Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 17:49

 

reporterre.net

 

Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend

Baptiste L.

lundi 4 novembre 2013

 

 

 

 

Le monde est fou. Mais "nous sommes très, très nombreux et nombreuses à avoir conscience du non sens de nos vies, de la nécessité de ’tout foutre en l’air’, de tout ’remettre à plat’, de revenir à des choses locales, simples, compréhensibles par toutes et tous"



 

De la part de votre envoyé spécial pour vos Renseignements Généreux

"Ici et Maintenant"

Ici, sur ce site de Reporterre, et Maintenant, chaque seconde qui passe.

Nous sommes toutes et tous confrontéEs à la "Crise"... fameuse crise multi formes, multi thématiques.

J’ai 29 ans, j’ai l’impression que depuis que je suis né, la "Crise" est là... Multiples formes de crises.

Dès mes seize ans, quinze ans et demi même, suite à un grave accident où j’ai failli perdre la vie, je décide de "consacrer ma vie à faire en sorte que cesse l’inacceptable, que tout le monde puisse avoir tout de suite à manger, de l’eau potable, accès aux soins, à la lecture et l’écriture, au bien être et à une vie digne..."

Tout ça, du haut de mes quinze ans et demi, conscient d’avoir un rôle à jouer, je me voyais sauver le monde.

Première surprise, ô combien révélatrice : à la question : " Que comptes-tu faire de ta vie ?", ma réponse claire et nette : "Faire en sorte que tout le monde vive en paix sur Terre", me valait des "Laisse tomber...", "Es-tu fou ?", "Impossible !", "Jamais ça n’est arrivé, jamais ça n’arrivera..."

Quel monde est-il assez fou pour accueillir un enfant de la sorte ? Comment peut-on répondre à un enfant qui veut sauver le monde qu’il est fou ? La puissance des énergies contraires me laissait seul... très seul face au monde que je voyais de mieux en mieux, et qui ne me donnait pas envie, me faisait peur... et me rendait triste.

Triste de toutes ces destructions, triste pour toutes ces formes de vies dévastées, disparues à jamais, peur de grandir et de devoir affronter un monde désolé, rongé par les membres de ma propre espèce. Et toutes ces armes, toutes ces guerres partout... Pourquoi ? Comment ?

Comment nous, humains, capable du meilleur, d’une intelligence hors norme, conscient du miracle que constitue la vie sur cette planète, toutes petites créatures que nous sommes face à l’immensité de l’Univers... Comment est-il possible de tout détruire et de nous entretuer ?

Commence pour moi de longues années de recherche, d’enquêtes, de lectures multiples pour répondre à ces questions.

De découvertes en révélations, de rencontres en voyages, le constat s’est fait, clair, limpide : nous sommes très, très nombreux et nombreuses à avoir conscience du non sens de nos vies, de la nécessité de "tout foutre en l’air", de tout "remettre à plat", de revenir à des choses locales, simples, compréhensibles par toutes et tous et de vraiment prendre en main nos vies, nos politiques, nos décisions sur tout, et donc ne plus laisser les grandes et petites décisions qui nous concernent se prendre sans nous, ne plus laisser la politique n’être qu’un métier.

Que la politique ne soit plus un métier, mais la responsabilité effective de chacun

Alors de partout, les petites fourmis s’activent, les colibris s’organisent, de multiples gestes quotidiens et individuels se font à ses voisins, son quartier, sa ville… puis se forment les réseaux nationaux, internationaux, les alliances, les échanges pour s’inspirer des multiples formes de luttes existantes, pour créer chez soi, changer le monde à sa porte d’abord, et voir ensuite.

L’école où tout le monde est prof

Partout, des myriades de projets se forment et se déforment, on apprend, on se plante, on recommence, on visite les "autres lieux alternatifs" pour voir ce qui marche et ce qui marche moins bien, on aide sans demander d’argent, on s’engage, on retourne un peu à l’école, mais la buissonnière, celle où "tout le monde est prof", où on peut pas se faire virer ou coller par un proviseur...

Bref, Partout avec un grand P, un autre monde émerge, d’autres liens nous unissent, les forces de paix grandissent, fleurissent, pollinisent et... se multiplient !

Face aux murs, face aux désastres, des êtres humains toujours plus nombreux décrochent, désertent le "système", comprenant non seulement que "le monde d’aujourd’hui n’est pas durable", mais que chacunE de nous est entièrement responsable de celui-ci, de précipiter sa chute ou non, et surtout de construire ici et maintenant le monde de demain...

Personne ne sait quand ce monde qui marche à l’envers finira par s’écrouler. Par contre rien de nous empêche, si ce n’est nous-mêmes, de commencer à construire autrement maintenant !

Telle pourrait être une des nombreuses devises d’un nombre croissant de mouvements... ainsi que celle-ci, vue et revue notamment sur les banderoles de Notre Dame des Landes : " Nous ne défendons pas la Nature, Nous SOMMES la Nature qui se défend ! "

Un célèbre abbé disait : "Ce n’est pas parce qu’on ne peut pas tout faire en un jour, que nous devons ne rien faire du tout !"

Amen


 

Source : Courriel à Reporterre.

Baptiste L. anime Générations futur et Devenez vous-même clown

Photos :
. colibri : Terre sacrée
. panneau Nature : Yurtao.

Lire aussi : Gilles Vigneault : J’ai mal à la Terre.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 17:45

 

express.be

Les coûts de construction du nouveau siège de la BCE explosent: de 500 millions d'euros à 1,15 milliard d'euros

  • 01 nov. 2013
  • par Audrey Duperron

 

Le 19 mai 2010, Jean-Claude Trichet, qui présidait alors la Banque Centrale Européenne (BCE), avait organisé une cérémonie à Francfort pour célébrer la pose de la première pierre de l’immeuble de 45 étages qui allait devenir le futur siège de la BCE. « Nous devons nous assurer que les coûts de construction ne dépassent pas le budget estimé », avait-il alors déclaré.

Mais Der Spiegel rapporte que 3 ans ½ plus tard, les coûts de ce projet ont explosé, passant d’une estimation de 500 millions euros à 1,15 milliard, voire même jusqu’à 1,3 milliard d’euros. En outre, l’immeuble, qui devait être achevé en 2011, ne pourra pas être prêt avant la fin de 2014.

L’année dernière, lors de la cérémonie d’inauguration, Jörg Asmussen, un des membres du comité exécutif de la banque, a mis en cause les augmentations de prix des matériaux et de la construction pour expliquer l’emballement des coûts.

« En réalité, les délais et les dépassements de coûts pour l’ambitieux immeuble du siège social résultent du fait que le précédent président de la BCE Trichet et son équipe avaient fixé des budgets bien trop faibles, et de ce fait, irréalistes, et de leur décision de superviser le projet eux-mêmes, plutôt que d’embaucher un prestataire », explique Der Spiegel. Un audit de la Cour des comptes européennes aurait évoqué l’existence de problèmes de contrôle de coûts et la faible transparence des attributions de contrats.

Le site indique également que les dirigeants de la banque n’ont pas souffert d’une trop grande modestie à l’égard de ce projet. L’architecte viennois Wolf Prix a conçu deux tours de verre et d’acier subissant une torsion, et reliées par des jardins suspendus. Dans le contexte de crise de la dette et de restrictions imposées aux contribuables, les exigences esthétiques et les caractéristiques de la tour semblent tout à fait inappropriées, estime Der Spiegel. Le siège de la BCE sera 30 mètres plus élevé, mais aussi deux fois plus coûteux, que celui de la Deutsche Bank, la plus grande banque allemande.

L’immeuble hébergera près de 2.000 employés. Chaque espace de travail aura coûté environ 600.000 euros, soit l’équivalent d’une maison familiale très confortable, alors qu’en matière d’immobilier professionnel, à partir de 30.000 euros par bureau, on parle de haut de gamme.

Le site de la BCE propose des photos et une visite guidée virtuelle de l’immeuble visibles ici.

 

 

Partager cet article
Repost0
5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 17:15

 

Ce soir à 20h40 dans Le monde en face, découvrez "La grande évasion fiscale".

Voir la bande-annonce : http://bit.ly/1czcYxP #LMEF #france5

 

 

  

Publiée le 31 oct. 2013

Diffusion dans le Monde en Face présenté par Carole Gaessler à partir du mardi 5 novembre 2013 à 20.40
Auteur & Réalisateur : Patrick Benquet
Production : Nilaya Productions avec la participation de France Télévisions

1er épisode : L'honneur perdu d'une banque
Mardi 5 novembre 2013 à 20.40

2ème épisode : La mise à mort du secret bancaire suisse
Mardi 5 novembre 2013 à 21.35

3ème épisode : Des politiques au-dessous de tout soupçon
Mardi 12 novembre 2013 à 20.40

 

 

Partager cet article
Repost0
5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 16:59

 

rue89.com

 

Le grand entretien 05/11/2013 à 17h20
On a soumis les idées reçues sur l’immigration à celui qui a mouché le FN

 

 

A grand renfort de chiffres, François Gemenne, spécialiste des flux migratoires, considère l’immigration indispensable et vertueuse. Entretien.

 


A Menton, près de la frontière italienne, en 2011, sur l’affiche Front national d’un manifestant : « Régularisation des clandestins = immigration sans fin » (Antonio Calanni/AP/SIPA)

 

On l’a découvert sur un plateau télé, assis pas loin d’un vainqueur de « La Nouvelle Star » et d’un journaliste à moustache, en face d’un dirigeant du Front national et d’une animatrice tendance.

Dans « Salut les Terriens », l’émission mélange des genres de Canal+, son discours a visé juste. En opposant à Florian Philippot, vice-président du FN, des chiffres et des affirmations pro-immigration, François Gemenne l’a rendu silencieux.

 

 

« Salut les terriens » : voir à partir de 6 min 44

Nous avons voulu entendre ce chercheur en sciences politiques plus en profondeur. Un Belge qui enseigne à l’Université Libre de Bruxelles et en France (Sciences-Po Paris et Grenoble, Versailles), spécialiste de la gouvernance globale des migrations environnementales, ces réfugiés climatiques qu’il voit comme un enjeu majeur d’ici le milieu du siècle.

Nous l’avons notamment confronté aux idées reçues sur l’immigration, à ces phrases que l’on entend prononcées avec plus ou moins de précaution dans la vie de tous les jours. « Il y a trop d’immigrés en France », « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde »...

 


François Gemenne (DR)

 

A partir des statistiques, surtout celles de l’Insee et de l’OCDE, François Gemenne donne sa vision positive de l’immigration. Il la juge indispensable, vertueuse pour l’économie et inscrite dans le sens de l’Histoire.

Le débat politique français sur l’immigration ? « Il repose quasiment entièrement sur de l’émotionnel, de l’idéologique, du fantasme et de la peur. »

Avant de démarrer sa carrière universitaire, il a travaillé dans le cabinet du ministre belge de l’Ecologie entre 2002 et 2004, en charge de l’énergie des transports.

Le chercheur se dit « plutôt proche des milieux écologistes et de la gauche, quoique assez libéral sur les questions économiques », et ne cache pas ses convictions sur l’immigration :

« Je suis très favorable à l’ouverture des frontières. Je trouve qu’il y a une injustice fondamentale dans le fait que votre vie soit uniquement déterminée par l’endroit où vous êtes né.

Si on accepte que la politique, c’est l’idée d’essayer d’améliorer la vie des gens, je trouve que c’est une faillite politique complète que de raisonner dans le paradigme de l’immobilité. »

  1. « L’immigration fait augmenter les salaires »
  2. « On empêche les immigrés de travailler »
  3. « Dire “la France ne peut accueillir toute la misère du monde” est une insulte »
  4. « Notre politique migratoire, c’est la négation de la Révolution française »
  5. « Je ne suis pas très optimiste sur l’avenir des politiques migratoires »

Quel regard portez-vous sur une première phrase souvent répétée : « Il y a trop d’immigrés en France » ?

