plusieurs paysans, la pilule est dure à avaler. C’est le cas de Philippe Layat, céréalier, qui se voit huit hectares de ses terrains expropriés, et qui est devenu une des figures de résistance au projet. Mais les moyens d’opposition sont limités. L’association Carton Rouge avait réussi à mobiliser, en janvier 2012, 4 000 électeurs décinois réclamant un référundum sur le projet du grand stade. Dans une commune où 16 000 personnes sont inscrites sur les listes électorales, cela offre une certaine représentativité. Mais le conseil municipal n’a pas répondu à cette revendication. Pour Franck Buronfosse, lui-même en liste pour les prochaines élections municipales, les enjeux au niveau politique sont conséquents : « Gérard Collomb exerce une forte pression sur ce dossier. Sa réélection au printemps prochain tient beaucoup à l’avancée des travaux, car il s’est fortement engagé sur ce projet ».

Le discours officiel se veut d’ailleurs confiant sur la réalisation des travaux. Le projet est inscrit dans le cadre du programme de l’Euro 2016. Le site du Montout, entièrement terrassé, est prêt à accueillir la première pierre du stade, dont la pose est prévue au 12 novembre prochain. Le travail doit être assuré par la compagnie Vinci. Depuis quelques semaines, les grues arrivent une à une sur le chantier, remplaçant les engins de terrassement.

L’ouverture est prévue pour début 2015, et, pour Jérôme Sturla, cela ne fait aucun doute, « le projet ira à son terme. La mobilisation est faible en face, cela n’a rien à voir avec Notre Dame des Landes par exemple ». Franck Buronfosse a d’autres certitudes sur l’échéance : « Regardez combien il faut de temps pour construire un stade moderne, à Lille ou ailleurs, à l’étranger. Avec les nouvelles normes anti-sismiques à respecter, cela prend au moins deux ans et demi. A moins que cela ne soit un chalet en bois qu’ils construisent, le stade ne sera jamais prêt pour 2016 ». D’autres font valoir les nombreux recours en justice, qui n’ont pas encore été purgés. Aucun n’a d’ailleurs été encore jugé jusqu’en cassation. Cela devrait être le cas prochainement de celui contre le permis de construire, attendu devant le Conseil d’Etat. Et en attendant peut-être une prochaine procédure d’expulsion, la mobilisation – certes amoindrie – continue sur le terrain, autour du chantier.


Source : Barnabé Binctin, pour Reporterre.

Photos :
. Triangle du chapô et grue : Decines ta résistance
. Occupation du terrain : Collectif Rhône de soutien à la Zad de Nantes
. Etienne Tête et Fils de Butte : lyonmag
. Le projet du stade : OL web

Lire aussi : Un camp à Lyon contre le béton du Grand Stade.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 17:47

CADTM

 

cadtm.org

Le FMI revient à la charge avec les mesures qui provoquent des émeutes de la faim

24 octobre par Jérome Duval , F. Martín

 

 

  

 

 

Quelques jours avant l’assemblée générale annuelle du FMI et de la Banque mondiale, qui s’est tenue du 11 au 13 octobre 2013 à Washington, le FMI est revenu à la charge. Concrètement, en Espagne, après avoir proposé une baisse de salaires qui a provoqué une réaction inhabituelle |1| , il réclame désormais de réduire la liste des produits et services considérés basiques ou de première nécessité qui bénéficient des taux réduits de TVA. Il s’agit bien du même remède qui provoqua les fameuses émeutes de la faim, aussi appelées « émeutes FMI », au Sud de la planète, quand le prix du pain ou de l’essence montait d’un coup en une nuit jusqu’à des prix inabordables pour la majorité de la population. On peut citer entre autres exemples, le soulèvement connu comme « Caracazo » au Venezuela en 1989, lors de la mise en œuvre d’une mesure du plan du FMI qui a provoqué l’augmentation subite du combustible ; ou celui du Pérou en 1991, quand le prix du pain a été multiplié par 12 alors que les salaires amorçaient leur chute ; du Zimbabwe en 2000 ; Argentine, Paraguay et Uruguay en 2001… La liste est aussi longue, que l’est l’histoire du néocolonialisme économique de l’institution de Washington.

En somme, le FMI suit la voie de l’austérité qu’il applique au Sud, où ses politiques échouent depuis des décennies. Au-delà de quelques nouvelles propositions sur les prélèvements, il n’y a rien de nouveau dans l’idéologie de l’institution. Déjà en 1999, dans un rapport sur les Effets des politiques d’ajustement structurel sur la jouissance effective des droits de l’homme, la Commission des droits de l’homme des Nations Unies portait sur les plans d’austérité au Sud ce constat que nous pouvons appliquer à l’actuelle crise de la dette au Nord :
Malheureusement, aussi bien le FMI que la Banque mondiale considèrent la gestion de la crise d’endettement comme une activité distincte de la tâche fondamentale qui est le développement humain. Une forte croissance du produit national brut (PNB) ou la réduction de l’inflation ne débouche sur le développement qu’à condition de s’accompagner de changements dans la répartition du revenu, de manière à permettre à une plus large proportion de la population de jouir effectivement de ses droits économiques, sociaux et culturels. |2|