L’idée de placer un seuil, de dire « trop » ou « pas assez » est une question idéologique. Mon rôle de chercheur, c’est de dire combien il y en a et après, les acteurs politiques peuvent se positionner.

Ce que je n’accepte pas en tant que chercheur, c’est que l’on donne de faux chiffres et, comme on le fait souvent, que l’on mélange le stock et les flux, le nombre total d’immigrés et ceux qui arrivent chaque année.

En terme de stock d’immigrés, la France se situe dans la moyenne, comparée aux autres pays européens. A peu près 6% ou 7% de la population.

Si on prend les flux ces dernières années, la France accueille plutôt moins d’immigrés que d’autres pays européens comparables. En 2011, l’immigration en France, c’est 267 000 entrées, ce qui inclut les immigrés européens. L’Allemagne est à 490 000 entrées, l’Italie 385 000 et le Royaume-Uni 565 000. En 2012, ce sera vraisemblablement pareil.

Le solde migratoire en France est stable depuis plusieurs années, autour de 54 000. Ça représente moins de 1 pour 1 000 de la population française. Chacun tirera ses conclusions : est-ce que c’est ça la limite maximale ?

Qui sont les immigrés ?

Depuis 2006, on délivre à peu près 200 000 titres de séjour par an – « qui sont différents des flux de l’immigration, les Européens n’ont pas besoin de titres de séjour ». En 2012 :

  • 16 379 titres de séjour économiques – parmi eux 2 000 ou 3 000 travailleurs qualifiés et 15 000 travailleurs peu qualifiés ;
  • 91 000  : le regroupement familial, « dont les critères sont assez restreints en France » ;
  • 58 000 étudiants « qui, pour la plupart, rentrent ensuite chez eux » ;
  • 18 005 : la catégorie humanitaire ;
  • 13 000 : une catégorie résiduelle : « des visiteurs de longue durée (des chercheurs invités pour deux ou trois ans par exemple) et des étrangers qui sont entrés mineurs en France et atteignent leur majorité ».

D’où viennent les immigrés installés en France ?

Si on regarde les stocks, ce sont essentiellement des Européens, à peu près à 45% ; puis 30% de Maghrébins, 10% en provenance de l’Afrique sub-saharienne et ensuite, le reste du monde.

Sur les flux, c’est 20% d’Européens et, année après année, en fonction des crises et des guerres, la nationalité change. Les anciennes colonies, le Maghreb en particulier, restent une source importante des flux migratoires.

Ça donne l’impression qu’il y a de moins en moins d’Européens, c’est surtout que lorsque ceux-ci viennent, c’est pour des raisons professionnelles ou familiales : ils s’installent durablement.

Les gens qui viennent pour des raisons humanitaires rentrent, pour beaucoup, dans leur pays lorsque le conflit est apaisé.

Une autre phrase souvent associée à l’immigration : « Les immigrés viennent faire le travail que personne ne veut faire » ?

Elle est bien intentionnée mais elle n’est que partiellement exacte. Aujourd’hui, les immigrés qui arrivent sont souvent plus qualifiés et plus jeunes que la population française.

Pour une partie d’entre eux, ils viennent occuper des postes très qualifiés. Ce sont des chercheurs, des ingénieurs, des médecins, les footballeurs.


Voir le document

(Fichier PDF)

 

Parmi les immigrés, il y a deux extrêmes [voir le PDF] : ceux-là et, en effet, ceux qui travaillent pour des clopinettes à faire des boulots que personne ne veut.

Les deux sont absolument nécessaires à l’économie parce qu’il faut des gens pour remplir des trous dans le marché du travail, notamment dans la restauration et dans la construction, des secteurs qui s’effondreraient économiquement sans l’immigration. C’est aussi le cas des prêtres et des médecins dans les déserts médicaux.

Ces travailleurs acceptent des faibles revenus et du coup, les salaires baissent...

C’est complètement faux. En particulier, pour les salaires des professions plutôt peu qualifiées. On constate de manière assez nette que les salaires de ces emplois augmentent grâce à l’apport de l’immigration.

Parce que les immigrés prennent les salaires tout en bas de l’échelle et que par conséquent, les Français remontent un peu. C’est comme s’ils gagnaient un échelon. On considère que l’impact moyen est de +0,27%. Aux Etats-Unis, les résultats sont comparables [PDF].

Dans les professions plus qualifiées, l’impact sur les salaires est beaucoup plus faible, quasiment nul.

 

(*Pour lire la suite de l'article, cliquer sur les lignes ci-dessous)


Partager cet article
Repost0
5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 16:31

 

 

bastamag.net

Monique Pinçon-Charlot : « La violence des riches atteint les gens au plus profond de leur esprit et de leur corps »

par Agnès Rousseaux 5 novembre 2013

 

 

 

    Qui sont les riches aujourd’hui ? Quel impact ont-ils sur la société française ? Pour la sociologue Monique Pinçon-Charlot, les riches font subir au reste de la société une violence inouïe. Une violence banalisée grâce à un renversement du langage : les riches seraient des victimes, menacées par l’avidité du peuple. Elle dénonce un processus de déshumanisation, une logique de prédation, une caste qui casse le reste de la société. Et invite à organiser une « vigilance oligarchique » : montrer aux puissants que leur pouvoir n’est pas éternel.

    Basta ! : Qu’est-ce qu’un riche, en France, aujourd’hui ?

    Monique Pinçon-Charlot [1] : Près de 10 millions de Français vivent aujourd’hui en-dessous du seuil de pauvreté. Celui-ci est défini très précisément. Mais il n’existe pas de « seuil de richesse ». C’est très relatif, chacun peut trouver que son voisin est riche. Et pour être dans les 10 % les plus riches en France, il suffit que dans un couple chacun gagne 3000 euros.

    Nous nous sommes intéressés aux plus riches parmi les riches. Sociologiquement, le terme « riche » est un amalgame. Il mélange des milieux très différents, et regroupe ceux qui sont au top de tous les univers économiques et sociaux : grands patrons, financiers, hommes politiques, propriétaires de journaux, gens de lettres... Mais nous utilisons délibérément ce terme. Car malgré son hétérogénéité, ces « riches » sont une « classe », mobilisée pour la défense de ses intérêts. Et nous voulons aujourd’hui contribuer à créer une contre-offensive dans cette guerre des classes que mènent les riches et qu’ils veulent gagner.

    Pourquoi est-il si difficile de définir cette classe ?

    La richesse est multidimensionnelle. Bourdieu parlait très justement de capital – capital économique, culturel, symbolique –, c’est ce qui donne du pouvoir sur les autres. A côté de la richesse économique, il y a la richesse culturelle : c’est le monde des musées, des ventes aux enchères, des collectionneurs, des premières d’opéra... Jean-Jacques Aillagon, président du comité des Arts décoratifs, vient d’être remplacé par un associé-gérant de la banque Lazard. Dans l’association des amis de l’Opéra, on retrouve Maryvonne Pinault (épouse de François Pinault, 6ème fortune de France), Ernest-Antoine Seillière (ancien président du Medef, 37ème fortune de France avec sa famille) [2]...

    A cela s’ajoute la richesse sociale, le « portefeuille » de relations sociales que l’on peut mobiliser. C’est ce qui se passe dans les cercles, les clubs, les rallyes pour les jeunes. Cette sociabilité mondaine est une sociabilité de tous les instants : déjeuners, cocktails, vernissages, premières d’opéra. C’est un véritable travail social, qui explique la solidarité de classe. La quatrième forme est la richesse symbolique, qui vient symboliser toutes les autres. Cela peut être le patronyme familial : si vous vous appelez Rothschild, vous n’avez pas besoin d’en dire davantage... Cela peut être aussi votre château classé monument historique, ou votre élégance de classe.

    Il existe aussi une grande disparité entre les très riches...

    Bernard Arnault, propriétaire du groupe de luxe LVMH, est en tête du palmarès des grandes fortunes professionnelles de France, publié chaque année par la revue Challenges. Il possède 370 fois la fortune du 500ème de ce classement. Et le 501ème est encore très riche ! Comparez : le Smic à 1120 euros, le revenu médian à 1600 euros, les bons salaires autour de 3000 euros, et même si on inclut les salaires allant jusque 10 000 euros, on est toujours dans un rapport de 1 à 10 entre ces bas et hauts salaires. Par comparaison, la fortune des plus riches est un puits sans fond, un iceberg dont on ne peut pas imaginer l’étendue.

    Malgré l’hétérogénéité de cette classe sociale, les « riches » forment, selon vous, un cercle très restreint.

    On trouve partout les mêmes personnes dans une consanguinité tout à fait extraordinaire. Le CAC 40 est plus qu’un indice boursier, c’est un espace social. Seules 445 personnes font partie des conseils d’administration des entreprises du CAC 40. Et 98 d’entre eux détiennent au total 43 % des droits de vote [3] ! Dans le conseil d’administration de GDF Suez, dont l’État français possède 36 % du capital, il y a des représentants des salariés. Ceux-ci peuvent être présents dans divers comités ou commissions, sauf dans le comité des rémunérations. Cela leur est interdit. Qui décide des rémunérations de Gérard Mestrallet, le PDG ? Jean-Louis Beffa, président de Saint-Gobain, notamment. C’est l’entre-soi oligarchique.

    Cela semble si éloigné qu’on peut avoir l’impression de riches vivant dans un monde parallèle, sans impact sur notre vie quotidienne. Vous parlez à propos des riches de « vrais casseurs ». Quel impact ont-ils sur nos vies ?

    Avec la financiarisation de l’économie, les entreprises sont devenues des marchandises qui peuvent se vendre, s’acheter, avec des actionnaires qui exigent toujours plus de dividendes. Selon l’Insee, les entreprises industrielles (non financières) ont versé 196 milliards d’euros de dividendes en 2007 contre 40 milliards en 1993. Vous imaginez à quel niveau nous devons être sept ans plus tard ! Notre livre s’ouvre sur une région particulièrement fracassée des Ardennes, avec l’histoire d’une entreprise de métallurgie, qui était le numéro un mondial des pôles d’alternateur pour automobiles (les usines Thomé-Génot). Une petite entreprise familiale avec 400 salariés, à qui les banques ont arrêté de prêter de l’argent, du jour au lendemain, et demandé des remboursements, parce que cette PME refusait de s’ouvrir à des fonds d’investissement. L’entreprise a été placée en redressement judiciaire. Un fonds de pension l’a récupéré pour un euro symbolique, et, en deux ans, a pillé tous les savoir-faire, tous les actifs immobiliers, puis fermé le site. 400 ouvriers se sont retrouvés au chômage. C’est un exemple parmi tant d’autres ! Si vous vous promenez dans les Ardennes aujourd’hui, c’est un décor de mort. Il n’y a que des friches industrielles, qui disent chaque jour aux ouvriers : « Vous êtes hors-jeu, vous n’êtes plus rien. On ne va même pas prendre la peine de démolir vos usines, pour faire des parcs de loisirs pour vos enfants, ou pour planter des arbres, pour que vous ayez une fin de vie heureuse. Vous allez crever. »

    Comment s’exerce aujourd’hui ce que vous nommez « la violence des riches » ?

    C’est une violence inouïe. Qui brise des vies, qui atteint les gens au plus profond de leur corps, de leur estime, de leur fierté du travail. Être premier dans les pôles d’alternateur pour automobiles, c’est faire un travail de précision, c’est participer à la construction des TGV, à l’une des fiertés françaises. Casser cela est une violence objective, qui n’est ni sournoise ni cachée, mais qui n’est pas relayée comme telle par les politiques, par les médias, par ces chiens de garde qui instillent le néolibéralisme dans les cerveaux des Français. Pour que ceux-ci acceptent que les intérêts spécifiques des oligarques, des dominants, des riches, deviennent l’intérêt général.

    Comment cette violence objective se transforme-t-elle en assujettissement ?

    C’est une forme d’esclavage dans la liberté. Chacun est persuadé qu’il est libre d’organiser son destin, d’acheter tel téléphone portable, d’emprunter à la banque pendant 30 ans pour s’acheter un petit appartement, de regarder n’importe quelle émission stupide à la télévision. Nous essayons de montrer à quel système totalitaire cette violence aboutit. Un système totalitaire qui n’apparaît pas comme tel, qui se renouvelle chaque jour sous le masque de la démocratie et des droits de l’homme. Il est extraordinaire que cette classe, notamment les spéculateurs, ait réussi à faire passer la crise financière de 2008 – une crise financière à l’état pur – pour une crise globale. Leur crise, est devenue la crise. Ce n’est pas une crise, mais une phase de la guerre des classes sans merci qui est menée actuellement par les riches. Et ils demandent au peuple français, par l’intermédiaire de la gauche libérale, de payer. Et quand on dit aux gens : « Ce n’est quand même pas à nous de payer ! », ils répondent : « Ah, mais c’est la crise »...

    Pourquoi et comment les classes populaires ont-elles intégré cette domination ?

    C’est une domination dans les têtes : les gens sont travaillés en profondeur dans leurs représentations du monde. Cela rend le changement difficile, parce qu’on se construit en intériorisant le social. Ce que vous êtes, ce que je suis, est le résultat de multiples intériorisations, qui fait que je sais que j’occupe cette place-là dans la société. Cette intériorisation entraîne une servitude involontaire, aggravée par la phase que nous vivons. Avec le néolibéralisme, une manipulation des esprits, des cerveaux, se met en place via la publicité, via les médias, dont les plus importants appartiennent tous à des patrons du CAC 40.

    Sommes-nous prêts à tout accepter ? Jusqu’où peut aller cette domination ?

    Dans une chocolaterie qu’il possède en Italie, le groupe Nestlé a proposé aux salariés de plus de cinquante ans de diminuer leur temps de travail [4], en échange de l’embauche d’un de leurs enfants dans cette même entreprise. C’est une position perverse, cruelle. Une incarnation de ce management néolibéral, qui est basé sur le harcèlement, la culpabilisation, la destruction. Notre livre est un cri d’alerte face à ce processus de déshumanisation. On imagine souvent que l’humanité est intemporelle, éternelle. Mais on ne pense pas à la manipulation des cerveaux, à la corruption du langage qui peut corrompre profondément la pensée. Le gouvernement français pratique la novlangue : « flexi-sécurité » pour ne pas parler de précarisation, « partenaires sociaux » au lieu de syndicats ouvriers et patronat, « solidarité conflictuelle ». Le pouvoir socialiste pratique systématiquement une pensée de type oxymorique, qui empêche de penser. Qui nous bloque.

    Les riches entretiennent une fiction de « surhommes » sans qui il n’y aurait pas travail en France, estimez-vous. Menacer les riches signifie-t-il menacer l’emploi ?

    Cette menace est complètement fallacieuse. Dans la guerre des classes, il y a une guerre psychologique, dont fait partie ce chantage. Mais que les riches s’en aillent ! Ils ne partiront pas avec les bâtiments, les entreprises, les autoroutes, les aéroports... Quand ils disent que l’argent partira avec eux, c’est pareil. L’argent est déjà parti : il est dans les paradis fiscaux ! Cette fiction des surhommes fonctionne à cause de cet assujettissement, totalitaire. Quand on voit le niveau des journaux télévisés, comme celui de David Pujadas, il n’y a pas de réflexion possible. En 10 ans, les faits divers dans les JT ont augmenté de 73 % !

    Certains se plaignent d’une stigmatisation des « élites productives ». Les riches ont-ils eux aussi intériorisé ce discours, cette représentation ?

    Notre livre s’ouvre sur une citation extraordinaire de Paul Nizan [5] : « Travaillant pour elle seule, exploitant pour elle seule, massacrant pour elle seule, il est nécessaire [à la bourgeoisie] de faire croire qu’elle travaille, qu’elle exploite, qu’elle massacre pour le bien final de l’humanité. Elle doit faire croire qu’elle est juste. Et elle-même doit le croire. M. Michelin doit faire croire qu’il ne fabrique des pneus que pour donner du travail à des ouvriers qui mourraient sans lui ». C’est pour cela que cette classe est tout le temps mobilisée : les riches ont sans cesse besoin de légitimer leur fortune, l’arbitraire de leurs richesses et de leur pouvoir. Ce n’est pas de tout repos ! Ils sont obligés de se construire en martyrs. Un pervers narcissique, un manipulateur, passe en permanence du statut de bourreau à celui de victime, et y croit lui-même. C’est ce que fait l’oligarchie aujourd’hui, par un renversement du discours économique : les riches seraient menacées par l’avidité d’un peuple dont les coûts (salaires, cotisations...) deviennent insupportables. On stigmatise le peuple, alors que les déficits et la dette sont liés à la baisse des impôts et à l’optimisation fiscale.

    Depuis que le parti socialiste est au pouvoir, qu’est-ce qui a changé ? Y a-t-il eu des améliorations concernant cette violence des riches que vous dénoncez ?

    On ne peut pas parler d’amélioration : nous sommes toujours dans un système oligarchique. Nos dirigeants sont tous formés dans les mêmes écoles. Quelle différence entre Dominique Strauss-Kahn et Nicolas Sarkozy ? Je ne suis pas capable de vous le dire. L’histoire bégaye. Un exemple : le secrétaire général adjoint de l’Élysée est actuellement Emmanuel Macron, qui arrive directement de la banque d’affaires Rothschild. Sous Nicolas Sarkozy, ce poste était occupé par François Pérol, qui venait aussi de chez Rothschild. Les banques Lazard et Rothschild sont comme des ministères bis [6] et conseillent en permanence le ministre de l’Économie et des Finances. La mission de constituer la Banque publique d’investissement (BPI) a été confiée par le gouvernement à la banque Lazard... Et la publicité sur le crédit d’impôt lancé par le gouvernement a été confiée à l’agence Publicis. Qui après avoir conseillé Nicolas Sarkozy conseille maintenant Jean-Marc Ayrault. On se moque de nous !

    Pierre Moscovici et François Hollande avait promis une loi pour plafonner les salaires de grands patrons [7]. Ils y ont renoncé. Pierre Moscovici a annoncé, sans rire, qu’il préférait « l’autorégulation exigeante ». Des exemples de renoncement, nous en avons à la pelle ! Le taux de rémunération du livret A est passé de 1,75 % à 1,25 %, le 1er août. Le même jour, Henri Emmanuelli, président de la commission qui gère les livrets A [8], a cédé au lobby bancaire, en donnant accès aux banques à 30 milliards d’euros supplémentaires sur ces dépôts. Alors qu’elles ont déjà reçu des centaines de milliards avec Nicolas Sarkozy ! Elles peuvent prêter à la Grèce, au Portugal, avec un taux d’intérêt de 8 ou 10 %... Avec le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), entré en vigueur le 1er janvier 2013, c’est encore 20 milliards d’euros de recettes fiscales en moins chaque année, offerts aux entreprises, et qui plombent le déficit public de façon absolument considérable.

    Le Front national a un discours virulent contre les « élites » françaises. N’avez-vous pas peur que votre analyse soit récupérée par l’extrême-droite ?

    Nous ne disons pas que les politiques sont « tous pourris », comme le fait le FN. Nous proposons une analyse en terme de classes, pour donner à voir des mécanismes sociaux. Nous cherchons à dévoiler le fonctionnement de cette caste qui casse le reste de la société, dans une logique de prédation qui va se poursuivre dans une spirale infernale. Le Front National désigne comme bouc émissaire l’immigré ou le Rom, donnant en pâture ce qui est visible. Le Rom est d’ailleurs devenu un bouc émissaire transversal à l’échiquier politique, depuis la gauche libérale avec Manuel Valls jusqu’au Front National. Si on doit pointer précisément un responsable à la situation actuelle, c’est plutôt une classe sociale – les riches – et un système économique, le néolibéralisme. Puisqu’il faut des formules fortes : le banquier plutôt que l’immigré !

    Vous parlez dans votre ouvrage d’une guerre des classes qui n’est pas sans visage. N’y a-t-il pas un enjeu justement à « donner des visages » à cette classe, comme vous le faites ?

    C’est une nécessité absolue. Il faut s’imposer d’acheter chaque année ce bijou sociologique qu’est le palmarès du magazine Challenges. Et s’efforcer d’incarner, de mettre des visages sur cette oligarchie... C’est une curiosité nécessaire, les gens doivent être à l’affût de cette consanguinité, de cette opacité, de la délinquance financière. Nos lecteurs doivent se servir de notre travail pour organiser une « vigilance oligarchique » : montrer aux puissants que leur pouvoir n’est pas éternel, empêcher ce sentiment d’impunité qu’ils ont aujourd’hui, car ils savent que personne n’ira mettre son nez dans leurs opérations financières totalement opaques.

    Nous avons aussi expérimenté des visites ethnographiques dans les quartiers riches, pour vaincre nos « timidités sociales ». Se promener dans les beaux quartiers, leurs cinémas, leurs magasins, leurs cafés, est un voyage dans un espace social. Il faut avoir de l’humilité pour accepter d’être remis à sa place, ne pas se sentir à l’aise, se sentir pauvre car vous ne pouvez pas vous payer une bière à six euros. Mais c’est une expérience émotionnelle, existentielle, qui permet des prises de conscience. Une forme de dévoilement de cette violence de classe.

    Propos recueillis par Agnès Rousseaux

    (@AgnesRousseaux)

    A lire : Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, La violence des riches, Chronique d’une immense casse sociale, Éditions Zones / La découverte, 2013, 256 pages, 17 euros.

    Notes

    [1Monique Pinçon-Charlot est sociologue, ancienne directrice de recherche au CNRS. Elle a notamment publié avec Michel Pinçon Les Ghettos du Gotha. Comment la bourgeoisie défend ses espaces (Le Seuil, 2007), et Le Président des riches. Enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy (Zones/La Découverte, Paris, 2010).

    [2Pour plus d’information sur ce sujet, voir la liste des personnalités qui siègent dans les conseils d’administration des grands musées.

    [3Chiffres établis par le mensuel Alternatives économiques.

    [4De quarante à trente heures par semaine avec simultanément une baisse de salaire de 25 % à 30 %.

    [5Paul Nizan, Les Chiens de garde, 1932

    [6Voir Ces messieurs de Lazard, par Martine Orange, éd. Albin Michel, 2006

    [7Comme cela a été fait pour les grands patrons du secteur public qui ne peuvent plus être payés plus que 20 fois la moyenne des salaires de l’entreprise.

    [8Commission de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations

     

     

     

    Partager cet article
    Repost0
    5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 16:13

     

    rue89.com

     

    Revenus 04/11/2013 à 19h18
    Etes-vous riche ou pauvre ? 30 « porte-monnaie » pour vous situer
    Rémi Noyon | Rue89

     

     

    Vous gagnez plus de 1 712 euros par mois ? La moitié des Français touche moins que vous. Rue89 a classé les revenus d’une trentaine de ménages : comparaisons.

    Le bonheur c’est de gagner un euro de plus que son voisin ? Voici venu le temps des comparaisons.