L’austérité, un projet politique à échelle internationale

Ces politiques d’austérité du FMI, en plus de violer la souveraineté des peuples, anéantissent les droits les plus élémentaires des personnes. La proposition d’introduire un impôt exceptionnel avec un taux de 10% sur le capital de toutes les épargnes quel qu’en soit leurs montants, cela pour réduire la dette publique des pays européens au niveau d’avant la crise en 2007, ne doit pas nous induire en erreur. Bien sur, cela nous rappelle ce qui est arrivé à Chypre, même si dans ce cas il s’agissait d’un taux de 47,5% sur tous les comptes disposant de plus de 100 000 euros. Ceci dit, on a plutôt l’impression d’être face à une attitude désespérée afin d’attirer l’attention pour dissimuler d’autres mesures à venir. De la même manière, quand le FMI affirme qu’il reste de la marge pour augmenter les taux d’imposition des tranches supérieures de revenus, il semble que, devant le chaos que génèrent ses propres mesures, il doive faire semblant d’innover pour que sa politique soit soutenable… et suive le même chemin capitaliste. D’ailleurs, comme disait le rapport de l’ONU en 1999 déjà cité, il faut comprendre les politiques d’austérité bien plus comme un projet politique à échelle internationale :
L’ajustement structurel va au-delà de la simple imposition d’un ensemble de mesures macroéconomiques au niveau interne. Il est l’expression d’un projet politique, d’une stratégie délibérée de transformation sociale à l’échelle mondiale, dont l’objectif principal est de faire de la planète un champ d’action où les sociétés transnationales pourront opérer en toute sécurité. Bref, les programmes d’ajustement structurel (PAS) jouent un rôle de "courroie de transmission" pour faciliter le processus de mondialisation qui passe par la libéralisation, la déréglementation et la réduction du rôle de l’État dans le développement national. |3|

Le 9 octobre 2013, après la présentation du rapport Taxing Times du FMI, Michael Keen, directeur adjoint du département des finances publiques du FMI, déclara que l’Espagne « n’a pas eu suffisamment recours à la TVA » pour augmenter ses recettes. Il n’aura vraisemblablement pas suffit d’appliquer une hausse de TVA de 13 points, passant de 8 à 21% pour les secteurs de la Culture, des livres ou du matériel scolaire. Les Espagnols apprécieront l’attention particulière du FMI à ce propos. Après deux hausses brutales de l’impôt régressif le plus injuste, d’abord sous le gouvernement du parti dit socialiste (PSOE) et de la droite (PP) ensuite, les recommandations du FMI sont scandaleuses. Ils prétendent soigner la maladie en tuant le patient.

Dans son rapport fiscal d’octobre 2013, Le FMI, affiche une soudaine préoccupation pour réduire la dette publique aux niveaux d’avant la crise en 2007, sans pour autant reconnaitre que dans certains cas, et en Espagne en particulier, la dette publique s’est envolée précisément en conséquence du sauvetage bancaire. En guise de solution, le FMI revient à faire des propositions profondément injustes et erronées, tel l’impôt exceptionnel déjà mentionné de 10% sur l’économie des foyers. |4| Dans son argumentaire, le FMI met en garde contre « les risques des alternatives » à cette proposition, tel que « la répudiation de la dette publique ». Un « risque » qui constituerait plutôt pour nous un premier pas vers une sortie de crise.

Depuis la Plateforme espagnole d’Audit Citoyen de la Dette, nous ne devons pas, nous ne payons pas (Plataforma Auditoría Ciudadana de la Deuda, No debemos , no Pagamos), nous développons des activités afin que les citoyennes et citoyens puissent envisager des alternatives, définir des critères pour qualifier une dette illégitime et en refuser le paiement.

Traduction Jérôme Duval et Virginie de Romanet

Notes

|1| Jérôme Duval, Fátima Fafatale, Espagne. Le sombre avenir que nous réserve le FMI : Dette, chômage et pauvreté.

|2| Effets des politiques d’ajustement structurel sur la jouissance effective des droits de l’homme, point 6. http://www.cetim.ch/fr/documents/pa...

|3| Nations Unies, Ibid, point 31.

|4| A One-Off Capital Levy ?, in Taxing Times, Fiscal Monitor, FMI, octobre 2013, page 49. http://www.imf.org/external/pubs/ft...

 

 

 

Partager cet article
Repost0
28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 17:43

CADTM

 

cadtm.org

Annuler la dette ou taxer le capital : pourquoi choisir ?

28 octobre par Patrick Saurin , Eric Toussaint , Thomas Coutrot

 

 

Indignes_1.jpg 

 

A l’occasion de la sortie de deux livres importants, Dette 5000 ans d’histoire et Le Capital au XXIème siècle, Mediapart a eu l’heureuse idée d’organiser une rencontre entre leurs auteurs respectifs, David Graeber et Thomas Piketty. Leurs échanges sont accessibles sur le site du journal en ligne |1|.

Comment sortir de la dette, cette question centrale posée en préambule à ce dialogue est également au cœur des réflexions et de nos activités militantes respectives. C’est pourquoi nous avons souhaité donner un prolongement constructif à ces échanges en proposant le texte qui suit, fruit d’une réflexion collective qui explicite, commente, questionne et critique les points de vue et les arguments avancés par les deux auteurs.

Annuler la dette ou taxer le capital ?

Les échanges entre T. Piketty et D. Graeber tournent pour l’essentiel autour de la mise en regard des mérites respectifs de l’impôt sur le capital et de la répudiation de la dette publique. D. Graeber, s’appuyant sur une belle érudition historique et anthropologique, souligne que l’annulation de tout ou partie de la dette, privée ou publique, est une figure récurrente des luttes de classes depuis 5000 ans. Considérant que la dette est un mécanisme central de la domination capitaliste aujourd’hui, il ne voit aucune raison qu’il en aille autrement dans les années à venir.

T. Piketty estime pour sa part qu’on peut obtenir un allègement considérable du poids des dettes par un mécanisme fiscal de taxation des grandes fortunes qui serait plus juste socialement, car il éviterait de frapper les petits et moyens épargnants détenteurs (via les fonds communs de placement gérés par les banques et les compagnies d’assurance) d’une grande partie de la dette publique.

Sans que les deux interlocuteurs ne l’explicitent, on peut sans doute attribuer leur différend à des présupposés philosophiques et politiques opposés. Pour Graeber, de tradition anarchiste, l’annulation de la dette est préférable parce qu’elle ne suppose pas nécessairement de s’en remettre à l’État national, et encore moins à un État ou une institution supranationale : elle peut résulter de l’action directe des débiteurs (cf. le projet de « strike debt » |2| porté par Occupy Wall Street aux États-Unis), ou bien de la pression populaire imposant une décision à un gouvernement. Pour Piketty, de tradition social-démocrate, c’est une fiscalité mondiale sur le capital qui est nécessaire, et des mesures fiscales nationales portées par des gouvernements réformistes peuvent déjà permettre d’avancer.

Au vu précisément des arguments des deux auteurs, nous pensons qu’il n’est pas nécessaire de choisir entre imposition du capital et annulation de dettes, mais qu’il est judicieux de mettre en œuvre ces deux mesures simultanément.

Annuler la dette, une mesure injuste socialement ?

T. Piketty rejette les annulations de dette au motif que les créanciers seraient en majorité des petits épargnants qu’il serait injuste de faire payer, alors que les très riches n’auraient investi qu’une faible part de leur patrimoine dans les titres de la dette publique. Mais nous lui objectons que l’audit de la dette que nous préconisons a non seulement pour vocation d’identifier la dette légitime (c’est-à-dire la dette au service de l’intérêt général) de celle qui ne l’est pas, mais également d’identifier précisément les porteurs afin de pouvoir les traiter différemment selon leur qualité et le montant détenu. En pratique, la suspension de paiement est la meilleure manière de savoir exactement qui détient quoi car les détenteurs de titres sont forcés de sortir de l’anonymat.

Selon la banque de France, en avril 2013, la dette négociable de l’État en France était détenue à 61,9 % par des non-résidents, essentiellement des investisseurs institutionnels (banques, compagnies d’assurance, fonds de pension, fonds mutuels…). Pour les 38,1 % qui sont détenus par des résidents, la part du lion revient aux banques (elles détiennent 14 % des dettes publiques françaises), aux assurances et autres gestionnaires d’actifs |3|. Les petits porteurs (qui gèrent directement leur portefeuille de titres) ne représentent qu’une infime minorité des détenteurs de dettes publiques. À l’occasion d’une annulation de dettes publiques, il conviendra de protéger les petits épargnants qui ont placé leurs économies dans des titres publics ainsi que les salariés et les retraités qui ont vu une partie de leurs cotisations sociales (retraite, chômage, maladie, famille) placé par les institutions ou les organismes gestionnaires dans ce même type de titres.

L’annulation des dettes illégitimes doit être supportée par les grandes institutions financières privées et les ménages les plus riches. Le reste de la dette doit être restructuré de manière à réduire drastiquement tant le stock que la charge de la dette. Cette réduction/restructuration peut notamment s’appuyer sur l’impôt sur le patrimoine des plus riches comme évoqué par T. Piketty |4|. Annulation des dettes illégitimes et réduction/restructuration du reste de la dette doivent aller de pair. C’est un vaste débat démocratique qui doit décider de la frontière entre les épargnants petits et moyens qu’il faut indemniser et les gros qu’on peut exproprier. On pourrait alors mettre en place une taxe progressive sur le capital, frappant durement les très grandes fortunes, celles des 1 % les plus riches, dont T. Piketty a montré qu’ils possèdent aujourd’hui plus du quart de la richesse totale en Europe et aux États-Unis |5|. Cette taxe prélevée en une seule fois permettrait de terminer d’éponger l’ensemble des dettes publiques. Par la suite, une fiscalité fortement progressive sur les revenus et le capital bloquerait la reconstitution des inégalités patrimoniales dont Piketty estime à juste titre qu’elles sont antagoniques avec la démocratie.

Annulation de la dette : au bénéfice de qui ?

Si nous ne pouvons pas suivre T. Piketty quand il affirme que l’annulation de la dette « n’est pas du tout une solution progressiste », il a cependant raison de remettre en cause le type d’annulation partielle de dettes conçue par la Troïka (Commission européenne, BCE et FMI) pour la Grèce en mars 2012. Cette annulation a été conditionnée par des mesures qui constituent des violations des droits économiques, sociaux, politiques et civils du peuple grec, et qui ont enfoncé encore un peu plus la Grèce dans une spirale descendante. Il s’agissait d’une entourloupe visant à permettre aux banques privées étrangères (principalement françaises et allemandes) de se dégager en limitant leurs pertes, aux banques privées grecques d’être recapitalisées aux frais du Trésor public, et à la Troïka de renforcer durablement son emprise sur la Grèce. Alors que la dette publique grecque représentait 130 % du PIB en 2009, et 157 % en 2012 après l’annulation partielle de la dette, elle a atteint un nouveau sommet en 2013 : 175 % ! Le taux de chômage qui était de 12,6 % en 2010 s’élève à 27 % en 2013 (50 % pour les moins de 25 ans). Avec T. Piketty nous refusons ce type de « haircut » prôné par le FMI, qui vise seulement à maintenir en vie la victime pour pouvoir la saigner encore et toujours plus. L’annulation ou la suspension du paiement de la dette doit être décidée par le pays débiteur, à ses conditions, pour lui donner un vrai bol d’oxygène (comme l’ont fait par exemple l’Argentine entre 2001 et 2005 et l’Equateur en 2008-2009).