    Un dé-quoi ? Un décile

    Pour faire simple, on divise le nombre de salariés français par dix et on les classe selon leur salaire. Ainsi, si le premier décile est à 1 170 euros, cela signifie que 10% des salariés gagnent un salaire inférieur à cette somme.

    L’Insee a publié le 31 octobre sa mise en perspective annuelle des salaires. En 2011 (il faut un peu de temps pour collecter, trier et nettoyer les données), la rémunération moyenne d’un salarié s’élevait à 2 130 euros net par mois.

    Le salaire médian, lui (qui sépare la population salariée en deux, la moitié gagnant plus, l’autre moins) s’établit à 1 712 euros net.

    • S vous gagnez moins de 1 170 euros par mois, vous faites partie des 10% les moins bien rémunérés.
    • A l’inverse, si vous êtes payés plus de 3 400 euros, vous appartenez aux 10% les mieux rémunérés.
    • Pour faire partie du gratin – les 1% les mieux payés –, il faudra afficher une feuille de paie supérieure à 7 817 euros par mois.
    Du taulard au trader, en passant par la députée

    Le plus instructif est niché au creux de l’étude : l’étalement par décile, qui permet de visualiser les inégalités de salaires.

    Pour mettre un peu de chair sur les chiffres, Rue89 a exhumé les « porte-monnaie au rayon X » publiés en 2011. Chaque semaine (ou presque), Rue89 ouvre les comptes d’un volontaire pour faire le point sur ses revenus et ses dépenses.

    En 2011, le casting est éclectique. Cela va du taulard sorti du trou au trader scotché à La Défense, en passant par une députée européenne.

    Quelques précautions d’usage tout de même. L’Insee parle de salaire mensuel net EQTP (équivalent temps plein) : sont inclus les primes, le treizième mois, mais pas la participation ou l’épargne salariale.

    Dans les « porte-monnaie » de Rue89, ce sont les revenus qui sont mis en avant. Nous avons essayé de prendre en compte uniquement le salaire des interviewés mais il a fallu procéder à quelques arrondis. Nos excuses aux puristes.

                                                                                                                                                                                                                                 1 Les galériens du premier décile (moins de 1 170 euros)

     

    Les smicards, les ouvriers, les précaires ou ceux qui ont fait le choix d’un mode de vie alternatif. La France d’en bas comme dirait l’un ; les sans-grades comme dirait l’autre.


    Pascal Casanova à Paris, le 28 novembre 2011 (Audrey Cerdan/Rue89)

    Plombier de formation, Pascal a beaucoup bourlingué. Du bistrot à la prison, il sort la tête de l’eau et commence à travailler pour les Bâtisseurs d’Emmaüs. Il gagne 735,14 euros net (contrat unique d’insertion) et 130 euros de RSA (revenu de solidarité active).

    Ses dépenses ? 600 euros par mois, surtout en courses (300 euros) et en loyer (95 euros). Il ne connaît pas le mot « épargne ».

    Certes ce n’est pas un salaire, mais on peut tout de même mentionner la cordée de jeunes (ou moins jeunes) au RSA :

    • remonté par les propos de l’ancien ministre Laurent Wauquiez sur l’« assistanat », Kevin, 28 ans, attend un prêt de la banque pour pouvoir réaliser son rêve : être armateur, organiser des croisières. « Dans le rouge de chez rouge », il ne s’en sort pas avec 410,95 de RSA et une indemnité d’élu de 205 euros (il est conseiller municipal Modem à Saint-Nazaire) ;
    • Jérémy lance une boîte de promotion d’événements culturels, mais ne parvient pas à se dégager un salaire. Le jeune lyonnais dépend de ses 411 euros de RSA socle et des petits travaux au black. Son compte bascule dans le rouge et, de découverts en prélèvements, il coule ;
    • Morgane, 27 ans, se lance dans la création d’une entreprise de mode. Même scénario que pour ses camarades ci-dessus : elle pioche dans son épargne pour solder ses fins de mois. Elle reçoit 413 euros de RSA après avoir démissionné d’un CDI dans une société de prêt-à-porter féminin.

    La situation est toute différente pour Djamdaé. Cette mère de huit enfants vivote alors à Mayotte, le 101e département français, gangrené par l’inflation. Les ménages lui rapporte environ 500 euros par mois (non-déclarés), qu’elle dépense presque exclusivement en nourriture. Son fils Kamil, ancien rappeur, s’est mis à la musique reggae, qui a une meilleure image sur l’île.

                                                                                                                                                                                                                                 2 Jeune en apprentissage : deuxième décile (1 305 euros)

     


    Alexandre (DR)

    Alexandre, 21 ans à l’époque, est bien seul dans sa catégorie. En apprentissage dans une entreprise toulousaine de télécommunication, il gagne 1 114,56 euros net, à quoi s’ajoute une prime mensuelle de 110 euros. Ses parents lui versent 480 euros par mois.

    Entre Brest (ses études) et Toulouse (son boulot), il doit payer deux loyers. Grâce aux APL, il n’a besoin que de 90 euros pour habiter un studio de 27 m2 dans la ville rose. En colocation en Bretagne, il paie 95 euros. Le reste part en courses, sorties et baguettes de batterie...

                                                                                                                                                                                                                                  3 Golden-boy en stage et croque-mort : le troisième décile (1 428 euros)

     

    Deux profils bien différents. D’un côté Clément, jeune trader, crevard de stage, collé à son écran dans les classeurs en béton de la Défense ; de l’autre Charly, croque-mort, « épanoui » dans son métier.

    Clément touche 1 400 euros net (indemnité de stage) pour gérer les placements d’une « grande société française ».

    Après avoir suivi un cursus « finance d’entreprise » à Lyon, il a travaillé comme un sourd au début de son stage avant de lever le pieds. Pour profiter de la piscine et des macarons servis lors des réunions. Tête froide malgré tout :

    « Au départ, j’étais assez excité par tous ces avantages, mais le risque c’est de n’avoir plus de vie en dehors de sa boîte. »


    Charly (DR)

    Charly, 25 ans, a eu quelques problèmes suite à l’article de Rue89. Il touche alors 1 055,68 euros net, pas mal de primes et un treizième mois (pour un total d’environ 1 320 euros).

    Son métier ? « Porte-chauffeur » à Valenciennes (Nord) :

    « C’est celui qui s’occupe de la toilette funéraire, qui déshabille le corps, qui le lave, qui l’habille... Mais qui est aussi chargé de transporter le défunt dans le corbillard avant de le présenter aux familles.

    On peut nous appeler croque-mort, mais j’aime pas trop ce terme. Je préfère “employé de pompes funèbres”. »

                                                                                                                                                                                                                                   4 Joueur de futsal et cabane au Canada : le quatrième décile (1 559 euros)

     


    Charlotte et Guillaume sur leur balcon (DR)

    Charlotte et Guillaume font envie au balcon de leur appartement savoyard (loyer 800 euros).

    Elle gagne beaucoup moins que lui, entre 1 200 et 1 500 euros net par mois pour faire la régulation téléphonique au Samu. Guillaume, technicien de maintenance pour une multinationale américaine, draine 1 700 euros net par mois. En faisant la moyenne, on tombe dans ce décile.

    Amoureux des grands espaces, ils ont acheté en 2009 un petit chalet de 45 m2 au bord d’un lac au Québec. Coût : 60 000 euros.

    « On y va tous les ans, des amis nous aident à le louer de temps en temps (300 dollars canadiens la semaine). On a décidé de le mettre en vente pour financer un nouveau projet : équiper un 4x4 pour voyager en autonomie. »

    Dans la même fourchette : Alexandre, 26 ans. Considéré à l’époque comme le meilleur joueur de futsal, il est l’un des rares à vivre de son sport.


    Alexandre Teixeira (DR)

    Avec son salaire d’éducateur sportif et les primes de match, le jeune homme touche 1 513 euros par mois. Un salaire loin de ceux en vigueur dans le football professionnel (en L1, le salaire moyen est de 34 880 euros). Conscient qu’il faudra un jour se recycler, il prévoit de reprendre la brasserie de son père.

    « Je suis limite à chaque fin de mois. Je savais dès le départ que ce n’est pas en faisant du futsal que je deviendrais riche. Je suis souvent dans le rouge. Je ne gagne pas une fortune et en plus, je dois avouer que je suis un gros dépensier !

    Mais je ne me plains pas. Cela reste mieux que d’aller à l’usine. Je peux en vivre, et c’est une chose rare dans le milieu. »

                                                                                                                                                                                                                                  5 Petit patron, salarié et comédien : le cinquième décile (1 712 euros)

     

    On monte un peu en gamme. Arthur veut rester discret. Torréfacteur, à la tête d’une petit boutique de café dans l’est de la France, il souhaite montrer que la « vie d’un chef d’entreprise n’est pas toujours rose » et qu’il est obligé de « truander l’Etat ».


    Les « comptes » d’Arthur (Martin Untersinger)

    En 2010, il a gagné 39 000 euros et n’en a déclaré que 26 000. Chaque mois, Arthur se dégage un salaire de 1 600 euros.

    « “Truander”, c’est toute la différence entre pouvoir acheter sa maison, payer ses travaux et ne pas pouvoir faire de projets. Et je n’ai pas de voiture, pas de portable et pas d’enfants. Sinon, je serais beaucoup moins à l’aise. »

    Il y a aussi Franck. Le trentenaire s’occupe d’une cave à vin dans un restaurant parisien et pense être un « privilégié ». Avec 1 700 euros net, il approche du salaire médian (1712 euros en 2011).

    « Je n’ai pas fait d’études. J’ai toujours joué la carte du culot et j’ai toujours eu des postes à responsabilité. »

    Dimitri, 22 ans, ex-étudiant en agriculture à Nantes, a atterri dans l’audiovisuel. Pour une chaîne dont il tait le nom, il s’occupe d’écrire les conducteurs (le déroulé des publicités entre les différents programmes de la chaîne). 1 560 euros net mensuel.


    Alexia (DR)

    Comédienne inquiète et standardiste, Alexia cumule un salaire net et stable (769,87 euros) et des cachets de tournages (860 euros en moyenne). Elle peut gagner beaucoup plus, mais c’est très aléatoire :

    « Je suis inscrite dans plusieurs agences qui me trouvent des castings pour de la publicité. Pour les téléfilms ou les films, mon agent m’envoyait les propositions.

    Mon salaire peut monter à 4 000 euros par mois, comme c’était le cas il y a quelques années. »

                                                                                                                                                                                                                                   6 Fonctionnaire footeuse : le sixième décile (1 902 euros)

     

    Adepte du foot féminin, Laëtitia Tonazzi joue dans l’équipe de football de Juvisy (dans le haut du tableau de la première division). Ses revenus sportifs ? 191 euros de la part du club et 188 euros de subvention du conseil général de l’Essonne (on les a comptés, même si ce ne sont pas stricto-sensu des salaires).

    Elle a trouvé un poste au conseil général. Fonctionnaire territoriale de catégorie C, elle a un salaire de 1 380 euros (avec des primes de 134 euros par mois)


    Laëtitia Tonazzi dans son bureau au conseil général de l’Essonne le 3 octobre 2011 (Yann Bouchez)

                                                                                                                                                                                                                                 7 Cadre sobre, pompier, marin et assistante parlementaire : le septième décile (2 156 euros)

     

    Ça commence à se débrouiller très, très bien. Du bobo, du cadre et de la fin de carrière.

    Après ses études à Grenoble, Alix rêvait d’être journaliste. Elle s’est finalement orientée vers la communication. Un peu écolo dans l’âme, elle a demandé à réduire de 10% son temps de travail pour ralentir le temps. Elle touche du coup un peu moins qu’auparavant : 1 750 euros net (soit 1 944 euros en équivalent temps plein).