La dette et l’inégalité des fortunes ne sont pas les seuls problèmes

Graeber et Piketty s’opposent pour déterminer si c’est la dette ou l’inégalité des patrimoines qui est la cible politique prioritaire. Mais pour nous, les problèmes que rencontrent nos sociétés ne se limitent pas au problème de la dette publique ni à celui de l’inégalité des fortunes privées. Tout d’abord, il est bon de rappeler – et Graeber le fait systématiquement – qu’il existe une dette privée bien plus importante que la dette publique |6|, et que l’augmentation brutale de cette dernière depuis cinq ans est due en bonne part à la transformation de dettes privées, celles des banques notamment, en dettes publiques. Ensuite et surtout, il faut replacer la question de la dette dans le contexte global du système économique qui la génère et dont elle n’est qu’un des aspects.

Pour nous, imposition du capital et annulation des dettes illégitimes doivent faire partie d’un programme bien plus vaste de mesures complémentaires permettant d’enclencher une transition vers un modèle post-capitaliste et post-productiviste. Un tel programme, qui devrait avoir une dimension européenne tout en commençant à être mis en pratique dans un ou plusieurs pays, comprendrait notamment l’abandon des politiques d’austérité, la réduction généralisée du temps de travail avec embauches compensatoires et maintien du salaire, la socialisation du secteur bancaire, une réforme fiscale d’ensemble, des mesures pour assurer l’égalité hommes-femmes et la mise en place d’une politique déterminée de transition écologique.

Graeber met l’accent sur l’annulation de la dette car il croit, comme nous, qu’il s’agit d’un objectif politique mobilisateur ; mais il ne prétend pas que cette mesure se suffise à elle-même, et il s’inscrit dans une perspective radicalement égalitaire et anticapitaliste. La critique essentielle qu’on peut faire à Thomas Piketty est qu’il pense que sa solution peut fonctionner en demeurant dans le cadre du système actuel. Il propose un impôt progressif sur le capital pour redistribuer les richesses et sauvegarder la démocratie, mais n’interroge pas les conditions dans lesquelles ces richesses sont produites et les conséquences qui en résultent. Sa réponse ne remédie qu’à l’un des effets du fonctionnement du système économique actuel, sans s’attaquer à la véritable cause du problème. Tout d’abord, admettons qu’on obtienne par un combat collectif une imposition du capital, à laquelle nous aspirons, les recettes générées par cet impôt risquent d’être largement englouties par le remboursement de dettes illégitimes si nous n’agissons pas pour leur annulation. Mais surtout, nous ne pouvons pas nous contenter d’un partage plus équitable des richesses, si celles-ci sont produites par un système prédateur qui ne respecte ni les personnes ni les biens communs, et accélère sans trêve la destruction des écosystèmes. Le capital n’est pas un simple « facteur de production » qui « joue un rôle utile » et mérite donc « naturellement » un rendement de 5 %, comme le dit Piketty, c’est aussi et surtout un rapport social qui se caractérise par l’emprise des possédants sur le destin des sociétés. Le système capitaliste en tant que mode de production est à l’origine non seulement d’inégalités sociales de plus en plus insoutenables, mais de la mise en danger de notre écosystème, du pillage des biens communs, de rapports de domination et d’exploitation, d’aliénation dans la marchandise, d’une logique d’accumulation réduisant notre humanité à des femmes et des hommes incapables de sublimer, obsédés par la possession de biens matériels et oublieux de l’immatériel qui pourtant nous fonde.

La grande question que Piketty ne se pose pas, mais qui saute aux yeux de qui observe les rapports de pouvoir dans nos sociétés et l’emprise de l’oligarchie financière sur les États, est la suivante : quel gouvernement, quel G20 décidera d’un impôt mondial progressif sur le capital, sans que de puissants mouvements sociaux n’aient d’abord imposé le démantèlement du marché financier mondialisé et l’annulation des dettes publiques, instruments majeurs du pouvoir actuel de l’oligarchie ?

Comme David Graeber, nous pensons qu’il faudra imposer l’annulation des dettes sous « l’impulsion des mouvements sociaux ». C’est pourquoi nous agissons dans le cadre du collectif d’audit citoyen (CAC |7|) afin que l’annulation de la dette illégitime résulte d’un audit auquel les citoyens participent comme acteurs. Nous sommes cependant dubitatifs face à son idée selon laquelle « le mode de production actuel est fondé sur des principes moraux plus qu’économiques », car « le néolibéralisme a privilégié le politique et l’idéologique sur l’économique ». Pour nous, il n’y a pas d’opposition entre ces trois champs mais il y a un système, le néolibéralisme, qui les articule à sa manière. Le capitalisme néolibéral n’a pas privilégié le politique et l’idéologique sur l’économique, il les a utilisés et mis au service de la recherche du profit privé maximum, avec un certain succès jusqu’à présent si l’on en juge d’après les données fournies par Piketty dans son ouvrage. Certes, ce système a engendré de monstrueux déséquilibres – dont les dettes privées et publiques – et n’est pas compatible à terme avec une société émancipée, mais dans l’immédiat sa domination se perpétue.

Au-delà des divergences – secondaires avec Graeber, plus profondes avec Piketty – que nous venons d’expliciter, nous sommes bien sûr prêts à emprunter ensemble le chemin de l’annulation des dettes illégitimes et de l’impôt progressif sur le capital. Lorsque nous arriverons à un carrefour dont une des voies indiquera la sortie du capitalisme, il nous appartiendra alors, tous ensemble, de reprendre le débat en tirant les leçons de l’expérience du chemin parcouru.

Notes

|1| http://www.mediapart.fr/journal/cul...

|2| Voir le site www.strikedebt.org

|3| Reuter, « Les 50 plus gros détenteurs de dette française » http://fr.reuters.com/article/compa... , 28 décembre 2011.

|4| T. Piketty, Le capital au XXIe siècle, Le Seuil, 2013, p. 887.

|5| T. Piketty, idem, p. 556.

|6| En 2011, dans la Zone Euro, la dette brute des États représentait 82 % du PIB, la dette des ménages 61 %, la dette des sociétés non financières 96 % et la dette des sociétés financières 333 % (Base de données Base de données de recherche Morgan Stanley : http://www.ecb.int/stats/money/aggr...

|7| Voir le site du CAC : http://www.audit-citoyen.org/

 

 

 

Partager cet article
Repost0
28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 17:17

 

rue89.com

 

Tribune 28/10/2013 à 17h18
« Optimisation » de la facturation : comment les hôpitaux creusent le trou de la Sécu

Adrien Renaud, économiste de la santé

 

Tribune

Les hôpitaux ont trouvé le moyen de gagner plus sans travailler plus. Pour opérer ce miracle, ils font appel à des prestataires externes, qu’ils rémunèrent pour « optimiser » leur facturation. Ils parviennent ainsi à gonfler leur chiffre d’affaires (et le trou de la Sécu !), sans pour autant augmenter leur activité.

Making of

Quand il a découvert que certains hôpitaux publics payaient des prestataires externes pour « optimiser » leur facturation, Adrien Renaud a été choqué : « Ils creusent ainsi le trou de la Sécu, sans soigner davantage de patients pour autant. » Il a écrit cette tribune pour faire partager son indignation. Mathieu Deslandes

Cette pratique surprenante a récemment été mise en lumière par une plainte déposée par les syndicats médicaux Avenir Hospitalier et SNPHAR-E auprès du procureur de la République de Saint-Malo.

Ce n’est pas le danger qui plane sur l’équilibre des comptes sociaux qui a poussé les deux organisations à mettre en cause le CHU de la ville bretonne, mais des entorses présumées à la déontologie. Le cabinet de consultants recruté par l’hôpital malouin pour optimiser sa facturation aurait, d’après les deux syndicats, eu accès à 950 dossiers de patients non-anonymisés, violation flagrante de l’éthique médicale.

Parallèlement à la plainte déposée par Avenir Hospitalier et SNPHAR-E, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) avait mis en demeure le 7 octobre dernier le CHU de Saint-Malo pour non respect de la confidentialité des données de santé.

Marchandisation

La mise en demeure a été levée le 17 octobre, mais le problème est loin d’être réglé : d’après les associations de patients, la consultation de dossiers non-anonymisés n’est pas pratiquée uniquement à Saint-Malo. Le Collectif interassociatif sur la santé (CISS) estime par exemple que ce sont environ 15 000 dossiers qui ont été indûment étudiés dans 150 établissements.

Il est vrai que les établissements hospitaliers sont en France à la recherche de nouveaux moyens pour augmenter leurs recettes et combler ainsi leurs déficits. Confrontés à des contraintes budgétaires de plus en plus lourdes, ils enchaînent les plans d’économies.

En théorie, la recette devrait être simple : pour augmenter leur chiffre d’affaires, il leur suffit d’accueillir plus de patients. En effet, depuis 2005, leur rémunération est fonction de leur activité : c’est la fameuse tarification à l’activité (T2A). Les établissements hospitaliers sont devenus un peu comme les médecins libéraux : plus ils accueillent de patients, plus ils gagnent d’argent.

Pour ses promoteurs, la T2A permet de stimuler les hôpitaux et de les inciter à l’efficacité. Ses détracteurs, à l’instar du médiatique professeur André Grimaldi, voient au contraire dans ce système « un tournant politique vers la marchandisation et la privatisation de la santé ».

Un manuel de 1 600 pages

 


Des sièges dans la salle d’attente d’un hôpital (JIhopgood)

 

Au-delà de la polémique, une chose est sûre : la T2A est une véritable usine à gaz. Seuls des spécialistes peuvent la comprendre, et elle nécessite un lourd travail de traitement de l’information. Chaque acte médical effectué par l’hôpital, chaque geste clinique, chaque cas de figure doit être répertorié et tarifé.

Il y a plus de 2 500 « groupes homogènes de malades », inventoriés dans un gros manuel en trois volumes et plus de 1 600 pages. A chacun de ces groupes correspond un tarif :

  • par exemple, un hôpital public qui soigne un « trouble sévère de la lignée érythrocytaire, âge supérieur à 17 ans, niveau 2 » facturera 2 257 euros à la caisse d’assurance maladie ;
  • une « intervention sur la hanche et le fémur pour traumatismes récents, âge supérieur à 17 ans, niveau 4 » sera quant à elle facturée 11 817 euros.

Il y a bien sûr des complications : pour bien facturer, il ne suffit pas de connaître par cœur les 1 600 pages du manuel. Il faut aussi maîtriser les notions de seuil haut, seuil bas, de forfait journalier...

En interne, la complexité de la T2A est gérée par les départements de l’information médicale (DIM). Ces services sont chargés de vérifier que le médecin qui a traité le patient et encodé son acte dans le système informatique ne s’est pas trompé. Mais les DIM doivent aussi éviter de faire payer à la Sécurité sociale des actes indus : les caisses d’assurance maladie veillent au grain et opèrent de fréquents contrôles !

Marché florissant

Le travail d’encodage au quotidien est donc effectué par les hôpitaux eux-mêmes. Mais l’optimisation de la facturation nécessite quant à elle de faire appel à des compétences extérieures, notamment en informatique. Il s’agit d’un marché florissant, et les sociétés de conseil se multiplient : T2A Conseils, Altao, T2A Consultants et leurs concurrents recherchent activement des « médecins DIM », ces spécialistes capables de tirer un bénéfice maximal du travail médical déjà effectué par leurs confrères.

Il est difficile de se faire une idée de la rémunération de ces entreprises. Mais une chose est certaine : quels que soient leurs tarifs, ils sont inférieurs aux ressources supplémentaires que l’hôpital espère obtenir des caisses d’assurance maladie grâce à leur travail. Dans le cas de l’hôpital de Saint-Malo, le CISS estime que le cabinet qui a optimisé la facturation de l’établissement lui a permis de récupérer deux millions d’euros pour la période allant de décembre 2012 à août 2013.