    « S’épanouir dans la vie, c’est avoir du temps pour soi : je skie, je bricole, je prends l’air. »

    Alexis, caporal-chef des sapeur-pompiers dans les Ardennes, touche 1 934 euros net (en comptant par mal de primes : l’indemnité de feu, de responsabilité, le supplément familial...).

    « On monte vite, mais ça stagne vite ».

    Il prépare à l’époque le diplôme de sergent. Il peut finir adjudant-chef en fin de carrière, pour un salaire de 2 600 euros. Avant de rejoindre la caserne, il travaillait dans une usine :

    « Je me disais que je rendrais service aux gens, que j’aurais plus de copains au boulot, et que le rythme 24 heures de travail/deux jours de repos serait plus confortable. »


    Thérésa (Mathieu Deslandes/Rue89)

    Assistant parlementaire, Thérésa, 28 ans, reçoit 2 100 euros par mois de son député, ami de ses parents. Son loyer (830 euros) et la danse (229 euros) sont ses plus gros postes de dépenses.

    Elle se défend :

    « Je n’ai pas l’impression d’être une sangsue de la République. »

    A mi-chemin entre Quimper et Brest, Ludovic est marin. Employé depuis dix ans dans la marine nationale pour un salaire net de 1 789,34 par mois. En plus de son salaire de base, Ludovic touche des primes variables : 250 euros par mois. Il veut prouver que « c’est possible de bien vivre et même d’épargner », avec un salaire et cinq personnes à charge (trois enfants et sa femme).


    Marie et Ludovic dans leur jardin en Bretagne (Marie Kostrz/Rue89)

                                                                                                                                                                                                                                  8 Personne dans le huitième décile (2 569 euros)

     

    Honte, personne n’est dans cette catégorie. Si c’est là que vous vous trouvez, c’est ici que ça se passe.

                                                                                                                                                                                                                                 9 Le poker, la Suisse ou le bureau : le neuvième décile (3 400 euros)

     

    Tu peux t’estimer heureux. C’est de la fin de carrière ou du début sur les chapeaux de roues. Là on a définitivement quitté le boulot manuel. Le bureau est ton univers.

    Avec toi, il y a Guillaume, 29 ans, avocat, juste marié. Sur son compte, tombent chaque mois 3 200 euros net (après avoir retiré des dépenses comme ses déjeuner du midi). Sa femme gagnant 1 750 euros net par mois, il paie, grand seigneur, un peu plus pour les dépenses. Et épargne tout de même 1 406 euros par mois…


    Simon (DR)

    Ce n’est pas du salaire, mais du gain de jeu. Simon joue au poker sur Internet.

    « Je sais que je ne sers à rien. Je suis totalement improductif. A l’arrivée, je n’ai pas construit une table ou une chaise. Mais j’ai besoin d’argent. »

    En moyenne, il brasse 3 000 euros par mois. C’est réalisé par un professionnel, n’essayez pas chez vous.

    Mieux vaut partir en Suisse. Rejoindre Claire et les 54 100 frontaliers qui vivent en France mais travaillent en de l’autre côté de la frontière, dans le canton de Genève. « Technicienne supérieure de laboratoire », elle gagne 3 403 euros net et revient les dépenser en France.

    « En Suisse, la vie est plus chère. Si je vivais là-bas avec mon salaire, je n’aurais pas le même train de vie. »

    Consultant informatique dans le secteur bancaire, Laurent est le mage du tableur Excel. Il a une maîtrise chirurgicale de son budget. C’est un cérébral qui bouffe du chiffre, à la maison comme au boulot. Chaque euro est localisé. Salaire : 3 045 euros. Primes : 290 euros.

    Alexandra est « contrôleur interne » dans l’industrie pharmaceutique. Avant de crier au « bullshit job », lire son explication :

    « Je vérifie le respect de la réglementation et des processus internes. Le code de la santé publique est très strict, mais le labo, américain, l’est encore plus. Par exemple, quand on organise un congrès, je regarde si les intervenants ne dépassent pas la limite de rémunération, si les médecins qui viennent assister ne sont pas intéressés financièrement, je vérifie les déclarations au Conseil de l’ordre... »

    Pour cela, elle gagne un salaire net de 2 865 euros par mois et des primes (dont la participation et l’épargne salariale, non prises en compte par l’Insee).

                                                                                                                                                                                                                                   10 Le gratin du dixième décile (7 817 euros)

     

    C’est Dallas. Là on tape dans le très gros poisson. Le type de personne que tu voudrais épouser pour ne plus prendre le métro. En plus, ils sont tous beaux.


    Jérôme à Paris, en octobre 2011 (Emilie Brouze/Rue89)

    Sans surprise, du cadre et de l’entrepreneur. Jérôme qui travaille à la Défense. David, trentenaire coolos parti s’enrichir sur un confetti de l’archipel indonésien. Et puis, un peu étonnée d’être-là, Karima Delli, députée écolo au Parlement européen.

    Commercial pour un « grand groupe français », Jérôme a sauté plusieurs échelons en passant par Sciences-Po Grenoble. De famille plutôt modeste (père éducateur spécialisé, mère infirmière), il se sait « parmi les 5% de Français les plus fortunés ». Il touche 3 310 euros net, plus un treizième mois et des primes importantes (1 000 euros net par mois).

    Faute de patrimoine, il explique :

    « Je suis riche sans l’être. »


    David à Paris, le 30 août (Sophie Verney-Caillat/Rue89)

    Si vous allez sur l’île de Gili Trawangan, en Indonésie, vous engraisserez David. « Bac -3 », cet entrepreneur en tee-shirt a ouvert un hôtel, un deli, un bar restaurant, un glacier. Pour arrondir ses fins de moi, il loue de temps en temps sa maison. Bon, il gagne tout de même 29 886 euros par mois (en juillet, saison haute). Pas un salaire, plutôt un revenu. Et une philosophie de vie plutôt détendue :

    « Le but, c’est de mettre un manager et de ne s’occuper de rien. »

    La députée européenne Karima Delli n’appréciera sûrement pas de se retrouver en si bonne compagnie. Ce n’est pas un salaire, mais une indemnité, pas un métier, mais une fonction. Reste qu’elle touche 6 080,33 euros et des indemnités journalières, s’élevant à 2 500 euros par mois. Précisons tout de même qu’elle verse une contribution mensuelle de 1 800 euros à Europe Ecologie - Les Verts.

    « Je gagne très bien ma vie, je n’ai pas à me plaindre. Et je ne verrais pas de problèmes à ce que l’on gagne un peu moins en tant que député européen : entre 3 500 et 4 000 euros. Je serais déjà contente. »


    Karima Delli dans les bureaux du Parlement Européen à Paris, en janvier 2011 (Audrey Cerdan/Rue89)

     

     

     

    Partager cet article
    Repost0
    5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 15:57

     

     

    mediapart.fr

    France 5 démonte les rouages du scandale UBS

    |  Par Dan Israel

     

     

     

    Une percutante enquête en trois volets dévoile les mécanismes à l'œuvre dans l'affaire UBS, l'organisation de l’évasion fiscale de milliers de ses clients français. Et ses sérieuses conséquences en France.

    L’attaque contre les pratiques illégales d’UBS n’a sans doute jamais été aussi spectaculaire. “La grande évasion fiscale”, un documentaire en trois épisodes diffusé ce mardi en prime time sur France 5 pour les deux premiers volets, et la semaine prochaine pour le dernier, illustre de façon frontale comment la principale banque de gestion privée suisse a organisé l’évasion fiscale de milliers de ses clients français. Le documentaire décortique aussi patiemment la guerre déclenchée par les États-Unis contre le secret bancaire suisse, suite à la mise au jour des filières américaines d’UBS pour organiser la fraude par un salarié, Bradley Birkenfeld, fin 2007. Enfin, le film de France 5 s’arrête sur l’affaire Cahuzac et ses conséquences, l’ex-ministre du budget ayant fait héberger son argent caché chez UBS à Genève.

    Pas de révélations majeures dans ces trois fois 52 minutes pédagogiques et percutantes, surtout pour les lecteurs réguliers de Mediapart : l’immense majorité des informations distillées dans les films de France 5 ont été exposées, voire révélées, par notre site, au fil du dossier Cahuzac ou de notre série sur les carnets UBS. L’intérêt est ailleurs : dans le récit implacable et très bien mené des diverses facettes de cette histoire complexe, qui devient limpide au visionnage.

    « Sur des sujets très compliqués de ce type, en télévision, il faut être simple et pédagogique, témoigne le réalisateur Patrick Benquet. Il faut savoir raconter des histoires, et construire une vraie dramaturgie. L’affaire UBS est tellement énorme qu’elle devient un fil conducteur facile à suivre. » Benquet sait de quoi il parle. Il est notamment le coauteur d’un excellent diptyque sur la Françafrique en 2010, qui éclairait de manière jamais vue les liens malsains unissant responsables politiques français et potentats africains.

    Dans les trois volets de son enquête, le réalisateur utilise la même clé pour rendre lisible et accessible le dessous des cartes : des témoins clés. À ce titre, le premier épisode est le plus éclatant. Face caméra, posément, trois anciens salariés français de la banque déroulent leurs accusations. Parmi eux, Nicolas Forissier, l’ancien contrôleur interne d’UBS France qui a été licencié après avoir dénoncé les pratiques illicites de la banque (nous avions détaillé son cas ici, en protégeant son identité à l’époque) et qui a gagné en première instance aux prud’hommes en juin 2012, et Stéphanie Gibaud, l’ancienne responsable marketing dont nous avons détaillé le cas le mois dernier, lors de son passage aux prud’hommes.

    Mais Benquet fait aussi parler, pour la première fois à visage découvert, un autre ex-salarié, Olivier Forgues, dont le témoignage est accablant. Rappelant qu’il croyait alors travailler « pour la plus belle banque au monde », ce chargé d’affaires, qui démarchait des clients français pour le compte de la filiale parisienne d’UBS, raconte comment ils étaient, lui et ses collègues, en permanence incités à adresser ces riches cibles à ses homologues suisses, experts dans l’art de dissimuler de l’argent aux yeux du fisc français.

    Ces trois témoins ont été renvoyés (pour la banque, Forgues a justement tenté de cacher l’argent d’un client en Asie, ce qu’il conteste farouchement), et racontent tous être depuis écoutés, surveillés et suivis de près. Par qui ? Dans son livre Ces 600 milliards qui manquent à la France, qui a déclenché l’affaire en France et a servi de base à l’enquête de Patrick Benquet, le journaliste de La Croix Antoine Peillon désigne les services secrets français. Il répète ces accusations dans le film.

     

     

    Les faits égrenés par les trois anciens employés de la banque, calmes et sûrs de leur fait, créent un effet implacable. « Leur récit est traité à la façon d’un polar, précise le réalisateur. Ce sont des héros qui sont devenus des victimes. » Pendant de longs mois au moins, le temps que leurs accusations commencent à être relayées, et crues. Aujourd’hui, eux et les documents qu’ils ont accumulés sont au cœur des enquêtes menées par la justice et les douanes sur les pratiques de la banque. Il est tout à l'honneur de France 5 de mettre leur témoignage en valeur... y compris par une campagne de presse en forme de clin d'œil pour vanter son programme.