Voici peut-être une information qui peut intéresser les députés, qui doivent voter cette semaine le projet de loi de financement de la Sécurité sociale...

 

 

 

Partager cet article
Repost0
28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 16:57
En images 28/10/2013 à 16h48
Le petit problème d’Amazon résumé en un graphique
Clément Guillou | Journaliste Rue89

 

 


Capture d’écran : chiffre d’affaires (en bleu) et bénéfice (en jaune) d’Amazon depuis 2009 (Statista.com)

 

Un graphique réalisé par Statista illustre les performances récentes du géant de la vente en ligne Amazon. N’importe quelle entreprise rêverait d’avoir la même courbe bleue pour illustrer son chiffre d’affaires. Une forte progression, régulière, avec des pics au quatrième trimestre, celui des fêtes.

Mais n’importe quelle entreprise « normale » aurait le couteau sous la gorge avec la courbe jaune, celle des bénéfices. Depuis 2010, Amazon n’a jamais annoncé de bénéfice substantiel sur un trimestre. Vendredi, l’entreprise a encore annoncé une perte de 41 millions de dollars pour le troisième trimestre.

C’est simple : tout ce que Jeff Bezos, PDG d’Amazon, gagne, il s’arrange pour le dépenser. Slate.com résume l’affaire avec humour : « Jeff Bezos est comme le roi Midas à l’envers, il transforme l’or qu’il touche en autre chose ».

« Le trimestre à venir posera peut-être à l’entreprise son plus grand défi jusqu’à présent, puisqu’Amazon est presque certain de voir ses revenus atteindre un record historique grâce aux fêtes. Mais en ce qui me concerne, j’ai confiance en Bezos pour trouver un moyen de tout dépenser jusqu’au dernier centime. Cette homme est passé maître dans l’art de ne pas gagner d’argent... »

+220% en trois ans, sans bénéfice

Malgré cette courbe jaune rectiligne, il en est une autre qui n’en finit plus de monter : celle du cours de l’action Amazon. Wall Street est toujours amoureux de Jeff Bezos et a réagi favorablement aux résultats présentés vendredi. Depuis la mi-2010, l’action a gagné 220% sans engranger de bénéfice substantiel. C’est une évolution paradoxale et sans doute unique au monde. Mais elle s’explique.

Benedict Evans, analyste basée à Londres et interrogée par le New York Times :

« Bezos a décidé de faire d’Amazon le vendeur le plus gros, le plus puissant et le plus profitable sur terre dans vingt ans. N’importe qui pourrait en faire une entreprise profitable aujourd’hui. »

Amazon investit massivement depuis plusieurs années à la fois pour assumer ses ventes en augmentation – entrepôts, main-d’œuvre, expansion en Asie – et pour se diversifier – liseuses, production audiovisuelle, « cloud computing », moyen de paiement. Partout où il s’installe, le géant de la vente en ligne veut briser les reins de la concurrence en vendant quasiment à prix coûtant, puis à racheter ce qu’il en reste.

Dans les milieux économiques, le débat sur la profitabilité d’Amazon est de plus en plus vif. Comme le montre Wall Street, ceux qui pensent que le revendeur sera bientôt en position de quasi-monopole et fera de gros profits sont nettement majoritaires.

Les frais de port augmentent

Mais ceux qui ne voient pas comment Amazon pourrait se sortir de ce modèle discount existent aussi. Pour gagner de l’argent, l’entreprise devra un jour abandonner l’un des éléments qui fait qu’elle écrase la concurrence : prix bas, frais de port faibles ou gratuits, excellent service après-vente.

Il est déjà en train de le faire. Aux Etats-Unis, le prix minimum pour bénéficier du port gratuit vient de passer de 25 dollars à 35 dollars. Les conditions d’envoi rapide pour les clients abonnés au service « Prime » ont aussi changé.

Lorsque Jeff Bezos aura avalé toute la concurrence et se sera attaché les faveurs des clients grâce à sa générosité apparente, « je ne pourrai plus me rendre compte que les prix augmentent car je n’aurai plus aucun élément de comparaison », relève un client chef d’entreprise cité par le New York Times.

Interrogé vendredi pour savoir quand Amazon annoncerait à nouveau des profits, le directeur financier n’a pas répondu. Il a juste dit qu’il voyait encore « beaucoup d’opportunités d’investissement ».

 

 

Partager cet article
Repost0
28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 16:37

 

rue89.com

 

Turbulences 28/10/2013 à 14h55
Chez Ryanair, il faut payer pour être formé
Clément Guillou | Journaliste Rue89

 

 


Michael O’Leary, PDG de Ryanair, à Rome le 22 janvier 2013 (MISTRULLI LUIGI/SIPA)

C’est une année noire pour Ryanair, dont les résultats sont en forte baisse. Après les problèmes d’image, la condamnation en France pour infraction au droit social, les questions sur la sécurité des vols, c’est à nouveau le traitement des employés qui est mis en cause.

Des aspirants stewards brisent le silence dans le journal anglais The Observer, qui révèle les conditions de leur intégration dans la compagnie aérienne low-cost.

Plus de 2 000 euros pour espérer travailler

La plupart sont formés par l’agence de recrutement irlandaise Crewlink ou l’entreprise anglaise St James Management Services. Les aspirants doivent payer leur formation : soit avant, soit par déduction du futur salaire. Selon le formateur et la formule, les prix s’étalent de 1 935 à 2 849 euros.

Si les étudiants n’ont pas de bas de laine, ils choisissent logiquement de payer avec leur futur salaire, surtout que Crewlink promet qu’en cas d’échec de la formation – de six semaines –, les frais de formation ne seront pas réclamés. Pourtant, selon les informations recueillies par The Observer, les stagiaires sont souvent poursuivis par les formateurs pour payer les frais de formation, même lorsqu’ils n’ont pas été engagés.

La période d’essai d’un steward chez Ryanair est ensuite de douze mois, selon un contrat consulté par le journal. Durant cette première année, le salaire est de 13,39 livres (15,71 euros) par heure de vol, toutes les heures de travail hors vol – briefings, embarquement, débarquement, accueil des passagers, nettoyage de la cabine, escale – n’étant pas rémunérées.

Les stewards peuvent être déplacés d’une base à l’autre sans compensation et les arrêts maladie ne sont pas indemnisés, pas plus que les permanences obligatoires, plusieurs fois par mois. La première année, l’uniforme coûte 30 livres (35 euros) par mois.

La peur des représailles

Malgré tout, Ryanair trouve toujours des candidats. Alex, jeune steward espagnol, nous avait ouvert son porte-monnaie en 2012. Son salaire – en moyenne 1 310 euros net par mois – lui permettait de financer des études par correspondance.

Comme les stewards contactés par The Observer, Alex refusait de s’exprimer sur les pratiques de Ryanair ou de donner son identité par peur « d’éventuelles représailles ». Le plus ancien pilote de la compagnie a été licencié en août après avoir émis des réserves sur la politique de sécurité de Ryanair à la télévision britannique.

Tandis que le journal assure que beaucoup de stagiaires sont virés durant la période d’essai, un porte-parole de Crewlink assure que plus de 95% d’entre eux sont toujours en poste après six mois. Sur les conditions de travail, il ajoute :

« Si les gens n’aiment pas les conditions contractuelles, ils sont libres de partir quand ils le veulent. »

Ryanair en mission de reconquête

La formule rappelle la réaction de Michael O’Leary, excentrique patron de la compagnie, lorsqu’on lui rapportait les plaintes de ses clients : « S’ils ne nous aiment pas, qu’ils aillent voler ailleurs. » Celui qui est devenu l’un des hommes les plus détestés de Grande-Bretagne tout en faisant grandir Ryanair a dit un jour :

« Les gens disent que le client a toujours raison, mais vous savez quoi ? Ce n’est pas vrai. Parfois il a tort et il faut le lui dire. »

Mais depuis quelques mois, O’Leary bat sa coulpe. L’image très dégradée de sa compagnie, qui fait tout pour gonfler la note finale d’un voyage, a-t-elle joué un rôle dans les résultats décevants de l’année ? Pour la première fois depuis dix ans, Ryanair va sans doute manquer son objectif annuel.

Le PDG et la compagnie sont donc en mission de reconquête. Ryanair a réduit plusieurs frais annexes... mais seulement jusqu’à fin mars – une sorte de promo sur les taxes.

L’entreprise a aussi ouvert un compte Twitter. La semaine dernière, Michael O’Leary s’est mouillé lors d’une séance de questions-réponses via le Twitter de la compagnie. Son autodérision a dans l’ensemble été saluée – « La plus grande erreur de Ryanair ? M’embaucher » – mais il n’a pu s’empêcher de commettre quelques faux pas, en commentant la photo de profil d’une internaute ou en se comparant à Jésus et Superman.

Comme la compagnie irlandaise a de l’humour, elle a précisé que « suivre ce compte n’est pas payant ».

Partager cet article
Repost0
28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 16:21

 

rue89.com

Témoignage 28/10/2013 à 12h30
Vendeur chez Naturalia, je suis à la fois MacGyver et Superman

Louis.

 

 


Montage : MacGyver joué par Richard Dean Anderson (TCM) et Superman joué par Dean Cain (Warner Bros.)

En promo ce mois-ci chez Naturalia :

« L’exploitation des salariés, c’est notre savoir-faire. »

Making of

Louis (prénom d’emprunt) travaille depuis plusieurs années chez Naturalia. Avant, il aimait cette enseigne spécialisée dans les produits bio. « L’ambiance était sympa, chaleureuse, familiale. » Depuis qu’elle a été rachetée par Monoprix, en 2008, Louis considère que l’expérience vire au désastre.

 

Contactée par Rue89, la direction de Naturalia n’a pas souhaité répondre aux accusations contenues dans ce témoignage. Laure Beaulieu

Promo du mois prochain :

« Le green-washing, c’est notre marque de fabrique ! »

Chez Naturalia, nous sommes en sous-effectif chronique depuis le rachat par Monoprix.

La direction exige donc que le même travail soit effectué avec moins d’employés.

Pour 36 heures par semaine payées au smic horaire, on doit donc courir dans tous les sens. On est à la fois manutentionnaires, caissiers, vigiles...

Moi, je me plains, mais il y a pas mal de nanas dans la boîte. Va soulever les cagettes de 10 kg de pommes de terre à 6 heures du mat’ quand tu fais 50 kg toute mouillée et dépoter cinq chariots conteneurs remplis à ras bord de marchandises ! Et y a pas que des colis de chips là-dedans... Sérieux, on est plus manut’ que vendeurs dans cette boîte.

Des mecs chelous et des mamies voleuses

La direction préfère parfois nous laisser seuls en magasin au lieu de recruter. Tout ou presque peut nous arriver : vols, braquages, malaises… Je vois des mecs chelous à la dentition douteuse, teint gris et poisseux, le regard mauvais et vitreux, partir avec des bouteilles de vin sous leurs vestes de pirate. Perso, je ne cherche pas à m’embrouiller avec eux. J’irai même jusqu’à les ignorer volontairement ces gars-là.