    Le “verrou de Bercy”, exception française

    Le 31 mai dernier, UBS France a été mise en examen pour complicité de démarchage illicite, et placée sous le statut de témoin assisté pour les qualifications de blanchiment de démarchage et de blanchiment de fraude fiscale. Trois anciens cadres de la banque, dont l’ex-directeur général, l'avaient déjà été. Une semaine plus tard, c’est la maison-mère suisse, UBS AG, qui est mise en examen pour démarchage illicite. Le 26 juin 2013, l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP), le gendarme des banques, a infligé à la banque la plus forte amende de son histoire. Dix millions d'euros, assortis d’un blâme, pour son « laxisme » dans la mise en place du contrôle des pratiques de ses salariés.

    Comme l’a relevé l’AFP, dans son dernier rapport sur ses résultats trimestriels paru il y a quelques jours en Suisse, la banque indique que « dans certains cas, le groupe pourrait s'engager dans la voie d'accords négociés », dans le cadre des poursuites judiciaires déclenchées en France et en Suisse. Dans l’Hexagone, UBS serait-elle prête à plaider coupable pour éviter d’être trop mise sur le gril ? C’est la voie qu’elle avait choisie aux États-Unis, en acceptant en 2009 de payer 780 millions de dollars d’amende et de livrer au fisc des détails sur 4 450 de ses clients américains. Un épisode qui a conduit le responsable juridique de la maison-mère à livrer de spectaculaires excuses devant le Sénat américain, le 17 juillet 2008.

    Cette solution est loin d’être avancée officiellement du côté d’UBS France. Interrogé par le documentariste, après six mois de patience, son président Jean-Frédéric de Leusse balaye les accusations de ses anciens salariés, et menace même… de les poursuivre en justice ! Une séquence qui rendrait aujourd’hui la banque assez nerveuse. France 5, elle, a tout fait pour ne pas être attaquable juridiquement, en pesant scrupuleusement chacun des mots employés dans le documentaire.

    Dans son enquête, Patrick Benquet reprend des routes explorées deux mois auparavant par Arte, pour comprendre pourquoi et comment la Suisse est devenue « ce petit pays qui vit de l’argent caché des autres ». Il croise donc lui aussi l’universitaire et ex-politique genevois Jean Ziegler, poil à gratter de la confédération, qui reprend, parfois au mot près, le discours assassin qu’il a développé sur Arte à propos de son pays. Parmi les autres personnages clés de l’enquête, on retrouve… Fabrice Arfi, le journaliste de Mediapart à l’origine des révélations sur le compte caché de Jérôme Cahuzac.

    Notre confrère a largement l’occasion de développer les raisons pour lesquelles notre site condamne le maintien du « verrou de Bercy », cette exception française qui réserve au ministère de l’économie le monopole du déclenchement des poursuites pénales en matière de fraude fiscale. La loi qui aurait permis de faire sauter ce verrou, mais qui fait l’impasse sur la question, est votée solennellement le jour même de la diffusion du film de France 5. Ce travail impressionnant ne devrait pas faire vaciller les certitudes de nos responsables politiques sur la question. « Je ressors de plus d’un an de travail avec un grand pessimisme, constate Benquet. Cette enquête est démoralisante quant à la volonté ou la capacité de nos élites de changer le système. »

     

    Lire aussi

     

     


    Partager cet article
    Repost0
    5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 15:47

     

     

    mediapart.fr

    Les contrats passés par “Monsieur PV” intriguent le ministère de l’intérieur

    |  Par Stéphanie Fontaine

     


    À la tête de l'Agence nationale de traitement automatisé des infractions (Antai), Jean-Jacques Debacq n'a pas seulement fait payer par son administration les contraventions visant son véhicule de fonction. Le préfet savait vraisemblablement se montrer généreux avec ses prestataires. En particulier avec la société Atos, aujourd'hui dirigée par l'ancien ministre Thierry Breton. Le ministère enquête.

    Depuis quelques jours, c'est la panique au sein de l'Agence nationale de traitement automatisé des infractions (Antai), l’énorme machine à PV du ministère de l’intérieur. Un mois après nos révélations qui ont entraîné la démission de son directeur, le préfet Jean-Jacques Debacq, qui faisait payer par son administration des contraventions écopées avec son véhicule de fonction, l'Antai reste visée par une enquête administrative. « Un rapport, adressé au ministère de l'intérieur (…) laisse supposer des dysfonctionnements dans la gestion de cet établissement public », a annoncé, jeudi dernier, le ministère de l'intérieur dans un communiqué.

    Le rapport s'interroge notamment sur les relations entre l'agence et l'un de ses principaux prestataires, a expliqué une source proche du dossier à l'AFP. Ce sont justement les nouvelles découvertes de… Mediapart qui ont fait naître ces suspicions. Car les marchés passés depuis l'instauration du “contrôle sanction automatisé” (CSA) en 2003, en particulier le dernier signé fin 2011, avec la société Atos, dirigée aujourd'hui par l’ancien ministre Thierry Breton, soulèvent bien des interrogations.

    Le bordereau de prix du dernier contrat, qui s'élève à plus de 247 millions d'euros sur quatre ans, laisse ainsi apparaître des tarifs vertigineux sur certaines prestations. Ceux qui, en interne, connaissent par exemple le coût de développement du portail internet de l'Antai n'en reviennent toujours pas. Selon les documents comptables officiels obtenus par Mediapart, l’État a ainsi déboursé plus de 1,7 million d’euros pour un site web, surtout informatif et de facture relativement simple, lancé il y a un an.

     

    Bordereau comptable de l'Antai.  
    Bordereau comptable de l'Antai. © DR

    L'Antai affirme qu'il s'agissait de rémunérer « un service complexe avec de fortes protections informatiques ». Or, selon des devis réalisés pour les besoins de notre enquête par trois agences spécialisées (Axe-Net, Golden Market et Studio Vitamine), sa confection est évaluée à environ… 20 000 euros. Au mieux, en imaginant que certaines pages soient connectées à une énorme base de données, la facture aurait pu grimper jusqu'à 200 000 euros, selon les estimations les plus hautes (sans compter, certes, l'hébergement).

    Quant à l'arrivée hypothétique – puisque tributaire d'une évolution législative – de « la possibilité d'utiliser le portail pour contester une contravention », comme l’invoque l’Antai, elle ne justifie guère plus pareille dépense. Il est même curieux de nous avoir précisé que ce prix devait « être mis au regard des économies considérables que va générer la dématérialisation des contestations ». Et que « si cette dématérialisation n'aboutissait pas, le coût du site serait revu à la baisse ». Et pourquoi n'avoir pas plutôt prévu de revoir à la hausse son tarif, dans le cas où les évolutions espérées auraient pu voir le jour ?

     

    Le préfet Jean-Jacques Debacq, directeur de l'Antai, au ministère de l'intérieur 
    Le préfet Jean-Jacques Debacq, directeur de l'Antai, au ministère de l'intérieur© DR

    Au-delà du prix du site web de l'Antai, ce sont les dimensions d'un gigantesque contrat dit “CNT3” qui posent aujourd’hui question. Pourquoi ne l'avoir pas découpé en plusieurs lots, comme cela est l’usage ? Peut-être pour être sûr que ce soit bien Atos qui l'emporte, comme nous l'ont expliqué plusieurs sources ?

    Des propositions de lotissements ont pourtant bien été suggérées en interne au préfet Debacq. Et le déploiement des nouveaux procès-verbaux électroniques (PVe) aurait par exemple pu faire l'objet d'un marché à part entière, tout comme le développement du portail internet. Il n’en fut rien. Le désormais ex-directeur de l'Antai, “Monsieur PV”, ne voulait rien entendre de tout cela. Et, au bout du compte, Atos (plus précisément sa filiale Atos Worldline) s'est bel et bien retrouvé seul en lice.

    Le climat est à ce point à la suspicion désormais que certains fonctionnaires du ministère de l'intérieur ont surnommé l'Antai « Atosland », tant la société au chiffre d'affaires de plus de 8,8 milliards d'euros en 2012 paraît y régner en maître. De fait, pour faire tourner la boutique, Atos n'a pas seulement du personnel en poste au Centre national de traitement de Rennes (CNT), là où sont gérés tous les messages d'infraction (Mif) relevés aussi bien par les radars automatiques que les PVe, en plein essor depuis deux ans. Elle est aussi présente au siège même de l'Antai, à Paris. Si bien qu'elle « entend tout, voit tout, sait tout », ont reconnu certains de nos interlocuteurs. Même les propres secrétaires du préfet Debacq – des intérimaires, certes – ont pu être un temps payées par Atos.

    Surtout, la société de Thierry Breton n'hésiterait pas à vendre très cher les évolutions du système de contrôle automatisé qu'il est sans cesse nécessaire de réajuster via des “DDC”, pour « demandes de changement ». Des “DDC” qui correspondent en effet à autant d'avenants ajoutés au marché initial de 247 millions d'euros. Au 15 octobre 2013, selon le décompte officiel que nous a remis l'Antai, déjà près de 3 millions d'euros ont ainsi été dépensés en plus. Et sur la totalité du marché précédent (dit “CNT 2”), évalué à plus de 333,6 millions d'euros, les “DDC” ont tout de même représenté quelque 12 millions d'euros supplémentaires.

    Un juteux marché

    Or, selon nos informations, le préfet Debacq était loin de freiner les ardeurs d'Atos. Bien au contraire, il lui arrivait de les encourager. Comme en évoquant il y a peu une enveloppe budgétaire de quelque 10 millions d'euros qu'il avait à dépenser cette année…

    La veille de sa démission, le 7 octobre, autre fait marquant qui atteste de sa générosité : un mail échangé entre les responsables d'Atos en charge de ce marché “CNT 3”. Dans ce message, on peut lire : « Merci de présenter toutes ces DDC (jointes un peu plus loin – ndlr) au préfet ce jour. » Et avec cette précision plus tôt dans la conversation : « Certaines d'entre elles viennent de vous parvenir, mais vous comprendrez l'urgence. » En effet, depuis nos révélations le 1er octobre, il était quasi assuré que Jean-Jacques Debacq était sur le départ. Mieux valait vite en profiter.

     

    Mails échangés entre salariés d'Atos. Cliquer pour agrandir. 

    Depuis quand Atos bénéficie-t-elle d’autant de faveurs ? Plusieurs sources expliquent que c’est en 2008-2009 que la situation a changé. Jean-Jacques Debacq est alors à la tête de ce que l'on appelle la DPICA (Direction du projet interministériel contrôle automatisé), l'ancêtre de l'Antai, depuis 2006. Or, coïncidence ou pas, Thierry Breton, ministre de l’économie de Jacques Chirac – président sous lequel le contrôle automatisé a donc été mis en place, avec Nicolas Sarkozy en tant que ministre de l’intérieur –, débarque chez Atos en 2008 et en devient PDG en 2009.

     

    Thierry Breton, ancien ministre, aujourd'hui à la tête d'Atos.  
    Thierry Breton, ancien ministre, aujourd'hui à la tête d'Atos. © Reuters

    Ce dernier, que nous avons contacté, affirme qu'il « n'a jamais eu, à son niveau, à connaître de marchés publics dans l'exercice de ses fonctions ministérielles », ni « aucun souvenir d'avoir rencontré M. Debacq à l'époque où il était ministre ». Depuis, c'est sûr, il a forcément eu l'occasion de le croiser, et ce très vite après son arrivée à la tête d'Atos. Comme pour l'inauguration des nouveaux locaux du CNT, le 23 juin 2009 où il y est photographié par le journal Ouest France.

    Une photo sur laquelle on peut remarquer aussi la présence du procureur Hervé Pavy (debout, complètement à droite), qui dirigeait le parquet de Rennes et accessoirement les officiers du ministère public du CNT, en charge des poursuites des contrevenants. Hervé Pavy qui, pour son cadeau de départ à la retraite, à la fin de 2010, s'est vu offrir une tablette numérique, payée là encore par… Atos ! Par « des salariés », a souhaité préciser la société de Thierry Breton.