En revanche, surprendre enfin la mamie qui mange des dattes et recrache les noyaux dans nos rayons, ça c’est mon affaire ! Je me précipite sur elle, coup de tête balayette, plaquage au sol, je lui dis ses droits et torture son chihuahua pour qu’elle me confesse combien de kilos de dattes elle a engloutis depuis le temps qu’on la voit passer tous les jours au magasin pour acheter une feuille de salade.

Sachez, mesdames et messieurs les clients, que nous pouvons passer une journée de 8h45 en caisse, sans avoir de quoi s’asseoir pour soulager de temps en temps nos gambettes.

En mode pilote automatique

On vous demandera inlassablement si vous avez besoin de pain. Pitié, laissez-nous vous demander si vous en voulez, même si ça vous agace, car en caisse nous sommes en mode pilote automatique. « Bonjour » devient « au revoir », « madame » devient « monsieur ». Les gens qui « oublient » de peser leurs fruits et légumes nous irritent au plus haut point.

Il n’y a que deux techniciens (nos hommes à tout faire) pour la soixantaine de magasins de Paris et sa banlieue [78 boutiques Naturalia en France, dont 15 hors d’Ile-de-France, ndlr].

« Allô, vous êtes où les gars ? Quoin vous êtes overbookés ? Hein, vous serez dispos dans deux-trois ans ? ! »

Qui va changer l’ampoule ?

  • Solution 1 : on attend qu’on ne vienne pas à notre secours ;
  • solution 2 : on s’improvise MacGyver. Et là, c’est (parfois) le drame.

Tous les jours, nous faisons les « pertes ». C’est-à-dire : jeter les produits dont la date limite de consommation se termine le jour même et le lendemain. Donc le beau poulet bio fermier, les crèmes au chocolat bio, la pizza bio, les pavés de saumons bio et le pain bio invendu du jour iront nourrir la poubelle.

Naturalia nous interdit de récupérer les pertes encore consommables, ni même de les goûter histoire de meubler nos conversations avec « papi pinard », un habitué. Nous ne pouvons pas non plus les donner à des personnes dans le besoin (les rues de Paris n’en manquent pourtant pas).

Vive l’ambiance à la maison

Que tu veuilles une vie privée n’entre pas dans les projets de Naturalia. A ton insu, cette boîte devient ta famille. Tes plannings te sont parfois communiqués le samedi pour le lundi qui arrive. Côté horaires, c’est le yoyo.

Tu sors du magasin à 20h15, et le lendemain, à la fraîche, tu t’y repointes à 6h30 pour faire des épaulés jetés de cagettes. Parfois, ils ne respectent même pas les onze heures de battement entre deux journées de boulot. Comme ton horloge biologique, tu es complètement détraqué.

Ton gentil planning se transforme parfois en montagnes russes. Que du bonheur quand on t’annonce le jour même que tu dois te rendre à l’autre bout de Paris pour renforcer une équipe en galère.

Déphasé et usé, tu finis par préférer ton canapé au gigot de mémé le dimanche. Et tu vis mal le fait de lutter contre le sommeil et ta sciatique naissante pendant le sexe. Vive l’ambiance à la maison. Tu te surprends alors à te shooter au chocolat bon marché en intraveineuse pour oublier que tu as une VDM [vie de merde, ndlr].

Superman payé au smic

Et puis il y a ces fameux « audits ». « Ils » passent en magasin pour contrôler qu’on ne laisse pas de produits périmés en rayon. La bonne blague quand on n’a même pas le temps de faire le minimum dans une journée...

Nous avons aussi moins de temps à consacrer aux clients. Les accueillir, les conseiller. Etablir un contact et guider les « puceaux du bio ». Les fidéliser comme le voudrait tout commerçant en somme.

On comprend leur agacement. Nous devenons des deux côtés de la barrière peu respectueux les uns et des autres. Et cela n’est pas surprenant puisque Monoprix s’obstine depuis cinq ans à faire rentrer Naturalia dans une logique de grande distribution.

T’es payé au smic mais ton poste, c’est d’être Superman. Tu visualises alors ton avenir avec Monoprix/Casino et toute la fine équipe : un énorme gyrophare rouge clignote, qui hurle : « Casse-toi ! »

On avoue que tout cela cumulé, on ne parvient plus à garder le sourire H-24. Les cernes se creusent, la fatigue devient constante et l’abattement s’immisce dans notre optimisme à toute épreuve.

Mais l’enseigne s’en fiche. C’est un vrai moulin, les vendeurs vont et viennent sans avoir vraiment d’attirance pour le bio ou l’écologie, ni la vente d’ailleurs. Comme les employés de McDo. Quoi ? C’est insensé de faire une analogie Naturalia/McDo ? Pas si sûr.

 

 

AaAaAaAaAaAa
AaAaAaAaAaAa
indépendante

Bonjour
J’ai travaillé chez Bio C Bon ( concurrence directe et affichée de Naturalia)
en pensant allier mes convictions et un job alimentaire.. Je me suis vite rendue à l’évidence ; BCB est une holding comme tant d’autres dont le but est le profit, et faire du bio n’est qu’une façon de surfer sur la tendance. Résultat les légumes viennent des 4 coins du monde pour être compétitifs ( « ici on est moins cher que chez Naturalia madame ! » ) et les conditions de travail en magasin et de management sont absolument déplorables , très similaires à celles décrites chez Naturalia. Pour être passée brièvement chez Monoprix, je confirme que le salarié n’a qu’un seul droit : se taire et un devoir : supporter.

Bref, je suis donc partie écoeurée de chez Bio C Bon, après divers accidents, agressions, menaces de mort et j’en passe suite auxquels nos pétitions, demande d’aide à la hiérarchie sont restés lettre morte... voilà, c’est une chaîne, c’est ni pire ni mieux que Naturalia, c’est de la grande distribution, c’est l’appât du gain qui se cache derrière une image « green ».
Ah oui, et payé le smic également, of course !

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22