    Il faut tout de même se rappeler que 2010 est l'année durant laquelle les tablettes commencent à débarquer sur le marché. L'iPad d'Apple y a justement fait son entrée en grande pompe et se négocie à un prix assez élevé (au moins 499 €). Il est étonnant d'apprendre que des salariés d'Atos aient pu ainsi faire preuve d'autant de générosité avec un procureur dont ils n'avaient, normalement, rien à faire...

    Le préfet Debacq était-il seul responsable des étranges conditions de passation et de gestion du marché “CNT 3” ? Difficile à croire. Il s'agit en effet d'un contrat considéré comme sensible au ministère de l'intérieur. Il concerne en outre plusieurs ministères, dont ceux de la justice, de l'écologie (qui a récupéré les transports) et des finances. Les tarifs d'Atos, et même la multiplication des “DDC” en cours de contrat, ne peuvent passer inaperçus pour ceux qui veulent bien voir. Ou cela reviendrait à admettre que les marchés publics échapperaient à tout contrôle.

     

     

     

    Partager cet article
    Repost0
    4 novembre 2013 1 04 /11 /novembre /2013 17:12

     

    marianne.net

     

    Bretagne: et le tri sélectif des indignations pouvait enfin commencer.

     

    Rédigé par Juan S. le Lundi 4 Novembre 2013 à 18:30

     

    Il était temps.

    La Bretagne est en passe d'être un territoire exemplaire. Les manifestations de samedi 2 novembre ont révélé combien l'analyse politique nécessitait davantage de précision que certains raccourcis médiatiques.


    Après la suspension de l'éco-taxe sur les poids lourds, on avait cru à un embrasement collectif et solidaire. Mais les démonstrations de samedi ont permis de faire l'inévitable tri.

    1. A Quimper ou Carhaix, la quasi-totalité des forces politiques et des organisations professionnelles et syndicales du pays étaient présentes: Europe Ecologie Les Verts, NPA, Front de gauche, UMP, Front national, UDI, Modem, et même quelques élus locaux du parti socialiste. De même, à Quimper et/ou à Carhaix, la quasi-totalité des "partenaires sociaux" étaient représentés: MEDEF et FO (à Quimper), CGT et CFDT (à Carhaix), sans compter la FDSEA. Ces manifestations ont parfaitement illustré combien la crise est ample, mais sans angle majoritaire; combien la contestation peut-être collective mais sans unité. C'est là le plus dangereux.

    2. Pendant quelques jours, deux semaines quand même, la description de la contestation bretonne fut caricaturale chez nos médias dominants: il a fallu attendre la manifestation prévue samedi pour réaliser que le front était hétéroclite. Quel aveuglement ! Le Figaro, samedi 2 novembre, s'est ainsi réveillé dans un article à quelques heures des manifestations de l'après-midi sur les "divergences" au sein du mouvement.

    3. Le tri sélectif, c'est donc maintenant. Ce tri est important, car comment répondre à une crise sans comprendre qui souffre ? Samedi, il y avait donc deux cortèges. L'un à Quimper, mené par la FDSEA, l'UPA (premier syndicat des artisans), le collectif « Vivre, décider, travailler en Bretagne », le syndicat Force ouvrière (avec notamment des représentants des salariés de Doux), le NPA (avec Philippe Poutou), mais aussi … le Mouvement des entreprises de France (Medef) du Finistère. Le slogan était « anti-crise » et « pour l'emploi en Bretagne ». Au total, "entre 10 000 et 30 000" participants selon les sources.

    Certains, comme le le maire DVG de Carhaix, Christian Troadec qui est membre du collectif Vivre, Décider, Travailler en Bretagne, réclament la suppression de l'eco-taxe: "Nous n’attendions pas une suspension, mais une suppression de l’écotaxe. Le gouvernement n’est pas allé assez loin". Dans ce cortège, on pouvait aussi trouver l'UMP, le  FN,(Florian Philippot), des identitaires de Jeune Bretagne, et des opposants au mariage pour tous.

    4. A Carhaix, une contre-manifestation était organisée par la Confédération générale du travail (CGT), du Front de gauche ou encore d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Jean-Luc Mélenchon était l'une des figures emblématiques évidentes de ce second front. Lequel voulait taper à « 360 degrés »: contre les"bonnets rouges" de Quimper, mais aussi contre le gouvernement; pour l'emploi mais contre le retrait de l'éco-taxe. Ce mouvement avait une vertu, clarifier le débat breton.

    "Encouragé par la timidité et la pleutrerie du gouvernement qui leur cède tout, le patronat et les cléricaux des départements bretons vont faire manifester les nigauds pour défendre leur droit de transporter à bas coût des cochons d'un bout à l'autre de l'Europe dans des conditions honteuses. (…) A Quimper manifestent ceux qui veulent que continue la souillure de notre belle Bretagne par les nitrates de l'agriculture productiviste. A Quimper manifestent ceux qui veulent les salaires de misère pour les agriculteurs et le règne de la grande distribution. A Quimper les esclaves manifesteront pour les droits de leurs maîtres". Jean-Luc-Mélenchon, 2 novembre 2013

    5. Il y a eu des violences. Au nord de Vannes, au passage de quelques centaines de manifestants, un portique Ecotaxe a été incendié et totalement détruit. Coût: 500.000 euros. D'après le Parisien, le «collectif des Bonnets Rouges», "à l'origine de ces mobilisations en Bretagne, s'est instantanément réjoui de cette destruction". A Montauban-de-Bretagne sur la RN12, un autre incendie a été déclenché sur un portique similaire. A Quimper, les CRS ont usé de lacrymo contre quelques manifestants qualifié de "minoritaires". "On a le sentiment qu'il s'agit d'un groupe marginal", a déclaré le préfet du Finistère. Il s'est aussi félicité de l'absence de heurts majeurs. Il a quand même fallu démonté une belle partie du mobilier urbain...

    voir: Crise bretonne: des échauffourées éclatent à... par BFMTV

    6. Dimanche, le ministre de l'agriculture est sorti du bois. Stéphane Le Foll était au Grand Jury. Il s'opposait au retrait de l'eco-taxe, avant l'annonce de la suspension de cette dernière, mardi dernier, par Jean-Marc Ayrault. Ce dimanche, il avait quelques annonces - l'investissement d'une entreprise saoudienne dans l'entreprise Doux, une visite en Bretagne dans la semaine.

    7. L'un des leaders de la manifestation à Quimper s'est félicité de ce qu'il a qualifié de "grand succès pour l’emploi en Bretagne". Ah bon ? On cherche à comprendre. Le défilé de 30.000 personnes allait donc permettre de nouvelles embauches ?


    [NDR: Ce tri sélectif des indignations est capital, comme toujours. Patronat et UMP tenterons toujours de capitaliser sur des révoltes pour appuyer leur propre critique de l'action du gouvernement. Mais comme l'a très justement décrit Mélenchon, tout ceci n'est qu'arnaques, crimes sans botaniques.]

     

     

     

    Partager cet article
    Repost0
    4 novembre 2013 1 04 /11 /novembre /2013 17:01

     

    rue89.com

     

    Enquête 04/11/2013 à 15h58
    Des Suisses accusés d’avoir fondu de l’or pillé au Congo
    Camille Polloni | Journaliste Rue89

     

    En exclusivité française, Rue89 publie les preuves rassemblées par l’ONG Trial contre l’affineur de métaux Argor. La justice suisse a ouvert une enquête ce lundi.

     


    Lingots chez Argor-Heraeus à Mendrisio, Suisse, en mars 2008 (Karl Mathis/AP/SIPA)

     

    En Suisse, une entreprise risque des poursuites pour avoir affiné de l’or pillé au Congo par des groupes rebelles. Selon une ONG qui l’attaque en justice, elle en connaissait la provenance illicite malgré ses dénégations. Une enquête a été ouverte.

    Les colis d’or – trois tonnes en moins d’un an – voyageaient par avion de la République démocratique du Congo (RDC) à la Suisse, en passant par l’Ouganda. Leur propriétaire : une compagnie britannique basée à Jersey. Leur destination finale : des banques, une fois l’or transformé en lingots.

    Mais ce commerce prenait ses origines dans l’un des conflits armés les plus meurtriers de ce siècle, la guerre au Congo. Là-bas, des combattants s’étaient appropriés la concession d’or pour s’enrichir et acheter des armes.

    « Argor savait »

    Plainte vs dénonciation

    En Suisse, pour déposer plainte, il faut être la victime directe de l’infraction commise. Si l’on en est le simple témoin, il existe une alternative : la dénonciation pénale. Contrairement à la plainte qui ouvre des droits étendus aux parties civiles, la dénonciation permet seulement à l’auteur d’être tenu informé de l’issue qui lui a été réservée.

    L’ONG Track impunity always (Trial) a décidé de frapper un grand coup. Jeudi dernier, elle a déposé une dénonciation pénale contre l’entreprise suisse Argor-Heraeus, l’un des premiers affineurs de métaux précieux au monde, pour « blanchiment aggravé de matières pillées ». Trial accuse Argor d’avoir, en connaissance de cause, affiné cet or issu de pillages de juillet 2004 à mai 2005.

    Lundi, alors que l’ONG venait de rendre publique sa plainte, le Ministère public de la Confédération a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « présomptions de blanchiment d’argent en relation avec un crime de guerre et de complicité de crime de guerre ».

    Rue89 publie en exclusivité pour la France les preuves accumulées par l’ONG pendant des années pour étayer ses accusations.

    Trial estime que « Argor savait ou devait pour le moins présumer que la matière première qu’elle traitait provenait d’un pillage, qui est un crime de guerre » selon les Conventions de Genève.

    Une question de principe

    La quantité d’or affinée par Argor n’est pas énorme. Les bénéfices que l’entreprise a pu en tirer (20 000 francs suisses selon elle, soit 13 000 euros à l’époque) non plus, en proportion de son chiffre d’affaires (27 millions de francs suisses en 2006). Mais c’est une question de principe, explique l’avocat de Trial, Bénédict De Moerloose :

    « On cherche à envoyer un signal fort : il n’est pas possible pour des entreprises de blanchir des matières premières pillées ou, comme dans d’autres cas, de se rendre complices de crimes de guerre. Elles seront surveillées et dénoncées. »

    Fondée en 1951, longtemps possédée par la banque suisse UBS, Argor est une entreprise d’envergure internationale établie à Mendrisio, dans le canton italophone du Tessin. Depuis une dizaine d’années, ses principaux actionnaires sont la Commerzbank (le deuxième groupe bancaire allemand) et Austrian Mint.

    Elle a déjà fait face, une première fois, à des accusations sur son rôle dans le commerce de l’or congolais. Sans conséquences, à part pour son image d’entreprise portée sur l’éthique. Pour faire valoir ses engagements vis-à-vis de l’environnement, du développement durable et de la morale, elle publie chaque année un rapport.

    Les enfants de la Concession 40

    En 2005 et 2006, alors qu’ils enquêtaient sur la violation de l’embargo sur les armes visant la RDC, un groupe d’experts de l’ONU avait déjà établi la responsabilité d’Argor et d’autres entreprises (britannique et ougandaise) dans le pillage et le trafic d’or.

    Depuis 1997, la guerre a fait 6 millions de morts et 350 000 déplacés au Congo. S’il est difficile de hiérarchiser les causes d’un conflit, le contrôle des riches gisements du pays (or, coltan, tungstène, diamant, pétrole) n’y est pas étranger. Divers groupes armés ont essayé de mettre la main sur ces matières premières et d’en tirer des liquidités pour se procurer des armes, malgré l’embargo de 2003.

    C’est ce qui s’est passé dans la Concession 40, un gisement aurifère de 9 000 km² (la taille de la Corse) en Ituri (Nord-Est de la RDC). En théorie, il appartient à l’Etat congolais, qui a accordé une concession à une entreprise sud-africaine pour l’exploitation. En réalité, l’Etat congolais n’arrive pas à contrôler le territoire.

    Jusqu’en 2003, l’Ouganda règne sur la Concession 40. Quand les troupes ougandaises se retirent de RDC, elles passent le relais à un groupe armé « ami » de l’Ouganda, le Front nationaliste intégrationniste (FNI). La concession ne ressemble pas à une mine industrialisée, et l’extraction de l’or se fait tant bien que mal. Des pauvres, souvent des enfants, travaillent sous la coupe du FNI pour un salaire de misère, sans mesure de sécurité ni outils.

     


    Le circuit de l’or (Trial)

     

    Un homme d’affaires congolais propriétaire d’une compagnie aérienne, nommé Kambale Kisoni, s’occupe du transport de l’or extrait dans la Concession 40. Il l’achemine vers l’Ouganda où une entreprise locale, Uganda Commercial Impex (UCI) le rachète. Avant de le vendre à une entreprise britannique basée à Jersey, Hussar. Celle-ci fait appel au suisse Argor pour transformer l’or en lingots.

    Le circuit de l’or

     

    Voir le document

    (Fichier PDF)

     

    Les experts de l’ONU ont recueilli de nombreux documents comptables permettant de mettre au jour ce périple. L’une de ces enquêtrices, Kathi Lynn Austin, a même poursuivi ses recherches plusieurs années au-delà du mandat prévu, grâce au soutien de la fondation Soros.

    Elle a montré que depuis Entebbe, en Ouganda, plusieurs colis d’or ont été transportés par avion de la compagnie Emirates jusqu’à Zurich [PDF].

    Une fois fondu en lingots, l’or ne porte plus de marques permettant d’identifier son origine, mais les permis d’importation et d’exportation en dévoilent la provenance [PDF]. Les lingots terminent leur long voyage dans les coffres des banques européennes.

     

    Voir le document

    (Fichier PDF)

     

    Dans toute la région d’Ituri, le circuit du minerai passait par des schémas similaires, explique Trial :

    « L’or extrait illégalement transite la plupart du temps par les pays limitrophes. Selon plusieurs sources, ces “ pays pillards ” maintiendraient délibérément l’instabilité dans les régions aurifères congolaises afin de profiter de l’exploitation illégale. Des quantités importantes d’or traversent ainsi toujours la frontière, vers l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi, avant d’être affinées dans des pays tiers. »

    Représailles pour les seuls Africains

    Les conclusions du groupe d’experts de l’ONU, en 2005 et 2006, sont sévères pour les entreprises et les individus qui ont pris part à ce commerce. Ils réclament des sanctions très dures, le gel des avoirs, pour tous les maillons de la chaîne : Kambale Kisoni (plus tard assassiné), UCI, Hussar et Argor.

    Des personnalités au conseil d’administration

    Parmi les membres du conseil d’administration d’Argor, deux personnalités détonnent :

    • Adolf Ogi, politicien suisse de l’UDC, ancien président de la Confédération Helvétique (1993-2000) et conseiller spécial pour le sport à l’ONU, y siège depuis décembre 2012.
    • Jurgen Heraeus, président allemand du conseil d’administration depuis 1996, a été décoré à de nombreuses reprises pour « sa performance entrepreneuriale exceptionnelle ». Il préside le comité allemand de l’Unicef.

    Mais au final, leurs recommandations ne sont suivies que pour les Africains impliqués dans la boucle. Ces derniers se retrouvent économiquement asphyxiés. Les Européens s’en tirent.

    En ce qui concerne Argor, le représentant suisse aux Nations unies a même défendu publiquement l’entreprise, qui fait pour ainsi dire partie du patrimoine national, pour lui éviter des sanctions.

    En mars 2006, Peter Maurer s’adresse au comité chargé des sanctions, et contredit le rapport du groupe d’experts :

    « Les autorités suisses rejettent ces conclusions sans fondement. La couverture médiatique négative qui a suivi la publication du rapport s’est déjà avérée très préjudiciable pour les affaires d’Argor. »

    Argor aurait compris très tard

    Pour sa défense, Argor a déclaré ignorer la situation au Congo avant le mois de mai 2005. Dans un communiqué, l’entreprise écrivait :

    « Argor-Heraeus n’entretient aucune relation d’affaires avec des sociétés en Ouganda et Congo. Elle n’a donc jamais effectué d’achat/vente, ni de paiement d’aucun genre dans cette région. »

    Elle mettait en avant son absence de lien direct avec les fournisseurs. Elle entretenait seulement, dit-elle, une relation commerciale avec Hussar :

    « Dès que Argor, vers la fin du mois de mai [2005], a appris par la presse des désordres dans la région de la RDC avec une potentielle implication dans le commerce de l’or, elle a laissé en suspens la transaction avec Hussar et s’est mise immédiatement à faire une série de contrôles supplémentaires sur l’origine du matériel de propriété de son client. »

    Comment Argor a-t-elle pu attendre jusqu’en juin 2005 pour cesser toute relation avec Hussar alors que le rapport des experts de l’ONU daté de janvier (et médiatisé) mettait déjà en cause directement son partenaire britannique et l’entreprise ougandaise UCI ? D’après un courrier que nous nous sommes procuré, les experts affirment qu’Argor n’a réagi qu’une fois contacté par l’ONU :

    « Cette décision pourrait découler des premières conversations téléphoniques substantielles entre les experts et la compagnie d’affinage, pendant lesquelles nous avons fait connaître nos intentions d’enquêter vigoureusement sur la question. »

    L’affineur précédent avait jeté l’éponge

    Avant Argor, c’était une entreprise sud-africaine, Rand Refinery, qui affinait l’or congolais pour le compte de Hussar. Mais dans un courriel adressé à l’experte de l’ONU Kathi Lynn Austin, l’un des responsables de cette entreprise affirme que Rand Refinery a bien coupé tout contact dès juin 2004 à cause des soupçons d’origine criminelle de l’or :

    « Nous avons cessé de commercer avec Hussar dès que nous avons compris que l’or provenait d’une violation de l’embargo onusien sur les armes. »

    Comment Rand Refinery aurait-elle pu comprendre cela, mais pas Argor ? Pour Benedict De Moerloose, l’avocat de Trial, c’est inenvisageable :

    « Tout le monde savait que ce conflit était en cours, et que le pillage des ressources en faisait partie intégrante. Il est impossible qu’Argor n’ait pas été au courant à l’époque. Surtout après le rapport des Nations unies de janvier 2005, qui mettait en cause directement ses partenaires commerciaux.

    Nous demandons à la justice de vérifier si effectivement, comme l’entreprise l’affirme, elle était complètement coupée du monde, au point de ne pas avoir accès à la presse avant mai 2005.

    Nous verrons si le simple fait pour une entreprise de dire “ je ne savais pas ” suffit à lui éviter des poursuites pénales. »

    La société d’affinage n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué rendu public lundi après-midi, Argor se dit « surprise » par la plainte et décline toute responsabilité, estimant que les enquêtes menées peu après les faits par l’ONU, le Secrétariat d’Etat à l’économie et l’Autorité des marchés financiers l’ont mise hors de cause.

    « Argor-Heraeus collabore en toute transparence avec les autorités pour éclairer les faits, avec la certitude que l’enquête concluera à son absence d’implication – comme cela a déjà été clairement démontré dans le passé. »

    Responsabilité des entreprises

    Au-delà du simple cas d’Argor, la plainte déposée par Trial révèle un nouvel état des rapports de forces entre les ONG et ceux qu’elles estiment responsables dans les conflits armés. De plus en plus, les défenseurs des droits humains s’attaquent – en public ou en justice – aux entreprises (voir encadré plus bas). Trial résume son état d’esprit sur le pillage :

    « La possibilité d’écouler ces matières premières dépend essentiellement des acteurs commerciaux qui participent à l’achat, au transport et à la commercialisation des ressources acquises illégalement pour entretenir la violence. La responsabilité des entreprises dans cet engrenage doit être signalée et condamnée pour que cesse l’économie de prédation. »

    Bénédict De Moerloose explique cette nouvelle stratégie judiciaire :

    « S’intéresser non seulement aux individus, mais aussi aux acteurs économiques, est une discipline émergente. On se pose beaucoup de questions sur la responsabilité pénale des entreprises en ce moment, pour qu’elles soient davantage responsables de leurs actes, notamment à l’étranger. »

    Le Ministère public de la Confédération suisse – compétent en matière de dossiers complexes à ramifications internationales – pourrait confier l’enquête aux deux procureurs spécialisés du Centre de compétence pour le droit pénal international, le cousin suisse du pôle parisien qui enquête sur les crimes de guerre.

    Les précédents : Amesys, Qosmos, Halabja

    Une entreprise néerlandaise, Riwal, a été perquisitionnée pour avoir participé à la construction du mur et de colonies illégales en Cisjordanie. Mais le procureur a fini par abandonner les poursuites.

     

    La France aussi connaît ce bouleversement. L’initiateur a été la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), qui a déposé plainte en octobre 2011 contre l’entreprise française Amesys pour « complicité de torture » en Libye. Elle a vendu un programme de surveillance numérique au régime de Khadafi, fin 2006, ce qui lui a permis d’arrêter et torturer des opposants.

     

    Cinq d’entre eux ont récemment témoigné devant les juges d’instruction Claude Choquet et Emmanuelle Ducos, du pôle spécialisé consacré aux crimes de guerre. Dans cette affaire aussi, il s’agit d’établir si l’entreprise « savait » ou en tout cas « ne pouvait pas ignorer » à quoi étaient destinés ses logiciels. Une dénonciation similaire vise le vendeur de logiciels Qosmos, accusé par des ONG d’avoir mis la Syrie sous surveillance.

     

    Plus récemment, une information judiciaire pour « complicité d’assassinat » a été ouverte à Paris contre plusieurs entreprises soupçonnées d’avoir fourni du matériel technique au régime de Saddam Hussein en Irak, et lui donnant ainsi les moyens de perpétrer le massacre contre les Kurdes d’Halabja en 1988.

     

    Parmi ces entreprises, au moins trois sont françaises selon Le Nouvel Observateur : Protec SA, « basée à Riedisheim, près de Mulhouse » ; De Dietrich ; Carbone Lorraine.

     

    Aux Pays-Bas, une plainte sur les mêmes fondements et concernant aussi le massacre d’Halabja a abouti à la condamnation d’un homme d’affaires, Frans Van Anraat, qui a livré des produits chimiques à l’Irak entre 1985 et 1989. Il purge une peine de dix-sept ans de prison et vient d’être condamné à indemniser des victimes.

     

    Trial espère sans doute que sa dénonciation connaisse des développements aussi favorables.

     

     

    Partager cet article
    Repost0

    Présentation

    • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
    • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
    • Contact

    Texte Libre

    INFO IMPORTANTE

     

    DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

    OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

    SUR NOTRE BLOG

    CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


    NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

    Recherche

    Texte Libre

    ter 

    Nouvelle-image.JPG

    Badge

     

              Depuis le 26 Mai 2011,

            Nous nous réunissons

                     tous les soirs

          devant la maison carrée

     

           A partir du 16 Juillet 2014

                et pendant l'été

                         RV

           chaque mercredi à 18h

                    et samedi à 13h

        sur le terrain de Caveirac

                    Rejoignez-nous  

    et venez partager ce lieu avec nous !



      Th-o indign-(1)

    55

    9b22